Chapitre 11

Chloe avait fui le grand hôpital d’Ervicje dès la première explosion. L’espace d’un instant, elle avait cru que l’on visait l’imposant bâtiment, avec ses rangées de fenêtres soufflées. Il s’agissait, en fait, du tramway, derrière. Le déraillement de celui-ci venait de causer un raffut de tous les diables, et Chloe avait pris peur en voyant les wagons foncer droit sur le rez-de-chaussée. Elle avait couru sans se retourner. Maintenant, elle se tenait dehors, déboussolée, dans la fumée et la poussière piquante, la lumière incertaine des réverbères et tous ces bruits qu’elle n’identifiait pas, au loin.

Elle guetta dans le ciel l’aéronef responsable de l’obus qui venait de détruire le tramway – et très probablement sa gare –, mais, à la réflexion, elle n’avait pas entendu le sifflement caractéristique de l’engin en approche. Il n’y avait eu que l’explosion. Un grand fracas suivi d’un vrombissement qui avait enflé. Chloe triait des fiches, à ce moment-là. Elle avait jeté un coup d’œil par-dessus son épaule, à la grande fenêtre, lâché les fiches et filé vers le hall d’accueil. La lumière des appliques tressautait. L’entrée de l’hôpital s’était subitement chargée de monde. Cris et pleurs s’entremêlaient, tandis que leurs auteurs se massaient vers la double porte coulissante trop étroite pour les contenir tous.

Chloe ferma les yeux et prit une profonde inspiration.

Les cloches des pompiers retentissaient dans la nuit. Un premier son qu’elle finit par identifier. Elle fit de son mieux pour les ignorer, mais les battements désordonnés de son cœur, eux, la rappelaient à l’évènement avec une facilité déconcertante. L’évènement. L’attentat ? Peu importait pour l’instant. Il lui fallait se ressaisir pour apporter son aide aux patients qui le nécessitaient. Elle ignorait s’il y avait des blessés, en dehors des admis. De sa position, loin du bâtiment, elle ne voyait que les curieux qui l’interrogeaient sur la nature de l’explosion. Ils l’encerclaient, ne lui laissant aucune issue.

— Je ne sais pas ce qu’il s’est passé, répétait-elle d’une voix blanche.

On ne l’écoutait pas. Trop de gens. Des bandages obstruaient des traits qu’elle ne reconnaissait pas. Des blouses portées gauchement. Des mains moites qui tentaient de saisir les siennes.

En jouant des coudes, elle se creusa un chemin parmi la foule pour s’éloigner encore. Elle avait besoin d’air. Sa gorge nouée ne pouvait plus produire le moindre son, ses jambes tremblaient. Elle serrait les mains contre sa poitrine pour se calmer, mais l’odeur de la fumée la rappelait à l’explosion.

Ça recommence, se dit-elle, les larmes aux yeux.

 

— Quel est votre plan ? lança Fanny par-dessus le vacarme.

Avec les deux hommes, elle évoluait parmi la masse de curieux et leurs conversations. Certains se posaient des questions, d’autres criaient à la fin du monde. Les derniers récitaient des prières, presque inaudibles à cause des ordres proférés par les autorités. Interdiction d’approcher les bâtiments d’élevage et ceux réservés aux cultures sous serre. Voilà tout ce qu’elle avait réussi à entendre. À déchiffrer, plutôt.

— On file vers le spatioport, lui indiqua Azem.

Il marchait d’un pas rapide, la sacoche de Stephen en bandoulière sur son épaule.

— Il sera pris d’assaut, le raisonna Fanny.

— On tente le coup.

— Et si aucun aéronef ne veut de nous ?

Azem stoppa net et fit volte-face.

— On tente le coup !

Fanny comprit qu’il ne changerait pas d’avis.

— Libre à vous de rejoindre votre père de votre côté, ajouta-t-il en se remettant en route.

Elle lui emboîta le pas. Impossible pour elle de se séparer d’eux ; les signes les avaient réunis. L’arrestation de Fanny ce soir, le cordon d’agents précisément ce soir, là où elle se trouvait. La volonté d’Azem qu’elle lui fît découvrir la chapelle du Corbeau. Qu’ils se tinssent éloignés des trois explosions, aussi. Et, maintenant, dans la cohue, les cris et les prières, les signes murmuraient à l’oreille de Fanny qu’il ne fallait pas opter pour le spatioport.

— C’est sans issue ! beugla-t-elle tout à coup.

La puissance de sa propre voix la désarçonna un instant. Furieuse qu’Azem ne l’écoutât pas, qu’il la reléguât, en somme, à son rang de femme, habituée au silence, elle se dressa entre lui et la route, barrage de colère, mais, aussi, d’une foi inébranlable.

— C’est sans issue, répéta-t-elle, plus calme, dès qu’il lui accorda de l’attention. Si vous avez une autre carte dans votre manche, c’est le moment de la jouer.

Elle ne sut pas comment elle parvint à le convaincre. Peut-être son regard, qu’elle sentait glacial et, pourtant, plein d’espoir.

— Les signes ? demanda-t-il simplement.

— Je pense, oui.

Stephen les observa, cette lueur de crainte dans les yeux. Fanny l’ignora. Ils n’attendirent pas plus longtemps, et Azem ouvrit la voie vers une rue étroite presque déserte.

— Vous n’êtes sûrement pas sans savoir que le sous-sol d’Ervicje est un vrai fromage gruyère ?

Fanny acquiesça, imitée par Stephen.

— Ce sont précisément toutes ces mines qui ont empêché l’aboutissement d’un énorme projet : le métro.

— Le sous-sol est trop instable pour sa construction, ajouta Stephen.

Il paraissait très concentré.

— Les experts se demandent déjà comment Ervicje tient encore debout. Les journaux en avaient parlé.

— Mais ce que la presse n’a pas dit, c’est que la commune comptait réaménager des tunnels préexistants. Des tunnels qui relient Ervicje à la bordure.

— Tunnels qu’on va emprunter ! comprit Fanny.

Azem confirma d’un hochement de tête.

— La bonne nouvelle, c’est qu’on évitera les embouteillages au spatioport. La mauvaise, c’est qu’on ressortira à côté du grand hôpital et qu’il nous faudra traverser la bordure pour quitter la ville, et ce n’est pas le meilleur endroit pour le tourisme nocturne.

Stephen se raidit. Fanny, de son côté, valida. Azem prit la main de Stephen et adressa un regard éloquent à Fanny. Cette fois, c’était la bonne. Pas de retour en arrière possible. Pas d’hésitation ni d’ultime regard par-dessus leur épaule. Pour y voir quoi ? Trois colonnes de feu qui gagnaient du terrain dans la nuit ?

 

Stephen, Azem et Fanny crapahutaient dans des tunnels humides depuis un moment, déjà. Stephen tremblait de froid malgré l’épaisseur de son manteau et la chaleur qui régnait là-dessous. Les poutres rongées – de moisissure, de vers – et qui soutenaient l’ensemble lui donnaient le vertige. Il avait terriblement sommeil, aussi. Et on y voyait mal, ici ! Il marchait avec automatisme, une main pour resserrer son manteau contre lui, l’autre qui glissait le long de la paroi granuleuse pour ne pas tomber. Azem ouvrait la marche, Fanny la refermait. Pour autant, il ne se sentait pas en sécurité entre eux. Il voulait retrouver la tiédeur de son lit et les bibelots qui composaient son quotidien. Il n’aimait pas son bureau à l’université, mais celui-ci lui manquerait, des irrégularités dans son bois jusqu’au pied bancal, qu’il devait relever avec une cale. Même ses collègues lui manqueraient un peu, leurs conversations insipides autour de la fontaine à eau et leur manière de se mêler absolument les uns aux autres. D’une certaine façon, Ervicje manquerait à Stephen. Pas ses rues bondées les jours de marché ni son insécurité grandissante, mais les repères qu’il y avait laissés.

Son cœur se serra.

Cette vie-là était finie, et il avait à peine eu le temps de le réaliser. Tout ce qu’il avait emporté était un livre. Ce livre. Les larmes lui montèrent aux yeux.

— Stephen ? l’appela Azem.

Il s’était arrêté sans s’en rendre compte, le visage baissé et son bouquin serré contre lui comme s’il s’agissait de son bien le plus précieux.

— Stephen..., murmura Azem.

Il fit demi-tour pour le rejoindre.

Pas devant Fanny.

Quand Azem lui prit la main pour l’emmener plus en avant, dans l’intimité de la pénombre, Fanny ne les y suivit pas. L’espace d’un instant, Stephen se demanda s’il n’aurait pas préféré. L’obscurité ne lui inspirait aucune confiance, pas même avec les appliques et leur lumière sale. Qu’Azem l’entraînât plus encore au-dedans fit naître en lui une angoisse refoulée, déjà ressentie, puis oubliée. Mise de côté. Reléguée au rang de ce qui n’existe pas. La peur de la pénombre, c’est pour les enfants à qui l’on raconte des histoires de croque-mitaine. C’est une laisse qu’on leur met autour du cou pour les empêcher de s’égarer dans la nuit. Depuis leur arrivée dans les tunnels, Stephen se sentait pieds et poings liés, totalement dépendant de sa peur du noir. Il n’avait pas juste quitté Ervicje et tout ce qu’il y connaissait, il errait maintenant dans l’inconnu.

— Moi aussi, j’aurais préféré rester chez nous, mais, à moins de vouloir te prendre une bombe sur la tête..., déclara Azem à voix basse.

— C’était chez nous, s’obstina Stephen.

Azem lui prit les mains.

— C’était chez nous. C’était chez nous.

La douceur qu’Azem s’efforça de mettre dans sa voix ne changea rien au ton sec qu’il employa. Volontaire ou non, il eut au moins le mérite de déclencher un déclic en Stephen : la honte de se comporter comme un enfant.

Ervicje, c’était chez lui. La vérité était qu’il ne se souvenait pas d’avant la guerre, tout juste de son arrivée dans la capitale, l’esprit embrouillé, les pieds gonflés comme d’avoir parcouru un long, long chemin, et ce livre qu’il tenait. Était-ce d’ailleurs un signe qu’il décidât de le relire ce soir où ils durent partir ?

— Ça va aller, certifia-t-il.

— Pas de promesse en l’air, le gronda presque Azem. Si tu sens que ça ne va pas, tu me préviens. On n’est pas pressé, on est à l’abri, ici. Et je crois que le plus gros est passé, là-haut.

Stephen hocha la tête, mal à l’aise qu’Azem dût le réconforter. Comme un enfant, encore une fois. Il avait le sentiment de revivre un souvenir, mais ne parvenait pas à se le remémorer exactement. Il s’agissait surtout de sensations : le ventre noué, les yeux humides, les jambes tremblantes. Avancer à tâtons exacerbait ce qu’il éprouvait. La poussière irritait sa gorge, et il avait soif. Et sommeil, toujours. Et envie de se réveiller dans son lit. Puis il se dit qu’Azem aussi souffrait de la situation et que, par conséquent, il se passerait de ses tapes sur l’épaule pour avancer.

— Ça va aller, répéta-t-il avec plus de fermeté.

En théorie, oui, il pouvait se contenter de trembler dans son coin, la paume contre la paroi du tunnel, sur sa droite, et les jambes en coton. Dans la pratique, il risquait de ralentir le groupe parce que l’obscurité lui donnait vraiment une sale impression.

 

Fanny ne se sentait pas à l’aise, dans ces tunnels si mal éclairés. Les appliques grésillaient autour d’elle, renforçant le stress contre lequel elle luttait déjà. Les explosions lui avaient retourné l’estomac. Leur violence dans la paisibilité de la chapelle du Corbeau avait brisé quelque chose en elle. Son appartenance aux libertaires, par exemple. Elle pensait qu’ils n’iraient pas aussi loin, que ce groupuscule un peu plus véhément que les autres ne s’y risquerait pas, mais, après tout, ils avaient pendu un préfet... Quitter Ervicje était la meilleure solution. Fanny savait son père en sécurité. Elle l’avait prévenu des objectifs de certains libertaires. Ne pas ouvrir ce matin et abandonner la Cafetière bouillante, ça avait brisé le cœur de son père. Il y avait une forme de renoncement dans son geste, et il n’avait jamais reculé, ni devant le danger ni devant la difficulté. Pourtant, survivre aujourd’hui constituait son acte le plus courageux.

Par le biais des libertaires, Fanny aurait aimé lui offrir une vie meilleure. Elle s’était engagée avec les autres dans le but de faire bouger les choses. Pour lutter contre les injustices faites aux femmes, mais, aussi, pour améliorer l’existence que l’on menait entre les remparts. Depuis l’autre côté – à en croire les étrangers à la capitale –, vivre à Ervicje tenait presque du luxe. Elle représentait le rêve de toute une génération désabusée. Mais pour y avoir grandi, Fanny savait que ces histoires n’étaient, malheureusement, que cela : un mythe qui échappait à tous.

Grâce à son père, elle n’avait jamais manqué de rien. Il travaillait dur depuis ce qui semblait toujours, alors, pour le soulager à son tour, Fanny l’aidait à tenir le café. Il lui épargnait les soûlards que la nuit n’assommait pas – ni l’alcool –, elle lui permettait de traîner un peu au lit le matin. Leur duo fonctionnait sur la réciprocité. Son père n’avait émis aucune réserve quand elle lui avait annoncé sa récente appartenance aux libertaires, même s’il lui reprochait parfois d’y croire un peu trop fort. La politique l’avait roulé plus d’une fois, la dernière en date étant la guerre au terme de laquelle avait disparu l’Arluuvie. Les politiciens louvoient, disait son père. Toujours. Ils ne disent jamais tout à fait les choses, de sorte à pouvoir lécher le cul d’un peu tout le monde. Et, dès que leur heure sonne, ils se retirent dans la pénombre, prêts à en jaillir à la moindre occasion.

 

Un frisson moite dégringola l’échine de Stephen. Moite comme l’obscurité qui les entourait. Partout. Les cernait. Moite et épaisse. Et grouillante de ces voix insupportables. Impatientes, aussi. Curieuses. De plus en plus nombreuses. Toujours plus nombreuses. Elles approchaient.

Toujours plus pressantes.

Stephen tomba à genoux. Son livre s’ouvrit sur le sol. Azem accourut sitôt qu’il entendit le fracas de ses genoux à terre. Fanny lui prêta assistance pour le relever.

— Je t’ai dit de me prévenir dès que ça n’allait pas ! cria Azem.

— Ça va.

— À l’évidence, non.

La voix cassante d’Azem conforta Stephen dans son choix de faire comme si de rien n’était.

— Ça va.

Il se montra aussi ferme qu’un peu plus tôt dans ces mêmes tunnels. Bien que son crâne menaçât d’imploser à cause des voix qui se rapprochaient, il affirmerait se porter bien – au moins aussi bien que le permît la situation. Parce qu’Azem souffrait autant que lui, sinon plus à cause de son enquête irrésolue, à cause de Nasrim laissée derrière lui. Parce qu’il n’avait pas à porter le poids de leurs deux souffrances. Et parce que Stephen se refusait à admettre le problème. Plus exactement, quelque chose l’en empêchait ; comme ce quelque chose qui l’avait retenu dans son rêve, plus tôt dans la nuit, quand Azem l’avait embrassé sur le front, avant de repartir.

— Stephen, ne me prends pas pour un imbécile.

— Ça va.

— Arrête de répéter que ça va !

Azem baissa d’un ton.

— Tu mens comme un arracheur de dents.

Stephen eut à peine le temps d’ouvrir la bouche.

— Non, l’interrompit son compagnon.

— Est-ce que vous entendez ? leur demanda Fanny d’une voix mal assurée.

Azem adressa un regard surpris aux deux autres. Stephen, lui, avait bien perçu des bruissements étouffés, et il ne tarda pas à en découvrir l’origine.

— Ma sacoche.

Du doigt, il désigna l’objet, que portait toujours Azem. Celui-ci fronça les sourcils.

— Ça bouge dans ton dos, articula-t-il.

Stephen le vit qui se raidit. L’expression fugitive d’horreur dans ses yeux faillit le convaincre d’abandonner ledit sac sur place.

— Il faut vérifier, s’avança Fanny.

Elle tendit la main vers Azem, il lui remit la sacoche. La jeune femme manqua le lâcher sous l’intensité des mouvements, à l’intérieur. Instinctivement, Stephen recula d’un pas, le bras d’Azem en travers de sa taille pour le dissuader d’approcher – comme s’il lui viendrait à l’esprit de fourrer son nez là-dedans !

Fanny approcha les mains de la boucle qui maintenait fermé le rabat de cuir. Elle la pressa entre le pouce et l’index. Stephen voulut lui crier d’aller plus vite, mais le nœud dans sa gorge l’empêcha de s’exprimer. Fanny tourna la boucle et, d’un geste sec, souleva le rabat. Les bruissements s’intensifièrent. Mêlés aux voix dans la tête de Stephen, eux aussi se rapprochèrent. Ils émergèrent comme d’un immense trou noir. Un trou noir dans l’obscurité qui les cernait.

Un frisson aussi moite que le précédent coula dans le dos de Stephen.

Une forme jaillit du sac. D’abord indescriptible à cause de la pénombre, Stephen finit par entrevoir le reflet d’une aile. La pointe d’un bec capta le rai de lumière d’une applique. Fanny s’écarta quand l’oiseau vola droit sur elle. Son crâne heurta le mur.

— Un corbeau, crut reconnaître Stephen.

Fanny se tourna vers lui et Azem en se massant la tête.

— C’est un signe, annonça-t-elle gravement.

Stephen lui reprocha cette intonation. Les lieux étaient suffisamment sinistres, et l’envol de ce corbeau venait d’accentuer le malaise de Stephen. Fanny n’avait vraiment pas besoin d’en rajouter avec ses histoires de signes. Ni Azem, qui insista.

— Un signe ?

— Nous nous trouvions à la chapelle du Corbeau quand les bombes ont explosé.

— Les bombes ? demanda Stephen, tout à coup attentif.

Fanny haussa les épaules.

— Je suppose qu’il s’agissait de bombes. Elles sont faites pour exploser, non ? Quoi qu’il en soit, je faisais visiter – si l’on peut dire – la chapelle du Corbeau à Azem quand tout a explosé. Cet animal porte chance.

— Je le connais plutôt comme incarnation de la tromperie et de la magie, commenta Azem, dubitatif. Quand j’étais petit, les parents de mes copains leur lisaient des histoires destinées à les effrayer et les dissuader de mal agir.

— En Arluuvie, le corbeau représente les fantômes des personnes assassinées, ajouta Stephen.

Les deux autres le dévisagèrent.

— Quoi ? demanda-t-il.

— Encore l’Arluuvie, lui répondit Fanny.

— Toujours l’Arluuvie, renchérit Azem.

Stephen se sentit à nouveau mal à l’aise. La seule évocation de cette région lui donnait à présent des sueurs froides. Et comment savait-il pour la représentation du corbeau en Arluuvie ? Il se raisonna en se disant qu’il avait sûrement lu l’information quelque part, mais peina à le croire. Trop de zones d’ombres persistaient depuis le début. D’abord, l’enquête d’Azem qui le touchait de très près sans raison apparente. Ensuite, Nasrim qui ne se réveillait pas. Tout tournait autour d’Azem et lui. Son cauchemar le rendait fou, tandis que les investigations d’Azem n’aboutissaient pas. Ils se retrouvaient ici, dans le noir et l’humidité, dans une obscurité de laquelle jaillissaient des corbeaux. Des bombes avaient explosé tout autour d’eux. Ils ne rentreraient pas à Ervicje. Stephen ne rejoindrait pas son lit ce soir, et l’enquête d’Azem demeurerait irrésolue ; par lui, en tout cas.

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CM Deiana
Posté le 01/12/2021
Bonjour !
La question qui me turlupine maintenant, c'est bien : qui est Stephen ? D'où vient-il ? Qu'a-t-il vécu ? Est-il possédé ?
Que de questions !
L'action est bien menée et je vais pouvoir en plus lire la suite immédiatement :)
Merci pour cette lecture très agréable.
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