Encore quelques mois à tenir. Elle semble aller mieux à présent. C’était pourtant pas gagné. L’équipe soignante s’est dans un premier temps farouchement opposé à notre stratégie. Ils ont essayé de faire culpabiliser Casanova pour qu’il renonce, « vous vous rendez pas compte ! Elle va craquer et on va la perdre définitivement. », « Vous jouez avec le feu et on ne joue pas avec la vie des gens » Il y en a même un qui m’a fusillé du regard « Vous valez pas mieux que celui que vous essayé de coffrer ! C’est pas juste un dossier, c’est une personne bordel ! ». Comme si je le savais pas connard ! On leur a pas dit. Ils croient que seul Casanova est de sa famille et à part Doug personne n’est au courant des liens qui nous unissent. J’ai bien failli perdre mon sang froid et lui en foutre une. C’est Doug qui m’a empêché de faire une connerie. On m’aurait retiré l’affaire et ça c’était pas inenvisageable. Doug a prit le relais et est parvenu à apaiser un peu les choses. Je les ais laissé parler leur langue devant le regard absent de Casanova. Il dormait presque plus à cette époque là, on aurait dit un zombie... Doug c’est notre psy. C’est un bon professionnel et on peut toujours compter sur lui. Je bosse avec lui depuis des années et je sais, contrairement à ce qu’ils ont pu dire, qu’il garde toujours à cœur le bien être de la personne, ou du Sujet. J'ai jamais compris la différence malgré les multiples fois où il a essayé de m'expliquer. Casanova se foutait bien de ma gueule. « Tu devrais lâcher l’affaire Doug », qu’il disait, « ce type a pas le cerveau câblé pour comprendre un seul mot de ce que tu dis. C’est beaucoup trop abstrait. » Putain ce qu’il me manque... Je tire sur ma clope en repensant au bon vieux temps. J’adore ce goût et cette légère brûlure dans ma gorge. J'entends encore Julia me dire « Hey le vieux, on t'a jamais dit que fumer tue?! En plus ça pue ta merde... » Rien que pour l'emmerder je lui soufflait ma fumée sous le nez. Je sais, c'est puéril mais, j'ai jamais su me comporter de façon très mature. Je me marre en repensant à ce souvenir et à la tigresse qui ne manquait pas de m'incendier pour protéger sa copine. Mon rire se meurt dans ma gorge. La tristesse et la colère se bataillant la scène de mes pensées. Je me reconcentre sur le travail et regarde le rapport de Doug: Il semble satisfait de la tournure des événements. Bien qu'elle reste fragile, la stratégie semble porter ses fruits. J’avoue que je suis admiratif ! Voir tout le chemin qu’elle a parcouru… Personne ne pourrait soupçonner ce qu’elle a traversé en la voyant aujourd’hui.
Aujourd’hui, je dois faire un point avec elle. Je reste discret. On communique par téléphone seulement. Je veux pas tout foutre en l’air en prenant le risque d’être suivi en allant lui rendre visite. Il est hors de question que je la mette en danger. Il ne s’en remettrait pas et je ne m’en remettrais pas. Elle est pour ainsi dire de ma famille. J’essaie de rationaliser mes craintes et rester objectif: s’il était au courant, il serait déjà passé à l’action. Cela ne peut signifier qu'une seule chose, le plan fonctionne. Je dois m'accrocher à cette penser, le plan fonctionne et on va finir par mettre cette enflure hors d'état de nuire pour de bon.
Plus que quelques mois à tenir, il me tarde que tout ça soit derrière nous.… Il me tarde de pouvoir enfin respirer à nouveau. J'ai l'impression d'être en apnée constamment depuis ce jour. Mais quand bien même, rien ne sera jamais plus comme avant...
Je m'allume une nouvelle clope sur laquelle je tire comme un toxico en manque. J'ai parfois le sentiment qu'en crachant cette fumée, je pourrais repousser tous ses souvenirs et toutes ses émotions qui menacent de m'engloutir moi aussi. Putain de vie de merde!!! Je regarde la photo de Julia une dernière fois puis je prends mon courage à deux mains pour appeler la reine des chieuses.
Elle prend son temps pour répondre. Je ne m'inquiète plus à présent, je sais qu'elle cherche juste un coin discret pour parler librement.
Ce chapitre est riche en émotion même si l'on n'est pas vraiment sûr de ce qui se passe, mais j'aime bien ! Je vais lire la suite ! (Je suis devenue accro à ton histoire au secours)
Promis j'avance ce weekend, tu vas finir par rattraper la totalité à ce rythme là 😁. Après c'est flatteur, je me réjouie de voir que cette histoire te plaît toujours autant.
À très vite