Chapitre 12 : Un dîner de vermines

Notes de l’auteur : ATTENTION : Le chapitre suivant comporte une scène abordant, de manière implicite, une tentative de suicide passée ainsi qu'une envie de commettre cet acte. Si vous ne voulez pas lire cela mais que vous souhaitez continuer le chapitre, passez simplement au premier dialogue.
De même, si cette scène vous est familière, sachez que vous n'êtes pas seul.e.s, et cherchez de l'aide auprès d'un professionnel.
SOS Suicide France : 01 45 39 40 00
SOS Suicide Belgique : 0800 32 123

Allongé sur le lit, le chasseur fixait d'un air mauvais le plafond, ressassant sa dernière conversation avec le Mandalorien. Tout comme le reste de la Cité des Nuages, la chambre d'invités des quartiers privés de Lando était entièrement blanche et lisse. Le plafond n'avait ainsi rien de passionnant, mais Orn, ne voulant pas dormir, s'était efforcé de l’observer toute la nuit. Passer une nuit blanche était préférable à se confronter aux visions cauchemardesques que ses rêves lui apportaient, surtout après cette discussion violente avec Boba Fett. Malgré cette précaution, il n'avait pas pu échapper à quelques réminiscences qui, bien que courtes, suffisaient pour troubler sa respiration et ses pensées. Une de ses mains tenait fermement son blaster, simple habitude qui s'était transformée en seconde nature. Orn avait également gardé son armure et son casque noirs, par mesure de sécurité face à Lando et ses hommes. En réalité, il les avait gardés pour ne pas apercevoir sa peau meurtrie, ornée de cicatrices sur son dos, ses bras et ses poignets. La vaste majorité de ces entailles venait de l'embuscade organisée par Fett, et le chasseur ne pouvait supporter leur vision.

Soupirant un coup, il promena son regard sur le plafond immaculé, puis il eut la soudaine impression qu'un morceau de la voûte se détacha pour se précipiter vers lui. Pris de panique, le chasseur se leva d'un coup, bien que la mollesse du matelas lui compliquât la tâche. Une fois assis, l'impression disparut, mais sa respiration était inutile, ne faisant entrer dans ses poumons que du vide. Ses mains tremblaient vivement, et Orn eut la sensation de suffoquer. Un râle s'échappa de ses lèvres avant qu'il s’efforçât de calmer sa respiration incontrôlable. Soufflant à des intervalles réguliers, l'air se mit à revenir dans les poumons du Twi'lek, et ses tremblements se firent plus faibles. Il finit par lâcher un long soupir tremblant, et son corps s'immobilisa enfin. La fatigue le submergea, et un vide s'installa en lui. Il frotta son front, malgré le casque, pour reprendre ses esprits, avant de prendre son blaster et de le mettre sur ses genoux. Orn soupira de nouveau. Il n'était pas étranger à ces visions, mais d'habitude, elles étaient plus espacées, et plus irréelles. Le chasseur pensait souvent à l'embuscade depuis ses retrouvailles avec Boba Fett, et cela n'aidait pas à étouffer ces réminiscences.

Ses yeux se posèrent sur son poignet droit, caché dans son armure. Il posa faiblement sa main gauche dessus, et le serra. Le Twi'lek n'aimait pas cette sensation de vide après une vision ou un cauchemar. Il se sentait faible, pathétique, et inutile. Orn voulait, devait sentir quelque chose; n'importe quoi tant que cela remplaçait ce vide douloureux et terrifiant. Le chasseur pressa ses doigts contre son poignet, tentant de sentir ses ongles pénétrer sa peau à travers son armure. Continuant à y apporter une pression de plus en plus forte, il eut un mouvement de surprise lorsque son communicateur bipa. Le Twi'lek s'en empara et l'activa rapidement, soudain inquiet pour le Vautour Couronné et ses occupants. Un sourire faible se dessina sur son visage au son espiègle de la voix de Nasha.

"Coucou, Orn ! On se demandait si tout se passait bien pour toi, alors j'ai appelé.

— Non, tu te demandais si tout allait bien. Moi, j'ai rien dit," intervint Twik d'un ton maussade.

Le chasseur lâcha un petit rire, se rendant compte à quel point il avait besoin de compagnie. Il lança un regard furtif vers son poignet, se sentant soudain honteux. Orn secoua sa tête et s'assit correctement et confortablement avant de continuer la conversation, reprenant un ton léger, comme si rien ne s'était passé.

"Au lieu de pirater mon vaisseau, tu peux pirater ce tas de ferrailles," dit-il à son amie, qui rit doucement.

"Les unités B1 ne sont pas très intéressantes…

— Dis donc, jeune impertinente, je te signale que je suis un bijou historique ! Le seul robot Séparatiste resté activé après la Guerre des Clones !

— C'est ce que je dis : tu n'es pas intéressant… tu es juste un vieux droïde," répliqua Nasha, un énorme sourire aux lèvres.

Twik s’insurgea, mais ne trouva rien à redire face à la dure vérité. Il grommela avant de s'éloigner du micro et Orn ne put l'entendre. Ce dernier riait doucement, content de retrouver ses amis. Il avait hâte de finir cette longue mission pour retourner dans son vaisseau et chasser des primes sans aucun rapport avec l'Empire.

"Si tu es de bonne humeur, j'imagine que ça va ?" demanda Nasha, reprenant le but de la conversation.

"Oui," répondit le chasseur trop rapidement. "Fett me donne toujours des envies de meurtre, mais ça va. Je devrais bientôt avoir fini, je pense.

— As-tu une idée de ce que Vador veut faire de l'équipage du Faucon ?

— Un peu… Il veut s'en servir pour appât, pour capturer un certain Skywalker. Il le veut à tout prix," répondit-il en réfléchissant.

"Attends, tu as dit 'Skywalker' ?

— Oui, pourquoi ? Tu le connais ?

— Non, mais… Watt-O me parlait souvent d'un esclave qu'il avait avant, qui était aussi doué que moi en mécanique. Je crois qu'il s'appelait… Ani Skywalker, si je ne me trompe pas. Il aurait été volé par un tricheur, selon lui. C'est peut-être la même personne, mais il serait âgé, aujourd'hui. C'était bien avant la Guerre," expliqua la Twi'lek.

"Ce n'est pas lui, alors. Vador l'a appelé 'Luke'. Ils sont peut-être de la même famille… Quoi qu'il en soit, Vador semble persuadé que son plan est infaillible. Comme s'il savait des choses qu'il n'est pas censé savoir… Mais ce n'est pas mes affaires. J'en sais déjà trop, et toi aussi.

— J'imagine que tu as raison… Mais ces informations pourraient aider la Rébellion, j'espère que tu le sais," répliqua Nasha, le ton hésitant.

Orn poussa un long soupir. Il comprenait son amie, et voulait, au fond de lui, la fin de l'Empire. Seulement, la Rébellion n'avait gagné qu'une seule fois en vingt ans, et cela s'apparentait à un coup de chance. Aider les Rebelles, c'était signer son arrêt de mort.

— Nasha, s'il te plaît…"

Ce fut au tour de la Twi'lek de soupirer. Elle comprenait le chasseur, elle savait que sa situation était délicate. Mais plus Nasha en savait, plus elle voulait rejoindre la Rébellion et se battre à leurs côtés. La réticence de son ami était frustrante, et elle sentait que continuer à le pousser pouvait le convaincre de changer de camp. Cependant, Nasha respectait trop Orn pour faire cela. S'il devait devenir un Rebelle, cela devait venir entièrement de lui.

"Désolée. Je te vais te laisser si tout va bien. Twik va être vexé si je ne le pirate pas.

—  Plutôt me court-circuiter que de te laisser poser tes sales pattes sur moi !" s'écria le concerné au loin.

Le rire de Nasha retentit à travers le communicateur, arrachant un sourire au chasseur.

"À tout à l'heure. Et tâchez de ne pas abîmer mon vaisseau…

— Ne t'inquiète pas pour ça ! À tout de suite," répondit Nasha, coupant la communication. 

Souriant toujours, le Twi’lek rangea son communicateur et se leva pour s'étirer. Un bâillement s'échappa de ses lèvres. Alors qu'il s'approchait de la porte, quelqu'un frappa sèchement. Une voix forte se fit entendre derrière la porte, appartenant sans aucun doute à un stormtrooper.

"Le Seigneur Vador vous attend dans la salle à manger."

Orn réajusta sa capuche pour cacher l'arrière de son crâne et ses excroissances, puis ouvrit la porte pour faire face au soldat à l'uniforme blanc. Ce dernier tenait son arme fermement et s'écarta pour laisser le chasseur sortir de sa chambre. Une fois Orn dans le couloir, le stormtrooper le guida d'un pas militaire vers la salle, circulant dans ce labyrinthe d'allées et de virages sans aucun mal. Au grand désarroi du Twi'lek, Boba Fett les rejoignit, lui aussi guidé par un soldat impérial. Le Mandalorien ne disait rien, et ne réagit pas lorsque son collègue se déporta vers la gauche pour s'éloigner de lui. Après leur dernière discussion, Orn était décidé à ne pas adresser la parole au mercenaire. Il continuait de marcher résolument, la mâchoire serrée. Le chasseur n'écouta pas non plus les deux stormtroopers qui s'échangeaient des informations, parlant de paris et de courses de modules. Comme toujours, Lando avait ordonné l’évacuation des couloirs empruntés par les troupes impériales et les chasseurs de primes, bien qu'il s’empressât de les rouvrir aux civils dès que la voie était libre. Ce dernier était en train de s'occuper de Solo et ses amis, pour bientôt les amener au Seigneur Sith.

Les sourcils du chasseur se levèrent lorsqu'il vit la porte coulisser pour révéler une table dressée et surplombée d'innombrables plats et boissons raffinées. Au fond de la salle, Vador se tenait debout, immobile, bloquant la lumière de la fenêtre ronde qui entourait sa tête. Il avait les bras croisés, et accueillit les nouveaux arrivés par un geste discret de son casque. Le Twi’lek baissa la tête par respect et par peur, avant d'observer curieusement l'autel de nourriture. Il contourna la table avec précaution, admirant les vins et les accompagnements variés. Si l'alcool semblait être trop fin pour que Orn puisse l'apprécier, les mets colorés paraissaient exquis et ne demandaient qu'à être mangés. Le chasseur poussa un soupir discret, déçu de ne pas pouvoir en manger à cause de son casque. Ayant fini de contourner la table, il rejoignit Vador à ses côtés, et se demanda si ce dernier allait révéler son visage pour manger, si toutefois le Seigneur Sith le pouvait.

Fett imita son collègue, analysant sans discrétion les plats et alcools qui lui mettaient l'eau à la bouche. Il sourit en remarquant que toutes les personnes présentes portaient un casque qu'elles n'enlevaient qu'à de rares occasions. Cette mise en scène était intrigante et attisait sa curiosité. Vador avait dit vouloir discuter avec ses prisonniers avant de passer aux choses sérieuses, et Fett avait hâte d'écouter cet échange. Il lui tardait également de voir la réaction de Solo lorsqu'il fera face au bras droit de l’Empereur. Le contrebandier avait fui face à un vaisseau impérial lors de sa dernière mission pour Jabba le Hutt; se retrouver dans la même pièce que Dark Vador devait donc être pour lui son plus grand cauchemar. Seulement, la hâte triomphante de Fett avait un goût amer. Il n'avait pas oublié sa discussion avec son collègue, et les remords serraient son cœur de leurs mains cruelles. Le Mandalorien acceptait l'embrasse froide de ces regrets, sachant qu'il méritait ce mal-être qui n'était que de sa faute. Il se glissa aux côtés de Vador, attendant qu'il parle.

Ce dernier s'assit raidement sur sa chaise, présidant la table d'un air menaçant et digne. Sans même regarder les chasseurs, il leur expliqua la situation tandis que la porte se ferma, laissant les trois individus casqués ensemble. Orn eut un mouvement de recul, soudain alerte et méfiant.

"L'administrateur Calrissian ne tarda pas à arriver avec nos… invités. Nous n'avons plus qu'à les attendre."

Le chasseur acquiesça, et prépara son blaster. Le tenant dans sa main gauche, il prenait appui sur une jambe puis l'autre, mal à l'aise avec le Seigneur Sith assis à côté de lui. Ce dernier restait immobile, son dos effleurant le dossier de la chaise. Sa respiration était plus calme que d'habitude, moins sifflante et moins inhumaine; bien que toujours menaçante. Avec le Twi’lek, il était le seul élément qui contrait la blancheur de la salle et la couleur des aliments déposés soigneusement sur la table. D'un œil méfiant, Orn observait le sabre-laser noir collé à la ceinture du Seigneur Sith. Si Vador le souhaitait, il pouvait tuer sans aucune difficulté les deux mercenaires qui l'entouraient. Cette pensée effrayait le chasseur, qui espérait n'avoir rien fait de travers. Il s'était déjà attiré les foudres du bras droit de l’Empereur, lorsqu'il avait tué un impérial dans sa rage. Le Seigneur Sith s'était alors montré indulgent, mais Orn avait bien vu que Dark Vador n'hésiterait pas à l'éliminer s'il faisait un faux pas ou n'était plus utile.

 

Soudain, la porte s'ouvrit. Lando apparut, accompagné de Solo, de la princesse Alderaanienne, et d'un grand Wookiee. Ce dernier, à la vue du Seigneur Sith, poussa un rugissement puissant et terrifiant vers Vador, qui se leva sans broncher. Fett et Orn eurent tous deux un léger mouvement de peur, mais ils se reprirent et pointèrent leur arme sur l'être humanoïde. À ses côtés, son compère, Solo, brandit son arme vers le bras droit de l’Empereur et tira sans s'arrêter. Le Twi'lek n'eut pas le temps de craindre pour la vie de Vador que ce dernier tendit la main, faisant disparaître les rayons d'énergie sans problème. Ramenant son autre main à lui, il arracha le blaster des mains du contrebandier et l'attrapa au vol.

"Quel manque d'éducation…," commenta-t-il en jetant l'arme d'un geste dédaigneux.

Solo regardait le Seigneur Sith d'un air effrayé, ne croyant pas ses yeux. Derrière lui, la princesse cachait sa peur en adoptant une expression de défiance et de colère, tandis que Lando baissait la tête, évitant leur regard.

"Nous serions honorés si vous vous joigniez à nous," dit Vador à l'intention de ses invités.

Ces derniers ne répondirent pas, mais se retournèrent vivement lorsqu'un groupe de stormtroopers se placèrent dans le couloir, bloquant la sortie. Voyant qu'aucune issue n'était possible, le trio se rapprocha, se protégeant les uns les autres. Avec un regard de haine et d'incompréhension, Solo se tourna vers son vieil ami, qui semblait désolé. Transpercé par ces yeux qui le fusillaient, Lando sentit qu'il devait s'expliquer. Fixant le sol, il continuait d'éviter son regard. Malgré la rage du contrebandier, l'administrateur restait persuadé d'avoir fait la bonne chose, sauvant ses amis d'une mort certaine et protégeant sa ville de l'occupation impériale.

"Je n'avais pas le choix… Ils sont arrivés juste avant vous. Je suis désolé," dit-il simplement, sans mentir.

Si le contrebandier semblait prêt à se jeter sur l'administrateur de la Cité des Nuages, la présence de ses ennemis le retint. À la place, il échangea un regard énervé et blessé avec la princesse, qui n'était pas affectée par la présence de Vador. Des trois, elle était la plus digne, sa tête se tenait haute et droite, entourée par deux chignons tressés qui effleuraient ses épaules. Dans sa combinaison rouge et sa cape violacée, elle avait véritablement l'allure d'une reine, bien qu'elle n’eût plus de royaume sur lequel régner. Le Wookiee, que Orn avait croisé il y a longtemps, quant à lui, se contentait de fixer l'homme venant de les livrer à l'Empire, blessé et déçu. Il émit quelques grognements faibles et dépités, qui sonnaient comme les plaintes d'un animal blessé.

 

"Moi aussi, je suis désolé," siffla Solo entre les dents.

La mâchoire serrée, il se tourna vers Vador, s'apprêtant à s'asseoir, lorsqu'il vit pour la première fois le Twi’lek. Ses yeux redoublèrent de rage tandis qu'il s'immobilisa, fixant froidement le chasseur. Ce dernier sourit légèrement et pencha la tête en guise de salutations.

"Toi…

— Tu aurais dû écouter mes conseils, Solo…," répondit le Twi'lek d'un ton faussement déçu.

Le contrebandier fit une moue outrée et s'approcha du chasseur, mais fut retenu par son ami poilu, qui lâcha un grommellement discret et résigné. Orn ne parlait pas le Shyriiwook, la langue des Wookies, mais devinait au ton de l'alien qu'il tentait de raisonner Solo. Ce dernier jeta un dernier regard empreint de rage envers le Twi’lek avant de s'asseoir de mauvaise grâce, loin de Vador. Il fut imité par ses amis, qui regardèrent sans envie la nourriture dans leurs assiettes. Lando s'assit également, se mettant en face de la princesse, qui gardait résolument les yeux rivés sur Orn, se rappelant de leur première rencontre dans les prisons de l'Étoile Noire. Personne ne disait rien, et l'inquiétude des nouveaux venus se lisait dans leurs yeux, à travers toute leur haine.

Vador ne faisait aucun commentaire, se contentant de regarder froidement les membres du trio tour à tour. Sans surprise, il avait gardé son casque, et n'avait pas jeté un seul regard vers la nourriture. Autour de la table dangereusement silencieuse, seulement Lando mangeait, tentant d'apaiser l'ambiance tendue. Il fit une moue gênée et désolée, puis enchaîna doucement et discrètement les bouchées. Solo se tourna vers lui et le fusilla du regard, avant d'échanger un coup d'œil entendu avec la princesse. Cet échange ne passa pas inaperçu auprès de Orn, qui se prépara à agir, mais il se détendit en voyant les deux amis s'emparer d'un verre de vin pour le boire sans cérémonie. Le contrebandier invita son ami poilu à l'imiter en murmurant son nom, Chewbacca, mais ce dernier secoua la tête, résigné. Les Wookiees n'aimaient pas manger en public, et le silence pesant lui avait coupé sa faim et sa soif. Pendant plusieurs minutes, qui ressemblaient à des heures, seuls la respiration du Seigneur Sith et les bruits de fourchette de Lando retentissaient dans la salle à manger, jusqu'à ce que la princesse, qui avait gardé ses yeux sur le chasseur, s'exprima de sa voix claire et digne.

"Je ne comprends pas ce surnom de 'Chasseur Impérial'… le 'toutou de Vador' me semble plus approprié," cracha-t-elle avec douceur et haine.

Solo ne put s'empêcher de lâcher un petit rire, renversant un peu de vin, et observant sans discrétion la réaction du concerné. Ce dernier fit une moue outrée et rageuse, mais se força à rester immobile, sentant les regards de son collègue et du trio. En réalité, ces mots le blessaient. S'il servait l'Empire, c'était simplement pour bénéficier de la protection, certes bancale, de l'Empereur afin de survivre au mieux. Le chasseur savait qu'il se voilait la face en pensant être véritablement libre et indépendant, mais la vérité débitée par la princesse était un dur rappel de sa situation. De par son titre, il ne pouvait refuser l'Empire, et était entièrement soumis à Vador, qui tenait sa vie entre ses mains. Le Twi’lek avait également participé à des raids impériaux, et les stormtroopers ainsi que les officiers le considéraient comme l'un des leurs. La princesse Organa avait raison, et Orn détestait cela. Soupirant discrètement, il finit par sourire ironiquement sous son casque.

"Je préfère être un chien plutôt qu'une vermine à éliminer, Votre Altesse," répondit-il d'un ton égal, ne laissant pas transparaître l'effet que ses mots avaient eu sur lui.

La Rebelle leva la tête dignement, montrant une nouvelle fois sa défiance et son impassibilité. Ne trouvant rien à dire, mais semblant satisfaite de son effet sur le chasseur, elle se tourna vers Vador, qui était resté silencieux depuis le début du repas.

 

"Êtes-vous si inhumain que vous n'ayez plus besoin de manger ou de boire, Vador ?" demanda-t-elle d'un ton faussement inquiet.

"Leia, s'il te plaît…," intervint Lando, soudain terrifié et craignant la réaction du concerné.

Encore une fois, le stupide courage de la princesse frappa Orn, qui se surprit à sourire faiblement. Il attendit la réponse du Seigneur Sith, mais Leia fut plus rapide, répondant à l'ancien contrebandier inquiet.

"Je ne te parlais pas, traître," siffla la Rebelle avec un rictus haineux.

Lando fronça tristement les sourcils, comprenant la haine de la princesse.

"Il faut que vous me compreniez," répondit-il à l'intention du trio. "J'ai coopéré parce que le Seigneur Vador m'a assuré qu'il ne vous arriverait rien !

— J'imagine que c'est ce que tu te dis pour réussir à dormir," commenta Solo de son ton cassant et énervé.

Leia, quant à elle, se mit à rire froidement, suscitant un soupir défaitiste et craintif de la part de l'administrateur, qui comprit qu'il ne pouvait être cru.

"Oh, vraiment ? J'ai eu le plaisir de profiter de l'hospitalité du Seigneur Vador avant, et je ne crois pas qu'il connaisse l'absence de torture. D'ailleurs, vous me semblez bien discret, Vador. Ce n'est pas dans vos habitudes…

— Je vous aviserai d'être prudente dans vos choix de mots, Votre Altesse," répondit enfin le concerné. "Pour répondre à votre question, j'ai dû… renoncer à certains plaisirs de la vie quotidienne pour survivre. Cependant, vous devriez vous rappeler que lors de notre dernière rencontre, vous aviez des informations utiles… Aujourd'hui, vous n'avez rien."

Un grand silence s'abattit sur la salle à ces mots. Lando mâchait avec inquiétude une bouchée, tandis que la princesse laissa percevoir pour la première fois sa peur. Elle ne comprenait pas ce que venait de dire Vador, et si elle n'était pas utile à l'Empire, cela signifiait qu'elle pouvait subir des supplices bien plus grands que ceux que la princesse avait vécu lors de son séjour sur l'Étoile Noire.

"Je… Je ne comprends pas. Pourquoi alors nous avoir capturés ?

— Parce que Luke Skywalker tient à vous trois," répondit simplement le Seigneur Sith de son ton dénué d'émotion.

Une rage protectrice s'empara du trio, qui semblait tout d'un coup prêt à fondre sur Vador. Les deux chasseurs à ses côtés brandissent rapidement leur arme, tandis que Lando réfléchissait à quelques paroles afin de calmer ses amis.

"Luke ?! Mais nous ne savons pas où il est ! Ni même s' il est en vie," s'exclama Solo, perdu et terrifié de ce que pouvait savoir Vador.

"Il est en vie. Et il viendra vous sauver.

— Comment peut-il savoir où nous sommes ?" demanda le contrebandier, qui ne comprenait rien.

Le Seigneur Sith resta silencieux quelques longues secondes, repoussant les réminiscences d'une vie antérieure.

"La Force est puissante dans la famille Skywalker," dit-il d'un ton neutre.

Orn leva les yeux au ciel, comprenant que Luke était un Jedi. C'était le deuxième Jedi qui se trouvait sur son chemin en peu de temps, et cela était étrange. Le chasseur en fit note, décidé de remuer toute la Galaxie afin de trouver des informations sur ces chevaliers censés être morts depuis longtemps. S'il n'avait rien trouvé sur cet Obi-Wan Kenobi, c'était à cause de la destruction de Alderaan, événement sur lequel la Galaxie entière s'était concentrée. Se mettre à la recherche de ces antiques chevaliers était maintenant plus simple, même si Orn ne pouvait plus se rendre à Mos Espa. Toutefois, le Repaire de Jabba pouvait être un endroit intéressant, et certaines arènes illégales avaient, au début de l'Empire, capturé des Jedi fugitifs.

Il examina le trio, qui semblait perdu et ne comprenait pas les dernières paroles de Vador. La princesse secoua la tête, visiblement troublée, mais ne croyant pas un mot du bras droit de l’Empereur. Elle connaissait vaguement la Force, mais ne pensait pas que cette énergie de vie pouvait guider quiconque de cette façon. Son père avait combattu aux côtés des Chevaliers Jedi, mais il ne lui avait jamais parlé en profondeur de ces guerriers ou de la Guerre des Clones, sans doute pour la préserver des horreurs qui avaient marqué la fin de la République et de la démocratie.

"Nous n'avons pas communiqué avec lui depuis plusieurs semaines… il n'a aucune idée de notre localisation. Votre plan est voué à l'échec, Vador," insista la princesse, plus pour elle-même que pour le concerné.

— Alors vous n'avez aucune crainte à avoir," répondit le concerné, une pointe de légèreté dans sa voix.

Ce ton si inhabituel pour le Seigneur Sith serra les cœurs de tous ceux présents dans la salle. Cette légèreté était effrayante venant d'un être qui ne semblait avoir aucune émotion. Pour Orn, cette affirmation humoristique sonna comme une confirmation du succès inévitable du plan de Dark Vador. Le trio échangea un regard inquiet et perdu, comprenant au fond d'eux-mêmes que Luke allait se jeter tête baissée dans un piège, à cause de cette Force qui était censée le protéger.

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SinnaraAstaroth
Posté le 18/05/2024
Nasha, le remède à tous les maux ! Par contre, pour le coup, je suis d’accord, Boba ne mérite pas d’être pardonné, ou du moins, il ne mérite pas de réconciliation. Mais par contre Orn mérite de pouvoir aller de l’avant et de guérir de son traumatisme. Surtout que non seulement il a été torturé, mais surtout il a été trahi parce quelqu’un qu’il a aimé et en qui il avait confiance. Ce serait bien qu’il puisse réapprendre à aimer et faire confiance avec quelqu’un digne de lui, cette fois-ci. Après, les personnages torturés et plein de traumatismes qu’ils doivent essayer de surmonter, c’est mes préférés, donc vraiment j’apprécie vraiment Orn et son développement.

J’ai pas beaucoup de commentaires à faire du coup, mais c’était un bon chapitre aussi. C’est cool de voir les différents chemins de se croiser et tous les protagonistes être réunis au même endroit avec leurs intérêts divergents. On attend l’arrivée de Luke qui va lâcher des bombes scénaristiques du coup. xD

J’ai relevé juste deux choses dans ce chapitre :

L'administrateur Calrissian ne tarda pas à arriver avec nos => ne va pas tarder à

cette affirmation humoristique => ironique ou sardonique / sarcastique pour être plus précis peut-être.
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