Jack s’exécute en quittant ses bottes et s’allonge près de son père, sur une natte à même le sol. Pourquoi a-t-il toujours cette impression désagréable de redevenir un petit garçon en sa présence ?
- Maman va bien ? lui demande Teague, tout à trac.
La question fait sursauter Jack et le plonge dans un trouble étrange.
- Maman ?... fait-il avec une grimace coupable. Eh bien... elle avait toujours bonne mine jusqu’à... ce que je la perde, avoue-t-il prêt à parer l’énorme mandale qu’il s’apprête à recevoir.
Teague le fusille du regard un sourcil relevé. Mais les vapeurs d’opium ayant déjà fait leur effet, aucun geste brusque ne lui est plus permis.- Tu l’as quoi ?!?!
Se rasseyant, faisant des gestes d’apaisement, Jack tente d’expliquer à son père les circonstances malencontreuses.
- Non, mais, ce qui est arrivé est bien involontaire, je peux te l’assurer. On m’avait volé mon navire...
- Encore !! s’exclame-t-il, en roulant ses yeux vitreux dans ses orbites.
- ... et je suis parti à sa poursuite avec un petit bateau, continue Jack, tentant de noyer le poisson. Et c’est là que j’ai failli mourir...
Le deuxième sourcil de Teague se lève, exprimant une surprise toute familiale.
- ... Mais, j’ai été sauvé, rassures-toi ! continue Jack.
Puis, un doigt levé et un clin d’œil, il continue.
- .... par une charmante jeune fille, en l’occurence.
Il tente un sourire rassurant, mais comme son père ne dit plus rien et se remet à tirer sur sa pipe tranquillement, Jack prend ça pour un «continue, petit» et s’installe pour raconter la suite.
- ... Et figures-toi que, avant que n’apparaisse le navire dans lequel se trouvait la jeune fille, dans mon agonie, le souvenir de maman m’est apparu. Je me suis repenti de ne pas lui avoir dit que je l’aimais alors qu’elle était encore en vie... J’ai cru que j’étais dans l’antre de Will Turner... ce qu’il pouvait faire noir, là-dedans !... Je voulais le lui dire, la dernière fois que je l’ai vu mais il était pressé. Toujours le sens du devoir, celui-là !.... Et donc, quand j’ai pu dire à maman que je l’aimais, je me suis senti soulagé tout d’un coup. Mais, j’étais inconscient, alors. Et lorsque je me suis réveillé, la tête de maman avait disparu.
Le silence répond à Jack. Teague pompe sur sa pipe sans émettre de réaction, semblant complètement ailleurs. Et, comme pour tromper le malaise qui monte en lui, Jack se met à tirer une première bouffée sur sa pipe guettant du coin de l’œil une réaction de son père. L’a-t-il entendu ou non ? La fumée d’opium les enveloppe tous les deux, faisant flotter leurs pensées vers des sphères fantasmatiques. Puis, Teague rompt soudain le silence.
- Un bon brin de femme, Elizabeth, tu sais...
- Pardon ?...
Surpris par ce que vient de dire son père, Jack lève des yeux interrogateurs sur lui.
- ... sa peau est d’une douceur !..., ses petits seins dressés... fait Teague sans terminer sa phrase, encore perdu dans sa fumée.
- Tu ... tu plaisantes, là... Papa ! Tu as couché avec... avec madame Turner ?!!
- Madame feu Turner, dois-je te le rappeler ? Oui, dit-il encore, le regard ailleurs. Elle est libre pendant presque dix ans, encore. Ce serait trop bête de la laisser seule et de ne pas la réchauffer....
- Papa !! s’exclame Jack, outré. Comment as-tu pu ? Je ne me suis jamais permis...
- ... et bien tu devrais ! l’interrompt-il. Elle est chaude comme la braise...
- Ça ne m’intéresse pas.
- Mon œil !
- Je ne suis pas celui que tu crois !
- Allons bon ! ricane Teague derrière sa pipe, aurait-on changé mon fils en gentilhomme bien pensant ? Tu ne t’es jamais gêné pour ravir la femme des autres à commencer par celle qui t’a dépucelé.
- Oui, mais, ça, c’était il y a longtemps.
- Et aujourd’hui, tu vas me dire que tu ne prends que des jeunes pucelles ou des putes, c’est ça ?
- Entre autres !.... Mais, je trouve mieux, maintenant...
- Mieux ? Qu’y a-t-il de mieux que celles-là ?
- Des initiées !
- Pardon ?!
A son tour, Jack se retranche derrière sa pipe, ne sachant pas exactement s’il a mouché son père ou s’il a commis un crime de lèse majesté.
- Tu as baisé qui ? redemande Teague, semblant sortir de son nuage de fantasmes.
- Je ne les ai pas baisées, papa. J’ai fait l’Amour... terme technique... enfin, on peut dire ça comme ça...
- Je ne comprends pas. Tu te les est faites ou pas ?
- Heu... non. Enfin, si ... pas dans le sens où tu l’entends, non. Mais, je leur ai fait l’Amour, ça c’est sûr.
- Des initiées !! ricane-t-il en roulant des yeux désespérés. C’est baisable, ça ? Et puis des initiées à quoi ? ... à la levrette sur cheval à bascule ?
Un tantinet énervé, Jack lui renvoie une question :
- Dis-moi, est-ce que tu connais la Fontaine de Jouvence, papa ?
- La quoi ?
- Un jour, tu m’as dit que le truc, c’est de vivre avec soi-même, poursuit Jack dans sa réflexion. Depuis, j’ai toujours cherché ce que tu voulais dire par là. Eh bien, la Fontaine de Jouvence m’a apporté une partie de la réponse. Comment tu fais, toi, pour vivre seul avec toi-même ?
Teague regarde son fils comme s’il découvrait quelqu’un d’autre.
- C’est une blague ?! Tu n’as quand même pas cru à ces sornettes, Jacky !
- Si... enfin, non... mais si. C’est pas la question d’abord ! Ce ne sont pas des sornettes, papa. Ça existe vraiment.
- Tu es immortel, alors ?!
- Non ! ... enfin... mais pas au sens où tu l’entends...
Constatant qu’il serait difficile de convaincre son père, il décide de changer de tactique.
- Dis-moi, tu as déjà essayé Chun ?
- Chun ?... La pute d’ici ? ...
- Oui.
- Heu... oui, je crois... Qu’est-ce qu’elle a de particulier ?
- Eh bien, quand on connaît la Fontaine, elle ne te traite plus du tout comme ses clients....
- Ah ? ... Comment ça ?
- Elle te fait des choses... différentes, dit Jack avec une expression gourmande, ... que même ton Elizabeth n’imaginerait même pas que ce soit possible !
- Tsss ! Tu me fais marcher... Une pute, c’est une pute... réplique Teague, retournant à sa pipe et tirant dessus avec empressement. .... Lizz, ce n’est pas pareil, d’abord...
- Ça doit être d’un ennui mortel avec elle, je suis sûr.
- Détrompe-toi ! C’est un beau brin de femme...
- Une meurtrière, oui ! le coupe Jack, énervé.
- ... qui sait très bien être affectueuse quand on demande poliment, complète Teague imperturbablement dans son trip.
- Ce n’est qu’une pucelle mal dégrossie !
- ... Elle est charmante... roule-t-il des yeux.
- C’est une peste !
- ... une cambrure de reins ... mmmhhh !- ... une pirate emplumée !
- ... je l’ai prise sur la table des Seigneurs...
- Grand bien te fasse !
- ... mais quand elle a joui, elle a soupiré et prononcé le nom de Will... fait Teague derrière son écran de fumée, la mine perdue et triste.
- Bah, ça, fallait t’y attendre ! réplique Jack, redressé sur sa couche, agacé. Elle n’en aime qu’un depuis le début et elle allume tous les autres, alors !... J’en sais quelque chose... Moi, elle m’a tellement allumé qu’elle m’a directement envoyé en enfer !!...
- Tu lui en veux parce qu’elle t’a tué, fils, mais il n’empêche qu’elle est charmante, dit Teague, la bouche pâteuse... et qu’elle a un caractère de pirate... J’adore son caractère de pirate...
- C’est une mauvaise coucheuse !
- Tu n’en sais rien !
- Si, je le sais ! fait Jack, de mauvaise foi. C’est écrit sur sa figure !
- Tu sais, Jacky, je ne voudrais pas être ta victime. Tu es sans pitié.
- C’est toi qui m’as fait comme ça, papa.
- Oui, mais, c’est une fille ! .... une femme, se corrige-t-il.
- Ça se voit que tu n’es jamais mort à cause d’elle, c’est tout...
- Non, avoue Teague, toujours derrière son écran de fumée, mais je serais prêt à mourir pour elle.
- Je te souhaite bien du plaisir !
- Pourquoi, je dis ça, moi ?... se dit Teague, tout haut, ayant presque oublié qu’il parlait à son fils, près de lui.
- En somme, papa, tu as tout fait, tout vu, sauf la mort... Où as-tu vécu seul avec toi-même, alors ? lui demande Jack, incapable de se détendre.
Teague, malgré les effets de l’opium, semble ébranlé par ses souvenirs. Il hésite à répondre. Jack attend. Comme pour se rassurer l’un l’autre, ils tirent chacun sur leurs pipes. Puis, le seigneur pirate murmure.
- C’est ta mère...
- Hein ? ..... Quoi, ma mère ?
- Quand elle est morte....
Les mots semblent difficiles à sortir de sa bouche. Et, Jack, attisé à l’évocation de sa mère le presse de poursuivre.
- Oui ? ... Et alors ? Comment est-elle morte ?
Le regard noir, revivant l’époque comme si c’était hier, les dents serrées, et les traits du visage tendus, Teague continue de pousser les mots hors de sa bouche.
- Pendue... Ils l’ont pendue avant même que je n’ai eu le temps de revenir.... .... je les ai tous tués... je les ai massacrés... ils n’avaient pas le droit.... elle n’avait rien fait.... tu n’avais que sept ans... elle t’a protégé... mis à l’abri... je t’ai retrouvé grelottant de froid sous les rochers derrière la maison... mais elle... elle n’a pas pu se défendre... je n’étais pas là... à cause de cette foutue tempête qui m’a coûté mon navire... j’avais tout perdu.... j’ai gardé son corps avec moi... je l’ai pleurée pendant des mois... et puis, je l’ai fait momifier... pour la garder encore un peu...
Il n’avait jamais su tout ça. Du moins, il l’avait occulté. Aucun souvenir. Rien. Jamais son père ne lui a raconté la mort de sa mère. Une pudeur et un chagrin trop immense. Jack l’écoute, médusé, alors que les tabous s’effondrent entre eux, aidés par l’opium enivrant. Sans pouvoir dire quoi que ce soit, Jack sent son cœur se serrer. Le chagrin. Le manque. L’affection. Et Teague, dans sa lancée, poursuit son flot de paroles libérateur.
- ... Elle était ma source... elle était mon antre... elle était ma tendresse, la seule que j’ai aimée... Il n’y avait qu’avec elle que j’étais tendre... même pas pour toi, mon fils... aucune femme n’a eu son équivalent à mes yeux... il m’a fallu des années avant de toucher une autre femme.... mais tout était rompu... fini... Je n’ai plus jamais aimé personne après elle. J’étais seul.... à jamais... seul avec moi-même.
Impressionné, et triste de voir ainsi son père souffrir d’un deuil interminable, Jack glisse quelques mots qui se voudraient compatissants.
- Depuis tout ce temps ? ... Tu n’as jamais cessé de l’aimer ?
- Si ! .... A la Cour des Frères, lorsque je t’ai donné sa tête réduite, j’avais résolu de tourner la page... Je sais, j’ai mis du temps... C’est Lizzie qui m’a sorti de ma torpeur, quand j’ai vu son joli minois. Je me suis dis que je passais à côté de la vie... que j’en avais oublié ses joies et ses amusements...
Jack, ne peut retenir une grimace d’affliction et de prévenir son père.
- Papa, ce n’est pas une fille pour toi. Tu vas encore te faire mal. Elle n’aime que Will. D’ailleurs, elle te l’a bien montré, non ?
- Je sais. Mais, elle hante mes pensées depuis que je l’ai vue reine des pirates ... fait Teague en soufflant un gros nuage de fumée.
- Et tu rêves de la ravir à son maudit mari en te plongeant dans un nuage d’opium ! ... ça va être efficace, ouais ! Non, crois-moi, si tu veux une femme pour te redonner goût à la vie, va voir qui tu veux, mais pas elle. C’est une meurtrière, je te dis. Et même une meurtrière des sentiments ...
- Ah ! Alors, tu avoues que toi aussi, tu as souffert des sentiments, hein !
- Je n’ai jamais dit le contraire.... Et d’ailleurs, c’est bien à cause d’elle, surtout... oui... surtout à cause d’elle.
- Tu n’as jamais été amoureux, fils ? demande Teague qui se rassérène enfin, appréciant finalement de s’ouvrir à son fils.
- Si, avoue Jack. Mais, ça n’a jamais duré longtemps. Et ça fait toujours mal, en plus. Alors, que j’aurais pu être amoureux, soit c’est elle qui ne voulait pas, soit j’ai perdu la femme que j’aimais dans des circonstances pas toujours volontaires...
- C’est triste... fait Teague, compatissant.
- C’est comme ça...
- Et maintenant ? ... Tu as quelqu’un ?
- Heu... là ? ... J’ai toutes les femmes que je désire, et elles me remplissent d’amour...
- Qu’est-ce que tu racontes ? fait Teague qui ne comprend pas le sens de ses paroles. Tu as personne ou quelqu’un ?
- C’est là où je voulais en venir avec la Fontaine de Jouvence, papa.
- Et bien quoi ? ... quoi, la Fontaine ?
- Je sais comment être toujours rempli d’amour, fait Jack avec un clin d’œil entendu. Aussi longtemps que dure une traversée des océans, sans jamais éprouver de besoin, jusqu’à la prochaine retrouvaille. Ainsi, je peux aimer qui je veux, quand je veux, sans jamais souffrir d’amour.
- Tu te moques de moi, fils !
- Je ne me permettrais pas, papa ! Je te jure que c’est vrai.
- Alors, tu te fiches de la fille avec qui tu fais l’amour, du moment que ça ne te fait pas souffrir ? ... C’est ça, ta Fontaine ? Excuses-moi, mais j’appelle ça de la fuite, fiston ! C’est pas de l’amour.
- Non ! Ça s’appelle l’Eternel Amour. Et tu sais que quand on atteint l’Amour Suprême, on est jeune à jamais... Je veux dire jeune, au sens éternel et légendaire du terme.
Teague regarde son fils, comme s’il n’était plus de ce monde et panique un peu, se redressant sur sa couche et abandonnant sa pipe.
- Tu as perdu le sens commun, Jack ! Ce que tu dis est insensé !
- Non, je te dis. Crois-moi. C’est la pure vérité ! dit Jack, en se reculant légèrement, craignant la prochaine mandale, malgré sa sincérité.
- J’ai engendré un fou ! s’exclame Teague en levant les yeux au ciel.
- Un fou d’amour ! le corrige Jack le doigt en l’air.
- Toi !..... fait Teague les dents serrées, tentant vainement un geste agressif malgré les vapeurs d’opium qui le ligotent lourdement dans son corps. Comment tu peux dire ça ? Tu n’aimes personne, en fait. Tu n’aimes que toi.
- Ça commence par là, en effet... dit Jack, toujours sur le qui vive.
- Peut-être que c’est toi qui a raison, fils, mais j’aurais été comme toi avec ta mère, tu ne serais pas de ce monde !
- C’est faux, aussi ! ... J’ai beau être comme je suis, aimer des femmes et ne jamais les garder, j’ai appris tout récemment que tu es grand-père....
- Pardon !!? fait Teague dégrisé et fusillant son fils du regard.
- Ne m’en demande pas plus, je ne sais pas qui c’est, ni comment il s’appelle ni de quoi il a l’air. Je ne l’ai jamais vu. Et sa mère a disparu, elle aussi, dans des circonstances tragiques. C’est juste pour te dire que quand on ne contrôle rien et qu’on aime la femme en question, bah...
- Et tu me dis ça comme ça, l’air de rien, comme tu parlerais de la pluie et du beau temps ?! Mais, tu es immonde, Jack !
- Le monde est cruel, papa... s’excuse Jack en fronçant le nez, se retranchant derrière un confortable cynisme.
- Je ne te comprends pas. Qu’est-ce que tu cherches, à me dire ? Tu es juste venu là pour me casser mes rêves et me faire miroiter les tiens inaccessibles ?
- Ce que je veux te dire, c’est ....
Mais, Jack est interrompu par l’arrivée inopinée de son second, Gibbs.
- Hey ! Voilà que je te retrouve, Jack ! s’exclame-t-il, tout joyeux. Tu ne devineras jamais...
Lui aussi s’interrompt quand il réalise que Jack est en compagnie de son père.
- Ow... je suis désolé de vous avoir interrompus, fait-il en entamant un demi-tour. Ça n’a aucune importance... je... ça peut attendre... je vous laisse tous les deux... pardon...
- Non, attends, Gibbs ! dit Jack en se levant soudain. Je t’accompagne.
Puis, Jack se retourne vers son père.
- Il semble que nous ne trouverons pas de terrain d’entente en la matière n’est-ce pas ? ... autant que nous en restions là, papa. Je te souhaite bien du plaisir avec.... madame Turner !
Et il le salue d’une courbette, puis sort de la pièce sur les traces de Gibbs.
Teague, soufflé par l’effronterie de son fils et les sens noyés sous les effets de l’opium ne peut que le regarder partir d’un œil torve.
o0o0o
Quelques jours plus tard, Jack arpente les canaux nauséabonds de la ville à bord d’une petite embarcation solitaire à la recherche d’une piste hasardeuse sur les maîtresses du Tao. Errant parmi les autres bateaux, chargés de victuailles, animaux caquetants, bêlants et d’humains aux chapeaux pointus bruyants et s’interpellant avec force gestes expressifs. De sa seule rame qu’il actionne comme un gouvernail, il avance dans cette foule bigarrée et grouillante se remettant au sort pour le mener sur le bon chemin. Son père pourra pester contre lui toute sa vie durant, son fils est né sous l’étoile de la chance, assurément. Et, tout comme le lotus, poussant les pieds dans la fange, il a fleuri tout en splendeur. Ainsi, il fraye non loin des embarcations du marché aux fruits et légumes, confiant. Les couleurs fraîches et généreuses de ces tas de victuailles le mettent en appétit. Il s’approche alors des petits bateaux commerçants et notamment près de celui dont le tas de mangues est si bien ordonné et abondant qu’il en a l’eau à la bouche. La vieille dame sous son chapeau pointu assise au bout de son énorme tas de fruits orangés l’invite avec force gestes à goûter à ses trésors. Jack ne se fait pas prier.
- Venez, mon bon monsieur, dit la vieille dame en lui faisant un sourire édenté, venez ! J’ai de quoi satisfaire votre soif et votre faim. Prenez ! Fait-elle encore en lui tendant un gros morceau de fruit bien juteux.
Jack s’en saisi et le mange avec délectation. Un délice.
- ... Bon, hein ? fait la vieille dame avec un clin d’œil de ses petits yeux perçants. Vous n’êtes pas d’ici, vous, n’est-ce pas ?....
- Non, répond Jack en la regardant distraitement. Je suis capitaine d’un grand navire tout noir.
- Oh ! .... un marin... Seigneur des océans, fait-elle, en coupant un autre morceau de fruit et en le lui donnant. Ça se voit tout de suite... votre visage... vous êtes un petit roublard, vous !...
Soudain, elle saisit la main droite de Jack brutalement, la tire vers elle, faisant se cogner les deux bateaux l’un contre l’autre et le force à ouvrir la main. Elle marmonne quelque chose d’incompréhensible en passant son index sur les lignes de sa main. Jack, surpris par ses gestes, ouvre de grands yeux inquiets mais il lui laisse tripoter sa main. Elle continue d’étudier ses lignes en les suivant une à une tout en murmurant toujours des mots incompréhensibles. Puis, elle tapote deux fois de son index au milieu de la paume, comme si elle avait trouvé quelque chose, et lance :
- Grande chance et grand malheur à la fois ; c’est écrit là !!...
- Hein ?! fait Jack qui ne comprend pas où veut en venir la vieille édentée. Quoi ? ... c’est quoi le problème ?
- Grraaand amour à venir, tu auras, mais aussi graaand danger qui va avec .... dit-elle sans lâcher sa main et le perçant de son regard pointu.
Jack commence à s’inquiéter face à l’insistance sourde de la vieille femme.
- Quel danger ? demande-t-il, pas rassuré du tout.
Elle soulève alors plus loin sa manche pour découvrir son tatouage sur le bras.
- Aaah, c’est confirmé !! dit-elle en le regardant d’un sourire étrange, presque effrayant. La légende du capitaine pirate va trouver son éclat très bientôt... et elle sera à jamais gravée dans la pierre....
- Qu’est-ce que tu racontes, vieille femme ? Je ne comprends rien à ce que tu dis !
- Le destin, mon bon monsieur, le destin !.... Rappelez vous ce que je vous dis : un immeeense destin vous attend... et une femme vous y mènera.
- Une femme ?!... interroge Jack, et sans se démonter pour autant, il lui demande :
- Je cherchais justement une maîtresse du Tao. Vous savez où je pourrais en trouver une ?
La vieille femme se met à rire à gorge déployée.
- Aaah, l’Amour !... fait-elle en lui rendant son bras.
- Qu’est-ce qu’il y a de si drôle ? s’inquiète-t-il, en rebaissant sa manche.
- Une maîtresse du Tao n’a pas d’adresse, ni même de nom. Vous saurez que vous l’aurez trouvée lorsqu’elle vous appellera son Shiva. Alors, votre destin se réalisera.
- Et c’est tout ? grimace Jack. Ce n’est pas plus précis que ça ?
- Croyez-moi, cher pirate ! ricane-t-elle encore. Vous en trouverez une, c’est sûr, mais par votre seule intuition. Je ne peux pas vous aider, pour ça. C’est tout ce que je sais.
Jack se rassoit dans son embarcation, la mine dépitée et interrogative, tout en reprenant en main la barre qui lui sert de rame. La vieille dame devineresse lui tend alors une mangue entière.
- Tenez ! Emportez ça et bon vent, capitaine ! .... Vous savez, je fus dans ma jeunesse une de ces maîtresses que vous cherchez. Dommage que ce ne soit pas moi qui doive vous accompagner dans votre destin. Celle-là aura bien de la chance, en tous cas...
Jack prend la mangue qu’elle lui tend sans rien dire. Et ne sachant s’il doit se réjouir ou non de ce que vient de lui annoncer la vieille dame, il se contente de lui adresser un signe de tête voulant dire adieu et merci. Puis, il actionne la barre de son embarcation et s’éloigne en se glissant parmi la circulation flottante.
Mouhahaha ! dsl mais là j'étais mdr! Il fallait que je le dise.
Ha nan pas Lizzi avec son père >_<
La discution avec son père est excelente, on s'y croirait. Ils sont tellement semblables en étant différent. Ils veulent tout les deux prouver quelque chose à l'autre. Du genre : Moi je sais et pas toi !
Les paradoxes des deux bonhommes, ça donne quelque chose au final de très cocasse. En tous cas, je me suis beaucoup amusée à écrire ce dialogue. Même, j'ai bien cru que ça n'allait jamais finir. Heureusement que Gibbs est venu les interrompre sinon, je ne sais pas comment ça aurait fini. Lol !
Non, mais je suis d'accord, Lizzi avec le paternel, ça fait grincer des dents, c'est sûr. Mais on n'y peut rien. Il fait ce qu'il veut !!