Chapitre 11

Notes de l’auteur : 04/03/2022: J'ai décidé de réécrire certains aspects de l'histoire et de reposter, en raccourcissant les chapitres sur Plume d'Argent pour que ce soit plus facile à lire pour les lecteurs de PA.
Je serai reconnaissante de tout commentaire, tout avis constructif pour améliorer mon récit.

Merci, et bonne lecture!

 

11

 

— Ne t’en fais pas, je suis de ton côté, reprit Myrddin, s’il y a une solution, je la trouverai. Seulement, le passage que tu as emprunté ne s’ouvre qu’en de très rares occasions, ou grâce à une énorme quantité de magie à laquelle nous n’avons pas accès. Le Bilderŵ a dû utiliser une immense magie pour t’envoyer ici, il aura besoin de temps pour pouvoir se remettre d’un tel évènement, au moins quelques décennies.

— Des décennies ?! m’écriai-je. Ça veut dire….

— Cela veut dire que tu es coincée ici… conclut-il en perdant son sourire. Sauf si une solution alternative est trouvée mais cela prendra beaucoup de temps.

Je fus prise de vertiges et une nausée soudaine me frappa. Je titubai mais William m’attrapa le bras. Je mis ça sur le fait que je venais d’apprendre que j’étais coincée dans ce monde pour des décennies mais le visage de Myrddin devint grave. Il se pencha vers moi et je reculai, essayant de l’éviter et surtout, d’ignorer les vertiges qui me tambourinaient le crâne. Il prit ma main gauche, la peau assombrie par cette maladie étrange.

— Depuis quand as-tu ceci ? Depuis ton arrivée ? Que s’est-il passé ? Comment te sens-tu ? demanda-t-il d’une voix précipitée.

— Je… je ne sais pas…

— Je ne connais pas ce mal, intervint William, mais j’ai pensé que vous pourriez l’aider.

— Tes vertiges ne sont pas la simple raison de la fatigue ou de ton arrivée ici, laisse-moi t’examiner pour que je puisse t’aider.

Après un long moment, je finis par acquiescer silencieusement.

Il se leva avec un sourire et fit le tour de la table pour s’approcher de moi. Il posa sa main sur mon front et ferma les yeux pour se concentrer. Des images passèrent dans ma tête que je reconnus immédiatement : la femme qui courait dans la forêt avec un bébé dans ses bras sous un ciel ténébreux et déchiré d’éclairs. Les mêmes flashs dont j’avais rêvé avant d’atterrir ici… L'impression de la présence froide qui m'avait hantée lorsque j’étais tombée à Erydd me revint. Bien que ce n’était qu’un souvenir, je frissonnai.

Je me dégageai de la main de Myrddin qui rouvrit ses yeux. L’espace d’un instant, un immense trouble envahit ses yeux et un air grave s’imposa sur son visage. Il tenta de le cacher en souriant maladroitement, mais cela ne fonctionna pas.

Il prit ma main et observa de près la peau noircie et les veinures qui traversaient mes doigts, s’entortillant telles des vignes grimpantes. J’ouvris la bouche, hésitante, et il me fixa d’un air sombre, m’encourageant à parler.

— Quand… je suis arrivée dans ce monde, quelqu’un m’a parlé.

L’intensité du regard de William m’accabla. Myrddin cessa tout mouvement.

— J’ai entendu des mots dans… je crois que c’était de l’elfique mais je ne suis pas sûre…

— Quels mots ? J’ai besoin de savoir quels sont les mots exacts que tu as entendus pour connaître le sort dont il s’agit. J’espère me tromper sinon…

Je restai silencieuse un instant, me remémorant ce que j’avais entendu quand la présence s’était trouvée près de moi. Même si je n’avais entendu ces mots qu’une seule fois, ils me donnaient tant froid dans le dos que je m’en souvins parfaitement.

— Nethí Kesena.

Un souffle froid passa sur nous. Les flammes des bougies tremblèrent d’un air inquiétant. La douleur foudroyante pulsa à travers mon corps et les veinures noires s’étendirent le long de ma main. Des larmes de douleur et d’impuissance me montèrent aux yeux.

Après l’étrange phénomène qui avait suivi ces mots, William regarda tout autour de nous d’un air anxieux mais Myrddin n’était pas surpris. Son expression était ténébreuse et indescriptible.

— Je sais ce qui cause ton trouble, Prudence.

— Au vu de l’expression de votre visage, vous aviez raison et ce n’est pas bon pour moi, n’est-ce pas ? maugréai-je.

— Il s’agit d’un sort très ancien et très puissant.

— Évidemment, il est ancien et puissant, ironisai-je avec un soupir. Je suppose que je vais mourir si je ne trouve pas une solution impossible à obtenir, n’est-ce pas ?

— Ce sort va se répandre et t’affaiblir de plus en plus. Tu auras des vertiges, de vives douleurs comme ce que tu viens d’expérimenter, un état de faiblesse tel que tu risques d’être incapable de bouger. Et au moment où ces veinures noires atteindront ton cœur… tu mourras.

Je cessai de respirer, la panique m’envahit. William avait l’air aussi remué que moi. Le vieux sage se réveilla de sa torpeur.

— Cependant, la solution n’est pas impossible à obtenir. C’est un sort très compliqué, qui requiert beaucoup d’ingrédients, mais ce n’est pas impossible.

— Vous pouvez l’aider dans ce cas ? demanda William.

J’étais surprise par son soucis.

— Malheureusement, non, répondit Myrddin (ce qui n’était pas vraiment une surprise). Pas ici, pas avec moi. Je suis trop occupé et je n’ai pas les ingrédients nécessaires. Tu dois aller voir l’une de mes amies qui saura t’aider mieux que moi, expliqua-t-il.

— Et de qui s’agit-il ? hésitai-je, même si j’avais une idée de « qui ».

— La sorcière Lelawala.

William eut l’air offusqué, mais le mage continua en ignorant le jeune homme.

— Elle est experte en magie curative, il n’y a personne de mieux placé qu’elle pour te libérer de ce sort.

Je déglutis et cette fois-ci, William sembla enfin décidé à réagir et à intervenir :

— Myrddin, vous ne pensez sérieusement pas envoyer cette fille chez Lelawala ? Et surtout pas avec moi ? Elle va me ralentir ! Et puis, elle ne sait pas se battre, on va devoir traverser la forêt ! On va se retrouver entre le territoire des Agramiens, des ogres et–

— Des quoi ? répétai-je mais les deux hommes m’ignorèrent et se regardèrent intensément.

— William, tu as besoin d’aller voir Lelawala pour sauver ta mère. Et Prudence a besoin de voir Lelawala pour avoir la vie sauve. Quand je disais que vous étiez liés. Prudence a reçu l’enseignement d’un elfe, elle connait la forêt et sait se défendre. Et puis, je sais que je peux compter sur toi pour la protéger en cas de besoin.

— Mais ! Elle va me ralentir ! Ma mère a besoin de cette plante au plus vite ! Je ne peux pas aller chez Lelawala seul et lui dire de revenir avec moi pour soigner Prudence ? proposa-t-il – ce qui m’allait très bien, personnellement.

— Et Prudence mourra d’ici quelques semaines seulement. Tu n’auras jamais le temps d’aller chez Lelawala et de revenir avec elle. Et tu sais que peu de messages peuvent arriver chez Lelawala. Ta mère peut encore survivre plusieurs mois, Prudence n’a que quelques semaines devant elle avant de s’éteindre.

William détourna le visage d’un air agacé. Il ne voulait pas me prendre avec lui et je ne voulais pas y aller mais je n’avais pas le choix.

— Myrddin, vous ne pouvez pas ralentir l’affaiblissement le temps que William revienne avec Lelawala ? suggérai-je.

William fixa Myrddin avec espoir, mais ce dernier secoua la tête.

— Mmm, j’ai bien une potion qui devrait pouvoir t’aider, mais elle n’aura pas suffisamment d’effets pour te permettre de rester ici jusqu’à l’arrivée de Lelawala. Ne crois pas que cela me fasse plaisir d’envoyer une jeune fille sans la moindre connaissance de ce monde au milieu d’une forêt remplie d’ennemis et de créatures dangereuses. William, cela ne me dérange pas, mais toi…

— Merci de m’envoyer dans la forêt remplie d’ennemis, grommela William en haussant un sourcil.

— Il sait se battre, il connaît la forêt et les créatures qui y habitent. Ce n’est pas ton cas, Prudence. Je ne sais rien de ce que ton mantë t’a appris et de tes compétences. Si cela ne tenait qu’à moi, j’enverrais un escadron entier avec toi et William mais les temps sont trop difficiles pour me permettre une telle chose et la discrétion est ce qu’il y a de mieux pour votre survie.

Je ne pus m’empêcher de soupirer, j’avais de moins en moins envie d’aller dans cette forêt.

— Je croyais que vous étiez puissant… murmurai-je à mi-voix.

Myrddin eut un rire triste et me répondit avec un regard rempli de mélancolie :

— Ce fut le cas, un temps. Mais aujourd’hui, les choses sont complètement différentes. La guerre fait rage et bientôt, elle sera sans doute terminée bien que je ne veuille pas penser à son issue…

Il me lança un regard hésitant et continua :

— Comme je te l’ai dit, les temps sont difficiles… Je suis l’un des plus proches conseillers de Durand et il s’agit de la dernière ligne droite avant la fin de la guerre contre les Agramiens. Je ne peux pas m’égarer et vous aider plus que ce que je suis en train de faire… Et je le souhaiterais, crois-moi, mais j’ai les mains liées.

— Myrddin, vous avez dit que ce… sortilège avait été lancé par un magicien, n’est-ce pas ? Qui ? Et pourquoi moi ? Est-ce… la voix qui a prononcé ces mots quand je suis arrivée à Dareia ? demandai-je, essayant de comprendre comment j’avais fini avec une épée de Dormakh au-dessus de la tête.

Il hésita, et secoua légèrement la tête en pinçant les lèvres.

— Je souhaiterai pouvoir te donner des réponses à tes questions, Prudence, mais je n’en sais pas plus… Tout ce que je peux faire c’est vous guider tous les deux pour que vous arriviez chez Lelawala au plus vite afin que tu sois soignée.

Personne n’ajouta quoi que ce soit avant un long moment. Myrddin releva ses yeux, vers William et moi.

— Alors ? Êtes-vous prêts à risquer vos vies pour sauver ce qui vous tient à cœur ? nous demanda-t-il.

William poussa un soupir, comme s’il savait qu’il allait regretter sa décision.

— Si vous pouvez m’assurer sans la moindre hésitation que le bourgeon de lune sauvera ma mère et se trouve chez Lelawala, dans ce cas, j’irais… dit-il d’une voix lasse.

— Je peux te l’assurer, William, répondit le vieux sage avant de se tourner vers moi. Et toi ? Prudence ?

Je soupirai à mon tour, mais plus de désespoir qu’autre chose.

— Si je reste ici, je suis morte. Si je pars, j’ai de grandes chances de mourir et une petite chance de survivre alors… autant miser sur ma petite chance, murmurai-je.

— Bien. William saura te protéger, il est sans doute l’un des meilleurs épéistes du pays. Tu seras en sécurité tant que tu resteras à ses côtés.

Myrddin se pencha vers moi, l’air de nouveau grave.

— Ma chère, crois-moi quand je te dis qu’il est essentiel que tu survives, tu es si importante.

— En quoi puis-je être importante ?

Il se pencha un peu plus en avant et William décida de ne plus écouter. Myrddin me prit les mains et plongea ses yeux bleus dans les miens.

— Tu es importante, pour Erydd, pour tout Dareia. Tu es importante. Les temps vont changer, Erydd va redevenir le pays prospère qu’il était il y a quelques siècles…

Je retirai brusquement mes mains. Je n’aimais pas ce qu’il disait, encore moins ce que cela pouvait sous-entendre.

Il ne fut pas perturbé et se redressa, cherchant quelque chose autour de lui.

— Puisque tu dois aller voir la sorcière Lelawala, tu dois lui apporter un message de de ma part.

J’ouvris de grands yeux et le fixai sans comprendre.

— Un instant, il n’a jamais été question d’un message, répliquai-je.

— Maintenant, c’est le cas, lança-t-il en se levant.

Je n’eus même pas le temps de protester qu’il nous avait déjà le dos tourné, occupé à écrire quelque chose.

— Ceci, est un message de la plus haute importance pour Lelawala. Tu dois absolument le lui remettre en mains propres et en aucun cas, lire ce message. Cela pourrait changer l’avenir du pays tout entier.

Il se retourna vers moi et me tendit un petit tube en bois dans lequel il avait glissé le papier et autour duquel une cordelette me permettait de le garder en collier. Je cachai le petit rouleau qui protégeait le papier dans ma robe pour être sûre que cela ne se perde pas.

— Est-ce que tu m’as compris ? demanda-t-il en plongeant son regard dans le mien.

J’acquiesçai silencieusement et il sourit d’un air soulagé. Il se tourna d’un air pensif vers les étagères encombrés de livres, de parchemins et de bocaux.

— Il me semble que j’ai quelque chose qui pourrait vous aider… murmura-t-il pour lui-même.

Il se rendit vers les piles de livres et de parchemins et se mit à vérifier tous les rouleaux. Après quelques instants, il émit un cri victorieux et revint vers nous.

— Voici une carte très ancienne, déclara-t-il en la posant sur la table.

— Elle est plus que juste « ancienne », remarquai-je.

Les coins tombaient en morceaux et des trous en plein milieu témoignaient des bestioles qui en avaient fait leur déjeuner. Le document était incrusté de poussière et l’encre était si effacée que je peinais à voir la moindre ligne. William fronça les sourcils, presque aussi confus que moi.

— Voici le fleuve Dubro qui s’écoule jusqu’au Lac Drych. Cette ville est Eldergulch et–

— Eldergulch n’est qu’un village à moitié abandonné, remarqua William.

— Ce n’était pas le cas il y a encore quelques siècles. Avant le génocide des Terres Rouges contre les nains, les elfes et les sorciers, mené par le Roi Aden et sa mère, les Montagnes d’Edyrn étaient encore le dernier refuge Eryddien du Royaume nain de Dhur Gurhum. Les constructions des nains sont trop imposantes et trop bien faites pour connaître des dommages après seulement quelques siècles d’abandon. Certaines habitations sont encore vivables, et c’est là que Lelawala s’est installée.

Il pointa à un chemin en pointillé rouge, se perdant dans les montagnes.

— Cette carte indique l’une des grandes portes naines et la route qui mène jusqu’à la maison de Lelawala.

— Monter un chemin dans les Montagnes d’Edyrn en plein hiver est du suicide, Myrddin, fit William. Entre le froid et les orcs, nous n’atteindrons jamais cette porte.

— Sauf avec un peu de magie pour vous protéger du froid et des ténèbres !

Il rigola et partit chercher un bocal qui contenait de grandes plaques de gemmes en forme de pétales. Elles étaient de différentes nuances de vert et scintillaient à la lumière. Myrddin les posa sur la table et je ne pus m’empêcher de me pencher vers ces trésors naturels, attirée et enchantée par la danse des couleurs. Ces plaques étaient chaudes et j’encerclai mes mains autour du bocal. C’était comme un feu réconfortant enfermé dans une prison de verre.

— Ce sont des écailles de mue de dragon provenant de l’Île Du. Ces écailles contiennent la magie du feu d’Aedd, l’Enaid qui a créé le feu originel et les dragons. À partir de ces écailles de jeune dragon, je vais vous créer un sort qui vous protégera du froid et des ennemis. Il faudra boire ce liquide mais attention ! Le sort ne fonctionnera que vingt-quatre heures une fois bu, donc vous ne devrez l’utiliser uniquement lorsque vous serez déjà sur le sentier nain et que le froid devient insupportable. Il y a un passage nain dans les montagnes, qui permet de monter presque toute la montagne sans craindre le froid, cependant il est souvent chargé d’orcs qui y cherchent aussi refuge. Je suggère que vous utilisiez quand même ce sentier caché et qu’au moment de le quitter pour trouver Lelawala, vous utilisiez le sort qui vous protègera du froid et des ennemis.

— De la magie… maugréa William.

— Je sais que tu ne fais pas confiance en la magie, mon petit, mais si tu veux aider ta mère, tu n’as pas le choix. Je vais aussi préparer la potion pour Prudence.

Le « petit » William souffla d’agacement et croisa les bras sur sa poitrine mais n’ajouta rien. Myrddin se retira dans une autre pièce avec les écailles de dragon et d’autres ingrédients sous ses bras.

— Tu… tu n’aimes pas la magie ? demandai-je. À Sehaliah, les sorciers sont rares mais c'est un art respecté…

— La magie… pose beaucoup de problèmes, et n’en résout pas beaucoup, répondit-il. Le peu de fois où j’ai fait face à de tels phénomènes ne m’ont pas laissé de bons souvenirs. Je préfère miser sur ma force et mes capacités plutôt que quelque chose d’aussi volatile que la magie.

Mon regard se baissa sur ma main que je recouvris aussitôt.

À part le mage que j’avais rencontré quand j’étais petite et avait apaisé mes cauchemars concernant le Bilderŵ, toutes mes expériences face à la magie s’étaient révélées tout aussi tragiques. Si ce n’était pas pour la magie, l’Impératrice de Sombor n’aurait jamais existé. Si ce n’était pas pour la magie utilisée par Omri, ma vie n’aurait pas été détruite et ma famille serait encore en vie. Si ce n’était pas pour la magie qui s’abattait sur moi… je n’aurais pas à risquer ma peau dans ce monde de fous.

William remarqua mon inquiétude parce qu’il éleva de nouveau la voix :

— Ne t’en fais pas, Myrddin a toujours su me guider. Je lui fais confiance et s’il dit que Lelawala peut te soigner, elle le fera.

Un bruit d’explosion depuis la pièce où était parti Myrddin nous fit sursauter. On se lança un regard hésitant au moment où l’Inedor arriva avec trois fioles fumantes dans les mains. Son visage était couvert de suie, sa barbe étincelait et des trous auréolés de rouge étaient apparus sur ses manches – sans doute l’effet du sort qu’il venait de créer.

— Le sort est préparé ! N’oubliez pas que le moment où vous boirez le liquide, vous n’avez que vingt-quatre heures pour atteindre Lelawala ou le froid vous tuera.

— Merveilleux, maugréa William.

Le verre était brûlant et le liquide ressemblait à du sang bouillant. Il me donna un autre flacon, un peu plus grand qui avait la couleur de boue verdâtre.

— Bois une gorgée de ce liquide, uniquement lorsque le sort qui te traverse le bras devient insoutenable.

Redevenant sérieux, Myrddin nous fixa longuement, comme s’il cherchait à voir les fils de destin qui nous liaient, William et moi. Ne voulant pas prendre le risque d’avoir un autre sort qui pourrait nous exploser à la figure, William se leva.

— Merci pour tout, Myrddin, je suppose, dit-il.

— N’oubliez pas que vos destins sont liés, lança Myrddin en nous raccompagnant à la porte avec sa démarche boiteuse.

— Ça, je ne risque pas d’oublier, grommela William en remettant sa cape et en quittant la maison.

— Ah ! Et Will ! s’écria Myrddin. N’oublie pas d’aller voir nos vieux amis, ils sauront vous aider pour atteindre plus vite les Montagnes d’Edyrn ! lança-t-il avec un petit rire.

William acquiesça d’un air aigri. Il commença à traverser la clairière et je me tournai vers Myrddin.

— Merci, Myrddin. Je pense.

J’allais suivre William quand le vieil homme m’attrapa le bras et me força à me pencher vers lui, parlant de manière que je sois la seule à entendre :

— Fais quelque chose pour moi, Prudence. Essaie de retrouver la princesse disparue mais, garde cela secret, d’accord ?

— Que voulez-vous dire ? bafouillai-je.

— Va chez Lelawala, sauve ta vie et accomplis ma double mission : remettre le message à Lelawala et trouver la princesse disparue, continua-t-il.

Il me tapota le bras et retourna dans sa maison, sur le point de fermer la porte grinçante… Je la bloquai, et me penchai vers lui une nouvelle fois :

— Myrddin… Vous savez des choses que vous ne me dites pas, n’est-ce pas ?

Myrddin mit sa main sur mon épaule et la serra.

— Je fais tout ce que je peux pour t’aider, ma chère. Je te le promets. Mais en retour, promet-moi de tout faire pour te sauver – tu es innocente et tu mérites de vivre un peu plus longtemps. C’est ce que souhaiterait ta mère.

J’avais encore des centaines de questions à poser concernant cette « double-mission » mais il referma la porte avant que je ne puisse lui demander quoi que ce soit. J’allais les poser à William quand je me souvins que cette histoire de princesse devait rester secrète. Je soupirai pour la énième fois aujourd’hui et en me retournant, je constatai que William avait disparu, déjà dans les rues d’Azraald.

Je me précipitai à sa poursuite, mais il ne me dit absolument rien sur le reste du chemin jusqu’à la forge, m’ignorant admirablement.

Cette quête sera merveilleuse…

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