Chapitre 12 [NOUVELLE VERSION]

Notes de l’auteur : MAJ : 23/11/2024

Le Nord leur tendait les bras, et Altaïs l’embrassa du regard. La neige tombait de plus en plus dru au fur et à mesure qu’ils s’enfonçaient dans les terres. Les chevaux avançaient avec peine, et ils avaient dû se résoudre à rejoindre la route pour conserver leur rythme. Cette fois, ils semblaient avoir réussi à instaurer une distance suffisante avec leurs poursuivants pour qu’on ne les rattrape pas. Et le fait qu’Altaïs ait partiellement retrouvé le contrôle de sa magie changeait la donne ; il pouvait désormais endiguer les traces qu’elle laissait autour de lui.

Du coin de l’œil, il aperçut Alexander frissonner lorsqu’une bourrasque glaciale s’insinua sous sa cape.

— Tu trembles…

Sa voix lui parut étrange, peut-être parce qu’ils avaient peu parlé depuis qu’ils s’étaient échappés. Alexander s’était muré dans un silence endeuillé, Altaïs dans la culpabilité de ne pas avoir pu sauver Nils.

— Je ne suis pas insensible au froid, contrairement à certains…

— J’aurais bien utilisé ma magie pour te réchauffer, mais il est fort probable que tu finisses brûlé vif si je m’y essaie.

Alexander étouffa un rire.

— Tu ne cesseras jamais de me surprendre. De la magie élémentaire ? Qu’en est-il des autres éléments ? Tu aimes trop la neige pour te contenter des flammes, ajouta-t-il avec un coup d’œil taquin.

Une expression douce éclaira le visage d’Altaïs.

— J’avais des affinités avec l’eau. L’air aussi, parfois. Mais l’eau a toujours eu ma préférence pour toutes les possibilités que cet élément m’offrait, pour son lien avec la neige et la glace. Et je suppose que le feu…

Il laissa sa phrase en suspens, ses mots étouffés par des années d’effacement. Le feu était sans doute le reflet de la rage qui bouillonnait en lui. Altaïs tendit une main devant lui, paume tournée vers le ciel. Des flocons tourbillonnèrent au-dessus.

— La magie élémentaire est très vaste, reprit-il à mi-voix. Il est difficile d’en contrôler toutes les facettes, mais je n’en ai jamais désiré aucune autre.

D’un mouvement de la main, les flocons flottèrent jusqu’à Alexander, qui les attrapa dans le creux de sa paume. Les étoiles givrées ne tardèrent pas à fondre.

— Tu n’utilisais jamais ta magie au palais.

Ce n’était pas une question, aussi Altaïs ne répondit pas tout de suite. Alexander disait vrai, il utilisait rarement sa magie au palais, seulement lorsqu’il était seul, parfois. Le jeune homme avait parfois dû percevoir ses bourrasques glaciales les quelques fois où Altaïs s’était senti sur le point de perdre le contrôle, mais il n’avait jamais pu s’exprimer davantage.

— Je crois que j’avais peur…

Certains murmuraient que par le passé, des mages avaient eu le pouvoir de créer des tempêtes, des tremblements de terre, des brasiers incandescents et des vagues immenses. Un pouvoir perdu que l’on disait jadis plus proche de la Magie qu’aucun autre, si dévastateur qu’il aurait mis des royaumes à genoux, dévasté des empires. Un pouvoir qui effrayait et lui avait valu d’être haï par sa propre famille.

— Une magie que l’on dit mauvaise, un possesseur qui doit l’être tout autant…

— Elle n’a rien de mauvais, rétorqua Alexander. Et toi non plus.

Altaïs garda le silence, mais son regard perdu dans le vague disait « Qu’en sais-tu ? ». Il se redressa sur sa selle lorsque le bruissement d’une rivière emplit ses oreilles. Depuis qu’ils avaient atteint le Nord, les minces ruisseaux qu’ils avaient croisés n’avaient pas encore dégelé, et leurs outres étaient presque vides. Au bout de quelques minutes de chevauchée, ils découvrirent un cours d’eau assez large pour échapper aux dernières gelées de l’hiver, charriant des blocs de glace dans son sillage. Ils mirent pied à terre et laissèrent leurs chevaux s’abreuver tandis qu’ils remplissaient leurs outres. Altaïs balaya le paysage immaculé du regard ; un paysage qu’ils avaient atteint à un prix trop élevé.

— Je suis désolé. De ne pas avoir pu empêcher sa mort.

Alexander s’immobilisa, baissa la tête pour fuir son regard. Altaïs serra les poings pour empêcher ses mains de trembler et poursuivit à voix basse :

— À Issfyrit, Harald et la Haute-Garde m’ont repéré, mais Nils m’a trouvé le premier. Il voulait savoir où tu étais. Il aurait pu me traîner auprès du roi, mais il a accepté de me laisser une chance lorsque je lui ai expliqué que tu étais mourant.

Jusque-là, il n’avait pas raconté à Alexander ce qu’il s’était passé à Issfyrit, peut-être parce que son compagnon de route lui avait paru inaccessible, retranché dans une réalité où Nils était encore en vie. Aujourd’hui, Alexander semblait moins taciturne, et les mots se pressaient au bord des lèvres d’Altaïs, des excuses vaines qui ne ressusciteraient pas Nils. Des questions qui ne trouveraient jamais de réponses : et s’il avait couru suffisamment vite pour ne pas se faire rattraper ? et s’il avait retrouvé sa magie plus tôt ? Mais Alexander avait le droit de savoir tout ce que Nils avait fait pour eux jusqu’à son sacrifice, tout ce qu’il avait fait par amitié.

— Tu n’es pas responsable, répondit Alexander.

Sa voix rauque racla sa gorge tandis qu’il relevait la tête pour dévisager Altaïs. Celui-ci prit une inspiration tremblante ; il ne discernait aucun reproche dans les prunelles d’Alexander, mais il y avait cette tristesse qui l’écrasait de tout son poids.

Ta magie souillée…

Le jeune homme se trompait, Altaïs avait causé tout cela.

— Tu n’es pas responsable. Elaran et Harald le sont, je le suis sans doute aussi quelque part.

La voix d’Alexander brisa le silence et les pensées qui martelaient l’esprit d’Altaïs. Il lui avait fallu si peu de temps pour être de nouveau submergé par la peur et la haine de lui-même que sa famille lui avait inculquées pendant des années.

— Je…

Et s’il blessait Alexander ? s’il provoquait sa mort ?

— Nils pensait que tu aurais dû t’éloigner. Il avait raison : tu seras en danger tant que nous serons ensemble.

— Peut-être, mais cette décision n’appartient qu’à moi. Je suis déjà considéré comme un traître de toute manière. Qu’est-ce que cela changerait aux yeux de la royauté si je fuyais en t’abandonnant ?

La gorge nouée par l’émotion, Altaïs garda le silence, encore hanté par son passage à Issfyrit, par ces illusions auxquelles il avait fait face dans le temple, par leur confrontation avec Elaran.

C’est ce que tu es. Ce que tu deviendras lorsque ta fureur t’aura englouti.

Le cadavre de Nils et ses flammes qui ravageaient le bois.

Les ombres grandissent en toi jour après jour…

— Nils est mort pour nous protéger, s’étrangla Alexander. Il comprendrait que je t’accompagne jusqu’au bout, que je ne puisse pas renoncer.

Altaïs aurait compris qu’Alexander parte ; Nils aurait compris que son ami reste.

— Comment… Comment l’as-tu rencontré ?

Alexander l’avait évoqué quelques fois au palais, mais il n’était jamais rentré dans les détails de leur rencontre, sans doute parce qu’il aurait dû expliquer d’où il venait.

— J’étais jeune lorsque j’ai rejoint l’armée pour subir l’apprentissage de la Haute-Garde. Les entraînements étaient laborieux et j’avais du mal à me soumettre à l’autorité de mes instructeurs. Cela m’a valu quelques coups de bâton, ajouta Alexander avec une grimace. Puis j’ai rencontré Nils. Il était le dernier-né d’une famille de la petite noblesse. Un grade dans l’armée était la meilleure chose à laquelle il pouvait prétendre.

Un sourire adoucit son expression malheureuse.

— Il a eu la patience de me supporter, je ne lui facilitais pas la vie. Mais peu à peu, nous sommes devenus amis, et la situation m’a semblé plus tolérable. J’ai appris à obéir aux ordres, puis je suis devenu garde au palais pour achever ma formation avant d’entrer dans la Haute-Garde. Nils et moi nous sommes éloignés parce que nous nous voyions peu, mais je lui dois beaucoup.

Alexander passa une main dans ses cheveux blonds avec un soupir tremblant.

— Je ne lui ai jamais parlé du régicide. J’aurais sans doute dû.

— Ça n’a plus d’importance aujourd’hui.

— Ça en a, répliqua Alexander. Parce que le royaume tout entier te considère comme un meurtrier. Peut-être que si j’avais…

— Tu m’as aidé, le coupa Altaïs avec douceur. Tu as été le seul à me tendre la main, tu as tout abandonné pour fuir à mes côtés. Et même si ma famille nous rattrapait et parvenait à me ramener au palais, je n’oublierai jamais ce que tu as fait pour moi.

— Ils ne nous rattraperont pas.

Le sourire d’Alexander, sa voix grave emplie de certitudes… Altaïs aurait donné n’importe quoi pour que cette ombre ne revienne pas hanter le jeune homme, comme au cours des derniers jours. Mais sa prière muette fut vaine ; le regard vert printemps d’Alexander se troubla.

— Altaïs… Qui est Dagmar ?

Altaïs se figea avec la douloureuse impression d’avaler du verre pilé. Alexander l’observait avec une bienveillance teintée d’inquiétude.

— Tu as prononcé son nom dans ton sommeil, la nuit dernière, et l’un des mercenaires l’a mentionné lorsque nous avons été attaqués. Lui aussi te pourchasse, n’est-ce pas ? Qui est-ce ?

— C’est…

La voix d’Altaïs s’étrangla dans sa gorge.

Personne ! aurait-il voulu hurler.

Des réminiscences de ses cauchemars flottèrent sans son esprit ; les mercenaires qu’il avait tués avec sa rage brûlante et la silhouette aux cheveux blond cendré qui s’avançait au milieu des cadavres. La brûlure sur son ventre le tirailla, et il posa une main sur la cicatrice comme s’il avait le pouvoir de la faire disparaître.

Respire.

Il ne pouvait pas cacher cette information à Alexander. Pas alors que des mercenaires les pourchassaient.

— Les autres mercenaires lui obéissaient, révéla-t-il.

Et cette seule phrase abritait tant de sous-entendus qu’il en avait le tournis. Dagmar s’était arrogé tous les droits sur lui.

Tous.

Il ferma les paupières pour retenir les larmes qui alourdissaient ses cils. Il aurait aimé pouvoir affirmer qu’il lui avait survécu, que Dagmar avait échoué à le briser, mais cela n’aurait été qu’un mensonge. Dagmar avait tenu parole, et Altaïs n’avait rien pu faire pour l’en empêcher.

— Tout va bien, chuchota Alexander. Tu lui as échappé.

Altaïs rouvrit les yeux. Il y avait une telle douceur dans l’expression d’Alexander qu’il avait le sentiment que plus rien ne pourrait l’atteindre, qu’il était en sécurité. Alexander leva une main vers son visage, marqua un temps d’arrêt. Altaïs l’autorisa d’un hochement de tête à achever son geste.

— Lui non plus ne te rattrapera pas.

Alexander posa ses doigts sur sa joue avec délicatesse. Dans ses yeux brillait la promesse qu’il ferait tout pour l’en empêcher. Altaïs recouvrit la main du jeune homme de la sienne avec un sourire aussi vacillant que des flammes mourantes. Sa chaleur, la douceur de ses gestes, lui avaient manqué à en devenir fou. Les bras d’Alexander enlacèrent ses épaules, les siens enveloppèrent sa taille. Son odeur de pin apaisa le cœur battant d’Altaïs, le souffle qui s’échappait de ses lèvres caressa ses joues rougies par le froid. Protégés par la chaleur de cette étreinte, plus rien ne pouvait les atteindre.

 

 

Le soleil brillait dans le ciel lorsqu’ils découvrirent Issfell, la cité de glace située au cœur du duché de Frostarel. Des rais de lumière ricochaient sur la surface gelée du lac au bord duquel avait été bâtie la ville, tandis que de pâles filets de brume serpentaient entre les maisons à colombages. Des dizaines de ponts en pierre enjambaient les canaux qui sillonnaient Issfell, et des barques de pêcheurs s’amarraient le long des quais. Au-delà, les montagnes aux sommets couverts de neige et de glaciers s’étendaient à perte de vue, si blanches qu’elles en étaient aveuglantes. Une émotion soudaine noua la gorge d’Altaïs. Il se souvenait avoir vu Issfell lorsqu’il était enfant, une fois où son oncle l’avait emmené dans son domaine plus à l’est, mais la ville incarnait alors sa solitude et sa souffrance. Aujourd’hui, Issfell symbolisait la fin de leur voyage, et l’espoir d’échapper à sa famille.

— C’est magnifique, chuchota Alexander.

Leurs chevaux s’engagèrent sur le large pont qui leur permettrait d’entrer dans la ville. Altaïs ne savait pas où se trouvait le domaine d’Evald, que Soren leur avait conseillé de chercher, mais ils obtiendraient certainement l’information à Issfell.

— Je ne me souvenais pas que la ville avait été construite au bord d’un lac.

— C’est ce qui en a fait une ville de pêcheurs, répondit Altaïs. Presque autant qu’Isshaf.

Une ombre assombrit son visage. Lorsqu’il avait fugué, il avait tenté de rallier Isshaf, la grande ville maritime du royaume, mais on l’avait rattrapé avant qu’il ne l’atteigne.

— Je suis allé à Isshaf dans le cadre d’une mission. C’était la première fois que je voyais la mer.

— Peut-être irons-nous un jour, murmura Altaïs.

Alexander lui adressa un frêle sourire.

— J’aimerais beaucoup. M’y rendre avec toi.

Un voile rosé colora les joues d’Altaïs. Il n’eut cependant pas le temps de répondre ; un grand fracas retentit suivi d’un cri. Ils talonnèrent leurs montures sans même se concerter, débouchèrent rapidement sur le quai qui longeait le lac et mirent pied à terre. Un peu plus loin, un large mât en bois s’était brisé et avait percuté la surface gelée, coinçant un homme sous son poids. Une autre personne s’agitait autour de lui, sans réussir à le libérer, tandis qu’une femme s’agenouillait précipitamment au bord d’une crevasse provoquée par la chute du poteau. Elle releva un visage horrifié vers eux en les entendant arriver.

— Aidez-nous ! sanglota-t-elle. Mon fils est tombé dans l’eau !

Altaïs jeta un coup d’œil à Alexander. Le mât était trop lourd pour que l’homme le soulève à la force de leurs bras, mais peut-être la magie du jeune homme suffirait-elle. Sans qu’ils aient besoin d’échanger le moindre mot, Alexander comprit la demande et se dirigea vers le mât après lui avoir crié d’être prudent. Altaïs se précipita aussitôt vers la crevasse en ôtant ses armes. Il s’arrêta au bord de la brèche et inspira profondément pour gonfler ses poumons ; il n’y avait plus de temps à perdre, l’enfant devait être coincé sous la glace.

Il plongea dans l’ouverture béante, et l’eau gelée le transperça comme si des centaines d’aiguilles s’enfonçaient dans sa chair. Elle s’infiltra sous ses vêtements, alourdit le tissu, l’emprisonna dans un étau. Il tenta un mouvement de brasse pour se réchauffer, mais il sentait à peine ses membres. Et s’il était déjà trop tard ? Depuis combien de temps l’enfant était-il tombé ? Une minute ? Plus ? Il plissa les yeux, aperçut un petit corps flotter non loin, près de la glace. Il battit des jambes pour le rejoindre. Ses poumons le brûlaient, mais il lutta contre l’envie d’inspirer.

Peu à peu, l’écho de sa magie l’envahit. L’eau ondoya autour de lui.

Enfin, il atteignit l’enfant immobile. Altaïs sentit une vague glaciale inonder ses veines lorsqu’il passa un bras autour de sa poitrine et l’entraîna vers la crevasse. Le froid s’insinuait partout, dans son corps, dans sa tête, dans ses souvenirs, alors que sa magie continuait d’ondoyer autour de lui.

Prostré dans la neige, l’enfant tremble au point de claquer des dents. Des larmes gèlent sur ses joues, gercent sa peau de sel, tandis que le ciel pleure des flocons tranchants. Des bourrasques glacées s’engouffrent sous les lambeaux de ses vêtements, mais le froid anesthésie sa souffrance. Un murmure, une supplication, meurt sur ses lèvres. Il avait seulement utilisé sa magie pour faire danser les flocons…

NON !

« Vois ce que tu m’obliges à faire pour protéger ce royaume, toi et ta magie souillée. »

La terreur le submergea, l’enferma dans une bulle.

La brèche était si proche, mais sa magie s’étiolait, pâle reflet de ce qu’elle avait été. Il força sur ses jambes et propulsa l’enfant vers la surface.

L’enfant n’a plus la force de pleurer, encore moins celle de crier. La douleur laboure son corps strié de longues entailles ; crevasses dans sa chair et dans son cœur meurtri. Son propre silence le muselle, mais le fracas explose dans sa tête.

Altaïs inspira par la bouche ; ses poumons s’embrasèrent, se tordirent.

Il s’étouffa, tenta de recracher, avala encore. Dans son esprit n’existaient plus que le froid, l’angoisse et ses certitudes terribles ; la certitude qu’il avait mérité tout ce qu’on lui avait infligé, la certitude que personne ne les aiderait, lui et sa magie maudite.

C’est fauxAlexander…

Il se raccrocha désespérément à cette pensée.

Alexander Alexander Alexander

Il avait besoin d’air.

Alex Alex Alex

il avait…

avait…

Une main se referma autour de son poignet et le tira vers la surface. La brise froide cingla son visage lorsqu’il s’écroula sur la glace en hoquetant. Quelqu’un posa sa cape sur ses épaules, et sa chaleur l’enveloppa, malgré les gouttes qui ruisselaient sur sa nuque et sa figure, à moins que ce ne soit des larmes. Il releva la tête à la recherche de l’enfant. Celui-ci sanglotait contre la femme, bien vivant.

— Ne t’avais-je pas dit d’être prudent ? souffla Alexander.

Altaïs reporta son attention sur lui, discernant sans peine l’inquiétude qui subsistait dans ses yeux verts.

— Je vais bien.

— Tu m’en diras tant, répliqua Alexander.

Il effleura la joue d’Altaïs du bout des doigts.

— Tu es glacé.

— Je vais bien, répéta Altaïs.

Ce n’était pas vraiment la vérité, pas vraiment un mensonge non plus. Il allait mieux depuis que la main d’Alexander réchauffait sa peau, depuis que sa présence réchauffait son cœur. La femme vint les remercier en serrant l’enfant contre elle, expliquant que le mât avait cédé après avoir été fragilisé par la tempête de neige des derniers jours. Plus loin, l’homme qui s’était retrouvé coincé sous le mât peinait à s’appuyer sur sa jambe et ne tenait debout qu’avec l’aide de son comparse.

Altaïs se retourna vers la crevasse et posa sa paume sur la glace. Lentement, il laissa sa magie couler autour de lui pour combler la brèche. Sa famille avait tort ; sa magie n’avait rien de mauvais. Il relâcha enfin la respiration emprisonnée dans ses poumons. Alexander lui tendit une main pour l’aider à se relever.

— Je pense qu’un repas chaud est de mise avant de trouver le duc de Frostarel.

Un sourire flotta sur les lèvres d’Altaïs.

 

 

Sa capuche de nouveau en place sur sa tête, bien que son visage soit moins connu dans le Nord, Altaïs observa Alexander le rejoindre avec deux écuelles fumantes. Ils avaient trouvé une taverne d’où s’échappait un délicieux fumet, mais Altaïs avait préféré rester à l’extérieur : même s’ils avaient réussi à échapper à Harald et Elaran, il refusait de baisser sa garde. Pour cette même raison, ils avaient décliné la proposition de la famille qu’ils avaient aidée, qui avait souhaité leur offrir un repas pour les remercier. Ils avaient toutefois pu obtenir des informations sur la demeure du duc de Frostarel, située à l’extérieur de la ville.

Alexander lui tendit l’une des écuelles en bois avec un sourire.

— Ragoût de mouton, lui annonça-t-il.

Il enfourna une cuillerée dans sa bouche sous le regard attendri d’Altaïs, qui l’imita sans attendre. Il avait l’impression de ne pas avoir mangé de repas chaud depuis une éternité, depuis l’auberge où ils avaient retrouvé Soren à Issarta. Le ragoût coula dans sa gorge, parfumé par la viande de mouton et le jus dans lequel elle avait cuit.

Des bruits de pas retentirent sur sa droite et attirèrent son attention. Un enfant s’arrêta non loin d’eux et les observa avec envie. Altaïs le dévisagea : il ne devait pas avoir plus d’une dizaine d’années, mais il était si frêle qu’il faisait deux ou trois ans de moins. Alexander s’approcha du garçon, s’immobilisa en le voyant reculer, puis lui tendit son écuelle.

— Prends-la si tu as faim, déclara-t-il avec douceur.

Il le jaugea avec méfiance, puis se résolut à s’avancer en comprenant qu’Alexander était sincère. Il attrapa l’écuelle comme s’il s’attendait à ce que le jeune homme la récupère à tout instant.

— Merci, m’sieur, murmura-t-il.

Alexander le regarda s’éloigner avant de revenir vers Altaïs. Celui-ci ne dit rien, mais il lui tendit sa cuillère avec un sourire tendre afin qu’ils partagent l’écuelle restante, tandis qu’une douce chaleur envahissait sa poitrine.

Lorsqu’ils se remirent en route, Altaïs se sentait étrangement apaisé, malgré l’appréhension qu’il ressentait à l’idée de rencontrer le duc de Frostarel. Selon les dires de Soren, il s’agissait d’un proche de ses parents. Est-ce que cela serait une raison suffisante pour qu’il les aide ? Et dans ce cas, Altaïs serait-il capable de lui faire confiance ? Il avait repoussé ces questions parce que fuir vers le Nord était la seule option qu’ils avaient pour espérer échapper à sa famille. Mais désormais…

— Tout va bien ? s’inquiéta Alexander.

Altaïs manqua de sursauter, soudain arraché à ses pensées.

— Je crois… Je crois que j’ai peur de rencontrer Evald.

— Tu as lu la lettre que Soren t’a confiée ?

Altaïs acquiesça avec une grimace misérable ; il l’avait lue un soir, après qu’ils aient fui Issarta. Soren avait dit vrai. La lettre avait été envoyée peu après sa fugue. Evald suppliait Elaran de le laisser voir Altaïs, lui demandait des explications sur la situation. Un besoin irrépressible de découvrir cette personne qui s’était souciée de lui avant qu’aucune autre ne le fasse avait alors envahi Altaïs. Mais aujourd’hui, si proche du but, il était terrifié à l’idée d’avoir fait fausse route, terrifié à l’idée que le duc de Frostarel les rejette, ou pire, les jette en pâture à sa famille.

Il expira lentement, et les mots délicatement écrits à l’encre noire lui revinrent en mémoire. Non, Evald semblait s’être sincèrement soucié de lui. Il vrilla un regard plein d’espoir dans celui d’Alexander.

— Allons-y.

Le sourire si doux d’Alexander lui apporta le courage qui lui avait manqué jusque-là pour rejoindre la demeure d’Evald.

Ils sortirent d’Issfell pour s’engager sur une route sinueuse. Ils avancèrent pendant un moment, jusqu’à atteindre un long chemin bordé de pins, dont les épines diffusaient une odeur boisée dans l’air. La neige étouffait les bruits de pas des chevaux. Quelques flocons virevoltaient dans le vent. Altaïs esquissa un geste de la main, et l’un d’entre eux vint se poser sur le nez d’Alexander, qui ouvrit de grands yeux étonnés avant de laisser échapper un rire amusé. Il tourna la tête dans sa direction, les prunelles brillantes. Une nuée de papillons s’envola dans le ventre d’Altaïs lorsque son regard céladon dériva un instant sur ses lèvres. Alexander parut sur le point de dire quelque chose, mais il se ravisa alors qu’un sourire mutin illuminait son visage.

Leurs montures ralentirent lorsqu’une immense bâtisse où s’emmêlaient pierres et poutres en bois apparut au bout du chemin. Du lierre givré grimpait le long des façades, esquivant avec agilité les balcons et les baies vitrées. Au sommet des quelques marches menant à la demeure, une silhouette solitaire les observait s’approcher. Ses cheveux battus par le vent avaient la couleur pâle du soleil hivernal. Lentement, Altaïs rabattit sa capuche vers l’arrière pour dévoiler son visage.

Il sut avant même que l’homme ne prenne la parole qu’il était celui qu’ils étaient venus trouver. À cause de l’émotion qui envahit son regard bleu vif, de ses lèvres tremblantes, du soulagement qui adoucit les traits de son visage marqué par des rides aux coins des yeux. Sa voix chaude brisa le silence :

— Je suis heureux de te revoir enfin, Altaïs. Soyez les bienvenus sur ces terres.

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Edouard PArle
Posté le 21/06/2023
Coucou Mathilde !
J'ai trouvé le mot de l'auteur bien mystérieux car j'avais peine à croire à la mort d'un des membres du duo. Je n'avais pas pensé à Nils... Sa mort est vraiment bien écrite, dans une scène très intense. La prise en otage d'Elaran, le craquage d'Altais, l'intervention de Nils. C'était vraiment très bon. Je pense quand même que ça serait encore mieux sans rien dévoiler dans la note d'auteur, on aurait encore plus de surprise en voyant Nils mourir.
Sinon, c'est plutôt bien d'éviter l'écueil (je dis écueil mais c'est plutôt un procédé qui peut être bien mais à mon avis trop utilisé) du héros qui détruit tout en voyant la mort de son ami. Altais est très en colère mais c'est surtout son impuissance qui prédomine, je trouve que ce sentiment est bien plus poignant / réaliste.
Petite remarque :
"Un filet de sang carmin avait roulé sur sa peau. Lorsque Altaïs accrocha son regard céladon" l'enchaînement de carmin céladon, j'ai trouvé ça un peu "too much", dans le sens où deux mots aussi rares en deux phrases ça m'a un peu sorti de la scène.
Je poursuis....
Mathilde Blue
Posté le 28/08/2023
Re !

Tu as raison, j'ai supprimé la note d'auteur :) Je suis ravie que le chapitre t'ait plu et que tu l'aies trouvé intense ! Je voulais vraiment retransmettre l'impuissance d'Altaïs, plus que sa colère, parce que je trouvais ça plus juste au vu de toute la situation.

C'est noté pour la remarque !

Merci pour ton retour :)
Saskia
Posté le 09/06/2023
Coucou Mathilde

Eh bien, quel chapitre ! C’était vraiment intense tout ça. Entre Altaïs prêt à tout sacrifier pour sauver Alexander, Alexander qui lui préférerait sauver Altaïs, et finalement Nils qui sacrifie sa vie pour sauver Alexander… Nos deux héros ont peut-être réussi à s’échapper, mais maintenant le pauvre Alexander va avoir bien du mal à se remettre de la mort de son ami. J’ai de la peine pour lui, ça se voit qu’ils avaient une relation très forte.

Elaran s’est encore une fois comporté comme une ordure… mais je n’en attendais pas mieux de sa part. Le jour où ce type fera preuve d’un peu de compassion, à mon avis faudra soupçonner une maladie du cerveau, genre tumeur foudroyante, qui lui aurait remis accidentellement les neurones dans le bon sens tout en le condamnant à une mort certaine. Oui, je sais, je divague… Mais bon ça fait du bien de rêver un peu.

C’est terrible de voir l’impuissance d’Altaïs face à Elaran, il est tellement traumatisé le pauvre.

Le pire c’est qu’Altaïs se sent responsable de tous les malheurs du monde, alors que c’est son oncle qui fait de la merde, et que lui essaye juste de rester en vie et d’échapper à la torture… Mais c’est pas de ta faute petit chou si Nils s’est fait décapiter et qu’Alexander est triste, t’as forcé personne à se ranger de ton côté et est encore moins responsable des mauvaises actions des autres !
Mathilde Blue
Posté le 28/08/2023
Coucou !

Ils ont réussi à fuir, mais à quel prix ? Entre l'impuissance d'Altaïs face à son oncle et la mort de Nils, leur périple est plus difficile que jamais ^^'

Je comprends l'envie de voir disparaître Elaran, je grince des dents chaque fois que j'écris une scène où il apparaît !

Malheureusement, même s'il n'est pas responsable, Altaïs peut difficilement ressentir autre chose au vu de la maltraitance qu'il a subi...

Merci pour ton retour :)
Nathalie
Posté le 01/04/2023
Bonjour Mathilde Blue

J’adore moi aussi écrire des ouvrages multi-personnage où je peux tuer plein de gens sans risquer de perdre mon fil rouge et mon scénario. Ça fait peur au lecteur. Mais s’il est capable de tuer machin, il pourrait aussi tuer truc ? Tu as assez cran pour faire ça. J’apprécie énormément ! Ça donne de la profondeur. On tremble avec eux. Tuer des mecs sans nom (comme dans les séries TV), c’est facile. Mais butter un mec qu’on s’est fait chier à nommer, à qui on a donné un passé, une relation avec les personnages principaux, c’est plus dur et le lecteur ne s’y attend pas. Qui sera le suivant ?
Mathilde Blue
Posté le 08/05/2023
Bonjour Nathalie,

Ce ne sont effectivement pas forcément les décisions les plus faciles à prendre que celles de tuer un personnage, mais pour moi il y a également une question de cohérence. À partir du moment où Nils aide Alexander et Altaïs, il n'y avait aucune raison qu'Elaran le garde en vie... Et ensuite, d'un point de vue purement pragmatique, ça apporte également de la tension dans le récit (et de l'émotion en principe) et de nouvelles directions pour le développement des personnages.
AlodieCreations
Posté le 27/03/2023
Oh non, Nils est mort.... ça je l'avais pas vu venir, je m'attendais à ce qu'on le retrouve ponctuellement ici et là tout au long de l'histoire.

Au moins, il est mort en voulant protéger et aider son ami...

ça nous fait une raison supplémentaire de royalement détester Elaran en tout cas. Déjà qu'on l'appréciait pas beaucoup le monsieur, il aggrave son cas.
Mathilde Blue
Posté le 28/03/2023
Quand j'ai créé le personnage de Nils, je savais déjà qu'il mourrait à ce moment... Et qu'il serait paradoxalement également développé après sa mort à travers sa relation avec Alexander...

Haha, je pense que tout le monde déteste cordialement Elaran x)
Flammy
Posté le 06/02/2023
Encore un chapitre joyeux. Non, j'ai menti. Bon sang, mais franchement, des BAFFES pour Elaran. Mais franchement, qu'est-ce qu'il a contre Altaïs pour être ignoble à ce point, pour l'avoir brisé à ce point ? Il l'a battu, il a massacré son esprit magiquement, mais non, ça suffit pas. Genre, mais POURQUOI ?! Rha. Le pire c'est que comme ça, il fait vraiment statut de marbre impassible, genre, il est un peu énervé d'avoir dû courir après Altaïs, mais genre, ça a l'air d'être son caractère normal vu comment il tue ensuite Nils. Comment on peut être aussi "impassible" et un immonde connard ?

D'ailleurs, pauvre Nils x) Il a bien dû choisir entre Alex et sa vie. Parce que bon, il devait se douter que de détruire l'arme comme ça, ça allait pas bien se finir pour lui ^^' Genre, ça se voit que le monsieur il aime pas être contesté, même si ça va contre les ordres qu'il a reçu. J'avoue que je ne m'attendais pas à ce qu'il meurt comme ça, aussi vite. Bon, après qu'Alex l'appelle, c'était pas très pertinent, parce que ça le relie clairement aux fugitifs, c'est pas juste respecter les ordres à fond, mais vu Elaran, je doute que ça aurait changé grand chose ^^'

Sinon, tu retranscris très bien je trouve la fureur d'Altaïs, sa haine viscérale contre Elaran, mais en même temps, sa terreur et le fait qu'il peut rien contre lui. Oui, il aurait pu le tuer mais c'est pas si simple, c'est tellement ancré et paralysant qu'en fait non, le tuer lui-même, ça va être très compliqué voir impossible. Le bon petit PTSD tout mignon (non). Mais oui, ça va être compliqué de recoller Altaïs, et je sais même aps s'il faudrait qu'il tue Elaran lui-même, que quelqu'un d'autre s'en occupe ou juste qu'on lui foute la paix et qu'il parte très loin :/ Mais oui, la fureur muselée par la peur rend très bien !

"Avait-il manqué de prudence à Issfyrit ? " Il se pose vraiment la question ? ='D OUI.

"La fureur s’embrasa dans sa poitrine, cette rage si vorace qu’il ne pouvait plus vivre sans." Choupette T.T Va faire des câlins à Alex plutôt
Mathilde Blue
Posté le 06/02/2023
Pas de soucis, je mens souvent aussi, surtout dans les notes de début de chapitres (quoique j’ai été assez honnête cette fois). Pour Elaran, je pense que ça se passe de commentaire (comme tu as lu la suite tu commences à avoir une petite idée de toute façon ^^’). Mais oui clairement c’est le roi de l’impassibilité…

Et oui pour Nils T_T Il savait parfaitement qu’il se mettait en danger en intervenant, surtout après ce qu’il s’était passé à Issfyrit… Cela dit, par rapport au fait qu’Alex l’appelle, ça ne change pas grand chose, à priori Elaran avait déjà cramé qu’ils étaient liés à ce moment x)

Je suis contente qu’on sente bien cette ambivalence chez Altaïs, ce n’était pas forcément simple à décrire parce qu’avec une telle haine on pourrait se dire que ça fait sauter toutes ses barrières (ça en fait sauter certaines au moins), mais ce n’est pas aussi simple que ça (clairement pour le PTSD ^^’) et il ne peut juste pas affronter Elaran aussi facilement (ça répond à tes interrogations sur comment ça se fait que ça se passait déjà mal pour Altaïs avant le régicide malgré sa magie).

« Il se pose vraiment la question ? ='D OUI. »
Le déni, Flammy, le déni x)

« Choupette T.T Va faire des câlins à Alex plutôt »
Ils vont tous les deux en avoir besoin là (petite larmichette)
Eryn
Posté le 06/02/2023
Coucou !
Super les retournements de situation dans ce chapitre.
J'ai trouvé bien la mort de Nils, mais presque trop rapide. Je me demande si ce personnage n'aurait pas pu être amené plus tôt dans l'histoire, pour que le lecteur aie le temps de s'attacher un peu à lui, et que cela rende sa mort plus poignante. Le reste est top, toujours un super rythme ! hâte de lire la suite
Mathilde Blue
Posté le 06/02/2023
Coucou !

Oui je comprends pour la mort de Nils :/ J'avoue que j'étais un peu coincée parce qu'il devait mourir dans ce chapitre mais je n'ai pas vraiment eu le temps de l'approfondir (il sera cependant approfondi même après sa mort à travers sa relation avec Alexander), mais je pense que je vais voir si je peux glisser quelques souvenirs d'Alexander avant sa mort par-ci par-là ! Après je pense que dans tous les cas, sa mort sera plus marquante à travers la réaction d'Alexander que sa mort en elle-même :/

Merci pour ton retour, ça me fait très plaisir !
MrOriendo
Posté le 25/01/2023
Hello Mathilde !

Un chapitre rempli de tension, la confrontation avec Elaran est une nouvelle fois menée tambour battant. La mort de Nils renforce le ressentiment du lecteur vis-à-vis de l'oncle, on a bien compris qui est le méchant de l'histoire et tu sais le rendre détestable. Par contre je n'ai pas spécialement ressenti de tristesse lorsqu'il lui a tranché la gorge ; sans doute parce-que Nils est apparu assez récemment dans l'histoire et que je n'ai pas eu le temps de m'attacher à lui.

Dans l'ensemble, le gros point fort de cet affrontement c'est le rythme que tu lui donnes ainsi que l'usage des sortilèges dont les descriptions sont beaucoup plus visuelles que dans les précédents chapitres :)

Quelques remarques :

- "Il aurait dû pouvoir empêcher la mort de Nils, alors que celui-ci avait épargné la sienne."
--> La tournure de cette phrase est étrange. Je comprends bien ce que tu veux dire, mais "la sienne " à la fin est censé désigné la vie d'Altaïs, alors que juste avant c'est de la mort dont tu parles. Il y a une contradiction sur l'emploi de cette expression, je ne sais pas si je me fais comprendre. La phrase serait plus cohérente si tu parlais de vie dans la première partie, par exemple : "il aurait du pouvoir sauver la vie de Nils après que celui-ci ait épargné la sienne". Là, ça fonctionne car "la sienne" reprend bien "la vie". Mais bon, ce n'est qu'un détail car on comprend quand même bien l'idée que tu veux faire passer.

- "DÉTRUIRAI DÉTRUIRAI DÉTRUIRAI DÉTRUIRAI DÉTRUIRAI DÉTRUIRAI DÉTRUIRAI DÉTRUIRAI DÉTRUIRAI DÉTRUIRAI DÉTRUIRAI DÉTRUIRAI"
--> Personnellement, j'ai tiqué à la lecture sur cette répétition. Je trouve qu'elle n'apporte pas grand chose et hache le récit, tu as une plume magnifique et je suis sûr que tu as d'autres moyens de montrer le ressentiment, la haine et la détermination d'Altaïs. Autant la répétition juste avant de l'expression "je te HAIS" marchait vraiment bien, autant cette juxtaposition en majuscule m'a plus gêné qu'autre chose.

- "Une langue de feu parvint à forcer le barrage et frappa son oncle avec suffisamment de force pour l’envoyer à terre."
--> J'ai du mal à visualiser cette scène. Normalement, une langue de feu devrait le brûler et pas le repousser. Il manque quelque-chose ici, il faudrait par exemple qu'Elaran invoque un bouclier pour se protéger et que l'onde brûlante s'écrase dessus, et là la force de l'impact pourrait le projeter au sol.

- "Du coin de l’oeil, il aperçut un éclair fuser dans sa direction"
--> Je remettrait Altaïs à la place de "il" ici. Comme tu viens juste de parler de "son oncle" dans la phrase d'avant, le "il" peut porter à confusion.

- "Altaïs se jeta à sa suite, risquant malgré tout un dernier d’oeil"
--> Un dernier coup d’œil.

- "Sa magie s’étiolait déjà, et pourtant ne disparaissait pas."
--> Personnellement je ne mettrai pas la deuxième partie de cette phrase à la ligne. C'est la phrase finale de ton chapitre, tu n'as pas besoin de marquer une pause au milieu. Elle doit être percutante, la couper en deux casse un peu cet effet selon moi.
MrOriendo
Posté le 25/01/2023
Ah, une dernière remarque qui me vient maintenant que j'ai posté mon commentaire. Concernant le moment où Elaran se fait percuter par la langue de feu d'Altaïs... est-ce que ça ne fait pas un peu léger, en fait ?

Ok, Elaran a reçu le sortilège et il est tombé au sol. Mais tu ne donnes pas le sentiment qu'il soit blessé ni KO, donc logiquement, il devrait se relever dans la foulée pour riposter. Pourquoi diable ne réagit-il pas ensuite lorsqu'il voit Alexander et Altaïs prendre le temps de monter en selle et de s'enfuir ? Il devrait essayer de les en empêcher.
Ou alors, le mur de flammes l'en empêche ; mais les sortilèges des autres soldats semblent bien passer au travers puisqu'Alexander doit plaquer Altaïs au sol pour esquiver l'éclair.

Je pense qu'il faudrait que tu rajoutes une phrase pour expliquer pourquoi Elaran "sort de la confrontation" à ce moment, du style quand il est projeté il heurte un rocher et ne bouge plus. Sinon, l'autre solution serait de le montrer essayant de lancer un dernier sortilège contre Altaïs pendant qu'il s'enfuit, ou le faire lancer une invective du style "Tu ne peux pas fuir, Altaïs ! Où que tu ailles, tu sais que je te retrouverai !"

En tout cas, son absence de réaction est un détail qui rend la scène un peu moins crédible à mon sens ;)
Mathilde Blue
Posté le 25/01/2023
Coucou !

Je suis ravie que l’affrontement t’ait plu ! Rendre Elaran détestable : ma passion. Blague à part, j’ai conscience que certaines personnes pourraient me reprocher de ne pas le nuancer, mais en ce qui me concerne, j’estime que certaines choses/personnes ne sont nuançables (ce qui ne m’empêchera d’apporter des explications bien entendu).
Pour Nils, je comprends tout à fait qu’on puisse ne pas être attristé par sa mort. C’est un personnage que l’on a peu vu et je ne m’attendais pas à susciter des torrents de larme, c’est à mes yeux une mort dont l’impact sera plus diffus en influant sur les personnages, notamment Alexander (et le personnage de Nils sera tout de même développé un peu par la suite à travers son passé commun avec Alex).

Par rapport au fait qu’Elaran sort de l’affrontement, tu as raison, c’est un peu léger. Je pensais avoir ajouté des détails qui rendait cela plus cohérent, mais ils ont dû passer à trappe (je me suis fait un peu avoir par tous les éléments présents dans le chapitre). Je vais retravailler cet aspect :)

C’est bien noté pour toutes remarques, je vais préciser/corriger tout cela !

Merci pour ton retour, il me sera très précieux lorsque j’entamerai les corrections !
Taranee
Posté le 22/01/2023
Un chapitre assez tragique, en somme.
Je trouve dommage le fait que l'on n'ait pas eu le temps de mieux connaître Nils. Comme on ne l'a vu que très peu, sa mort m''a fait moins d'effet... Cependant, je suis curieuse de savoir quelles conséquences elle va avoir sur Alexander.
Va-t-il tenir Altaïs pour responsable ? Ou lui-même, peut-être ?
J'espère qu'Altaïs ne va pas se noyer dans sa colère...

A bientôt !
Mathilde Blue
Posté le 22/01/2023
Coucou !

C'est bien résumé x) Je comprends ce que tu veux dire pour Nils, de manière générale ce n'est effectivement pas un personnage auquel les lecteurices ont vraiment le temps de s'attacher, sa mort est plus marquante vis-à-vis des répercussions qu'elle aura sur Alexander :) Je verrai si lors des corrections je peux rajouter des petits fragments de souvenirs entre eux deux !

Altaïs et la colère c'est une grande histoire haha.

Merci pour ton retour et à bientôt !
espritdepapier
Posté le 21/01/2023
Noooooooon :'(((((
(est-ce horrible de ma part d'être en partie soulagée que ce ne soit pas Alex ? Je pense oui, pauvre Nils :'()
C'est mal de me captiver avec ton histoire incroyable, ton univers magique, tes personnages si attachants, et d'ensuite m'arracher le cœur avec les dents :O
Faut arrêter de tuer des gens qu'on aime madame hein, c'pas gentil (oui, c'est un argument :p)
Encore un chapitre incroyable, enfin Altaïs retrouve sa magie de façon plus concrète, mais Nils quoi ! Déjà qu'Altaïs se sent responsable, mais là mon p'tit Alex il va pas s'en remettre :'(
Si tu n'as aucun respect pour mon cœur, sois pas si méchante avec le sien enfin ! :p
Encore une fois, j' en veux encore ! *la suite la suite la suite*
(je suis officiellement accro à ton histoire *.*)
Mathilde Blue
Posté le 22/01/2023
Coucou !

Désolééééééée :( Mais non c'est tout à fait cohérent d'été soulagée que ce ne soit pas Alex x)

Je pense que les lecteurices n'ont pas vraiment eu le temps de s'attacher au personnage de Nils, il meurt assez tôt et n'est pas beaucoup apparu, donc c'est surtout au niveau d'Alexander que cela va jouer ! Mais je suis ravie que tu aies l'impression d'avoir le coeur arraché hehe (c'est pour le bien de l'histoire).

Ça me touche que tu sois aussi investie dans cette histoire ! J'espère que la suite sera à la hauteur de tes attentes !
espritdepapier
Posté le 23/01/2023
Hey !
On ne connait pas bien Nils, et si l'on en savait plus sur lui, on serait peut être encore plus touché par sa mort. Mais l'on sait qu'Alex tient à lui, et en apprendre plus sur eux a posteriori, ça peut aussi briser des coeurs, sans parler des répercussion sur pauvre Alex :'(
J'ai hâte d'en savoir plus sur eux, sur leur relation passée (snif), mais aussi sur comment Alex va réagir... Mes interrogations rejoignent celles de Taranee, j'ai peur de ce qu'ils vont devenir avec toutes les horreurs et les deuils qu'ils traversent :(
Mathilde Blue
Posté le 23/01/2023
Coucou !

Oui je comptais revenir sur leur relation a posteriori, plutôt dans la deuxième partie du roman ! Je verrai si je peux aussi rajouter des petits morceaux par-ci par-là quand je ferai les corrections. Quant à ce qu'ils vont devenir, je te laisserai le découvrir, nous n'en sommes qu'à un tiers de l'histoire, il y a encore du temps pour que plein de choses se passent :x (mon côté cynique te dira qu'ils n'ont pas encore traversé tant d'horreurs pour l'instant, enfin depuis le premier chapitre parce que le passé d'Altaïs est encore une autre affaire)
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