Chapitre 12 : Holographique

Par Cléooo

Chapitre 12 : Holographique

 

Quand je me suis réveillée, Mikhaïl était encore là. Endormi, probablement en train de rêver. J’ai pris quelques secondes pour l’observer. Sa respiration était saccadée, son expression, loin d’être apaisée. Je me demande s’il rêve toujours de ce qui s’est passé à l’époque. Ça a été mon cas, pendant longtemps. Endormie ou éveillée, j’ai tenté par tous les moyens de créer une autre issue à ce qui s’était passé.

C’était un exercice de fou. En revenant à la réalité, c’était chaque fois pire. L’issue n’avait pas changé. C’était immuable.

J’ai réveillé Mikhaïl et lui ai demandé de partir. Encore groggy, il a quitté ma chambre sans résister.

Enfin seule, j’ai constaté qu’Hermès m’avait harcelée de messages pendant la nuit. Il est extrêmement collant. C’est fou qu’on puisse se montrer aussi collant.

— Maeve.

Elle apparaît aussitôt. Je ressens une sorte de chagrin en observant son épi.

Je sais que ça me trahira aux yeux de Pavel Konstantin, mais, résignée, je lance :

— Ouvre tes options, s’il te plaît.

Maeve se raidit.

— Modification des options activées. Quelle option souhaites-tu modifier ?

— Options physique…

Je réfléchis un moment. C’était idiot de ma part. Un support émotionnel ? Tu parles. Je demande à Maeve de revenir à son modèle d’origine. Pour la fantaisie, je lui demande de copier ma couleur de cheveux, mais je renonce à son épi. Quand ma Maeve a disparu pour laisser place à ce nouveau modèle, je dois admettre que je me sens soulagée.

— Peux-tu contacter Hermès ?

— Je contacte la Maeve d’Hermès.

Son regard se fait vide. Une trentaine de secondes plus tard, elle revient à moi.

— Hermès propose un échange holographique. Souhaites-tu valider sa requête ? Si oui, dis : « valider ».

— On peut faire ça ici ?

À Avril Cassan, seuls les professeurs et les encadrants peuvent projeter leurs doubles holographiques. Ça m’étonnerait que le Symbiose autorise ce genre de connexion, ce serait la porte ouverte à d’éventuelles personnes malveillantes qui souhaiteraient espionner le gouvernement solavien… Et sans même avoir besoin d’être physiquement sur les lieux.

— Il est possible pour toi de te projeter chez lui, m’apprend Maeve. Il te suffit pour ça d’aller récupérer l’équipement que madame Mestre t’a fait parvenir au Symbiose.

Je hausse les sourcils. Eh bien… Forcément. Je me demande un instant ce qu’a pu raconter Hermès à sa mère pour justifier l’envoi d’un tel équipement au Symbiose, d’autant plus qu’à ce que je sais, c’est extrêmement coûteux. Il n’en fait vraiment qu’à sa tête.

— Dis-lui que je viens de me réveiller et que je n’ai pas encore reçu son équipement. Je vais le chercher et je lui dis quand je suis prête.

— Je transmets le message !

Je quitte aussitôt ma chambre, toujours vêtue comme la veille, dans ces froques trop grandes et passablement informes. Mes cheveux en bataille viennent parfaire la vision peu glorieuse que j’offre de ma personne. À mon grand regret, je croise du monde sur ma route et pas seulement les gardes du Symbiose. En ce jour de semaine, nombre de hauts-placés et autres politiciens rejoignent cet endroit qui ne constitue pas seulement la maison du chancelier de Solavie, mais aussi leur lieu de travail.

Je les ignore. La plupart d’entre eux fait de même, même si je recueille aussi quelques curieux coups d’œil. Je me dirige vers le bureau d’entrée où on a inspecté mes valises hier. Un homme filtre la masse, la faisant passer à travers un portique émettant d’étranges « bip », lissant la foule qui pénètre peu à peu le Symbiose.

— Solange ?

Je m’approchais du gardien quand la voix me fait tourner la tête. C’est une femme qui échange avec l’un des hommes de main du Symbiose.

— Eh bien ce ne sera finalement pas la peine, indique-t-elle à l’attention de l’homme.

Il hoche la tête et la salue, avant qu’elle ne se tourne vers moi. Elle a alors un immense sourire et je sens mon estomac se liquéfier. Ce sourire… Ces yeux rieurs… Le rouge me monte aux joues. Ces cheveux blond, soyeux… Je me retiens de reculer, plus encore d’arranger à la hâte la tignasse informe dressée sur ma tête.

— C’est Solange, n’est-ce pas ?

Elle vient de s’arrêter devant moi et je ne peux trouver aucun moyen d’échapper à cet aimable sourire. Hermès lui ressemble trait pour trait.

— Euh…

— Je suis la maman d’Herston. Ravie de faire ta connaissance, il m’a beaucoup parlé de toi.

— Comment vous savez… ?

— Oh, comme je disais, il m’a beaucoup parlé de toi, glisse-t-elle avec un clin d’œil.

Elle a un petit rire joyeux et j’ai la traumatisante sensation d’avoir une version plus âgée et féminine d’Hermès sous les yeux. Elle me fait signe de la suivre hors du passage, ce que je fais, incapable de réfléchir.

— Eh bien eh bien ! Ne sois pas timide. Herston m’a dit que tu passais les vacances au Symbiose, et m’a demandé de te donner ceci.

C’est alors que je remarque la valise qu’elle porte à la main. Je la prends quand elle me la tend, suis surprise par sa légèreté.

— Euh… Merci…

— C’est un projeteur holographique. Sais-tu comment ça fonctionne ?

— Euh… Je connais la théorie, et je suppose que ma Maeve… Enfin… Votre ? Maeve ? … pourra m’aider ?

Ta Maeve, indique-t-elle en esquissant un nouveau sourire. Je les ai peut-être créées, mais ça ne fait pas de moi leur propriétaire. Le manuel d’instruction est dans la valise si besoin, tu n’auras qu’à lui demander de le télécharger. Je t’aurais bien aidée moi-même, mais…

Elle tapote sa montre pour me signifier qu’elle est pressée.

— Bien sûr, je comprends, aucun souci, pas de problème.

Je dois avoir l’air sacrément simplette. Mais ça n’ôte rien à son sourire.

— Ravie d’avoir fait ta connaissance, Solange. J’espère que j’aurai l’occasion de te revoir !

Elle m’adresse un signe de la main et rejoint la file de fonctionnaires qui gagnent leurs bureaux. Je reste là pendant un long moment, ma valise à la main, ma dignité sous mes pieds. Puis, toujours embrasée par ces instants gênants, je regagne ma chambre.

 

Une heure plus tard, mon embarras n’est toujours pas retombé. Je n’ai pas voulu aller prendre le petit-déjeuner malgré Mikhaïl venu me chercher dans ma chambre. Maeve et moi nous sommes débattues pour installer la machine – moi plus que Maeve – et à présent qu’elle est prête à être utilisée, je brûle d’envie de passer un savon à Hermès.

— Maeve ?

L’énorme casque qui encercle mon visage étouffe un peu ma voix.

— Oui ?

— Je suis prête, tu peux actionner la conversation holographique.

Une seconde plus tard, tout devient noir.

Une sorte de plénitude détend tout à fait mes muscles. Je hais cette sensation. Mon corps est au Symbiose, et même en ayant fermé la porte à clé, même avec les gardes qui opèrent des rondes permanentes dans le couloir derrière, même malgré la fenêtre en verre blindé, je me sens vulnérable.

Puis la lumière se fait, et je cligne des yeux. L’image est d’abord floue, puis elle devient nette.

Je ne suis plus au Symbiose.

— Solange ! s’écrie joyeusement une voix.

Hermès se précipite, il s’arrête à deux centimètres de moi.

— Ça me frustre terriblement de ne pas pouvoir te toucher… râle-t-il, mais son sourire reste intact.

Je lui fais les gros yeux, puis je tourne sur moi-même. Ça doit être sa chambre. Elle est immense, et impeccablement rangée, comme s’il attendait de la visite. Sur son bureau, ses stylets, ses tablettes et autres gadgets sont alignés de manière trop symétrique pour que ce soit naturel.

Je fais quelques pas de ce côté, effleure les objets de la main… Rien ne bouge. Contrairement aux Maeve d’Avril Cassan, je ne peux pas interagir avec mon environnement. Je suis juste une projection, dont les dizaines de micro-projecteurs ici présents peuvent capter l’image.

— Euh… Tout va bien ?

Derrière moi, Hermès a suivi mon mouvement.

— Non, tout ne va pas bien.

Je fais volteface pour observer son visage, lequel se peint d’inquiétude.

— C’est Mikhaïl ? Il a fait quelque chose ? Je peux venir, si tu as besoin ! Je peux venir en personne, franchement j’étais à deux doigts de le faire ce matin, si ma mère…

— Non, c’est pas Mikhaïl. C’est toi !

Un franc air d’incompréhension apparaît à présent.

— Je comprends pas.

— Ta mère !

Sa bouche s’entrouvre.

— Qu’est-ce qu’elle a fait ?!

Agacé, je me désigne. Le projecteur holographique m’a scannée toute entière avant de m’envoyer ici, donc Hermès me voit exactement comme je suis à présent, cheveux hirsutes et jean trop grand.

— Je comprends toujours pas.

— Pourquoi t’as pas dit que c’était elle qui apportait le projecteur ? Tiens, à ce sujet, tu aurais pu me dire avant qu’elle travaillait au Symbiose !

Hermès me lance un regard surpris.

— Où d’autre ? Tu le sais, qu’elle est sur le projet Maeve, non ?

— Si mais… Bref.

— Qu’est-ce que ça change ? L’important, c’est que tu aies le projecteur, non ?

— Oui mais… J’étais pas prête à rencontrer ta mère. J’ai dû passer pour une folle ! Tu as vu ma tenue ?!

Peu à peu, je vois le regard d’Hermès s’éclairer d’une lueur de compréhension. Puis un rictus lui monte aux lèvres, qu’il dissimule mal. Et finalement, incapable de se retenir, il éclate de rire.

— Non mais tu trouves ça drôle ?

Il part plus loin encore dans son fou-rire, se laisse tomber sur son lit aux couvertures arrangées avec une précision militaire. Quel culot de se moquer de moi quand il a très certainement rangé sa chambre à mon intention.

— Je vais y aller.

— Non, attends, non !

Il se redresse, se fait violence pour que son sourire s’efface.

— Pardon. Je pensais pas que ce genre de choses avait une importance pour toi.

— Que j’aie l’air d’un sac à patate devant ta mère ?

— Beh, oui… Enfin, tu es pas très coquette.

J’ouvre de grands yeux, il plaque une main contre sa bouche.

— C’est pas ce que je voulais dire. Tu es naturellement jolie, c’est ça, que je voulais dire !

Mes sourcils se froncent.

— Ça va pas non plus ? demande-t-il, inquiet.

— Tu es un idiot, Herson Mestre.

— Je sais. Je te demande pardon.

Un nouveau sourire, sincère, dessine ses lèvres. Il tapote son matelas à côté de lui. Je réponds à l’invitation. Assise ou debout, en tant qu’holographe, ça ne fait pas grande différence pour moi, mais je suppose que j’apprécie tout de même l’attention.

— Comment ça se passe, au Symbiose ?

— Je suis arrivée hier seulement, tu sais. J’ai surtout dormi depuis.

Il se penche vers moi, tout près de mon visage. On échange un long regard. C’est assez différent de quand il se trouve réellement à mes côtés, mais ça reste quelque chose et mon pouls s’emballe. Je détourne le regard la première.

— J’ai quelque chose à te dire, Solange.

— Quoi ?

— Mmh.

Il regarde devant lui à présent. Je sens une sorte d’embarras.

— Je… J’ai l’impression que j’ai pas vraiment été honnête avec toi.

Une légère torsion vient agiter mon estomac. Pas honnête… ?

— À quel sujet ?

— Promets que tu m’en voudras pas ?

— Je peux pas te promettre ça, mais je peux au moins te garantir que je te ferai pas de mal, puisque je suis un holographe.

Il tourne les yeux vers moi, la tête dans ses mains.

— Je crois que je préfèrerais le contraire.

— Hermès ?

Il commence à m’inquiéter. Je sens que son ton se fait plus sérieux, à présent.

— C’est juste… Tu sais, ce qu’a dit Mikhaïl ?

— Mikhaïl dit beaucoup de choses, alors rafraîchis-moi la mémoire.

Il se redresse, et crispe ses mains sur ses genoux, avant de prendre une longue inspiration.

— Au sujet de pourquoi je me suis intéressé tout de suite à toi, quand tu es arrivée ?

Va-t-il me faire une déclaration d’amour ? Je n’ai jamais été très prétentieuse, mais je suppose qu’Hermès ressent quelque chose pour moi, à sa façon de se comporter. Peut-être que moi aussi, parce que malgré cette hypothèse enveloppée d’un regrettable espoir, je sens une décharge d’angoisse partir de mon estomac.

— Et ?

Il reste parfaitement immobile un instant, pinçant les lèvres. Il cherche ses mots.

— Je t’ai dit que j’avais entendu des rumeurs courir sur toi avant ton arrivée. Que j’étais sûr que t’étais estholaise. En vérité, j’ai entendu ma mère en parler avec mon père, elle l’avait entendu dire au travail… Enfin bref, je savais que t’étais estholaise et…

Il inspire de nouveau.

— … et solavienne à la fois. À partir de là, j’ai cogité et cogité et..

— Je t’écoute.

— Est-ce que… Tu as dit que c’était ta mère qui était solavienne, n’est-ce pas ?

Il a un regard perçant. Qu’a pu dire sa mère d’autre ? Je suppose que quelques personnes, au Symbiose, doivent savoir. Même si je n’en ai pas parlé. Le chancelier n’a pas dû pouvoir le cacher à tout le monde. Et j’ai failli le dire moi-même à Hermès, quand on se trouvait dans la chapelle, avec Mikhaïl. Si Pavel Konstantin ne nous avait pas interrompu, j’aurais sûrement tout dit. Je ne pense pas que ça mettra Hermès en danger, pas s’il ne crie pas sur tous les toits ce qu’il sait de moi. En fait je suis assez impressionnée qu’il ait pu rassembler tout seul les pièces du puzzle.

Je lui adresse un petit sourire.

— Oui, c’est ce que j’ai dit.

Il hoche la tête avec conviction.

— J’ai cru comprendre, quand ma mère en parlait, que tu venais d’une famille importante…Alors… Est-ce que ta mère est Éliane Cassan ?

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Anna.lyse
Posté le 14/06/2025
Hello Cléooo,

On voit effectivement qu'Hermès ne lâche pas Solange. Au moins il est plutôt honnête avec lui-même.
Cela fait effectivement pensé à un triangle amoureux entre Mikhaïl, Hermès et Solange. À suivre donc l'évolution car là où Hermès apparaît dans une premier temps entier Mikhaïl paraît plus complexe...
Enfin la révélation, Solange est donc la fille d'Eliane Cassan? C'est surprenant au regard de sa réaction dans les chapitres précédents. J'attends de lire la suite.
Au plaisir :)
Cléooo
Posté le 15/06/2025
Non, Hermès est pas du genre à lâcher les autres :) C'est une des raisons pour lequel je l'aime bien.
Concernant la révélation, je n'en dis pas plus ici :p
MrOriendo
Posté le 06/06/2025
Hello Cleo !

Très sympa, le système de projecteurs holographiques ! Par contre, j'ai l'impression que le pauvre Herston est complètement dans la sauce, je n'imagine pas du tout Solange fille de Eliane Cassan. Ça ne colle pas vraiment avec la manière dont elle la voit, dont elle en "parle" dans ses introspections. Mais je peux me tromper, après tout ^^
J'imagine que la réponse à cette question arrive dans le prochain chapitre.

J'ai bien aimé la rencontre éclair avec Mme Mestre, et Solange qui s'inquiète d'avoir l'air d'un sac à patate x)
Encore une fois, ça ajoute une touche d'humour et de légèreté bienvenue à ton récit.
Au plaisir,

Ori'
Cléooo
Posté le 06/06/2025
Contente que les notes d'humour te plaisent ^^ J'aime bien dédramatiser quand le moment s'y prête !
Et pour la question en suspense... Oui, la réponse se trouve au prochain chapitre !
Merci pour tous tes retours :)
James Baker
Posté le 04/06/2025
Bonjour Cléooo !

Commençons par les coquilles que j'ai relevées en vitesse :

"Quand je me suis réveillée, Mikhaïl est encore là." --> problème de concordance des temp.

"Elle a un petit rire joyeux et j’ai la traumatisante sensation d’avoir à faire à une version plus âgée et féminine d’Hermès sous les yeux." --> "d'avoir affaire à une version plus âgée et féminine d'Hermès" (affaire en un mot) ou "d'avoir une version plus âgée et féminine d'Hermès" (affaire en un mot aussi), mais pas les deux combinés.

"J’espère que j’aurais l’occasion de te revoir ! "--> J’espère que j’aurai l’occasion de te revoir ! (sans s à aurai).

Quand je prête attentionm je vois visuellement le même manque de battements/réflexions entre les lignes de dialogue que j'avais remarqué dans les chapitres précédents. Cela dit, au moment de la lecture, je l'ai beaucoup moins senti. Je n'ai pas revérifié les premiers chapitres pour vérifier si ces battements y étaient aussi manquants; ça pourra être à vérifier. Dans tous les cas, les chapitres où je dois m'attarder à ce détail pour le remarquer impliquent un rythme plus naturel dans les dialogues. C'est très bien.

À ce stade et avec cette dernière question, je ne comprends pas la façon dont Solange a pensé à Éliane lors de l'interrogatoire. On ne pense normalement pas à sa mère par l'enchaînement de son prénom et de son nom de famille. Si c'est bien sa mère, cela suggère une distance très grande, peut-être quelque chose qu'elle n'a pas pardonné (au sujet de son père? D'un abandon quand elle est rentrée d'Esthola? Autre?) Et sa tante prof doit également savoir. Quelle rivalité a bien pu provoquer un pareil geste? Dans tout les cas, ça explique l'attitude immédiatement aidante d'Éliane lors de l'interrogatoire.

Je dois y aller. Très bon chapitre. À bientôt!
Cléooo
Posté le 05/06/2025
Coucou James ! "Quand je me suis réveillée, Mikhaïl est encore là." -> incroyable... Plusieurs fois que je le lis, et à chaque fois je lisais "était". Je me sens trahie.

"au moment de la lecture, je l'ai beaucoup moins senti." -> c'est bien ça, j'aime aussi qu'un dialogue puisse se suffire. En général, je rajoute les réflexions intermittente en relecture, mais si ça fonctionne sans, c'est qu'il ne manque pas beaucoup.

Je ne suis pas sûre de bien comprendre ta dernière remarque : "je ne comprends pas la façon dont Solange a pensé à Éliane lors de l'interrogatoire" -> tu veux dire les pensées interne de Solange pendant le chapitre de son interrogatoire ?

Merci de ton retour encore une fois ! À bientôt ^^
James Baker
Posté le 05/06/2025
Le pensées internes de Solange, oui. Si Éliane est sa mère, quelque chose devrait transparaître. Je te donne un exemple. Je ne sais pas si tu as déjà entendu parler de cet événement et je ne me souviens plus du nom et des mots exacts employés, je vais donc improviser un peu le texte, mais l'essentiel sera là.

Lors des attentats du 11 septembre 2001, des gens ont effectué des appels à partir de l'un des avions. Un homme a appelé sa mère, Cet appel commençait ainsi (Texte imprécis et nom inventé, situation avérée) : "Allo maman? C'est John. John Anderson."

Une foule de gens se sont levés en hurlant "C'est un faux appel! Aucun fils n'appelle sa mère en précisant son nom de famille!" Dans le cas présent, le stress explique pourquoi un homme se présente ainsi. L'inconscient cherche ses repères, on donne plus de détails pour s'assurer d'être compris/reconnu/cru dès le début. La réaction incrédule des gens est naturelle également: Quand tu appelles tes parents, à quelle fréquence précises-tu ton nom de famille? De la même façon, à quelle fréquence penses-tu à ta mère en l'identifiant avec son nom de famille dans tes pensées? "Éliane." "Maman." Si votre entente est particulièrement mauvaise, il pourrait y avoir des épithètes méprisantes également. Je ne penserais jamais à ma mère comme "Éliane Baker." Comment se fait-il qu'elle pense à sa mère comme "Éliane Cassan"?

C'est l'élément qui m'est venu immédiatement en tête en lisant la phrase "— Alors… Est-ce que ta mère est Éliane Cassan ?", ma réaction immédiate a été de penser "Ben... non. Elle l'a nommée en entier dans sa tête quand elle l'a vue à son interrogatoire."

Je crois qu'il y a d'autres occurrences similaires, comme quand la directrice fait son discours, mais je n'ai pas vérifié. Je ne sais plus si elle se présente ou si elle pense son nom.. Dans tous les cas, je vois que c'est pour cacher des éléments dont le narrateur est au courant, mais il pourrait être préférable d'utiliser un glissement subtilement révélateur que de provoquer un décrochage dans le cerveau du lecteur. En bref, l'essentiel est d'éviter qu'elle ne pense à sa mère en des termes qui ne sont pas compatibles avec une relation mère fille. "Éliane. La directrice. Bref, elle." Si elle est responsable de la mort du père de Solange, qu'elle ne le lui a pas pardonné et qu'elles ont été loin l'une de l'autre depuis, "cette garce de Cassan" pourrait très bien faire (et le contraste avec la directrice qui la défend ensuite pourrait être intrigant et savoureux)­.

Je pars de la prémisse qu'Hermès (note : beaucoup moins stéréotypé depuis qu'il ne l'était à sa première apparition) a raison, mais je n'ai pas encore lu la suite. Peut-être que tout ce que je dis est inutile et qu'Éliane Cassan n'est simplement pas sa mère :P

L'avantage des révélations subtiles, c'est que lors de la seconde lectures, elles prennent leur sens (alors qu'à la première, elles sont souvent reçues comme des anomalies naturelles de la réflexion du narrateur quand elles ne passent pas complètement inaperçu).

J'arrête ici. Je sais que je suis moins cohérent que d'habitude et je soupçonne que j'ai fait quelques fautes, mais je ne suis pas seul et mon attention est régulièrement attirée hors de ce que je fais présentement. À bientôt!
James Baker
Posté le 05/06/2025
Pff, je viens de lire la première ligne de la suite. Oublie tout ce que je te viens de dire :P
Cléooo
Posté le 05/06/2025
Héhé :p
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