Chapitre 11 - La déclaration

Par Hylla
Notes de l’auteur : Bonne lecture !

Les yeux de Perrhé brillaient. Il regardait sa petite-fille avec la plus grande attention, mais cette fois encore, il ne dit rien. Maeve repensa à son départ de la Citadelle, à cette silhouette dure à laquelle elle avait dit au revoir. Son grand-père avait le dos plus arqué, cette fois. Le poing sur le cœur, il leur adressa ses adieux dans un salut militaire des plus cérémoniaux.

Maeve regardait son grand-père s’éloigner, et disparaître dans le tumulte de la préparation du départ. Sur le parvis du palais de Rica, les soldats chargeaient les dernières affaires dans les charrettes.

Au-dessus des troupes flottaient les bannières. Norlande, Brême, Argonie, Dennes. Le vent de l’Indépendance s’en allait souffler par-delà les frontières. Seuls les Linésiens n’avaient pas joint leurs forces à cette escorte extraordinaire. D’après leurs représentants, leurs hommes ne pouvaient pas prendre part à de telles activités sans en référer au préalable à d’autres chefs, restés sur l’île.

Ces pays et ces blasons qui avaient si longtemps été de simples et rares allusions avaient à présent une matérialité. Elle en avait rencontré les représentants autour d’une table, et une partie d’entre eux s’était donnée pour mission de les ramener à Mirane sains et saufs afin qu’ils reprennent le pouvoir des griffes de Nirien.

« Ça me semblait toujours immense, avant, le Nouveau Continent… » souffla la jeune fille à son époux.

Brême avait paru être une parenthèse dans le temps, envolée en un éclair. Et pourtant, tant avait changé. Elle repensait à la jeune fille qui avait fui Mirane avec une équipe dont la composition lui avait paru si absurde, et à celle qui avait quitté la Citadelle pour franchir pour la première fois une frontière. Sa vie au Norlande lui paraissait si éloignée à présent.

« Vous n’êtes pas trop triste de rentrer, j’espère ? s’enquit Odrien.

— Contre toute attente, j’en suis curieuse. Mais je ne le mentirai pas, j’aimais nos quartiers dans cette belle Villa d’Eté.

— J’avais en effet le souvenir d’une ville impressionnante, mais cette fois nous avons à peine eu le temps d’en profiter.

— Vous étiez déjà venu ?

— Seulement une fois, quand j’étais plus jeune. Mon père avait dû repartir à Mirane après avoir payé ses hommages, mais nous sommes restés plus longtemps. J’ai le souvenir de belles vacances sur la côte eersière… Ma mère était heureuse. Je me rappelle de la voir sourire, sourire comme elle ne le faisait plus. »

Maeve fixait les chevaux dont on vérifiait une dernière fois les selles. Elle ne savait jamais ce qu’il fallait dire, dans les situations comme celles-là. Et Odrien, qui ne relançait pas la conversation, ne l’aida pas davantage.

« Quel âge aviez-vous, quand elle est partie ?

— Vingt ans. Et pourtant, je me souviens de tout comme si c’était hier. »

Elle lui jeta un coup d’œil discret et le trouva imperturbable malgré le timbre voilé de sa voix.

« J’avais huit ans quand la mienne est partie. »

Il la considéra avec attention, et semblait surpris et soulagé à la fois.

« Mais contrairement à vous, je ne m’en souviens pas. Enfin, si. Je revois son visage, son sourire. Elle avait toujours cette façon de me sourire, si propre à elle, et si unique à moi. J’entends sa voix, quand elle venait me voir, le soir. Des bribes de souvenirs épars. Mais je ne me souviens plus du reste. Je ne me souviens plus de qui elle était. »

Maeve se surprit elle-même à se laisser en parler ainsi. De froids étrangers, voilà qu’ils en arrivaient à se confier à propos d’un sujet dont elle ne pensait même pas vouloir un jour parler.

Elle avait parfois eu l’impression, depuis leur cavale, qu’elle ne faisait plus face à la même personne. Le même corps s’animait, la même voix articulait, mais tout le reste avait changé. Elle aussi, à bien des égards, devait être d’une compagnie plus agréable à présent.

Ne jamais juger un Fanese à sa première impression, conclut-elle. Elle se rappela de Cilia, si prévenante au premier abord, qui avait si rapidement mis entre elles un fossé ainsi qu’une dose d’exécrabilité prononcée entre elles.

« Je serais aussi curieuse de voir le résultat de notre tableau. Nous ferions de bien meilleurs modèles maintenant.

— Ces représentations sont très codifiées de toute façon…

— Et l’artiste connaît assez son sujet pour bien le dépeindre. »

Odrien sourit à cette allusion.

« Je n’aurais aucune objection à ce que vous viviez, vous aussi, vous savez. Et avec qui que ce soit, soyez en assurée.

— Encore faudrait-il que j’en ai au moins l’envie. »

La pensée soudaine de Darion lui envahit les esprits. Pourquoi pensait-elle à lui maintenant ? Sûrement parce qu’elle ne savait pas encore s’ils le retrouveraient bel et bien, à leur arrivée, ou alors car c’était l’un des rares mots qu’il avait eu l’audace de coucher sur ce bout de papier. « Envie ». Un mot si cher aux Dennois, « l’envie », et pourquoi s’agaçait-elle ainsi toute seule, d’ailleurs ? Elle ne savait pas s’ils trouveraient le frère d’Odrien à leur arrivée au palais, ni même s’il était encore en vie aujourd’hui. Quant à savoir quel sentiment cette incertitude faisait place, elle ne pouvait mettre mot dessus. A chaque fois, elle repensait inlassablement à ce bout de papier griffonné, et à ces quelques mots. « J’ai envie de vous ». Et, à chaque fois, elle préférait mettre cette phrase en sourdine et l’oublier.

Tandis que le prince et son amant voyageaient dans la calèche, Maeve préféra faire le trajet à cheval. La perspective de faire chemin seule la réjouissait. Mais ce plaisir n’était plus le besoin viscéral qu’elle ressentait à Mirane. Après tout, elle avait fini par s’accommoder à ce trio inattendu. Passer du temps avec son mari devenait enfin agréable, et il avait fallu pour cela qu’il laisse enfin entrevoir une fine once du visage qu’il cachait sous son masque. Lazare, lui, semblait devenir chaque jour plus irritable qu’il ne l’était déjà la veille. Assurément, il faisait bon de faire ce voyage à cheval.

 

A mesure qu’ils se rapprochaient de la capitale, le repos se fit de plus en plus rare. Maeve appréhendait leur retour, tant elle ne savait pas à quoi s’attendre. Primo était-il encore en vie ? Et Darion… Son cœur se resserrait. Garder espoir. Avant d’avoir de leurs nouvelles, ils allaient devoir affronter Nirien et la Garde Royale. S’ils arrivaient à les prendre par surprise, peut-être s’éviteraient-ils un siège. Odrien, plus proche de son cousin et prompt à la diplomatie qu’elle, semblait persuadé que l’intermède de Cilia permettrait d’établir un dialogue. Mais son épouse, qui ne fondait guère espoir en une belle-sœur qu’elle considérait trop fourbe pour avoir un tel esprit, préférait envisager le pire.

Au loin, les contours du lac promirent une arrivée prochaine, mais le réconfort de cette nouvelle fit brutalement place à l’angoisse. Nirien était-il déjà au courant de leur arrivée ?

Les montures avaient été lâchées à bride abattue le long des berges. La rage aux dents, Maeve galopait parmi les premières lignes. Sur le côté de la route, ils croisèrent une famille. Le père, le dos voûté, portait deux larges besaces. La mère avait dans un bras un enfant, et tirait de l’autre main une fillette qui traînait de la patte. Tous semblaient exténués. Plus loin, un homme à la peau couverte de taches de soleil tractait une brouette dans laquelle était entassé le désordre d’une vie.

Plus ils s’approchaient, plus la route s’emplissait d’âmes errantes qui prenaient la direction opposée à la leur. D’un œil inquiet, la princesse regarda l’horizon, où Mirane prenait forme, avec les pointes du palais qui trônaient au-dessus de la ville.

 

« Pas de gardes… » murmura-t-elle alors qu’ils franchissaient les premiers murs de la ville.

Les chevaux ralentirent sous le joug du mors, et le cortège s’enfonça dans les artères de Mirane. L’odeur cendrée annonçait le présage funeste de l’horreur à venir. Des rues entières, ravagées. Des bâtiments rongés par les affres du feu, des âmes en peine qui erraient sur place, comme des fantômes.

« Nirien… » grinça Odrien.

Qu’elle qu’ait été son implication dans ce désastre, Maeve l’en détestait davantage encore. Aucun quartier ne semblait épargné, même si certains avaient plus souffert que d’autres. Avec leurs édifices aux mansardes boisées, les embrumes avaient été particulièrement dévastées. Maeve avait parcouru des rues entières où seuls les murs tenaient debout. Des rescapés balayaient des monticules de cendres, tandis que d’autres étaient juste avachis, pris de fatigue et anéantis par le désespoir. A côté, le quartier des panœuvres avait été relativement préservé. Seules certaines de ses façades pastel étaient noircies par la suie, et le feu semblait y avoir été maîtrisé à temps.

Plus surprenante encore fut l’arrivée devant la Grande Porte, où les gardes du palais les laissèrent entrer, sans opposer nulle résistance. Quel étrange plan Nirien avait-il en tête ? Maeve avait un mauvais pressentiment. Elle n’attendit même pas l’arrivée de la calèche, avec le reste du convoi. Elle fila directement, avec les premiers soldats arrivés, dans le Pavillon Royal. Elle ne savait pas ce qu’elle y trouverait, mais il fallait bien commencer par là. Et tandis que les fantassins s’assuraient de la sécurité des lieux, Maeve se rendit dans la salle du trône, d’habitude si remplie.

A l’intérieur, une poignée de gardes les accueillit, épées à la main.

« Nous n’avons rien à craindre d’eux, vous pouvez disposer » s’éleva la voix de Darion.

Maeve le fixait, hébétée. Les mots ne sortaient pas. Lui la dévisageait gravement, de la tête aux pieds en s’arrêtant plus particulièrement sur ses jambes. Comptait-il vraiment faire une remarque sur l’étiquette alors qu’ils se retrouvaient à peine ? Et puis, il n’avait rien à lui reprocher. Après tout, c’était lui qui avait écrit ce papier obscène qu’il avait demandé à son frère de remettre à sa propre épouse. Elle aurait voulu des excuses, mais le jeune homme restait coi. L’irruption d’Odrien dans la pièce détournèrent l’attention des noisettes qui s’appliquèrent ensuite à ne plus jamais se poser sue Maeve.

« Que s’est-il passé ici ? Où est Nirien ?

— Nirien a pris la fuite, avant-hier. Et avant de partir, il a mis le feu. Il doit déjà avoir embarqué en direction du Vieux Monde à l’heure qu’il est. Voilà ce qu’il en est, de notre valeureux cousin… »

Le second fils du Roi chuta encore plus bas dans l’échelle de la considération de la jeune femme, qui n’eut pas cru qu’un tel exploit fut possible. Au moins sa lâcheté avait facilité leur retour.

Odrien contait à son frère les détails du sommet quand Cilia débarqua dans la salle du trône. Sous ses cheveux lâches, ses pupilles bleues étaient cernées par le rouge de ses veines.

« Vous ! cria-t-elle en pointant Odrien du doigt.

— Je suis content de vous revoir aussi.

— Il est parti à cause de vous !

— Nirien est le seul responsable de ses actes.

— Que vouliez-vous qu’il fasse, avec votre armée indécente, et votre femme… »

Maeve vit rouge.

« Il n’avait pas l’air d’avoir peur de moi, avant, répondit Maeve sèchement.

— Vous, je ne vous ai rien demandé. »

Une envie soudaine de lui tordre le cou lui caressa irrésistiblement les esprits, mais elle se réfréna. Et même si elle pouvait quitter la pièce à l’instant, elle préférait pour cette fois jouer la machiavélique et assister au spectacle de cette descente aux enfers. Cilia rugissait. Elle tremblait, et semblait malgré tout contenir une douleur plus grande encore.

« Nirien n’a pas jugé utile de prévenir notre chère sœur de son départ, précisa Darion.

— Cessez… étouffa-t-elle.

— Un gentilhomme en tout point » continua-t-il d’une voix teintée d’ironie.

Cilia avait eu beau détourner la tête, son souffle agité trahissait sa détresse. C’était donc cela, d’aimer ? Elle n’avait jamais ressenti une chose aussi forte, à part la perte de sa mère. Celui de Mayha, aussi. Oui, elle avait aimé, mais sûrement pas de cet amour-là.

« Il reviendra. Ou il me fera venir à lui.

— Il n’a pas l’air d’être parti en ayant l’intention d’honorer ses engagements envers vous, remarqua Odrien.

— Que croyez-vous ? Qu’il va dire à la sœur de son adversaire où il se cache ? Ou prendre le risque de se faire retrouver en me faisant venir si vite ? En m’écrivant, même ? Vous n’étiez pas là. Vous étiez trop occupé à ficher ma vie en l’air ! Pendant que notre frère n’a pas cessé de mettre gardes et espions en tous genres à ma botte. Mon propre frère !

— Celui-là même qui a veillé sur nous tous alors que nous étions en danger. Et de cela, je te remercie mon frère, dit Odrien. Ce pays serait bien peu sans toi.

— Le pays… » siffla Darion.

Quelque chose en lui semblait désabusé. Si l’homme n’était pas encore brisé, il se fissurait. Ses joues creusées et sa pâleur témoignaient de son état critique. Il jeta un coup d’œil rapide à Maeve dont elle ne perdit rien, et détourna le regard tout aussitôt.

« Et Primo ?

— Ils l’ont condamné peu après votre départ.

— Il est donc…

— La sentence devait être exécutée lors du prochain tournoi d’honneur, mais celui-ci n’est plus d’actualité… »

Cilia se mordit les lèvres. Avec son teint blafard et ses yeux creusés, même Maeve avait peine à la voir.

« Vous savez qu’il est innocent.

— Il a été condamné.

— C’est absurde ! Vous avez entendu les conclusions de l’expert. Votre père n’aimait pas Primo, ça ne veut pas dire que c’est lui qui l’a tué.

— Les juges n’ont pas été convaincus. Le mobile était fort. »

Dans une déclaration aux Dennois, Nirien avait annoncé qu’Odrien était le fils du vieux maître, et que celui-ci aurait assassiné le Régent pour assurer le pouvoir à son fils. Il aurait même ébruité que leur fuite précipitée en était l’illustration parfaite. Qu’une fois la supercherie débusquée, Odrien aurait préféré partir que de subir les conséquences de son imposture. Dans son coin, Cilia se broyait les poings.

« Odrien, accordez-lui la grâce, je vous en conjure » supplia Maeve.

Celui-ci s’en remit à son frère, qui demeurait stoïque.

« Pensez à l’image que vous enverriez à votre peuple » insista-t-elle.

Il la considéra un long moment. Ses yeux avaient beau l’observer, elle voyait bien que ses esprits divaguaient.

« Je ne pense pas qu’il faille faire quoi que ce soit encore. Mais s’il a bel et bien tué Père, il sera exécuté. »

Maeve en avait trop entendu pour aujourd’hui. La fuite de Nirien avait rabattu de nombreuses cartes mais n’avait pas suffi à lever tout soupçon sur Primo. Elle prit congé du clan Fanese pour sortir du Pavillon Royal et retrouver ses quartiers. Dehors, une pluie diluvienne s’abattait sur le parvis, portant à ses narines une odeur terreuse.

« Son Altesse me consentirait-elle l’honneur de se laisser accompagner abritée ? » proposa un laquais.

Un large couvre-têtes dans les bras, il était posté devant l’immense porte, noircie par les flammes. D’en bas, Maeve avait l’impression que les murs du Pavillon s’élevaient à une hauteur vertigineuse. Des gouttes lui tombaient sur le visage, et la forcèrent à fermer les yeux.

« Prêtez-moi votre couvre-têtes, je vous prie. »

Le bras déjà tendu vers l’objet convoité, elle ne laissa que peu de temps au valet pour s’exécuter. Dès qu’elle l’eut en mains, elle déploya les quatre taquets de bois qui étendirent la toile autour du manche, qu’elle arma en l’air avant de s’élancer en courant.

Le vent était si fort que la pluie la trempait tout autant. A la première rafale, le manche tenta de lui échapper. La toile prise au vent obstruait son chemin. Elle luttait pour avancer, et regrettait de s’être encombrée de cette futilité qui ne la couvrait pas davantage. Elle lâcha alors le manche du couvre-tête qui partit virevolter en direction du Pavillon Royal, et s’élança à grandes enjambées jusqu’aux portes de la Cité Inviolable.

L’eau ruisselait le long de son corps tel un torrent dans son lit. Bientôt, elle serait au sec, de retour dans ses quartiers, enfin. Il ne restait plus qu’à tourner ici, à traverser ce jardin…

Calciné. Ravagé. Détruit. Son pavillon n’avait pas été épargné par l’incendie. Et le palais qui aurait été soi-disant sauvé à temps des flammes par les valeureux mages de la cour… C’était sans compter l’intention délibérée du cousin de pulvériser ses quartiers. Si elle n’avait jamais douté du caractère intentionnel de cet incendie, elle vivait cet affront comme une insulte à sa personne. Cet homme venait de lui montrer une nouvelle fois à quel point il avait le goût des vengeances basses. Quel mage minable, s’agaçait-elle. Elle n’avait rien laissé dedans à quoi elle pouvait tenir, elle n’avait jamais apprécié sa vie ici, et pourtant, elle se sentait si orpheline.

« Maeve ! » cria la voix étouffée de Darion.

Les mèches de ses cheveux ruisselaient à grosses gouttes. Il s’essuya le visage d’un coup de manche, en vain.

« Venez vous abriter ! »

Quelle évidence. Était-ce tout ce qu’il avait trouvé à dire après l’avoir soigneusement évitée tout à l’heure ? « Il pleut » ? Pas même, « pardon, je n’ai pas pu protéger votre pavillon », ou encore « pardon, je n’aurais pas dû vous envoyer cette lettre ? » Mais les cogitations de son esprit furent tues par la nécessité du moment. Elle le remercia d’un sourire froid et le suivit. Il pressait le pas, l’obligeant à accélérer encore davantage. Comment pouvait-il courir si rapidement ? Ou était-ce elle, qui avait tant perdu depuis qu’elle ne faisait plus d’exercice intensif ? Darion s’arrêta enfin devant un pavillon et s’abrita sous le portique.

« Je n’ai pas eu le temps de vous le dire… Pour votre pavillon. Vous vivrez ici, désormais.

— Je vois que vous aimez toujours autant décider d’où je dois aller.

— Vous préférez vos anciens quartiers peut-être ?

— Non » grimaça-t-elle.

Maeve regarda de nouveau la tempête qui s’abattait à quelques pas d’elle. L’homme, lui, ne disait rien.

« Je vous remercie donc pour ce… De m’avoir montré mon nouveau pavillon » commença Maeve en reculant de quelques pas.

Les yeux rivés sur le sol, Darion ne bougeait pas. La jeune fille se dirigea vers la porte, et porta la main à la poignée.

« Je ne… La dernière fois… » balbutiait-il.

Son souffle saccadé, ses mains qui gesticulaient trahissaient une gêne que Maeve n’avait pas l’habitude de lui connaître.

« Ce n’est pas la lettre que j’avais prévu de vous envoyer. »

Elle repensa au courrier, à ces mots laconiques qui l’avaient plongée dans un malaise stupéfait. Lui guettait sa réaction du coin de l’œil.

« Je ferai comme si ce n’était jamais arrivé. »

Ses cils épais d’humidité tremblaient. Son souffle battait la chamade et sembla durer l’éternité.

« Je vous en remercie. »

Maeve referma la porte sur le visage torturé du malheureux éconduit. Elle avait le cœur serré. Pourquoi ressentait-elle cela ? Et, sans réfléchir davantage, elle ouvrit la porte de nouveau. Darion était toujours là, comme s’il était resté pétrifié devant l’entrée tout ce temps. Ses yeux remontèrent jusqu’à ceux de la princesse qui semblait tout aussi étonnée que lui de ce qu’elle venait de faire. Il la fixait. Il attendait qu’elle parle. Il était suspendu à son souffle.

« Que pensez-vous des rumeurs, au sujet d’Odrien et de Primo ? »

Les yeux baissés, il se mordit les lèvres, avant de lâcher d’un ton monocorde :

« Elles expliqueraient beaucoup de choses.

—Vous les croyez donc vraies ? »

Elle n’avait pas osé aborder le sujet avec son époux. Toutes les fois où il avait évoqué Orman Fanese depuis le procès, il n’avait cessé de l’appeler père, et elle n’avait jamais décelé dans son regard la moindre inflexion. Ces yeux azur, pourtant si semblables à ceux de Primo. Les mêmes que ceux de sa sœur.

« Il importe peu qu’elles le soient.

— Vous pourriez être Régent.

— Si la filiation d’Odrien est remise en cause, toute la lignée de mon père sera écartée. »

L’idée que Nirien puisse revenir à Mirane par la grande porte lui était insupportable. Avait-il déjà prévu ces rumeurs lorsqu’il projetait d’assassiner son oncle ? Quoi qu’il en soit, elles faisaient son affaire.

« Mais si elles étaient vraies, cela ne vous pose pas de problème, à vous ? »

Elle ne pouvait croire que Darion ne se soit pas posé la question également. Lui qui était si différent de son frère et de sa sœur. Avec sa méfiance et sa perspicacité habituelles, elle ne serait pas étonnée d’apprendre qu’il aurait soumis Primo à un interrogatoire musclé à ce sujet.

« Je ne veux pas le pouvoir, si c’est ce que vous pensez.

— Vous avez du pouvoir. Vous êtes Ministre des Sûretés. Il y a deux lunes encore, vous aviez bien plus de pouvoir qu’Odrien.

— Que mon frère n’ait eu cure des affaires du pays jusqu’à ce qu’elles croulent sur ses épaules ne veut pas dire que ceux qui s’en préoccupaient avant cherchent le pouvoir. »

Il ne la regardait même plus. Quand elle referma la porte, la jeune fille se figea, incapable de quitter ce vestibule en sachant qu’il était encore de l’autre côté. Les gouttes dégoulinaient le long de ses vêtements et perlaient au sol. Toute cette pluie. Et Darion, qu’elle avait laissé dehors… Mais lorsqu’elle ouvrit, seule l’averse rageait et embuait les alentours. Il n’était plus là.

 

Les ravages causés par Nirien accaparaient ville et palais, qui travaillaient main dans la main à la reconstruction rapide des bâtiments. Ni leurs efforts, ni la cérémonie organisée devant les grandes murailles en hommage aux victimes de l’incendie n’effacèrent ce lourd traumatisme des mémoires. Beaucoup d’habitants avaient tout perdu, ce qui ne donnait en rien envie à Odrien d’affirmer sa place à la tête de ce paysage de désolation. Attendre la fin des commémorations « par respect pour le peuple » comme il aimait à le justifier paraissait plutôt l’arranger. Et même s’il incarnait, dans la salle d’audience comme lors de ses prises de position publique, la figure d’Etat, il n’était pas pressé d’officialiser son nouveau statut, ni même de décider quel serait son futur titre. A présent que la Dennes Occidentale avait déclaré son indépendance vis-à-vis des Pays de Dennes, plusieurs symboles d’Etat n’avaient plus leur place, à commencer par la position de Régent. Darion l’encourageait même à réfléchir à un nouveau nom pour son pays afin d’en ôter toute allusion à leur ancienne allégeance, mais son frère n’avait pas d’idée à ce sujet et ne faisait que consulter les autres pour se faire un avis. Odrien sollicitait de plus en plus l’opinion de son épouse, qui lui conseilla de commencer par changer des choses simples. La huitaine suivante, la place Ferinan fut ainsi renommée place de l’Indépendance, et le prince tint là une nouvelle occasion d’organiser une cérémonie qui repoussait l’échéance des questions plus grandes. Jour après jour, Mirane se reconstruisait, et de nouvelles pierres s’ajoutaient à cet édifice déjà marqué par l’Histoire.

Mais ce fut un autre changement qui attira la curiosité des courtisans restés au palais. Le rapprochement de leur prince et de son épouse, qui étaient vus régulièrement en train de se promener ensemble, n’avait pas manqué de leur échapper, et d’autant pensaient que leur fuite avait enfin précipité la passion qui tardait à venir. Maeve ne pensait pas moins de ces théories absurdes et se gardait bien de les commenter. Cette nouvelle complicité n’était pourtant pas pour lui déplaire. Même lorsqu’elle croisa Odrien en compagnie d’Asha Cassiope, la fille de l’ambassadeur brêmois, elle fut heureuse de constater que la présence de cette femme aux côtés de son époux ne lui provoquait plus la détresse des lunes passées. Elle la découvrit d’un œil nouveau, point alarmé par une jalousie qui n’avait pas lieu d’être. Sous tout abord, cette femme prévenante avait l’air charmante, avec son visage doux et ses fossettes ridées par le sourire. Chose incroyable, nota-t-elle, comment l’opinion sur une personne pouvait changer si extrêmement après s’être rencontrés.

Mais les jours paisibles de la reconstruction de Mirane ne devaient pas durer, et bientôt, Odrien convoquait en urgence son épouse dans le Petit Salon. Le caractère pressant de la demande, quand ils pouvaient se voir à loisir plus tard pour leur promenade, n’augurait rien de bon. Dans la salle confidentielle aux murs pastel, c’était un Odrien désemparé qu’elle avait trouvé, recroquevillé sur le bord d’une banquette.

« La Couronne nous déclare la guerre » lui avait annoncé Odrien.

Maeve se souvenait de l’effet que ce mot avait provoqué en elle, dans la bouche de son grand-père. Cette fois, il était plus glaçant encore. La guerre menaçait de faire rage sur leur front, et elle ne savait pas comment le pays pourrait y faire face. Elle interrogea Odrien sur les forces en présence, mais celui-ci n’y apporta que d’évasives réponses. Quelques familles avaient renouvelé leur allégeance au prince depuis leur retour, mais cette nouvelle n'avait rien de rassurant. Outre ceux qui avaient, comme Nirien, préféré regagner le Vieux Monde suite à l’annonce de la déclaration d’indépendance, Maeve percevait dans les paroles approximatives de son époux les prémices d’une désorganisation militaire de grande ampleur. Même le Grand Commandant débutait à peine, et venait d’être propulsé à la tête des armées suite à la désertion de son prédécesseur.

« Il faut prévenir le Norlande.

— Si je devais demander des renforts, je me tournerais plutôt vers les pays de l’Entente.

— L’armée du Norlande est bien plus puissante que n’importe quelle autre légion du Nouveau Continent.

— Mais le Gouverneur a refusé de se joindre à notre alliance.

— Il a envoyé des troupes pour nous escorter jusqu’à Mirane ! Il nous aidera.

— Brême et l’Argonie soutiennent l’indépendance de nos peuples, ce sont eux nos alliés.

— Nous n’avons qu’à espérer qu’ils répondent également à l’appel, alors. Je m’en vais écrire à mon grand-père. »

Si Odrien grimaçait, il n’osait pas lui tenir tête davantage. De son côté, Maeve ne lui en laissait pas la place. Après tout, il était question de guerre, et si le prince était si prompt à se faire conseiller sur la moindre question, il devrait accepter ses conseils sur le plan militaire.

« J’accompagnerai les troupes » conclut-elle.

Au visage estomaqué de son époux, elle répondit d’une voix ferme.

« Les rois de Bodhur ont toujours pris part aux batailles aux côtés de leurs armées.

— Je ne suis pas enclin à l’idée de vous savoir sur un champ de bataille.

— J’ai été entraînée pour me battre pendant presque huit ans. Ma place est autant sur ce champ de bataille qu’elle n’est dans ce palais. »

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Morgane64
Posté le 26/02/2021
Bravo ton monde se développe et tu nous emmènes. Tes descriptions sont vraiment travaillées, on s'y voit.
Tu devrais continuer en stimulant encore plus les sens du lecteur. Par exemple, quel goût a cette potion ? Quel effet cela fait à Maeve de l'avaler ? c'est comme du sirop, c'est plus comme de l'eau ?
Voilà mes réflexions. Je poursuis !
Hylla
Posté le 10/01/2022
Salut !! Avec beaucoup de retard mais merci :) j'avais bien pris ton commentaire en compte lors de la réécriture, même si je pense que je pourrais pousser ça plus loin encore, ici comme ailleurs.

Bien à toi :)
Pluma Atramenta
Posté le 09/01/2021
Coucou Hylla !

Oui, je prends le temps de savourer ma lecture, hein ? ^^ Ton univers me parait décidément intriguant, avec ces drôles de fioles, ces somptuosités (inspirations du 18ème siècle ?) et ces combats de magie. Tant mieux, j'aime beaucoup les mondes enchantés ;) Je dois aussi dire que la qualité de ton texte est définitivement très enthousiasmante et prometteuse ; contrairement à moi par exemple, tu n'as pas la fâcheuse tendance à en mettre trop. C'est léger, agréable. Et dans la Relecture Finale, il te serait donc très facile d'ajouter les détails manquants, les descriptions d'ambiance aussi (je note là ce qui pose parfois problème selon mon avis) au lieu de trancher dans le gras à cause d'un trop-plein...
Oui, je pense aussi que les réflexions de ton personnage ne sont pas assez approfondies. Tu fais bien penser et cogiter Maeve - c'est sûr - mais pas au "point qui fait que". (c'est moi où je ne suis pas DU TOUT claire ? XD) Parfois, ce serait bien si elle repensait à sa vie d'avant, éprouvant de la nostalgie où je-ne-sais-quoi-d'autre.
Odrien également forme un bel exemple. On ne connait les réflexions de Maeve qu'en surface, en quelque sorte. Lorsqu'il lui adresse la parole sans raison particulière, comme dans le chapitre précédent, que pense-t-elle réellement ? Et lui ? A quoi ressemble-t-il réellement ?
Etant un peu restée sur ma faim côté "descriptions-Odrien" lors de la cérémonie de mariage, j'ai pensé que tu allais en faire un détaillé progressif... mais non. Et je trouve toujours ce personnage assez fantomatique dans le récit, lui qui pourtant, promettait énormément au début. Tu ne comptes donc pas nous faire une relation Ophélie-Thorn ? Sniiiif... XD
Ce qui lui manque surtout, à mon avis, c'est une voix. Je ne sais pas, ça peut faire beaucoup, une voix. En analysant ton texte, pour tout dire, c'est la première idée qui m'est venue. Pour une raison que j'ignore, je vois bien ce personnage avec un timbre particulier.
Peut-être n'est-ce que moi, en fait. J'ai sûrement commencé ce livre en me mettant dans le crâne qu'il y aurait de la romance, et ceci sans raison. Si c'est le cas, mes plus plates excuses alors x) Je ne t'embêterais plus.
Bon, je t'énerve : D'ACCORD.

Quelques remarques positives en vrac ^^ :

- Le père d'Odrien m'intrigue beaucoup, avec son tigre. Lorsqu'il a demandé à son valet d'apporter un fouet, je t'assure, j'ai ressenti un frisson !

- Le prénom "Kipoutt" m'a fait sourire. C'est vraiment adorable ! Où donc as-tu trouvé cela ?

- C'est fluide, c'est fluide, c'es cent fois fluide ! <3

- Et si intrigant, aussi. Hâte, vraiment hâte, de bondir sur la suite !

Que les étoiles pleurent sur toi leurs flots d'inspirations !
Pluma.
Hylla
Posté le 09/01/2021
Salut Pluma ! Un grand merci pour ce commentaire, pour tous les autres, c'est si précieux les retours comme les tiens, merci merci merci <3

En effet tu as vu très juste... je suis l'inverse des descriptions qui s'étendent sur des pages ! Pourtant j'aimerais y arriver... Mais je pense que j'écris comme je parle et je vis : à toute allure, mais il faut que j'apprenne à respirer. Et non, je n'irai pas tailler dans le gras ces chapitres déjà bien maigrichons ! Ahahahaha

De façon générale, je pense que plus j'ai avancé, plus j'ai trouvé un meilleur équilibre... Tout est perfectible, mais je pense qu'à partir du chapitre 14 le rythme général est meilleur, et que j'ai davantage pris le temps de faire vivre mon univers. Le gros chantier en réécriture sera donc, comme tu l'as dit, d'insuffler à ces chapitres dont la trame est en place la magie du détail qui rendra le tout plus enchantant.

Quant à Odrien... En effet, je ne vais pas mentir, j'ai tellement réfléchi à comment je devais introduire mes personnages, les scènes etc. que j'ai totalement délaissé leur description. Ca ne me venait pas... pourtant c'était bien là, dans ma tête, mais sûrement que ces premiers chapitres, le naturel de l'écriture était moins présent. Et comme la place de sa description est en effet bien au moment de la rencontre et du mariage, plutôt que de l'introduire a posteriori, je pense que je retravaillerai ça énormément sur les chapitres 4 à 7-8.

C'est intéressant ce que tu dis sur le timbre de voix. Je vais y réfléchir ! Et Odrien est un personnage qui m'est moins aisé à écrire que le reste de sa famille. Ca doit forcément influer sur "comment" je l'écris. Et puis... je pêche en dialogues. Ils doivent être améliorés, de façon générale. Mais pour sûr je prendrai ta remarque très au sérieux pour les scènes où Odrien est là !

J'ai adoré tes remarques de fin. Il me tarde que tu connaisses la suite ;) quant à Kipoutt, ça m'est venu comme une illumination et j'ai en suivant su que c'était Le Nom !! Et petit cadeau, une photo de Kipoutt :

https://image.jimcdn.com/app/cms/image/transf/dimension=740x10000:format=jpg/path/s5dde8bff85c81b2f/image/ibfea840399b3e4f0/version/1546774965/fiche-animaux-tarsier-mammiferes-philipines.jpg


Emmy Plume
Posté le 28/12/2020
Coucou Hylla !

Voilà un chapitre comme je les aimes! une visite attendue et assez tranquille d'un atelier très attrayant et haut en couleur, et un peu de world building pour saupoudrer le tout. Vraiment agréable! J'ai bien aimé ta manière de décrire ces paysages, les maisons flottantes et surtout la potion avec des paillettes dorés, qui décante manifestement très vite! ^^

Je n'ai repéré qu'une potentielle coquille : tu parles de la "majestuosité des collines", et je crois qu'il serait plus approprié de parler de la "majesté des collines" ;)

Sinon j'ai bien aimé le commentaire que se fait Maeve sur l’oisiveté des Dennois, parce qu'en plus d'être drôle, il nous procure une cohérence avec ton premier chapitre, où elle se rend à pied partout, et le simple fait de monter à cheval pour retourner à la Citadelle la perturbe ;) J'aime cette attention au détaille, qui rend son personnage crédible en plus de la démarquer du reste des Dennois.

Voilà, voilà, en espérant que mon commentaire t'aidera
j'ai hâte de lire la suite ^^

Emmy
Hylla
Posté le 29/12/2020
Merci Emmy ! Ravie que ce chapitre fasse ton office ! J'ai essayé de vous immerger au mieux dans tout ce bordel, j'ai beaucoup d'affection pour ce chapitre alors ça a peut-être été plus simple à écrire que d'autres précédents.

Merci pour tout ;)
MariKy
Posté le 27/12/2020
Décidément, j'adore le système de magie :) J'aime beaucoup le principe de ces potions qui transforment le Nimbe, et du lien que cela crée entre les fabricants de potion et les mages : les premiers créent pour les seconds, et chacun d'eux a besoin de l'autre. J'imagine qu'on n'en a pas fini avec Primo !
Tu dépeins un paysage magnifique dans ce chapitre, un vrai tableau en couleurs avec cette cabane abandonnée au milieu d'une étendue d'eau, et cette végétation luxuriante. J'aime beaucoup :)
Le seul bémol serait le passage sur les indigènes, qui arrive brusquement : je n'ai pas l'impression (mais ma mémoire me fait peut-être défaut) que tu en aies parlé dans les chapitres précédents. Est-ce qu'ils occupaient les terres avant les Dennois ou est-ce que les Dennois ont conquis leur territoire ? Ce n'est pas forcément très clair. Je ne me souvenais plus non plus qui était Naouri, il a fallu que je revienne en arrière pour vérifier : peut-être peux-tu glisser un mot sur son origine dans un chapitre précédent ?
Hylla
Posté le 27/12/2020
Ravie de voir que tu aimes le système de magie ! Au début ça me semblait un peu dur à retranscrire mais j'arrive à être plus à l'aise maintenant. Je trouvais ça intéressant en effet, cette dualité entre maîtres et mages, ça m'a permis de bien plus détailler mon monde de ne pas considérer que la magie est le fait d'une seule catégorie de personnes !

Quant à la question des indigènes... Je vois totalement le problème. En fait, pour être honnête, quand je l'ai écrit, j'ai regretté de ne pas avoir soulevé ces points avant. Car si pour moi ces choses sont très logiques dans ma tête, je n'ai en réalité pas du tout assez amené ça en amont. J'ai pris le parti d'écrire quand même ainsi là, en considérant que dans une version ultérieure, les chapitres précédents seront repris en fonction... Mais j'ai conscience que cela laisse un flou regrettable.

En réalité, ce Nouveau Continent n'est le théâtre des Dennois, Norlandais, etc. que depuis une vingtaine d'années, lorsque ces terres ont été découvertes. Il y avait donc des peuples déjà présents avant. Naouri, au même titre que Kasper, en font partie sans pour autant venir des mêmes peuples indigènes (oui j'ai conscience de perdre tout le monde là ET d'avoir totalement omis ça)

Naouri est bel et bien une esclave, seulement, Maeve rechigne à l'appeler ainsi. D'ailleurs, en t'écrivant, je me demande même si pendant longtemps, elle ne croirait pas qu'il s'agit d'une domestique et non esclave, dans la mesure où dans le Norlande, l'esclavage n'existe pas.

Enfin comme tu le soulèves très bien, je dois bien reprendre tout ça. Et pour l'histoire des noms aussi, je devrais davantage les marteler. Mon copain aussi m'a dit que pour certains personnages très secondaires, il n'avait plus la fichtre idée de qui c'était !

Merci pour tes retours :) Ils m'aideront beaucoup pour reprendre tout ça
Sinead
Posté le 16/11/2020
Bonjour,

Ce chapitre est vraiment sympa, comme une douce pause dans le récit, on a envie de se poser avec eux et ne plus repartir :)
J'aime beaucoup la façon dont tu décris le Nimbe qui prend forme sur l'eau, comme quelque chose de gracieux.
Hylla
Posté le 16/11/2020
Merci Sinead pour ta lecture fidèle :) j'avais ce chapitre en tête depuis si longtemps... j'ai pris du temps à trouver "comment l'aborder" pour le rendre vivant. Heureuse de voir qu'il t'a mis assez confortable pour que toi aussi tu préfères rester dans cette maison en ruines ! Hihihi
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