Aeryl s’engouffra dans le trou qui faisait office d’entrée. Un vaste hall, donnant l’impression de s’élever jusqu’au ciel, se présenta à la jeune fille. Creusées dans les parois du tronc, une multitude d’alcôves servaient de logements, salons, bars, ateliers, entrepôts... Tout autour d’elle, les notes mélodieuses d’un piano résonnaient et s’amplifiaient dans le creux de l’arbre puis étaient aspirées par le plafond infini. Des hommes et des femmes de tout âge se déplaçaient d’une alcôve à l’autre par l’intermédiaire de ce qui ressemblait à des traîneaux en bois. Guidés par des chauffeurs à l’aide de lianes qui remontaient jusqu’au plafond, ils lévitaient, s’évitaient, et transportaient inlassablement des passagers jusqu’à leur destination.
Un sentiment d’apaisement envahit immédiatement Aeryl. Mais ce n’était pas la sensation enivrante du village des roses. Une fois encore, Crista anticipa les réflexions de la voyageuse.
- Tu comprends maintenant la différence entre Palid et le village des roses, fifille ? Contrairement à ce dernier, qui drogue et berne le cerveau par le parfum des fleurs, Palid nous fournit une énergie affable qui nous rend plus fort sans en être dépendant.
Crista avait raison, Aeryl se sentait mieux dans sa peau. Une sensation de confiance naquit en elle. Pour la première fois depuis le départ de son village natal, elle avait le sentiment d’être à la hauteur de la tâche qui lui était confiée. Sa respiration se superposa au rythme de la musique et elle entra dans une bulle de méditation dans laquelle ses souvenirs s’entremêlaient. Elle revit ses parents, ses cours avec les anciens, les fêtes de son village, les sauts d’humeur d’Amos, et les râlements incessants de Kathleen. Puis la vision de l’éphémère chassa tous les autres souvenirs. Cette fleur avait à tout jamais changée le cours de sa vie, mais elle mettrait tout en œuvre pour qu’elle ne lui prenne pas son amie.
- Je vais prévenir l’atiki de ta volonté de le rencontrer, la prévint Crista en lui tournant déjà le dos.
Les rares mèches blanches de la vieille femme voletaient derrière elle et accompagnaient chacun de ses pas. Aeryl la suivit du regard jusqu’à sa disparition derrière les marches d’un escalier.
- Mademoiselle, appela une voix dans son dos.
Surprise, Aeryl se retourna avec précaution. Assis à l’avant du traîneau, un petit homme, des lianes en guise de rênes dans les mains, lui demanda respectueusement où elle souhaitait se rendre.
- D’où vient cette musique que l’on entend ? L’interrogea Aeryl.
- Ah, mademoiselle ne connaît pas la cave. Je vais vous y emmener dans ce cas.
Aeryl se laissa entraîner à l’arrière du traîneau, qui démarra avec diligence et remonta le hall. Les alcôves défilaient autour d’elle à une vitesse impressionnante. Aeryl apercevait de temps à autre un homme qui fermait les volets de son logement, un autre qui prenait un verre dans un bar, un garçon qui apportait avec délicatesse des plats dans un restaurant, et des enfants qui jouaient à se bagarrer. Le traîneau ralentit doucement jusqu’à s’arrêter devant une alcôve plus vaste que les autres.
- Vous voici arrivé, mademoiselle. La compagnie des traîneaux de Palid espère que le voyage a été agréable.
Aeryl le remercia poliment puis tourna son attention vers la cave. Le lieu était un bar profond très affluent. Une immense fontaine de laquelle s’écoulait une boisson verte, attirait un important attroupement de personnes autour d’elle. Collés l’un contre l’autre, des hommes et des femmes dansaient au rythme de la douce mélodie qui s’échappait du fond de la salle. Laissant son arc à une jeune femme qui s’affairait à disposer des manteaux, vestes, sac et autres diverses affaires dans des casiers munis de petits cadenas, Aeryl tenta, avec difficulté, de se frayer un passage à travers la foule. Soudain, la douce mélodie changea subitement et céda la place à une musique au rythme endiablé. Les danseurs lâchèrent leur partenaire, puis amorcèrent de nouveaux pas de danse plus énergiques. Aeryl tournoya et virevolta, emmenée puis relâchée par un homme pour finir dans les bras d’un autre. Cet infernal ballet lui fit penser à un opéra dans lequel elle se trouvait piégée contre son gré. Heureusement pour elle, la douce mélodie reprit, et elle put souffler un peu.
La jeune fille finit par trouver l’origine de la musique ; au fond de l’alcôve, cinq individus s’exaltaient sur leur instrument dans une véritable transe passionnée. L’un faisait glisser ses longs doigts fins sur les touches d’un piano à deux claviers et tapait frénétiquement du talon pour se donner le tempo. À sa droite, un grand roux agitait mollement son avant-bras sur les cordes d’un violon. Le batteur, des lunettes de soleil rondes posées sur le nez, abattait ses baguettes avec des gestes dont la force n’avait d’égal que la précision. Ses cheveux blonds coupés à ras, il attirait le regard admiratif de tous ses spectateurs. Les deux derniers membres du groupe se tenaient en retrait des autres. Le premier, les cheveux tombant dans les yeux, grattait les cordes sèches de sa guitare avec ses ongles. Le second, qui était une femme, pinçait gracieusement les cordes d’une harpe avec souplesse.
- Le batteur est exceptionnel. Il fait partit des tout meilleurs du peuple de la forêt et c’est sans aucune contestation le meilleur de Palid.
- Il est talentueux, ça ne fait aucun doute. Mais le guitariste est tout aussi habile de ses mains, il se met moins en avant voilà tout.
- Oui, c’est vrai. Il devrait avoir plus confiance en plus en lui. Ça ne m’étonnerait pas qu’il prenne un jour la place de vedette du groupe à Dakill.
Aeryl écoutait la conversation avec attention. Cela lui changeait des chansons chantées à tue-tête dans son village et qui étaient accompagnées seulement par des tambours ou des claquements de mains. Ce groupe parfaitement harmonisé, se complétait parfaitement et produisait une musique envoûtante.
- Quel est le nom du groupe ? Demanda Aeryl aux deux hommes.
Eberlués, ils la regardèrent avec une surprise non dissimulée.
- Ce sont les « Araignées du Placard ». D’où viens-tu pour ne pas les connaître ? Ils font le tour de la forêt avec leur concert.
- Les « Araignées du Placard » est le groupe le plus populaire depuis plusieurs années. Tu dois vraiment venir d’un trou paumé pour ne pas les connaître, enchérit le deuxième.
- Je viens du sud de la forêt. Plus précisément du village de la rivière, répondit Aeryl, légèrement vexée par les propos des deux amis.
- Du village de la rivière ? Répéta-t-il incrédule. Tu t’es perdu ou quoi ? Je crois bien que tu es la première personne venant de là-bas que je rencontre. N’est-ce pas Anori ?
Ce dernier, déconcerté par la révélation d’Aeryl, se contenta de hocher la tête.
- Je dois rencontrer l’atiki, avoua-t-elle.
Se mordant la lèvre, elle se rendit compte après coup de l’erreur qu’elle venait de commettre.
- Tiens, tiens, et que lui veux-tu ? S’intéressa subitement Anori. Personne ne rencontre l’atiki sans une bonne raison, tu sais.
- Viens prendre un verre avec nous, et parle nous un peu de ton village, proposa le deuxième.
Un sentiment de malaise toucha Aeryl. Ce nouvel intérêt de la part des deux compères ne lui disait rien qui vaille.
- Non, je vous remercie, mais je crois que je vais rejoindre l’entrée du hall.
Anori arracha un verre sur une table d’une main et de l’autre retint Aeryl par le poignet.
- Allez quoi, juste un verre. Tu es une étrangère, il serait malpoli de refuser l’hospitalité de Palid.
L’étreinte d’Anori l’empêchait de se dégager. Après tout, qu’est-ce qu’un verre aurait bien pu lui faire ? Elle allait porter le verre à ses lèvres, quand une canne de bois le lui fit lâcher. Le verre tomba avec fracas sur le sol, éclaboussant au passage les personnes aux alentours de liquide vert.
- Idiote !
La canne se baissa et Crista s’interposa, d’un pas lourd devant Aeryl, comme si elle voulait la protéger du haut de sa petite taille.
- Déguerpissez ! S’emporta-t-elle, la mâchoire crispée de colère.
Elle balayait maintenant l’air de sa canne en fulminant sur les deux amis.
- Vous allez le regretter, je peux vous l’assurer.
Anori, totalement désemparé cherchait de l’aide chez son ami, en vain. Il bredouilla de brèves excuses puis s’empressa de quitter la Cave la tête baissée de honte. Devant la colère de la doyenne, la musique s’était soudainement arrêter et une haie de désapprobation accompagna les deux jeunes hommes vers la sortie.
- Ne t’avise plus d’accepter de boire, manger ou n’importe quoi d’autre sans mon accord. Maintenant que tu t’es fait remarquer, les personnes mal avisées vont tenter de te soustraire la moindre information dès que l’occasion se présentera.
L’ambiance alourdie par la tension qui régnait dans le bar, le batteur s’arracha à sa batterie. Jonglant avec ses baguettes, il s’approcha d’un pas assuré vers les deux femmes. Il remonta ses lunettes et salua Crista d’un mouvement de baguette.
- Tout va bien ?
- Oui, Dakill. Mes excuses pour ce léger désagrément. De toute manière, je venais t’informer que nous allons tenir une réunion.
- Très bien. Je vais prévenir mon groupe et je vous rejoins.
Aeryl fut charmée par la classe que dégageait le batteur des « Araignées du Placard ». L’assurance du musicien comblait son propre manque d’assurance et elle pouvait entrevoir une lueur d’intelligence dans ses yeux.
- Quel jeune homme intéressant, n’est-ce pas ? Souffla Crista dans l’oreille de la jeune fille.
La vieille dame, comme à son habitude, semblait anticiper et lire toutes les pensées d’Aeryl. Cette dernière en rougit de timidité.
- Dakill fait partie des dirigeants de Palid, lui aussi. Cependant, il ne participe pas à l’ensemble de nos réunions à cause de ces concerts. Malgré tous ses talents, il faudra, un jour, qu’il choisisse entre la politique de Palid et la musique, s’il veut se voir attribuer plus de responsabilités. Pourtant, j’ai le sentiment qu’il ne se résignera pas à mettre fin à sa carrière de batteur et je dois avouer que j’appréhende de ne plus le voir jouer. Tous les cinq, maîtrise la magie des notes à la perfection. Et puis après tout, il est encore jeune et il lui reste de grandes choses à accomplir. Bon, trêve de bavardages, fifille. Il est temps de rejoindre la salle de réunion, ajouta Crista.
Une forte odeur de menthe parvenait jusqu’aux narines d’Aeryl. Suivant Crista jusque dans les tréfonds de l’arbre, la jeune fille pénétra dans une atmosphère plus sage et plus sérieuse. Tout incarnait le caractère formel des décisions qui se prenaient dans la pièce, en commençant par la disposition millimétrée des chaises et de la longue table rectangulaire, jusqu’aux dossiers accompagnés d’un paquet de feuilles blanches et d’un pot de stylos. En tête de la table, trois trônes de bois, aux ornements rappelant les esprits de la forêt et l’histoire du peuple oxatan, arboraient de luxueuses parures. Au fond de la pièce, deux grands canapés se faisaient face dans un duel de rusticité. Sur ces canapés, huit personnes, et pourtant pas l’ombre d’un sourire. La mine grave et renfrognée, ils semblaient assister à un enterrement. Ils sirotaient tranquillement un thé à la menthe d’où la forte odeur qui emplissait la pièce.
- Mes amis, je vous présente Aeryl.
Crista adressa par la même occasion un large sourire, dévoilant une bouche édentée. Son caractère bienveillant et naturel apportait une once de courage à Aeryl qui se sentait étouffée par toute l’austérité que dégageait le regard scrutateur des autres personnes assisses sur le canapé et qui la dardait de haut en bas comme s’ils se trouvaient confrontés à une extraterrestre.
Soudain, un homme athlétique à la musculature saillante se leva d’un bond du canapé et rejoignit en quelques pas les deux femmes. La première particularité que remarqua la jeune fille fut les profondes cicatrices qui parcouraient le visage du géant. Il sonda Aeryl de ses yeux gris, qui ressemblaient davantage à des lames de rasoir qu’à des yeux. Cette dernière ne put soutenir son regard et dut se contraindre à baisser les yeux au sol. Elle remarqua alors ses hautes bottes de cuir, encrassées par de la boue séchée, qui indiquait qu’il s’était aventuré au pied des arbres malgré le danger auquel il s’exposait et sa place de membre du conseil. C’était donc vrai tout ce qu’on disait sur lui ? Qu’il ne craignait pas les bêtes féroces ? Qu’il pouvait tuer un ours à mains nues ? À vrai dire, ça ne l’étonnait plus, elle aurait mille fois préféré se retrouver face à un ours que devant les yeux tranchants de ce géant.
- Présente-toi.
Sa voix, côtoyant les graves, était d’une rare agressivité, à tel point qu’Aeryl ressentit un sentiment de culpabilité, sans savoir pour quelle raison. Heureusement, Crista, qui s’identifiait de plus en plus à sa grand-mère, pris aussitôt sa défense.
- Tes propos amènes sont toujours revigorants mon cher Jori, fit-elle avec ironie. La politesse voudrait que tu te présentes avant d’interroger une personne, surtout aussi charmante que cette jeune fille.
Soudainement rembruni, Jori semblait affecté par le sermon de la vieille femme.
- Oui.
Il marqua une pause.
- Je suis l’atiki actuellement en place, dit-il avec sa voix toujours aussi dur que le roc.
Aeryl mit quelques instants à comprendre qu’il avait fini sa présentation et attendait maintenant qu’elle se présente. Il se semblait pas très bavard ni même très expressif.
- Je m’appelle Aeryl. Je viens du village de… commença la jeune fille avant d’être brutalement coupée.
- Nous savons qui tu es. Pour quelles raisons t’es-tu déplacée jusqu’ici ?
Aeryl se mordit la langue face à l’agressivité de l’homme au crâne rasé. Reculant instinctivement d’un pas, elle répondit d’une voix presque inaudible.
- Je dois vous remettre cette lettre en main propre.
Une main fébrile lui tendit alors la lettre, qu’il arracha d’un geste brusque avant de l’ouvrir d’un coup de dent rageur. De nombreux spectateurs s’étaient rassemblés autour du géant aux yeux gris et ils observaient avec attention sa réaction. Arrivé à la fin de sa lecture, Jori froissa la lettre puis la rangea négligemment dans sa poche sans dire un seul mot.
Et dire qu’Aeryl s’était attendue à recevoir un autre accueil de la part de son idole. Cette brute épaisse l’avait vite fait revenir à la réalité. Son rêve de rencontrer l’atiki un jour venait de voler en éclats devant la violence de ce dernier envers elle. La fonction à haute responsabilité dont il avait la charge ne lui permettait pas d’être aussi méprisant. Le pire dans tout ça était le fait que mis à part Crista, personne ne semblait choqué par son attitude. Cette dernière fronçait tellement les sourcils qu’on ne voyait plus ses yeux. Sa bouche grinçait de mécontentement et sa canne gesticulait dans tous les sens, frappant les jambes de ceux qui se trouvaient sur son chemin.
- Voyons. Me feras-tu le plaisir d’être poli au moins une fois dans ta vie ?
- Poli ? Répéta-t-il comme s’il ne comprenait pas la signification de ce mot.
- Je ne t’ai pas éduqué comme ça. Fais plaisir à ta chère mère et sois plus correct avec les jeunes filles. J’ai envie d’avoir des petits enfants, et si tu continues à maltraiter les rares demoiselles à qui tu prends la peine d’adresser la parole, tu finiras seul, dit-elle en hachant ses mots.
La vieille femme avait rattrapé Jori et sa canne molestait les mollets du jeune homme, qui paraissait davantage touché par les paroles de Crista que par ses coups, qu’il ne semblait même pas remarquer.
- Excuse-toi tout de suite auprès de cette jeune fille, exigea-t-elle avec sévérité.
Le regard tranchant de Jori vint transpercer Aeryl et elle se sentit plus mal à l’aise que soulagée. Elle se trouvait pourtant à une dizaine de mètres de lui, mais l’intensité de ses yeux gris lui donnait l’étrange impression qu’il lisait dans ses pensées. Soudain, la porte s’ouvrit et Dakill, le batteur du bar, fit irruption dans la pièce. Avec soulagement, Aeryl sentit l’attention de l’atiki se détourner d’elle pour se poser sur le nouveau venu.
- Bien, commençons ! Décréta le géant de sa voix rocailleuse.
Jori prit place sur le trône du milieu. En s’aidant de sa canne, Crista réussit à grimper sur celui à droite de lui et un homme, aux cheveux blancs comme neige tressés en nattes, s’assit à sa gauche. Aeryl se vit proposer une chaise à l’opposé des trois trônes. Elle faisait face aux trois personnes les plus puissantes de la forêt et ressentait un mélange d’admiration et d’intimidation en leur faisant face.
- Bien, commença Jori. Tout d’abord, Amos a chiffré à une petite vingtaine le nombre de soldats qu’il pouvait fournir en cas de guerre.
- C’est bien peu. Même pour un si petit village, dit un homme à côté d’Aeryl.
Jori ne sembla pas tenir compte de la remarque. Il continua imperturbablement.
- Il m’a aussi fait part de sa volonté que je prenne Aeryl comme mon élève.
Des regards médusés toisèrent la jeune fille avec stupéfaction. Prise de court la jeune fille lâcha un hoquet aigu. Plus insistant que les autres, le regard acéré de Jori la dévisageait une fois de plus.
Aeryl ne savait plus quoi penser. Elle avait toujours rêvé de rencontrer l’atiki et de devenir son élève dépassait toutes ses attentes. Toutefois, elle ne devait pas perdre de vue son objectif. Il fallait qu’elle se rende dans les montagnes du nord. Mais elle ne pouvait s’y rendre seule, il lui faudrait l’aide d’un guide. Gagner la confiance des élus, les personnes les plus influentes de Palid, et en particulier celle de l’atiki, lui permettrait de monter une expédition. Quoi de mieux que de devenir l’élève de l’atiki pour gagner sa confiance ?
- De mon point de vue, elle ne tiendrait pas une semaine sous mon enseignement. Je refuse donc la demande d’Amos.
Cette déclaration brutale détruisit tous les espoirs que plaçait Aeryl en son projet. Elle se sentait seule dans cette ville qu’elle ne connaissait pas, entourée de ces inconnus qui la regardait comme une nouvelle attraction, accablée par la dureté de Jori et surtout dépassée par les attentes qui pesaient sur ses épaules. Baissant les yeux de désarroi, elle chercha désespérément les réponses à ses questions sur le bois du plancher.
En ce moment, elle aurait dû être accompagnée par Kathleen et Amos. Cette quête, n’avait aucun sens sans son amie, tout lui semblait anodin et elle ressentait l’envie irrépressible de la rejoindre. Rien de tout cela ne serait arrivé si elle était restée dans son village. Son existence paisible aurait suivi son cours si cette maudite fleur n’avait pas fait son apparition. Mais ce qui était arrivé ne pouvait plus être changé et elle devait se résoudre à poursuivre seule, pour le bien de son amie. Une lueur de détermination naquit dans la prunelle de ses yeux et elle releva la tête avec défi. Elle se leva et posa instinctivement les poings sur la table.
- Très bien, je me passerais de votre aide dans ce cas, répondit-elle d’une voix calme. Et de toute façon vous êtes la dernière personne de laquelle j’accepterais le moindre conseil. Vos manières me répugnent autant que votre impolitesse. Ce n’est pas parce que vous êtes l’atiki que vous devez vous comportez de la sorte.
Aeryl avait déballé tout ce qu’elle avait sur le cœur, et cela lui fit un bien fou, bien qu’elle se rende compte qu’elle venait par la même occasion de réduire à néant les maigres chances qui lui restaient de se faire aider par l’atiki.
Abasourdi, le géant à la musculature travaillée arqua un sourcil et il regarda la jeune fille sortir de la pièce sans aucune réaction.