Chapitre 12 : Joyeux anniversaire, Rebecca.

Par Cléooo

Chapitre 12 : Joyeux anniversaire, Rebecca.

 

Un an et demi plus tard.

Le Deuxième – An 2714 – Le 30 novembre.

 

— Cet espèce d’abruti.

— Arrête, Thibault…

— Qu’est-ce qu’elle peut bien lui trouver ? Tu vas me dire qu’il est intéressant ?

Gabriel soupira.

— Qu’est-ce que tu veux que je te dise au juste ?

Et ce fut au tour de Thibault de soupirer. Il voulait seulement du soutien dans sa haine envers Seth Pluto. Était-ce si difficile ?

— Ils sont très mal assortis ! Je voudrais que tu reconnaisses ça au moins.

— Le reste de la cité n’a pas l’air de le penser, répondit Gabriel d’un ton placide.

— Je ne vois vraiment pas ce qu’elle lui trouve. Je déteste quand elle parle de lui. Cet espèce de baratineur. Moi aussi, je lui offrirais des bijoux hors de prix, si seulement je pouvais. Je lui offrirais le monde, si je pouvais ! Quand elle nous montre tous les cadeaux qu’il lui fait, ça me rend fou. Comme si elle manquait d’argent, elle pourrait parfaitement se les offrir toute seule. Je ne supporte plus d’entendre parler de lui Gabi, je te jure…

— Oui, c’est terrible, quand la personne qu’on aime passe son temps à parler de quelqu’un d’autre, n’est-ce pas ?

Thibault approuva furieusement. Depuis son anniversaire l’année passée, un fossé s’était creusé entre Solène et lui. Pendant six mois, elle ne lui avait plus accordé la moindre entrevue privée. Elle l’avait soigneusement évité, jusqu’à ce que Seth Pluto apparaisse dans le paysage. Le fils du ministre de l’économie de Délos était un beau parti. Après le mariage de Grégory Rodweil avec Ludivine Clairciel, l’héritière de la famille Clairciel, à qui appartenait la seconde compagnie d’air pur de Délos, c’était Pluto qui était devenu le célibataire le plus en vogue de la cité. Immensément riche lui aussi, il cumulait également l’avantage d’être un peu plus jeune que Rodweil. Vingt-cinq ans à peine, et en plus de ça il était beau. Thibault enrageait. Il était vraiment beau. Un mètre quatre-vingt-dix, musclé, une peau mate et des yeux bleus à faire tomber toutes les filles… Un sourire étincelant sur chacun des magazines dont il faisait la couverture…

Solène et lui s’était rencontré au mois de septembre de l’an 2713, et depuis plus d’un an désormais, il la courtisait sans relâche. Il la poursuivait à chaque bal auquel elle assistait, lui écrivait chaque semaine, trouvait toutes les excuses pour s’inviter à prendre le thé au Sommet. Et Thibault le haïssait viscéralement. Au début, il avait vu l’arrivée du riche héritier comme une bonne nouvelle. Lorsque le premier journal à scandale avait mentionné leur danse à une énième soirée donnée chez la marquise Borschla, Solène était timidement revenue vers lui, mais la période pendant laquelle ils n’avaient plus réellement parlé avait laissé des marques. Au cours des premiers rendez-vous privés, les conversations avaient été malhabiles et parsemées de moments de gêne. Habitué à la vouvoyer devant les autres, Thibault n’avait plus osé la tutoyer et l’appeler par son seul prénom. Petit à petit, les choses s’étaient fluidifiées, mais leur relation n’était plus la même que celle qu’ils avaient tissée durant les premières années que Thibault avait passé au Sommet. Quelque chose semblait s’être définitivement brisé entre eux, et le pire dans tout ça, était que dans le même temps Seth Pluto s’était fait une place plus grande dans la vie de l’impératrice.

Et puis… Quelques jours auparavant, le fils du ministre lui avait écrit pour lui annoncer qu’il avait une question importante à lui poser, et qu’il espérait qu’elle lui accorderait un moment lors de la fête d’anniversaire de Rebecca.

— Gabi… Qu’est-ce que je vais faire, si c’est une demande en mariage ?

— Qu’est-ce que tu pourrais faire ? répliqua le garçon aux yeux vairons d’un ton sec. Je ne suis pas certain que tu aies beaucoup d’options. Il te reste encore cinq ans à passer ici, alors tu prendras ton mal en patience, puis tu rentreras chez toi.

Thibault leva les yeux, interloqué.

— Rentrer chez moi ? Tu es sérieux, là ?

— Ou bien on partira ailleurs ensemble, si tu veux. Mais je ne suis qu’un piètre substitut à ta passion pour la petite peste.

— Ne l’appelle pas comme ça… ronchonna Thibault.

Il jeta un regard de biais à Gabriel, qui limait nonchalamment ses ongles à côté de lui. Ils avaient trouvé un coin tranquille, sur un banc du parc de la demeure de la marquise Molly Laeterra, cousine de la grande-duchesse Rebecca, laquelle organisait la fête d’anniversaire de cette dernière. Malgré le vent frais qui mordait leurs doigts, ils avaient préféré s’éloigner un peu des préparatifs agités.

— Tu n’y penses jamais ? demanda alors Gabi.

— À quoi ?

— À après. Quand on ne sera plus esclaves.

Thibault réfléchit. Peut-être Gabriel demandait-il cela pour lui changer les idées, mais ça ne l’aidait pas à se sentir mieux. Quand il songeait qu’il était déjà à la moitié de sa peine, l’angoisse le prenait aux tripes.

— Tu voudrais aller où, toi ? demanda-t-il alors pour éluder la question de son ami.

— Ailleurs… murmura Gabriel.

— Tu ne resterais pas au Sommet, si Rebecca te le proposait ?

— Pour quoi faire ?

— Je ne sais pas… La même chose que tu fais aujourd’hui ?

— La potiche ?

Thibault eut un rire involontaire. Il y avait du vrai là-dedans, leurs rôles n’étaient pas capitaux, loin s’en fallait.

— Je te suivrai où tu iras, affirma Gabriel avec un léger sourire. Tu ne survivrais pas cinq minutes sans moi.

— Tu me considères vraiment comme un incapable…

— Mais un incapable que j’aime bien malgré tout.

Thibault lui donna une petite tape sur l’épaule et Gabriel éclata d’un rire doux.

— Oh, voilà Lino, fit-il en relevant les yeux.

Thibault suivit son regard. Au loin, la flamboyante chevelure du garçon se reconnaissait entre mille, tout comme sa démarche posée. Leur absence avait dû être remarquée. Il s’arrêta à une dizaine de mètres d’eux et leur indiqua d’un signe de main qu’il leur fallait revenir sur le lieu des festivités, le gigantesque hall de la demeure de la marquise Laeterra, qui accueillerait bientôt toute l’aristocratie du Deuxième.

Ce soir-là ils aideraient au service. On les avait postés derrière le bar, tous les esclaves d’honneur et Gabriel, et ils avaient reçu une formation pendant plusieurs semaines pour être au point dans la création des différents cocktails appréciés dans les hautes sphères de Délos. La fierté de Thibault en pâtissait douloureusement. Grimé en simple serveur, il se sentait plus insignifiant encore qu’à son habitude.

Jenkins vint le voir, un peu avant le début officiel de la fête, et se pencha vers lui.

— Hé, Thib, tu vas continuer longtemps à tirer cette tête ?

— C’est ma tête habituelle, ronchonna Thibault sans le regarder.

— Il va la demander en mariage ? demanda alors Jenkins, de but en blanc.

Thibault ferma les yeux et poussa un long soupir, avant de lancer un regard acerbe à son camarade.

— Qu’est-ce que j’en sais moi ? Je suis ami avec Seth Pluto ?

— J’imagine bien que non, répondit Jenkins avec un sourire malicieux. Allez, ne te bile pas. Il faut bien qu’elle en épouse un, un jour.

— Tu cherches à faire quoi Jenkins ? À me mettre en colère ?

— Non Thib, répondit-il avec un air à présent plus sérieux. Juste à t’aider à avaler la pilule. On est tes amis, tu sais.

— Je n’ai pas d’ami. Sauf Gabi.

Jenkins ouvrit de grands yeux, mais avant qu’il ne puisse répondre, une autre voix s’éleva derrière lui.

— J’ai failli avoir peur, indiqua Gabriel en apparaissant à leurs côtés. Je t’en aurais voulu cette fois.

Thibault lui adressa un sourire, puis ses yeux montèrent d’un cran, vers le visage de Jenkins. Il le regardait fixement, et une once de ressentiment passa sur son expression. Puis il finit par hausser les épaules et retourna auprès des jumelles, occupées à cacher des verres d’alcool sous le comptoir auprès duquel ils étaient affectés.

— Tu as eu tort de dire ça, souffla Gabi.

— Quoi ?

— Qu’il n’était pas ton ami. Il est sincère quand il dit qu’il est le tien. Il ne le fait peut-être pas toujours de la manière la plus douce, mais il s’inquiète pour toi. Tout le monde s’est inquiété pour toi quand on t’a vu te renfermer après ce qui s’est passé l’an dernier.

— N’importe quoi. Jenkins passe son temps à me chambrer, il n’en a rien à faire.

— C’est vraiment ce que tu penses ?

Thibault se tut et jeta un regard derrière son épaule. Jenkins le regardait encore mais se détourna en apercevant qu’il l’observait, recentrant son attention sur les jumelles.

— Tu devrais t’excuser, ajouta Gabi à voix basse.

Thibault se renfrogna. Il ne répondit pas et se mit à lustrer le comptoir avec force pour passer ses nerfs.

 

***

 

La fête battait son plein. Thibault avait cessé de compter les verres qu’il servait aux invités de plus en plus ivres à mesure que la soirée avançait. C’était plus fatigant que ce qu’il avait d’abord supposé. Les aristocrates leur parlaient mal, s’agaçaient dès qu’il s’agissait d’attendre plus d’une minute, et ne cessaient de les appeler « esclave ». « Esclave » par ci. « Esclave » par là. Thibault finit par tirer sur son collier d’un réflexe involontaire, alors qu’il apercevait Solène au loin, au bras de Seth Pluto. Elle était arrivée tardivement, juste avant que la grande-duchesse Rebecca ne fasse elle-même son entrée au bras d’Ajax, dans une resplendissante robe aux couleurs d’une aube printanière. Solène s’était faite plus discrète ce soir-là. Du fait de sa toilette, car sa présence éclipsait forcément celle des autres. Mais elle était vêtue simplement, d’une robe couleur lilas, réhaussée de fourrure au col et aux manches. Les yeux de Thibault passèrent rapidement sur le sourire éclatant de Seth Pluto, fier comme un coq au bras de l’impératrice. Puis un nouvel « esclave ! », lancé sur un ton particulièrement discourtois, le ramena à sa condition.

 

***

 

Il était presque minuit. Bientôt, les lumières s’éteindraient, et on porterait le gâteau géant réalisé tout spécialement pour la grande-duchesse.

Les invités dansaient. Les alentours du bar s’étaient dépeuplés.

De premières lumières s’éteignirent. Ça arrivait.

Thibault appuya ses coudes sur le comptoir et laissa sa tête reposer sur ses mains. Solène parlait tranquillement avec Rebecca, le sourire aux lèvres, Seth Pluto toujours agglutiné à son bras.

Le gâteau venait d’apparaître. On l’approchait de Rebecca.

« 10 », « 9 », « 8 » …

Les invités avaient cessé de danser et décomptaient à présent les secondes qui les séparaient encore de la date d’anniversaire de la grande-duchesse.

« 4 », « 3 », « 2 » …

Thibault leva les yeux. Toutes les lumières étaient éteintes, et seules de petites veilleuses permettaient encore de distinguer la foule compacte. Ça, et les dizaines de bougies crépitantes qui ornaient le gâteau.

« ZÉRO ! Joyeu… »

Thibault sentit son cœur chavirer. Au fond de la salle, sur un mur parfaitement blanc et superbement lisse, avait été projetée une photographie peu flatteuse de Rebecca. Mais ce n’était pas ce qui était tant choquant. Le visage de la grande-duchesse était entouré d’un rond rouge barré surplombant la mention « CRÈVE REBECCA ! ». Son sang ne fit qu’un tour.

Un brouhaha furieux s’éleva d’un coup dans la salle. Les lumières furent rallumées dans l’instant, et Thibault chercha Solène du regard. Elle avait les mains plaquées contre le bas de son visage dans une attitude choquée. La grande-duchesse, à ses côtés, entrouvrait la bouche, comme surprise. Elle n’eut que le temps de repousser Solène le plus loin possible d’elle avant qu’un cri ne résonne dans le bourdonnement du hall.

— MORT À L’IMPÉRATRICE ! MORT À LA GRANDE-DUCHESSE ! POUR DIANE !

Thibault ne parvint pas à identifier l’origine du cri. Il s’était accompagné d’un bruit quelque peu métallique, ce qui laissait penser à un enregistrement plutôt qu’à une vraie personne. La panique avait envahi la foule, et il sentit Gabriel prendre sa main et le forcer à se baisser, juste avant qu’une série d’explosion ne se fasse entendre. Les bruits retentirent si violemment qu’il dût se couvrir les oreilles. Devant lui se trouvait Gabi, accroupi lui aussi. Des hurlements résonnèrent de toute part, et Thibault, refusant de céder à la panique, se redressa. Solène. Ils visaient Solène. Il fallait la mettre en sécurité.

Il ne put la reconnaître au milieu de la masse indistincte. Les gens couraient dans tous les sens, à la recherche des issues les plus proches. Dans le même temps les gardes en charge de la protection de l’impératrice avaient surgi dans la salle, mais leur présence semblait presque obsolète. D’après ce que Thibault pouvait voir, on avait dissimulé des explosifs à l’intérieur même des décorations installées pour l’événement. Il discernait les lambeaux des lampions colorés qui brûlaient au sol, et le gâteau gigantesque dont la crème s’était répandue sur des mètres et des mètres.

— Thibault, baisse-toi !

C’était Jenkins. Et Gabi. Ils le tiraient pour qu’il se cache de nouveau derrière le comptoir.

— Solène ! Elle est en danger ! cria-t-il d’une voix saccadée.

— On l’est tous, Thib, alors essaye de réfléchir un peu pour une fois et ne nous fais pas courir de risques inutiles !

Thibault avait du mal à reprendre sa respiration. Il y eut encore quelques explosions. Elles étaient faibles, et devaient avoir peu de portée, mais…

— Gabi, le comptoir, est-ce qu’il était là avant la fête ? demanda-t-il brusquement.

Gabriel ouvrit de grands yeux, puis une expression de terreur apparut sur son visage. Jenkins fut le premier à réagir. Il fit un pas sur le côté pour saisir Féline et Félicie par les bras, les forçant à se redresser, puis quitta leur poste en premier, les autres sur ses talons. Ils n’avaient parcouru que trois mètres quand le bois explosa à son tour, les laissant pantelants face au spectacle.

— Tu vois, quand tu réfléchis c’est mieux, déclara Jenkins, les yeux écarquillés en direction du brasier qui avait pris là où ils s’étaient trouvés quelques secondes auparavant.

Thibault n’en revenait pas. Il ne s’était pas attendu à passer si près de la mort ce jour-là. Gabriel lui tenait la main, ou plutôt s’y raccrochait comme à sa vie. Il tremblait de tous ses membres. Thibault essaya de rencontrer son regard, mais il ne semblait pas le voir.

— Il faut qu’on s’éloigne du hall, lança-t-il à l’attention de Jenkins.

— Pour aller où ? demanda alors Lino, tremblant lui aussi.

— N’importe, intervint Théo. Je ne veux pas finir en torche humaine, allons-y.

— Je me suis tordu la cheville.

C’était Gabi. Il était livide. Thibault n’avait pas vu qu’il tenait son pied en l’air, dans une étrange position. Il se sentit effrayé.

— Grimpe sur mon dos, dit-il immédiatement.

— Je vais le prendre, je suis plus fort que toi, répliqua alors Jenkins en s’accroupissant devant Gabi.

— Je…

— C’est bon Thib, ce n’est pas le moment.

Gabriel avait déjà grimpé sur son dos. Ils quittèrent la salle au pas de course, Thibault ouvrant le chemin avec Théo. Ils s’étaient aventurés dans les couloirs de la demeure de la marquise, et c’était un sacré foutoir. Ils croisèrent quelques aristocrates ou bourgeois, et encore des musiciens, courant eux aussi en tous sens. Tout était si désorganisé… Comment une telle chose avait-elle pu se produire ?

— On ne devrait pas essayer d’aller dehors ? fit Théo à voix basse.

— Comment savoir ? demanda Thibault. Si ça se trouve ils sont dehors, ceux qui ont fait ça. Sûrement même. Ils ne seraient pas restés à l’intérieur, pas avec les explosifs…

Théo serra la mâchoire, mais acquiesça. Ils n’avaient aucune idée de ce qu’il convenait de faire. Au loin, le bruit d’une nouvelle série d’explosion retentit. Thibault sentait la peur se répandre dans ses membres, partant de son ventre. Il jeta un coup d’œil à Jenkins, qui tenait Gabriel fermement sur son dos. Il ne le lâcherait pas. C’était un ami. Thibault s’en voulut d’avoir été si désagréable avec lui un peu plus tôt, et se promit qu’il lui présenterait ses excuses à la première occasion.

— Il y a une sortie, là ! s’écria Théo.

Thibault recentra son regard vers l’avant. À quelques pas d’eux, un groupe d’invités s’exfiltrait via une toute petite porte de service. Tels des animaux, ils se poussaient, se gênant, empêchant l’évacuation de se faire correctement.

— Qu’est-ce qu’ils font… râla Théo. Il faut qu’on passe, dépêchons.

Lino le retint par le col.

— Minute papillon ! Tu crois qu’ils vont te laisser la priorité ? Attendons un instant.

Ils patientèrent fébrilement, dans l’attente que la masse autour du passage se résorbe. Il ne restait qu’une dizaine de personnes quand un hurlement retentit à l’extérieur. Puis d’autres le reprirent en écho. Thibault fit un pas en arrière au moment même où deux femmes, qui venaient de sortir l’instant d’avant, reparurent avec un air terrorisé sur le visage. Thibault plissa les yeux. Les femmes, comme tous ceux autour de la porte, s’étaient mises à tousser, et peu à peu, le jeune homme distingua un nuage d’une couleur oscillant entre le vert et le jaune se répandre à l’intérieur.

— Du gaz H22S ! hurla Félicie, épouvantée.

— Quoi ?! fit Jenkins d’un ton paniqué.

— Courez ! reprit Féline, dans le même état que sa sœur. Respirez dans vos manches, et courez, une seule bouffée peut s’avérer fatale !

Ils détalèrent aussitôt, mais Thibault jeta un coup d’œil par-dessus son épaule, et crut se sentir mal. Les deux femmes, celles qui avaient été les premières à revenir, se tordaient de douleur au sol. Une écume brune bordait leurs lèvres, leurs yeux se révulsaient. Des spasmes agitaient leurs corps, et quand la première cessa de bouger, elle ne fut pas longue à être suivie par l’autre, et bientôt par tous ceux qui étaient restés près de la porte.

— Il faut qu’on monte. Il faut qu’on aille le plus loin possible ! s’écria Félicie.

— Il faut retourner dans le hall alors, cria Lino. On gagnera les étages par le grand escalier !

— Et s’ils sont là-bas ?!

Personne ne répondit à la question de Théo. Les jumelles couraient en tête du cortège. Thibault ignorait comment elles avaient pu reconnaître ce gaz, visiblement très toxique, du premier coup d’œil, mais il leur en était reconnaissant. Sans ça, ils seraient peut-être restés là-bas une seconde de trop, et auraient eux aussi inhalé la substance.

Ils parcoururent le chemin en sens inverse, jusqu’à regagner le hall. Là, une autre sorte de fumée flottait, mais c’était seulement dû aux résidus à moitié calcinés qui jonchaient le sol. L’endroit s’était vidé, et ils prirent la direction des marches.

— On ne bouge plus !

Thibault tressaillit. L’ordre venait de quelques mètres sur sa droite, et il fit volte-face. Là, un homme, suivi de trois autres, pointait son arme en direction du groupe en fuite. Ils avaient les visages encagoulés et recouverts de masques à gaz. Sur leurs vêtements, s’illustrait fièrement le rond rouge barré. Les esclaves s’immobilisèrent.

— Ce sont des esclaves, constata l’un des hommes. On ne va pas s’en prendre à eux, si ?

— Déclinez vos noms.

Thibault jeta un coup d’œil furtif vers Jenkins. Ce dernier fixait les hommes d’un air méfiant.

— On ne va pas vous faire de mal, indiqua l’un des autres assaillants d’une voix douce.

— U., le petit là, sur le dos de l’autre, ce n’est pas l’esclave de la grande-duchesse ?

Thibault sentit son sang se glacer. Il vint se placer devant Jenkins par réflexe. Il ne les laisserait pas s’en prendre à Gabriel.

— Je crois bien, si.

— Ce sont quand même des esclaves, ça n’est pas exactement leur faute, gronda le dernier homme. Vous êtes affectés au palais ?

Thibault hocha la tête. Il n’osait pas parler. Il craignait qu’au moindre mot, ils utilisent leurs armes contre eux.

— Attends… Celui-là aussi, il me dit quelque chose…

— Lui, devant ? … Hé, petit, comment tu t’appelles ?

Thibault cligna des yeux. Il avait l’impression que c’était à lui que s’adressait la question, mais on distinguait mal leurs yeux sous les cagoules. Quelqu’un passa alors un bras autour de son cou.

— Il s’appelle Trévor.

C’était Félicie. Thibault la regarda sans parvenir à retenir un air étonné.

— Et toi ?

— Flora. Ça c’est ma sœur Fanny. Lui c’est Jules. Le petit sur son dos, c’est Gabriel, vous l’avez reconnu. Le blond c’est Tom et le roux, Léo. On n’essaye juste de ne pas mourir, on n’a rien contre vous. Où peut-on aller ?

— On peut vous emmener avec nous, gamine, répondit l’homme avec qui elle avait engagé la conversation.

— Et nos colliers ?

Les hommes échangèrent un bref regard.

— De combien de temps disposez-vous ?

— Pas assez, répondit immédiatement Félicie.

— Combien ? insista-t-il.

— Une dizaine d’heures, tout au plus.

C’était un mensonge, mais Thibault ne put s’empêcher d’admirer l’aisance avec lequel elle le proférait. Tout comme quand elle avait menti sur leurs noms, avec une impressionnante spontanéité. C’était malin de sa part, car les noms des esclaves d’honneur de l’impératrice avaient déjà fuité dans la presse depuis que Solène était devenue une personnalité publique, et il était notoire qu’elle entretenait une certaine tendresse à leur égard. Leurs visages, en revanche, étaient peu connus du grand public. Ils étaient assez peu reparus à la télévision depuis le dix-huitième anniversaire de Solène. Pas comme Gabriel, qui se faisait mitrailler par les objectifs à chaque fois qu’il suivait Rebecca dans ses déplacements, et que les journaux adoraient pour son physique peu commun et son air imperturbable. Thibault ignorait si les hommes auraient été capables de s’en prendre à eux seulement pour atteindre l’impératrice, mais dans le doute, le mensonge était encore leur meilleure chance de survie.

— Alors tant pis pour cette fois. Montez-vous mettre à l’étage et n’en bougez plus. N’essayez de sortir sous aucun prétexte, c’est clair ? On sera partis avant la fin de votre temps réglementaire, rassurez-vous. Tiens petite.

Il envoya une bombe de peinture à Félicie, qu’elle attrapa à la volée.

— Un rond barré sur la porte derrière laquelle vous vous cacherez. C’est clair ?

Il y eut des hochements de tête, et les esclaves déguerpirent à toute allure. C’était surréaliste. « Pour Diane ! », avait-on entendu alors que l’attaque était lancée. Thibault se rappelait vaguement le jour où il en avait entendu parler la première fois. Gabi lui avait expliqué qu’il s’agissait d’un groupe de terroristes, mais il n’en savait pas beaucoup plus à leur sujet. Quel était l’exact objectif des assaillants ? Pourquoi en avaient-ils après la vie de Solène ?

Félicie poussa la première porte entrouverte qu’ils atteignirent, et ils pénétrèrent tous à l’intérieur en cohue, lui laissant le soin de marquer le battant du signe des assaillants. Puis elle referma soigneusement la porte. Ils avaient pénétré dans un boudoir et Jenkins s’approcha d’un divan pour y déposer Gabriel. Thibault les rejoignit immédiatement.

— Comment tu te sens ?

— Ça va, répondit-il. Merci de ne pas m’avoir laissé là-bas.

— Tu rigoles ! fit Jenkins avec un sourire. Même si on n’est pas amis, il y a quand même des choses que…

— Je suis désolé Jenkins, l’interrompit immédiatement Thibault. Bien sûr qu’on est amis, j’étais juste en colère et…

— Je sais Thib, le coupa-t-il. Je disais ça pour te taquiner.

Il lui adressa un clin d’œil et s’éloigna en direction des jumelles qui parlaient à voix basse devant la porte du boudoir. Théo et Lino s’étaient assis sur le divan faisant face à celui de Thibault. On pouvait encore lire les traces d’angoisse sur leurs visages.

— Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? On attend ? demanda Théo.

Il se balançait nerveusement d’avant en arrière, se tordant les mains.

— Oui Théo… répondit Lino. On attend. On est en sécurité ici. Les gardes auront protégé Solène et Rebecca. Il vaut mieux attendre qu’on vienne nous chercher…

 

***

 

Cela faisait près de trois heures qu’ils patientaient dans le boudoir. Des coups de feu avaient retenti, de temps à autre. Quelques explosions encore. Peut-être les assaillants avaient-ils également répandu du gaz, mais les jumelles s’étaient appliquées à disposer des linges humides au bas de la porte, pour le contrer. Elles avaient aussi tiré les rideaux des fenêtres du boudoir, et distribué de l’eau trouvée là à tout le monde. Thibault était impressionné. Il avait toujours cru qu’elles étaient deux belles gourdes, et elles se métamorphosaient sous ses yeux en guerrières des temps modernes. Elles avaient reconnu le gaz si facilement aussi… Thibault songea qu’elles avaient probablement dû le voir agir auparavant. Il finit par se décider à parler.

— Merci les filles. Vous avez été incroyables toutes les deux.

Elles lui jetèrent le même regard irrité.

— On dirait que ça te surprend, fit remarquer Félicie.

— Un peu, reconnut-il. Le gaz, comment est-ce que vous saviez ce que c’était ?

Elles échangèrent un regard sombre.

— Papa et maman sont morts comme ça, répondit Féline d’une voix un peu lointaine. Pendant l’attentat au Sixième, en 2705.

Thibault ouvrit de grands yeux. Il ignorait de quel attentat il s’agissait. Il vit que les autres, en revanche, paraissaient au fait de l’histoire. Ils acquiesçaient en affichant des mines graves. Théo se pencha vers les jumelles.

— Je suis désolé pour vous. J’ai perdu un cousin ce jour-là. Je comprends.

Thibault entrouvrit la bouche de stupeur, puis lança un regard interrogateur à Gabriel.

— Tu n’es pas au courant ? interrogea son ami en haussant un sourcil.

Thibault avait espéré que son ignorance passerait inaperçue, et fit les gros yeux à Gabi avant de faire à nouveau face aux autres.

— J’ai grandi au Quatrième, rappela-t-il. En 2705 j’étais là-bas… Je n’ai jamais entendu parler de cet attentat.

Jenkins eut un petit rire peu cordial.

— Le petit prince du Quatrième, jeta-t-il négligemment.

Thibault se serait vexé en temps normal, mais il se contenta de baisser les yeux. Peut-être avait-on parlé de cette histoire à la télévision à l’époque. Mais en 2705, il avait seulement douze ans, et les malheurs des étages inférieurs n’auraient pas été un sujet qui l’aurait beaucoup intéressé.

— L’archiduc Malone est venu visiter le Sixième en juillet 2705, expliqua alors Théo.

Thibault leva les yeux vers lui. Il n’y avait pas de moquerie dans son regard, ce qui le rassura. Il hocha la tête pour lui montrer qu’il avait son attention.

— Il y avait un projet de construction d’une grande usine de recyclage au Sixième, à l’époque. Une belle aubaine, ça allait apporter pas mal de travail. Ma famille et moi on ne vivait pas loin du bâtiment qui avait été sélectionné pour le projet, et mon cousin avait été engagé pour assurer la sécurité de l’archiduc ce jour-là. Il espérait pouvoir continuer à y travailler après ça, le pauvre… Ce jour-là, l’archiduc devait donner l’accord final sur le projet. C’était lui qui finançait les rénovations et le matériel. Mais lors de sa visite sur les lieux, des hommes se sont introduits dans le bâtiment et ont lâché du H22S, en quantité suffisante pour que tout le monde à l’intérieur y passe… Et plus encore. Il y a eu cent-vingt-deux morts dans l’usine, et une cinquantaine parmi les plus proches riverains.

— Dont nos parents, indiqua Félicie. On vivait à la limite de la zone touchée… Ils étaient dans la rue, on les a vu s’écrouler. Maman a juste eu le temps de nous enfermer dedans avant de mourir. Pour qu’on ne puisse pas sortir, ou que le gaz n’entre pas. Après ça on a vécu chez notre grand-mère, jusqu’à ce que ça devienne financièrement trop compliqué pour elle.

Elle se tut, et Thibault ressentit une profonde tristesse. De la compassion. Pour les jumelles, et pour Théo aussi. Et puis il ressentit aussi une certaine honte, de ne s’être jamais intéressé à ce sujet. Et de la colère, envers ceux qui avaient tant tué.

— Pourquoi ont-ils attaqué ? Ça semblait plutôt être une bonne chose ce projet, non ?

— À cause de l’archiduc, répondit cette fois Lino. Ça apportait du travail, certes, mais les vrais profits seraient remontés directement au Deuxième, et Diane n’a pas supporté ça.

Le nom mentionné par Lino résonna aux oreilles de Thibault avec une puissance nouvelle.

— En fait, intervint Gabi, il n’a jamais été prouvé que Diane était mêlé à l’attentat de l’usine du Sixième. Ce ne sont que des spéculations.

— Vraiment ? répliqua Lino d’un ton désabusé. Les méthodes étaient les mêmes que pour d’autres attentats qu’ils ont revendiqués !

— C’est justement là que ça pêche, insista Gabriel. Pourquoi n’auraient-ils pas revendiqué celui-là ? L’objectif a été atteint.

— Parce qu’ils n’avaient pas prévu qu’il y ait autant de morts ? suggéra prudemment Jenkins.

— Ils ont fait pas mal de morts d’autres fois, souligna Théo.

— Oui, mais rarement avec autant de pertes malencontreuses chez les civils, affirma Lino.

— Ils ont revendiqué beaucoup d’attentats ? questionna Thibault qui écoutait l’échange avec une surprise croissante.

— Les plus connus des dernières années… répondit Féline. Vous n’aviez pas la télévision au Quatrième ?

Thibault s’empourpra.

— Si…

— Ce sont aussi eux qui sont à l’origine de l’assassinat des parents de Solène, indiqua-t-elle ensuite.

La mâchoire de Thibault lui tomba. Il balaya ses camarades du regard, mais aucun n’avait l’air de l’apprendre. Il se sentit idiot et baissa les yeux.

— Diane, ce sont des révolutionnaires, expliqua alors Jenkins avec un haussement d’épaules. Ils sont contre l’empire, contre le système en place, contre tout ce qui tient notre société. Je ne crois pas qu’ils avaient déjà tapé plus haut qu’au Troisième cela dit. C’est inquiétant qu’ils aient pu infiltrer le Deuxième…

— Inquiétant, mais logique, lança Gabi. Ils ne pouvaient pas choisir d’attaquer un meilleur endroit que le Deuxième. C’est le symbole même de ce qu’ils combattent.

Un silence suivit sa remarque.

— On devrait changer de sujet, finit par estimer Théo. Si on nous trouve en train de débattre de ça, je doute que ça soit très apprécié.

Ils approuvèrent vaguement sa remarque et le silence retomba sur le boudoir.

 

***

 

Le jour n’était pas encore levé. Thibault avait dormi à même le sol, à côté du divan où Gabi était étendu. Il était le premier réveillé. Il cligna des yeux plusieurs fois, puis de grands bruits retentirent à l’extérieur, dans le couloir, le faisant sursauter. Il se redressa vivement, et remarqua du coin de l’œil que les autres aussi s’étaient réveillés. Son cœur battait à tout rompre. Les bruits se faisaient plus fort. Ça s’approchait.

La porte s’ouvrit à la volée, et une escouade d’hommes arborant la tenue militaire impériale apparut dans l’embrasure. Leurs armes étaient pointées sur eux et Thibault leva aussitôt les bras en signe de reddition.

— À terre ! hurla l’un des hommes. À genoux !

Thibault s’exécuta, mais tourna la tête vers Gabi. Il avait des difficultés à se lever, et un des hommes braqua son arme dans sa direction.

— Il est blessé ! lança Thibault à l’adresse du soldat, d’un ton presque suppliant.

— Vous êtes là !

Un homme venait d’entrer à la suite des militaires. Thibault leva les yeux vers lui, et ressentit un immense soulagement en reconnaissant les traits de Tobias Torch.

— Tobias ! s’écria Jenkins en se relevant.

— Baissez vos armes, ordonna-t-il à l’attention des militaires. Ce sont les esclaves d’honneur de l’impératrice.

— Solène ! s’écria Thibault. Elle est en vie ? Où est-elle ?!

— Elle va bien, assura Tobias alors que les militaires quittaient la pièce sans plus attendre. Elle était très inquiète pour vous, mais elle va bien. Elle est de retour au palais.

— Et Maîtresse Rebecca ? demanda Gabriel.

Thibault sentit percer une pointe d’inquiétude dans sa voix. Il fut un peu surpris mais ce n’était pas le moment de le mentionner, d’autant que le visage de Tobias s’était assombri.

— Blessée, indiqua-t-il à mi-mots.

Thibault observa la réaction de Gabi. Il était blême, mais parvint à conserver une expression relativement neutre.

— Gabi, tu es blessé ? demanda alors Tobias. Tu peux te lever ?

— Je crois… Avec un peu d’aide.

— Viens.

C’était Jenkins. Il s’approcha du divan de Gabriel et s’accroupit de nouveau devant lui, comme il l’avait déjà fait durant la nuit, et le garçon s’accrocha à ses épaules. Tobias les balaya du regard.

— Je suis bien content de vous retrouver. Vous nous avez fait peur… Allez, venez, je vous ramène à la maison.

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Edouard PArle
Posté le 18/11/2024
Coucou Cleooo !
Ahhhh je suis en train de devenir complètement accro ton histoire. J'adore !! Ce chapitre était passionnant, vraiment ! Mon passage préféré est celui sur Diane, où Thibault en apprend enfin davantage. Assez amusant qu'il soit le seul à tout ignorer d'eux. J'aime bien le mystère posé sur cet attentat trop meurtrier, non revendiqué par Diane. On se doute qu'il a été commandité par quelqu'un d'autre. Au sommet ? Ou à un troisième acteur encore inconnu ? Ca nourrit le mystère tout ça.
J'ai bien aimé le développement entre Thibault et Jenkins. On sent la maladresse qu'ils ont dans leur communication malgré leur attachement véritable. Thibault notamment peut avoir des mots très durs, ça risque de lui porter préjudice...
La scène de l'attentat est très bien construite. A vrai dire, je me doutais un peu que ça allait mal tourner au vu de l'ambiance qui planait dans le début de chapitre mais ça a rendu ma lecture encore plus tendue. L'apparition du gaz fait basculer l'attentat dans l'horreur.
Reste à mesurer toutes les conséquences de ce coup de force. si Solène n'a rien, Rebecca est blessée. Mais était-ce le seul objectif de Diane ? Je n'en suis pas sûr. Forcément, le côté symbolique mais peut-être qu'il y avait autre chose. Très hâte d'en apprendre plus.
Mes remarques :
"Un an et demi plus tard." oh je ne m'attendais pas à une 2e ellipse, je me demande si l'histoire ne va pas nous amener jusqu'à la fin des 10 ans d'esclavage au final...
"Après le mariage de Grégory Rodweil avec Ludivine Clairciel, l’héritière de la famille Clairciel, à qui appartenait la seconde compagnie d’air pur de Délos, c’était Pluto qui était devenu le célibataire le plus en vogue de la cité." beaucoup d'infos, peut-être juste évoquer Grégory pour comparer avec Pluto ?
"Solène et lui s’était rencontré" -> s'étaient rencontrés
"était que dans le même temps Seth Pluto" virgule après temps ?
"— Oui, c’est terrible, quand la personne qu’on aime passe son temps à parler de quelqu’un d’autre, n’est-ce pas ?" oh, cette pépite de Gabi, Thibault ouvre les yeux !!
"— Je n’ai pas d’ami. Sauf Gabi." -> amis ? (et wow, ça claque cette réponse^^)
"à passer si près de la mort ce jour-là" couper après mort ?
"et courez, une seule bouffée peut s’avérer fatale !" peut-être couper cette info, je trouve ça chouette qu'on vive la terreur des personnages en ignorant la véritable nature du danger, surtout qu'elle est révélée juste après
"— Papa et maman sont morts comme ça, répondit Féline d’une voix un peu lointaine. Pendant l’attentat au Sixième, en 2705." ouch, chouette de développer un peu les deux jumelles.
Je continue !
Cléooo
Posté le 18/11/2024
J'avais hâte que tu arrives à ce chapitre ! La rencontre physique avec Diane...
Merci pour tout ces jolis mots, ça me va droit au coeur.
Thibault ignore en effet beaucoup de chose (il ne s'intéresse pas beaucoup aux gens, faut dire). Je l'ai un peu "caché" sous l'excuse du fait qu'il n'avait pas grandi là où les attentats ont eu lieu auparavant, mais je pense que ça colle aussi à son personnage (sans compter l'avantage non négligeable pour l'autrice de faire découvrir ces petits pans d'histoire grâce à son ignorance :O).
Je rebondis sur ta remarque des ellipses ! Oui, tu as deviné, mon but est bien d'arriver à la fin de la période de dix ans d'esclavage :) J'en dis pas plus.
Concernant Gregory Rodweil, je voulais faire un rappel à quelques éléments, et notamment dans quelles sphères évoluait Solène. La phrase est peut-être un poil lourde ceci dit.
Merci d'avoir rebondi sur la réplique de Gabi, tu es le premier à le faire et moi j'attendais tellement que quelqu'un le fasse xD
Edouard PArle
Posté le 18/11/2024
"Merci d'avoir rebondi sur la réplique de Gabi, tu es le premier à le faire et moi j'attendais tellement que quelqu'un le fasse xD" j'avoue je l'ai lu sans rien remarquer et puis 2 lignes plus tard mon cerveau a fait le lien xD c'est satisfaisant de capter ces petits doubles sens, j'en ai sûrement manqué d'ailleurs^^
Cléooo
Posté le 18/11/2024
Il y en a quelques uns que j'ai glissé (double sens) mais qui ne prennent sens qu'une fois qu'on a lu le livre entier je pense ! Après y'a aussi les choses où c'est peut-être moi et uniquement moi qui y vois un double sens xD
Merci encore, je te dis à très vite ! ^^
Iphégore
Posté le 04/08/2024
Ah ! De la jalousie, encore, alors que pourtant, leur relation semble cassée. Bien dommage qu'on n'offre pas de thérapie aux esclaves. Et doué comme il est, c'est sûr qu'il n'a pas été foutu d'aller la revoir le lendemain ou surlendemain. Lui qui pourtant s'était déjà tapé l'incruste de manière inopportune. Drame amoureux. En écho de celui de Gabi, qui prend sur lui et dont on sent de plus en plus la souffrance.

J'ai vu dans un commentaire qu'il y avait quelques remarques contre le surnom de peste. C'est vrai qu'il est décalé. J'y vois deux avantages : d'abord, le surnom collé à quelqu'un reste toujours ; ensuite, ce décalage qui perturbe la lecture rappelle que Gabi est en décalage, et que ce n'est pas pour rien qu'il lui colle, aussi par jalousie, ce surnom. Ceci étant dit, il n'y a pas grand monde qui voit les mots comme je le fais.

Si d'aventure tu aimes les animes, il y a bar tender qui transforme les cocktails en chemin de vie (comme le budo ou la voie du thé). C'est très intéressant sur les détails à utiliser pour leur emploi.

Voilà une belle initiative des jumelles : prévoir de quoi profiter un tant soit peu de la fête !

Thibault, non content d'avoir du mal à vivre avec son amour déçu, rembarre ses rares soutiens sans une once de remords. Je sens que sa chute va être savoureuse.

Aaaah ! Je m'étais dit, quand j'ai lu que ce serait au deuxième, que ça puait. Diane attaque !

Je dirais bien qu'un mouvement de foule avec la moitié de l'assistance beurrée, il y a forcément des gens piétinés, mais ça n'apporterait pas grand-chose au récit.

La cave, les garçons… il faut aller à la cave. Déjà parce qu'il y aura du pinard avant de mourir XD

Et Thibault sortit de la torpeur de son rêve éveillé, sidéré.

Je me demande si Tobias peut considérer « le palais » comme « la maison ».

Eh beh ! Sacré chapitre, ça boum ! Ça part, ça revient et ça insuffle une dynamique très intéressante. Je tournerai la page plus tard pour voir si, tout à coup, on zappe quelques années encore :D



Truc à vérifier :

ils n’avaient plus réellement parler -> parlé
Cléooo
Posté le 04/08/2024
Helloooow !

Pour ta remarque sur le surnom de "la peste", oui, deux personnes m'ont fait remonter que c'était un choix malhabile. Pour le moment je n'y suis pas revenue. Il est en effet lié à la jalousie que ressent Gabriel envers Solène, mais il est aussi teinté d'une légère mesquinerie qui va bien au personnage de Gabriel (selon moi). Je sais qu'en général c'est un personnage apprécié des lecteurs, quasiment tous ceux qui m'ont lue m'ont fait remonter qu'il se détachait du lot, mais je ne veux pas gommer ses défauts pour autant. Gabriel a de beaux côtés, mais pas que. Enfin bref pour le moment je n'y touche pas.

J'aime beaucoup les animes, je me note bar tender alors ! Je ne connaissais pas, mais je viens de voir que c'était dispo sur crunchyroll.

Et pour ce chapitre ouiiii Diane passe enfin à l'action ! Ça bouge un peu plus que dans les chapitres précédents haha

Je te laisse la surprise pour le prochain chapitre !

Merci une nouvelle fois pour ton retour ^^
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