Chapitre 107 : Mes compagnons d'infortunes (partie 5)

Par Kieren

Sur cette photo, vous pouvez voir Simon, il est un peu vieux maintenant, alors il se fait appeler Papi Gâteau. Il en est très fier.

Ça, c'est son atelier de cuisine, et ça, ce sont ses créations. Il sait faire presque tous les types de pâtisserie, gâteau, biscuit, tarte, aussi bien dans la nature que dans les ruines. Extrêmement débrouillard, excellente mémoire des plantes et de leurs utilisations. Une vraie saloperie. Imprévisible avec un sens de l'humour très personnel. Semeur de zizanie et de Dieu de la discorde à plein temps. Ce type me fascine autant qu'il m'emmerde. Il est capable de te manipuler en faisant sortir de toi la bonne dose d'amour, de colère et de peur pour arriver à ses fins, comme s'il utilisait des œufs, du lait et de la farine pour faire des crêpes. Il était capable du pire comme du meilleur, et bizarrement, il avait tout de même la notion du bien et du mal ; ou de moins, il a fini par l'apprendre. Enfin, je l'espère...

Nous préparions notre arsenal pour notre mission. Simon avait préparé de multiples biscuits en y rajoutant ce qu'il fallait dedans : cannabis, ciguë, cocaïne, nitroglycérine. Ça ne vous dit rien tout cela ? Tant mieux. Disons que certains étaient pour nous, et que le reste était pour les autres.

Celui qu'il est en train de manger sur la photo ? Il est aux antidépresseurs. Oh, non, rien à voir avec le morale, il en prenait pour être excité et pour donner du caractère à son personnage. Il devait se déguiser en un riche marchand qui arpentait la forêt pendant la nuit, seul. Évidemment il se fit repérer par le groupe de bandits. Il devait être crédible, jouer le noble prétentieux et hautain, se faire casser la gueule et supplier qu'on lui épargne sa pauvre et misérable vie en léchant les bottes de ces bandits de grands chemins, avant de partir en courant, et en laissant toutes ses richesses derrière lui.

Avec les biscuits.

Vous devez le savoir les enfants, mais il n'y a pas plus vulnérable qu'un prédateur qui se jette sur sa proie. Lorsqu'il la rapporte dans son terrier, il est prudent, mais lorsqu'il en est tellement fier, son jugement se brouille, il ne peut pas imaginer qu'il se soit fait piéger. Aussi, manger la nourriture de sa proie est tentant, surtout lorsqu'on a faim, surtout si sa proie est un homme qui ne pense plus à sa faim.

Le reste de notre groupe retrouvait Simon au point de ralliement, le soignant, pensant ses plaies. Lui, il se laissait faire, il souriait, fier de lui, calme.

Nous retrouvions les cibles quelques heures plus tard, dans leur repaire grâce à la micro-puce planquée dans un des gâteaux qu'un des bandits avait mangé. La plupart dormait, grâce aux somnifères.

Enfin, c'est ce que nous pensions.

L'objectif était de neutraliser les responsables des vols perpétrés sur une route qui reliait deux grandes villes. Rien de nouveau à cela. Ce que nous espérions, c'était qu'ils n'étaient pas accompagnés. Ils auraient mangé les gâteaux, et ils se seraient endormis. Mais ils avaient dû les trouver bons. Ils les avaient gardé pour leurs enfants.

Il y eut cependant un avantage : pendant que nous... arrêtions... les adultes, les enfants dormaient, malgré le bruit.

Après ?... La routine... Nous rendions les richesses à leurs propriétaires. Les adultes, parfois, étaient envoyés dans les villes pour être jugés. Les enfants... étaient... réformés... Bref...

Jugés ? Ce que cela veut dire, Gamin ? Cela veut dire être puni pour le mal que l'on a fait aux autres.

Puni comment ?... Cela n'a pas d'importance.

Est-ce que Simon utilisait d'autres types de gâteaux pour ce type de mission, Gamine ? Avant, oui. Avant qu'il ne sache que les gosses aimaient beaucoup ses créations. Avant les missions étaient rapides, mais une fois, elle nous a laissé un goût amer en bouche.

Très amer.

Depuis, Simon mange un peu plus de ses gâteaux aux antidépresseurs. Pour continuer à sourire je crois.

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