Chapitre 12: Mademoiselle Glück

Cassandre attendait son tour. Elle ne savait pas trop ce qu'elle faisait là. Depuis qu'elle avait reçu l'appel de cette Eileen Sospitalis, elle ne dormait plus vraiment. Elle ne comprenait pas la raison pour laquelle on la contactait. A priori, on voulait la recruter, mais elle n'avait eu aucune indication sur la fiche de poste. Elle craignait que ce soit une énième proposition de mission free-lance aux allures de CDI déguisés. C'était quelque chose d'assez courant dans le milieu informatique. Un e porte s'ouvrit, la sortant de ses réflexions : 

   - Mademoiselle Glück. C'est à nous.

Fébrile, comme à chaque entretien, Cassandre se leva et renversa son sac, libérant un porte-monnaie, stylos, calepins, clés USB et autres trésors. Elle se précipita par terre pour tout ramasser, rougissante. Eh bien, elle qui ne voulait pas faire remarquer sa maladresse, c'était gagné ! Eileen s'approcha pour l'aider :

    - Calmez-vous. Tout ira bien. Je veux juste vérifier avec vous vos références et voir si vous pourriez accepter des missions de mon agence. Nous allons seulement faire connaissance.

    - Oui... oui.

    - Venez

Cassandre jeta un rapide coup d’œil pour s'assurer qu'elle n'avait rien oublié. Elle détestait perdre ses affaires. Elles entrèrent dans le bureau. Cassandre commença à expliquer son parcours. Mais Eileen l’interrompit :

    - Ce que je veux savoir Cassandre, c'est ce que vous voulez vraiment faire. Pourquoi avoir choisi cette voie.

    - Oui, je n'ai pas un parcours très traditionnel.

    - Justement, c'est ce qui m'intéresse. Vous êtes capable de rebondir.

    - Ce sont les aléas de la vie qui m'ont conduite vers cette spécialisation en sécurité des systèmes d'informations. Et cela me passionne plus que je ne le pensais. Ma tendance à déclencher des catastrophes est un atout dans ce domaine.

    - Comment cela ?

Cassandre réalisa qu'elle avait eu un excès de confiance et s'était emportée dans son discours. Elle venait de réduire à néant son infime chance d'avoir un nouvel emploi. Dans un effort d'improvisation, elle tenta de se rattraper :

    - On dit que le problème premier en informatique se situe entre la chaise et le clavier. Comme j'en suis consciente, je repère les failles de sécurité potentielles quand je commets une erreur, que je teste un système ou que je dois le déployer. J'ai fini par faire un master sur le sujet.

    - Et ça vous a plu ?

    - Oui, ça m'a demandé plus d'efforts que les autres ont dû en fournir. Je ne regrette rien. J'ai fini avec une mention pendant que les autres stagnaient.

    - Je suppose que vous cherchez une mission en rapport avec votre dernière formation.

   - Oui, même si ce n'est pas exactement cela, je peux travailler et me former rapidement. Par contre, je n'ai pas vraiment compris quel était votre secteur d'activité, si vous permettez.

   - Bien sûr. C'est compréhensible. Nos bureaux disposent de divers centres de services comme le juridique ou, dans votre cas, le recrutement pourr des entreprises clientes. Votre profil pourrait nous intéresser.

    - Une sorte d'agence d’intérim ?

    - Plutôt un prestataire. Vous serez en contrat avec nous, en CDI. Nous vous enverrons sur des missions selon les besoins. Est-ce que cela pourrait vous intéresser ?

   - Peut-être, répondit Cassandre dubitative.

Elle ne parvenait pas à croire à une telle chance. Tout semblait si beau. Eileen lui présentait les postes possibles, les avantages, le salaire. Cela appartenait au monde des rêves pour elle. Elle ne pouvait s'empêcher de se demander où était le piège. On allait sans doute lui demander des tâches qu'elle n'oserait pas refuser, au point de se retrouver, comme à son habitude, dans une situation ingérable. C'était ainsi depuis l'école. Dans le monde professionnel,il lui était aussi même arrivé de réaliser l'équivalent de 3 journées en une seule. Ce qui la conduisait fatalement à commettre des erreurs impardonnables qui lui faisaient perdre son emploi. Malheureusement, elle n'était pas en position de refuser. Elle avait besoin de travailler. Ses finances n'étaient pas au beau fixe. Elle signa.