Chapitre 13 : Fermer les yeux

Les cris de Solo résonnaient dans la salle de torture improvisée, et se faisaient entendre jusque dans le couloir rouge et silencieux, étouffés par la porte fermée. Dans l'allée, Lando faisait rageusement les cent pas, tressaillant à chaque nouvel hurlement. Il grommelait à voix basse, ignorant les deux chasseurs qui gardaient la porte. Ses yeux fixaient le vide, et ses mains chassaient les gouttes de sueur sur son front plissé par l'inquiétude et le regret. Sa cape bleue suivait son mouvement, claquant à chaque fois que l'ancien contrebandier pivotait. Il s'arrêtait, regardait la porte d'un air anxieux et blessé, puis reprenait inlassablement sa marche en cercle. Orn suivait son mouvement du regard, se forçant d'ignorer les cris de douleur du prisonnier derrière lui. Il était tendu et jouait nerveusement avec son blaster, le faisant tourner avec son doigt. La présence de son collègue n'aidait pas, mais ce dernier restait silencieux, tête baissée et arme en main. Fett avait abandonné ses tentatives de dialogue avec le Twi’lek, acceptant finalement l'hostilité qui lui était destinée avec tristesse. Contrairement à Lando et à Orn, les hurlements de Solo ne l'affectaient pas, il était plongé dans ses pensées, ressassant sa dernière mission pour un Seigneur Sith. 

Les deux chasseurs sursautèrent en même temps lorsque Lando, ne supportant plus les cris de son vieil ami, frappa le mur avec violence. Il secoua sa main meurtrie et pesta. L'ancien contrebandier se tourna brusquement vers le Twi’lek, la peine et la colère défigurant son beau visage. Il s'approcha lourdement du Chasseur Impérial, ignorant le Mandalorien qui s'avança vers lui. Il était clair qu'il enrageait et cherchait un coupable qui pouvait délivrer Solo de son supplice. Orn observait l'administrateur de la ville flottante mais ne bougeait pas, se contentant de penchait la tête; il voulait voir ce que Lando allait faire. Discrètement, le chasseur activa son blaster, prêt à se défendre malgré sa curiosité.

"Vador a promis que rien ne leur arriverait !" vociféra Lando, levant la tête pour regarder le Twi’lek droit dans les yeux.

"Vador a promis qu'il ne les tuerait pas, Calrissian…," répondit Orn d'un ton se voulant neutre, refoulant un élan de sympathie.

L'ancien contrebandier accueillit ces mots avec désespoir, comprenant désormais qu'il avait commis une grave erreur. Il avait naïvement pensé que ses amis seraient sauvés s'il aidait Vador, mais il réalisait, en entendant les cris de Solo, qu'il s'était trompé sur toute la ligne. Lando avait tant espéré protéger sa ville et ses amis qu'il s'était convaincu que le Seigneur Sith n'allait rien faire subir à ces deux derniers, prenant quelques mots pourtant bien pesés comme preuve. L'administrateur de la Cité des Nuages soupira avec peine et douleur, baissant la tête face à Orn. Il ne pouvait se réjouir que ses amis survivraient à Vador : la mort était préférable à nombre d'événements et de douleurs lorsque le Seigneur Sith vous tenait entre ses mains cruelles et implacables. Pourtant, Lando n'abandonnait pas. Il avait fait ce marché avec Vador pour protéger l'équipage du Faucon Millénium, mais si l'Empire ne les épargnait pas, alors l'ancien contrebandier les protégerait lui-même.

Cette décision prise, Lando se força à faire taire sa culpabilité et sa détresse. Il ravala sa salive, avant de fixer Orn droit dans les yeux, la détermination faisant briller ses pupilles. S'il voulait protéger seul ses amis contre l'Empire, il devait s'y prendre avec précaution et chercher des alliés.

"Fais quelque chose," souffla-t-il rapidement au chasseur, une pointe de désespoir perçant sa voix

Le concerné baissa soudainement sa garde, pris au dépourvu par cette demande. Jamais un autre mercenaire lui avait demandé de l’aide, à de rares exceptions, et encore moins des contrebandiers avec qui il ne s’entendait pas.

"Quoi ?

— Aide-les. S'il te plaît."

Pour l’administrateur de la Cité des Nuages, si quelqu’un pouvait forcer l’Empire à épargner l’équipage du Faucon Millénium, c’était bien le Chasseur Impérial. Pourtant, ce dernier ne disait rien, regardant simplement l’ancien contrebandier d’un air surpris. L'expression sur le visage de Lando, une détermination tachée par l'inquiétude et la détresse, était le reflet de ses émotions si quelque chose arrivait à son propre équipage. Le Twi'lek était habitué à ignorer ce que dictait la morale, préférant se concentrer sur sa survie en fermant les yeux. Seulement, il ne pouvait plus les fermer face à l'ancien contrebandier qui se tenait devant lui, le fixant avec tout son désespoir. Orn détourna le regard et baissa la tête, incapable de supporter cette vue plus longtemps.

"Je… Je ne peux rien faire, Calrissian…

— Tu travailles avec Vador ! Si tu lui demandes, il t’écoutera, non ?

— Non… je ne suis qu'un pion pour l'Empire, Vador me donne des ordres et pas le contraire. Je prends seulement ce qu'il veut me donner. Je… Je suis désolé, Lando… Mais je ne peux pas t'aider," dit-il d'une voix hésitante, fuyant le regard de son interlocuteur. 

Les épaules de l'administrateur s’affaissèrent, découragées par les paroles du chasseur. Lando lâcha un soupir contrôlé et dépité. Secouant la tête, il s'éloigna du Twi'lek et lui tourna le dos. Les bras croisés, il réfléchissait, malgré son trouble et sa peur. Faire évader ses amis discrètement serait compliqué, mais avec la marchandise qui quittait chaque jour la Cité des Nuages, un plan pouvait être imaginé. De plus, le Faucon Millénium était à nouveau en sa possession. Avec le vaisseau le plus rapide de la Galaxie, aucun Destroyer ne pouvait les attraper. Cependant, Lando savait qu'il devait faire preuve de patience et de discernement. Tromper un Seigneur Sith n'était pas sans conséquence, d'autant plus que Vador connaissait des éléments censés être hors de son savoir. L'ancien contrebandier n'oubliait pas non plus que sa ville échappait de justesse à une occupation impériale, et une simple remarque de travers de sa part scellerait le destin de tous les habitants. Il était coincé entre ses devoirs d'administrateur et d'ami, mais il se fit le serment de trouver le bon équilibre. 

À côté d'eux, Fett surveillait discrètement le couloir, vérifiant qu'aucun stormtrooper ne puisse entendre cette conversation. Le Mandalorien n'était pas étonné que Orn souhaitait aider Lando. Le chasseur avait déjà ajouté un membre à son équipage en aidant Nasha à sortir de l'esclavage malgré le danger que Taar-Y représentait. Qu'il voulût aider l'ancien contrebandier à sauver ses amis n'était donc pas surprenant, et Fett savait qu'au fond, son collègue ignorait avec difficulté les horreurs que ses actions permettaient. Tous les chasseurs de primes fermaient les yeux sur leurs actes, mais avec le temps, la plupart n'y arrivait plus. C'était le cas pour Orn, et le Mandalorien, après l'embuscade qu'il avait organisée, sentait que bientôt, lui aussi ne pourrait plus fermer les yeux. Balayant le couloir du regard, il tenait son blaster fermement entre ses mains, prêt à éliminer un témoin gênant au besoin. Fett s'éloigna lorsque le Twi’lek s'avança vers Lando, respectant les distances tacitement fixées par Orn.

Ce dernier se plaça à côté de l'administrateur, regarda autour de lui pour vérifier que le couloir ne comportait d'autre présence qu'eux, et se pencha vers lui. Déjà, il regrettait ce qu'il s'apprêtait à dire, mais sa décision était prise depuis bien longtemps. Lando, sentant le conflit intérieur émanant du chasseur, l'écouta avec attention, curieux et plein d'espoirs.

"Je ne peux pas t'aider, mais si tu tentes de t'échapper avec tes amis… je ne t'arrêterai pas. Par contre, je ne peux pas te promettre que je n'irais pas vous chasser, s'il le demande," dit le Twi’lek à voix basse, baissant la tête avec honte.

Le chasseur savait que ce n'était pas grand-chose, mais il voulait agir à son échelle. Bien qu'il ne puisse pas faire de grand geste chevaleresque, une petite action était déjà un énorme risque qui pouvait le tuer. Et bien que le mercenaire désirât aider l'administrateur, il ne voulait pas mourir. Orn ne pouvait pas abandonner Twik et Nasha pour des personnes qu'il ne connaissait à peine et qui, pour certains, lui étaient hostiles. Il ne pouvait pas non plus laisser sa sœur seule, car personne n'irait entretenir sa sépulture s'il mourait, et personne à part son équipage n'admettait la vérité sur sa mort.

Lando esquissa un sourire sincère, mais terni par l'inquiétude et le regret. Il murmura un remerciement puis soupira, se forçant à reprendre une expression normale. Il adopta à nouveau son sourire charmeur habituel, mais cela ressemblait plus à grimace. Ses yeux bruns étaient toujours empreints d'une détresse sans fin. L'ancien contrebandier redressa ses épaules, l'air de rien, et quitta les deux chasseurs. Suivi de sa cape, il disparut au détour d'un couloir, après un dernier regard compréhensif mais reconnaissant à Orn. Puis, sans raison apparente, il réapparut, le visage crispé, marchant à reculons, pour libérer le passage face au bras droit de l’Empereur, qui dépassait l'administrateur de toute sa hauteur. Ce dernier souffla une salutation, que Vador ignora, regardant avec intensité le chasseur, dont le sang se glaça en une seconde.

Orn s'immobilisa, terrifié. La respiration saccadée, il guettait le moindre mouvement du Seigneur Sith pouvant trahir ses pensées. Vador pouvait avoir entendu la promesse du Twi'lek à Lando, savoir que le chasseur se détachait de l'Empire. Le Seigneur Sith ne disait pourtant rien, et Orn remercia la Force pour son casque qui cachait ses yeux écarquillés et son visage animé par la peur. Par réflexe, il s'approcha imperceptiblement de son collègue, qui observait le nouveau venu avec méfiance et précaution. Discrètement, il se rapprocha également du Twi'lek, par instinct de protection. Le silence maintenu par le Seigneur Sith était effrayant, et plus les secondes s'écoulaient, plus le Orn était tendu, attendant ce que Vador allait dire. Il était prêt à courir et se battre s'il le fallait, mais le chasseur savait qu'il ne pouvait rien contre un tel homme. Alors il espérait simplement que ce dernier n'avait rien entendu, trop absorbé par ses pensées ou qu'il était assourdi par sa forte respiration.

"Avez-vous un problème, Chasseur ?" demanda le bras droit de l’Empereur, les yeux toujours fixés sur Orn.

Ce dernier déglutit, espérant que cela signifiait que son interlocuteur n'avait pas surpris sa conversation avec Lando. Avec difficulté, il secoua la tête puis se mit à parler, la gorge asséchée par le stress et la peur.

"Non, Seigneur Vador… vous m'avez juste… surpris," répondit-il, riant faiblement et nerveusement lorsqu'il finit sa phrase.

Le chasseur regretta aussitôt son rire nerveux, et finit par baisser la tête, se taisant enfin. Si Vador n'avait rien entendu, il était évident que le comportement du Twi'lek suscitait en lui une petite confusion qu'il décida d'ignorer, ne se souciant aucunement du mercenaire. Le Seigneur Sith se tourna donc vers Lando, qui le regardait toujours avec méfiance et crainte. Orn se retint de soupirer de soulagement, maudissant sa peur profonde envers Vador, et se força à retrouver un comportement habituel malgré la pensée effrayante que le bras droit de l’Empereur pouvait simuler son ignorance. À côté du chasseur, Fett s'avança souplement vers Vador, une idée effleurant son esprit.

"Seigneur Vador, Solo ne m'est d'aucune utilité mort… Jabba le Hutt le veut vivant," dit-il d'un ton ennuyé.

"N'ayez crainte. Il ne sera pas endommagé de manière permanente," répondit le concerné, sans émotion. "En parlant de Solo… Administrateur Calrissian, veillez à ce que le contrebandier rejoigne sa chambre pour se reposer après son… divertissement."

Lando fit une moue haineuse, mais acquiesça tout de même, avec une mauvaise foi apparente. Ne rien tenter dans l'immédiat lui semblait raisonnable, bien qu'il haïssait cela. Cependant, en entendant un nouveau cri de son vieil ami à travers la porte, il serra les poings et s'approcha dangereusement de Vador, ne pouvant plus supporter les souffrances du contrebandier.

"Torturer Han n'était pas dans notre accord ! Si vous m'aviez dit ce que vous alliez lui faire, je -

— Peut-être pensez-vous être traité injustement ?" demanda le Seigneur Sith, une fausse pointe d'inquiétude dans sa voix.

Cette simple question suffit à Lando pour le calmer. La peur animait son visage, et il recula de quelques pas, tête baissée. Aussi énervé et blessé qu'il était, l'administrateur de la ville flottante ne pouvait ignorer la crainte que lui inspirait Dark Vador.

"Non…

— Bien. Ce serait dommage de devoir laisser des troupes dans votre belle Cité…"

Lando accusa le coup, fronçant les sourcils et serrant la mâchoire. Il détestait se sentir piégé dans son propre domaine, et il sentait que le contrôle de la situation lui échappait de plus en plus. En réalité, il le savait, l'ancien contrebandier n'avait eu aucun contrôle depuis l'arrivée du Seigneur Sith dans sa ville. Mais il s'en rendait de plus en plus compte, réalisant qu'il s'était laissé aveuglé par la certitude de sauver sa ville et ses amis. Il regarda d'un air mauvais Vador pivoter sur lui-même pour partir, faisant claquer sa cape noire. Le Seigneur Sith sembla se rappeler quelque chose et s'arrêta, sans daigner adresser un regard à son interlocuteur.

"Lorsque Solo sera reposé, emmenez-le à chambre de congélation carbonique avec son équipage," dit-il simplement.

Lando s'arrêta de respirer quelques secondes, ayant peur de comprendre l'intention de Vador.

"Pourquoi ?

— J'ai réfléchi à ce que vous m'aviez dit sur ce système de congélation. S'il n'a jamais été utilisé sur un être vivant, je ne peux le faire sur Skywalker sans craindre de le blesser ou de le tuer… et l'Empereur le veut en un seul morceau. Nous allons donc le tester. Sur le Capitaine Solo," expliqua-t-il sans ménagement, avant de s'apprêter à partir enfin.

L'expression sur le visage de Lando était terriblement triste à voir. L'incompréhension laissa sa place à une réalisation terrifiante, et l'ancien contrebandier écarquilla les yeux, horrifié. À y réfléchir, il préférait que Vador tue son vieil ami au lieu de le soumettre à une expérience cruelle. Des accidents s'étaient déjà produits avec le système de congélation carbonique, et personne n'y avait jamais survécu. Lando se rappelait très bien les hurlements que les victimes avaient poussés, et imaginer Han subir cela était insupportable. Ce dernier pouvait mourir dans d'atroces souffrances lors de cette expérience, ou survivre - miraculeusement - mais avec des séquelles inconnues et probablement irréversibles. L'administrateur, défiguré par l'horreur de ses pensées, ne voulait pas permettre un tel évènement, mais il savait qu'il ne pouvait rien faire tant que le Seigneur Sith était sur son chemin. Prenant son courage à deux mains, il tenta de raisonner Vador et de protéger son ami.

"Cela pourrait le tuer ! Vous m'aviez promis que vous ne les tuerait pas ! Depuis que vous êtes arrivé dans ma ville, vous ne faites que modifier notre marché ! Je ne peux pas vo-"

Un bruit à peine audible se fit entendre, comme une bête invisible qui encerclait la gorge de Lando, si discrète qu'aucun des mercenaires ne l'entendirent. L'ancien contrebandier s'arrêta net de parler, la surprise et la peur se lisant sur son visage. Avec horreur, les deux chasseurs de primes observèrent Lando chercher son souffle, comme s'il ne pouvait plus respirer. Il hoquetait et amena sa main à son cou, comme pour saisir les mains invisibles qui l'étranglaient. Avec un grognement de douleur et de suffocation, l'administrateur tomba lourdement au sol, sentant son cœur s'affoler face au manque d'air. Il tentait vainement de respirer, combattant la compression qui serrait cruellement sa gorge. Les deux mercenaires présents ne le quittaient pas du regard, et Orn sentait la terreur s'emparer de son visage, comprenant malgré lui ce qu'il se passait sous ses yeux impuissants. Instinctivement, Lando regarda Vador, qui n'avait pas bougé. Ce dernier se tourna légèrement vers l'ancien contrebandier, laissant entrevoir une main levée serrant le vide. La respiration de Vador se fit menaçante, s'immisçant dans les moindres recoins du couloir tandis que Lando se battait pour amener de l'air à ses poumons. Continuant à empoigner le vide d'une main ferme, le Seigneur Sith brisa le silence terrifié qui s'était abattu sur l'allée.

"Votre petite résistance ne changera pas le destin de votre ami… vous feriez mieux de prier pour que je n'altère pas notre marché encore plus…," lâcha-t-il d'une voix cruelle et calme.

Il sembla hésiter, puis se décida finalement à laisser sa main tomber près de son côté, relâchant son emprise sur Lando en même temps qu'il faussa compagnie aux trois individus. L'ancien contrebandier inspira bruyamment et longuement, avant de tousser sèchement et violemment, récupérant l'oxygène qui lui manquait. Il restait par terre, les mains au sol, crachant et poussant un long soupir douloureux. Lando n'avait que trop bien réalisé ce qu'il venait de lui arriver, et savoir qu’il avait échappé de justesse à une mort lente et douloureuse était effrayant. La main toujours au cou, il se redressa et s’assit sur le sol, la respiration toujours haletante.

À ses côtés, Orn, jusqu’alors resté immobile, réussit à se reprendre, avec difficulté. Une peur lancinante et discrète pesait toujours sur son cœur, mais il se fit violence pour la dominer et se précipiter près de l’ancien contrebandier, mettant sa main derrière le dos de l’administrateur pour le soutenir.

"Lando, est-ce que ça va ?" demanda-t-il bêtement, ne sachant quoi dire.

Le concerné leva les yeux au ciel malgré son choc, arrachant un petit sourire au Twi’lek.

"À ton avis ?

— Désolé… est-ce que ça va aller ?" se corrigea le chasseur

"Oui… mais c'était… c'était quoi, au juste ? De la magie, comme celle des Sœurs de la Nuit ?"

Le Twi'lek secoua la tête, connaissant parfaitement la réponse. Malgré son manque d'expérience en la matière, il savait que, d'une certaine façon, les Jedi et les Sith étaient liés. Les deux groupes de guerriers utilisaient les mêmes armes et faisaient appel à la Force, bien que ce soit pour des raisons différentes. Même si Orn n'aimait pas l'admettre, sachant que sa sœur avait été douée des mêmes pouvoirs, il savait que Vador avait utilisé la Force, la pliant à sa volonté pour affirmer son autorité.

"Il t'a étranglé," répondit-il vaguement, d'un ton se voulant dédaigneux.

"J'avais remarqué ! Mais comment ? Je ne savais pas qu'il pouvait faire ça… ni même que c'était possible…

— Il a utilisé la Force," expliqua enfin Orn, la mâchoire serrée.

Lando fronça les sourcils. Pour lui, cette explication donnait plus de questions que de réponses, et une expression de méfiance se forma sur son visage.

"Comment sais-tu ça, au juste ?

— C'est simplement du bon sens," répondit le concerné, montrant qu'il ne voulait pas s'étendre sur le sujet.

L’administrateur comprit le ton du chasseur et décida de lâcher l’affaire, préférant se remettre de ses émotions plutôt que d’écoper d’un nouvel œil au beurre noir. D’un signe de tête, il indiqua à Orn qu’il voulait se relever. Avec l'aide de ce dernier, Lando se redressa sur ses jambes flageolantes, gardant une main sur l’épaule du Twi’lek pour maintenir son équilibre. Une fois certain qu’il pouvait tenir debout, l’ancien contrebandier s’écarta du chasseur sous son regard prudent. Il lâcha un soupir tremblotant, savourant l’air entrant dans ses poumons. Puis sa mine se renfrogna, se rappelant les derniers ordres du Seigneur Sith. Les cris de son vieil ami s’étaient arrêtés, ce qui signifiait que bientôt, le capitaine du Faucon Millénium allait devoir faire face à la chambre de congélation carbonique. Lando serra ses poings, détestant son impuissance et sa peur. Il se sentait lâche, inutile, incapable de protéger ceux qui comptaient pour lui. Le pire dans tout ça, pour l’ancien contrebandier, c’était que Solo et son équipage étaient persuadés qu’il les avait trahis et qu’il sortait gagnant de cette situation. Avec un relent de rage et de détresse, l’administrateur de la Cité des Nuages se tourna vers le Mandalorien d’un mouvement sec.

"Toi… Tu ne dis rien depuis le début, et la seule fois où tu parles, tu t’inquiètes pour ton argent !" s’exclama l’ancien contrebandier, s’avança vers le concerné.

Ce dernier ne bougea pas, mais Orn savait que, sous son casque vert, Fett faisait une moue blessée. Le Mandalorien réajusta simplement son arme avant de parler de sa voix rauque, le ton calme.

"J’essaie de le sauver, Calrissian. Il me l’a promis vivant… Ce n’est pas grand-chose, je sais, mais c’est tout ce que je peux faire.

— Mais si Han survit, tu le livreras à Han, n’est-ce pas ?" demanda rhétoriquement Lando, s'énervant davantage .

Le Mandalorien baissa la tête face à l’accusation légitime de Lando, tandis que Orn, qui était resté silencieux, s’approcha des deux hommes à pas de loup. Bien qu’il fût surpris que Fett veuille aider l’ancien contrebandier, il le croyait. Le chasseur avait passé suffisamment d’années aux côtés de son collègue pour savoir lorsque ce dernier mentait ou non, et, malgré l’embuscade, une part du Twi’lek avait toujours confiance en le Mandalorien. Orn détestait cette partie de lui qu’il n’arrivait pas à détruire, mais elle existait et l’influençait toujours, bien que son impact se soit diminué avec le temps. Alors, contre toute attente et se surprenant lui-même, le chasseur prit la défense de son collègue.

"Lando, ne crois pas que Vador laisserait Fett libérer Solo sans rien faire. Aussi improbable que cela puisse être, ton ami est un Rebelle. Fett ne peut pas faire n’importe quoi avec lui… et puis, il sera plus facile de sauver Solo d’une limace que d’un homme qui peut te tuer sans te toucher."

Les deux hommes se tournèrent vers lui, surpris par cette soudaine prise de paroles. Sous son casque, Fett esquissa un sourire tendre et reconnaissant, ne pensant pas que le Twi’lek prendrait sa défense après leur dernière mission ensemble. Il lui adressa un regard que le chasseur savait empreint de gratitude, mais ce dernier ne le regardait pas, décidé de ne pas lui faire une seconde faveur, les yeux rivés sur Lando. L’administrateur remua la tête, montrant qu’il comprenait, bien que son expression restât maussade et énervée. Il hocha la tête, voyant qu’il ne pouvait pas changer l’avis des deux chasseurs de primes.

"224 190 Crédits, c’est ça ? On ne peut pas dire que vous aurez beaucoup de remords... ," commenta-t-il avant de se diriger vers la porte de la salle de torture.

Le Mandalorien poussa un soupir mais ne dit rien, sachant que Lando avait raison. Tout comme son collègue, il voulait prendre un minimum de risques, et il avait besoin de cette prime. Si Fett laissait Solo partir libre, d’autres chasseurs se précipiteront à sa recherche, et si ce n’était pas lui qui amenait le contrebandier à Jabba, sa réputation en pâtirait, ce dont le Mandalorien ne pouvait se permettre. Contrairement à Orn, son renom dépendait uniquement des primes qu’il récoltait, et l’Empire ne collaborait avec lui que lorsque leurs intérêts convergeaient. D’un regard ennuyé, il observait Lando, qui attendait avec nervosité l’ouverture de la porte.

Soudain, cette dernière s’ouvrit, laissant paraître une chaise noire sur laquelle Solo était avachi, les yeux à moitié fermés. Un stormtrooper le souleva, lui arrachant un grognement faible. Avec énormément de difficulté, le contrebandier marcha, doucement, se dirigeant vers la sortie de ses jambes faibles qui ne cessaient de se dérober sous lui, toujours soutenu par le soldat impérial. À la vue de son vieil ami, Lando pâlit et déglutit avec difficulté, s’écartant pour laisser passer Solo et le stormtrooper, la culpabilité s’installant doucement sur son visage. Le contrebandier, en mauvais état, ne lui adressa pas un regard, trop occupé à retrouver toute sa conscience et à oublier la douleur. L’administrateur détourna finalement le regard, puis retrouva sa mine sombre. Il lâcha un soupir de dépit et de rage, avant d’observer son ami et le soldat disparaître dans un virage. Le visage fermé, il serra la mâchoire, puis réajusta sa cape.

"Je vous laisse. Je dois préparer les derniers instants de mon ami…," lâcha-t-il, se dirigeant vers la chambre de congélation carbonique d’un pas alourdi par les regrets.

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SinnaraAstaroth
Posté le 18/05/2024
Un chapitre sympathique où l'on constate une fois de plus que les personnages sont vraiment tiraillé entre leur instinct de survie et leurs principes moraux. J'ai hâte de les voir passer à l'action et de choisir enfin un camp une bonne fois pour toutes.

Boba Fett me laisse dubitative, j'ai pas trop envie de lui faire confiance, moi. x)

« Fett avait abandonné ses tentatives de dialogue avec le Twi’lek, acceptant finalement l'hostilité qui lui était destinée avec tristesse. » Non, mais c’est bon là, il n’a pas le droit de s’apitoyer sur son sort, lui ! (Sauf si j’ignore un truc qui pourrait justifier ses actes, mais là j’ai dû mal à voir ce qui pourrait l’excuser et il l'air de reconnaître son crime).

"et, malgré l’embuscade, une part du Twi’lek avait toujours confiance en le Mandalorien." : Non, je refuse ! Des mandales pour le Mandalorien et au bûcher !


Le petit bilan de relecture :

plus le Orn était tendu => le « le » est de trop

emmenez-le à chambre de congélation => à là / dans là

que vous ne les tuerait pas => que vous ne les tueriez pas

s’exclama l’ancien contrebandier, s’avança vers le concerné. => en s’avançant

— Mais si Han survit, tu le livreras à Han, n’est-ce pas ?" => à Hutt plutôt je suppose

d’autres chasseurs se précipiteront => se précipiteraient
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