Chapitre 12 : Aélya - Ennui

Aélya s’installa sur le fauteuil et mit sa main droite en position mais à sa grande surprise, le bracelet ne se mit pas en action, la laissant libre. Surprise, elle attendit l’arrivée de l’éleveur qui ne tarda pas.

- Bonjour, Aélya.

- Bonjour, monsieur, répondit-elle poliment.

- Debout, devant moi, ordonna-t-il.

Elle obéit sans comprendre.

- Retire ta tunique.

Soumise, Aélya défit les nœuds sur ses épaules, faisant tomber au sol le morceau de tissu. Elle garda les bras le long du corps, consciente qu’il pouvait la manipuler à loisir de toute manière. Pouvait-il vraiment être intéressé par ce corps d’enfant ? Il désigna sa hanche droite. Aélya baissa les yeux pour y voir un hématome de la taille d’un poing. Elle caressa son ventre marron. Elle ne souffrait même pas. Quand s’était-elle blessée ?

La poupée de Fatia ! Tombée au creux de rochers, Aélya avait dû se contorsionner pour aller la lui récupérer. Elle ne s’était même pas rendue compte s’être esquintée lors de cette opération de sauvetage.

- Je suis désolée, fut tout ce qu’Aélya parvint à dire.

- En place pour le prélèvement, gronda l’éleveur.

Aélya se baissa mais il cracha :

- T’ai-je permis de te rhabiller?

Aélya monta en gémissant sur le fauteuil qui l’entrava entièrement. Elle se sentait misérable et impuissante. L’humiliation d’un prélèvement sans vêtement fut sa seule punition mais elle la détesta. De retour près des petites, elle sentit qu’elle devenait hargneuse envers les enfants innocentes. Elle demanda à Faté de lui retirer cette charge et l’ancienne accepta.

 

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Aélya prit le chiffon tendu. Le printemps était là et avec lui, Anaël devenait adulte.

- Tu les lui mets, annonça l’éleveur.

Aélya baissa les yeux. Il se retourna et disparut tandis qu’elle pleurait. Elle annonça la nouvelle à Faté. Après la fête, Anaël vint près d’Aélya.

- Tu n’es pas censée me mettre les entraves ? demanda l’adolescente. Ne t’inquiète pas. Je me laisserai faire.

Aélya refusa de regarder son amie et resta la mâchoire serrée.

- Aélya ? insista Anaël.

- Je refuse de faire ça, annonça Aélya. Je ne t’offrirai pas à eux.

Anaël se leva pour revenir rapidement accompagnée de Faté.

- Aélya. Où sont les entraves ? demanda l’ancienne.

- Peu importe, répondit Aélya. Je ne les lui mettrai pas.

- Il va te faire souffrir pour ça, prévint Faté.

- Je suis prête, annonça Aélya. Vas-y, fais-moi souffrir.

Faté frémit en comprenant qu’elle parlait à son éleveur, le tutoyant avec insolence.

- Ils vont te tuer ! frémit Anaël.

- Leur bijou précieux ? Je suis supérieure. Jamais ils ne feront quoi que ce soit mettant mon existence en danger. La douleur ne me dérange pas. Je ne leur offrirai pas une proie supplémentaire. Je suis prête à me sacrifier pour ça.

- Aélya ! se crispa Faté.

- Je ne la leur offrirai pas ! répéta Aélya, emplie de rage.

- Je viens de me prendre un avertissement, indiqua Faté. Aélya, je t’en prie, mets-lui les entraves, je…

Son cri emplit l’air tandis qu’elle s’écroulait sur le sol. Le village tout entier sombra dans un cauchemar alors que l’intégralité des femmes adultes souffrait, à l’exception d’Aélya.

- Aélya ! gémit Anaël. Mets-moi les entraves ! Mets-les moi !

- Non ! hurla Aélya.

- Où sont elles ? s’énerva Anaël en empoignant la tunique d’Aélya.

- Ne me blesse pas, Anaël ! Je suis précieuse !

- J’en ai rien à foutre ! Où sont les bandes argentées ?

Aélya secoua la tête. Malgré les hurlements de ses compagnes, elle refusait de répondre. Anaël la gifla violemment. Aélya, au sol, essuya sa bouche de sa main pour y voir apparaître du sang.

- Tu m’as blessée ! s’exclama Aélya. Si je te mets les entraves, ils vont te le faire payer !

- J’en ai rien à foutre ! Je ne laisserai personne souffrir pour moi.

Anaël lui envoya un coup de pied dans le ventre.

- Mets-moi les entraves ! s’écria Anaël.

- Je refuse de les laisser gagner ! S’ils veulent que tu sois prisonnière, ils n’ont qu’à te les mettre eux-même, ces putains de chaîne !

Soudain, Faté cessa de hurler. Anaël se rua sur elle avant d’annoncer :

- Elle est morte. Elle est…

Anaël se tourna vers Aélya. Son regard brûlant dévora Aélya et tout dans sa posture indiqua que l’adolescente serait prête à tout pour obtenir gain de cause. Aélya leva les mains en protection mais elle ne put rien contre l’adolescente de quatre ans son aînée.

Anaël la roua de coups en hurlant « Où sont-elles ? ». Les hurlements disparaissaient un à un autour des deux adolescentes. Aélya ne cherchait pas à attaquer. Elle se protégeait de ses bras, roulée en boule, tandis qu’Anaël, en proie à sa fureur, frappait sans s’arrêter.

- Arrête !

Les femmes, apparemment libérées de leur douleur, attrapèrent Anaël pour la contenir. Ramië, désormais la plus vieille du village, murmura à l’oreille d’Aélya :

- Les éleveurs obtiennent toujours ce qu’ils veulent, d’une manière ou d’une autre. Trois sont déjà tombées. Je t’en prie. Ils nous tueront toutes. Je t’en supplie, Aélya. Soumets-toi.

Aélya pleura. Valentina s’agenouilla devant Aélya, allongée, le nez en sang.

- Ils gagnent toujours. Donne-leur ce qu’ils attendent. Je ne veux pas mourir. Je t’en prie !

Aélya hurla de rage, de dépit. L’esprit ravagé, elle récupéra le paquet sous un rocher et passa les entraves à Anaël, tremblant de la tête aux pieds. À peine étaient-ils posés que son bracelet droit vibra. La réaction des femmes alentours lui prouva qu’elles venaient toutes de recevoir l’appel. Le village tout entier – petites endormies exclues – se retrouva dans le hall principal étrangement grand. Chaque femme se trouvait aux côtés de son éleveur.

Anaël se tenait au centre, le village l’entourant d’un demi-cercle où Aélya se tenait à l’extrémité gauche.

- Je suis ton éleveur, indiqua l’homme devant Anaël. Tu sembles aimer te battre. Ça tombe bien, moi aussi.

Il fit craquer ses doigts avant d’abattre son poing sur la tête d’Anaël. L’adolescente tomba au sol et fit mine de contre-attaquer. Son éleveur explosa de rire en évitant aisément le coup et frappa de nouveau. Anaël hurla et cracha un flot de sang avant de s’écrouler. Elle hoqueta deux fois avant de cesser de bouger. Aélya constata que son torse ne se soulevait plus. Il venait de la tuer.

Son collier s’activa et Aélya fut forcée de se placer au centre, sous la lumière, devant tout le village. Son éleveur prit la parole.

- Aélya est spéciale. Elle est supérieure. Vous n’êtes rien. Osez vous en prendre à elle et vous subirez le sort de cette jeune adulte inconsciente.

Dans un silence de mort, Aélya se prit les regards assassins de ses compagnes. Par sa faute, quatre femmes du village venaient de mourir et elles n’avaient rien le droit de faire pour se venger.

- Tu peux disposer, dirent tous les éleveurs en même temps.

Les femmes quittèrent le hall. Aélya resta figée. La salle se vida entièrement. Elle ne voulait pas retourner au village. Plus personne n’accepterait de l’approcher. Elle tomba à genoux et pleura. Elle trouva la force de repartir, profitant du sommeil de ses compagnes pour rejoindre sa hutte silencieusement.

Le lendemain, elle se leva tôt mais attendit que les adultes soient parties pour aller manger. Elle resta seule toute la journée, se promenant dans les bois proches, la mâchoire et le nez douloureux. Après le déjeuner, ce fut avec une immense appréhension qu’elle passa le seuil de la quatrième porte à droite.

Comme elle s’y attendait, les entraves l’immobilisèrent entièrement. Son éleveur arriva rapidement.

- Bonjour, Aélya, dit-il sobrement.

- Bonjour, monsieur.

Il plaça l’aiguille dans son bras et la douleur transperça son corps en même temps que son sang remplissait les poches. Elle eut beau supplier, rien n’y fit.

Le soir, les femmes du marché revinrent avec quatre nouvelles pensionnaires pour le village, toutes âgées de quatre ou cinq ans, de quoi remplacer les pertes. Les éleveurs se fichaient des morts. Ils avaient de la réserve. Seule Aélya avait de la valeur. Les autres étaient remplaçables.

Le lendemain, le prélèvement fut tout aussi douloureux. À sa question, il répondit qu’elle souffrirait aussi longtemps que son corps serait marqué.

Le surlendemain, Aélya se figea devant la quatrième porte à droite, incapable d’en passer le seuil. Elle resta là, immobile, terrifiée à l’idée d’entrer tout autant que de ne pas le faire. Son éleveur apparut devant elle. Il leva la main droite et tira doucement. Le collier se tendit et Aélya fut forcée d’entrer.

- Bonjour, Aélya, dit-il une fois la porte fermée.

- Bonjour, monsieur, répondit Aélya humblement.

- Que suis-je ?

- Un éleveur.

- Qu’es-tu ?

- De la nourriture.

- Une brebis docile, répliqua-t-il.

- Une brebis docile, répéta Aélya sans broncher.

Elle était soumise.

- À genoux, brebis docile.

Aélya prit la position demandée. Son éleveur sourit pleinement.

- Tu vas pouvoir hurler, brebis docile. Profites-en bien. Installe-toi.

Aélya se plaça sur le fauteuil et la torture commença. Son nez cassé fut le dernier élément à se soigner et enfin, elle put reprendre les prélèvements sans souffrance.

 

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Aélya frappa à la porte du bâtiment. D’habitude, elle entrait simplement.

- Que veux-tu ? demanda une voix désincarnée.

- J’aimerais parler à mon éleveur, juste parler. Est-ce possible ?

Il y eut un silence puis la voix annonça :

- Il est occupé. Reviens en milieu de matinée.

Aélya hocha la tête. Elle retourna dans le bâtiment au moment requis.

- Bonjour, Aélya .Tu as demandé à me voir ?

- Bonjour, monsieur, répondit poliment Aélya. Oui, monsieur. Je…

Elle se trouva à court de mots. Pourtant, elle répétait depuis le matin. Devant lui, ses pensées s’embrouillèrent.

- Calme-toi ! Je ne suis pas ton ennemi. Tu trembles. Pourtant, tu n’as commis aucune faute. Que se passe-t-il ?

- Je suis… à part, dit-elle, les larmes aux yeux.

- C’est une certitude, annonça-t-il.

- Je ne parle jamais à personne. Je ne participe plus aux activités.

Quelques jours plus tôt, elle s’était égratignée la main avec une noix. Cela lui avait valu deux prélèvements sous souffrance. Depuis, elle ne touchait plus à rien. Elle hésitait même à ouvrir un pot de confiture.

- Je… Je m’ennuie, monsieur, finit-elle par admettre.

- Hum, dit-il en hochant la tête. Je le conçois aisément. Je vais y réfléchir. Tu peux disposer.

Aélya retourna dehors, où elle n’avait rien à faire. Elle marchait sous les arbres, s’allongeait sur l’herbe en prenant garde à retirer d’abord les branches ou les petits cailloux, regardait passer les nuages ou voler les coccinelles. Son poignet vibra et elle rejoignit les bâtiments en courant.

À peine entrée, elle fut immobilisée par les entraves. Son éleveur s’approcha d’elle et lui passa une ceinture autour du ventre. Ce genre d’accessoire n’existait pas au village. Seuls les hommes de l’autre côté du fleuve en portait. Aélya serait encore plus à part mais elle n’était plus à ça près.

- Dans la boite noire à ta ceinture se trouve un objet, dit-il alors que les entraves perdaient vie. Sors-le.

Aélya dut s’y prendre à plusieurs fois avant de trouver le mécanisme d’ouverture et l’éleveur ne la guida pas, la laissant se débrouiller seule. Un tissu fin blanc se trouvait à l’intérieur. Elle le sortit et le déplia pour se rendre compte que la matière était étrange : elle tenait à plat.

- Appuie en bas à droite.

Aélya obtempéra et la chose blanche s’alluma. Des trucs apparurent dessus.

- Ce que tu vas apprendre là dedans est pour toi, et toi seule. Il t’est formellement interdit de transmettre ce savoir. Tu as compris ?

- Oui, monsieur, répondit Aélya.

- Avec ça, crois-moi, tu ne t’ennuieras plus. Tu as de quoi bien remplir tes journées, dit l’éleveur en souriant. N’oublie pas de venir pour ton prélèvement quotidien.

Aélya hocha la tête, indécise quant à la nature du cadeau. Elle ne mit pas longtemps à donner du sens aux symboles qui s’enchaînaient sur l’objet. Les dessins correspondaient aux sons. Ils permettaient de transcrire la parole. Aélya en eut les yeux pétillants de joie. C’était fantastique ! La tablette – elle avait appris le nom de l’objet à travers lui – contenait un savoir qui semblait infini. Elle pouvait tout demander et tout obtenir. Aucune question ne fut laissée sans réponse.

Elle apprit à lire et écrire, tout d’abord, puis à compter, à résoudre des problèmes simples. En une semaine, elle commença à résoudre des expériences scientifiques. Elle fut bloquée par une énigme. On lui demandait de mesurer le temps qui passe à l’aide d’un cadran solaire. « Solaire », avait-elle demandé. Elle avait alors découvert la notion de « Soleil ». Dans le ciel, l’astre requis ne brillait pas. La tablette lui avait appris que ce qu’elle avait au-dessus d’elle n’était pas le vrai ciel terrestre mais une illusion.

Aélya comprit : elle était en prison. On lui faisait croire qu’elle demeurait dehors, en plein air, en liberté. Il n’en était rien. Elle se trouvait dans les fermes du laboratoire du palais. La tablette répondit à toutes ses interrogations. Chris, un Vampire – terme dont elle demanda la signification pour l’obtenir sans difficulté – contrôlait le monde. Baptiste tenait les laboratoires. Les autres Vampires vivaient sous leur contrôle.

Le palais se trouvait sur Terre mais sous une cloche protectrice, un dôme transparent et immatériel empêchant les chasseurs de Vampires d’entrer, d’écouter, de pénétrer. La prison la protégeait. Aélya fit la moue. Avait-elle vraiment besoin de protection ? Contre qui ? Qui pourrait lui vouloir du mal ? Elle n’avait jamais blessé aucun humain. Elle nourrissait les Vampires à leur place. Ils auraient dû la remercier au contraire !

Aélya continua l’exploration, lisant tout, ravie de s’être enfin trouvée une occupation. Loin des autres, elle n’aborda jamais ce sujet avec l’une de ses compagnes, restant seule dans son coin, volant par la pensée.

 

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Son bracelet droit vibra. Alors qu’elle venait à peine d’effectuer son deuxième prélèvement ? Elle replia en quatrième vitesse sa tablette et la plaça dans son étui de rechargement tout en se dirigeant vers le bâtiment. Elle n’eut pas l’occasion de l’atteindre. Au centre du village se tenait une navette. Son éleveur l’attendait devant la rampe d’accès.

- Monte, brebis docile.

Aélya grimpa dans la navette et se retrouva dans la cabine de pilotage.

- Tu sais piloter, il me semble, dit l’éleveur.

- En théorie, oui. Mais je n’ai fait que du simulateur !

- Tu veux piloter ?

Aélya sourit pleinement.

- Carrément ! s’exclama-t-elle.

- Alors prends les commandes !

Aélya, ravie, s’installa sur le siège et appuya sur les boutons tandis que l’éleveur prenait place sur le siège du copilote.

- Où va-t-on ? demanda-t-elle.

- Pour commencer, sur ces coordonnées, annonça l’éleveur en les entrant dans le navigateur de bord.

Aélya referma la rampe d’accès et tira les manettes. La navette s’éleva dans un saut.

- Tout doux, brebis, tout doux, dit l’éleveur.

Aélya stabilisa l’appareil. La différence entre la simulation et la réalité était violente mais l’adolescente ajusta rapidement. Le saut de puce lui permit de réaliser un premier atterrissage sur une plaine. L’éleveur ouvrit la rampe d’accès puis attendit. Après un instant, il annonça :

- Deux premiers passagers récupérés. On va chercher le troisième.

Le second décollage se fit tout en souplesse. L’atterrissage fut rude. Aélya grimaça.

- Les passagers ont été un peu secoués, rien de grave. Plus de souplesse sur les manettes ?

- Oui, monsieur, répondit Aélya.

Surexcitée par son pilotage, les évènements en cours la traversaient sans l’atteindre.

- Maintenant, dit l’éleveur une fois la rampe refermée, on sort. Nouvelles coordonnées.

- On sort, monsieur ? On sort de quoi ?

- Des fermes, indiqua l’éleveur.

Aélya frémit. Comment ça, on sortait des fermes ? Elle décolla, s’éleva vers le ciel qu’elle traversa pour découvrir un ciel nuageux qu’un soleil éclairait. Elle venait de traverser le ciel artificiel et, pour la première fois de sa vie, de voir le vrai. L’émotion la bouleversa.

- Aélya ! Reste concentrée sur ta mission, je te prie, rappela l’éleveur.

- Pardon, monsieur, lança Aélya en reprenant contenance.

Il fallait se poser non loin de là, entre des arbres. La manœuvre fut difficile mais Aélya la réalisa à la perfection. Des dizaines de personnes attendaient. Aélya ne leur accorda aucun regard, trop occupée à observer le ciel, le vrai.

- Et maintenant, direction l’espace, annonça l’éleveur.

- L’espace ? répéta Aélya.

Elle savait que les navettes étaient capables de s’y rendre. Elle ne s’attendait juste pas à une telle destination. Ahurie, elle prit les manettes et tira.

- Doucement, brebis ! Il y a du monde à bord. La navette est pleine à craquer. Pas de bêtise hein !

Aélya s’adoucit et la navette réagit à la perfection. Les étoiles… Aélya les voyait pour de vrai pour la première fois de sa vie. Aux fermes, la nuit, le ciel était noir, tout simplement. Il ne montrait rien d’autre qu’une obscurité sourde. Sur la tablette, Aélya avait pu voir des photos et des vidéos mais la réalité la remplit de bonheur. Elle regardait partout autour d’elle sans s’intéresser aux radars.

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