Chapitre 12

Par Maëlys

La musique qui bat dans mes oreilles. Les corps fous qui s’entremêlent et se séparent. Les ombres projetées par les lumières colorées. La chaleur humaine. Le sourire de Lisa qui passe devant mes yeux à toute vitesse. Les gens qui chantent, qui crient, qui hurlent. Et moi qui danse. Qui danse, jusqu’à en perdre haleine. La sueur qui s’immisce sur mon corps au rythme de mes mouvements se font rapides. Et la musique. La musique toujours, la musique qui recouvre tout.

Lisa s’approche de moi, crie quelque chose, que je ne comprends pas. J’acquiesce malgré tout. Elle saisit ma main, et me tire jusqu’à ce que l’on soit sortis. Dès que la porte se referme, le monde de la nuit disparaît. Plus de boîte de nuit, plus de musique, plus de danseurs. Il fait presque jour, et on n’entend pas un bruit dans la rue. On s’adosse contre un lampadaire qui éclaire faiblement le sol. Lisa sort un paquet de cigarettes de sa poche, m’en tend une. On fume en silence, en regardant le soleil qui se lève là-bas, au loin. La rue est déserte, silencieuse. Seul le sifflement du vent frais parvient à nos oreilles.  Lisa finit par jeter sa cigarette au sol, l’écrase avec son talon aiguille et me sourit.

- On rentre ?

- Ouais.

 

A peine ai-je ouvert la porte que Lisa déboule dans l’appartement avant de se jeter dans le canapé.

- Bonne nuit !

- Ce sera le jour dans quelques minutes.

- Pour cette fois, je décide que le jour devient la nuit.

Je souris et je m’assois au bout du canapé, comme je le fais toujours. Lisa porte sa robe de soirée noire à sequins et ses escarpins hauts. Son fard à paupières bleu s’est éparpillé autour de ses yeux.

- On dirait une couverture de magazine.

- Moi ?

Elle a un rictus.

-T’y connais rien.

- Attends.

Je me lève et vais chercher mon appareil photo.

- Tu vas voir je suis un vrai professionnel !

Je m’accroupis devant le canapé et appuie sur le déclencheur. Le flash fait sursauter Lisa qui protège ses yeux avec sa main. Je regarde la photo et laisse échapper un petit rire.

- Non, non, attends ! s’exclame Lisa. On en refait ! J’ai pas eu le temps de bien me préparer.

Je me remets en place tandis que Lisa passe rapidement la main dans ses cheveux. Elle s’humecte les lèvres et me sourit :

- Fais ton travail monsieur le photographe.

Je prends une nouvelle photo. Lisa change de pose et j’en prends une seconde. Puis une autre et encore une autre. Lisa souriante. Lisa assise sur le bord du canapé, réappliquant du rouge à lèvres. Lisa cachant son visage avec ses mains. Lisa qui rit en tombant du canapé. Sans m’en rendre compte, je me retrouve à quelques centimètres de son visage, penché au-dessus d’elle. J’hésite un instant à reculer mais je ne le fais pas. Je me sens attiré comme par un aimant. J’appuie sur le déclencheur, et Lisa éclate à nouveau de rire.

- Arrête, je suis complètement aveugle là !

Je ris aussi, parce que son rire est contagieux. Au bout d’un temps, le calme revient. Je suis toujours penché au-dessus d’elle, mon appareil photo à la main. Elle le saisit et tend son bras, pour qu’on soit tous les deux dans le cadre. 

- Je veux une photo de nous deux.

Je souris à l’objectif mais mes yeux sont tournés vers elle. Le flash me fait cligner des yeux. Lisa se moque un peu de moi en voyant la photo. Finalement peu déterminée à dormir, elle se lève et choisit un vinyle de ma collection.

- Maintenant on danse.

- J’imagine que je n’ai pas le choix.

La musique s’élève dans la pièce. J’attrape sa main et je la fais tourner sur elle-même. On prend des cours de rock ensemble depuis quelques temps, alors on refait les seuls pas qu’on a appris en boucle, sans s’en lasser. On danse pendant plus d’une heure, sans s’arrêter, sauf pour changer de disque. C’est comme si je flottais, comme si la fatigue ne pouvait pas m’atteindre. On danse sans s’arrêter, sans se quitter des yeux.

Soudain, Lisa se détache de moi. Elle s’arrête brusquement, puis titube un peu, avant de me retomber dans les bras. Enfin, je ressens l’épuisement. Mes jambes semblent se dérober sous moi et j’atteins le canapé avec difficulté, Lisa toujours accrochée à moi. Il nous faut un long moment pour reprendre notre souffle. Puis Lisa se lève, se met face à moi. Toujours assis, je laisse ma tête reposer sur son ventre. Le silence n’est meublé que de profondes respirations. J’entends son cœur battre dans sa poitrine. Elle passe sa main dans mes cheveux. Je me redresse, croise son regard. Je veux lui dire qu’elle est belle. Je veux tout lui dire soudainement. J’ai tellement de choses en moi, que je veux lui donner, que je veux partager avec elle. Tout devient clair, juste comme ça. J’espère qu’elle comprend. Qu’elle ressent la même chose.

 Elle sourit. Et quand elle sourit, tout le reste disparaît. Alors je souris à mon tour.

 

A ce moment-là, je sus que j’étais tombé amoureux d’elle. Doucement, lentement, comme ce lever de soleil qu’on avait regardé ensemble. Ce n’était pas un amour dévorateur, passionnel. C’était doux. Simple. Rassurant.

On s’est embrassés. Elle m’a pris par la main, m’a emmené jusqu’à la chambre. Sans briser le silence qui s’était installé, je l’ai prise dans mes bras. Pendant que la nuit se retirait, cet amour à peine découvert s’épanouissait enfin avec passion. Les mots s’effacèrent d’eux-mêmes. Plus rien d’autre ne comptait.

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Edouard PArle
Posté le 06/11/2024
Coucou Maëlys !
Très beau chapitre ! J'adore la relation entre Akira et Lisa, elle est toute aussi belle que celle avec Emilie. Si elle n'a pas son mystère, Lisa a une sensibilité propre à elle-même qui la rend attachante. La simplicité et la douceur de ses échanges avec Akira sont touchants. Ils sont vraiment trop mignons et ce chapitre est un petit bonbon pour le lecteur.
J'aime beaucoup le passage dans différentes ambiances, entre le vacarme de la boîte de nuit, le silence de la rue, la danse dans leur maison et jusqu'à la chambre. C'est très réussi.
Un super chapitre, bravo !
Mes remarques :
"La sueur qui s’immisce sur mon corps doucement, plus mes mouvements se font rapides." Je trouve que cette tournure peut être améliorée. Voici une petite suggestion à adapter : la sueur qui coule sur mon corps au rythme de mes mouvements
"Et la musique toujours, la musique qui recouvre tout." j'aime beaucoup, je trouve que ça serait chouette d'accentuer encore la répétition avec quelque chose du genre : Et la musique. La musique toujours, la musique qui recouvre tout
"qu’on avait regardé ensemble tout à l’heure" couper le tout à l'heure ? je trouve qu'il casse un peu le rythme de la phrase
Un plaisir en attendant la suite,
A bientôt !
Maëlys
Posté le 07/11/2024
Coucou Édouard,
Merci beaucoup beaucoup !! Je suis contente que ce chapitre te plaise ! J'étais attendrie en l'écrivant pour être honnête ! J'aime bien Lisa...
A très vite !
Ps: j'ai fait les corrections !
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