Il avait suffi d'un sourire, d'un regard, pour que les remparts de son cœur s'effondrent. Le bras en écharpe, Rena les attendait dans le hall de la clinique. Armin était avec elle, mais Lysandre ne voyait qu'elle. Elle les salua de son bras valide, un sourire radieux aux lèvres.
— T'as l'air vachement joyeuse pour quelqu'un qui a frôlé la mort, commenta Castiel avec ironie.
— C'est justement parce que je n'ai fait que frôler la mort que je suis si heureuse, répliqua Rena avec un rire léger. Ce n'était pas si terrible, j'ai juste fait un vol plané, je me suis foulé quelques côtes, et je me suis déboîté une épaule. Ça aurait pu être pire.
— Ton visage... murmura Lysandre avec tristesse en tendant une main vers sa joue.
— Ah, oui, et ça aussi. Je me suis mangé la route, mais ce ne sont que des égratignures, ça va vite guérir.
Armin s'était appliqué à lui infliger des entailles aussi réalistes que possible. Rena avait enduré la douleur sans broncher. Elle avait connu pire. Le résultat était plutôt convaincant. Ses pouvoirs de régénération étant affaiblis, ses blessures mettraient plus de temps à cicatriser.
— Ben au moins ça fait plaisir de voir que tu le prends bien, rit Castiel. Ça donnerait presque envie de se faire renverser.
— Ça me fera un nouveau souvenir. Mon tout premier souvenir mémorable depuis que je vous ai rencontrés.
— Te ne devrais pas prendre cet accident à la légère, la sermonna Lysandre qui n'approuvait pas l'attitude insouciante de la jeune femme. Tu aurais pu te faire très mal.
— Sauf que je ne me suis pas fait très mal, alors tout va bien.
— Tu vois, c'est exactement ce que je lui disais hier, renchérit Castiel en échangeant un regard complice avec Rena. Mieux vaut en rire qu'en pleurer.
Lysandre n'était pas de cet avis. Il peinait à retenir ses larmes. S'il n'y avait pas tant de monde, il aurait pleuré, mais de quoi exactement ? De soulagement ? De joie ? De désespoir ? Il ne savait plus ce qu'il ressentait. Plus il essayait de s'éloigner, plus l'attraction était forte. Elle le tirait si violemment qu'il avait l'impression d'être un boulet de canon lancé à pleine vitesse. Qu'elle accepte ses sentiments ou qu’elle les rejette, il avait peur de ne pas survivre au choc de la collision.
— Lysandre ? Ça va ?
La voix d'Alice le sortit de sa mélancolie. Elle avait frôlé la mort à cause de lui, mais c’était elle qui s'inquiétait pour lui. Il se sentait aussi coupable que minable.
— Excuse-moi, je n'ai pas beaucoup dormi avec toute cette histoire.
— Désolée, j'aurais dû faire plus attention. Je ne voulais pas vous causer de souci. Vous avez déjà fait tant pour moi.
— Tu n'as pas à t'excuser, ce n'était pas de ta faute. Je suis simplement fatigué, mais je suis vraiment heureux que tu ailles bien. Plus que tu ne peux l'imaginer.
Castiel se racla nerveusement la gorge. Il avait l'impression de tenir la chandelle, et même s'il ne voulait rien de plus que le bonheur de son meilleur ami, ce n'était pas vraiment le moment ni l'endroit pour se faire les yeux doux.
— Vous avez fini de remplir toute la paperasse ? On peut y aller ?
— C'est bon, acquiesça Armin. Juste une petite signature ici, et je vous libère. Bien entendu, vous ne me devez rien. C'est la maison qui offre.
— Ouais ben entre nous, j'aurais préféré que tu hérites d'un bar plutôt que d'un hosto, répliqua Castiel. Je préfère les pintes aux intraveineuses.
— Entre nous, je préfère aussi te voir au bar qu'ici. Tiens, Alice, avant de partir, n'oublie pas tes affaires. Ce serait bête de l'oublier une deuxième fois. J'ai mis ton téléphone dans le sac.
Fier de son petit commentaire empreint d'une douce ironie, Armin lui tendit le sac en papier qui contenait le manga maudit. Rena le remercia poliment. Elle espérait que c'était la dernière fois qu'elle le voyait.
***
Les membres de l'Alliance chargés de la surveiller ne faisaient pas preuve d'une grande discrétion. Elle savait qu'ils gardaient un œil sur elle et Lysandre, cela faisait partie de leur accord, mais ils auraient pu faire un effort. Elle avait même reconnu Kentin, malgré sa casquette et ses lunettes noires, qui s'était empressé de se cacher derrière un mur lorsqu'ils étaient entrés dans l'immeuble.
Après quelques heures de repos, ils reçurent la visite de Rosalya. L'étudiante en psychologie avait fondu en larmes dès qu'elle avait vu Alice.
— Tu m'as fait une peur bleue ! gémit-elle en reniflant bruyamment. Pour te faire pardonner, il faut absolument qu'on aille à la plage ensemble !
Rena ne voyait pas bien le rapport de cause à effet entre ces deux éléments.
— Rosalya, elle ne va pas aller à la plage alors qu'elle a le bras en écharpe, soupira Lysandre.
Quelle que soit la nouvelle idée farfelue qui avait traversé l'esprit de sa belle-sœur, c'était forcément une mauvaise idée.
— Tut tut tut ! C'est pas ça qui va l'empêcher de bronzer, répliqua Rosalya. Elle est toute pâlotte, un peu de soleil lui fera le plus grand bien. On est en juin, il fait beau, il fait chaud, et en plus, comme ce n'est pas encore les vacances d'été, il n'y aura pas beaucoup de monde. C'est le moment idéal pour y aller !
— Si Alice est d'accord, pourquoi pas, céda Lysandre. Mais si elle ne veut pas, ce n'est pas la peine d'insister.
— Je ne vois pas pourquoi elle ne voudrait pas y aller. Tout le monde aime la plage. N'est-ce pas, Alice ?
Rosalya avait un don pour la prendre de court.
— Euh... Oui, enfin, je suppose ? Ça ne me dérange pas vraiment d'y aller, mais ce n'est pas un peu loin ?
— Non, c'est à une heure et demi de route en voiture. Si on ne part pas trop tard demain matin, on aura toute la journée pour en profiter. En attendant, je t'ai sélectionné différents maillots de bain, il faut que tu les essayes !
Désolé et gêné pour Alice, Lysandre se prit la tête entre les mains. Cette femme n'était pas possible. Rena, elle, se préparait à une nouvelle séance de torture vestimentaire, mais elle était loin de se douter à quel point ce serait éprouvant et embarrassant. Rosalya tenait absolument à ce qu'elle choisisse un des maillots qu'elle avait apporté. Pour la yôkai, ce genre d'accoutrement ressemblait plus aux tenues qu'une sirène comme Alajéa pouvait porter avec aisance. Plutôt pudique, Rena n’aimait pas attirer l’attention sur elle. Elle se voyait mal sortir en public vêtue de la sorte – pour autant qu'on puisse appeler cela être vêtu. Ezarel était le seul à qui elle avait accordé le privilège de la voir en petite tenue, mais même avec lui, elle se sentait parfois gênée d’offrir son corps dénudé à la vue de son amant, même quand son regard exprimait plus de désir que de jugement.
— Tu n'as pas quelque chose de plus... habillé ? demanda-t-elle sur un ton presque suppliant.
— J'ai des maillots de bain une pièce si tu préfères, mais un maillot deux-pièces t'ira mieux. Tu as la taille fine et un corps bien gainé. Tu dois faire beaucoup de sport, ce serait dommage de ne pas le montrer. De la gymnastique, peut-être ?
— Je préférerais quelque chose qui couvre mes jambes et mes bras.
Rosalya lui jeta un long regard lourd de jugement.
— On va à la plage, on ne va pas faire de la plongée. Les combishorts c'est un vrai tue-l'amour. C'est pas sexy du tout.
Elle ne voulait rien entendre. Alice avait fini par capituler. Elle avait opté pour un maillot de bain deux-pièces noir, composé d’une brassière qui couvrait bien sa poitrine et d’un short qui lui arrivait à mi-cuisses, au grand dam de Rosalya. Elle avait également réussi à négocier le droit de porter un paréo. C’était une petite victoire au nom de la pudeur.
— Hum... jugea-t-elle l'air dépité en ajustant le paréo de Rena. Ça manque un peu de fantaisie et de sensualité, mais bon... Oh, tiens, je ne savais pas que tu avais un tatouage ! C'est stylé.
— Je n'ai pas de...
Rena se tut avant de dire une bêtise. À force de contorsions, elle parvint à apercevoir quelque chose qui ressemblait vaguement à un tatouage dans le bas de son dos, mais il était trop mal placé pour qu'elle puisse en identifier le motif.
— Je ne me souviens pas m'être fait un tatouage, déclara-t-elle avec une réelle surprise.
— Ça te fait un point commun avec Lysandre. Lui aussi a un tatouage dans le dos, même s'il n'aime pas le montrer. Mais puisque tu en as un toi aussi, peut-être qu'il fera une exception pour toi. Tu devrais lui en parler.
Rena se contenta d'acquiescer. Dès qu'elle fut seule dans la salle de bain, elle examina son dos dans la glace. Sa peau était marquée d'une larme renversée noire ornée d'un point blanc. La gardienne connaissait ce symbole. C'était un yin. Ce n'était pas une lettre de l'alphabet runique eldarien, mais il était présent dans certaines sous-cultures eldariennes, notamment chez les yôkais et les Fenghuangs. Autrefois, ils servaient dans certains rituels et cérémonies religieuses pré-Trinitaires, mais de nos jours, ils étaient essentiellement décoratifs et ornaient les vieux temples abandonnés ou reconvertis en lieu de culte Trinitaire. Quand et pourquoi cette marque était-elle apparue sur son corps ? Et pourquoi seulement un yin ? Ordinairement, ce symbole allait de pair avec son opposé complémentaire, le yang, pour former un tout harmonieux.
Il ne pouvait y avoir qu'une seule explication à ce mystère. C'était un indice laissé par l'Oracle et l'Élu devait être marqué de la deuxième moitié du symbole.
***
Rena avait passé l'après-midi à lire son manga – ou plutôt à en regarder les images. Elle jeta un coup d'œil au corbeau qui était perché sur le bord de la fenêtre depuis trois bonnes heures. C’était un yôkai comme elle. Un tengu du nom de Ryûnosuke, plus précisément. Castiel l'avait chassé plusieurs fois, mais il revenait inlassablement à son poste en poussant des croassements outrés et en dardant ses yeux noirs brillants de suspicion sur la gardienne de l’Ombre.
Si l'Alliance était occupée à surveiller Rena, cette dernière, de son côté, ne quittait pas Lysandre des yeux depuis qu'elle avait appris que c’était un faelien d”un genre très particulier et qu'il s'agissait probablement de l'Élu désigné par l'Oracle. Pour en avoir le cœur net, il fallait qu'elle vérifie s'il avait un yang tatoué sur le corps.
Lysandre était plongé dans sa lecture, mais il avait à peine lu quelques pages qu'il sentit le regard scrutateur de Rena posé sur lui. Il leva la tête, mais elle détourna le regard et reporta son attention sur sa propre lecture, l'air de rien. Le même manège se répéta plusieurs fois, le malaise de Lysandre grandissant un peu plus à chaque fois.
— Tu as besoin de quelque chose ?
— Non, ça va, merci.
Il avait l'impression d'avoir une caméra de surveillance braquée sur lui. Quoi qu'il fasse, elle le suivait constamment du regard. Elle ne l'avait pas quitté des yeux lorsqu'il s'était rendu dans la cuisine pour se servir un verre d'eau, qu'il avait vidé d'un trait pour calmer sa nervosité. Lysandre était trop poli et réservé pour lui demander d'arrêter de le fixer de la sorte. Il s'était donc dérobé à ses yeux inquisiteurs en prétextant une sieste. Au moins, à l'abri dans sa chambre, elle ne pourrait plus le dévisager comme un hibou.
Même si ce n'était pas son intention, il avait fini par s'endormir. C'était le moment que Rena attendait pour mener son petit examen. Elle était entrée dans sa chambre à pas feutrés et, après s'être assurée qu'il dormait profondément, elle avait pris le temps de l'observer de plus près. Elle avait beau chercher, elle ne lui trouvait rien d'exceptionnel d'un point de vue purement magique. À ses yeux, il était plus humain que faelien.
Son cœur se serra. Elle avait de la peine pour Lysandre. Il avait été destiné à une vie de solitude à laquelle il ne pouvait pas échapper. Il suffisait de voir son air si souvent mélancolique pour comprendre qu'il en souffrait, mais qu'il devait s'y résigner. Rena s'agenouilla près de son lit. Elle le regarda longuement. Son souffle régulier, la chaleur qui émanait de son corps, ses yeux qui s'agitaient sous ses paupières. À quoi rêvait-il ? À quoi pensait-il ? Que ressentait-il ? Que désirait-il ? C'était des questions qu'il valait mieux ne pas se poser. La vie de Lysandre ne lui appartenait pas. Sans amour, sans liberté, sans avenir, il ne trouverait jamais le bonheur, du moins pas sur Terre.
Est-ce que le destin que lui réservait l'Oracle valait mieux que celui que lui avait imposé l'Alliance ? On ne lui demandait pas son avis et on ne lui laissait pas le choix. Il serait sacrifié pour un monde qui n'était pas le sien. Rena allait l'arracher à sa famille et à ses amis. Une séparation brutale dont tout le monde souffrirait, elle le savait, mais elle ne pouvait pas se laisser aller au sentimentalisme. Sa mission et l'avenir d'Eldarya passaient avant ses doutes personnels.
***
Une deuxième occasion de confirmer ses soupçons s'était présentée plus tard dans la soirée, lorsque Lysandre était allé prendre sa douche. C'était le moment de passer à la deuxième phase de son plan de vérification. Rena s'était postée dans le couloir, près de la porte de la salle de bain. Elle comptait exploiter ce que lui avait appris Rosalya concernant le tatouage de Lysandre pour examiner son dos en toute impunité. Parfois, l'attaque frontale était la meilleure façon d'obtenir ce que l'on désirait.
— Tu attends ton tour ? demanda Castiel qui venait de sortir de sa chambre.
— Non, j'ai déjà fait ma toilette, mais Rosalya m'a dit que Lysandre avait un tatouage dans le dos. Je voulais lui demander de me le montrer.
— Donc tu as décidé de lui tendre une embuscade dans le couloir ? Tu vas lui sauter dessus et le déshabiller de force ?
— Non, sourit Rena qui appréciait de plus en plus l'humour de son colocataire. Je vais lui demander gentiment.
— Bonne chance. Il n'aime vraiment pas le montrer. Et j'avoue que c'est un peu de ma faute, c'est moi qui l'ai poussé à venir se faire tatouer avec moi après le bac. C'était une bonne façon de marquer le coup et de célébrer notre vie d'adultes majeurs et vaccinés, mais pour Lysandre c'est plutôt une erreur de jeunesse qu'il n'assume pas du tout. Puis faut dire qu'on n'était pas très inspirés non plus, donc le résultat est un peu... kitsch, dirons-nous.
— Je suis encore plus curieuse de le voir du coup. Ça doit vraiment être quelque chose !
— Et moi ? Tu veux pas voir mes tatouages ? Lysandre t'intéresse plus que moi ?
— Euh... je... ce n'est pas... bégaya Rena, prise au dépourvu par la question de Castiel.
— Je plaisante ! Et tant mieux s'il t'intéresse plus que moi. Je te montrerai les miens une autre fois.
Rena lui répondit par un petit rire nerveux. Heureusement pour elle, Lysandre sortit de la salle de bain avant que la conversation ne devienne trop gênante.
— Ah, tiens ! s'exclama alors Castiel. On t'attendait. On parlait de tatouages avec Alice, et elle aimerait bien voir le tien.
Rena le remercia mentalement de lui mâcher le travail. Lysandre pouvait difficilement refuser la demande de son meilleur ami, même s'il lui avait jeté un regard lourd de reproches que Castiel avait superbement ignoré.
Il leur tourna le dos pour retirer sa chemise, non sans éprouver une certaine gêne. Castiel s'était rapidement éclipsé, préférant leur laisser ce moment d'intimité. Rena avait donc pu observer le tatouage de Lysandre tout à loisir. Le dessin à l'encre noir couvrait tout son dos, des épaules jusqu'au creux des reins. C'était un mélange étrange où se confondaient ailes d'aigle – ou d'ange ? – de papillons et de libellules, ainsi que quelques plumes de paon qui venaient compléter l'ensemble. Le motif lui rappelait étrangement les multiples paires d'ailes de l'Oracle, mais ce n'est pas cela qui attira son attention.
Les ailes formaient un cercle vide entre les deux omoplates et, au centre de ce cercle, un symbole que Rena reconnut immédiatement. Il s'agissait bien d'un yang, comme elle s'y attendait. La marque blanche ornée d'un point noir était à peine perceptible et Lysandre n'avait sans doute pas dû remarquer sa présence.
— Je peux ? demanda-t-elle en tendant la main vers son dos.
— Quoi donc ?
Lysandre réprima un frisson provoqué par un subtil mélange de plaisir et de gêne lorsque Rena effleura sa peau du bout des doigts. Un sentiment bien loin de ce que ressentait la yôkai. Submergée par la tristesse et la solitude, elle sentait les larmes couler malgré elle. Le cœur lourd, elle avait l'impression de suffoquer. Elle retira vivement sa main, la marée émotionnelle se retirant aussi vite qu'elle était montée. Lysandre, qui s'était tourné vers elle, la dévisageait avec perplexité.
— Qu'est-ce qui t'arrive ? Ça ne va pas ?
— Je ne sais pas, murmura-t-elle avec un rire gêné en essuyant ses larmes d'un revers de paume. Ça doit être la fatigue, le contrecoup de l'accident, tout ça.
Elle devait faire peine à voir, car Lysandre l'avait enlacée et la serrait fort contre lui. Enveloppée par la chaleur de ses bras, blottie contre sa peau nue et délicatement parfumée, Rena se sentait plus apaisée que gênée. La tristesse avait été chassée par un sentiment de familiarité. Elle se sentait à sa place dans les bras de Lysandre, comme si elle venait de retrouver une personne chère à son cœur qu'elle avait perdu il y a fort longtemps. Elle ferma les yeux. Le cœur de Lysandre battait si fort qu'il en était presque assourdissant, mais c'était si grisant qu'elle aurait pu l'écouter pendant des heures.
Ils n'étaient plus vraiment eux-mêmes. Hors du temps et de l'espace, leurs âmes étaient entrées en résonance, mais ce n'était qu'une confusion passagère. Un sentiment factice qui n'avait duré que quelques secondes. Lysandre fut le premier à recouvrer ses esprits. Il rompit aussitôt son étreinte, terrifié par ce qu'il venait de faire.
— Excuse-moi, je ne sais pas ce qui m'a pris. Je n'aurais pas dû faire ça. Je suis vraiment désolé.
— Ce n'est pas grave, ça arrive. Je crois qu'on est tous fatigués. On ferait mieux d'aller se coucher.
Lysandre acquiesça et chacun se réfugia dans sa chambre. Prostrée au pied de son lit, Rena peinait à se remettre de ses émotions et à faire sens de cette situation. Elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Comment avait-elle pu faire une chose pareille ? Pourquoi avait-elle ressenti toutes ces choses pour Lysandre alors qu'il l'avait laissée parfaitement indifférente jusqu'à maintenant ? Elle avait l'impression que son cœur ne lui appartenait plus, que ces sentiments n'étaient pas les siens, comme si deux sensibilités se heurtaient en elle. Elle avait médité pendant une bonne heure pour retrouver son équilibre émotionnel. Grâce à une bonne dose de rationalisation, elle avait mis cela sur le compte du lien que l'Oracle avait créé entre elle et l'Élu. Quand elle l'aurait ramené à Eldarya, tout rentrerait dans l'ordre.
De l’autre côté du mur, Lysandre était en proie à la même confusion, mais il n'en avait pas tiré les mêmes conclusions. Cet épisode, bien qu'étrange, lui avait redonné de l'espoir. Il ne s'était jamais senti aussi serein et heureux que lorsqu'il avait pris Alice dans ses bras. Pour la première fois depuis longtemps, il envisageait de donner une nouvelle chance à ses sentiments. Peu importe qui était Alice, il voulait être avec elle. Si seulement il pouvait la garder à ses côtés, il serait le plus heureux des hommes.
Allez, Ezrael, tu peux tenir. Mon pauvre, si tu savais ce qu'il s'était passé tu serais vert de jalousie.
Ezrael,
Normal pour une amnésique 😊😉. Petit lapsus "Alice" ?
Pas forcément pour l'amnésie qui peut être très sélective et affecter certains souvenirs et pas d'autres, en fonction du traumatisme. Surtout l'amnésie liée à l'identité, ça peut être très fluctuant, tu peux te souvenir de certaines personnes et pas d'autres. Ou avoir une mémoire fragmentée. Tu peux aussi te reconnaître physiquement, savoir que c'est toi, mais avoir oublié ton nom, ou une partie de ton nom. J'avais fait des recherches, et au final c'est assez complexe, donc tout est possible. Surtout quand la perte de mémoire est dû à un traumatisme, et donc sélective, comparé à une perte de mémoire neurologique qui touche une partie spécifique du cerveau.
Et aussi de calmer les ardeurs de Lysandre ! Je ship pas du tout Lysandre et Rena, j'ai pas non plus envie qu'elle trompe Ezarel ! À la limite, si elle apprend plus tard un truc sur Ezarel, j'accepterais ce couple, mais sinon, je veux pas ahah. Je trouve que Rena est trop mature pour Lysandre.
Mais cette histoire de ying et yang est curieuse ! J'oublie pas que l'Oracle parlait d'un sacrifice de l'ange de glace et des larmes du dragon, donc la prophétie est loin d'être réalisée.
Encore une fois, tu nous laisses avec beaucoup de questions, avec ces tatouages ! Ce qui m'intrigue par contre, c'est que Rena n'a pas fait d'elle-même ce tatouage, contrairement à Lysandre (puisqu'il est allé se faire tatouer avec Castiel....). Tout ça est étrange ! Mais je lis trop facilement cette histoire ahah
Ah ça, la partie romance, toute une aventure aussi, pour l'instant ça allait parce que y avait que Ezarel, maintenant effectivement il risque d'y avoir un peu d'incertitudes et de drama. x)
Eh bien en fait non Lysandre non plus n'a pas fait ce tatouage, enfin la partie ailes oui, mais le yang, il est apparu en plein milieu du tatouage, et comme en plus c'est la partie blanche et que c'est entre les omoplates, là où les deux ailes se rejoignent, il ne l'a juste pas remarqué encore, lui non plus.