Chapitre 12 - Kyle : Respecter ses principes, bordel !

À la minute où Marlène me dit qu’Anna Jackson m’attend dans le salon, je réponds :

— Anna Jackson ? Non, je ne connais aucune…

Et là, je comprends tout. Cette meuf sortie de nulle part, qui me met la tête à l’envers, c’est la fille du célèbre Taylor Jackson. En y réfléchissant, elle ne m’a jamais révélé son nom. Le souvenir de notre rencontre me revient, elle était avec son père ce fameux soir au complexe. Mais comment aurais-je pu m’en douter ? Ils ne se ressemblent pas du tout. Mon moral chute comme les soufflés de Marlène. Je suis le roi des imbéciles, je me suis fait avoir comme un bleu. Appuyé contre le mur, je me laisse glisser par terre. Un poids descend dans ma poitrine. Nous deux, c’est une histoire perdue d’avance.

Et même si j’avais une petite chance de sortir avec Anna, je n’aurai pas droit à l’erreur. À coup sûr, Taylor ne verrait pas cette relation d’un très bon œil. Si l’envie lui en prenait, cela pourrait avoir un impact sur la carrière d’Elijah qui a tous les atouts pour devenir un grand boxeur. Après tout, je ne connais pas cet homme, mais je sais ce qui m’attendrait si cette histoire se déroulait dans mon quartier avec la sœur d’un caïd, ou d’un chef de gang. Il est clair que je me retrouverais 6 pieds sous terre ! Et je ne m’y risquerais pas. Mais là n’est pas la question, seule ma famille m’importe. Pour moi c’est sacré, elle passera toujours avant, c’est ainsi et ça ne changera jamais.

Et puis il y a Mike. À présent, il sort avec Marlène et il est associé au père d’Anna. Alors, même si je crève d’envie de m’envoyer en l’air avec elle, autant oublier. Oh non ! Je suis dans une putain de galère ! j’avais oublié, mais demain on va tous chez eux pour assister à ce foutu barbecue. Je suis vraiment mal là ! Il faut absolument lui dire la vérité.

Mais dès que je la vois, mon sang se met à rugir dans mes veines. J’ai besoin de sentir la douceur de sa peau, alors je lui prends la main et l’entraîne dans ma chambre. Ce simple contact m’empêche de réfléchir. Je me cale contre la porte, me donnant un peu de répit pour ordonner mes idées, pour permettre aux battements de mon cœur de ralentir, et vite.

Anna me parle de nous. Y a-t-il un nous ? Elle décide que oui. Finalement, elle se défile et me répond le contraire. Elle me présente des excuses et s’apprête à partir. Et moi, pendant tout ce temps, j’essaie de contrôler mes hormones. Je dois la laisser s’en aller, avant d’agir comme un abruti. Quand elle se dirige enfin vers la sortie, toutes mes bonnes résolutions s’envolent en fumée. Je la plaque contre le mur et plonge dans sa douceur. Sa sensualité déferle sur moi comme une vague de désir brut. La saveur de sa peau, de sa bouche… C’est une overdose d’émotions. Mes doigts tracent un chemin vers ses seins et ses gémissements emplissent la pièce.

Je n’ai pas le choix, je dois la blesser. Chaque mot doit être un poison lent et mortel afin qu’elle me haïsse ! mon idée est à chier, mais elle est une faiblesse que je n’ai pas le droit de laisser entrer dans ma vie.

— T’es si chaude Anna.

Je ferme les yeux pour me donner du courage et l’embrasse une dernière fois, afin de me souvenir du goût de ses baisers, emporté dans ce tourbillon de désir qui nous consume.

— On pourrait aller chercher ta copine… Tu sais, pour faire un plan à trois, t’en dis quoi ? J’ai toujours rêvé de faire ça, mais si tu veux, je te prends d’abord contre le mur, pour te débarrasser de ta virginité.

Je sens qu’elle se raidit à chacune de mes paroles. Je l’observe comme si j’attendais un oui, de sa part. Son regard reflète l’incompréhension, puis la tristesse et enfin la colère la submergent. Elle me repousse et me gifle si fort que mes oreilles bourdonnent, et sans un mot, sort de ma vie.