Chapitre 11 - ...Des habitudes, tout ça !

Par vefree
Notes de l’auteur : C'est le retour de la grande aventure. Batailles. Assauts. Supplices du passé. Les morts ont leur guide et il est au rendez-vous...
Bonne lecture !
 
 

 

                 A la vue de ses matelots qui surgissent ainsi comme des chiens dans un jeu de quilles, Jack s’avance vers eux visiblement surpris et contrarié.

- Qu’est-ce que vous faites là, bande de fieffés forbans ? leur demande-t-il passablement agressif.

- Bah... capitaine, répond Gibbs, ça fait des semaines qu’on te cherche et qu’on cherchait le Black Pearl, alors...

- ... Oui, on n’a pas compris pourquoi vous êtes parti comme ça, rajoute Pintel. On s’est dit que vous aviez pété une drisse. Alors, on a cherché un autre navire pour partir sur vos traces...

- On ne voulait pas vous lâcher comme ça, Capitaine, renchérit Mullroy, avec un sourire forcé.

- Vous voyez, Capitaine, vous avez un équipage fidèle, ajoute Pintel l’index qui tourne en l’air, voulant les englober tous autant qu’ils sont.

Jack les fusille tour à tour du regard.

- Et vous ne vous êtes pas dit que j’avais un truc à faire seul et que j’allais revenir vous chercher ?

- Heu... on a plutôt supposé que tu nous avais lâchement abandonnés pour ne pas avoir à partager un trésor. Et aussi que tu avais pris un coup de sang et que tu n’allais pas pouvoir naviguer tout seul sur le Black Pearl, réplique Gibbs, gêné, lui aussi.

- On vous a cherché partout, vous savez ! dit Pintel en agitant les mains. Et on a dû voler un navire pour ça...

- Qu’est-ce que vous voulez que ça me foute ?!! répond Jack, énervé. J’allais retourner vous chercher, après. C’était pas bien où vous avez débarqué ? Y’avait pas de rhum et pas de filles, c’est ça ?

- Non, c’est pas ça. J’vous jure, Captain, c’est comme on vous a dit ! dit Pintel.

- Non, Captain, c’est pas ça, dit Gibbs. Ça, il y avait... les filles, le rhum... Nous avons eu notre content. .... Mais, tu n’étais pas là...

- Oui, vous n’étiez pas là, renchérit Ragetti, regrettant déjà d’avoir ouvert la bouche sous les yeux noirs de son capitaine.

- Oui, c’est ça, confirme Mullroy.

- Ça suffit !! s’écrie Jack. Puisque vous êtes là, rendez-vous utile, remettez mon Black Pearl à l’eau ; je vous rejoins.

- A vos ordres, Captain ! disent en cœur Mullroy, Pintel et Ragetti tout heureux et soulagés de n’avoir pas écopé d’une sanction plus sévère.

- Oui, Captain ! fait aussi Gibbs plus gêné que jamais, tout en faisant le salut militaire.

Les quatre pirates reprennent la nacelle, précipitamment pendant que Jack se retourne vers Antinea qui a observé sans bouger.

- Ce sont vos hommes ? demande-t-elle comme pour souligner l’évidence du départ.

Jack ne répond rien. Il la regarde, détaille les traits de son visage et plonge une dernière fois dans ses yeux verts comme pour les graver à jamais dans sa mémoire.

- Jack, je ... commence-t-elle sans pouvoir finir, visiblement émue.

Il ne dit rien, mais il espère qu’elle prononcera les mots qu’il attend.

- ... Je ...

Puis elle s’écarte, recule d’un pas, pose une main sur sa gorge, le cœur au bord des lèvres, les yeux brillants.

- Adieu, Jack, fait-elle dans un souffle en se retournant brusquement. Rejoignez votre vie, vos matelots... partez...

Puis, elle s’éloigne, rapidement, sans se retourner. Un instant interdit, Jack la regarde s’en aller. Elle est visiblement en larmes. Emu, lui aussi, il lui souffle un adieu inaudible figé sur place, incapable d’oser la retenir. Puis, il penche son regard sur la bague à son doigt et regarde à nouveau la jeune femme qui disparaît derrière les colonnes.

Qu’était-ce que ces semaines de vie intérieure intense ? Pourquoi tout cela ? Jack se sait pourvu d’une énergie nouvelle, prêt à reprendre la mer. Et la chose qu’il n’ose nommer dont il est chargé en profondeur est, en effet, son élixir, désormais. Point n’est besoin de voler quand c’est offert si généreusement...

La roue tourne. Cette histoire s’arrête là. Jack s’en va doucement. Il rejoint le bord et tire sur les cordages. Remonter la nacelle. Redescendre. Quitter ce lieu... Que voulait-elle lui dire ? Qu’avait-elle de si difficile à lui dire ? Dans la nacelle qui le mène sur la plage, il reste pensif, presque hagard. Il est certain que son cœur ne sera plus jamais comme avant... Pourtant, il lui avait dit presque le contraire, alors, la veille... Partagé.

Partagé, entre l’Amour qu’il a vécu intensément pendant tous ces jours et la noirceur de ses habituelles souffrances qu’il côtoie si facilement... Et puis, ce besoin d’éprouver ce truc si rare pour d’autres choses que des filles... mais pour des filles aussi... enfin, d’autres... celles qui se laissent pénétrer...  leur antre chaud... Pourtant, cet Amour virginal si intense et si doux... et si bon... et si ... impudique dans son corps, si bestial dans son ventre, si grondant et puissant... Antinea a raison. Il est libre et il l’est toujours, désormais. C’est en posant le pied sur le sable de la plage qu’il se rend compte qu’elle avait raison. S’il l’avait possédée, s’il l’avait couchée sous lui, il n’aurait pas pu se retourner. Il l’aurait suivie. Il ne l’aurait pas lâchée. Ou alors, c’aurait été un déchirement de partir, un peu comme avec Shaani. Là, il s’en va d’un pas léger, et, un petit sourire satisfait, il rejoint son navire que ses matelots s’emploient à renvoyer à la mer en s’aidant de la marée montante. Trempant ses bottes jusqu’à mi-cuisses pour attraper l’échelle de coupée et grimper sur son cher Black Pearl, c’est finalement sans regret et fort d’une énergie puissante qu’il quitte l’île des Météors.

- Enfin, l’horizon ! Mon horizon ! s’écrie Jack, empoignant les pommeaux de la barre à pleines mains et admirant les voiles noires qui se tendent sous le vent du nord.

- Jack ! fait Gibbs, en s’approchant de son capitaine une fois toutes les manœuvres de prise au vent effectuées, ça fait du bien de t’avoir retrouvé, tu sais. D’ailleurs, sans te mentir, c’était bien parti pour  perdre une bonne partie des matelots... certains voulaient se mutiner. Ils voulaient s’emparer du Black Pearl et composer une flottille avec celui qu’on avait volé. Mais, Pintel, Ragetti et puis, Murtog et Mullroy et moi, n’avons jamais voulu. On ne les a pas laissé faire. Nous avons été obligés d’en tuer quelques uns tellement ils étaient devenus agressifs... Je sais, c’est pas joli, joli, mais... Enfin, voilà. Le Black Pearl est à toi, Jack.

- Je n’ai jamais douté de toi, l’ami, dit Jack, l’œil toujours fixé sur l’horizon. Mais, tu parles trop. Va me chercher une bouteille de rhum, plutôt !

- Oh, oui, Jack ! Bien sûr, Jack ! s’empresse le second, qui se précipite dans l’entrepont pour trouver ladite bouteille de rhum.

- ... ça me changera de cette tisane de plantes insipide et sans saveur ! chuchote-t-il pour lui-même. C’est vrai ça ! Quelle merveilleuse perspective de retrouver dans sa bouche et dans sa gorge, les saveurs âpres-douces et brûlantes de cet alcool aux effets incomparables. Cette espèce de pipi de chat de tisane mettait, sur l’instant, du baume au cœur, mais, désormais, elle semble totalement dénuée de vertu et encore moins d’intérêt. Tout juste bon à étancher la soif !

Gibbs revient avec une bouteille pour Jack et sa flasque pleine. Il tend la bouteille à son capitaine.

- Tiens, Captn’ ! ...... A ton retour, Capitaine Sparrow !

Il lève sa flasque en l’air et la porte à sa bouche, avalant une grosse gorgée. Jack, de même, sans lâcher la barre, fait sauter le bouchon à l’aide de son pouce et boit goulûment. Quel délice !

- Heu.... Jack ? demande le second. Est-ce qu’on a un cap ?

- Hein ? .... ah oui ! ... un cap ... Eh bien d’abord, il faut qu’on ravitaille et qu’on fasse main basse...

- ... ah ! ... oh, oui... main basse ! répète Gibbs, les yeux pétillants de joie. Les affaires reprennent !

- Aye ! s’exclame Jack, le sourire carnassier et le regard empli de perspectives ambitieuses.

Après un instant de réflexion, Jack demande à son second :

- Là où vous étiez, on est grillé ou pas ?

- Tu veux dire, là où tu nous as lâchement abandonnés ? Là, oui, on est grillé.

- C’est ce qu’il me semblait... Vous n’avez pas pu vous retenir.

- Bah... dit Gibbs en haussant les épaules, on ne se refait pas, Jack ! Tu crois qu’on l’a eu comment, le navire, pour venir te rejoindre ?

- Mmmh ! ... fait Jack en tordant la bouche, amusé. Au cabotage, alors ! J’en veux trois au nid de pie avec des longues-vues. Parés à faire main basse sur tout ce qui se mange et se boit. Il nous faut des munitions, aussi. Enfin, tu connais la chanson. Allez, ouste ! Exécution !

- Oui, Captn’ ! s’empresse le second et part faire exécuter les ordres.

Ainsi, le capitaine Sparrow reprend-t-il la mer et ses prérogatives, fort d’une énergie nouvelle propre à lui rendre son esprit d’aventure. Elle ne va d’ailleurs pas tarder à se manifester, l’aventure... Elle prend soudain la forme d’une frégate militaire battant pavillon de la Compagnie des Indes.

- Ils ne sont pas tous morts, alors ? fait Pintel à son acolyte, Ragetti, tout en observant le navire arriver droit sur eux.

- La preuve que non ! se désespère son compagnon malingre.

Et ils entendent leur capitaine vociférer ses ordres du haut du gaillard d’arrière :

- Hissez nos couleurs ! Branle-bas de combat, et pas de quartier ! On prend tout !

Sur le pont et dans l’entrepont c’est l’effervescence. On a levé les sabords, chargé les canons bâbord, paré les boulets, les crochets d’abordage, chargé les pistolets, aiguisé les sabres, cargué les voiles. Quand la frégate a vu s’élever le Jolly Roger noir, les sabords se sont ouverts tribord. L’attaque est imminente. Jack donne le premier signal de mise à feu alors que l’ennemi est à portée de tir. Les canons de pont, la bouche levée vers les voiles et les mâts adverses déchaînent leurs feux et leurs doubles boulets, déchirant le gréement sans pitié. Chacun poursuivant son erre, les deux navires se rapprochent irrésistiblement alors que les salves de tirs fendent l’air et les voiles de part et d’autre. La Compagnie des Indes n’a pas l’intention de s’en laisser compter. La deuxième salve de doubles boulets vient déchirer le mât de misaine adverse et le sommet du mât central, faisant s’écrouler sur le pont la vergue principale sous les hourras des pirates.

Forts de leur succès, ils lancent les grappins contre le bastingage de la frégate et s’apprêtent à l’aborder. Les tuniques rouges résistent en rang serré et tirent une salve au fusil, droit sur leurs ennemis. Un pirate s’écroule dans un hurlement de douleur, un autre a le bras transpercé. Les premiers sangs coulent. Galvanisés par la peur, l’appât du gain, la vengeance et l’envie de vivre libre à la fois, les pirates partent à l’assaut du navire dans des hurlements bestiaux propres à effrayer même le plus aguerri. Se balançant en chœur sur le pont adverse, suspendus à des cordages ils se retrouvent face aux fusils déchargés de leurs ennemis, sabres en avant. L’estocade n’est plus qu’un jeu d’enfant. Les sabres transpercent en cœur, les ventres et les torses. Les hurlements se font déchirants. Jack, de son côté, stratégique, cherche le capitaine des yeux. Lorsqu’il l’aperçoit, se battant comme un beau diable contre deux pirates surexcités et maladroits, il se balance avec un cordage, lui aussi, sur le pont adverse droit dans sa direction. Il surgit en face de lui, le sabre dégainé, mais le cœur de Jack saute un battement.

- Pringston ? demande-t-il avec une grimace de dégoût reconnaissant l’homme. Ils ont osé faire de vous un capitaine ?

- ... Sparrow ? interroge l’homme à l’uniforme tapissé de galons, incertain de bien reconnaître le pirate.

- Vous n’avez pas oublié, hein ... fait Jack en troussant sa moustache montrant deux rangées de dents serrées par la rage qui monte soudain en lui.

Il lève alors sa manche gauche pour découvrir son avant-bras couturé de vilaines cicatrices du poignet jusqu’au coude et le lui met sous les yeux. Puis, il fait de même avec son avant-bras droit et le P gravé dans sa chair sous le tatouage.

- Ça vous rappelle quelque chose, n’est-ce pas ? continue Jack, ses prunelles assombries par des souvenirs insoutenables. Il a osé faire de vous un gradé, un militaire de haut rang ... vous, le bourreau préféré de ce cher Beckett !!! Cette pourriture a décidément l’art de ne pas se faire oublier.

- Ce n’est pas Beckett qui m’a nommé, réplique Pringston. Vous l’aviez déjà tué lorsque j’ai pris du grade. Après la bataille du Maelström, j’ai joué de mon influence auprès de sa Majesté. Vous voyez, Sparrow, la Compagnie des Indes renaît de ses cendres et vous allez mourir, cette fois !

Sentant le sang lui battre les tempes et lui injecter les yeux, Jack lui colle le canon de son pistolet sur le front et la pointe de son sabre sur le cœur.

- Ce ne sera pas à vous de décider de ma mort, mais à moi de décider de celle de celui à qui je dois ma condition de hors-la-loi et les marques injustifiées sur mes bras. Vous êtes un immonde tortionnaire qui se repaît de la peur et de la souffrance des gens ! Même Mercer ne vous arrive pas à la cheville !...

- Comment osez-vous dire que c’était injustifié, pirate ! erruque-t-il, teigneux, en braquant lui aussi son sabre sur Jack. Vous n’avez eu que ce que vous méritiez. Les intérêts du Roi ne peuvent souffrir d’une fange telle que vous ! lui crache-t-il à la figure nullement intimidé par les armes du pirate.

- Avouez que vous avez pris votre pied à me faire souffrir, hein !!? lui jette-t-il avec toute la hargne dont il est capable.

- Vous le méritiez ! répète Pringston. Et vous le méritez encore. Je vais venger le Roi de toutes vos spoliations et de l’échec du Maelström ! Emparez vous de lui !! crie-t-il à ses matelots.

Mais, de matelots, il ne reste plus grand monde pour répondre à ses ordres.

- Vous oubliez une chose, Pringston, réplique Jack en levant les yeux et le sabre en l’air pour indiquer le gréement détruit et re-pointant immédiatement sur son ennemi juré. Vous ne pourrez pas aller bien loin avec ça. C’est vous qui êtes fait, mon vieux !

D’évidence, l’affaire est compromise. Seules quelques tuniques rouges persistent, encore debout à se battre contre des pirates hargneux comme jamais. Pringston lâche alors son sabre,  lève les bras, le visage défait et se rend.

- Vous êtes décidément increvable, Sparrow ! se résigne-t-il, tremblant. Tuez-moi donc ! Vous en crevez d’envie... Faites-vous plaisir.

Soudain, la surface de la mer se soulève brusquement et, dans une immense projection d’eau, la proue fuselée du Hollandais Volant surgit non loin des deux navires. Jack, maintenant en joue le capitaine de la frégate, sourit en voyant apparaître le capitaine Turner à la barre du navire des morts.

- Et bien je crois que vous avez plutôt rendez-vous avec votre prochain employeur ! s’exclame Jack, content de voir une solution machiavélique se présenter d’elle-même. Vous autres ! appelle-t-il en faisant signe à ses matelots d’approcher, occupez-vous de lui mettre les fers, j’ai à parler avec mon ami Turner.

Pendant que Murtog et Mullroy s’empressent avec plaisir de ferrer les poignets de leur ancien chef infernal, Jack s’avance vers le bastingage pour héler Will :

- Hey !! Sacré vieux filou ! Les affaires marchent pour toi, on dirait ! lance-t-il à Will.

- Jack ! Qu’est-ce que tu as encore bricolé pour me donner autant de travail ? lance à son tour le capitaine du Hollandais Volant par dessus les bastingages.

- Ce n’est pas de ma faute. Ils me tombent tous dessus à bras raccourcis, réplique Jack avec un grand sourire innocent.

Will, qui le connaît bien, ne s’en laisse pas compter et préfère ne pas relever l’effronterie. Comme par magie, le voici apparu sur le pont du Black Pearl, juste en face de lui.

- Alors, il y en a combien, cette fois-ci ? demande-t-il devant Jack qui recule légèrement.

Le capitaine au tricorne fait signe à Gibbs de rassembler les prisonniers, compter les morts et les blessés. Ceci fait, le second revient vers Jack et annonce :

- Trois prisonniers, le capitaine compris, neuf morts chez eux et deux chez nous, captn’ ! Et ils ont trois mourants, aussi...

-  Je prends les morts et les mourants. Pour les blessés et les prisonniers, débrouillez-vous, dit Will.

- Pas les prisonniers, Will ? s’inquiète Jack

- Qu’est-ce que tu veux que j’en fasse, Jack ?  

- N’aurais-tu pas besoin de nouveaux matelots pour naviguer, Will ?

- Non ! J’ai tout ce qu’il me faut dans ce domaine.

- Pourtant... Ah, mais ouiii !... J’oubliais le petit détail qui tue !! .... Je suis sûr que tu aimerais t’occuper particulièrement du sort de celui-ci, cher William, fait Jack en prenant une voix aux intonations rageuses, tout en fixant Pringston, ferré et maintenu par Murtogg et Mullroy.

- Qui c’est, lui ? demande Will.

Pour toute réponse, Jack enfonce son sabre dans le cœur de son ancien tortionnaire jusqu’à la garde, plongeant ses yeux sombres et furieux dans les siens.

- Mais, Jack !! fait Will, surpris. Qu’est-ce qui te prends ?

Tout en retenant sa chute par le col, Jack, le traîne et le dépose aux pieds du capitaine du Hollandais Volant :

- Vas-y, Will. Dépêche-toi de lui demander son choix. Je suis sûr qu’un type comme lui a très peur de la mort...

- Mais, qui c’est, enfin ?!

- Celui qui m’a fait ça, dit Jack en soulevant ses manches.

Will ne répond rien, mais son regard en dit long sur l’éloquence de son geste. Il se baisse alors sur Pringston qui se meurt et le regarde fixement de ses yeux de mort-vivant.

- Alors, monsieur le tortionnaire de pirates, avez-vous peur de la mort ? ... Je vous propose deux alternatives : cent ans de servitude sur mon navire, soit le monde des morts. Que choisissez-vous ?

Tremblant de peur et de souffrance, l’homme, défait, regarde Will sans vraiment comprendre ce qui lui arrive. Ce visage, figé dans une éternelle jeune beauté, n’est pas l’idée qu’il se faisait de la mort.

- Qui... qui êtes-vous ? susurre-t-il, les paupières plissées par la douleur.

- Je suis celui qui mène à leur dernier repos, ceux qui meurent en mer...

- ... ainsi donc, c’est vous qui avez aidé Sparrow à couler l’Endeavour et tuer Beckett ... susurre-t-il encore.

- Exact ! grince Will. Alors ?!! Répondez à ma question !

- Je... couine-t-il, un filet de sang coulant au coin de la bouche... je... je ne veux pas mourir !

- Parfait ! s’exclame alors le capitaine Turner sous le sourire satisfait de Jack.

Puis, il regarde le capitaine du Black Pearl et lui dit :

- C’est parce que c’est toi, Jack. Ne crois pas que ça m’amuse de frayer les océans à la tête de types comme lui.

- Merci, Will, fait Jack reconnaissant. Fais-lui en voir de toutes les couleurs !

- Ça, c’est mon affaire ! …. Je te laisse, Jack. Content de t’avoir revu...

- Tu n’as pas le temps de t’arrêter un peu, Will ? ... On aurait pu discuter du bon vieux temps, toi et moi.... autour d’un verre...

- Une autre fois, peut-être... J’ai du boulot, là...

Puis, il disparaît en lui adressant un clin d’œil complice, emportant avec lui le corps moribond de Pringston. Quelques matelots du Hollandais Volant sont venus aussi chercher les autres morts et mourants et disparaissent comme ils sont venus. Quelques instants plus tard, le navire fantôme plonge à nouveau dans les abysses sous les regards toujours impressionnés des pirates et rescapés. Une fois le calme sur l’eau revenu, Jack se retourne vers ses matelots.

- Qu’est-ce que vous attendez, tas de mollusques ?!! Allez, allez !! On prend tout et en route et que ça saute !

Tous s’empressent de répondre aux ordres de leur capitaine. Et ce dernier se tourne vers les deux prisonniers en tunique rouge restés ferrés au pied du grand mât.

- Quant à vous deux, vous avez de la chance. Vous aurez deux choix aussi : rester ici et devenir pirate, ou, alors, être abandonnés sur une île déserte avec un pistolet à une balle. Ça, c’est juste pour ne pas faire trop de boulot à mon ami Turner... Qu’est-ce que vous décidez ?

Tremblants de peur après ce qu’ils ont vu et face aux yeux de chien fou de Jack, leur réponse tarde à venir.

- Alors ? Insiste le pirate en se rapprochant de l’un d’eux presque nez à nez .... C’est pourtant pas compliqué comme question !

Celui qu’il darde intensément de ses prunelles sombres finit par prononcer d’un filet de voix tremblotante un «Dieu sauve le Roi» tel un misérable baroud d’honneur.

- Donc, là, c’est très clair ! fait Jack, un coin de lèvre relevé, faisant scintiller agressivement une dent en or.

Puis, il se tourne vers l’autre prisonnier et lui intime une réponse en le fusillant d’un regard noir et silencieux. L’autre préfère courber l’échine et espérer la clémence du capitaine.

- La vie de pirate, dit-il en baissant la tête. ... Je préfère être pirate.

- Voilà qui est mieux ! Tu ne le regretteras pas, l’ami. Il vaut mieux une vie de pirate libre, qu’une vie de servitude envers un royaume qui se fout de vous. Mullroy !!! ... déferre celui-ci et donne lui du travail. L’autre, tu le mets à fond de cale.

Mullroy lève la main à sa tempe militairement et s’exécute prestement, pendant que Jack s’en retourne sur son navire en passant par la passerelle installée pour le transvasement.

- Non ! supplie le gars fidèle à la couronne. Non ! Ne me laisse pas, Stan ! Non ! …. Tu n’es qu’un traître ! …

Et alors que Murtogg défait les fers dudit Stan, les cris désespérés de son camarade se perdent dans les profondeurs du navire pirate.Quelques heures plus tard, le Black Pearl largue à nouveau ses voiles noires en direction du sud, laissant derrière lui une épave brûlante et vide.

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dominosama
Posté le 22/12/2012
On retrouve Jack dans toute sa splendeur, haaa ça fait du bien quand même ! On ne s'en rend compte qu'après qu'il nous manquait c'est amusant. enfin oui,  il était là avant mais il ne pouvait pas être lui-même (je sais pas si on comprend un traitre mot de ce que je raconte ).
 
Contente d'avoir pu "voir" Will ^^
vefree
Posté le 22/12/2012
Je crois que j'ai compris ce que tu voulais dire... loool !
En fait, Jack a passé un bon moment à vivre des trucs pas possibles pour lui et qu'il est bon de le retrouver un pirate sanguinaire. C'est ça ?
Will est de retour aussi. Je suis contente que si tu aimes le retrouver lui aussi.
Biz Vef' 
Sati
Posté le 27/06/2009
Wouaaah !
 
Vef', je suis reviendu pour combler mon retard, et je viens de finir la lecture de ce chapitre 11, j'ai adoré ! Quand les pirates retrouvent Jack avec leurs arguments pour qu'il revienne les commander... C'était génial ! Son départ de l'île, la bataille entre les deux bateaux et l'arrivée de Will, et... Et... Spilou trop joyeuse !! Oui oui oui, assurément, j'ai passé un excellent moment ! Plus que les précédents, je crois que ce chapitre 11 est mon préféré ! On verra bien la suite après, mais tu as particulièrement réussi à m'émerveiller et me distraire avec celui-là ! Merci beaucoup pour ce moment de lecture d'exception.
Je reviendrai ^_____^
 
Enjoy ! Spilou ^_-
vefree
Posté le 27/06/2009
Quelle joie tu me fais !
Si tu as aimé ce chapitre, tant mieux. Je suis soudain rassérénée.
C'est en effet un chapitre très pirate et il plait bien pour ça, justement. Il temporise les chapitres précédents qui sont plutôt durs à avaler. Je suis vraiment très honorée qu'il t'ait divertie et émerveillée. Wow ! Ça, c'est du compliment !
A bientôt, donc pour la suite.
Biz
Vef'
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