Chapitre 12 : Cérémonies de vie et de mort
Évangile de Dédale, chant numéro 6, verset 2
« Quand une femme couche avec une femme comme on couche avec un homme, toutes deux commettent une abomination ; elles seront mises à mort, leur sang retombera sur elles.
La loi n’a pas été instituée pour la juste, mais pour les lâches, les homosexuelles, les menteuses, les païennes, et pour tout ce qui s’oppose à la saine doctrine. »
*
Le sentier était plongé dans la nuit et le tanafas. Larifari avançait lentement, car malgré les anémones fluorescentes, elle avait du mal à retrouver son chemin ; le liquide freinait ses mouvements. Chacun de ses pas soulevait des nuages de sable et de vase dans les profondeurs, et quand elle levait les yeux, elle ne voyait rien que l’eau noire comme de l’encre et la silhouette déformée de la lune pleine à travers la mer.
Il aurait été plus facile de rejoindre le phare en barque, mais elle avait peur qu’on la remarque : le départ des bateaux serait déjà suffisamment peu discret.
Ses yeux dilatés distinguèrent une sorte de rectangle dans les ténèbres ; elle tâtonna pour s’assurer qu’il s’agissait bien d’une pancarte. Ses doigts effleurèrent le bois pourri qui indiquait la bonne direction : elle allait bien vers le phare.
Larifari chemina encore une dizaine de minutes avant de repérer le pied du bâtiment, s’approcha et frappa du plus fort qu’elle put au lourd anneau de métal rouillé, provoquant la fuite de plusieurs bancs de poissons.
La porte s’ouvrit.
Lactae l’attendait, la main serrée sur un poignard et les cheveux dansant au rythme du tanafas. Elle baissa son arme en la reconnaissant et lui fit signe de la suivre dans l’escalier. Elles émergèrent dans ce qui servait de cuisine et aussitôt l’ara rose de Lulla s’envola pour se percher sur l’épaule de Lactae. La petite mère de la naissance indiqua du menton un tas de bûches, avant d’en soulever cinq pour les monter au sommet.
— Tu arrives au bon moment, donne-moi un coup de main.
Larifari leva un sourcil :
— Tu ne me demandes pas si j’ai réussi à prévenir mon équipage et à récupérer mon bateau ?
— Je pense que tu ne serais pas là si ce n’était pas le cas.
— Sérieusement ? Tu me saoules.
Lactae haussa les épaules et disparut à l’étage. Larifari l’imita et une fois à l’extérieur, posa les bûches sur le sol. Le foyer où se trouvait habituellement le feu était limité à un épais tapis de braises.
— Qu’est-ce que tu fous ?
— Je vais relancer le phare avant qu’on décolle. On en aura besoin si jamais on revient de nuit. En outre, ça fait une bonne provocation pour Dédale. Elle est moins maligne quand elle est énervée.
— Elle va le faire éteindre, non ?
— Je ne vois pas sous quel prétexte. Les bateaux continuent d’aller et venir dans notre port. Pire, elle va devoir trouver quelqu’un pour l’entretenir.
— Si tu le dis...
— Tu penses que le bateau sera bientôt là ?
— Oui, juste le temps de faire une petite razzia dans les conserves des entrepôts. Mon Kelpie devrait être là d’ici une demi-heure, pour nous récupérer. On embarque aussi l’amiral Yvette, apparemment, il y a plus de pirates qu’on ne le croit qui sont prêtes à en découdre, que ce soit avec les Sombres ou avec Dédale.
Larifari avait parlé d’un ton morose, avant d’ajouter :
— Tu as tout ce que tu voulais ?
Pour toute réponse, la petite mère de la naissance jeta une première bûche dans les braises et lui indiqua du menton les sacs dans lesquels se trouvaient les registres que décortiquait Lulla avant de mourir, et un certain nombre de cartes de la mer.
— On dirait bien.
— Et ton pied ?
— Il me fait un peu mal, mais c’est gérable. Il n’a pas apprécié le tanafas. De l’eau salée désinfecterai mieux, je suppose, mais on a pas le temps.
Larifari se renfrogna avant d’aider Lactae à alimenter le brasier. Taboulé s’agita sur l’épaule de sa nouvelle maitresse, puis s’envola pour aller sautiller sur le sol. Elles travaillèrent quelques minutes en silence avant que la petite mère de la naissance se redresse et demande sèchement :
— Qu’est-ce qui se passe ?
— Quoi ?
— Tu fais encore la gueule. T’es incapable de rester aussi longtemps la bouche fermée, sauf si tu rumines un truc.
Une minuscule flammèche jaillit au milieu des braises. Larifari regardait Lactae, debout au bord des remparts. Puis elle grogna, jeta la bûche qu’elle tenait dans le foyer avant de se frotter les mains l’une contre l’autre pour les débarrasser de la poussière et des fragments d’écorce.
— Je me suis dit... je sais pas. Je sais bien que mon sauvetage était foireux, mais... il n’y a pas que ça. On a parlé en ta faveur au procès... T’as eu l’occasion de t’enfuir parce que moi et Melchior, on est intervenus, à nos risques et périls. Toi, t’étais toute froide et tu montrais rien. Mais nous deux, on t’a quand même fait confiance. Je sais pas, t’as l’air de trouver ça normal.
Le visage de Lactae était éclairé par la toute petite flamme, aussi impénétrable que d’habitude.
— Tu penses que c’est le bon moment pour parler de ça ? Alors que Spirale est condamnée à...
— Je vois pas ce qu’on a d’autre à faire tant qu’on attend ces foutus bateaux !
Il y eu un silence. Lactae baissa les yeux :
— Tu veux que je te dise merci ?
— C’est trop tard.
La petite mère de la naissance contracta légèrement sa mâchoire ; elle hésita avant de s’asseoir sur le rempart, appuya ses coudes sur ses genoux et se pencha en avant :
— Je... ce n’est pas parce que je ne sais pas ce que tu dis. J’ai juste perdu le contrôle de ce que je croyais solide... je me sens humiliée... et ce qui s’est passé... le meurtre de Portail, mon emprisonnement... C'est trop compliqué d’y penser tout de suite.
Elles se regardèrent en chiens de faïence.
— Que dois-je faire pour que tu me pardonnes ?
Larifari frissonna. Elle avait la certitude que Lactae se sentait encore plus humiliée après s’être livrée de cette façon. Elle se rapprocha, trop près, et l’autre se redressa, légèrement sur ces gardes.
— Marin d’eau douce ! croassa Taboulé.
La petite mère de la mort écarta les mèches turquoise des yeux bruns et contempla le visage épuisé aux pommettes hautes. Le feu qui démarrait dansait sur la peau grêlée de Lactae qui fronçait les sourcils.
— Qu’est-ce que tu fais ?
— Ferme-là, juste une fois.
Il y eut cet instant. Ce moment de flottement qui se trouvait entre leurs deux visages beaucoup trop proches. Ce moment où on ne sait pas encore si on va le faire. Les iris jaunes de Larifari firent un aller-retour entre les lèvres sérieuses et les yeux glacés qui lui faisaient face. Elle sentit son bas-ventre se serrer et sa bouche devenir sèche. Les muscles des bras de Lactae se contractèrent et elle se raidit.
— Ne fais pas ça, Lari...
Larifari l’embrassa. Ses mains lui emprisonnèrent le visage ; ses ongles s’enfoncèrent dans sa peau, ses cheveux... et dans ce baiser violent, elle mit toute le désir, la frustration et la honte qu’elle ressentait. Les iris dilatés, Lactae resta stupéfaite jusqu’au moment où l’autre ouvrit la bouche. Alors elle lui prit les poignets, délicatement, mais fermement et la repoussa :
— Arrête, Lari. Ça suffit. Tu vas te faire du mal.
Les yeux jaunes perlaient de colère et de larmes.
— Tu le savais ?
— Non, je te jure.
— Comment tu peux rester aussi calme ?
Larifari recula et marcha un peu pour retrouver ses esprits. Elle se passa les doigts dans les cheveux et se retourna :
— Si tu en parles... Si t’en parles... De toute façon, t’es une criminelle alors qu’est ce que vaut ta parole !
Pour la deuxième fois, Lactae eut l’air surprise :
— Quoi ? Tu penses que je vais te balancer ?
La petite mère de la mort faisait les cent pas, bouleversée.
— Ce que j’ai fait... Ce que je suis... C’est un crime mortel aux yeux d’Iilaaha. Pourtant, pourtant, je... je n’arrive pas à me guérir de ça.
— ‘Iilaaha pense bien ce qu’elle veut, mais moi, ça m’est égal.
— Quoi ?
Lactae se toucha pensivement la lèvre, avant de se mettre debout sur le rempart. Le vent plaquait ses courts cheveux turquoise sur son visage froid et dans un tourbillon de plumes blanches et roses, le perroquet vint se percher sur son épaule. Elle eut un minuscule sourire.
— Désolée de détourner la conversation, mais profitons de cette soirée pour dévoiler un autre secret… Le mien cette fois. Je n’ai pas tué Portail, Lari, cependant... il y a quelque chose à propos de moi que je n’ai jamais dit à personne. Quelque chose qui me ferait mériter la mort autant que si j’étais une tribade, comme toi.
Larifari ouvrit de grands yeux ; Lactae agrandit son sourire et souffla :
— Je n’ai jamais eu la foi.
Il y eut un moment de silence avant que la plus jeune ne murmure encore :
— Quoi ?
— Je ne crois pas en 'Iilaaha, je pense que nous l’avons créée nous-mêmes. Alors ce qu’elle peut bien dire sur la façon dont les gens doivent s’aimer, franchement, je m’en fiche.
— Mais tu es une petite mère !
— Et alors ? Il faut bien une organisation pour civiliser tout ce tas de gueuses dépenaillées. Celle-là ou une autre, quelle importance ?
La petite mère de la mort garda la bouche ouverte pendant ce qui semblait une éternité, jusqu’à ce que Lactae lui tende la main :
— On est quitte ?
Larifari hésita et prit la main ; mais au lieu de la serrer, elle se hissa sur les remparts à côté de sa camarade.
Soudain, on entendit des cris au loin et des lumières s’allumèrent sur le port. Sur la mer, les fantômes de deux goélettes se dirigeaient vers elles.
— On dirait que nos bateaux seront là dans quelques minutes.
— On dirait aussi que ton évasion n’est plus un secret...
Le vent faisait danser les boucles de Larifari. Elle regarda les lumières de la ville au loin.
— Alors... pour toi... dans ton monde... il n’y a personne qui veille sur Hàgiopolis ?
— Tu es vraiment débile, tu le sais ça ?
Lactae avait l’air comme d’habitude, avec son regard froid et son sourire ironique, brûlant, brûlant comme le brasier qui les enveloppait. Ses yeux quittèrent la ville et la mer pour se tourner vers Larifari.
— Il y a nous.
*
Ce fut un bruit feutré de griffures qui réveilla Spirale. Elle essaya de bouger, mais ses muscles étaient trop raides. On l’avait installée sur le sol de la cellule, assise contre un mur, les poignets enchaînés au-dessus de la tête.
Le bruit recommença, accompagné d’un chuintement de pas ; ce n’était pas le clapement violent des bottes des gardiennes, mais le petit tapement d’une paire de bottines. Elle essaya de se redresser, les sens en alerte. Depuis une heure, elle n’avait vu personne dans la prison, ce qui était étrange. Mais d’un autre côté... ce petit tapement de talons ne pouvait vouloir dire qu’une chose...
La pièce était divisée en deux par une grille. De l’autre côté de la cellule, il y avait une meurtrière, une porte et une table. La silhouette d’une domestique entra dans la pièce et, lui tournant le dos, déposa un lourd rouleau de tissu sur le plan de travail, qu’elle déroula, dévoilant un certain nombre d’instruments de métal d’aspect peu engageants. Spirale retint son souffle. Elle savait qu’elle allait être torturée alors il n’y avait pas besoin d’être surprise. La question était : serait-elle capable d’y résister, ou non ?
La domestique se tourna avec elle, décrocha le lourd trousseau de clefs qui se trouvait à sa taille et déverrouilla la porte de la cellule. Spirale distingua une couronne de cheveux bleus et d’immenses yeux jaunes ; éberluée, elle reconnut H.
— Mais ? Qu’est-ce que... Comment ?
La pâle entra et s’accroupit près d’elle, le visage sombre.
— Toi te taire. Nous, pas le temps. Nous trop attendre, grosse erreur.
Spirale ouvrit la bouche, la referma et observa la pâle qui enfonçait une clef en bois grossière dans ses menottes. La première serrure protesta un peu, mais finit par céder, la clef se brisa dans la deuxième alors que le verrou était presque ouvert. H eut un mouvement nerveux des mains qui devait être un juron dans sa langue, avant de courir chercher des instruments. Elle revint avec un énorme clou et un burin. Après quelques coups où Spirale crut qu’on allait l’éborgner, les fers s’ouvrirent en grinçant.
On entendit alors une longue clameur venir de l’extérieur par la meurtrière. H se figea, les sens en alerte, tandis que Spirale se massait les poignets et lui prenait le burin — mieux valait cette arme que rien après tout.
— Ils ont vu que tu étais entrée ?
H secoua la tête.
— Non. Moi discrète et tout le monde sorti. Nous rapide avant que eux reviennent.
— Attends, je ne partirais pas sans mon équipage !
H secoua la tête à nouveau, l’air navré :
— Trop tard pour elles.
Son regard s’égara vers la meurtrière et Spirale sentit son sang se glacer. Elle se rapprocha de l’ouverture et étouffa son cri d’effroi.
En bas, dans la cour, Mangouste se balançait au bout d’une corde. Spirale se plaqua contre le mur et réprima les larmes qui lui montaient aux yeux avant de jeter un nouveau coup d’œil. Les autres membres de l’équipage n’étaient pas encore mortes, mais étaient en train d’être alignées sous les potences. La capitaine se précipita vers la porte, mais H la retint.
— Elles mortes avant que toi arrivée dans cour. Toi faim et faible. Nous partir. Moi entrer, car soldates dehors pour spectacle. Fuir maintenant.
— Je ne peux pas les abandonner. Elles sont plus que mes femmes ! Elles...
H la saisit plus fermement par les épaules :
— Non. Hàgiopolis en danger. Devoir toi sauver île. Si toi morte. Tout terminé.
— Non !
Le regard de la pâle se durcit :
— Toi pas laisser elles mourir pour rien !
Spirale sentait son sang bourdonner à ses tempes. Elle n’avait pas la force d’acquiescer, mais elle se laissa faire quand H lui prit la main et l’entraîna dans le couloir. Il n’y avait personne pour monter la garde, sauf un chien qui se mit à battre de la queue en les apercevant. C’était sans doute le bruit de ses pattes qu’elle avait entendu.
— Nous suivre lui. Le seul à connaître moyen sortir vivante. Pas par entrée, toi trop pirate pour rue.
Les deux femmes et le chien s’engagèrent dans un pot-pourri de couloirs de pierres, vaguement éclairés par des torches.
— Raclure faire le guet.
Il fallut quelques secondes à Spirale pour comprendre que Raclure était le nom du lycaon. Elles se collèrent au mur d’une alcôve tandis que le chien allait vérifier que la voie était libre.
Il y eut alors une longue montée de cris d’une foule en pleine allégresse et Spirale ferma les yeux, le cœur au bord des lèvres. H serra ses doigts tremblants.
— Toi pas trop penser. Toi être avec moi maintenant, d’accord ?
Raclure pointa son museau et agita la queue. H souffla :
— Personne. Marchons !
Elles continuèrent leur chemin et durent se cacher trois fois pour éviter le passage des rares gardes. Elles finirent par ouvrir une porte qui donnait sur une large pièce remplie de victuailles : la cuisine. Il n’y avait personne, mais des marmites bouillonnaient doucement dans l’âtre.
— Prenons quelque chose. Toi devoir manger. H et Raclure aussi.
Elles ouvrirent deux gros pains qu’elles creusèrent et remplirent de légumes et de viande. Spirale piqua une bouteille de rhum.
— Et maintenant ?
Le chien reniflait une trappe à même le sol. H se pencha et la souleva. Une eau sale et nauséabonde coulait en dessous.
— Ici.
Spirale leva un sourcil. Elle ne rêvait pas de passer par les égouts, mais ça lui paraissait une solution viable. La question était : comment H avait-elle eu connaissance de ce passage ?
Elles suivirent Raclure qui avait sauté le premier dans le trou. Spirale referma la trappe au-dessus de leur tête. En bas, l’eau sale leur arrivait au niveau de la taille et il faisait complètement noir. H alluma une torche.
— Par ici.
Les deux femmes rejoignirent le chien qui nageait un peu plus loin. H mordit à pleines dents dans le pain ; le jus de viande lui coula sur le menton.
— Toi manger tout de suite en marchant. Après trop d’eau, nous nager, plus nourriture, plus feu.
Spirale obtempéra, tandis que H donnait ses meilleurs morceaux de viande au lycaon. Après avoir croisé une vingtaine de tunnels, la grande mère murmura :
— C’est un labyrinthe. Ne sommes-nous pas en train de trouver une nouvelle forme de mort, plus répugnante et moins glorieuse ?
— Nez Raclure meilleur que feu et yeux Spirale et H. Toi garder confiance. Nous pas séparer.
— Vous êtes rentrés par là ?
Spirale était perplexe, car ses sauveteurs étaient bien secs.
— Non. Nous avoir assommé Joaquina, la servante de Dolores et être passé par la porte d’entrée avec les clefs et les instruments de torture. Plus difficile sortir.
Spirale assimila les informations avant d’ajouter :
— Tu parles de mieux en mieux. C’est impressionnant.
— H apprendre vite. Facile pour moi.
Elles arrivèrent à un croisement et Raclure leur indiqua le chemin en remuant la queue.
— Tu parles aussi le langage chien ?
Italique tourna son visage vers Spirale. Elle eut un sourire sournois qui dévoila ses canines jaunes :
— H un peu sorcière. Vous brunes avoir peur magie pâle.
Spirale ne savait pas trop si c’était du lard ou du phacochère, mais elle n’eut pas le temps de se poser davantage de questions, car soudain elle s’enfonça dans cinquante centimètres de boue supplémentaire et faillit boire la tasse. H disparut dans l’eau saumâtre dans un « plouf » sonore, et la torche s’éteignit.
— On dirait qu’on y est.
Raclure aboya faiblement et ils se mirent à progresser tous ensemble à la queue leu leu. Le trajet dura plusieurs heures, jusqu’à ce que Spirale n’en puisse plus :
— Est-ce qu’on est perdues ? Je ne sens plus mes jambes. On a tellement nagé qu’on doit être sorti de la ville.
— Bientôt. Nous tomber sur ruines.
— C’est aussi le chien qui te l’a dit ?
— Peut-être.
Ils nagèrent encore une heure. H et Raclure semblaient frais comme des gardons, mais Spirale avait la tête qui tournait. Soudain, ils trouvèrent un petit promontoire, et tout le monde put sortir de l’eau. Un vieil escalier remontait ; on voyait un peu de lumière en haut.
Ils l’escaladèrent, dégoulinants et puants — Raclure s’ébroua, diffusant autour de lui une odeur de vase, d’urine et de légumes pourris — et ils arrivèrent dans une immense salle ocre avec des colonnades et des bancs de pierre brisés.
Une statue représentait une femme au visage couvert d’un voile, debout dans une gerbe de vagues. Spirale ouvrit de grands yeux.
— Où sommes-nous ? demanda H. On dirait temple.
— C’est un temple, souffla Spirale, avant de se diriger vers les portes délabrées qui pendaient tristement vers l’extérieur. Si c’est bien ce que je...
Elle s’arrêta sur le seuil.
Il y avait là un magnifique jardin laissé à l’abandon, qui donnait sur une place pavée de mosaïques, entourée de maisons de terre cuite aux toits crevés et d'imposantes murailles rouges crénelées. Le soleil était haut et chaud dans le ciel. Spirale observa le spectacle avec stupéfaction :
— Nous sommes dans les ruines saintes de Luminosa. Pas la ville que les Sombre ont construite à côté après nous avoir vaincu, mais dans la première capitale bâtie par mon peuple. Et ceci est le temple de l’apôtre Portail.
*
Lù ne sentait vraiment pas cette journée, il y avait un sale truc dans l’air.
Pourtant, ça avait bien commencé, quand elle avait appris que Lactae avait pris la poudre d’escampette avec Larifari sur le vaisseau de cette dernière. Enfin quoi, elle n’était pas vraiment sûre du pourquoi du comment de la mort de Portail, mais ce qui était évident, c’est que le procès avait été une grosse blague.
Après, ça aurait dû se dérouler de façon logique : Dédale aurait dû entrer dans une colère noire et lancer ses meilleurs vaisseaux à leur trousse, même sans espoir, pour l’image. Mais non, depuis ce matin, l’Amy Kabira restait dans ses appartements, à rédiger des tas de parchemins menant à la libération financière de Gaspard l’impuissant, qui était — si Lù avait bien compris les rumeurs — son fils.
Autant dire que la populace bien pensante tirait une gueule de six pieds de long — ou bien était-ce une conséquence de leur cuite de la veille ? Elle avait aussi entendu que la maison de Gaspard et Balthazar avait été mise à sac à l’aube ; on y cherchait des poupées vaudoues, mais il n’y avait évidemment rien ! Et cela, le jour même de la cérémonie de l’adolescent. Bien sûr, comme Dédale était complètement dans son délire, qui devait gérer ce foutoir ? C’était elle !
Accompagnée du Grand œil des bonnes mœurs — un horrible vieillard bigleux, que Lù appelait intérieurement le vieux con —, elle rejoignit la salle officielle des pertes de pucelage du temple de la Vie, renommée pudiquement le chemin du pardon, l’imposant registre des Amoureuses sous le bras.
Elle en avait plein la culotte de toutes ces paperasseries. À quel moment aurait-elle un instant pour elle afin de reprendre la quête de sa carte ? Et y avait-il la moindre chance de récupérer le chien Raclure et Italique ?
Le portail d’ébène sculpté s’ouvrait sur une longue allée bordée de bancs et de sphinx de granit aux regard d’émail peint ; au bout se trouvait un autel sur lequel était disposé un pupitre et une banderole brodée de ces mots : tawadae, eamil, ‘iitaha — ce qui signifiait humilité, travail et disponibilité. Pendant plusieurs années, Dédale avait essayé d’y joindre alnazafa, — l’hygiène —, mais Spirale et Portail s’était entêtée à dire que c’était trop long et qu’il ne fallait pas non plus trop leur en demander à ces diminuées.
Le jour de la cérémonie de passage à l’âge adulte, il était habituel que l’on voie venir la lignée de la mère et quelques amis. Lù fut surprise de constater qu’aujourd’hui, le chemin du pardon était bondé. En remontant l’allée aux côté du Grand œil, elle reconnut Gaspard, assis seul sur un banc alors que tous les autres étaient pleins ; dans le fond se trouvait Melchior, le regard sombre et le visage déformé par un énorme hématome violacé. Au premier rang, Taïriss lui fit un signe de la main pour l’encourager ; elle soupira et prenant son courage à deux mains, grimpa sur l’estrade.
Le reste de l’assemblée était majoritairement composée de femmes dont la plupart semblaient rire dans leur barbe tandis que les autres grommelaient d’un air soupçonneux. Toutes jetaient par intermittence des coups d’œil furibonds à Gaspard qui faisait de son mieux pour les ignorer.
Lù soupira à nouveau, arrachant un reniflement au vieillard qui l’accompagnait. Si elle avait bien analysé, la première moitié de l’assistance était venue car elle soupçonnait Balthazar de magie noire… quant à l’autre, elle était sans doute venue voir une de leurs congénères se payer un peu de chair fraîche. La petite mère de la vie alluma deux chandelles, posa l’énorme volume sur le pupitre et se lécha le doigt pour en tourner les pages. Le livre sentait le parchemin, l’encre et la poussière. C’est à ce moment-là que Balthazar apparût au bout de l’allée, le visage trop pâle et les yeux fuyants.
Le pauvre… pensa Lù.
Il ne suffisait pas de se faire dévorer tout cru en public, il fallait aussi que cela arrive le jour où l’on avait pillé sa maison et au moment où on le soupçonnait de pratiquer le vaudou.
Quel tas de conneries tout ça, songea-t-elle encore, avant de se souvenir du sourire qu’elle avait vu sur son visage, juste avant que Dédale ne perde la boule.
Perplexe, elle arriva à la page du jour et lut le nom de celle qui s’était promis de voler la fleurette d’un mineur handicapé avec la bénédiction divine. Et resta bouche bée.
— C’est une blague ?
Balthazar releva les yeux et sortit de la douce torpeur dans laquelle il se sentait plongé. Il y avait un rayon de soleil qui perçait du vitrail situé derrière elle. Auréolée de lumière, les poings posés rageusement sur le livre, elle était terriblement fortile et il sentit son ventre se tordre. Il était si idiot d’espérer quoi que ce soit... D’un autre côté, c’était encore plus horrible de se faire humilier en sa présence.
Mais qu’était-il en train de se passer ?
L’assemblée fut parcourût d’un rire qui s’étouffa quand Lù les foudroya tous et toutes du regard. Balthazar tendit le cou. Est-ce qu’on avait révélé le nom de la personne qui...
— C’est mon nom qui est écrit là dedans ! assena sèchement la petite mère.
La foule se remit à rire, et bientôt plus rien ne put l’arrêter. Balthazar ne comprenait rien, mais son cœur s’était mis à battre très vite. Si elle avait écrit son nom dedans, pourquoi n’était-elle pas contente ? Peut-être s’était-elle rendue compte à quel point il pouvait être humiliant pour une petite mère de s’afficher avec quelqu’un comme lui ? Mais si elle l’avait choisi, alors cela voulait dire...
— Je n’ai jamais écrit mon nom là-dedans ! Expliquez-moi ce mystère !
Les joues de Balthazar s’empourprèrent de honte : tout était clair cette fois. Il jeta un regard paniqué à Gaspard qui avait l’air désemparé. Une telle situation était-elle déjà arrivée ?
— Faites voir, mon enfant...
Le Grand œil des bonnes mœurs avait chaussé d’énormes binocles et s’approchait du livre. Balthazar le détestait. C’était ce genre d’individu qui humiliait ses semblables pour rentrer dans les grâces de leurs oppresseurs, il n’y avait pas pire. Le vieillard se pencha en reniflant et inspecta solennellement les pattes de mouche qui s’étalaient sur le registre des Amoureuses :
— Et bien, il semblerait qu’il s’agisse bien de mon écriture et de votre nom : cette inscription est donc tout à fait officielle.
— Je ne vois pas comment il pourrait en être ainsi. La citoyenne qui inscrit son nom doit venir en personne ! À moins que quelqu’un de grimé d’un cache-œil soit suffisant pour vous faire confondre votre ‘Am Saghira avec n’importe quelle clampine. On vous a roulé.
Le vieil homme prit la remarque comme une gifle ; il se mit à gémir en se tordant les mains tandis que Lù se tournait vers Balthazar :
— Je suis vraiment désolée. Tout ça est juste une mauvaise blague dont nous sommes tous les deux les victimes, mais je ne peux pas coucher avec toi.
La foule ne riait plus à présent. Quelqu’un lança :
— Et pourquoi pas ? Mme la petite mère est-elle donc trop bien pour participer aux devoirs des simples citoyennes ?
Les autres acquiescèrent avec vigueur.
— Pourquoi elle y pourrait avoir un amoureux qu’elle veut pas partager alors que nous autres on devrait se farcir les petits avortons handicapés à sa place ?
Bientôt, chacune eut un mot désagréable à dire et le chemin du Pardon se remplit de brouhaha. Lù restait debout, furieuse et glacée à écouter toutes ces véhémences. Elle finit par exploser :
— Ça suffit ! La ferme ! Il est hors de question que je viole un enfant !
Balthazar se sentit bizarrement vexé. Il avait l’air d’avoir quatorze ans et elle quinze, il n’y avait pas une telle différence ! Et à cet âge, il était un homme... non ?
— 'Am saghira...
Tout le monde se tut. Gaspard était debout dans l’allée, juste derrière Balthazar et il était visiblement très mal à l’aise.
— Est-ce que je peux avoir la parole ?
Le Grand œil se précipita pour protester, mais Lù l’arrêta d’un geste avant d’inviter l’impuissant à parler.
— Am' saghira, je m’excuse humblement d’intervenir, mais je voulais faire appel à votre clémence. Je comprends à quel point il peut être humiliant pour vous d’avoir été piégée, mais pour mon pupille, cette cérémonie déterminera le reste de sa vie. Et si personne ne l’a choisi, alors il sera automatiquement désigné comme impuissant. Étant tenu de son handicap, je ne vois pas comment il pourrait vivre de notre métier. Je vous conjure de remettre en question votre décision car bien que vous soyez tout deux victimes, les conséquences ne sont pas les même pour l’un et l’autre…
Balthazar se sentait tellement mal. Il voulait que Gaspard se taise. Il se foutait de devoir cueillir des algues ou même d’échouer à les cueillir, il n’avait juste pas envie que quelqu’un le touche par pitié. Lù secoua la tête :
— Je n’ai pas de cadeau de cérémonie à lui offrir.
— Ça peut encore s’arranger.
Melchior s’était approché et d’un geste nonchalant, fit glisser de son bras un épais bracelet d’or orné d’émeraudes grosses comme des œufs de caille. Il le lança à Lù qui le rattrapa par réflexe. Elle le foudroya du regard, tandis que le proxénète s’asseyait à côté de Taïriss et posait une main compatissante sur son épaule. Le médecin avait les paumes coincées entre les genoux et les yeux baissés sur le sol. Lù le fixa avec désespoir et souffla :
— Je... Je ne peux pas. J’ai fait une promesse...
À nouveau la foule, qui s’était suspendue dans un même mouvement pour guetter ses proies, se remit à murmurer et de plus belle, on se permit d’être insolent. Au milieu de toutes les insultes, des violences, Balthazar l’entendit, cette petite phrase qu’il attendait :
— Donc voilà, on y est, à la vérité. Notre future prêtresse ne fait pas ce qui lui plaît ! Elle obéit à un homme ! Quelle genre d’homelette est-ce là ? Dites-le-nous si ce n’est pas vrai !
Alors Lù souffla :
— Non ! Ce n’est pas vrai !
Baltazar attrapa ces mots au vol. Il avait toujours adoré les mots. Ceux-là, il les prit dans ses mains et les réchauffa contre son cœur, comme il avait attrapé ceux de Dédale, la veille.
Non ! Ce n’est pas vrai ! Je fais ce qu’il me plait !
Il ne lui restait plus qu’à espérer à présent.
Elle eut une hésitation, puis son regard se fit plus dur. Elle interpella Balthazar :
— Eh toi !
— Heuh, oui ?
— Tu as un métier en vue, qui serait mieux que la jardinerie sous-marine ?
— J’aimerai être scribe, 'Am Saghira.
— Tu sais écrire ?
— Écrire et enluminer. Je peux faire de l’administration ou copier des manuscrits.
Elle le contempla pensivement avant que ces épaules ne s’affaissent comme si elle abandonnait.
— Oh et puis après tout, j’en ai rien à foutre ! Puisqu’il faut y passer, allons-y ! Ramène-toi la bête à deux roues ! Trempons ce biscuit, qu’on en finisse !
La foule éclata de commentaires perplexes, sans que l’on sache si celle-ci était réjouie ou non. Balthazar n’en croyait ni ses oreilles ni sa chance. Le sang se mit à battre à ses tempes et il dut se mordre les joues pour ne pas sourire, même si elle l’avait appelée la « bête à deux roues ».
Lù lui fit signe et il remonta l’allée pour la suivre. Quand il passa à côté de Taïriss, ils se regardèrent ; il y avait quelque chose d’indescriptible dans les yeux noirs en amande et ce fut l’adolescent qui se détourna, mal à l’aise.
Derrière l’autel se trouvait une pièce ronde, très haute, avec un dôme bleu nuit peint d’étoiles d’or. Des moucharabiehs de bois posté en hauteur permettaient au Grand œil d’observer que l’éjaculation avait bien lieu en bonne et due forme, dans les règles de la bienséance.
Au milieu du sol dallé s’ouvrait une large vasque dans lequel on avait entreposé des tapis, des coussins et des couvertures ainsi que des peaux tannées de mangoustes. Trois grosses chandelles diffusaient une lumière pâle au-dessus de leurs longues coulures de cire.
Lù ouvrait la marche. Quand l’adolescent eut fermé la porte derrière lui, elle se retourna et le regarda pensivement avant de lever les yeux vers les fenêtres de bois.
— Et toi, là-haut, fiche le camps avant que je m’énerve.
Une petite voix tremblotante résonna dans les ténèbres :
— Je suis navrée, 'Am Saghira. J’obéis aux ordres de Dame Dédale.
— Si tu restes, je te ferais écarteler et te planterai une dynamite dans le fondement, je te le promets sur mon honneur. Tu n’oserais pas penser que ta future prêtresse pourrait mentir, ni quand elle dit qu’elle va accomplir son devoir ni quand elle dit qu’elle mettra ses menaces à exécution ?
— Je ne me permettrai pas.
Balthazar saisit les mots un à un.
Je ne me permettrai pas de penser que ma future prêtresse peut mentir.
Le Grand œil glapit et on entendit bientôt le bruit de ses pas qui dévalaient l’escalier, puis plus rien.
— Il est parti, souffla Lù.
— On dirait.
— C’était un peu trop facile, non ?
Elle baissa son œil gris sur lui, puis le contourna sans cesser de le regarder. Quand elle fut dans son dos, il frissonna en sentant sa main lui caresser la joue, puis ses doigts s’enfoncèrent dans les boucles sombres et elle murmura :
— Il y a quelque chose d’étrange avec toi, Balthazar.
Le cœur du garçon se mit à battre plus vite en entendant son nom dans sa bouche. Il sentait l’odeur de la petite mère et avait envie de la toucher. Mais d’un autre côté, il était terrifié.
— Promettez que vous ne me ferez pas de mal, souffla-t-il.
Elle tapota sa joue, nerveusement.
— Je te promets que je vais essayer.
— Vous allez quand même coucher avec moi ?
Elle ne répondit pas, mais il l’entendit respirer plus fort. Maintenant que le Grand Œil était parti, rien ne les empêchait de mentir. Les doigts allaient et venaient dans les boucles du garçon. Elle eut un rire absent.
— Tu es juste un môme. Pourquoi j’en ai plus envie parce que je sais que c’est mal ? Est-ce que ce genre de pensée me définit ?
— Est-ce que c’est mal si l’on en a envie tous les deux ?
— Je ne sais pas.
— Je ne vous plais pas ?
— Tu me plais pour de mauvaises raisons.
Il se tordit sur son fauteuil pour la regarder.
— Ça ne me gêne pas.
Il cueillit l’une de ses mains. Son regard de suie se plongea dans l’iris gris et sa bouche s’enroula autour d’un doigt. Elle grogna et de son autre main, lui agrippa fermement les cheveux pour faire basculer son visage vers l’arrière. Elle se pencha vers lui et lui embrassa le cou ; ses dents lui mordillèrent la mâchoire.
Puis se relevant brutalement, elle attrapa les poignées du fauteuil, appuya son pied en bas du bolide et d’une poussée, le fit basculer en compagnie de son propriétaire dans le tas de couvertures.
— Wooow !
Balthazar se retrouva allongé au milieu d’une montagne de coussins, tandis que Lù lui grimpait dessus comme un fauve sur sa proie. Les lunettes de l’adolescent avaient bondi de son nez ; il sentit plus qu’il ne vit qu’on délaçait sa tunique et que des mains froides se glissaient sur la peau de son ventre. Soudain, Lù l’épousait de tout son être, ses doigts clouant ses poignets dans les couvertures et son bassin se pressait contre le sien. Il n’en menait pas large et se tordit pour se dégager ; elle rit, se redressa et il sentit ses seins effleurer sa poitrine à travers sa chemise. Elle le débarrassa de son haut.
— Attends ! Attends !
Il haletait et elle s’arrêta sans s’offusquer du tutoiement soudain :
— Je vais trop vite ?
— Non... Non, c’est pas ça. A vrai dire... à cause de mon infirmité, enfin, en bas, il y a des choses que je ne peux pas faire...
Lù haussa les sourcils avant de rouler des fesses :
— Tu te fiches de moi ? Tu crois que je ne te sens pas ?
Il rougit :
— Non, mais, je n'ai pas dit que je ne pouvais pas réagir. Je ne peux pas tout faire, c'est tout…
Son interlocutrice avait l'air franchement perplexe à présent :
— Si tu as peur ou pas envie, on peut arrêter tout de suite. Pas besoin de trouver d'excuses.
Il eut envie de se cacher dans un trou de souris :
— Non ! Non ! Vraiment, ce n'est pas ça ! Non, je peux faire plein de choses, c'est juste que je... enfin je... je ne pénètre pas... Ça me fait perdre mes moyens…
Il avait prononcé les derniers mots d'une toute petite voix. La fille au dessus de lui repoussa une mêche derrière son oreille. Il fut soulagé de voir qu'elle ne se moquait pas, bien qu’elle aborda un air perplexe.
— Très bien. Pas de pénétration, alors. Je t'avoue que c'est intriguant, mais ça ne me dérange pas.
Balthazar sentit le nœud qui lui serrait la gorge se défaire. Il décida d'aller plus loin :
— Et aussi, je voulais juste savoir...
Il hésita. L’iris gris le contemplait avec sérieux et il s’humecta les lèvres :
— Tu as dit que tu voulais coucher avec moi pour de mauvaises raisons... alors je me demandais...
Elle eut un sourire goguenard.
— Je croyais que ça n’avait pas d’importance ?
Elle déplaça ses jambes pour se retrouver accroupie sur son ventre, ses bras entourant ses genoux. Alors qu’il cherchait ses mots, elle retira sa chemise. Balthazar ouvrit des grands yeux. Elle le regardait avec un air de gamine sournoise, avec son visage angélique et ses seins lourds. Il rêvait de les toucher avec ses mains et sa bouche. À la place, il déglutit et détourna le regard.
— C’est vrai... Je ne dis pas que ça me gêne. J’ai... j’ai juste envie de savoir. Tu veux bien être sincère avec moi ?
Elle pencha la tête avec curiosité.
— D’accord.
Avant de répondre à la question, elle glissa tendrement sa main le long de son flanc.
— Tu ressembles à un jeune chat de gouttière un peu cassé. C’est ça que j’aime bien.
— C’est parce que je suis handicapé ?
— Abîmé, trop jeune, sans défense. Quelque chose d’interdit comme ça. Mais c’est aussi pour le plaisir du sexe inattendu et pour celui de se libérer d’une promesse. Ça fait de moi une mauvaise personne, je crois.
Elle se pencha sur lui. Quand ses seins se pressèrent sur ses côtes, il ne put s’empêcher de les toucher. Il lui pinça les tétons entre l’index et le gras du pouce ; Lù se tendit et le sexe de Balthazar se pressa contre ses fesses. Elle gronda :
— J’aime bien les trucs un peu différents. Le sexe normal m’ennuie. Tu vois, ça tombe bien que tu ais des blocages.
— Vous n’êtes pas un peu jeune pour être blasée ?
Elle gloussa en entendant ce retour au vouvoiement.
— J’aurai bientôt deux mille ans. J’ai eu tant de partenaires que je ne peux plus les compter.
Ils se regardèrent en clignant des yeux et elle murmura :
— Pourquoi je te dis ça ?
Balthazar se redressa sur ses coudes :
— C’est impossible. Personne ne vit aussi longtemps.
Malgré sa phrase, ses yeux brillaient. Elle secoua la tête.
— Ça n’a rien d’impossible pour un Pillier.
Elle parut surprise pour la deuxième fois et soudain elle eut un geste extrêmement étrange : sa main se jeta sur Balthazar et pendant un instant, il crut qu’elle allait l’étrangler, mais non. Le mouvement avait finalement été dévié. Elle plissa les yeux et Balthazar fut terrifié à nouveau. Lù observa sa main dont les doigts empoignaient convulsivement un coussin.
— Étrange, on dirait que je n’arrive pas à faire quelque chose qui pourrait te blesser...
Ils se contemplèrent avec recul et elle gronda :
— Qu’est ce que tu m’as fait ? Et pas qu’à moi. Tu as fait quelque chose à Dédale... et au Grand Œil aussi.
— Je me protège, c'est tout.
Il avait l’air mortellement sérieux et elle se redressa :
— Ce qui veut dire... si je comprends bien... tu n’as pas quatorze ans, n’est-ce pas ? Tu n’es pas un enfant ?
Balthazar secoua la tête.
— Non. Et j'ai déjà eu des expériences, si cela peut aider.
— D’où le fait que tu sache que tu n’aimes pas la pénétration…
Il ne répondit pas alors elle enchaina sur une autre question, infiniment plus importante :
— Quel âge as-tu ?
Il haussa les épaules :
— Je ne me souviens pas, ça fait trop longtemps. Des centaines et des centaines d’années... Au bout d’un moment, on oublie tout.
Elle plissa les paupières :
— Alors tu es comme moi : une créature millénaire coincée dans le corps d’un enfant.
Les mains de Balthazar se levèrent et prirent ses seins en coupe. Il les embrassa.
— Est-ce que ça me rend assez bizarre pour toi ?
Des rebondissements, tellement, et on ne s'y attend pas. Je me laisse porter, je dérive avec vos lignes et je m'y sens bien. Merci :)
J'ai tout lu ♥ Que dis-je, j'ai tout mangé ! L'onglet restait ouvert sur mon téléphone et tes chapitres ont accompagné mes cafés du matin, mes trajets en bus, mes moments de pause au boulot (okay, ça, y en avait moins.)
Résultat : j'ai été fort dépitée ce matin en constatant que j'avais atteint le bout des chapitres publiés !! ToT
Je me doutais bien que Balthazar était un Pilier... Mais je m'attendais presque à un Pilier tout neuf et tout naïf, avec une petite conscience de ses pouvoirs mais pas trop (je réalise que j'aurais pu avoir confirmation un peu avant ce chapitre... Il causait à Raclure au tout début et Italique explique qu'il faut être Pilier pour comprendre Raclure). Bref, je ne m'attendais à cet audacieux et machiavélique vieil homme à deux roues ! Il fait bien la paire avec Lù, didonc.
Non pas pour le côté machiavélique, mais pour l'aspect joueur et un peu las.
Il m'a bien roulé (LAULE), je m'attendais pas à ce caractère-là, au fond.
J'adore la façon dont tu as tordu nos expressions et notre Histoire pour façonner ta société matriarcale, j'adore tes passages du Livre des vérités, j'adore l'exotisme d'Hagiopolis !
J'adore aussi tes personnages. J'ai beaucoup d'affection pour Larifari, un peu gamine mais pleine d'amour et désireuse de bien faire !
Ca fait tout drôle de retrouver les personnages de Ville Noire, et ça intrigue et c'est trop bien en même temps. Pour Raclure et Italique, particulièrement ! Je ne m'attendais certainement pas à les découvrir ici !
Je retrouve avec cette histoire ta précision dans le tricotage des intrigues, ton intelligence à la création de tout un monde et le caractère piquant et touchant de tes personnages.
Mille bravos et... vivement la suite !
Oh! inconsciemment, je croyais que les lesbiennes étaient acceptées dans cette société matriarchale mais en fait, pas du tout ! J'ai bien aimé comme ce passage de l'évangile était cohérent avec ce qui se passait dans le texte entre Lari et Lactae ! Lari semble vivre un conflit avec elle-même et les contradictions entre ce qu'elle est et l'image qu'elle est censée représenter. J'ai adoré comme en contraste, Lactae en a juste rien à faire, elle accepte les bras grands ouverts ! Elle-même n'a pas la foi et n'a pas honte; j'ai trouvé ses mots poignants et vrais. Une organisation s'est mise en place dans leur monde, mais ça aurait très bien pu en être une autre, avec tout autant de contradictions. C'est tellement universel comme idée !
J'aime beaucoup les passages avec H, il y a toujours de l'action ou une fuite. Elle semble savoir pas mal de choses en plus, je me demande ce qu'est exactement ce danger qui menace Hagiopolis. Je sens que H aura un rôle important à jouer!
Wow ! La dernière scène ! Déjà, le retournement avec Lù qui se fait piéger (je me demande qui a pu écrire son nom et comment il a réussi). J'avais mal au coeur pour Lù qui voulait être fidèle et quand elle change d'avis, je me suis dit qu'elle allait faire une mise en scène et que rien ne se passerait, mais finalement, elle est plutôt très d'accord. J'avoue que ça m'a beaucoup surprise de sa part ! Et je suis soulagée que ni Lù ni Balthazar ne soient des enfants, ça aurait été malsain ! J'avoue que maintenant, je me demande comment Taïriss va réagir à tout ça...
Et je ne sais pas ce que sont les Piliers mais ça sonne très important et cool xD
Coquilles:
Ferme là -> Ferme-la
J’ai adoré la scène entre Lactae et Larifari. Elle est à la fois poignante et d’une grande intensité. J’ai le cœur brisé pour Lari mais, en même temps, je trouve que Lactae a une classe qui dépasse tout <3 En ce qui me concerne, c’est mon personnage préféré !
De même, l’évasion de Spirale est top ! Qu’elle laisse son équipage derrière elle est crucifiant mais quelle autre opportunité auraient pu avoir H et Raclure de la faire sortir ! La découverte des ruines ouvre des perspectives super excitantes ^^
Pour la dernière scène, je l’ai beaucoup aimée, c’est indéniable, mais elle m’a sacrément déstabilisée. Jusque-là, sans avoir lu « Ville Noire », je ne me suis jamais sentie larguée par-rapport à Lù, à son histoire. Mais là, j’ai eu le sentiment qu’il me manquait… je sais pas… des éléments pour comprendre pleinement les implications des révélations sur Balthazar. Alors, étant donné que les deux histoires se passent dans le même univers, je dirai que ça n’est pas très grave (sauf si « Le Livre des Vérités » doit être vu comme un one-shot indépendant ?) De toute façon, j’ai Ville Noire en ligne de mire depuis longtemps donc… :D
Par ailleurs, comme Sorryf, j’ai eu un peu de mal à visualiser les mouvements de Lù et Balthazar lorsqu’ils sont ensembles. C’est dommage parce que hem… chaud ^^
Un petit truc qui me parait un tout petit peu plus problématique (et ça tient peut-être aussi à ma non-lecture de « Ville Noire ») : j’ai trouvé le Balthazar « révélé » en tant que Pilier très différent du jeune garçon qu’on a vu évoluer au fil de l’histoire. Plus mature, forcément et… différent, je ne sais pas comment l’exprimer autrement ><’ . Alors, je ne sais pas comment la suite va prendre forme mais, à ce point du récit, c’est très troublant parce que ça casse complètement l’image que je m’étais faite du personnage. Je ne dirais pas forcément que c’est une mauvaise chose mais qu’il m’a manqué des indices ? Je veux dire, il devenait évident que Balthazar avait un don particulier. Cependant, ses craintes par-rapport à la cérémonie le fixait dans l’image de garçon jeune et inexpérimenté que j’avais de lui…
En fait, je crois que je suis horriblement vexée de m’être fait cueillir à froid à ce point XD
Trop contente de ce chapitre, la lecture est passée super vite alors que pourtant il me semble qu’il est plutôt long ! Mais il se passe tellement de choses, on n’a pas le temps de s’ennuyer, tu nous entraînes dans ton récit et dès que ça s’essouffle, hop, on repart pour un tour xD
J’ai tout aimé, et notamment (tu t’en doutes), le moment entre Lactae et Lari. Je t’avais dit que je n’aimais pas spécialement Lactae, mais ce passage là a clairement inversé la donne. En quelques phrases bien placées, j’ai parfaitement compris toute la classe du personnage ! Son athéisme la rend tellement... je sais pas, humaine, accessible ? Alors que je la trouvais très froide jusqu’ici, le fait qu’elle se confie à Lari, comme pour être sur un pied d’égalité, ça m’a beaucoup touchée.
Après je suis pas du tout pour le couple Lactae/Lari, je le trouve trop déséquilibré parce que Lari est vraiment in love alors que Lactae n’a pas l’air de quelqu’un de sentimental. Il lui faudrait quelqu’un de plus expansif ou de plus fou, genre Spirale XD en bi ou gay (peut-être plus jeune aussi, sinon elle se retrouvera vite célibataire)
Cette scène à la fin, whoua, ça m’avait manqué ce genre de trucs olé-olé ! On en avait eu un petit aperçu entre Spirale et Melchior, mais là c’était encore plus long \o/ et quand Lù dit « Le sexe normal m’ennuie » j’étais en mode fangirl XD
J’adore Balthazar. Je suis dingue de son pouvoir de Pilier, je trouve que c’est celui qui a le plus la classe pour l’instant.
Vivement la suite ! :D
"sur ces gardes" -> ses
"Toute le désir"-> tout
"Elle moment, H donnant ses meilleurs morceaux de viande au Lycaon" -> il manque un mot
"un vieil escalier de remontait" -> ?
"notre future prêtresse ne fait pas de qui lui plait" -> :x
et maintenant... encore un chapitre trop trop bien ! ça y est je suis stabilisée j'identifie bien tout le monde (ça fait déjà quelques chapitres). Celui de tes persos que j'aime le plus est Lactae <3 ! je la trouve super, forte et touchante \o/ la scène du début avec Lari est trop chou ! pauvre Lari... mais je ne perds pas espoir pour leur romance, au moins elle s'est pas fait repousser avec jugement et méchanceté.
Je trouve que tu abordes la question de l'athéisme de manière très intelligente, et purée c'est rare xDDD
ça me fait encore plus aimer Lactae !
Spirale et H font leur petit bout de chemin... super moche pour l'équipage, mais H a su trouver les bons mots : qu'elles ne meurent pas pour rien.
le rite de passage à l'age adulte... C'est un truc que j'avais pas du tout envie de voir, je le regardais approcher à reculons T.T et voila on y est... bon ça aurait pu être pire, j'imagine. Lù qui voulait être fidèle, la pauvre... Je pense que Tai comprendra, mais meme >.<
Le petit (pas si petit que ça finalement) a définitivement un genre de pouvoir sur la parole des autres, je pense. ça me rassure que ce soit pas juste un gosse, vu le malsain de la scène !
j'ai eu un peu de mal a visualiser qu'il soit couché dans le fauteuil mais sur le lit... Lù a mis le fauteuil sur le lit ? O.o
Je trouve que tu abordes la question de l'athéisme de manière très intelligente, et purée c'est rare xDDD
ça me fait encore plus aimer Lactae !
Je suis super contente que tu aimes fort Lactae <3 C'est quelqu'un de gentil avec un balais dans le cul c'est tout XD.
Moi non plus je ne perds pas d'espoir pour leur romance! J'ai remarqué que Lari était quand même un peu la seule personne qui fait rigoler Lactae alors je me dis que tout n'est pas perdu! (Oui en matière de romance, je n'ai aucun contrôle sur mes personnages. Je subit comme le lecteur XD)
le rite de passage à l'age adulte ne s'est pas trop mal passé de mon point de vue ^^. Ca aurait vraiment pu être un "viol" comme il en existe dans certaines culture dans notre univers.
"Le petit (pas si petit que ça finalement) a définitivement un genre de pouvoir sur la parole des autres">>> Yep, les explications dans le chapitre suivant.
"j'ai eu un peu de mal a visualiser qu'il soit couché dans le fauteuil mais sur le lit... Lù a mis le fauteuil sur le lit ? O."
Il faut que je retouche ça, tu n'es pas la seule à ne pas avoir compris. Il n'y a pas de lit, il y a juste une sorte de piscine remplie de couverture, donc oui le fauteuil tombe dedans et Baltazar reste assis dessus.
Voui, la suite <3 Décidément, plus ça va, et plus je trépigne à l'idée d'avoir la suite à chaque fois ! Chose qui existait déjà dans VN, mais que j'aime toujours autant, j'apprécie d'avoir les intrigues en parallèles qui avance et d'aller d'un perso à l'autre au cours du chapitre, surtout que le passage se fait facilement, je ne me sens jamais perdue et c'est toujours si intéressant <3
Bon, pour Lari et Lactae me font tellement mal au coeur ! Que ça soit Lactae, qui fuit visiblement ses problèmes et ne parle pas à Lari, Lari qui a besoin que Lactae lui parle et ça marche pas... Et le moment où ça pète et où Lari dit "c'est trop tard", ça m'a vraiment serré le coeur.
Et après, le bisou qui va faire tellement mal, je me suis dit "ça peut pas bien se finir", et pourtant... C'est une fin doux amer, Lactae a pas l'air d'être amoureuse aussi, mais au moins, elle considère pas que c'est un monstre. Et révélation, elle est athée ='D C'est pas forcément ce qui est le mieux pour Lari, mais c'est tellement un soulagement, ya au moins quelque chose qui va mieux, elles ont réussi à parler !
Pour la fuite de Spirale, c'est assez surréaliste de voir ça du côté de Spirale. On se doute que c'est Raclure qui a fait tout le plan et qui donne toutes les indications, mais du coup, pour Spirale, ça ressemble vraiment à de la magie ^^ C'est d'autant plus impressionnant que H ne semblait pas capable de d'organiser ce genre de chose.
Et pour la scène avec Lù, clairement, quelqu'un a pas aimé qu'elle soit exclusive avec Taïriss et en a profité pour la piéger. C'est pas cool, mais cohérent avec la société. Mais du coup, je me demande bien comment Taïriss va réagir après, il risque de ne pas apprécier :/
Et sinon, clairement, au cours de la scène, on comprend que Balthazar est capable de forcer les gens de tenir leur parole. C'est TRES pratique mine de rien. Et c'est bien un Pilier lui aussi ! Même s'il a pas l'air de savoir ce que c'est ='D Mais lui aussi est bizarre et du coup, peut éveiller l'intérêt de Lù :p Mais n'empêche, quand on fait pas gaffe à ce qu'on dit, ça peut être super dangereux comme pouvoir. Là, Lù est obligée d'être honnête, mais si c'était obligée d'obéir ? C'est dur ='D Et je ne parle pas de l'état de Balthazar <3
J'ai vraiment beaucoup aimé ce chapitre, il se passe pleins de choses, c'est beaucoup trop bien <3
Quelques remarques :
"Elle moment, H donnant ses meilleurs morceaux de viande au lycaon. " Je ne comprends pas la phrase.
"Un vieil escalier de remontait ; on voyait un peu de lumière en haut." Je pense qu'il y a un souci dans la première partie de la phrase.
Bon courage pour la suite !
Pluchouille zoubouille !
Jje suis biencontente que tu apprécie le doux-amer de la scène entre Lari et Lactae. Pour moi c'est une fin de scène plutôt positive, vu le contexte. C'était tellement sûr que Lactae n'allait pas lui tomber dans les bras. Mais elles ont uand même un lien qui est fort et qui compte. On verra comment ça évolue <3
Quand à spirale, la fuite est largement organisée par Raclure. Je ne sais pas si tu t'en souviens mais dans les chapitres récédent, il disait qu'il avait grandit dans cette ville près de cette prison, c'est comme ça qu'il connait les souterrains ;p.
D'un côté je me sens un peu lâche de ne pas avoir suivi le POv d'Honorine, mais ce chapitre était déjà très long, ça aurait été tellement pire XD.
Et pour la scène avec Lù, tu as bien saisi pour le piège. en vrai, je n'ai pas choisi de coupable précis. J'essaie juste de bien montrer que le peuple commence à en avoir marre de ses manières. Et puis non Taï ne va pas être "content".
Et tu as totalement grillée le pouvoir de Balthazar Xd Bien jouée. Oui, c'est un pouvoir d'enculé et c'est un des gros trucs qui m'ont inspiré cette histoire. Je me demandais ce qui se passerai si on était obligé de se plier à ce qu'on dit. est ce qu'on dirait encore un quelqu'un "Je t'aimerai toujours"? Comment feraient le s politiques pour manipuler les gens? Et ça a aussi inspiré le titre du livre sacré. Un des thèmes du LdV c'est la Vérité, tout simplement ^^
Merci beaucoup pour ton com mon chaton <3