Chapitre 11

Anastae repoussa d’une main agile Luciana qui se penchait sur son bras, les yeux écarquillés et visiblement légèrement inquiète. En effet, il n’avait pas fallu longtemps à son amie pour s’apercevoir de sa blessure au bras et Anastae s’était empressée de justifier ce bandage pour garder un baume anti-poison contre sa plaie qui était en réalité encore trop rouge pour les fées. 

Luciana avança d’un pas, chassa sa main, l’air désormais agacée, et croisa ses bras contre sa poitrine : 

- Quel genre de soucis as-tu et comment cela se fait-il que tu ne m’aies rien dit ? 

- C’est arrivé hier soir, soupira-t-elle. 

Anastae lui devait au moins la vérité sur les événements de sa soirée et elle voulait avoir son propre coup d'œil sur cette situation. Elle s’empressa alors de saisir son amie par le bras et d’avancer dans la grande plaine, loin des oreilles indiscrètes qui avait entendu la voix presque criarde de Luciana. 

Cette dernière attendait avec impatience plus de détails et souleva sa longue robe rouge pour franchir quelques marches et s'asseoir sur un banc à l’écart des autres. La jeune demi-fée s’attarda un instant sur une fleur immense qui la dépassait de quelques têtes pour finalement s’installer à ses côtés, la bouche pincée : 

- On a tenté de me tuer. 

Luciana ouvrit en grand sa bouche : Anastae, pour la première fois, l’avait vraiment prise au dépourvu et elle s’étonna de voir à quoi ressemblait son visage choqué. A vrai dire, il était aussi beau que d’habitude et la surprise n’en rajoutait qu’un côté délicat et peut-être plus humain. 

Son amie l’observa alors sur toutes ses coutures et tira même sur sa robe pour regarder si elle n’était pas blessée à différents points vitaux. Malgré que Anastae lui chuchotait de cesser ces gestes, elle souleva sa tête pour vérifier qu’il n'y avait aucune coupure : les fées pouvaient mourir si quelqu’un venait à leur trancher la tête : 

- Tu vas bien au moins, demanda-t-elle d’un ton doux. Par la Reine, qui t’as fait ça ? 

- Je suis presque remise, la rassura Anastae. Il semblerait que ce soit un serviteur qui ait perdu la tête mais… 

Elle ferma les yeux et se massa les tempes. 

Une nouvelle fois, Anastae avait pensé toute la nuit avant de s’endormir de fatigue mais n’avait rien trouvé de vraiment solide dans ses explications : il ne s’agissait que de suppositions et cela l’énervait passablement. Elle voulait savoir ce qui était arrivé à ce pixis, ce pauvre pixis qui était mort sur le sol de sa bibliothèque :son père avait juste déclaré après un bref regard de le jeter au feu. 

Son père ne s’était pas vraiment inquiété pour elle mais s’était énervé : qui osait commettre un affront à la grande famille Meliodas ? Il avait alors renforcé la sécurité de la propriété et, désormais, des centaines de gardes surveillaient le jardin avec un regard terrifiant : 

- Il a été empoisonné, continua-t-elle en chuchotant. Il est mort juste après avoir tenté de me tuer et je pense… Que quelqu’un est derrière ça. 

Luciana fixa le bout de ses pieds, le regard perdu dans le vague, et une lumière en surgit. Anastae était heureuse d’avoir une amie aussi intelligente qui avait un cerveau qui fonctionnait à la vitesse de la lumière : 

- Il paraît logique qu’il ait été forcé à cela : une pression sur sa famille peut-être ? S’il appartenait à un quartier sensible, des règlements de comptes se font régulièrement. Je sais que certaines créatures sont enlevées, empoisonnées, sont chargées de récupérer des richesses, et si elles reviennent à temps, les malfaiteurs leur donnent l’antidote. 

- Mais pourquoi s’en prendre à moi dans ce cas ? Il n’avait qu’à voler dans les caisses de ma chambre. 

Son amie souleva son collier constellé de diamants et lui demanda : 

- Tu le portais hier ? 

- Oui. 

- Tu me disais que tu allais souvent dans les marchés, des voleurs ont peut-être remarqué tes bijoux et ont signalé au serviteur qu’ils voulaient celui-là. Manque de chance, tu le portais au moment où il fallait qu’il le vole. Sous la pression, nous pouvons faire beaucoup de choses idiotes. 

Anastae songea à cette supposition et avoua, avec regret, qu’il s’agissait de la plus plausible. Elle avait subi trop de rebondissements en ce moment, tout cela lui montait très  certainement à la tête et elle n’était plus capable de réfléchir calmement comme venait de le faire Luciana. 

Cependant, cette dernière lâcha son collier et planta ses yeux dans les siens, l’air grave : 

- Ce serait l’explication la plus logique. Mais il se pourrait également que quelqu’un en ait contre toi. 

- Mais pourquoi, siffla t-elle. Je n’ai jamais rien fait de… 

- Tu as des secrets Anastae. Il se pourrait que ce quelqu’un en ait découvert un. Dans un autre cas, il s’agirait peut-être d’un antécédent familial. 

Les paroles de Luciana lui donnèrent l’impression qu’elle s’était prise un coup dans le ventre. 

Devant ses yeux, se mit à tourner tout ce qu’elle cachait, son sang humain, d’où elle provenait… Un nouveau flash passa devant ses yeux alors que les derniers mots de Luciana résonnaient dans son esprit. 

Sa mère avait été attaquée et tuée par des gens qui leur voulaient du mal. Et s' ils revenaient pour elle ? 

Une nausée brutale la saisit mais elle se pinça le nez et secoua sa tête. Sa gorge brûla, son esprit se tordit, et un mensonge jaillit difficilement de sa bouche : 

- Je ne vois pas. 

Luciana lui jeta un petit regard et soupira : 

- Tu te voiles la face. 

Pour une fois, Luciana avait faux. 

Anastae connaissait ses secrets, sur le bout des doigts. S’il lui avait toujours semblé indispensable de les garder au plus profond de soi, aujourd’hui un nouvel adjectif s’ajoutait. 

Vital. 










































 

Elle termina de nouer son corset et grimaça en se rendant compte qu’elle avait peut-être serré trop fort. Anastae haïssait les corset obligatoires pour l’entraînement et bien qu’elle savait que c’était uniquement pour avoir une bonne posture, combien de fois l’avait-elle jeté par terre pour se battre avec seulement un haut blanc pâle et bouffant. 

La jeune fée noua ses cheveux dans une queue de cheval haute et essuya du dos de sa main le rouge à lèvre appliqué ce matin par une servante : elle se léchait sans cesse les lèvres quand elle s’entraînait et le goût de ce rouge à lèvre était… étrange. 

Elle saisit l’arc posé sur une pierre et s’avança pour rejoindre les rangs, tentant d’oublier que le Prince se trouvait avec eux et voulait sans doute lui parler pour qu’elle lui rende ce fichu service. Anastae voulait l’éviter à tout prix et se mêla rapidement à un groupe d’élèves. 

Mais alors qu’elle passait devant une fée aux yeux verts fougères, cette dernière lui attrapa le bras et la força à se retourner. Anastae ne résista pas, surprise que quelqu’un dans cette classe lui porte de l’attention, et son sang se glaça quand une idée germa dans son esprit : si elle tentait elle aussi de l’assassiner. Seulement, avant que l’idée ne se forme totalement, elle déclara avec un petit sourire en coin : 

- Je me demandais… Est-ce que toi et le Prince entretenaient une certaine… relation ? 

- Qu’entends-tu par là, siffla Anastae. 

- Eh bien, la royauté aime souvent trouver des jeunes fées pour les mettre dans leur… lit ? 

Offusquée, elle retira son bras de sa prise et lui offrit son regard le plus noir, les sourcils froncés et la bouche plissée. 

Qu’elle pense qu’elle était une pute au service du Prince l’énervait mais ce qui lui donnait vraiment envie de la gifler était qu’elle s’intéresse à elle juste pour cette raison. 

Peut-être également car elle se permettait de juger le Prince alors qu’elle n’avait sans doute jamais réellement parlé avec lui : 

- Réfléchis avant de parler, cracha-t-elle de son ton le plus dédaigneux. Je n’ai rien d’une pute. 

Et sans aucune autre forme de procès, elle lui tourna le dos, encore plus énervée. Cette fois-ci, elle prit place juste devant le professeur qui lui ouvrit un léger sourire pour finalement débuter la séance : 

- Commencez par vous échauffer avec vos armes de prédilections, ensuite vous formerez des duos pour vous entraîner entre vous et apprendre des autres. Allez, c’est parti ! 

Anastae se dirigea rapidement vers les flèches et les cibles, où quelques élèves se trouvaient déjà et s’apprêtaient à tirer. La jeune fée mit un point d’honneur à ne pas regarder derrière elle et à ne pas croiser le regard du Prince : avec un peu de chance elle arriverait à l’éviter pour aujourd’hui. 

Elle sentit quelques regards derrière son dos et elle comprit, avec une nausée, qu’en parlant avec le Prince, elle s’était faite une réputation qui pouvait arriver très rapidement aux oreilles de son père… Il faudrait qu’elle se dépêche de nier tout ce qu’il se faisait entendre, qu’ils s’étaient juste parlés une fois et que ça s’arrêtait là. 

Ce qui l’effrayait le plus était que le Prince pouvait avoir la soudaine envie de tout dévoiler et qu’elle ne se retrouve avec une épée dans son ventre : son père en serait capable. Légèrement angoissée, elle manqua le centre de la cible de quelques millimètres, ce qui n’était pas arrivé depuis bien longtemps. 

Anastae s’efforça de rectifier le tir mais ce qu’elle venait de subir la veille, les paroles de Luciana, et le Prince qui se trouvait à seulement quelques centimètres d’elle la déconcentrait à chaque fois. 

Elle se frotta les oreilles et sursauta presque en se rendant compte qu’elle les avait dévoilées à tout le monde, par habitude. Les boucles d’oreilles de sa belle-mère ne suffisait pas pour cacher  le bout de ses oreilles bien moins pointu que celui des autres. Anastae détacha donc sa queue de cheval et plaqua ses cheveux contre ses oreilles : ainsi on ne les voyait plus : 

- Passez en duo, ordonna alors le professeur. 

Anastae, pour la première fois depuis le début de ce cours, chercha du regard quelqu’un qui serait tout seul, comme elle. Une satisfaction s’installa en elle quand elle se rendit compte qu’une fée, les yeux perdus, attendait sans doute qu’une personne vienne lui parler et se mettre avec elle. Anastae n’en n’attendit pas plus longtemps et l’interpella : 

- Hé, on se met ensemble ? 

- S-Si tu veux, bégaya- t-elle en gardant son visage caché par ses longs cheveux fougères.   

La jeune fée aux cheveux blancs n’insista pas pour lui parler dans les yeux et se mit en position, les pieds plantés dans la terre et son arc se tendant de plus en plus alors que son adversaire levait son épée et la faisait tourner maladroitement sur elle-même. Anastae ne se permit pas de la juger, elle non plus n’avait aucun talent dans le maniement d’une telle arme. 

Elle tendit sa flèche alors que la fée se rapprochait d’elle en un saut, l’épée tendue. Anastae ferma un œil et envoya la flèche en plein visage de son adversaire. Cette dernière eut le réflexe de l’éviter d’une rotation et de plonger en avant pour réduire la distance qui les séparait. 

Anastae commença alors à entamer ses mouvements et, malgré elle, la voix du Prince retentit dans ses oreilles. Un agacement surprenant la saisit mais elle tenta de se concentrer à nouveau et recula d’un pas, tourna, tira une flèche que la fée évita à nouveau en plongeant en avant. 

L’arc était clairement désavantagé dans les combats au corps à corps et elle serra des lèvres quand elle se rendit compte que la distance était vite comblée : son adversaire était rapide à défaut d’être mauvaise à l’épée. 

Anastae envoya donc son arc droit sur elle. 

Surprise, elle trébucha en arrière et se prit son arme en plein nez, fermant les yeux pour encaisser : il n’en fallut pas plus pour qu’elle trouve une ouverture. Anastae poussa sur ses pieds, leva la flèche qu’elle tenait dans sa main et, aussi silencieuse que l’air, l'abattit sur son cou. 

Bien entendu, elle se serait arrêtée avant que cette dernière touche trop profondément sa peau mais une main vint lui saisir le poignet et la stoppa, malgré elle, dans son élan. Anastae crut tout d’abord qu’il s’agissait de son professeur qui pensait qu’elle allait trop loin mais quand elle tourna son regard  vers le propriétaire de cette main, elle rencontra un tout autre visage. 

Un sourire de chat dansait de nouveau devant ses yeux et sa mâchoire se crispa : il s’agissait du Prince. 

Anastae sentit un élan de panique l’envahir, suivit d’agacement, et elle dût se retenir pour ne pas le repousser sèchement. Désormais, elle n'oubliera plus jamais qui elle avait devant elle. Le Prince secoua sa tête, amusé, et releva son menton, insolent : 

- La Anastae que j’ai cotoyé m’aurait déjà repoussé. 

Bon sang, qu’il arrête de parler comme si nous nous connaissions ! 

Il ne savait rien d’elle si ce n’était que son nom et elle lui fit comprendre d’un regard que si elle ne le repousserait pas, il était dans son intérêt de la lâcher immédiatement. Le Prince obéit à sa demande silencieuse et plongea ses mains dans les poches de son pantalon d’entraînement. 

Sa coéquipière se frotta son nez déjà totalement guéri et demanda d’une petite voix : 

- Que se passe-t-il ? 

Le Prince se tourna vers elle et lui offrit un beau sourire, qui n’avait rien en commun avec celui du chat, l’air de vouloir la séduire. La fée rougit et leva pour la première son visage taillé à la harpe, comme toutes les fées de ce monde. Ses yeux en amandes s’élargirent et dévoilèrent des pupilles d’un bleu océan. 

Il s’approcha d’elle, posa une main confiante sur son épaule, et se pencha pour lui dire, sa bouche à quelques centimètres de son oreille : 

- Tu m’en voudrais si je te vole ta coéquipière pendant un instant ? 

- Que…, commença Anastae, prête à répliquer. 

- Ce serait avec plaisir m-mais… j-je n’aurais plus personne. 

Le Prince se pencha encore plus vers elle, sa bouche effleurant désormais son oreille, et il lui offrit un regard étrangement doucereux alors qu’il possédait des yeux rubis. 

Anastae avança d’un pas pour venir en aide à sa pauvre coéquipière mais à peine avait-elle commencé à ouvrir sa bouche que la fée était en train de rougir de plus en plus, les lèvres tremblantes ainsi que tout son corps : 

- S’il te plaît, continua t-il en souriant encore plus. Mon ami t’attends là-bas. 

Il pointa du doigt un bel elfe aux cheveux rouges et à la mine sérieuse. De suite, comme si ce simple argument changeait tout, elle hocha sa tête et de suite, le Prince lui offrit un nouveau sourire pour finalement se tourner vers Anastae. Cette dernière, presque suppliante, tenta de retenir la fée : 

- Hé, reviens, tu ne vas pas me… 

- Navrée, avoua-t-elle. 

Et elle partit rejoindre l’ami du Prince. 

Ce dernier, fier de lui, retrouva son sourire de chat et posa une main sur son épaule pour la conduire plus à l’écart. S’en était trop pour Anastae, qui cette fois ci, s’éloigne d’un pas sur le côté et siffla froidement : 

- Je trouve cela très malpoli et culotté de votre part de me voler ma coéquipière. 

- Arrête de me vouvoyer, je t’en prie. 

Il roula des yeux, exaspéré désormais. Mais Anastae n’avait aucune envie de lui parler, elle avait été très claire lors du bal, près de la clairière ( et elle faillit sourire en se souvenant d’Emma et de sa voix si douce ). Sitôt sa part de marché rendue, elle ne le fréquenterait plus. Elle ne voulait pas prendre le risque que son père lui enfonce une épée dans son cœur plus tôt que prévu. 

Le Prince leva un sourcil, attendant une réponse de sa part : 

- Je ne suis pas votre amie, déclara-t-elle sèchement. Gardons une distance… professionnelle.

- Ce que tu me dis me donne sérieusement envie de te secouer, répondit-il d’une voix plate. Je t’ai entraînée, si je voulais garder une distance professionnelle comme tu dis je ne m’en serai pas donné la peine. 

- Vous… 

- Je n’écouterai rien tant que tu me vouvoie. 

Il se pencha sur elle : 

- Ce qui compte pour tes questions sur ta part du marché. 

Elle ferma ses yeux et prit une grande inspiration. 

Il fallait qu’elle se calme. 

Sinon elle allait le gifler. 

Et ce n’était pas bien de gifler un Prince : 

- Que veux-tu de moi, soupira-t-elle en ouvrant ses yeux. 

- J’ai besoin d’un objet, plus précisément d’une arme. 

Anastae fronça ses sourcils. Il s’agissait du fils de la Reine, il avait et pouvait tout avoir, pourquoi sa part de marché se résumait à une simple arme ? Mais après tout, cela lui facilitait la tâche, le sous-sol était rempli d’armes qui ne manqueraient à personne si une d’entre elles venait à disparaître. 

Elle s’empressa donc de finir cette conversation :; 

- Une épée ? Un arc ? Précise. 

- Une épée très ancienne, que je suis certain que ton père possède et je pense que tu sais très bien où elle se situe. 

Anastae commençait à comprendre où il voulait en venir : 

- Elle est rouge, ornée de diamants, on raconte que du sang d’elfes élémentaires se trouve sur sa lame. 

- Impossible, déclara-t-elle sèchement. 

Cette épée était celle que son père affectionnait le plus, il la gardait dans son bureau à clef sous une paroie de verre presque indestructible à moins qu’on ne puisse l’ouvrir normalement. Il s’agissait de la prunelle de ses yeux et les seules fois où Anastae avait été dans son bureau, elle s’était rendue compte qu’il la regardait plus comme une fille qu’elle-même. 

S' il venait à voir qu’elle avait disparu, il chercherait à tout prix celui qui l’avait volé, et quand il se rendrait compte que c’était elle, il la battrait à mort : 

- Tout est possible quand on s’en donne les moyens, rétorqua le Prince avec son sourire de chat. Il s’agit de l’épée de ton père, même s’il s’aperçoit que tu l’as prise, tu restes sa fille.

- Tu ne comprends pas, mon Prince. 

- Thalion, siffla-t-il en claquant sa langue sur son palais. Appelle-moi Thalion. 

- Tu ne comprends pas, Thalion. 

Anastae se rendit compte que, sous la panique, elle avait obéi sans discuter et que sa voix avait pris des tournures aigues, gâchant la mélodie habituelle de cette dernière. Le Prince, ou Thalion, se rendit compte de ce changement brusque d’attitude et fronça ses sourcils, l’air sérieux. 

Cependant, Anastae ne voulait pas qu’il sache ce qu’il se passait entre son père et elle : cela ne concernait que sa famille et même Luciana n’en savait rien, convaincue qu’elle vivait un conte de fée avec une belle famille riche. Malheureusement, c’était elle qui s’était lancée dans ce marché, elle ne pouvait plus reculer en prétextant que celui lui coûterait beaucoup. 

Alors elle hocha sa tête : 

- Je le ferai. 

- Bien, sourit-il. Je te laisse deux jours. 

- C’est trop peu, s'exclama-t-elle. 

- Navré, répondit-il sincèrement. Je sais que je t'impose une courte durée mais je ne peux pas t’accorder des jours en plus. Mais je sais que tu y arriveras. 

- Et pourtant, rétorqua-t-elle. Tu savais avant de me rencontrer ce que tu voulais de moi ? Pourquoi avoir autant attendu ? 

Il passa une main dans ses cheveux de sable : 

- J’avais besoin de plus d’informations. 

Il plongea ses yeux dans les siens : 

- Tu le feras ? 

Anastae soupira : 

- Je crois que je n’ai pas le choix. 




 

Anastae adressa un bref sourire à la servante qui s’empressa de pénétrer dans l’immense demeure, qui ne l’était tout de même pas autant que la sienne. Il n’empêchait qu’elle était magnifique, empreinte d’un cachet qui semblait avoir résisté à des années de guerres et de tempêtes. 

Suite à ce qu’elle devait accomplir pour remplir sa part de marché, un plan s’était dressé dans sa tête. Elle savait combien cette épée était importante, et pas seulement aux yeux de son père. Si elle donnait cette arme à ce Thalion ( par la Reine, il l’avait contaminée ), elle tenait à prendre une précaution. 

Leith était cette précaution. 

Une pointe de culpabilité surgit en songeant qu’elle allait une nouvelle fois le manipuler mais elle l’étouffa, sûre qu’elle faisait une bonne chose. A peine avait-elle fini cette pensée que Leith surgit de l’encadrement, un grand sourire sur son visage et qu’il se dirigeait vers elle, les mains toujours dans les poches. 

Anastae lui en offrit un petit et le salua d’un hochement de tête : 

- J’espère que tu ne m’en veux pas d’être surgit à l'improviste. 

- Pas du tout, répondit-il. Mais je dois avouer que je suis surpris, je pensais être celui qui te courerait toujours après. 

En en faisant trop, elle agita sa main et gloussa : 

- Tout le monde peut changer. 

T’es pas du tout naturelle, Anastae. 

Leith s’en rendit compte, bien entendu, et fronça ses sourcils, les mains toujours dans les poches. Dans un soupir, il s’adossa à l’immense porte d’entrée et ses cheveux roux flottèrent un instant dans le vent frais de la soirée. Anastae se rendit alors compte qu’il était seulement vêtu d’un haut blanc ample qui dévoilait le début de son torse, visiblement musclé, et d’un pantalon noir ample rentré dans des bottes à hauteur des genoux. 

Anastae le trouva beau, plus que d’habitude, et ainsi, sa partie humaine lui hurla de se marier avec lui sur le champ. De suite, elle se donna une claque mentale et s’efforça à prêter attention à ce que disait Leith : 

- … savoir pourquoi tu es là. 

- Eh bien, en déduit Anastae. Je souhaiterais que tu viennes chez moi. 

Il haussa ses sourcils : 

- Pour parler, continua-t-elle pour ne pas qu’il se fasse de fausses idées. Passer du temps ensemble. 

Leith la dévisagea. 

Anastae avait conscience de sa main qui tremblait, qu’elle clignait trop souvent des yeux et qu’elle cherchait à se détendre par tous les moyens possibles. Ainsi, elle transpirait le mystère et elle songea pendant un instant à se retourner pour réellement passer une après-midi normale. 

Mais avant que l’idée ne devienne trop présente, Leith hocha sa tête : 

- Donne-moi une seconde, je vais me changer.

- Tu es très bien comme ça, l’interrompit-elle. Ce n’est pas la peine. 

Il fallait qu’ils se dépêchent pour avoir un maximum de temps avant que son père ne rentre de son rôle de conseiller. Leith n’avait de plus pas besoin de se changer : ainsi, il était plus beau que jamais. Son caractère faisait de lui un elfe libre et ses tenues nobles noyaient cette liberté. 

Doucement, elle le saisit par sa manche, un petit sourire sur les lèvres et continua : 

- Je t’aime bien comme ça. 

Visiblement troublé par ce qu’elle venait de lui dire, elle l’était également, il jeta un bref regard sur sa tenue simple. Une seconde flotta dans le vent et il rapprocha son visage du sien pour glisser sur le sien un sourire malicieux : 

- Serais-tu en train de me tomber dans les bras ?

Anastae lui donna un coup de poing dans le torse, ce qui fit reculer son visage. Mais si elle avait pris l’habitude de le traiter sèchement par moment, cette fois ci, elle glissa un petit sourire sur ses lèvres et répondit : 

- Je ne suis pas aveugle et je sais reconnaître la vraie beauté d’un elfe. 

- Belle qualité.

Il sauta des marches et lui tendit le bras pour qu’elle vienne s’y accrocher pendant le trajet, sa demeure n’étant pas vraiment très éloignée de la sienne. Anastae s’attendait à ce qu’il lui pose plusieurs questions, mais cette marche se fit dans un silence plaisant, seulement interrompu par quelques mots sans importance. 

La jeune fée songea qu’elle découvrait là un côté de son caractère assez surprenant et qui ne lui déplaisait pas. Leith ne serait pas un bon mari, elle en avait conscience, mais en tant qu’ami… il se révélait agréable. 

Bientôt, ils parvinrent à sa demeure et une servante s’empressa de leur ouvrir la porte, un grand sourire sur les lèvres et les accueillant chaleureusement : 

- Mademoiselle, Monsieur, bienvenue. 

Elle s’inclina, faisant tinter ses boucles d’oreilles, et ses cheveux volèrent dans un immense courant d’air peu habituel. Anastae le remarqua, lâcha le bras de Leith et demanda, sourcils froncés : 

- Pourquoi fait-il aussi frais ? 

- Oh et bien, hésita-t-elle. Je ne suis pas sûre de pouvoir vous le dire en présence de… 

- Fais, cela importe peu. 

La servante, presque gênée, repoussa un mèche de ses cheveux, et jeta un regard anxieux derrière elle. Finalement, elle retrouva son sourire, un peu trop crispé, et déclara d’une voix basse : 

- Votre frère, Meludiz, semble s’être légèrement emporté et a cassé la baie vitrée de la salle à manger. 

- Meludiz, répéta Anastae. Tu ne confonds pas avec Luthias ?

Luthias était très changeant. S' il était très fourbe et cachait en permanence ce qu’il pensait, il lui arrivait parfois que son don surgisse à cause d’un agacement enfoui depuis trop longtemps : il n’était pas rare qu’il casse par inadvertance une fenêtre en perdant le contrôle de son don à cause de ses émotions. Le trop plein de lumière pouvait aisément briser une vitre. 

Meludiz était le plus sanguin des deux frères ( de toute façon Anastae ne savait pas vraiment ce qu’était Luthias, excepté un manipulateur ) mais jamais il ne passait ses nerfs sur des choses matérielles. Étrangement, sur ce point là, il était mature et allait se calmer en partant pendant quelques heures. Sa colère était très différente de celle de son frère. 

De plus, les servantes et serviteurs confondaient aisément les deux jumeaux: ils avaient tous deux des yeux bleus clairs, des cheveux blonds parsemés de mèches émeraudes et la seule différence était la couleur de leurs lèvres. Luthias avait des lèvres rouges sangs et Meludiz en possédait des rosées : 

- Je n’ai aucun doute là-dessus, continua la servante en murmurant toujours. Votre frère, Luthias, a tenté de le calmer, sans résultat je ne le crains.

- Cela ne ressemble pas à Meludiz, intervint alors Leith. Devrais-je aller lui parler ? 

- Cela ne servirait à rien, lui répondit Anastae, toujours surprise. Quand il se comporte ainsi, il est possible qu’il ne revienne pas avant plusieurs heures 

Elle songea à ce que Meludiz lui avait dit, la dernière fois dans sa chambre. Il avait semblé si… en colère. Ce qu’il lui avait dit était la chose la plus cruelle qu’elle n’avait jamais entendu de sa vie entière et elle lui en voulait terriblement. Mais Anastae comprenait qu’il ait également souffert de leur enfance et que cela l’avait bouleversé qu’elle lui demande de devenir une famille. 

Cependant, pour le moment, elle ne pouvait pas s’en préoccuper.

Elle devait remplir la dette d’un Prince.  

Alors, elle remercia la servante pour ses informations, lui tendit sa cape, et fit signe à Leith de la suivre. Intentionnellement, elle passa devant la porte du bureau de son père et toqua à cette dernière : il fallait qu’elle vérifie s’il se trouvait à la maison, bien qu’il rentre généralement assez tard. 

Aucune réponse : 

- Il s’agit du bureau de ton père ? 

- Jolie porte, n’est ce pas ? 

Cette dernière était constellée d'émeraudes, la couleur fétiche de la famille. Légèrement impressionné, Leith s’approcha de la porte et toucha du bout de ses doigts les pierres précieuses. Anastae fixa son expression du regard et se félicita d’avoir des yeux si noirs qu’on ne pouvait pas y discerner sa pupille. 

Anxieuse, elle tripota le bout de son oreille et sa boucle d’oreille avant de relever sa robe pour franchir les marches de l’escalier en verre : 

- Tu viens ? 

- J’arrive, déclara Leith en lâchant la porte du regard. 

Anastae était sûre que celui lui plairait et attiserait sa curiosité, une partie de son plan venait de se mettre en place et elle s’en félicita avec un pincement au cœur. Mais alors qu’elle montait les marches, elle se demanda qu’est ce qu’elle était en train de faire. 

Le but était de lui montrer qu’il n’y avait rien de suspect dans cette rencontre mais qu’allait-elle faire avec Leith dans sa chambre ? Elle se demanda si Tania l’avait bien rangée, n’avait rien laissé sur son lit quelque chose d’étrange, comme elle prenait parfois l’habitude de le faire,  si elle ne l’attendait pas dans sa chambre pour quelques essayages. 

Un bref coup d'œil derrière son épaule lui permit de comprendre que Leith ne partageait aucunement ses craintes. Craintes qu’elle ne savait d’où elles provenaient, depuis quand se posait-elle des questions comme cela ? 

Pendant un instant, elle se demanda qui elle était devenue en seulement trois semaines, où était passé la Anastae qui ne réagissait à rien ? 

Elle ouvrit la porte de sa chambre et s’empressa d’y rentrer pour faire les vérifications des dernières secondes. Son anxiété retomba quelque peu quand elle se rendit compte qu’elle n’avait rien à cacher ici et que tout était parfaitement à sa place. 

Un sifflement de Leith retentit derrière elle : 

- Jolie chambre. 

- J’ai beaucoup de chance de l’avoir, avoua-t-elle du bout des lèvres. Assieds toi où tu veux.

Bien entendu, il choisit son lit pour cela. Il semblerait qu’il s’amusait beaucoup à la rendre mal à l’aise. Pour lui montrer que cela ne lui faisait rien, elle prit place à côté de lui et croisa ses jambes, tentant de trouver un sujet de conversation qui détendrait cette atmosphère tendue : 

- J’ai entendu par Meludiz que les cours devenaient de plus en plus difficile, ça va pour toi ? 

- Tu es étrange, Anastae. 

Cette dernière fronça ses sourcils, une petite moue sur le visage et montra du menton la porte de sa chambre : 

- Je ne te retiens pas si ma présence n’est pas agréable. 

- Là je te retrouve, ria t-il. 

Elle non plus ne se reconnaissait pas ,pour tout dire, elle détestait la fée pour laquelle elle essayait de se faire passer. En temps normal, jamais elle ne se serait rendu chez Leith pour lui demander de passer du temps avec elle, ne l’aurait jamais conduit dans sa chambre et parlé comme cela avec lui. 

Anastae faisait tout cela pour le Prince et que les conversations avec ce dernier se terminent le plus rapidement possible, au risque de devenir de plus en plus proche avec Leith. Mais il savait qu’elle se servait de lui, elle savait de son côté qu’il ne voulait d’elle qu’une belle histoire et que jamais, au grand jamais, il ne lui porterait de l’amour véritable. 

Elle n’avait pas d’avenir avec un elfe de ce genre, du moins elle n’en voulait pas. Son but n’était pas qu’ils deviennent véritablement des fiancés et voilà qu’elle se retrouvait dans sa chambre avec lui, presque en train de lui indiquer qu’il pouvait faire d’elle tout ce qu’il voulait. 

Anastae espérait au moins que cela le rende plus apte à faire ce qu’elle souhaitait : 

- Plus sérieusement, continua t-il. Qu’est ce qu’il t’arrive ? 

- Arrête Leith, reprit-elle avec sa voix normale. Ne cherche pas d’explications, tu n’en trouveras aucune. 

Jamais il ne pourrait deviner ce qu’elle voulait faire. 

Il haussa de nouveau un sourcil et ses yeux bleus la dévoraient. 

Leith se pencha sur elle, posa sa main sur la sienne, Anastae eut à peine le temps de comprendre que la deuxième saisissait son visage.  

La partie humaine de Anastae lui hurlait de se laisser faire, de succomber à ce dieu qui était devant elle et pendant un instant, elle voulut se laisser tomber dans ses bras et plaquer ses lèvres contre les siennes. Seulement, une petite voix retentit dans sa tête. 

Mais alors qu’elle allait l’écouter et repousser cet elfe, Leith lui chuchota : 

- Donne moi au moins cela. 

Ses lèvres effleurèrent les siennes, Anastae sentit son parfum enivrant et elle se sentit faiblir alors que Leith tournait légèrement sa tête sur le côté. Puis elle songea à Luciana, les yeux peinés, lui avouant qu’elle était fiancée à un elfe qu’elle n’aimait pas pour ensuite lui dire que ce Leith pouvait s’avérer dangereux. 

Anastae tourna sa tête, les lèvres de Leith finirent sur sa joue et elle le repoussa d’une main ferme : 

- En ce qui concerne cela, je ne te donnerai rien pour le moment. Il faudra prendre ton mal en patience. 

- Je vois, sourit Leith. J’aurais dû m’en douter. 

Il laissa ses mains tomber le long de ses côtes : 

- Je t’attendrai, Anastae. 

- Ne m’attends pas, claqua-t-elle, sans vraiment réfléchir. Je ne crains que mon coeur ne soit pas fait pour être donné. 

Elle se mordit la lèvre après avoir formulé sa phrase qui n’avait rien de délicat. Anastae se demanda si elle avait eu raison d'amener Leith et s’il n’allait pas partir après cela, mais ce dernier se contenta de s’étirer et de lui sourire : 

- Je pourrais te faire changer d’avis. 

Heureusement, après ce bref incident, la conversation prit un ton plus léger et ils se mirent à parler de leurs études mutuelles. Anastae se surprit à aimer entendre en quoi consistait la section chevalerie et regretta presque pendant un instant de ne pas s’y être inscrit, ce qui était absurde à la vue du sang qui coulait dans ses veines. 

Elle comprit également que Leith appréciait réellement ce qu’il faisait de son futur et que pour rien au monde il n’aurait changé de projet de devenir le sous général. Peut-être même avait-il plus d’ambition que Meludiz sur ce point là. 

Quand vint les questions sur ce qu’elle aimait et si ce qu’elle faisait lui plaisait, Anastae se sentit comme une idiote à ne pas savoir comment répondre et esquiva donc la plupart de ses questions. 

Pourtant, elle se dévoilait petit à petit à lui, sans vraiment le vouloir, et ne se rendit pas compte qu’elle se jetait peut-être dans un jeu dangereux. 

Après environ une heure à parler de tout et de rien, Anastae décida que c’était le moment de passer à l’action : 

- Dis moi, si tu veux tant devenir le sous-général, que dirais-tu d’aller voir le bureau de mon père ? 

- Je peux, s’exclama Leith, heureux. 

- Bien sûr, lui sourit-elle. 

Son père n’en saurait rien pour le moment, il n’y avait pas besoin de s’en faire plus que ça. Anastae soupira tout de même, discrètement, elle tentait de se convaincre par tous les moyens qu’il ne s’en rendrait pas compte, mais dès qu’il rentrerait elle savait que les premiers doutes se porteraient sur elle. 

Elle descendit les marches avec Leith, vérifia qu’aucun de ses frères ne se trouvaient là et ouvrit la porte du bureau de son père grâce à la clef derrière le pot de fleur et laissa Leith entrer. Ce dernier était comme un gamin devant son gâteau préféré. 

Un petit sourire surgit sur ses propres lèvres face à ses yeux brillants et elle chuchota après avoir refermer la porte : 

- Alors, ça te plait ? 

- Bien sûr, s’écria t-il. J’ai tant de fois rêver de voir ce bureau.

Anastae porta un bref regard sur l’immense bureau en chêne de l’ancien temps avec ses bordures en or et même elle, qui n’y prêtait jamais attention, dû avouer qu’il était beau. 

Désormais, la partie du plan pouvait commencer. La fée aux cheveux blancs se tourna vers l’épée posée sur un mur dans un encadrement de verre et débuta son plan : 

- Cette épée est magnifique… 

- La plus belle de toutes, renchérit Leith. 

Il s’approcha de cette dernière, Anastae sentit son cœur battre de plus en plus rapidement mais elle tenta de garder un visage de marbre. De la pointe de ses pieds, elle ouvrit délicatement la porte en verre et effleura du bout de ses doigts l’épée. 

Elle prit un ton émotionnel : 

- Mon père décrète qu’il s’agit d’une épée de famille, Meludiz devrait sans doute en hériter. C’est étrange de se dire que mon frère pourra détrôner grâce à son seul nom le général actuel. 

Ce dernier était considéré comme un monstre assoiffé de sang mais il avait de l’esprit et savait comment réagir dans toutes les circonstances : avec lui, bien que la paix demeure, les groupes de rebelles n’avaient jamais fait long feu. 

Anastae ne se souvenait pas de son nom mais savait que son père l’appréciait guère grâce à ses nombreuses remarques salées à son sujet : 

- Tu veux la toucher, demanda-t-elle alors en voyant que Leith ne bougeait pas. 

- Je n’oserai pas, renonça-t-il. Mes yeux suffisent. 

Anastae sentit sa mâchoire se crisper. 

Si Leith ne voulait pas toucher l’épée tout son plan sera fichu et elle pourra dire adieu à la garantie qu’elle voulait instaurer sur cette épée. Donner au Prince, elle sera perdue à tout jamais.  

Elle haussa ses épaules et s’éloigna légèrement de cette dernière, un petit sourire figé sur son visage qui commençait à devenir de plus en plus brûlant. Dans une rotation contrôlée, son épaule tapa l’épée et le cadre en verre. Cette dernière tomba immédiatement et ce fut bien entendu Leith qui entreprit de la rattraper grâce à ses réflexes elfiques.  

Mimant la surprise sur son visage peu expressif, elle poussa un petit hoquet et s’empressa de saisir l’épée pour la remettre dans le cadre :

- Je devrais faire plus attention, marmonna-t-elle. 

Leith la fixait avec un air dubitatif. 

Anastae savait que c’était le moment de formuler un mensonge. Sa gorge la brûla, se serra et elle eut l’impression de ne plus pouvoir respirer pendant un instant avant de laisser passer douloureusement : 

- Je ne l’ai vraiment pas fait exprès. 

Leith se détendit. 

Il s’agissait pourtant d’un mensonge que Anastae avait entendu dans la cour de son ancienne école humaine. Mais dans le monde elfique, un tel grossier mensonge était le meilleur de tous. 

Elle avait réussi, sa garantie était là : 

- Tu viens, j’ai autre chose à te montrer. 

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Amberly
Posté le 24/10/2022
Les stratagèmes, j'adore ça !
Je ne m'attendais pas à voir une facette aussi "manipulatrice" d'Anastae, mais cela apporte une nouvelle diversité, et j'apprécie le fait que tu nous montre que pour venir au bout de ses peines, le personnage principal n'est pas obligé de se comporter en héros.
Isahorah Torys
Posté le 20/09/2022
Ici, c'est surprenant aussi. Anastae qui est si prudente et ne révèle jamais rien sans y réfléchir, lui dit aussi facilement que c'est arrivé hier... Aucune fée, si j'ai bien compris, ne garderait un bandage pour une blessure de la veille puisqu'elle guérisse très vite. Je pense que soit la révélation lui coûtera cher, soit c'est une incohérence de ta part qu'il faudra rectifier ^^ Surtout que Luciana est très perspicace, elle analyse tout.

Donc, je suis perplexe pour chapitre...
Marlee2212
Posté le 20/09/2022
Alors pour ici, Luciana a effectivement remarqué le bandage de Anastae :

" En effet, il n’avait pas fallu longtemps à son amie pour s’apercevoir de sa blessure au bras et Anastae s’était empressée de justifier ce bandage pour garder un baume anti-poison contre sa plaie qui était en réalité encore trop rouge pour les fées. "

Effectivement, Anastae est de nature prudente et ne réfléchit avant de parler et d'agir, mais elle commence cependant à faire confiance à Luciana. Il ne faut pas oublier qu'il s'agit de sa première amie dans ce monde, sûrement a t-elle trop tendance à se confier à elle ;)
Luciana est effectivement très perspicace et comprend rapidement les choses, ce moment y compris mais tout ça, ce sera bien plus tard dans l'histoire.
Isahorah Torys
Posté le 20/09/2022
Ok, je vois... alors ce qui est gênant, à mon sens, c'est que je n'ai pas ressenti cette soudaine confiance. même si on comprend qu'elle se fait à l’idée que son amitié est véritable, j'ai eu l'impression qu'elle restait sur la réserve.
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