Chapitre 11 (Confessions)

deux an et demi plus tard.

L'histoire de Redouane et Rachid.

La grande borne, citée dortoir de banlieue, même au soleil, tout est gris. Redouane connait bien cet appartement, il y passe depuis des années pas mal de ses journées et parfois des nuits. Il est chez son ami ici. Ils se connaissent depuis l'école maternelle, celle que la municipalité a rasée, il y a quelques temps.

Ils ont fait les quatre cents coups ensembles, quand l'un d'eux a des ennuis l'autre rapplique sans poser de question. Il y a deux ans cette relation presque fusionnelle à failli disparaître, Redouane est entré au lycée, son ami Rachid a abandonné l'école. Leurs vies sont devenues très différentes. Elles l'étaient déjà, Redouane vit avec sa famille dans un petit pavillon neuf sur l'avenue qui longe la cité, Rachid, lui est resté dans cet HLM de l'autre côté de l'avenue, seul avec sa mère depuis que son père est mort d'un accident de travail sur un chantier. Tandis qu'enfants, ils fréquentaient tout deux les mêmes bancs d'écoles, camarades de classe, bandes, jeux et centres d'intérêts, aujourd'hui Redouane se prépare à passer son BAC. Au lycée, il a de nouveaux amis, avec eux il peut parler de philosophie et d'avenir.

Rachid cumule les magouilles, tente de faire vivre sa micro famille. Lui aussi s'est fait d'autres connaissances, avec eux, quand il ne monte pas des plans, il traine dans la rue ou se met mal pour oublier qu'il n'a pas d'avenir. Ses études se sont arrêtées, il y a deux ans sur une voie de garage.

Comment leurs vies semblants les mener aux antipodes l'un et l'autre, ont ainsi pu se croiser de nouveau ? En vertu de quoi sont-ils plus soudés, finalement qu'ils ne l'étaient enfants ? Un sentiment plus fort que la différence les a unis, un accident de parcourt, une envie refoulée. Leur destin est lié par le désir implacable qu'ils éprouvent l'un pour l'autre.

Leur relation, ils n'en parlent pas, si Redouane aimerait mettre des mots dessus, Rachid a sans doute trop honte. Il refuse de donner une réalité à ce qu'il ne comprend pas. Ils ne sont pas un couple, ils ne le seront jamais sans doute. Et bien que leurs actes et leurs paroles sont souvent d'égales violences, la présence de Rachid est nécessaire à la vie de Redouane et le soutien de Redouane est indispensable à Rachid.

Cette histoire de viol collectif a pourri la vie de son ami Rachid et plus que ça même. Ce caïd n'est plus que l'ombre de lui-même, son propre jugement à empiré depuis qu'il a admis sa responsabilité dans l'affaire.

Les pourparlers avec cette association gay et les négociations qu'elle aide à entamer avec l'avocat de la victime est pour Redouane la seule véritable porte de sortie valable pour son copain. Rachid, lui, est fier et cette fierté mal placée se trouve exacerbée par son statu de soutien de famille et la crainte qu'il ressent pour la vie de sa mère.

Il continuait de soutenir qu'il valait mieux pour lui la prison que la vérité, même si ce qu'il est, a sauvé un persécuté finallement. Jusqu'à ce qu'un coup du sort ne lui laisse plus le choix. en fin de compte, Redouane est assez content de ce retournement de situation : la victime se souvient !

Uzu Obata sait quels ont été réellement leurs rôles dans toute cette histoire. Si pour Rachid la hantise d'un risque plus grand l'emporte sur le soulagement, Redouane espère qu'il y a une chance d'éviter la taule à son ami qu'il sait innocent. Lui, n'a rien à se reprocher, au contraire, mais seul, il n'aurait rien su et rien pu faire. Sans Rachid présent sur les lieux, sa seule faute d'ailleurs, ce « petit  pédé » serait certainement mort à l'heure qu'il est.

De son côté Rachid, victime de ses fréquentations, se fiche pas mal de ce qui risque de lui arriver. Il considère n'avoir que ce qu'il mérite. Quand on est un homme, on assume ses conneries et des conneries, Rachid, en a accumulées ces dernières temps. Il le sait, il est prêt à en payer le prix. S'il n'éprouve absolument rien, ni pour lui-même, ni pour la victime et estime en outre, qu' « elle l'a bien cherché elle aussi après tout ! Est-ce que j'maffiche moi ?», il voue par-contre, à sa mère un culte quasi religieux et ne supporte pas l'idée qu'elle pourrait souffrir davantage de ses mauvaises actions. S'il a des remords, c'est uniquement pour elle, pour l'humiliation qu'elle a subit par sa faute. Cette mère si exemplaire qui pensait avoir élevé son fils de façon à ce qu'il devienne un homme convenable. Si ça pouvait tout régler, il se serait déjà foutu une balle entre les deux yeux. Discuter avec des tapettes et des mectons en costard, il trouve ça ridicule et il se demande où ça le mènera.

*

Uzu se dandine sur sa chaise, il se serait bien passé de ça. Ce soir à lieu le premier concert de Ten'shi, la set liste a au moins été changée une bonne dizaine de fois, il n'est plus certain de savoir quels titres exacts Gabriel a enfin décidé de garder. Ils vont devoir jouer sans Yann, avec un leader qui balise à cause de l'état de santé préoccupant de son ex et un nouveau manager pas mieux et pour des raisons semblables. Tout compte fait Uzu se dit qu'effectivement, Gabriel n'exagérait pas lorsqu'au début de leur relation, il lui disait que Yann était un poison sans le vouloir et qu'il foutait forcément tout en l'air et ce, même avec les meilleures intentions du monde.

Aujourd'hui, il aurait aimé prendre tout son temps pour travailler les chansons. Malheureusement les emmerdes allant toujours groupées, le voilà dans ce bar à attendre, le corps déjà vaincu par une certaine appréhension, les deux zigues à qui il est censé devoir la vie. Ça n'est pas que Uzu manque de reconnaissance, il a de plus conscience des risques pris par ceux-ci. C'est que l'un d'eux a une place très spéciale dans le cauchemar qu'il a vécu. Il était présent. Il n'a peut-être pas participé activement, par contre il a été le témoin passif de l'horreur. Leurs yeux se sont croisés plusieurs fois pendant cette lente agonie qui a durée pus de huit heures.

Uzu est partagé entre l'aversion des images traumatisantes qui risquent de ressurgir, s'il les affronte et la honte qu'il sent monter en lui. Dans tous les cas la seule envie qui en ressort est celle de fuir et cela lui demande beaucoup de courage et la présence d'un bénévole de l'asso pour rester le cul sur sa chaise sagement, plutôt que de partir en courant.

Le but de cette rencontre, à laquelle Liam aurait dû participer, organisée par l'association ATAC, à ce moment précis, est de dénicher un moyen de régler le sort du dénommé Rachid, afin qu'il n'aille pas pourrir en prison pour le simple fait d'avoir assisté, soi-disant impuissant, à l'horrible spectacle de torture homophobe dont a été victime Uzu. Le plus dur consistant à éviter de risquer d'exposer le gus et sa famille aux représailles de la cité, pour l'avoir « sauvé ».

Ce café est le même où il y a déjà presque trois mois, il présentait Yann et Liam. Uzu l'a choisi intentionnellement, il comptait sur la présence de son ex qui habite à côté. Pour quelle raison ? Il n'en est pas certain, probablement à cause de la confiance qu'il éprouve envers lui. Uzu se refuse à parler d'amitié, il est persuadé, sans doute à raison, qu'il ne s'agit nullement de ça. Leur relation à tout deux est assez floue et bien que leurs échanges soient plus cordiaux qu'auparavant, ils sont également plus vaporeux. Ils se découvrent, depuis quelques temps, sentimentalement davantage distant qu'ils ne l'ont jamais été. Certainement à cause de Liam, qui arrive enfin à se détacher de cette quasi obsession de dévot qu'il eut pour le japonais. Le feu n'étant plus entretenu, il s'essouffle naturellement.

Uzu en est assez aise, d'ailleurs pourquoi ne le serait-il pas ? N'a-t-il pas tout mis en œuvre, justement, pour que cela arrive ? Allant jusqu'à lui mettre Yann dans les pieds ? Malheureusement quelque chose le gêne, dans cette défection, comme une impression de trahison. Pour autant le japonais est lucide, Liam ne lui doit rien, au contraire même. Apparemment l'empreinte laissée par cette si longue adoration dont il faisait l'objet, est plus profonde qu'il ne l'aurait cru. À moins que cela ne vienne de la raison de son absence : sa présence auprès de Yann.

Yann, encore lui... Uzu l'apprécie et il n'a pas grand-chose à lui reprocher. De plus, ce qui lui arrive en ce moment l'inquiète également. Mais la réaction de Liam, quoi que normale au vu de la situation, reste un temps soit peu inhabituelle, s'il y ajoute celle de Gabriel, cela devient, pour notre asiatique, carrément déplaisant. Uzu s'estime dépossédé quelque part et ça n'est pas le moment.

Marc est aussi silencieux que lui, assit à ces côtés depuis une demi-heure, ils n'ont échangé que quelques banalités.

*

Au même moment, à l'hôpital :

Est-ce vraiment Yann ? Le malade couché en chien de fusil, qui lui tourne le dos à l'air plus petit. Dort-il ?

Gabriel hésite à pénétrer dans la chambre sombre. Les stores sont restés baissés malgré un début d'après-midi ensoleillé. Il entre silencieusement. Il ne sait pas s'il doit refermer la porte ou non, elle était entre-ouverte à son arrivée, dans le doute, il l'a repousse simplement. Son bonnet à la main, un peu indécis quand à l'attitude à avoir, il contourne timidement le lit. Le rouquin dort, il ressemble à un petit animal blessé, son souffle est rapide, son corps recroquevillé sur lui-même. Il a le bras blanc perfusé et des cernes violacés sous les yeux. Le dessous de son cou et son menton sont gonflés.

Le voir dans cet état l'effraie, il a gardé pour lui, ces derniers jours, ses craintes, les a enfoui sous moult réflexions et attitudes de mauvaise humeur. Il refusait que Uzu ne se fasse des idées sur leurs raisons d'être et n'avait pas envie que le malade y voit là un moyen de l'atteindre, de jouer avec la pitié qu'il pourrait être susceptible d'inspirer. Yann a tellement souvent pratiqué cela.

- Est-ce vraiment normal que je ressente ça pour lui ?

Ces propres sentiments lui semblaient coupables vis-à-vis de Uzu. À présent, il a plus honte du comportement indifférent, voir désagréable, qu'il a pu avoir ces derniers jours en présence du malade. Il ne sait pas doser et oscille entre la colère et la peur.

C'est le léger grincement de la chaise dans laquelle il s'assoit qui éveille Yann. Il ne se permet aucun mouvement, se contentant d'ouvrir des yeux fiévreux, laissant apparaître un mince sourire fatigué.

- Merde sc'use, j'voulais pas t'réveiller, chuchote le visiteur.

Pour toute réponse, l'androgyne lui tend la main. Le contacte est délicat, Gabriel éprouve un émoi imprévu. Depuis combien de temps ne l'a-t-il pas touché ? Il prend cette main qu'il met entre les deux siennes. Son pouce glisse nerveusement sur la paume puis caresse le fin poignet sans s'en rendre compte.

- Qu'est-ce t'as p'tain ? l'interroge-t-il enfin.

- La maladie du baiser mon chou, si c'est pas le destin ça !

Son débit est plus rapide que Gabriel ne l'aurait cru, malgré ça, sa voix reste feutrée. Et puisqu'il continue de plaisanter, Gabriel ne peut s'empêcher de lui donner la réplique d'une manière similaire.

- T'sais pas faire les choses comme tout l'monde faut toujours qu'tu t'fasses r'marquer ! On a tous eu cette p'tain d'maladie à la con mais t'es l'seul à t'retrouver à l'hosto pour ça !

- Avoue que tu détestes que je sois la vedette de l'histoire !

Silence.

- J'ai une méningite dû au virus de l'herpès, ajoute-t-il. C'est une mononucléose qui a mal tournée, c'est tout.

- J'ai eu super peur, t'sais ça ? Deux fois dans la s'maine qu'tu m'fais l'coup, t'as envie qu'mon cœur lâche ou quoi ? Et même là, t'voir allongé comme ça et ta tête de déterré pt'ain... Et l'concert, on va jouer sans toi bordel ! Ça fait chier quoi ! Si t'étais pas bien, fallait pas v'nir en répèt', tu veux crever ou quoi ?

- Tu t'es inquiété pour moi ?

- Évidement que j'm'inquiète abruti !

- Merci...

- Arrête d'sourire bêtement, c'pas drôle ! Tu vas m'rendre fou !

- Je croyais que tu étais déjà dingue de moi !

- ...

- Excuse-moi. En plus c'est vraiment injuste, je n'ai embrassé personne de malade. Liam a eu la mononucléose y'a plusieurs années !

À L'évocation d'un probable contact buccal entre son Yann et "ce grand con de Liam", les doigts de Gabriel se crispent. Le rouquin n'a aucun mal à percevoir le malaise. Pourquoi ne pas l'utiliser à son avantage ?

- J'arrive pas à détester Youzeu, lâche-t-il soudainement. Il est vraiment génial mais je t'avoue que parfois je rêve qu'il disparaisse. Pourtant, je crois que lui et moi, on est ami, vraiment.

- Yann j'ai pas envie d'parler d'ça.

- Je continue de t'attendre tu sais, malgré tout.

- Arrête.

- Je suis sincère.

- Yann, même sans Youz', toi et moi c'tait d'venu impossible.

- Sauf que tu ne supportes pas l'idée que Liam fourre sa langue dans ma bouche avoue ? Tu crois que je ne remarque rien ?

- ...

- Gabriel, si j'avais répondu à tes appels quand Laurianne est morte, je suis certain que nous...

- Je m'serais servi d'toi. Tu nous as rendu service à tout les deux.

- De la manière dont tu te sers de Youz' ?

- C'pas l'cas.

- Tu l'aimes plus que tu ne m'as aimé alors ?

- Non.

- Mais moi, tu ne m'aimes plus ? Sois honnête, j'en ai besoin pour avancer. Arrête d'être lâche et de ne me dire uniquement que ce que tu estimes que j'ai besoin d'entendre.

- Je...

Gabriel est perplexe, à quoi songe Yann ? La vraie facilité, d'une indéniable lâcheté, serait justement de lui dire qu'il ne l'aime plus.

- Peut-être qu'en fin de compte, tu ne m'as jamais aimé hein ? insiste l'inquisiteur. Au point où on en est tu peux...

- C'est là qu'il a toujours été l'problème avec toi ! lui reproche sans détour Gabriel. Youz' y m'croit quand j'ui dis qu'je l'aime, alors qu'non, j'l'aime pas plus que toi. C'est vraiment différent avec lui mais...

- Mais quoi ?

- Yann, si j'étais certain qu'larguer Youz' suffirait à c'que tu crois en mon amour pour toi, j'le f'rais sur l'champ. Et pourtant, oui j'l'aime.

- Quoi ? !

L'information résonne autant qu'un gros coup sur sa tête, Yann ne s'attendait pas à une telle déclaration, il en serait presque effrayé. Chercher à récupérer Gabriel est devenu tellement hypothétique qu'il le fait sans y réfléchir et surtout ces derniers temps, sans y croire.

Gabriel lâche la main de son ex et se lève.

- T'as jamais cru en moi et en c'que j'ressens, j'te déteste pour ça, affirme-t-il en  commençant à arpenter la pièce nerveusement. Quoi qu'j'ai pu faire, ou dire, c'tait jamais assez. Et l'pire t'sais quoi ? J'voudrais tellement réussir à t'oublier mais j'peux pas t'effacer. J'veux pas vivre sans toi. N'empêche que j'arrive pas à t'supporter quand t'es là, parce que j'me souviens d'tout c'que t'as détruit entre nous. Tu voudrais que j'dise que j't'aime plus, que j't'ai jamais aimé, ça s'rait trop facile, ça t'donn'rait raison. J'ai parfois été nul, pas très malin, j'pas toujours pris les bonnes décisions mais t'peux pas dire que j't'ai pas aimé, c'pas juste !

Il se stoppe net, à la vu des larmes qui perlent dans les yeux du rouquin impressionné par sa plaidoirie. Il se rapproche de lui à nouveau, s'agenouillant contre le lit.

- J'ai cru qu't'allais crever cette nuit bordel ! Ch'uis persuadé que j'pourrais pas survivre à ta disparition et toi, tu m'bassines encore à m'accuser de n'pas t'avoir aimé ? La vérité, j't'aime comme un fou Yann ! J'refuse d'imaginer ma vie sans toi !

Yann balise.

Il drague, cherche, attire, manipule, espère, seulement là, les choses vont tout-à-coup beaucoup trop vite. Il s'est battu tout ce temps avec l'énergie du désespoir sans réellement espérer. Yann apprécie Uzu et il développe des sentiments pour Liam, il n'est même plus certain de ce qu'il serait prés à entreprendre pour Gabriel. Mais là, d'un coup, la situation est telle, qu'il a peur de laisser passer sa chance. C'était réellement une déclaration non ? C'est exactement ce qu'il espérait depuis des mois, ce serait pile le bon moment ! Il panique malgré tout. Sa moralité l'empêche de bouger d'un iota.

Gabriel se rapproche, Yann le laisse agir.

Il se dit qu'il devrait le repousser mais ce serait trop pénible. Il a tellement attendu, qu'aucune autre vérité ne compte plus à cet instant. Gabriel l'aime encore. Quand les lèvres du goth se posent sur les siennes, il a néanmoins un léger recule.

- Tu es sûr ?

 Est-ce un regain de scrupule ou de fierté ? La crainte d'être blessé une fois de plus ? Il tente de s'exprimer.

- On ne devrait pas...

- Tais-toi !

Gabriel lui impose le silence d'un baiser.

Leurs bouches se cèlent, leurs langues se touchent, se caressent, les larmes glissent sur les joues de Yann, son cœur se serre. Ils s'embrassent longuement, tendrement. Les doigts de Gabriel lui frôlent les cheveux quand ceux de Yann lui agrippent le col.

Le brun l'éteint, lâchant sa bouche afin de lui glisser quelques mots à l'oreille.

- Rest' là, bouge pas, tu m'as trop manqué, j'ai eu peur p'tain !

Yann a le nez dans le parfum qui imprègne l'écharpe soyeuse de Gabriel, il y a une éternité qu'il ne l'avait pas respiré. Un milliards de souvenirs parfumés à cette ordeu, lui reviennent.

- Tu m'as manqué aussi, se met-il à sangloter, tellement, je t'en supplie, quand tu me repousseras ne m'accuses pas, je n'ai rien fait de mal. Je ne suis pas tombé malade exprès.

- T'es con...

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