Lysandra se réveilla en sueurs, ses cheveux blonds collés partout sur son visage. Elle s’était assoupie quelques instants près de la chaleur du feu mais son cauchemar la glaçait encore. Elle s’était vue au milieu de la place du village, cernée par les flammes et par les villageois qui hurlaient et couraient dans tous les sens. Des ombres se déplaçaient sur les maisons et des créatures aux crocs acérés tuaient et saccageaient tout sur leur passage. Elle frissonna encore à cette pensée. Son cauchemar lui avait paru tellement réel.
Toujours allongée près du feu déclinant, elle respira profondément et s’autorisa à jeter un coup d’œil autour d’elle. Ses cousins étaient endormis et le seul bruit qui brisait le silence de la nuit étaient les ronflements de Caleb. Un mouvement sur sa droite l’interpella. Elle vit Cléo se lever et regarder par la petite lucarne de la pièce. Sa cousine resta quelques instants à fixer un point à l’extérieur puis, lentement, elle sortit de la pièce et se dirigea vers l’extérieur. Lysandra eut un mauvais pressentiment, c’était de cette façon que son cauchemar avait commencé.
Elle hésita. Ses doigts se crispèrent sur la couverture, son cœur battait plus vite, comme s’il voulait la prévenir. Devait-elle réveiller les autres ? Leur dire que Cléo s’éclipsait en pleine nuit ? Mais la respiration régulière de ses cousins la cloua sur place. Et si elle se faisait des idées ? Si son cauchemar avait seulement brouillé sa raison ? Elle se mordit la lèvre. Non, quelque chose n’allait pas. Cléo n’était pas du genre à flâner pour le plaisir, encore moins à cette heure.
Lysandra se redressa doucement, veillant à ne pas faire grincer le plancher sous ses pieds nus. Elle glissa un dernier regard vers le foyer où la braise rougeoyait faiblement, puis vers la porte que Cléo venait de franchir. Le silence du logis était trompeur, presque oppressant. Chaque seconde qui passait renforçait le mauvais pressentiment qui lui nouait la gorge.
La jeune femme prit une inspiration tremblante. Ses jambes refusaient d’obéir, pourtant elle finit par se lever, frissonnant au contact du sol froid sous ses pieds. La poignée de la porte était encore tiède, preuve que Cléo venait tout juste de passer. Elle l’ouvrit à son tour. Un souffle glacé s’engouffra dans la pièce et fit vaciller les flammes du foyer. Dehors, la ruelle baignait dans une obscurité étrange, où la lune dessinait des silhouettes inquiétantes sur les murs de torchis.
Plus loin, Lysandra aperçut la silhouette de Cléo. Sa cousine marchait vite, tête basse, ses cheveux sombres dissimulés sous une capuche improvisée. Elle se glissait d’une ruelle à l’autre avec une assurance qui la surprit. Comme si elle suivait une piste invisible.
— Cléo…? murmura-t-elle, mais sa voix se perdit dans le silence.
Mais sa cousine ne se retourna pas.
Un froid sournois s’infiltra dans son dos. Tout lui rappelait son rêve : les rues désertes, le silence, cette impression que les murs eux-mêmes retenaient leur souffle. Lysandra hésita encore, son instinct hurlant de revenir en arrière, mais ses jambes se mirent en mouvement d’elles-mêmes.
Elle la suivit, ses pas résonnant trop fort à son goût sur les pavés. Plusieurs fois, elle crut voir des ombres se mouvoir à la lisière de son regard, entre deux bâtisses. Des mouvements trop rapides, trop furtifs pour appartenir au vent. Son cœur battait si fort qu’elle en avait mal à la poitrine.
Cléo venait de disparaître au détour d’une ruelle étroite, avalée par l’obscurité.
Les pavés, humides sous ses pieds, reflétaient la faible lumière de la lune. Chaque ombre semblait se tordre, se rapprocher. Elle sentit une peur glaciale la parcourir, le même vertige que dans son cauchemar.
— Ce n’est pas possible… murmura-t-elle, comme pour se convaincre qu’elle avait juste perdu sa cousine de vue.
Lysandra sentit ses entrailles se tordre. Parce qu’au-dessus des toits, tout au bout de la rue, une ombre s’était détachée du ciel. Une ombre mouvante, qui ne ressemblait à rien d’humain. Son cœur se mit à cogner si fort qu’elle crut qu’il allait réveiller tout le village. Était-ce un jeu de la lune ? Le mouvement d’une branche ? Elle voulait le croire. Mais une seconde forme se détacha, fluide, mouvante, comme un pan de nuit qui rampait le long du mur.
Elle ouvrit la bouche, prête à appeler ses cousins, mais aucun son n’en sortit. Sa gorge était sèche, sa voix étranglée par la peur. Et si elle se trompait ? Et si elle les tirait du lit pour rien ? Elle n’arrivait plus à démêler ce qui appartenait au cauchemar et ce qui se déroulait devant ses yeux.
Puis un cri jaillit, déchirant le silence. Pas celui d’un monstre — un cri humain, arraché à la gorge d’un villageois. Cette fois, Lysandra sut qu’elle ne rêvait pas.
Le cri s’était étouffé dans la nuit, avalé par l’écho des ruelles désertes. Ses yeux cherchaient désespérément Cléo, mais sa cousine avait disparu dans l’obscurité.
Un nouveau bruit résonna — un fracas de bois brisé, suivi d’un hurlement animal qui n’avait rien d’humain. La peur l’écrasa, la paralysant sur place.
— Cléo… où es-tu ? souffla-t-elle, mais seul le vent lui répondit.
Elle fit un pas en arrière, puis un autre, le cœur prêt à exploser. L’instinct lui hurlait de fuir, d’alerter les autres, mais une part d’elle refusait de laisser Cléo seule face à ces ombres. Ses jambes tremblaient, son souffle se bloquait dans sa gorge, quand soudain une silhouette passa au croisement de la ruelle — trop rapide pour qu’elle puisse la reconnaître.
Elle ouvrit la bouche, prête à crier, mais avant qu’un son n’en sorte, l’obscurité autour d’elle sembla se mettre en mouvement.
Mais que fait Cléo ? Encore un mystère.
Et Lysandra qui a des visions du futur. Elle a les yeux verts et les cheveux blonds. C'est la soeur jumelle d'Aelia ? AHA :')
Sinon ce chapitre apporte vraiment quelque chose. Court, tendu, mystérieux.
Rien à dire pour la forme :) Hâte de voir la suite.
A plus ! ^^
Effectivement maintenant que tu le dis il y a une forte ressemblance avec Aelia haha (promis je ne l'ai pas fait exprès :))
En tout cas merci encore de lire tous mes chapitres, ça me touche !
Avec plaisir, l'histoire me plait, donc je continue :)
A plus !