Chapitre 13 : Ce qui semblait être

Par Cléooo

Chapitre 13 : Ce qui semblait être

 

Je cligne des yeux, stupéfaite. Bientôt, je sens un rire venir étrangler ma gorge et m’étouffer un peu. Hermès m’observe d’un air embarrassé. Par réflexe, je lui prends la main. Je passe au travers de rien et il grimace.

— Tu es… statique, indique-t-il en agitant des doigts soudainement ankylosés.

— Oh, excuse-moi. J’avais oublié que j’étais une projection.

Je le scrute quelques secondes, pensive.

— Alors… T’es pas sa fille ? demande-t-il finalement devant mon air amusé.

Lentement, je secoue la tête de gauche à droite. Sa bouche s’entrouvre, je vois qu’il se sent bête. J’enchaîne :

— Dis-moi… Qu’est-ce que tu cherchais, en me parlant, au départ ?

— Je… Je sais pas exactement… Je suppose que tu me plaisais bien et…

Il rougit brusquement et je détourne les yeux pour que ça ne se reflète pas sur moi.

— Et pourquoi tu as pensé que j’étais la fille d’Éliane Cassan ?

Il a un sourire gêné, tire sur le col de son t-shirt, comme s’il était à présent trop étroit.

— Beh j’ai entendu dire qu’à une époque, elle allait beaucoup en Esthola… Tu dois penser que je suis un idiot, non ?

— Non, je pense pas que tu es idiot. Et t’es pas passé loin.

Il redresse alors la tête. Puis une grimace horrifiée se peint sur son visage.

— Oh mon… Me dis pas… Sylianna Cassan ?

J’ai un léger rire.

— Heureusement, non. D’ailleurs, je crois pas que Sylianna Cassan sache qui je suis. Mais je crois qu’Éliane Cassan a des doutes. Ou qu’elle le sait carrément.

Hermès fronce alors les sourcils dans un effort de réflexion intense. Mais bientôt, il semble nager dans la plus totale incompréhension.

Je décide de lui donner un indice supplémentaire :

— Avril Cassan était bien ma grand-mère, Hermès.

Sa bouche s’ouvre grand. Il blêmit.

Il se lève, agité d’étranges tremblements.

— Comment… Solange… Mais c’est pas possible… Comment… ?

 

***

 

Onze ans plus tôt.

 

— Maman ?

Elle est affaissée sur le fauteuil, sa tête repose sur son bras. Elle sursaute quand j’approche.

— Solange, ma chérie. Viens ma puce.

Je trottine jusqu’à elle et grimpe sur ses genoux. Délicatement, elle repousse mes cheveux derrière mes oreilles.

— Tu es fatiguée, maman ?

— Un peu. C’est la chaleur, en Esthola, elle est très forte l’été.

— C’était moins chaud à Solavie ?

— Beaucoup moins. Port-Céleste est tout près de l’océan, alors même l’été, l’air porte les embruns marins et rafraîchit la ville.

— On peut y aller pendant que c’est les vacances, si tu veux !

Je souris, mais maman semble triste.

— J’aimerais t’y emmener un jour, ma puce. Tu es en partie solavienne, puisque moi, je suis solavienne. N’oublie jamais ça, d’accord ? Tu n’es pas seulement estholaise.

— Papa dit que je suis estholaise.

— Papa dit parfois des bêtises.

Je hoche la tête d’un air entendu. C’est vrai, que papa dit parfois des bêtises.

— Pourquoi on irait pas cet été, puisque tu es fatiguée parce qu’il fait chaud ?

— Eh bien… J’ai peur que ça ne soit pas très agréable, comme visite. Tu sais, ma maman est un peu fâchée contre moi.

— Tu as une maman, toi ?

Maman sourit, puis sa poitrine est agitée d’un petit rire.

— Oui, j’ai une maman. Ta grand-mère. Elle vit à à Port-Céleste. C’est une dame importante, elle est la directrice de La Grande École là-bas. J’y étais étudiante aussi quand j’étais plus jeune. Tout comme tata Béa.

— Pourquoi elle est fâchée contre toi ta maman ? Tu as fait une bêtise ?

— Eh bien…

Maman a une petite moue difficile à lire. Je vois qu’elle cherche quelque chose. Je pense qu’elle ne veut pas tout dire. J’ai l’impression qu’elle est triste.

Je viens caler ma tête dans le creux de son cou. Même s’il fait chaud, il ne faut pas sous-estimer le pouvoir d’un câlin.

Maman passe une main douce dans mes cheveux.

— Ma maman n’est pas contente que j’aie choisi d’habiter à Ludvina, ma chérie. C’est tout.

— Mais alors, elle devrait être contente de te voir en vacances, non ?

Maman penche la tête pour me regarder.

— Elle devrait, oui. Moi, ma chérie, je serai toujours heureuse de te voir, peu importe où tu décides de vivre, peu importe les choix que tu feras. Je t’aimerai toujours, tu le sais ?

 

***

 

Jour présent.

 

Hermès se tient devant moi, il n’ose plus parler. Son expression s’est faite fiévreuse.

— Tu es la fille de Léanna Cassan ? finit-il par articuler.

Je hoche la tête, un peu surprise par sa réaction. Il doit connaître une partie de l’histoire, mais ça ne justifie pas, à mon avis, cette angoisse que je perçois chez lui.

— Si tu es sa fille… Ça veut dire que tu es… La nièce de Béatrice Trivia ?

À nouveau, j’acquiesce, cette fois stupéfaite. Je m’attendais à ce qu’il s’étonne de mon lien de parenté avec les Cassan avant de mentionner tata Béa. Puis passée ma surprise, je suppose que c’est assez logique que ça l’interpelle, vu que sa mère travaille au Symbiose.

— Porteval… murmure-t-il d’un coup. C’est pas ton nom… Tu t’appelles Trivia… La fille de l’ambassadeur Angelo Trivia, c’est ça ? Mais… Comment c’est possible… Tu me mens ? C’est vrai ?

Il est de plus en plus agité. Je me redresse. Petit à petit, l’énergie que j’avais en arrivant me quitte. Entendre ces noms dans la bouche d’Hermès était une chose que je pensais être capable de tolérer.

C’était sûrement me surestimer.

C’est comme si j’avais contaminé mon îlot.

Une sorte de douleur sourde m’enveloppe tout entière.

— Je devrais retourner au Symbiose.

Hermès m’observe d’un air étrange. Il ne dit rien. La douleur devient plus prégnante. Elle atteint son paroxysme quand il hoche simplement la tête.

Je voudrais pouvoir dire quelque chose d’autre, quelque chose qui l’obligerait à parler à son tour, mais je ne trouve rien. Une sorte d’émotion m’enserre la gorge. Je parviens à peine à articuler ma commande :

— Ramène-moi, Maeve.

Et tout devient noir.

 

***

 

— Pourquoi lui avoir dit ?

Quand je suis revenue à moi-même, Mikhaïl tambourinait à ma porte de chambre, visiblement paniqué. Il m’avait apporté de quoi déjeuner mais je n’ai pas pu avaler la moindre bouchée.

— Parce que je… Tu m’as dit toi-même que j’aurais dû dire qui était ma mère.

— Oui… Mais je cherchais à te provoquer, Solange. C’était idiot de ma part…

Je lui lance un regard noir et il semblé gêné.

— J’ai été stupide, alors ? De lui dire ?

 — C’est pas ça, Solange… C’est juste…  Ta tante… Béatrice, je veux dire…

Je laisse ma tête rouler vers Mikhaïl.

— La mère d’Hermès la connaissait forcément, non ? continue-t-il.

Ma bouche s’entrouvre. Je redresse la tête, les yeux rivés sur le regard translucide de Mikhaïl. Je le sens toujours embarrassé. Il déglutit.

— C’est… C’est une des raisons pour lesquelles je voulais pas trop que tu traînes avec lui. Je suis désolé.

— Pourquoi elle la connaîtrait forcément ?

—Bon sang, Solange, additionne deux et deux !

Il me lance un regard insistant, puis bientôt, sa main trouve mon poignet, caresse le bracelet qui l’enlace. J’entrevois ce qu’il essaye de me faire comprendre, mais ça n’a aucun sens.

— Quel rapport avec les Maeve ? Elles ont été créées bien plus tard, non ?

— C’est rien d’autre qu’un produit dérivé du système du Symbiose.

Mikhaïl rougit et jette un coup d’œil furtif vers la porte. Je devine qu’il n’aimerait pas qu’on entendre notre conversation. Moi, je sens un poids venir alourdir mon estomac.

— Alors… Ce sont bien les recherches de tata Béa qui ont été utilisées ?

Mikhaïl pince les lèvres.

— J’en sais pas beaucoup plus, Solange, je t’assure. Mais… Aujourd’hui, si Solavie rayonne tant à l’internationale, c’est notamment grâce aux avancées technologiques… créées par nos scientifiques. Mais… Peut-être que le modèle initial du Symbiose n’appartenait complètement pas au Symbiose…

Il affiche une moue d’enfant prêt à se faire gronder.

— Donc c’était bien le travail de tata Béa. Elle mentait pas, c’était bien son travail !

Mon cœur s’embrase en même temps que je parle. La colère fait vibrer ma voix. Une larme brûlante s’écoule le long de ma joue. Machinalement, Mikhaïl la chasse de son pouce.

— Est-ce qu’elle est vivante ? demande-t-il alors.

— C’est pour ça que ton père m’a fait venir ? Il veut savoir si elle est vivante ?

— Tu peux comprendre, non ? C’est elle qui a tout provoqué, Solange !

— Il faut être deux dans une dispute ! C’était pas entièrement sa faute !

— Tu as tort, c’était sa faute !

Mikhaïl se lève brusquement et pousse un long soupir.

— Comment tu peux la défendre après ce qu’elle a fait ?

Il me lance un regard noir.

Je reste là, sur le lit. Mes genoux serrés contre moi pour seul réconfort.

— Il y a deux vérités à chaque histoire… dis-je d’une voix blanche.

Je laisse ma tête retomber sur le côté. Les pas de Mikhaïl se rapprochent, et bientôt je sens son étreinte autour de moi.

— Peut-être, murmure-t-il. Mais je voudrais qu’on puisse se mettre d’accord sur la même vérité, Solange. Au moins toi et moi. Je veux pas qu’il t’arrive la même chose qu’à ta mère, ton père ou ta tante. S’il y a des choses que tu sais, je voudrais que tu me le dises. Tu as ta place ici. Tu es solavienne. Tu es une Cassan !

Il me serre un peu plus fort contre lui. Je le laisse faire. Où ont disparu toutes ces années pendant lesquelles j’avais seulement peur de me souvenir de lui ? Je hais ce moment de faiblesse qui m’enveloppe tout entière, je hais cette indifférence mêlée de ressentiment que j’ai vu naître sur le visage d’Hermès, je hais tata Béa pour ce qu’elle a fait.

Je me laisse envelopper. Je sais ce qu’attend Mikhaïl de moi. Je sais ce qu’espère Pavel Konstantin. Je pressens de plus en plus nettement qu’il me faudra bientôt choisir, complètement, entièrement et sans équivoque l’un des deux camps, l’un de mes sangs.

L’étreinte de Mikhaïl est douce et rassurante. Elle m’évoque ma propre lâcheté. Le sentiment d’injustice des estholais étouffé par deux bras chauds.

Doucement, je repousse Mikhaïl. Il me relâche mais reste tout près.

— Merci, Mikhaïl. J’ai besoin de parler à Hermès, tu veux bien me laisser le rappeler ?

— On peut aller le voir, si tu veux.

J’entrouvre la bouche et il sourit.

— Il habite pas si loin du Symbiose. Et s’il ose te faire le moindre reproche, t’inquiète, moi aussi j’ai deux ou trois dossiers à son sujet.

— T’es sérieux ? Je doute franchement qu’il t’accueille à bras ouverts. Et que ton père…

— Laisse-moi me charger de mon père. On est pas des prisonniers ici, c’est pas Esthola.

Je prends la pique avec une certaine résilience. Mikhaïl et moi, on ne pourra jamais accepter la même vérité. Il n’en sera pas moins Mikhaïl.

Je me laisse retomber dans mon lit alors qu’il part voir son père.

 

***

 

La maison est immense. La brique rouge me fascine. Elle façonne Port-Céleste partout, des quartiers plus modestes aux plus grands édifices. Le jardin est parfaitement entretenu, chaque brin d’herbes mesure précisément deux centimètres, chaque pétale de rose a été comme sculpté. Des roses, aux portes de l’hiver… La famille Mestre est plus riche encore que je l’imaginais pour s’autoriser un tel caprice.

— Allez, viens. C’est pas prudent de rester dehors.

Mikhaïl tire sur la manche de mon sweat. Je ne me suis pas changée. Lui non plus, peut-être par solidarité. Ses gardes nous entourent de partout. Ils font des signes pressant à Mikhaïl qui finit par m’abandonner au milieu du jardin pour aller sonner à la porte.

Je reste en retrait. Puis, quand au bout de quelques secondes, je vois la porte s’entrouvrir, mon estomac se contracte.

Le visage d’Hermès apparaît dans la fente, hagard. Il fixe Mikhaïl d’une étrange expression, puis lève les yeux et me voit. Sa bouche s’entrouvre. Il sort pieds nus sur le perron… puis, après une hésitation, accourt vers moi.

— Qu’est-ce que tu fais ici ?!

J’ai malgré moi un mouvement de recul, mais il prend ma main. Il se tourne alors en direction de sa maison et avance, m’entraînant dans son sillage. Mikhaïl l’observe sans rien dire, puis entre à notre suite sans y avoir été invité. Hermès lui lance un regard sombre mais il referme la porte derrière lui.

Je me trouve à présent dans un immense salon au milieu duquel une majestueuse cheminée trône, pile au centre de la pièce. À l’image de la chambre d’Hermès, tout est impeccablement rangé. Pas une trace de poussière, pas un coussin de travers sur les canapés. Et pour cause… Cinq Maeve s’agitent ici, elles ont déjà balayé la poussière de nos pas. Je suis bête d’avoir pensé qu’il avait rangé sa chambre pour moi… Je suppose qu’Herston Mestre ne range pas lui-même sa chambre.

Je serre les dents, mais c’est ce moment qu’il choisit pour me prendre dans ses bras. Surprise, je me dégage, levant les yeux vers lui pour découvrir une expression peinée sur son visage.

— Je suis désolé pour tout à l’heure. J’étais choqué. Je t’ai écrit, pourquoi tu m’as pas répondu ?

Je cligne des yeux. Mikhaïl a passé nos Maeve en nox quand il m’a rejointe. Avec le déplacement, nous n’avons pas pensé à les réactiver.

C’est lui qui l’explique à Hermès, lequel hoche vaguement la tête.

— Solange… Euh…

Il jette un regard hésitant vers Mikhaïl.

— Il… Il sait, lui ?

— Évidemment que je sais, répond Mikhaïl avec orgueil. On t’a dit, que ça remontait à loin, nous deux.

Hermès plisse les yeux, mais il se recentre sur moi.

— Okay… Nox est !

Les Maeve disparaissent toutes. Un balai retombe au sol, son bruit se fait fracassant dans le silence.

— Est-ce que c’est ton vrai prénom ? reprend-il. Solange ?

Un peu surprise, je hoche la tête.

— Solange, oui… mais Solange Trivia, pas Porteval.

Hermès déglutit.

— Je suis désolé pour ma réaction tout à l’heure. Je pensais pas que c’était possible.

— Je comprends.

Il a un regard douloureux. Se mord la lèvre inférieure. Je devine ce qu’il va me demander. Et c’est normal. C’est normal, parce que Solange Trivia ne devrait pas se trouver devant lui.

— Comment ça se fait ? Tu… Tu es censée être morte, non ?

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Anna.lyse
Posté le 14/06/2025
Hello Cléooo,
Chapitre vraiment très important, il se par beaucoup beaucoup de choses. Je vais essayer de reprendre progressivement :
D'abord ok, la mère de Solange n'est pas celle à qui pensait Hermès. Rien d'étonnant, moi-même j'y ai pas vraiment cru. Par contre j'avoue avoir beaucoup de mal à me repérer dans cette famille Cassan. Peut être parce que j'ai tendance à faire différentes choses en même temps du coups ça m'embrouille peut-être un peu.
La réaction de Hermès, son choc alors même qu'il a avoué avoir une profonde affection pour Solange, me fait me demander si tata Béa n'est pas responsable d'un drame plus personnel. En tout cas, je sens le coup de l'attentat... J'attends de voir.
Le soutien de Mikhaïl, et les révélations sur certains points de discordance entre les deux pays...
C'est tout à fait juste: la vérité tout comme l'histoire comporte toujours une part de subjectivité. Les historiens eux même indique que l'histoire n'est pas neutre, il y a toujours un prisme. Les psychologues indiquent la même chose au niveau individuel, chaque histoire personnel est subjective...
Les retrouvailles entre Hermès et Solange, l'inquiétude de ce dernier suite à son choc initial... Je trouve cela juste, le personnage d'Hermès est touchant dans sa sincérité.
C'était un nouveau chapitre très intéressant.
Au plaisir de poursuivre cette lecture. ^^
Cléooo
Posté le 15/06/2025
Alors pour la famille Cassan, c'est très simple ! Mais c'est normal que tu sois un peu perdue, parce qu'à ce moment de l'histoire, la seule chose qu'on sait, c'est que Sylianna et Éliane sont sœurs.
On peut deviner leur lien de parenté avec Avril Cassan, mais il n'est pas précisé avant ce chapitre.
Du coup pour résumer, Avril Cassan a eu trois filles. Dans l'ordre : Éliane, Léanna, Sylianna.
Solange est la fille de Léanna, donc Éliane et Sylianna sont ses tantes et Avril était sa grand-mère (décédée à ce jour).

Je suis contente que tu apprécies le développement psychologiques des personnages ^^ C'est quelque chose à quoi j'aime faire attention, même si parfois je peux aussi passer à côté !
Anna.lyse
Posté le 15/06/2025
Merci pour cette explication. En effet, ce n'est pas très compliqué. Je pense quelque part que j'ai dû manquer d'attention à un moment donné.
MrOriendo
Posté le 06/06/2025
Hello Cleo !

Wowowow, que de révélations ici !
On peut dire que le mystère de l'identité de Solange est maintenant levé, et ça permet enfin de relier de nombreux fils de la toile que tu as tissée.
C'est bien vu d'ailleurs, dans la construction de ton histoire, on s'interroge sur Béatrice, sur le chancelier, sur Mikhaïl et leur passé commun... mais à aucun moment on ne suspecte qu'il existe un voile autour de l'identité de Solange aussi. Du moins, jusqu'au moment où Hermès lui demande si elle est la fille d'Eliane Cassan.
Bref, tout ça jette un nouvel éclairage inattendu sur ton récit. On sent bien qu'on vient d'atteindre un point de bascule, j'imagine que le scénario va s'accélérer à partir de maintenant.

Nouvelles hypothèses, puisque ça t'aide de les lire :
Béatrice Trivia a inventé les Maeve. Ou du moins, est à l'origine de l'essentiel des travaux de recherche qui ont permis leur développement. Mais Pavel Konstantin a "volé" ses recherches et la nation solavienne les a utilisées pour créer le Symbiose, puis Mme Mestre s'est appuyée sur le "code" du Symbiose pour créer les Maeve.
Ça a généré des tensions énormes entre les deux pays, la famille de Solange s'est déchirée et un drame est survenu. À présent, elle est une réfugiée politique et les "Oiseaux" veulent la retrouver (voire la supprimer ?).
Et elle "est censée être morte" parce qu'on a fait croire à sa mort pour la protéger et l'exfiltrer de son pays.

On commence vraiment à y voir plus clair, et j'aime beaucoup l'intrigue qui se dessine derrière cette histoire. Pour le moment, je ne fais pas encore le lien avec la drogue utilisée pour attaquer Laurie Estevin, ou pour décimer une partie de la population de... je ne me souviens plus du nom de la ville, désolé.
Donc j'imagine qu'il existe encore tout un prisme de ton scénario qui m'échappe. Tant mieux, ça fait encore plein de mystères à résoudre ^^

J'ai hâte de lire la suite pour vérifier si mes hypothèses tiennent la route ou si je suis définitivement un gros nul quand il s'agit de résoudre une enquête x)

Au plaisir,
Ori'
Cléooo
Posté le 06/06/2025
Terriva, mais aucun soucis, je m'inquièterai au contraire que tu aies retenu l'histoire par cœur après une seule lecture ! ^^

Alors le prochain chapitre (le dernier posté) devrait répondre à une partie de tes hypothèses, et c'est un peu la chute de cette "première partie" de roman.
Et oui franchement ça m'aide de te lire, parce que ça me renvoie à des points précis pour lesquels je peux vérifier si j'ai trop ou pas assez mis d'informations, si c'est sujet à une interprétation double ou pas...

Merci encore du coup :D
James Baker
Posté le 05/06/2025
Me voici après les pavés inutiles du précédent chapitre :P

"Je passe au travers de rien et il grimace." Juste une suggestion, mais "Je passe au travers" suffirait à exprimer le sens sans alourdir la phrase.

"— Pourquoi on irait pas cet été, puisque tu es fatiguée parce qu’il fait chaud ?" pas de coquille, mais la formulation est un peu lourde à mon œil. "Puisque la chaleur te fatigue" pourrait mieux faire. Plus oral, un enfant pourrait dire "vu que le chaud te fatigue".

"Maman a une petite moue difficile à lire." serait plus approprié si Solange arrivait et que la mère affichait déjà la moue. Dans le contexte présent, "fait une petite moue" me semblerait plus approprié. Je peux avoir une vision subjective de la phrase; demande-toi bien si mes suggestions présentes améliorent ton texte ou pas avant de les appliquer.

"Ma maman n’est pas contente que j’ai choisi d’habiter à Ludvina, ma chérie." --> que j'aie choisi (subjonctif plutôt que passé composé).

"Parce que je… Tu m’as dit toi-même que j’aurais dû dire qui était ma mère." J'ai un souvenir vague des provocations de Mikhaïl. J'aurais dû y prêter plus attention, je ne me souviens que l'une d'entre elle avait fait "fermer" Solange sans me souvenir de laquelle il s'agit. C'était ça?

"Peut-être que le modèle initial du Symbiose n’appartenait complètement pas au Symbiose…" il manque le "pas dans cette phrase.

"La colère fait vibrer ma voix. " pourrait être plus fort formuler comme suit : " Ma voix vibre de colère". Faire est un verbe à tout faire souvent utilisé devant un infinitif qui pourrait se suffire à lui même (mais pas comme Onan). Le cerveau humain enregistre un mot de plus comme une complexité de plus à la phrase (mais pas nécessairement dans le bon sens d'ajouter de la complexité). Faire fait partie des verbes utilisés dans tellement de situations différentes qu'il perd sa richesse de sens.

N.B : je n'ai pas remarqué chez toi une surabondance de verbes à tout faire, mais je le souligne quand même ici parce que j'ai tiqué sur la phrase. C'est probablement seulement un réflexe très ancré en moi. Ce passage raccorde pour moi avec "faire un sourire" et "avoir un rire" (qui sont deux formulations que tu emploies beaucoup, l'une dont j'ai déjà parlé).

"Je laisse mon front tomber contre mes genoux." si elle peut faire ça confortablement, elle est plus souple que moi au niveau du tronc. Cette souplesse supplémentaire est fréquente chez les contorsionnistes, gymnastes et artistes martiaux de haut niveau, mais je ne sais pas si c'est pour autant confortable. Il est aussi possible que la mauvaise image s'évoque dans mon esprit. Je viens d'essayer dans plusieurs positions différentes et je n'arrive pas à trouver la bonne.

"Les pas de Mikhaïl se rapprochent, et bientôt je sens son étreinte autour de moi." "et bientôt je sens son étreinte" serait plus économe (la phrase économe de mots est souvent proportionnellement plus forte de sens si aucun sens n'est retiré par l'absence des mots retirés).

"S’il y a des choses que tu sais, je voudrais que tu me le dises." --> mon premier réflexe serait d'utiliser "tu me les dises", mais je vois aussi le sens de "tu me le dises." Tu peux observer cette phrase pour t'assurer que tu as choisi le bon nombre (me dire s'il y a des choses OU me dire les choses). Si c'est le premier, singulier; si c'est le second, pluriel.

"Je hais ce moment de faiblesse qui m’enveloppe tout entière, je hais cette indifférence mêlée de ressentiment que j’ai vu naître sur le visage d’Hermès, je hais tata Béa pour ce qu’elle a fait." Ce n'est pas une formulation fausse, mais j'aurais remplacé les virgules de l'énumération par des points. C'est subjectif; l'enchaînement sonne plus fort dans ma tête. Ce serait peut-être différent dans la tête d'une autre personne et ça n'est peut-être pas l'effet que tu recherches.

"Le jardin est parfaitement entretenu, chaque brin d’herbes mesure précisément deux centimètres, chaque rose à le même nombre de pétale. " normalement, le nombre de pétales et de sépales d'une fleur est déterminé spécifiquement par son espèce. Que les roses aient le même nombre de pétales est normal et n'a rien à voir avec leur entretien.
James Baker
Posté le 05/06/2025
Post en parties multiples, j'ai publié par accident.

J'adore qu'Hermès ait fait erreur dès le départ. J'étais tellement convaincu qu'il ne se tromperait pas que j'ai plutôt envisagé "c'est l'auteure qui a fait une erreur dans un chapitre précédent."

Je m'excuse si je donne l'impression d'essayer de me substituer à ton propre processus dans le post d'avant. La plupart de ces commentaires sont subjectifs et je les garde normalement pour moi.

On a le sentiment d'être dans du dénouement d'intrigue. Ce genre de passage indique généralement une transition (soit vers la fin d'une histoire, soit vers des phases plus orientées vers l'action ciblée. Je te l'indique pour que tu saches comment mon cerveau réagit à ces signes. Chez moi, ça se produit sur le plan conscient (principalement à cause d'un certain bagage théorique, pas d'un don particulier); chez la plupart des gens, ces impressions sont interprétées inconsciemment. Tu le sais peut-être déjà, auquel cas, ignore-moi allègrement :P

L'altercation entre Mikhaïl et Solange est criante de naturel, tout comme les réactions d'Hermès et Solange lors de leurs échanges de ce chapitre-ci et du précédent. Non qu'elles manquaient de naturel auparavant; simplement que ces situations complexes auraient pu très facilement dérailler dans la mauvaise direction. Tu comprends bien la psychologie des personnages que tu as créé et leur humanité.

On voit les fissures apparaître, mais on ne les comprend toujours pas. Quelle est la faute de Béa (qui n'est peut-être pas une faute)? Avril Cassan en voulait-elle tant à sa fille simplement parce qu'elle avait épousé Trivia? Simplement parce qu'elle était allée vivre à Esthola? Était-ce par orgueil ou pour une autre raison?

Beaucoup d'autres questions également, pas toutes formulées de façon claire dans mon esprit, mais toutes importantes. J'apprécie rarement les romances et la romance est centrale à ton texte, mais tout ce qui l'entoure transcende la romance et me rend l'ensemble agréable. SPOILER ALERT : ça n'est pas une tâche facile...
Cléooo
Posté le 05/06/2025
Ahah déso xD Oui il a fait une erreur, hasardeusement proche de la vérité, mais une erreur quand même ^^ Mais ça faisait un cliffhanger sympa. Et il n'y a pas de soucis, j'aime beaucoup lire les théories en vrai ! Donc aucun soucis par rapport à ton commentaire précédent, et je crois que moi aussi, qui n'aime pas tant les contradictions, j'aurais tiqué dessus, donc je comprends parfaitement.

Merci pour toutes tes remontées sur la forme. Je note tout ça, je le laisse de côté pour le moment (pour la réécriture) mais je te remercie pour tout ! Juste : "Je laisse mon front tomber contre mes genoux." -> J'ai un peu perdu ma souplesse d'antan mais à 17 ans, j'y arrivais xD Je n'ai peut-être pas bien décris par contre (je l'imagine assise sur le lit, dos au mur, genoux plié contre sa poitrine, jambes tenues par ses bras, et pof, sa tête tombe sur ses genoux).
Et "Que les roses aient le même nombre de pétales est normal" -> alors là, tu m'en bouches un coin, au lever du jour je vais aller vérifier mes rosiers.

"J'ai un souvenir vague des provocations de Mikhaïl." -> c'est quand ils ont leur premier échange "Tu aurais pu dire qui était ta mère. Tu as juste dit qu’elle était solavienne. Pourquoi ?". Mais ce qui la ferme, c'est surtout quand ensuite il parle de tata Béa.

Pour finir... Au départ, je ne voulais pas nécessairement incorporer de la romance... Enfin ça, c'est ce que j'ai dit à chaque fois que j'ai écrit quelque chose, et à chaque fois, c'est plus fort que moi. Contente que tu arrives à accrocher quand même si tu n'aimes pas ça ! Je comprends. Pour ma part, j'ai du mal avec la romance (genre la pure et dure) mais ça m'est arrivé d'en lire. Par contre, j'aime bien qu'une histoire dépasse le pur cadre "romance".
Bref je voulais pas que ça soit si central par contre, ou du moins pas au détriment du reste.
James Baker
Posté le 05/06/2025
*Tousse*

Hermès n'aurait pas été aussi stéréotypé en beau gosse séducteur qui n'essaie même pas si tu n'avais pas eu au fond de ton inconscient l'idée qu'il y aurait une romance.

*Retousse*

As-tu entendu quelque chose ? Je crois qu'il y a eu un bruit pendant que je m'étouffais.

Je ne pense pas que tu as focalisé sur la romance. Dans tous les cas, ça a son importance dans un texte. Les romans sans aucune romance sont rarement très lus.

Concernant le front au genou: j'ai essayé cette position aussi. Ce qu'il y a, c'est que c'est possible de toucher mon front au genou; c'est la question de "tomber" qui m'est plus difficile. J'ai plutôt l'impression qu'il faut l'y poser si on est super souple, qu'on ne peut pas s'y laisser tomber. J'ai présentement une souplesse supérieure à la moyenne au niveau du tronc et je dois forcer jusqu'à la douleur pour faire contact. Qui plus est, mon cou est extrêmement fléchi. Ça me suggère qu'on n'arrive pas à la position en se "laissant tomber" dedans, même en étant très souple. On se pousse à l'atteindre. Cela dit, comme je le mentionne, je n'ai jamais atteint des niveaux de souplesse incroyable et je peux me tromper dans mes conclusions. Si tu me dis que tu pouvais juste te laisser tomber dans cette position et comme un élastique, je te crois; je ne le conçois juste pas à l'intérieur de mon corps :o

Le premier échange avec Mikhaïl : oui, maintenant ça me dit quelque chose! Merci!

Concernant les pétales de fleur : une mention quand même, on n'est pas à l'abri d'avoir une fleur mutante quelque part. Il existe également des variations selon la variété. Pour les roses, les pétales sont normalement en "rangées" de 5. Si je me souviens bien, les sépales sont presque impossibles à distinguer des pétales, mais je n'ai pas googler le truc pour être sûr. Certaines variétés ont 50 pétales (peut-être plus, j'ai aussi oublié).

J'arrive à accrocher parce que la romance n'est pas dominante. J'ai essayé de m motiver à lire un Daniel Steele à un moment donné en me disant "bon... si j'en lis 3 ou 4, je devrais pouvoir figurer comment en intégrer un peu dans mes écrits." Je crois me souvenir avoir lu 5 pages avant d'abandonner. Et comme un minimum de romance est attendu dans un roman, c'est aussi une époque où j'ai mis tous mes projets d'écriture de côté.

Je ne suis pas certain que mon cerveau a fini de cicatriser de cette expérience en fait.

Bref; j'essaie d'apprendre le sujet de façon un peu plus soft et tes écrits sont plus subtils dans cette intégration.

Les remontées sur la forme, je suis conscient que si je me laisse aller, j'en fais 44 000 et qu'elles touchent parfois à des choix stylistiques. Normalement, je les note toutes en vrac dans le message et j'épure ensuite. C'est parfois plus difficile de différencier entre "ça c'est mon choix personnel" et "ça, c'est un absolu", mais j'essaie de ne laisser que ce qui est sûr et de mentionner "ça, c'est subjectif". Et de laisser un nombre relativement restreint pour rester raisonnable. On me corrige pas le manuscrit chez l'éditeur avant la publication, là, et tu ne m'engages pas après une sélection rigoureuse en me demandant mes références. Mais là, j'ai cliqué publier par accident en visant 5 cm à côté de la flèche (appelle ça un glitch de cerveau. C'est comme le joueur de basket qui rate son coup franc 1 fois sur 400). Je remarquais plus de lourdeurs stylistiques dans ce chapitre, mais pas nécessairement autant que ce que suggère l'écart de remarque avec les autres chapitres. Et il faut savoir aussi que je les épure tellement chez moi que je sais que ce que j'appelle une lourdeur stylistique , c'est parfois le poids moyen.

À bientôt!
James Baker
Posté le 05/06/2025
J'ai peut-être mal exprimé mon spoiler dans le deuxième pavé, en fait; ce n'est pas une tâche facile d'arriver à m'intéresser à un roman avec une romance aussi présente. Sauf que tu y arrives. Quand je dis qu'elle est très présente, c'est qu'elle est sous-jacente partout, pas qu'elle est le cœur de ton écrit.
Cléooo
Posté le 06/06/2025
"Hermès n'aurait pas été aussi stéréotypé en beau gosse séducteur qui n'essaie même pas si tu n'avais pas eu au fond de ton inconscient l'idée qu'il y aurait une romance." -> CHUI PAS D'ACCORD xD ! Non en vrai des fois c'est juste pour le plaisir des yeux (de l'imagination). Faut savoir garder ses options ouvertes quoi xD

Bon, ça marche pour les genoux ! Alors la tête tombera dans le vide ou sur ses bras! En vrai j'ai fait de la gym et j'étais plutôt souple dans ma jeunesse. Mais on s'éloigne du sujet :D

"un minimum de romance est attendu dans un roman" -> je suis pas nécessairement d'accord avec ça. Oui c'est quelque chose que beaucoup de lecteurs apprécient, dont moi, mais ça ne m'empêche pas d'aimer lire des romans sans romances de temps à autre. Peut-être que pour des romans destinés à des publics plus jeunes par contre, il en faut.
Mais je crois quand même que c'est nécessaire, des romans sans romances.

Bon, concernant les rosiers, j'ai pas pu vérifier. Y'a eu du vent, des dizaines de pétales gisent au sol... Pas comme chez les Mestre, alors je replacerai peut-être le nombre identique de pétales par leur absence au sol malgré la brise soufflante !
Vous lisez