Chapitre 12 - L'effet papillon

Par vefree
Notes de l’auteur : Pour ce chapitre, il est préférable d'envoyer les enfants s'amuser dans le jardin. C'est mieux.
Singapour est une ville où les âmes vertueuses et bien pensantes défaillent. Si vous y entrez, à vos risques et périls !
Les reviews sont les bienvenues. Bonne lecture ! 
 
 

        La route est longue jusqu’à Singapour.        Rebrousser chemin jusqu’à Gibraltar, prendre les alizés des Açores, caboter vers le sud le long des côtes interminables de l’Afrique et atteindre le cap de Bonne Espérance tout en résistant aux périls de la météo et des rencontres indésirables. Des mois de navigation intensive, des jours sans fin à surveiller l’horizon. Entre les périodes de disette et de bombance, bon an, mal an, l’équipage résiste passablement bien à la rudesse des conditions. La Compagnie des Indes a bel et bien repris la chasse aux pirates. Après l’épisode Pringston, plusieurs navires battant pavillon bleu croisent la route du Black Pearl, terminant par le fond systématiquement et les pirates refaisant par la même leurs réserves de poudre à chaque assaut.

Jack a glissé la bague offerte par Antinea à son annulaire gauche. Et le petit flacon d’élixir de vie passe une grosse partie de son temps de repos sur son bas-ventre. Il lui procure un bienfait immédiat, calme ses ardeurs sexuelles tout en faisant circuler ses énergies dans son corps pour le régénérer. Il a très vite constaté que l’utilisation des présents de la Fontaine le fait moins manger. Son appétit étant largement satisfait par ce biais, son estomac réclame, lui aussi, moins de nourriture. Avantage non négligeable dans un voyage au long court. Mais, son équipage n’ayant pas atteint ce niveau d’autonomie, il faut bien approvisionner, satisfaire les estomacs et les désirs des hommes. Chaque abordage ou accostage fait l’objet de pillages ou de trocs fructueux permettant à chacun d’y trouver son compte et son content.

Le passage du cap de Bonne Espérance se fait dans d’épouvantables conditions météo. Gibbs, Cotton et Jack se relayent à la barre d’un Black Pearl malmené par un vent de force douze. Une des voiles de misaine, déjà passablement abîmée, fini de se déchirer totalement et par s’envoler avec sa vergue, perdues dans l’immensité marine. Le froid et les paquets de mer éprouvent les nerfs et la résistance de l’équipage. Deux jours d’un tel régime pour traverser les trentièmes rugissants, achèvent de les épuiser. Lorsqu’enfin l’océan se calme et que le vent s’adoucit, les hommes n’aspirent qu’à dormir au sec et se reposer.

La remontée vers le nord se fait ensuite sans encombre jusque vers les côtes de Madagascar. Là, Jack et son équipage font escale quelques jours près d’un petit village de pêcheurs, non seulement pour réapprovisionner, mais aussi pour réparer l’avarie subie. Ils trouvent là des habitants affamés par les taxes monstrueuses prélevées par la Compagnie des Indes. Seul un cinquième du fruit de leur pêche et de leur culture des épices leur est concédé pour leur survie. Jack obtient les noms des nouveaux acteurs de la marine royale et jure au chef du village de s’occuper de leur sort si un jour il les croise. Les pirates repartent avec quelques poissons et pots d’épices que les villageois leur ont généreusement offerts malgré leur pauvreté. Jack ne peut qu’espérer croiser un navire marchand pour trouver de quoi manger pendant un bout de temps... Mais, l’océan indien est immense. Avant de foncer droit sur le grand bleu, il vaut mieux prendre les précautions indispensables. Faute de bonnes rapines rencontrées, une escale dans les fertiles Seychelles s’impose. Ces îles offrent profusion de fruits et de légumes frais. Les tortues y grandissent en nombre. Toutes sortes d’oiseaux animent les forêts luxuriantes. Et des jolies filles aussi, dans les villages. Voguant d’île en île, moissonnant tant et plus pour la grande traversée, Jack persiste à retourner voir Shaani. Qui sait si elle se souvient de lui ?... même s’il risque de prendre une raclée de plus... Lorsqu’il arrive au village, il le reconnaît à peine. Il est plus délabré que jamais. Les maisons, déjà, dans son souvenir étaient plutôt modestes et faites de bric et de broc. Là, une sur deux tient encore debout. Le foyer, sur la place du village, n’a pas été rallumé depuis longtemps, les cendres dispersées aux quatre vents. Il ne trouve personne, à part un vieil homme soutenu par sa canne. Ce dernier reconnaît Jack et l’embrasse comme un fils.

- Mais qu’est devenu ton village, grand-père ? demande Jack, inquiet.

- Ce sont les tuniques rouges, mon brave, Jack ! répond le vieil homme d’une voix tremblotante et impuissante. Ils ont emporté les femmes et les enfants, tué les hommes, pillé nos maisons. Je n’étais pas au village, quand c’est arrivé. Lorsque je suis revenu, ils avaient tous disparu, laissant les corps croupir dans leur sang. Je ne sais pas ce que sont devenus ceux qu’ils ont emportés.

Dépité d’entendre ça, Jack compatit.

- Ça fait combien de temps, grand-père ? ...

- Ooh... plusieurs lunes, maintenant... mon esprit est faible, tu sais. J’ai renoncé à compter au-delà des doigts d’une main.

- Sais-tu comment s’appelait le chef des tuniques rouges ?

- Non. Non, je te dis, je n’étais pas là quand ils ont détruit le village et ... et...

Le vieil homme au bord des larmes, Jack enrage de voir à quel point le monde n’a pas changé. Il avait quitté cette île alors modeste, mais florissante à bord d’un négrier, voici qu’il revient, et ce petit paradis a disparu par l’appétit sans pitié d’un empire égocentrique et xénophobe.

- Je suppose que tu étais venu voir Shaani, dit le vieil homme, en ravalant ses larmes.

Jack approuve des yeux en le regardant. Il n’ose demander, ni même savoir ce qu’ils ont bien pu faire d’elle.

- ... Ils l’ont emmenée avec les autres femmes, répond le vieillard. Et son fils, je ne sais pas ce qu’il est devenu. Certains des jeunes hommes du village ne sont pas morts ici, mais ils ne sont plus là...

- Son fils ? ...

- ... Le tien, Jack, approuve-t-il en inclinant la tête. Elle n’arrêtait pas de le claironner à qui voulait l’entendre. Elle n’a jamais voulu d’autre homme après toi. Son fils, c’était toute sa vie.

Jack cherche un endroit pour s’asseoir. La nouvelle est bouleversante. ... Un fils.

- Et tu ne sais pas où il est ?

- Non. Mes jambes ne me permettent plus d’aller loin et la mer me prendrait si je naviguais seul. Je n’ai pas pu partir à sa recherche. Il était pourtant un robuste jeune homme, mais je doute qu’il ait survécu à la hargne des tuniques rouges.

Assis sur un billot de bois, Jack ne sait comment prendre la nouvelle. Cela fait beaucoup de mauvaises nouvelles d’un coup.

- Je suis désolé, grand-père... je suis si désolé, fait-il, le regard perdu. Qu’est-ce que je peux faire ?

- Rien, Jack .... Il n’y a rien que tu puisses faire. Repars et poursuis ta route.

- Si je trouve ceux qui ont fait ça... rage-t-il, les dents serrées.

- La vengeance est inutile, Jack. Ce qui est fait, est fait.

Le pirate regarde le vieil homme, une mine mi-dépitée, mi-admirative.

- J’aimerais avoir ta sagesse, grand-père...

- Pars, je te dis. Tu n’as plus rien à faire ici. Celle que tu aimais n’est plus là... peut-être même plus là du tout... plus de ce monde... et pareil pour ta descendance. Va t’en !

- Tu as raison... Je m’en vais, fait Jack en se remettant debout et en lui serrant la main affectueusement. Bonne chance, grand-père.

Jack rejoint la plage où, bien des années auparavant, il a défloré la belle Shaani, un matin ensoleillé. Ses compagnons de voyage l’attendent près des chaloupes remplies de noix de coco.

- C’est tout ce qu’on a trouvé à manger, Capitaine, dit Pintel.

- On n’a pas besoin de tout ça, dit Jack en rejetant lui-même une dizaine de noix de coco sur le sable. La Compagnie des Indes est passée avant nous ...

Les pirates le regardent faire avec étonnement. D’habitude, on rapine tout, mais là...

- Pourquoi, on en laisse, Capitaine ? demande Ragetti, incrédule, alors que les chaloupes reprennent la direction du Black Pearl.

- Parce qu’il y a un vieillard sur cette île, seul, qui a perdu tout ce qu’il avait. Il va finir ses jours ici... autant que ce soit le ventre plein...

Personne ne répond ou n’ose questionner Jack sur cette soudaine sensibilité pour un inconnu. Il n’est peut-être pas si inconnu que ça, après tout...

 

 

o0o0o

 

 

        Singapour.

Un port grouillant de vie et d’eau croupie. Le rendez-vous de tous les malfrats et des autorités réunis. Depuis la disparition du seigneur des pirates, Sao Feng, les pouvoirs ont changé de main. L’Empress est sous le commandement de la Reine des pirates, la capitaine Elizabeth Swann-Turner. Sa réputation n’est plus à faire dans sa corporation, mais au sein de la nouvelle Compagnie des Indes...

Jack n’est pas venu ici pour chercher querelle ou pour une quelconque négociation. C’est donc, en toute discrétion qu’il amarre son navire en marge du port, contre la jetée ouest, à l’abri des vents dominants et des pilleurs de grands chemins. Quartier libre pour tout le monde. Jack a distribué la solde à ses matelots pour plusieurs jours. Rendez-vous ici dans une semaine.

- Tu as prévu d’aller où, Jack ? lui demande Gibbs, une fois sur le quai.

 

- Pour commencer ? ... cette fumerie d’opium de l’autre fois... sympathique endroit... des femmes pas farouches... et surtout très expertes... répond Jack, les yeux brillants de douces perspectives.

- Ah, ah ! ... Je vois, s’exclame Gibbs avec un clin d’œil complice, les petites chinoises aux doigts de fée, dans la fumée des délices...

Jack lui rend son clin d’œil, tout en changeant discrètement sa bague de doigt pour la placer à son majeur droit.

- Et toi ? Tu comptes faire quoi ? lui demande Jack.

- Moi ? .... oh.... j’irais bien voir ce que sont devenus les bains de vapeur de Sao Feng, répond son second. Et si jamais, il n’y en a plus, je te rejoins à la fumerie.

- Bonne idée ! Comme ça, tu me raconteras, s’exclame son capitaine et s’éloignant en lui faisant un salut de la main.

Chacun part de son côté profiter au gré de ses envies des attraits de la ville. Lorsque Jack parvient à la fumerie, dans une ruelle grouillante de monde et envahie d’un cocktail d’odeurs improbables, il n’a croisé pas moins de six escouades de soldats de la Compagnie des Indes. Il va falloir décidément se faire très discret, ici... Trois petits tocs à la porte et elle s’ouvre sur un chinois en livrée rouge et toque noire qui le salue en inclinant légèrement le buste en guise de bienvenue. Jack répond en joingnant ses mains devant lui, en inclinant la tête en signe de salut et entre. Alors que l’homme lui demande ses volontés en refermant la porte derrière lui, Jack observe l’entrée feutrée et coquette qu’il reconnaît.

- Je voudrais voir Chun, dit Jack.

- Vous avez de quoi payer ? demande l’homme en livrée, méfiant.

Jack lui montre une bourse bien pleine et l’agite devant ses yeux. L’homme s’incline à nouveau en signe d’approbation.

- Attendez ici, je vais lui dire de préparer une pièce pour vous.

Il patiente donc.

Tout en glissant son regard sur le décor capitonné, il repense aux paroles qu’il a confiées à Gibbs lors de la traversée de l’océan indien jusqu’ici. C’était la première fois qu’il avait vent d’une descendance et de surcroît un fils d’une femme qu’il a aimée. L’idée même qu’il pût avoir des enfants ne l’avait pas encore effleuré jusque-là. Et cette idée l’a troublé longtemps jusqu’à ce qu’il extraie les mots de sa bouche pour en exorciser le flot de sentiments confus qui étaient nés en lui. Sa semence semée aux quatre vents devait indubitablement donner naissance à quelques fruits résistants, poussant au gré de ses amours abandonnées. Il avait suffit de choisir des ventres fertiles pour ainsi engendrer des rejetons pas forcément désirés. En tous cas, pour lui, la question ne se posait même pas. Il n’était qu’un jardinier inconscient de ses coups de reins jusqu’à cette visite aux Seychelles et cette surprenante révélation.

Il en est là de ses réflexions lorsque l’homme en livrée revient et l’invite à le suivre. Finalement, est-ce une bonne idée de se jeter ainsi dans les bras d’une prostituée, alors qu’il a conscience désormais que chaque acte peut avoir des conséquences disproportion-nées ? Oui, mais celle-ci est différente. Son expérience n’a pas d’égale encore à ses yeux. C’est la meilleure dans son domaine. Lorsqu’il arrive derrière le rideau rouge, Chun l’accueille avec cérémonie dans sa longue robe de soie au camaïeu chaud et mordoré parfaitement ajustée à son corps élancé. La noblesse de son port de tête qu’elle incline courtoisement, ses cheveux noirs soyeux remontés en un savant chignon dégageant un cou d’une blancheur sensuelle font de sa présence un attrait magnétique.

- Jack ! Cela faisait longtemps, lui dit-elle avec un sourire enchanteur et une démarche féline.

- Je n’ai pas pu venir avant, ma belle, répond-t-il avec un petit geste d’excuse tout en s’approchant. Les affaires... les contretemps... et puis, les Caraïbes sont loin...

- Toujours à parcourir les mers, n’est-ce pas ?

- Tu es ma première visite à Singapour, Chun, dit-il, comme pour mieux la séduire. Je voulais revoir ton petit grain de beauté si charmant.

Elle sourit à cette évocation tout en se rapprochant tout près de lui.

- Je vois que tu te souviens de notre dernière fois, fait-elle en glissant une main dans sa chemise ouverte. Que désires-tu, aujourd’hui ?

- Je veux le meilleur de toi, répond Jack en caressant sa joue d’un doigt avec un regard gourmand.

Et mû par une intuition soudaine, estimant qu’il est sans doute possible avec elle d’obtenir encore mieux, il ajoute :

- J’ai la Fontaine de Jouvence...

- Ow ! fait-elle impressionnée. Jack ! Tu l’as volée, ou... ?

- Non ! dit-il, outré. S’il y a bien une chose que je n’ai pas volée et qu’on m’a offerte généreusement, c’est bien ça !

- Jack ! .... fait-elle, un tantinet moqueuse, tu es vraiment le pirate le plus étonnant que je connaisse. Tu as vraiment obtenu la Fontaine !!?

- Oui, mon ange. Nous pouvons donc nous offrir le meilleur, là, ici, maintenant... répond Jack en approchant sa bouche gourmande de la sienne.

- ... Et il te manque le palpable, l’exercice pratique qui va avec, n’est-ce pas ? ajoute Chun en susurrant et en collant son corps gracile contre le sien.

- Je compte sur toi pour me faire la meilleure des leçons, Chun, susurre-t-il à son tour.

- Là, tu ne peux pas me faire plus plaisir, Jack. Il y a si longtemps que je rêve de faire vraiment l’amour...

Et joignant le geste à la parole, elle goûte à ses lèvres pimentées de sa moustache aussi goulûment qu’un bonbon au gingembre, tout en glissant ses bras autour de son cou en jetant à terre son tricorne. Jack répond sans retenue à ce baiser attendu depuis des mois. Glissant sa langue entre ses dents, fouillant la sienne avec ardeur, il défait avec ses doigts agiles son chignon retenu par une épingle de bambou. Ses longs cheveux d’ébène dégringolent lourdement dans son dos. Et sans lâcher sa bouche qui le goûte avec appétit, il défait un à un les boutons dans le dos de sa robe avec dextérité. Elle, retenant sa tête d’une main sur sa nuque et de l’autre, baladeuse et caressante jusque sous son ceinturon, entame l’exploration de son fond de pantalon déjà rebondi.

Jack lâche sa bouche, laisse échapper un soupir de bien-être et s’écarte d’elle pour mieux l’observer. Dans ses yeux, il lit sans conteste un désir chaud et ardent. Alors, il se défait de ses ceinturons, fourreau, gilet, chemise qu’il envoie valser à travers la pièce sans la quitter des yeux. Elle termine de faire glisser sa robe à ses pieds, et, entièrement nue, elle le prend par la main et l’entraîne jusqu’au lit où elle le fait tomber d’une pichenette sur le torse. Un sourire amusé sur leurs visages, elle entreprend de lui retirer ses bottes. Puis, elle s’assoit sur ses jambes et commence à déboutonner son pantalon avec un grand sourire lubrique et une lenteur calculée. Elle se fait chatte ronronnante. Louve carnassière. Lionne agressive. Serpent ondoyant. Les mains de Jack s’affolent sur ses seins, sur son ventre, sur ses cuisses, pendant qu’elle frotte son sexe sur le sien. Elle soupire, feule, râle. Il glisse ses doigts dans sa fente chaude déjà mouillée. Et son soupir s’étire et tremble de plaisir alors qu’elle bascule la tête en arrière en ondulant du bassin sous ses doigts agiles. Cherchant le meilleur plaisir qui soit, elle s’allonge alors contre lui en l’invitant à prendre les commandes. Il finit de retirer complètement son pantalon et s’allonge sur elle, entreprenant d’embrasser et lécher tout son corps du haut en bas.

Sa peau est d’une douceur infinie, ses tétons fièrement dressés invitent à une délicieuse succion. Son ventre vibrant sous ses doigts, il glisse petit à petit tout en bas, saisissant ses hanches pour l’approcher du bord du lit et se faufiler entre ses jambes. Les longs cheveux de Jack ainsi que sa fine barbe et ses breloques en tous genres ajoutent une sensation supplémentaire sur sa peau et achève de rendre Chun folle de désir. Les yeux fermés, elle goûte un délice sans pareil et des frissons qui parcourent tout son corps. Lorsque Jack aborde de sa langue le petit mont de vénus, elle est au bord du plaisir suprême. C’est là, entre les replis de ses lèvres intimes, que se loge le petit grain de beauté. Jack esquisse un sourire carnassier croisant le regard de Chun qui s’amuse de sa redécouverte. Encouragé par ses soupirs sans retenue, Jack accentue la cadence et y ajoute un ou deux doigts, sans jamais lâcher prise, malgré les ondulations de son bassin. Cambrée et tendue comme un arc, prête à se rompre, la respiration courte, jusqu’à l’asphyxie, elle agrippe sa tignasse en lui intimant de ne jamais lâcher le rythme. Et, alors que la sensation indéfinissable atteint son paroxysme, sa bouche laissant échapper un râle venu des profondeurs et d’une puissance sans aucune mesure, telle une décharge électrique, une lame de fond gigantesque, un orgasme ébranle tout son corps.

Jack ne perd pas une seule seconde. Il allonge tout son corps sur elle, l’écrasant de tout son poids, guidant son membre tendu à souhait jusqu’à son intérieur brûlant et complètement resserré par son orgasme. En la pénétrant, c’est à son tour de ressentir les vertiges d’un plaisir sans limite. Agrippée à lui des bras et des jambes, elle le garde contre lui pour lui faire profiter de ses vibrations et de son trop plein d’énergie, mélangeant son souffle au sien, prenant sa bouche et la lâchant. Le moindre mouvement de va-et-vient de son pénis le fait soupirer de plaisir. Elle gémit. Son étroitesse est un bonheur pour les sens.

Tout en faisant redescendre crescendo son orgasme à un niveau plus en harmonie avec celui, montant, de son partenaire, Chun, l’encourage à bouger en elle de manière saccadée, afin de retenir le plus longtemps possible le moment de l’éjaculation. Marquer des temps de pauses dans ses mouvements si l’excitation est trop forte. Jack, étonné lui-même, parvient à retrouver facilement les mêmes chemins du plaisir qu’il avait empruntés avec Antinea. Il sait désormais que l’orgasme est dissocié de l’éjaculation. Et il trouve de lui-même les rythmes propices pour faire monter les brûlantes sensations. Chun le guide subtilement, faisant persister son orgasme pour qu’il atteigne, lui aussi, ce moment fulgurant du plaisir. Et, dans un dernier mouvement d’une sensibilité extrême, il éprouve ce délicieux tremblement qui envahit le corps tout entier. Un bouillonnement d’une ardeur sans pareille. Leur étreinte dure des heures, variant les positions, les sensations et les plaisirs. Oubliant le temps et l’espace, retenant aussi longtemps que possible le point culminant, associant leurs souffles dans une totale harmonie, il suffit de quelques va-et-vient pour relancer l’énergie de l’orgasme et raidir à nouveau son chibre à l’intérieur de son sexe si mobile et serré. Enfin, suivant leur intuition dans un accord silencieux, Jack achève leur étreinte de plusieurs coups amples propres à faire monter la sève si longtemps retenue. Il se retire d’elle brusquement pour répandre sa semence sur le ventre de sa partenaire exsangue, mais dans un parfait état de félicité. Son membre ainsi libéré de sa tension, il peut enfin s’allonger contre le corps de Chun et se détendre ensemble, enlacés, son visage niché dans son cou. Enfin.

Point n’est besoin de mots ou de paroles après un tel moment. Repus tous les deux, ils restent ainsi l’un contre l’autre, leurs regards perdus, ailleurs, ne réclamant rien d’autre que de profiter pleinement de cet instant de pure félicité.

Un moment plus tard, Jack se lève enfin et dépose un dernier baiser sur l’épaule de Chun. Il se rhabille en silence sous les yeux et le corps alangui de la belle chinoise. Il sort sa bourse teintante de pièces et lui demande :

- Combien cela vaut-il, une telle partie de jambe en l’air ?

Elle se redresse sur un coude et le regarde contrariée.

- Ça ne mérite aucun prix, Jack, voyons !

- Ow ! ... Pourtant c’est ton métier...

- Mon métier, c’est la baise, Jack. Ce que nous avons fait là s’appelle l’amour, de surcroît avec les enseignements de la Fontaine que nous connaissons maintenant tous les deux. Ceci annule donc toute notion d’argent.

Puis, elle se lève, elle aussi, pour reprendre sa robe jetée un peu plus loin quelques heures plus tôt, et se rhabille.

- Dis-moi, Chun, sais-tu ce que sont devenus les bains de vapeur de Sao Feng ? demande Jack en finissant de remettre son fourreau en place.

- Pourquoi me demandes-tu ça ? questionne-t-elle en lui tournant le dos et lui intimant de l’aide pour reboutonner sa robe.

- Et bien, je me demandais si ça valait le coup d’y faire un tour... qui le fréquente désormais ? Qui le gère, tout ça ?... dit-il concentré sur le boutonnage de la robe.

- C’est l’oncle de Sao Feng qui le gère, maintenant. La Compagnie des Indes n’a pas réussi à s’en emparer malgré l’attaque subie il y a un an. Il a été remis en service et c’est Tai Wang qui assure l’intendance. Je sais aussi qu’ils ont instauré des heures pour les femmes et d’autres pour les hommes, parce que je vais en profiter moi-même de temps en temps. Quant aux fréquentations, vu qu’elles sont sexistes, je ne peux te dire exactement qui vient chez les hommes. Par contre, chez les femmes, une pirate nommée Elizabeth Turner y vient parfois lorsqu’elle fait escale ici. Tu la connais peut-être...

Il se fige soudain lorsqu’il entend prononcer ce nom, mais il ne laisse rien paraître. Il change carrément de sujet :

- Dis-moi... pourrais-tu m’apprendre à contrôler mon éjaculation ? demande-t-il tout de go.

- Tu veux savoir faire ça ? Pourquoi ?

- Pour ... c’est ... Quand on m’a enseigné la Fontaine, on m’a dit que c’était possible, lance Jack en se retranchant derrière une pudeur calculée.

- En effet, c’est possible, dit-elle en rejoignant sa coiffeuse et s’installant pour recoiffer ses longs cheveux noirs et soyeux. Mais, je ne crois pas être la mieux placée pour ... ce genre de pratique...

- Pourquoi ? Nous nous entendons bien... toi... moi ? ... sexuellement, je veux dire... Tu me connais bien, et je te fais confiance...

- C’est vrai, mais ça ne suffit pas, Jack. Je connais bien les hommes, et je sais aussi qu’il est des domaines secrets du masculin que seules les maîtresses du Tao connaissent.

- On m’en a parlé, aussi, fait-il, pensif.

- Si tu veux pratiquer ça, alors, va les voir. Tu es tout à fait prêt à le faire, dit-elle en terminant de mettre en forme son chignon.

- Je ne suis pas sûr. Je vais y réfléchir, dit-il s’approchant d’elle pour s’apprêter à prendre congé.

Elle se lève, alors, ayant terminé sa coiffure et, d’un pas décidé, prend la main de son amant du jour et le raccompagne à la sortie, près du rideau rouge.

- Reviens quand tu veux, Jack. Des instants comme ça, j’en redemande.

Il la serre alors dans ses bras, puis dépose un doux baiser sur ses lèvres en tenant son visage à deux mains.

- Je ne peux rien te promettre, Chun. Mais, c’était si bon, que... oui, j’essaierai. Au revoir, mon ange.

- Au revoir, Jack.

Et il se glisse au-delà du rideau, s’éloigne dans le couloir bordé d’autres rideaux rouges par lesquels s’échappent les fumées d’opium et autres soupirs évocateurs sous le regard de Chun qui s’attarde à le regarder partir. Au détour du hall d’entrée, il retrouve Gibbs, arrivant fraîchement.

- Te voilà, ici, toi ? lui fait-il en le rejoignant.

- Oui, dit Gibbs en essayant de ne pas parler trop fort, l’air très excité. Figures-toi que je reviens des bains...

- Et ?...

- Eh bien, c’était l’heure des femmes, chuchote-t-il. J’ai eu beau faire du charme, proposer toute ma solde, rien à faire. Ils n’ont pas voulu que j’entre. Alors, je suis venu ici, parce que là, au moins, je vais trouver une fille, c’est sûr. Tout ça m’a mis en appétit, si tu savais...

- Qu’est-ce que tu dirais de me rejoindre pour en fumer une petite, une fois que tu auras fait ton affaire ? propose Jack avec un clin d’œil.

- Ah, oui, tiens, c’est pas de refus, répond Gibbs. Je te dis à tout à l’heure...

- A tout à l’heure...

Gibbs demande alors à l’homme en livrée de lui indiquer une fille, pendant que Jack cherche une place libre dans la fumerie. Elle est vraiment très fréquentée. Il soulève, un, deux, trois, quatre rideaux avant de se figer sur place à l’ouverture du cinquième.

- Papa ?!! fait Jack, surpris en reconnaissant le bandana et les breloques de son père allongé, tirant sur une pipe fumante.

Teague lève des yeux cotonneux sur l’arrivant semblant vraiment ailleurs.

- Je ne suis le père que d’une fripouille ingrate, dit-il, la langue pâteuse. Et ce n’est pas à vous de me dire le contraire !

Jack s’approche à la fois intrigué et intimidé.

- Papa, c’est moi ! C’est vraiment moi... Jack !

Teague écarquille alors les yeux difficilement, mais il reconnaîtrait sa voix entre mille.

- Fiston ? ... C’est toi ? rit-il mollement... C’est vraiment toi ?... Ah, ah ! Qu’est-ce que tu fais là, Jack ? Tu ne te plais plus dans ton fief, aux Caraïbes ?

- Si ! ... Mais, tu sais ce que c’est... quand on court après un trésor...

Teague se dresse sur un coude et l’invite à s’installer sur la place libre juste à côté de lui. Il fait signe à l’homme de service d’apporter le nécessaire pour Jack.

- Installe-toi, fiston, lui dit-il en lui indiquant la place, raconte-moi les nouvelles ...

 

 

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dominosama
Posté le 22/12/2012
On a envie d'être pirate, nan sérieux j'avais l'impression de voyager avec eux là. Même si l'on se doute que ça ne devait pas être facile tout les jours la vie de pirate. Je me vois bien en avoir raz le bol "putain j'en ai marre d'être mouillée, d'avoir faim, je donnerais n'importe quoi pour de la terre ferme merde alors!" Mais penser aussitôt qu'on a le ventre plein : "c'est l'aventure quoi !  L'immensité de la grande bleue (pas toujours bleue) !" bref, je m'emporte mais c'est parce que c'est toi qui nous transporte. C'est vraiment bien raconté, quand au début tu parles du voyage du cap de bonne espérance tout ça, on voit les petits points rouges s'alignant sur la carte et traçant le trajet comme si elle était devant nous !
 
" Ce sont les tuniques rouges, mon brave, Jack ! répond le vieil homme d’une voix tremblotante et impuissante. Ils ont emporté les femmes et les enfants, tué les hommes, pillé nos maisons. Je n’étais pas au village, quand c’est arrivé. Lorsque je suis revenu, ils avaient tous disparu,"
--> Comment sait-il qu'il s'agissait des tuniques rouge s'il n'était pas là ?
 
" des conséquences disproportion-nées"--> haha très bon ;)
 
La scène d'amour est super bien décrite wouaou, même si j'ai mis plus de distance que celle avec "la mère de son fils" :p sans doute parce que c'est (et ça reste) une prostituée. Mais quand même ils ont pris leur pieds pas de doute ^^
 
Lol son père "et salut papa moi aussi je suis papa, donne moi des conseils !" Non ? (nan mais bon j'ai de l'imagination quoi :p
vefree
Posté le 22/12/2012
Embarquée... te voilà voguant sur la grande bleue, Domino. C'est un très beau compliment, tu sais. J'apprécie beaucoup. Parce qu'au-delà de l'intrigue érotique et ésotérique, il y a aussi l'aventure et elle fait partie intégrante de la quête de Jack. Donc, je suis vraiment très contente que tu apprécies tout ça.
Holààà, bonne question didon ! Je te félicite pour ton attention. En fait, j'ai une réponse qui vaut ce qu'elle vaut, mais je n'ai pas poussé le détail jusqu'à faire dire au vieil homme les indices (trop malheureux sur le coup), mais en fait, comme les hommes ont été tués et laissés sur place, la façon dont ils l'ont été signifiait que c'était eux (pas des bêtes sauvages ou des tribus locales). Ça veut dire aussi que ce n'est pas la première fois qu'ils passent. Il les connait. Et pour cause, puisque ce sont les tuniques rouges qui ont ramené Jack aux Caraïbes, peu après avoir couché avec Shaani. Bref, ils ne sont pas passés qu'une seule fois. L'île est une escale entre Madagascar et les Indes. voilà voilà.
La scène d'amour, je comprend tout à fait ton point de vue. Ici, même si c'est intense, ça reste un acte purement sexuel et il n'y a pas sentiment. Du plaisir, des sensations, certainement, mais aucune émotion d'attachement. Avec Shaani, s'ajoutait des sentiments d'amour plus basiques, ceux qu'on a plus l'habitude de cotoyer. Bien qu'avec Jack il faut se méfier car le sentiment d'attachement ne reste jamais bien longtemps. En tous cas, j'apprécie que tu aies aimé la scène quand même.
Looool ! C'est bon signe si tu as l'imagination qui courre. Mais avec Teague, c'est jamais simple. Encore moins qu'avec Jack. Alors les deux en même temps... gasp ! Non, mais il lui jette l'info à la figure, un peu comme pour se débarrasser de l'inquiétude que ça lui procure. Il ne peut rien faire sur cette information, alors il la largue comme ça sans savoir si ça va être compris et peu importe d'ailleurs. C'est juste pour lâcher un truc qui l'emmerde. Peu importe les conséquences. Et avec le paternel, les conséquences peuvent être dangereuses... 
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