Chapitre 11

Par Notsil

La Disciple les conduisit à travers les jardins. Ils la suivirent sous une arche de glycine qui dévoilait une vaste terrasse, sur laquelle plusieurs tables avaient été dressées. À l’ombre des grands arbres qui bordaient le domaine, la chaleur devenait plus supportable.

Le murmure des conversations et des rires s’élevait de la grande table qui réunissait les Disciples. Si les Prêtres et Prêtresses revêtaient la toge blanche de leur fonction, les Disciples comme les Appelés portaient différents tons de mauve.

Une table plus petite leur avait été réservée et Surielle apprécia qu’il ne leur soit pas porté trop d’attention. Une Appelée vint leur déposer un large plat garni de plusieurs bols aux senteurs délicieuses.

–Qu’est-ce que c’est ? questionna Shaniel, intriguée.

–La cuisine typique du dixième Royaume, répondit Surielle, ravie. Tu choisis les garnitures de ton choix, et tu manges à l’aide de cette grosse crêpe.

Elle joignit le geste à la parole, piochant dans les légumes verts et épicés qu’elle adorait.

–Ceci, poursuivit Surielle en désignant un bol garni d’une mousse blanche, c’est pour apaiser le feu en bouche, ou si tu n’aimes pas le piquant. Si tu préfères, tu as des crudités ici, non épicées. Là, ce doit être un ragout de bœuf, ici des épinards… des lentilles parfumées, du poisson en sauce piquante, et un caviar d’aubergines aux tomates qui te fera cracher du feu.

–Ca sent divinement bon, s’extasia Shaniel. J’aurais cru que les servants d’Eraïm mangeaient plutôt chichement ?

–Il n’y aura que des fruits en dessert, fit Surielle en haussant les épaules. Avec une poignée de noix si le cœur t’en dit.

–Crois-le ou pas, dit la jeune princesse, mais je ne suis pas très dessert. Par contre, j’apprécie la nouveauté !

–Nos deux systèmes sont séparés de plusieurs années-lumière, et pourtant, nous retrouvons les mêmes légumes… commenta pensivement Rayad avant d’enfourner une bouchée.

Taka fronça les sourcils.

–Es-tu en train d’insinuer qu’il y aurait des origines communes entre nos deux nations ?

–Fort probable. Quelle autre raison pour vous attaquer sans cesse durant les derniers siècles ? De la jalousie ?

–Les phénix, rappela Surielle. La quête folle de vos Empereurs pour l’immortalité.

Rayad pinça les lèvres.

–Il n’empêche. Chacun de nos mondes, comme chacun des vôtres, a développé des caractéristiques propres. Côté nourriture, les aliments sont par trop similaires pour que ça soit une simple coïncidence.

–Je ne suis pas trop calée sur l’histoire lointaine de la Fédération, avoua Surielle. Ton raisonnement se tient, ceci dit.

–Ne serait-il pas possible qu’il y ait eu des importations ? avança Taka. Vous avez raflé des esclaves, sur nos terres.

–Je doute qu’on les ait autorisés à emporter un panier de légumes avec eux, sourit Rayad pour éviter toute tension.

–Ou des impériaux se sont infiltrés chez nous, malgré nos patrouilles ?

Il était flagrant que l’Émissaire n’y avait pas songé jusque-là, mais après tout, leurs ennemis d’alors n’étaient pas si différents que ça des terrestres.

–Notre langue est similaire, poursuivit Taka. Nos contacts ont été trop peu fréquents, trop liés à la guerre, pour que ça en soit l’explication. Quelque chose m’échappe, et je n’aime pas ça…

Restée silencieuse, Shaniel s’essuya la bouche.

–Vous oubliez tous un détail capital.

L’attention revint aussitôt sur elle, comme elle le souhaitait.

–La Fédération possède des vestiges d’une autre civilisation, non ? Ceux que vous appelez des Anciens ?

Les Massiliennes acquiescèrent.

–Et votre système a été créé par Eraïm, un Dieu. Si les Dieux l’avaient voulu ainsi, tout simplement ?

–Les Dieux ne sont pas censés exister, dit Alistair, maussade.

Surielle se renfrogna.

–Je n’ai pas rêvé ce que j’ai vu !

–Si tu savais comme il est facile d’avoir des hallucinations avec certaines substances, siffla Alistair.

–Ne mets pas la parole de Surielle en doute ! menaça Taka qui s’était à moitié levée.

–Arrête ça, Alistair, demanda Rayad, inquiet de la tournure des évènements.

Le jeune ailé se raidit avant de se détourner ostensiblement. Taka afficha un large sourire. Enfin il était proprement remis à sa place !

–Tu es l’héritier impérial, murmura Alistair à l’adresse de son ami. Tu n’as pas à t’écraser ainsi devant elles. C’est une simple Émissaire !

–Laisse-moi les aspects politiques, veux-tu ? lui répondit Rayad sur le même ton.

Peu désireuse d’envenimer la situation, Surielle resta silencieuse. Comment son cousin osait-il se croire tout permis ?

Alistair finit par se lever, incapable de rester assis, les poings serrés.

–Je vais faire un tour, lâcha-t-il avant de gagner les airs.

Bien trop près d’eux, s’agaça Surielle en repêchant une feuille dans son assiette. On ne décollait pas ainsi à proximité d’un repas, c’était impoli au possible !

–Ne lui tenez pas trop rigueur de son comportement, reprit Rayad, soucieux. Sur Druus, il doit sans cesse se battre pour qu’on admette qu’il appartienne à l’une des neuf grandes Familles.

–Alors qu’il arrête d’insulter Surielle. Il nous cherche à la moindre occasion ! C’est intolérable.

–Je lui parlerai, promit Rayad.

*****

Après le repas, les jeunes tournaient en rond dans les jardins, pendant que Rayad et Shaniel lisaient et relisaient les mots crayonnés sur le parchemin.

–Le feu et la glace, marmonna Shaniel. Massilia peut correspondre à la glace, si ce qu’a dit ce Prêtre est vrai. Mais le feu…

–Ça parle aussi du vent et d’un ruisseau. Donc, de l’eau. Est-ce que ça ne serait pas un lien avec les éléments ? fit remarquer Rayad.

–Tu veux dire qu’il nous faudrait trouver un maitre de chacun des éléments ?

–Orssanc nous en préserve ! Je n’ai aucune envie de passer des mois ici, marmonna Rayad.

–Mais voir de la magie ! Ce serait tellement amusant !

Son frère lui retourna un regard noir.

–L’Empire est en sursis et comme toujours tu ne penses qu’à tes petits plaisirs !

–Que veux-tu que j’y fasse si tu vois tout en noir ? rétorqua-t-elle. Et c’est de la curiosité. Tu as lu les récits comme moi, et avoue que tu aurais bien aimé voir la Souveraine nous faire une démonstration !

Rayad serra les dents mais ne répondit pas. Shaniel sourit. Jamais il n’admettrait ses torts devant elle.

–N’oublions pas la suite. « Le sang et les larmes »… tout nous laisse à penser que ça ne sera pas si simple. Fais-toi une raison, nous ne rentrerons pas aussi facilement que tu le penses.

*****

Assise sur un muret de pierres, Surielle contemplait la fontaine en contrebas. Les jardins du Temple d’Eraïm rivalisaient avec ceux du Palais de Valyar, songea-t-elle. Les plantes croissaient-elles réellement mieux sous la protection du dieu ? Tous ici en étaient persuadés.

–Tu es bien pensive.

Surprise, Surielle se tourna vers la voix. Rayad ? Seul ? C’était surprenant.

–Je réfléchissais, répondit-elle.

Le jeune prince vint s’asseoir à ses côtés. Il dut percevoir son malaise car il laissa une distance plus que raisonnable entre eux.

–Tu n’es pas obligée de nous accompagner, tu sais. Cette quête n’est pas la tienne, et je peux comprendre que tu aies d’autres choses bien plus intéressantes à faire.

Surielle entoura ses genoux de ses bras.

–Je ne peux vous laisser aller seuls sur Massilia, dit-elle enfin.

–Nous sommes en paix, protesta Rayad. Le Traité lie la Fédération à l’Empire, et que je sache, Massilia fait partie de la Fédération des Douze Royaumes, non ?

–Et pourtant vous ne vous êtes pas fait connaitre au personnel du Palais, rétorqua Surielle. Vous êtes parti en catimini, sans même nous prévenir ! Alors que nous aurions pu avoir une escorte. Tenir le rang auquel Alistair tient tant.

–C’est vrai, admit Rayad. Tes parents se sont montrés très accueillants, Surielle. Je suis désolé de t’éloigner ainsi de tes amis.

Surielle pinça les lèvres.

–On ne peut pas vraiment parler d’amis. Les vrais amis ne vous attaquent pas.

–Ton… petit-ami ne peut-il te soutenir ?

Surielle secoua la tête.

–J’apprécie ta délicatesse mais le terme n’est pas vraiment approprié. Ne te tracasse pas tant, reprit Surielle. Je suis moins seule que tu ne le penses.

–Comme tu veux.. Shaniel s’amuse de notre présence sur le sol de la Fédération, mais j’ai bien conscience des devoirs qui nous incombent désormais.

–Difficile, j’imagine… Tu avais des amis, une fiancée ? Oh, pardon. Tes parents…

Rayad secoua la tête.

–Je crois que je ne réalise pas encore. Je veux espérer que ma mère soit encore en vie, que mon père ait encore feint sa mort, et pourtant… (Il soupira). Pour le reste…  Alistair est mon seul véritable ami. Et n’oublie pas que j’ai à peine dix-huit ans. Même si je suis l’héritier présomptif, mon statut n’a été réellement officialisé qu’il y a cinq mois. Quant à d’éventuelles fiançailles… tu l’aurais su par tes parents, je pense. C’est typiquement le genre d’évènement où ils auraient été invités, ne serait-ce que pour maintenir le lien diplomatique.

–Auras-tu ton mot à dire sur la question ?

–J’en doute, grimaça Rayad. Il était prévu d’organiser une sorte de réception, de présentation formelle des candidates potentielles.

Surielle gloussa.

–De quoi avoir l’embarras du choix. Le lot de nombreux Seyrs et Seyhids.

–Orssanc me brûle, je sais depuis longtemps que je me marierai dans l’intérêt de l’Empire, que ma décision devra être celle de la raison et non du cœur… mais j’avoue que je ne pensais pas y être confronté si tôt.

Ils restèrent un moment silencieux, avant que Surielle ne reprenne la parole.

–Tu ne trouves quand même pas cela étrange, que malgré le Traité, nos deux nations aient si peu échangé ?

–Si, bien sûr. La Fédération, je n’en connais que ce que j’ai étudié, et encore, parce que je suis le fils de l’Empereur. Seuls les membres des Familles doivent s’y intéresser, éventuellement. N’oublie pas que si nous n’avons connu que la paix, nos parents ont été longtemps ennemis, et nos nations… les conflits ont émaillé notre histoire. N’est-ce pas normal qu’une certaine méfiance s’installe, malgré la paix ?

–Justement ! Vingt ans ont passé ! Ne serait-il pas temps de changer ?

–Tu es impulsive, sourit Rayad. Les mentalités ne changent hélas pas si vite. Peut-être que la prochaine génération commencera doucement à tisser des liens durables. Pour le moment… nous sommes encore trop liés. Prends Alistair, par exemple. Il faudra du temps avant que les ailés soient acceptés au sein des Familles, comme il faudra du temps à la Fédération pour oublier son père.

–Je doute que les Massiliens l’oublient un jour, marmonna Surielle. Tous ont vécu cette traitrise comme une humiliation.

–J’avoue que je ne pensais pas qu’ils réagiraient en ennemis face à Alistair, reconnut Rayad.

Surielle laissa échapper un rire amer.

–Tous savent que le Commandeur n’a pas le droit de poser le pied sur le sol de la Fédération, mais tous ont secrètement envie qu’il le fasse pour avoir une bonne raison de le tuer. Ne penses-tu pas qu’une autre paire d’ailes fera l’affaire, à défaut ?

–Tu marques un point, nota Rayad, soucieux.

–Surielle ? appela Taka.

La Massilienne fronça les sourcils en apercevant Rayad. Que faisait-il seul avec elle ? Taka n’appréciait pas que les impériaux aient embrigadé Surielle avec eux.

–J’arrive !

La jeune ailée bondit sur ses pieds, et la rejoignit après un bref signe d’adieu à Rayad.

–Tu ne devrais pas trainer avec lui.

–Tu n’es pas ma mère, s’agaça Surielle. Et je ne risque rien ici.

–Tu es si naïve, se moqua Taka. C’est un impérial.

–Crois-tu que je l’ignore ? Ce n’est pas un monstre pour autant.

Taka haussa les épaules.

–S’il te brise le cœur, sache je n’aurais aucune pitié.

–Mais enfin, Taka ! C’était une simple discussion !

–Si tu le dis.

Surielle allait répliquer quand Taka lui ouvrit une porte et l’invita à entrer. L’humidité des lieux la saisit aussitôt, avant qu’elle n’aperçoive Shaniel enveloppée dans une épaisse serviette, à peine assez grande pour elle.

–Tu montes sur tes grands chevaux parce que je parle avec Rayad et tu étais avec Shaniel ? marmonna Surielle.

–Sa conversation est intéressante, admit Taka. Et puis, je me suis dit que tu apprécierais de te détendre également.

Surielle ne put qu’approuver.

Les deux Massiliennes se déshabillèrent, rejoignirent les bains avec Shaniel. Un soupir de contentement monta des lèvres de Surielle au contact de l’eau chaude. Que c’était agréable !

–Comment faites-vous pour faire chauffer toute cette eau ? s’étonna Shaniel. Je ne m’attendais pas à trouver cette sophistication sur le sol de la Fédération.

Taka pinça les lèvres face à l’impolitesse de l’impériale, puis consentit à répondre.

–Le Temple héberge des phénix, qui sont en eux-mêmes une source de chaleur bien moins polluante que toute votre… technologie.

Shaniel fronça les sourcils, surprise que l’Émissaire en sache autant sur le fonctionnement de l’Empire.

–Néanmoins, poursuivit Taka, l’eau provient ici d’une source thermale naturellement chaude.

–La nature fait bien les choses, sourit Surielle. Et il est certain que l’emplacement du Temple n’a pas été choisi au hasard.

–En effet, marmonna Shaniel.

La princesse impériale plongea sous l’eau, savoura la bulle de silence avant d’observer de nouveau les Massiliennes. Les ailées n’auraient pas pu être plus différentes d’elle. Leur peau si claire, déjà, qui trahissait si facilement leurs sentiments. Leurs silhouettes, si fines… certes, chez Taka la musculature était développée, puissante, comme on était en droit de l’attendre d’une combattante d’élite.

Aucune n’aurait pu rivaliser avec sa poitrine opulente, son teint d’ébène, ses hanches larges, son ventre moelleux. Shaniel avait toujours pris soin de son apparence. Au Palais Impérial, elle avait accès à ses masseuses, disposait d’huiles parfumées et de soins pour chaque partie de son corps. Sa mère lui avait appris à se sublimer, à tirer parti de ses courbes, à suggérer sans se dévoiler.

Les larmes montèrent à ses yeux et Shaniel plongea de nouveau pour éviter que les Massiliennes ne s’en aperçoivent. Ne jamais montrer ses faiblesses, disait son père. Orssanc, ils lui manquaient tant ! Elle aurait aimé avoir la force de Rayad, être sûre de la conduite à tenir, mais depuis qu’ils avaient posé le pied sur le sol de la Fédération des Douze Royaumes, elle se sentait perdue, déboussolée. Tous ses repères avaient volé en éclats ; elle se raccrochait au seul qui lui restait, Alistair. Elle espérait seulement qu’il ne se rende pas compte de son changement d’attitude. Jusque-là, Alistair n’avait été qu’un jeu, une distraction parmi d’autres. Elle était maintenant terrifiée qu’il puisse se détourner d’elle.

Shaniel inspira une grande goulée d’air. L’humidité qui régnait dans les bains lui rappelait les hammams du Palais. Tout était trop différent, ici, tout lui rappelait qu’elle n’était pas chez elle.

–Ça va, Shaniel ? s’enquit Surielle.

–Oui, répondit-elle en plaquant un sourire sur ses lèvres.

Orssanc la préserve d’être un jour incapable de mentir ! Toute sa vie à la cour impériale se jouait sur sa capacité à berner les nobles. Sa mère l’avait initiée très tôt à ce jeu auquel elle avait rapidement pris goût. Sa survie à la cour en dépendait.  Plusieurs fois déjà on avait tenté de l’assassiner. Shaniel n’aimait pas se battre, même si sa mère l’avait initiée au combat à mains nues. La plupart du temps, les gardes du Palais s’occupaient des assassins avec efficacité. Les rares fois où ils passaient à travers les mailles du filet… Shaniel en avait tué un avec son épingle à cheveux. Une arme discrète, mais non moins mortelle avec sa pointe effilée.

–Tu ne nous as pas dit si tu étais déjà promise ?

Shaniel se redressa pour essorer ses cheveux.

–Pas encore, même si certains Seigneurs se sont déjà montrés intéressés. Je les fais trainer, je les pousse à me couvrir de cadeaux, me démontrer pourquoi je devrais les choisir…  j’entretiens leurs jalousies, aussi.

Taka éclata de rire.

–J’ai l’impression que ça t’amuse beaucoup.

–Oui, reconnut Shaniel avec un sourire. Je sais qu’il y a des paris sur le choix de mes prochains partenaires, la durée de la relation que j’entretiens avec eux… L’une de mes habilleuses me tient au courant, ainsi, je peux placer mes mises par son intermédiaire. Elle prend une commission au passage, bien sûr, mais ainsi je peux m’offrir des bijoux ou des robes pour lesquels mon argent de poche ne suffit pas.

–Oh, tu es limitée aussi ? s’exclama Surielle.

–Oui. Mon père serait prêt à céder la plupart du temps, note bien, mais ma mère s’est toujours montrée inflexible. Elle refusait de me donner de mauvaises habitudes, dit Shaniel avec amertume.

La jeune princesse ferma les yeux un court instant.

–Je dois me faire à l’idée. Être ici, pour le moment… ça m’aide à ne pas trop y penser. J’ai hâte de rentrer, mais j’appréhende aussi. Enfin. Crois-tu vraiment que nous devrons nous rendre sur Massilia, Surielle ?

–Cela me semble inévitable… Je n’aime pas le Prêtre Damien, mais s’il dit que Lapiz est une piste… je n’ai aucun argument à lui opposer.

–La ville est ancienne et abandonnée, intervint Taka. Et grâce à vos griffons, nous pourrons éviter les sentiers. Avec de la chance, nous ne croiserons personne.

–Tu consentirais à nous accompagner ? fit Surielle, surprise.

–Je ne t’abandonnerai pas, Surielle, répondit Taka en pressant sa main. Je ne te laisserai pas seule avec eux sur Massilila. Tu as déjà bien assez de problèmes avec les autres ailés.

*****

Les bains extérieurs réservés aux hommes étaient déserts, à cette heure, et Rayad appréciait d’avoir la place pour quelques brasses. Au Palais Impérial, il nageait régulièrement pour entretenir sa condition physique.

Le sifflement du vent fut son seul avertissement alors qu’Alistair plongeait dans l’eau, soulevant une gerbe d’éclaboussures, la surface de l’eau agitée de remous.

Rayad éclata de rire.

–Serais-tu encore fâché, Alistair ?

–Du tout, sourit l’ailé en essuyant son visage. Ce petit vol m’a fait du bien. Mais par Orssanc, que le paysage est monotone ! Je n’ai survolé que des forêts. Même si j’ai cru apercevoir les panaches de volcans, au loin.

Ses ailes flottaient à la surface et le jeune homme se laissa portera. Contrairement au reste de sa famille, il adorait l’eau et de fait, veillait à entretenir ses plumes pour les rendre imperméables.

–As-tu pris une décision concernant notre prochaine destination ? s’enquit Alistair, le regard rivé sur le bleu du ciel.

Rayad le rejoignit en quelques mouvements coulés, fit la planche à ses côtés.

–Je crains que nous n’ayons pas d’autre choix que de nous rendre sur Massilia. Désolé.

–Ne le sois pas, marmonna Alistair. J’y survivrai. Je vous ramènerai sur le sol impérial, quoi qu’il m’en coûte.

 

 

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