Chapitre 11

Plusieurs jours passèrent, j’avais repris des forces et je m’étais remise au travail. La vie reprenait son train habituel mais je sentais que quelque chose en moi avait changé, je me sentais un peu différente mais je ne comprenais pas comment j’étais différente. Les récentes découvertes concernant mes origines m'obsédait, je voulais en savoir plus, je devais en savoir plus. Et pour cela, je n’avais qu’une solution, je devais me rendre en Archange, je devais aller au lac Noir pour essayer de trouver des réponses, peut être que des personnes vivaient autour du lac, ma famille était peut-être encore là-bas. Mais comment y aller, je ne connaissais rien hormis notre ville, je n’étais jamais partie. En dehors de la ville, je serais déjà perdue. Je sortais des cuisines et je marchais jusqu’aux écuries afin de retrouver Baldo, peut-être aurait-il une idée. Quand j’arrivais Baldo se tenait dans un box, une fourche à la main, il était en train de nettoyer. La propriétaire du box été attaché en dehors, elle se tenait debout face à moi, dans sa magnifique robe blanche immaculé de tâche sauf autour de ses yeux qui été entouré d’un halo noir. Elle était grande et imposante. Je m’approchai doucement, lui tendant ma main afin qu’elle me sente. Quand elle fut à l’aise avec moi, je posai ma main le long de son encolure, je laissais ma main glisser le long de son corps jusqu’à me trouver à côté d’elle. Quand j’enlevais ma main, la jument me bouscula du museau pour que je lui fasse face. Elle était face à moi, se tenant droite, elle me surplombait mais aucune hostilité ne se dégageait d’elle. Soudainement, la jument se pencha, pliant l'une de ses pattes. Elle me saluait d’une révérence. Je fus si surprise de son attitude. Quand elle se releva, elle me fixait dans l’attente d’une réponse. Je lui répondis à mon tour en la saluant également d’une révérence. La jument hennissait de joie.

  • Tiens, il est rare qu’elle apprécie quelqu’un, annonça Baldo.

Je me rapprochais de la jument et je lui caressais la tête.

  • Vraiment ? Elle m’a l’air si gentille.
  • Diamant, gentille ? Ce n’est pas le mont que j’utiliserais.
  • Pourquoi ?
  • Elle est caractérielle, très difficile à approcher et à monter. Elle ne fait confiance à presque personne.
  • Oh, je vois. A qui est-elle ? demandais-je.
  • Elle est censée être à la reine mais personne n’arrive à la monter.
  • Mais toi, tu peux l’approcher pourtant.
  • Seulement parce que je lui donne à manger mais je ne me risquerais pas à essayer de la monter, ce serait trop dangereux.
  • Et si j’essayais ?
  • Op, premièrement, tu ne peux pas monter le cheval de la reine sans son accord. Deuxièmement, c’est dangereux. Si Diamant n’a jamais été monté, c’est qu’il y a une raison.
  • Baldo, personne n’en sera rien. S’il te plait.
  • Op, Non !
  • OK, râlais-je.

Baldou souffla en décrochant Diamant pour la remettre dans son box.

  • Op, que fais-tu là ? demanda-t-il.
  • J’étais venue discuter mais je n’en ai plus envie, je retourne en cuisine.

Sans attendre sa réponse, je lui tournais le dos et sortis des écuries.

Seriez-vous étonné si je vous disais que j’ai toujours eu du mal avec les refus ? Moi, je ne le serais pas. A chaque refus que l’on me faisait, une bêtise en advenait. Et celle-ci fut de loin l’une des pires que je pouvais faire. Je devais essayer de monter la jument Diamant. Elle pourrait m’aider à atteindre Archange. Si je parvenais à la monter et à trouver une carte me guider jusqu’à là-bas, je pourrais avancer dans mes recherches. Mais cela signifiait voler le cheval de la reine, je risquais très gros en faisant cela. Je ne pouvais pas faire cela sauf en dernier recours. Avant, je devais essayer de trouver une autre solution. Ne souhaitant pas discuter avec Noah de cela, je devais essayer d'en parler avec Emilie, elle était si intelligente, peut-être aurait-elle une idée. J’attendais la fin du souper pour la rejoindre discrètement dans sa chambre.

  • Emilie, c’est Op, je peux rentrer ? demandais-je en toquant à sa porte.
  • Entre.

Je pénétrais dans la chambre et refermais la porte derrière moi.

  • Op, est-ce que tout va bien ?
  • Oui, j’avais quelque chose dont je voulais parler si tu veux bien.

Emilie s’assit dans un fauteuil, elle semblait tellement parfaite même dans sa robe de nuit. D’un geste de la main, elle m’invita à l’imiter.

  • Je t’écoute.

Je pris une grande inspiration avant de me lancer :

  • Je dois me rendre en Archange, mais j’ai besoin d’aide.
  • En Archange ? Où exactement ?
  • Au lac Noir.
  • A la capitale ! s’exclama Emilie. C’est à au moins trois jours de voyage.

Je pensais à voix basse :

  •  Le lac Noir se trouve à la capitale du royaume d’Archange. Parfait, je savais où me rendre dorénavant. Cela allait faciliter mes recherches.

Emilie vint poser sa main sur la mienne.

  • Op, pourquoi veux-tu y aller ? demandait–elle.
  • J’ai des affaires à régler là- bas mais je ne sais pas comment y aller.
  • Quelles affaires ?
  •  Des affaires…

Emilie soupira avant d’ajouter :

  • Je vois, tu ne veux pas en parler, c’est ton choix. Malgré cela, je pense que je peux t’aider, nous devons nous rendre avec Noah à un bal donné par la famille royale d’Archange dans deux semaines, je peux essayer de te faire venir comme l’une de mes femmes de chambre. Baldo pourra venir comme écuyer également si tu le souhaites, je peux également demander pour lui auprès de mon père.
  • Merci, Emilie. Merci beaucoup.
  • Toutefois, Op, je te demande de ne commettre aucun impair quand nous serons là-bas, où tu devras en assumer seule les conséquences. Tu es mon amie mais au-delà de nos frontières, je ne peux pas te protéger et il en va de même pour Noah. Si nous devions te défendre, cela mettrait en péril notre alliance de paix avec eux. Est-ce bien clair ?
  • Je te promets de me tenir, Emilie.
  • Parfait. Sinon comment-te sens-tu ?
  • Beaucoup mieux, je n’ai plus aucune séquelle.
  • Bien. Op, j’ai une question un peu personnelle, est-ce que je peux te la poser ?
  • Oui.
  • Que ressens-tu pour Noah ?

Je ne m’attendais tout sauf à cela, Emilie me parlait rarement de Noah, elle ne se mêlait pas de cela considérant cela ne l’a regardé pas.

  • Je… Je ne sais pas vraiment. Je suis un peu perdue avec mes sentiments en ce moment.
  • Op, sois prudente. Je n’ai rien contre votre relation mais si tu n'éprouves rien pour lui, ne prend pas de risque car si mon père découvre ce qui se passe entre vous, tu risques de très gros problèmes.
  • Ne t’inquiète pas, je serai prudente. Je vais te laisser dormir. Bonne nuit, Emilie.
  • Bonne nuit, Op

Je sortis de la chambre d’Emilie en vérifiant que personne ne se trouvait dans le couloir. En fermant la porte, une voix rauque me fit sursauter.

  • Puis-je savoir ce que vous faisiez dans les appartements de ma fille ?

Je me retournais aussitôt tombait nez à nez avec le roi. Je m’inclinais afin de le saluer.

  • Il me semble vous avoir posé une question.

Je relevai le regard vers le roi, son visage ressemblait énormément à celui de son fils, un visage parfait, une mâchoire carré mais Noah avait tiré des magnifiques yeux verts de sa mère.

  • Je suis venue sous la demande de la princesse Emilie, monseigneur.
  • Pour quelle raison ?
  • Elle souhaitait s’assurer que je m’étais parfaitement remise d’un accident que j’ai eu, monseigneur.
  • Je vois, veuillez rejoindre les appartements des domestiques dans ce cas.
  • Immédiatement, monseigneur. Bonne soirée.

Je fis une dernière révérence avant de filer. Je me doutais que mon mensonge allait passer. Plusieurs fois, j’avais entendu parler de la gentille d’Emilie concernant les domestiques, elle veillait à ce que nous nous portions bien. J’avais préparé ce mensonge exactement pour cet instant car pour bien mentir, il faut un mensonge bien préparé et plausible. L’alibi que je venais de donner était un parfait mensonge. La rue était une bonne école sur les méfaits, je pouvais voler sans être attrapé, mentir sans que l’on ne le devine ou bien me cacher sans jamais être trouvé. Oui, les marchands nous ont eu avec Baldo mais ils n’ont jamais su où nous nous cachions, ni qui étaient notre famille. Nous avons été invisibles aux yeux de tous durant des années. Nous avions appris à nous battre, à esquiver les coups et à dominer un combat. Alors ce petit mensonge était facile.

 

Au lieu de me rendre à ma chambre comme le roi m’avait demandé, je sortais discrètement du château pour me rendre aux écuries, je n’avais pas oublié Diamant. Je devais voir si je pouvais la monter pour être prête au moindre problème. J’ouvrais doucement la porte et déambulais entre les boxes jusqu’à celui de la jument. J’ouvrais la porte et vins contre elle, la jument semblait en joie avec sa queue toute en panache. J’enroulais mes bras autour de son encolure, la serrant contre moi. La jument vint m’envelopper en posant sa tête dans mon dos. Je pouvais sentir sa chaleur contre moi.

            Je m'écartais elle et vins me placer sur la côte. Au début, je posais juste mes mains sur son dos afin de l’habituer à ma présence, la jument restait détendue. Je commençais à m’appuyer légèrement et elle ne bougeait pas, restant calme et docile. Quand j’enlevais mes mains de son dos, elle se coucha soudainement tout en me fixant, j’avais la sensation que c’était un appel à monter sur son dos. Je m’approchais doucement et l'enjambais. Une fois assise, celle-ci se releva doucement veillant à ce que je ne tombe pas. Diamant me faisait confiance, je l'avais ressenti depuis le début.

Mon plan de secours était prêt, grâce à Diamant, je pourrais m’enfuir si j'en avais besoin. Je restais sur son dos un long moment, bougeant de plus en plus pour voir sa réaction, elle s'accordait à mes gesticulations. Au bout d’un moment, je descendis de son dos et la laissai dormir elle aussi.

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