Chapitre 13 [NOUVELLE VERSION]

Notes de l’auteur : Hello ! Voici un chapitre plus calme que le précédent, qui permet de reprendre un peu son souffle... Bonne lecture !

MAJ : 23/11/2024

Altaïs et Alexander pénétrèrent dans la vaste demeure du duc de Frostarel. De larges poutres en bois de pin soutenaient la structure taillée dans la pierre blanche que l’on dénichait dans les montagnes bordant le royaume. D’épais tapis en fourrure recouvraient le sol pour conserver la chaleur et étouffaient le son de leurs pas, tandis que des tapisseries bleues et pourpres ornaient le mur, davantage pour leur utilité que pour leur beauté rudimentaire, estima Alexander. Face à eux, un escalier en colimaçon permettait d’accéder à l’étage supérieur. Alexander cernait les ressemblances avec les demeures de la noblesse que l’on trouvait plus au sud, mais il appréciait cet aspect plus rustique.

— Vous nous attendiez.

Alexander reporta son attention sur Altaïs, qui observait Evald avec méfiance. Le jeune homme avait redouté ce moment tout au long de leur périple ; désormais sa peur d’être rejeté sautait aux yeux d’Alexander, aussi préférait-il se barricader derrière un rempart. L’ébauche d’un sourire flotta toutefois sur les lèvres de leur hôte. L’émotion faisait briller son regard.

— J’ai senti votre présence lorsque vous êtes entrés dans le domaine. Mais c’est vrai, j’attendais votre venue. J’ai reçu une lettre m’avertissant que vous chercheriez à rallier le Nord.

Alexander devina sans peine qu’il parlait de Soren. Pourtant, Altaïs se tendit près de lui, comme s’il refusait de croire qu’Evald les accueillerait aussi facilement.

— Nous n’avons aperçu aucun garde. Personne ne protège ce domaine ?

— Je leur ai demandé de rester à distance pour ne pas vous effrayer. Vous êtes en sécurité sur mes terres.

Altaïs plissa les yeux.

— Je suis accusé de régicide.

Alexander grimaça ; Altaïs ne faisait pas dans la dentelle, mais sans doute valait-il jouer cartes sur tables dès maintenant. Evald contempla le jeune homme pendant de longues secondes. Le poids des années passées assombrissait ses iris, mais subsistait sur son visage une bienveillance qui adoucissait ses traits.

— Es-tu coupable ?

Altaïs secoua la tête, et soudain Alexander le trouva craintif, aussi apeuré qu’un faon pris au piège.

— Si tu affirmes ne pas être coupable, je te crois. Si tu me disais avoir tué le roi, j’écouterais tes raisons. Et quelle que soit ta réponse, je vous offrirai ma protection.

Ses mots ébranlèrent Altaïs, fissurèrent son masque.

— Pourquoi ?

— Cela te semble si difficile à croire que certaines personnes ne veulent que ton bien ?

Evald ne se heurta qu’au silence, aussi poursuivit-il :

— Tu es le fils de mon ami le plus cher. Je lui ai fait le serment que je veillerai sur toi, et même sans cela j’aurais tout fait pour toi. Je t’ai vu grandir au cours des premières années de ta vie, j’ai assisté à ta naissance, à tes premiers pas, à tes premiers mots, aux premières émanations de ta magie. Donc oui, même si tu étais un régicide, je te protègerais.

Altaïs écarquilla les yeux.

— Je ne vous ai pourtant jamais vu après la mort de mon père.

Une douleur lointaine fractura l’expression paisible d’Evald.

— C’est vrai. Ta famille s’y est opposée.

Un silence attristé les enveloppa, et Altaïs frissonna, comme si un vent glacial s’infiltrait sous ses vêtements.

— La route a été longue pour venir jusqu’ici, je vous propose de prendre un peu de repos avant le dîner. Cette demeure sera la vôtre aussi longtemps que vous en aurez besoin.

Evald se tourna vers Alexander avec un sourire.

— Je suis heureux de te rencontrer.

Il pivota ensuite pour leur indiquer l’emplacement de la salle à manger, du grand salon et des bains, puis les invita à les suivre dans l’escalier. Alexander ne savait plus où donner de la tête tant il y avait de choses à découvrir. Plusieurs domestiques croisèrent leur chemin, leur adressant un large sourire qu’Alexander leur rendit avec timidité. Ils passèrent devant un autre salon, une bibliothèque puis un bureau. Les baies vitrées qui longeaient le couloir attirèrent son attention ; il ne se souvenait pas en avoir vu d’aussi immenses au palais. Evald leur expliqua qu’elles permettaient de profiter le plus longtemps possible de la lumière du jour, plus court que dans le reste du royaume. Travaillé par les meilleurs artisans d’Issheimr, ce verre particulier conservait également la chaleur dans la demeure.

Ils s’immobilisèrent enfin face à deux portes jumelles, où ils découvrirent des chambres confortables abritant chacune un lit à baldaquin, des tapis de fourrure et une cheminée où crépitaient des flammes orangées. Une méridienne trônait près de la grande baie vitrée, qui offrait une vue magnifique sur les jardins enneigés et la forêt de conifères bordant le domaine.

— Prenez le temps dont vous avez besoin, déclara Evald. S’il vous faut quoi que ce soit, n’hésitez pas à m’en faire part.

Alexander lui adressa un sourire reconnaissant, Altaïs murmura un frêle remerciement.

 

 

Alexander acheva d’enfiler ses bottes. Après quelques heures d’un sommeil réparateur, il avait pris un bain qui lui avait permis de se débarrasser de ses vêtements encrassés par leur voyage. Il avait savouré la sensation de l’eau brûlante sur sa peau irritée par le froid, comme s’il ne s’était pas lavé depuis une éternité. Combien de temps s’était écoulé depuis qu’ils avaient quitté Issarta ? Une dizaine de jours au moins, peut-être plus.

Il observa ses mains calleuses.

coup de tonnerre

dans sa tête

Et ses mains devinrent rouge sang, aussi écarlates que l’entaille béante sur la gorge de Nils. Alexander le voyait mourir lorsqu’il fermait les yeux. Si fidèle à l’armée et à la Couronne, Nils avait pourtant mis ses principes de côté pour protéger Alexander, l’avait défendu envers et contre tout. Elaran l’avait peut-être tué, mais les choses n’auraient pas été différentes si Alexander avait lui-même asséné le coup fatal, avant d’abandonner son cadavre.

Il ne le verrait plus jamais arpenter les rangs de la Haute-Garde, il ne verrait plus jamais son sourire en coin, mi-moqueur mi-attendri, ils ne partageraient plus jamais une écuelle de ragoût en rêvant d’une grande destinée, Nils ne l’aiderait plus jamais à reprendre son souffle lorsqu’il n’arrivait plus à respirer. Pendant plusieurs années, ils avaient tout partagé ; ils avaient été camarades, puis amis, puis frères. Mais ils avaient emprunté des chemins différents, et le choix d’Alexander avait inéluctablement infléchi celui de Nils.

Désormais, il pleurait son souvenir.

Quelques coups retentirent contre la porte. Il se redressa en sursaut et s’empressa d’aller ouvrir, s’immobilisa, époustouflé. Altaïs attendait patiemment. Sa tunique bleu nuit faisait ressortir la couleur de ses iris aussi pâles que le givre. Ses cheveux noir de jais tranchaient avec sa peau claire, et des mèches encore humides ondulaient sur son front.

— Tu es magnifique, murmura Alexander.

Des pétales rosés fleurirent sur les joues d’Altaïs. Alexander inclina le buste en lui tendant une main. Un sourire doux étira les lèvres du jeune homme lorsqu’il l’accepta, après un instant d’hésitation.

— M’accompagnerais-tu rejoindre Evald pour le dîner ?

Altaïs laissa traîner ses doigts à l’intérieur de sa paume.

— Avec plaisir.

Son souffle caressa la joue d’Alexander, puis il s’écarta comme à regret et prit le chemin de la salle à manger. Evald les attendait en observant les flocons tourbillonner dans la nuit à travers l’immense fenêtre qui occupait entièrement l’un des murs. Il se tourna vers eux avec un sourire chaleureux en les entendant entrer, puis les invita à s’installer à ses côtés. Des assiettes en grès avaient été déposées sur la longue table en bois de pin. Après un instant d’hésitation, ils s’assirent de part et d’autre d’Evald.

— Avez-vous pu vous reposer ?

Alexander acquiesça avec timidité. Ils n’attendirent pas longtemps avant qu’une domestique n’apporte un plateau chargé de victuailles. Elle posa un premier plat sur la table et ôta le couvercle, dévoilant du gibier rôti accompagné d’une sauce aux airelles. L’estomac d’Alexander gronda lorsque le fumet fruité serpenta jusqu’à ses narines. Un autre plat révéla des légumes mijotés, assortiment de choux, de navets et de baies. La domestique disparut une fois les assiettes pleines, après qu’Evald l’eut remerciée. Alexander ferma les yeux de contentement en avalant la première bouchée.

— Cela vous convient-il ? les interrogea Evald.

— C’est parfait, Monsieur le Duc, répondit Altaïs.

Il s’efforçait d’effacer la froideur de ses intonations, mais Alexander devinait qu’il se tenait toujours sur ses gardes. Leur hôte esquissa un sourire paisible.

— Evald suffira.

Altaïs hocha la tête, la nuque raide, et Evald poursuivit avec douceur :

— Je tiens à vous renouveler la promesse que je vous ai faite lors de votre arrivée : tant que vous serez sous ma protection, je ne laisserai personne s’en prendre à vous.

— Et si ma famille venait vous demander des comptes ?

— Cela ne changerait rien.

— Vous avez pourtant vous-même affirmé que vous n’avez pas pu me voir après la mort de mon père car ma famille s’y est opposée.

— C’est vrai, admit Evald. Des tensions existaient depuis ta naissance, mais la situation s’est complexifiée après la mort de ton père, lorsque ton oncle a récupéré ta tutelle.

Les doigts d’Altaïs se crispèrent sur ses couverts ; il n’avait encore rien avalé. Evald planta un regard grave dans le sien.

— Je connais Elaran, je connais sa dureté et je sais qu’il avait déjà un avis tranché à ton sujet lorsque tu n’étais qu’un nourrisson. Je devine ce qu’il a pu te faire vivre durant toutes ces années.

— J’en doute, rétorqua sèchement Altaïs.

— Je sais également qu’il était sous la protection de Thorvald.

Cette fois, Altaïs n’eut pas le courage de nier.

— Sache que ton père m’avait fait don de ce domaine peu avant sa mort. Après sa disparition, j’ai été contraint de m’y retrancher, malgré la promesse que je lui avais faite de veiller sur toi. J’ai envoyé des dizaines de lettres à Elaran pour qu’ils me laissent te voir, mais elles sont toutes restées sans réponse.

Evald hésita quelques instants avant d’ajouter d’une voix presque frêle :

— Je craignais de te mettre encore plus en danger en me montrant offensif : lorsque ta famille m’a contraint à m’exiler, ils m’ont assuré qu’ils te tueraient si je tentais quoi que ce soit. J’avais déjà perdu tes parents, je ne pouvais pas prendre le risque de te perdre définitivement.

Seul le silence répondit à Evald. La magie d’Alexander crépita au bout de ses doigts lorsqu’il la projeta vers Altaïs avec toute la douceur qu’il souhaitait lui offrir. La tension dans les épaules du jeune homme se relâcha de manière presque imperceptible.

— Je ferai tout mon possible pour vous aider, Altaïs. Mais pour cela j’ai besoin de savoir ce que tu pourras me dire.

— Et si je ne peux pas ?

— Je peux parler pour toi, déclara Alexander. Dire ce que je sais, si tu le souhaites.

Altaïs détourna le regard, les lèvres étroitement closes, mais il finit par acquiescer, conscient qu’il n’avait pas d’autre option. Alexander reporta son attention sur Evald, qui avait posé ses couverts pour entrelacer ses doigts. Il entreprit de rassembler les éléments qu’il avait en leur possession : le sort qui contraignait Altaïs au silence, ce que lui avait fait subir sa famille depuis son enfance, l’assignation d’Alexander à sa surveillance et le souvenir vaporeux de la nuit du régicide, les deux années durant lesquelles le Protecteur l’avait cherché, son emprisonnement et la perte de sa magie qu’il commençait tout juste à retrouver, leur fuite…

Du coin de l’œil, il aperçut Altaïs frémir, jusqu’au moment où celui-ci frappa la table du plat de la main en se relevant.

— Assez ! siffla-t-il. Cela ne mène à rien ! Rien ne permettra de prouver mon innocence ! Rien ! Personne ne pourra témoigner en ma faveur, aucun souvenir ne m’aidera !

Il demeura immobile, le souffle court et les épaules tremblantes, tandis qu’un lourd silence s’abattait sur la pièce. Le cœur d’Alexander se fissura dans sa poitrine. Il se sentait impuissant face au désespoir qui rongeait Altaïs, lui qui aurait fait n’importe quoi pour apaiser un tant soit peu ses émotions tempétueuses, pour qu’il sache qu’une personne au moins se battrait à ses côtés. Pourquoi ne parvenait-il pas à se souvenir précisément de cette nuit ?

— Altaïs, l’appela Evald d’une voix douce. Nous trouverons un moyen de faire valoir ton innocence.

— Vous ne pouvez pas me le promettre.

Comme personne ne le contredisait, Altaïs finit par repousser sa chaise.

— Je suis désolé, murmura-t-il. J’ai besoin de sortir.

Il n’attendit pas de réponse pour se diriger vers l’extérieur de la pièce. Alexander le suivit du regard jusqu’à ce qu’il ait disparu, la gorge nouée.

— Il n’est pas aisé d’aider quelqu’un qui souffre.

Alexander se tourna vers Evald, conscient de la tristesse palpable de cet homme qu’il devinait bien solitaire, retranché dans son domaine.

— J’aimerais pouvoir faire plus, s’étrangla-t-il.

— Tu as déjà fait plus que n’importe qui d’autre, si j’en crois la situation.

Alexander baissa les yeux sur son assiette. Altaïs n’avait presque pas touché à la sienne. Les choses n’auraient pas dû se passer ainsi ; Altaïs n’aurait pas dû avoir à fuir sa famille, accusé d’un crime qu’il n’avait pas commis après des années de souffrance. Nils n’aurait pas dû mourir. Ses sentiments s’emmêlaient dans un douloureux fouillis, et il ne parvenait plus à les dissocier.

— C’est ironique, n’est-ce pas ? Il est contraint de garder le silence alors qu’il voudrait seulement pouvoir raconter son histoire. Et moi j’ai la possibilité de parler, mais je suis incapable de révéler ce qu’il s’est passé la nuit du régicide.

— La culpabilité est un poids lourd à porter, mais elle biaise ton regard sur la réalité. De la même manière que l’esprit d’Altaïs a été scellé, tes souvenirs de cette nuit ont été affectés par de la magie. Pourtant, tu n’as pas renoncé : tu l’as cherché pendant deux ans, tu as tout abandonné pour fuir à ses côtés.

Alexander esquissa un sourire peiné. Il entrevoyait dans les mots d’Evald le poids d’une vieille culpabilité.

— Beaucoup ne comprendraient pas. Lorsque je l’ai rencontré, j’aimais chaque jour davantage ce que je découvrais en lui. Je détestais la royauté, et lui me donnait l’impression de m’échapper, de me rendre ma liberté.

Alexander voulait le protéger, l’aider à reconstruire sa vie. Et son âme qui n’avait jamais vraiment cicatrisé de ses blessures d’enfant s’apaisait enfin aux côtés d’Altaïs. Les souvenirs des années passées dans la rue, de son enrôlement dans l’armée et de la rudesse de l’entraînement s’étiolaient depuis qu’ils avaient pris la route ensemble, comme à l’époque où ils marchaient côte à côte dans les couloirs du palais, lorsque personne ne pouvait les voir.

— Je pense que la discussion a été suffisamment difficile pour ce soir. Vous devez être encore fatigués de votre voyage, une nuit de repos ne sera pas de trop.

Alexander acquiesça en murmurant un remerciement. Puis il se leva pour suivre le chemin qu’Altaïs avait pris. Pourtant, lorsqu’il arriva devant sa chambre, il hésita un moment avant de toquer à la seconde porte.

 

 

Alexander entra dans la chambre et referma la porte sans un bruit. Assis sur la méridienne, les genoux ramenés contre sa poitrine, Altaïs regardait la neige tomber sur les jardins. La lumière de Vitra et Blár, les deux lunes d’Issheimr, creusait des ombres sur son visage. La première brillait d’une lueur très blanche, la seconde possédait un éclat bleuté et ne se montrait qu’en hiver.

— Puis-je ? demanda Alexander en s’arrêtant près de la méridienne.

Altaïs se décala pour lui offrir une place à ses côtés, puis reporta son attention vers l’extérieur. Leurs jambes se frôlèrent, tandis qu’un silence feutré les enveloppait. Les flocons flottaient dans la nuit comme des lucioles lactescentes.

— Je suis désolé, souffla Altaïs. C’est contre moi-même que je suis en colère. Contre ce que je suis devenu, contre ce à quoi je suis réduit. Contre ma famille et tous ceux qui m’ont entraîné sur cette voie.

Ses doigts froissèrent l’étoffe de sa tunique.

— T’entendre raconter ma propre vie me blesse plus que ce que j’avais imaginé, parce que ce sont des mots que je suis incapable de prononcer.

Il inspira difficilement. Ses ongles s’enfoncèrent davantage dans le tissu bleu nuit.

— Je ne supporte plus ce silence qui m’étouffe. Mes souvenirs me hantent sans que je puisse en parler. J’ai l’impression qu’ils prennent toute la place dans mon esprit, qu’ils m’engloutissent, et qu’un jour ils finiront par détruire ce qu’il reste de moi.

Se taire sans pouvoir oublier.

À cet instant, Alexander aurait voulu retrouver tous les responsables pour leur faire payer leurs actes.

— Nous trouverons un moyen de briser le sort.

— Et s’il est trop tard ?

— Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que ce ne soit pas le cas.

Un sourire fantomatique flotta sur les lèvres d’Altaïs.

— J’aurais aimé t’avoir retrouvé plus tôt.

Il observait toujours la neige dégringoler du ciel, comme s’il n’osait pas croiser le regard d’Alexander.

— Moi aussi, pour t’épargner ce que tu as dû vivre.

— Je ne veux pas que tu me sauves, Alexander. Je voudrais simplement…

Altaïs fronça les sourcils, frustré de ne pas trouver ses mots.

— J’aurais aimé t’avoir retrouvé plus tôt, reprit Alexander, pour tenir la promesse que nous nous étions faite. Pour ne pas avoir perdu deux ans à me demander où tu étais, ce qu’il t’était arrivé, à devenir fou à force de te chercher en vain. J’aurais aimé t’avoir retrouvé plus tôt parce que j’aime être auprès de toi, que j’aspire à tellement plus que ce qu’on nous a pris.

Altaïs le dévisagea avec émotion. Doucement, sa main frôla la joue d’Alexander.

Je suis là.

Alexander lova son visage contre sa paume. Ainsi, le reste du monde ne pouvait pas les atteindre, la souffrance se tenait sur un seuil qu’elle ne pouvait plus franchir.

— Parle-moi de tes rêves, murmura Alexander.

— Je ne crois plus avoir le droit de rêver.

Alexander se demanda combien de fois Altaïs avait entendu ces mots pour que cette certitude soit incrustée dans son esprit comme les cicatrices sur sa peau, combien de fois l’avait-on fait chuter pour qu’il pense qu’il était moins douloureux de ne pas se relever.

— Tout le monde a le droit de rêver. Toi plus que n’importe qui d’autre.

— Même si ma vie ne tient qu’à un fil ?

— Les rêves sont l’essence même de la vie.

Altaïs réfléchit en silence, puis avoua à voix basse :

— Je rêve d’être libre.

Alexander partageait ce rêve.

toujours.

Altaïs hésita un instant avant de poursuivre :

— J’aimerais découvrir le monde, trouver un endroit où je pourrais être heureux… avec toi…

Alexander retint son souffle. Il n’avait pas vu cet éclat dans le regard d’Altaïs depuis une éternité, depuis leur premier et unique baiser ; un mélange d’espoir, de tendresse. Une chaleur suave se répandit dans sa poitrine alors qu’il humectait ses lèvres soudain trop sèches. Altaïs bascula son poids vers l’avant pour se retrouver à genoux sur la méridienne. Ses yeux débordaient de douceur, et pourtant Alexander discerna au fond une ombre apeurée.

Il se rendit compte du courage qu’il fallut à Altaïs pour se rapprocher ainsi.

De tout ce que cela signifiait.

— Pouvons-nous oublier ces deux dernières années ?

Pour toute réponse, Alexander posa ses mains en coupe autour de son visage, tandis que les doigts d’Altaïs glissaient sur sa nuque. Les battements de son cœur s’emballèrent. Il ferma les yeux, sentit le souffle d’Altaïs caresser sa peau, puis ses lèvres si douces effleurèrent les siennes. et Alexander. oublia. tout. Il n’y avait plus qu’Altaïs, qui mettait toutes ses peurs de côté pour partager ce baiser avec lui. Leurs respirations s’entremêlèrent. Peu à peu, leurs magies les entourèrent, les enveloppèrent, s’entrelacèrent, avec la neige pour seule témoin.

Ils s’embrassèrent à en perdre le souffle, à en perdre la tête. Ils s’embrassèrent comme si rien d’autre n’existait,

comme si leurs vies en dépendaient,

comme si rien ne pourrait jamais les séparer.

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Edouard PArle
Posté le 21/06/2023
Coucou Mathilde !
Altaïs et Alexander arrivent dans le nord, on découvre de nouveaux lieux, sans doute de nouveaux personnages bientôt, c'est vraiment agréable. Evald a l'air d'être intéressant, je suis curieux d'en apprendre plus à son sujet. Les paysages enneigés sont d'autant plus intéressants qu'Altaïs a un lien avec eux par sa magie.
Une petite remarque me vient au sujet des antagonistes. Que ce soit Elaran ou Dacmar (je ne suis plus sûr de l'orthographe), il ne m'inspirent pas forcément grand chose pour l'instant. Ce n'est pas forcément gênant qu'ils ne soient pas nuancés mais il me manque quelques éléments pour les humaniser. Dans le sens leur donner des motivations, des croyances, un passé. En gros, les développer pour qu'on puisse davantage les comprendre (même si c'est des ordures affreuses). Ca viendra sûrement par la suite mais je te remonte mon ressenti à ce stade de la lecture.
Le sauvetage de l'enfant permet de valoriser les qualités du duo, c'est pas plus mal un chapitre un peu plus calme pour faire la transition avec la mort de Nils et la découverte d'Evald.
Mes remarques :
"Même s’ils avaient fui à Elaran, il refusait de baisser sa garde." -> échappé à Elaran ?
"et larges baies vitrées apparut dans leurs champs de vision." au singulier, ils ont le même champ de vision ?
Je continue...
Mathilde Blue
Posté le 28/08/2023
Coucou !

J'avoue avoir un faible pour les paysages enneigés, ils sont les premiers que j'ai imaginés ^^

Pour les antagonistes, je comprends tout à fait ton ressenti. Pour Dagmar, comme tu as lu la suite, tu sais qu'il ne sera pas approfondi en tant qu'être humain et pourquoi j'ai fait ce choix. Pour Elaran, il sera évidemment approfondi, en termes de motivation, de passé, etc, mais davantage dans la deuxième partie du roman, puisque beaucoup de choses reposent dessus !

Merci pour les coquilles !

À très vite :)
Contesse
Posté le 04/06/2023
Hey chérie <3

Je voulais venir lire et te faire mes coms en direct en mp comme d'hab, mais je me suis dit que ce serait dommage en cette belle période de bingo :P

Je vois que t'as pas mal changé l'épisode du sauvetage de l'enfant en arrivant dans la ville du Nord, c'est plutôt pas mal ce changement, ça évite de revenir encore une fois sur un enfant victime de violences, ça varie un peu et ça permet de montrer le courage des deux A (oui je les appelle comme ça lol) différemment !
J'aime bien le lien d'Altais avec la neige, quand il plonge dans l'eau et que ses souvenirs reviennent, liés à la glace, puis après quand il manipule la neige avec aisance :) On sent que c'est son élément de base, et le feu plutôt un concours de circonstances, compte tenu de ses émotions du moment.

Contente d'enfin rencontrer Evald (feu Elio lol) ! Hâte de voir sa folle romance avec Elaran aussi (mdr). Il a l'air d'être assez fidèle à sa première version ! C'est cool toujours de voir des gens qui sont pas antagonistes des deux A, là on a Soren et Evald qui jouent bien le rôle d'alliés, même si pour le premier c'est un peu plus flou concernant ses motivations pour l'instant !

Bisouilles et à tout bientôt pour la suite <3
Mathilde Blue
Posté le 28/08/2023
Coucou chérie :p (j'ai seulement trois mois de retard, ça va non ?)

Comme on avait déjà échangé par message, je ne vais pas m'étaler, tu connais mon amour de la neige, tmtc.

Bientôt, j'écrirai le bonus sur Evald et Elaran (dans quarante six ans un peu près je pense). Juste parce que j'aime Evald, en fait je pourrais même écrire un préquel sur Evald, parce que tout de même ?

Bisouilles <3

Contesse
Posté le 28/08/2023
Mdr, allez go sur le préquel xD

Bisous <3
Nathalie
Posté le 02/04/2023
Bonjour Mathilde Blue

Contente qu’Altaïs retrouve un peu son lien avec ses pouvoirs. Il retrouve le membre perdu. Allez, mon gars, tu vas t’en sortir ! En plus, ils sont gentils au point d’aider des inconnus en détresse en chemin.
Mathilde Blue
Posté le 08/05/2023
Bonjour Nathalie,

C'est un chemin long et semé d'embûches, mais Altaïs commence doucement à remonter la pente avec ce lien qu'il renoue peu à peu avec sa magie !
Flammy
Posté le 06/02/2023
Bon, on arrive enfin au bout du périple \o/ Bon, au moins, Evald a l'air sincère dans son émotion, ça aurait quand même été l'epic fail d'avoir fait tout ça pour se faire jeter à la porte ='D Je me demande ce que ça va donner les interactions avec lui et s'il va pouvoir aider à trouver une solution ^^ Altaïs s'est adouci depuis le début, mais bon, quelque chose me dit que ça va pas être simple pour autant ='D

C'est pour sa magie élémentaire normalement disparue qu'Elaran peut à ce point pas piffrer Altaïs ? C'est de la jalousie ? De la peur ? Si c'est de la peur, pourquoi ne pas juste tuer Altaïs ? C'était peut-être compliqué enfant, mais après le régicide, ça devait pouvoir se faire tranquillement, non ? En fin, c'est ça qui me travaille beaucoup, pourquoi l'avoir gardé en vie et maltraiter à ce point x) Elaran supportait pas à ce point ses parents ou quoi ? Enfin bon, je suis curieuse de voir ce que ça va donner quand Altaïs va récupérer entièrement ses pouvoirs, parce que tu laisses deux trois référence comme ça, mais il avait l'air surpuissant =o

Bon, et sinon, Altaïs et Alexander, ils sont juste méga cute, c'est tout <3

"— J’aimerais beaucoup. M’y rendre avec toi.

Un léger voile rouge colora les joues d’Altaïs."
Ils sont tellement beaucoup trop cute <3 Pareil avec la scène du papillon qui se pose sur Alex et des papillons dans le ventre, c'est si joliment trouvé ^^

"Il ne savait plus s’il se noyait dans l’eau ou dans ses angoisses."
Choupette T.T C'est l'ascenseur émotionnel à chaque fois

"Même s’ils avaient fui à Elaran, il refusait de baisser sa garde." La formulation du début de phrase me paraît étrange
Mathilde Blue
Posté le 06/02/2023
Hahaha, tu imagines si Evald les avait fichus à la porte après tout ce qu’ils ont fait pour arriver jusque-là ? xD J’aime beaucoup Evald, je suis contente qu’ils soient enfin arrivés x) Bon avec Altaïs ce sera toujours une autre paire de manches, mais chaque chose en son temps :p

Tant de questions ^^ Qui finiront bien par trouver leurs réponses mais ce serait trop simple qu’elles arrivent maintenant xD

Trop heureuse que tu trouves Alex et Altaïs trop cute, vraiment des petits choux <3

« La formulation du début de phrase me paraît étrange »
Ah bah c’est normal, il y a un mot en trop xD
Eryn
Posté le 06/02/2023
Contente de voir qu'Altaïs trouve enfin un autre allié ! Il va peut être pouvoir arrêter de fuir maintenant !
Toujours quelques tics de langage ou mots répétés (Céladon, vis à vis). Souvent, tu qualifie également les gestes qu'Alexander et Altais ont l'un pour l'autre (sourire tendre, doux regard, etc), je me demande si ça n'alourdit pas un poil le style par moment, mais peut être que c'est juste parce que je n'utilise jamais ces tournures, qu'elles me sautent aux yeux dans ton texte.
Evidemment, je met le doigt sur les quelques trucs qui m'ont "gênée", mais je trouve tout le reste super !
Je me demande maintenant ce que va donner la rencontre avec l'oncle... ça fait des années qu'ils ne se sont pas vus, et Altaïs ne se fie qu'à des lettres pour lui accorder sa confiance, alors qu'elles auraient tout aussi bien pu être falsifiées... Ce n'est pas un peu risqué ?

Dernière remarque concernant l'accident dans la glace : si la femme a son fils coincé sous l'eau, je pense que spontanément elle ne se préoccuperait pas d'expliquer les détails (tempête, mât fragilisé). Elle pourrait tout simplement dire "Mon fils est coincé sous l'eau ! On n'arrive pas à le sortir !" ou un truc du genre. Dans ce type de situation, une noyade peut arriver en quelques secondes, et l'hypothermie avec, pas le temps pour des explications, non ? Quant à l'enfant, une fois sorti de l'eau, il pourrait tousser, cracher, frissonner... il a failli se noyer, il a dû au moins boire la tasse ? (enfin si j'ai bien compris, il était coincé sous la glace, donc a du retenir sa respiration ?)
J'ai hate de lire la suite !
Mathilde Blue
Posté le 06/02/2023
Coucou !

Oui, il était temps qu’ils arrivent dans le Nord, Evald est un personnage que j’aime beaucoup donc je suis contente qu’on puisse enfin le rencontrer ^^ Même si la méfiance d’Altaïs sera très certainement un obstacle… C’est évidemment risqué mais ont-ils vraiment le choix à ce stade ? ^^

Pour tout ce qui concerne les gestes qu’Alexander et Altaïs ont l’un pour l’autre, je trouvais important de souligner cette douceur puisque le ton du roman est tout de même très sombre ! Je verrai si je peux en gommer certains quand je corrigerai ^^

Oui tu as raison, il y avait quelque chose qui me dérangeait dans cette scène sans que j’arrive à mettre le doigt dessus, mais je pense que c’est le fait qu’on ne retrouve pas suffisamment l’urgence qu’il devrait normalement y avoir avec cette situation ! Et c’est très juste pour l’enfant, je ne me suis pas étalée dessus parce qu’Altaïs était un peu sonné, mais je vais rajouter un ou deux détails !

Merci pour ton retour :D
Taranee
Posté le 05/02/2023
Victoire ! Ils y sont enfin arrivés !
Je suis soulagée qu'ils aient atteint leur objectif. par ailleurs, j'espère qu' Evald ne réserve pas de mauvaise surprise aux deux voyageurs...
Je me demande comment cela se fait qu'il était sur le pas de la porte de son domaine... Est-ce qu'il attendait Altaïs ? Ou peut-être aime-t-il méditer, debout devant sa demeure, par un temps glacial...
Mathilde Blue
Posté le 06/02/2023
Coucou !

Ouiiiii, enfin ! J'ai hâte que les lecteurices puissent rencontrer Evald ^^ Et pour répondre à ta question, il a senti sa présence (enfin une présence en tout cas) entrer sur le domaine !

Merci pour ton commentaire !
espritdepapier
Posté le 26/01/2023
Hello !

Un chapitre effectivement plus calme, ça fait aussi du bien :)

Je suis très curieuse de ce nouveau personnage, même si je ne peux pas m'empêcher de me méfier de lui ^^'

La scène du plongeon était très bien amenée, elle améliore encore la caractérisation des personnages, montre la fragilité du contrôle qu'a Altaïs sur ses pouvoirs... et l'impact des horreurs qu'il a subit par le passé.
Je suis cependant surprise que la famille du petit sauvé ne leur offre pas un repas ou de se réchauffer chez eux, et ce pourrait être un moyen plus discret de se renseigner sur l'emplacement de la demeure qu'ils cherchent ?
Comme pour les autres chapitres, hâte d'en lire plus ! ♥
Mathilde Blue
Posté le 27/01/2023
Hello :D

Hahaha, j'ai traumatisé mes lecteurices, vous devenez aussi méfiants qu'Altaïs xD C'est un personnage que j'aime beaucoup en plus !

Je suis ravie que la scène du plongeon te plaise, elle ne sert peut-être pas directement l'intrigue mais je trouvais qu'elle avait son intérêt :)
Ta remarque me fait rire sur le fait que la famille de l'enfant ne leur offre pas le repas parce que c'est ce que j'avais prévu à la base, et puis je me suis dit qu'Altaïs n'accepterait jamais de toute façon x) Mais je pourrai effectivement rajouter une phrase pour montrer qu'ils font la proposition !

Merci pour ton retour et à très vite <3
MrOriendo
Posté le 25/01/2023
Hello Mathilde !

Un chapitre plus calme en effet, et c'est bienvenu après la confrontation explosive du précédent. Tu as une belle maîtrise du rythme à l'échelle de ton histoire, tu arrives à alterner des moments de tension extrême et des passages plus posés tout en donnant l'impression au lecteur que l'action ne s'arrête pas.
La plongée d'Altaïs dans l'eau glacée du lac joue parfaitement ce rôle.

Quelques remarques :

- "Il l’avait atteint deux jours auparavant"
--> Ici je mettrais un pluriel, sinon ça donne l'impression qu'Alexander l'a atteint tout seul. D'autant que par la suite, tous tes autres verbes sont à la troisième personne du pluriel dans le paragraphe.

- "Et le fait qu’Altaïs ait partiellement retrouvé l’usage de sa magie changeait la donne"
--> Le mot usage n'est peut-être pas le plus approprié ici. Je m'explique : Altaïs a déjà l'usage de sa magie, puisqu'il l'a utilisée pour faire exploser la porte nord de la ville et contre les mercenaires. Ici, ce qu'il récupère selon moi, c'est plutôt sa capacité à la contrôler. J'utiliserais donc plutôt le mot "contrôle".

- "il pouvait désormais influer sur les traces qu’elle laissait autour de lui"
--> Idem avec l'expression "influer sur les traces", je pense qu'une formulation plus précise serait bienvenue. Pourquoi pas "il pouvait désormais éviter de laisser des traces autour de lui" ?

- "Alexander se demanda combien de fois l’avait-il entendu pour que son esprit soit incrusté de cette certitude"
--> La formulation est un peu étrange. Combien de fois il l'avait entendu ?

- "si certaines choses pouvaient être réparées. Lorsque l’image de Nils revint le hanter, il sut que non, certaines choses ne pourraient jamais être réparées."
--> Il y a une répétition assez lourde ici. Elle est d'autant plus flagrante qu'elle se trouve à la fin de ton paragraphe et juste avant une ellipse. Pourquoi ne pas remplacer la deuxième phrase par "il sut que non, certaines choses ne pourraient jamais l'être" ?

- "l’inquiétude qui subsistait dans son regard céladon"
--> Tu utilises toujours le même adjectif pour qualifier ses yeux ou son regard, pourquoi ne pas varier un peu ?

À bientôt :)
Ori'
Mathilde Blue
Posté le 25/01/2023
Hello !

Cela me fait très plaisir que tu trouves le rythme de l’histoire bien mené :) C’est vraiment quelque chose sur lequel j’ai beaucoup travaillé. Et de manière parfaitement arbitraire, j’avais très envie d’une scène où Altaïs plongeait dans l’eau x)

C’est bien noté pour tes remarques ! Je corrigerai tout cela !

Merci encore pour tes retours, ils me seront vraiment précieux pour les corrections :)

À bientôt !
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