Chapitre 12 : Une flamme éteinte ne se rallume pas

Par Malodcr
Notes de l’auteur : En pleine période de partiel, j'ai laissé l'écriture du côté. De ce fait, la sortie du chapitre 13 aura elle aussi du retard, j'en m'en excuse fortement.
Pour combler ce trou, je publierai un chapitre spécial qui parlera d'une partie de l'histoire d'Emy OU Léon, le chapitre sera court et n'aura pas d'impact sur le déroulement de l'histoire.

Sur ce, je vous souhaite une excellente lecture et n'hésitez pas à laisser un commentaire !

Quand les paupières d'Emy s'ouvrirent, elle n'avait pas immédiatement réalisé que Léon était si proche. Sa première vue matinale fut le visage de son ami, endormi, des mèches noires rabattu sur ses yeux clos. Elle pouvait paercevoir les tâches de rousseurs qui habillaient son visage; le tee-shirt blanc qui ne laissait apparaître que ses bras et sa nuque.
Elle se leva et ouvrit le rideau, les rayons du soleil pénètrèrent dans la pièce et Emy s'en délecta. Elle prit son petit-déjeuner seule, aujourd'hui elle se sentait bien, une certains crainte qu'elle puisse avoir un saut d'humeur violent mais elle préféra se concentrer sur son état actuel. Elle est épuisée, lutter contre-elle même lui prend du temps, de l'énergie et sa patience. Son instabilité lui vole sa vitalité et ses émotions. Fut un temps où elle cherchait le vrai du faux, maintenant elle tente juste de vivre. Elle notait aussi un décalage entre son état mental et physique mais qui se montrait légèrement positif. 
Observant le jeune homme dormir, elle se sentait redevable envers lui, une personne en Dépression n'aurai pas forcément conscience qu'on puisse ressentir ça et c'est ce qui la soulageait car elle pouvait encore avoir le droit de savoir ça.
Mais ce silence, dans lequel la matinée avait débuté, laissait aussi place à l'apparition de quelques doutes qui prenaient parfois le pas sur le minimum de positivité qu'elle tentait de conserver. 
Suis-je réellement légitime ?
N'ai-je pas tout inventé pour recevoir de l'attention ?
Si Léon part, qu'est-ce que je vais faire ?
Est-ce que je vais si mal ?

Cela ressemblait à une torture qu'elle s'infligeait et dès qu'elle tentait de se convaincre de sa maladie, elle avait la sensation de décridibiliser les personnes malades, tel un syndrome de l'imposteur.

Léon remua et se releva sur le coude, visiblement encore ensommeillé. 

— Le charmant prince a défait le sortilège du vilain ?

— J'ai lutté corps et âme, répondit-il dans un bâillement.

— Je constate, clôtura-t-elle un sourire espiègle sur le visage.

Il se leva et enfila son jogging noir.
Peu après, son bol chaud à la main, il s'installa en face d'Emy.

— Alors, comment tu vas, copine ?

— À fond la forme, copain.

Leurs cheveux en brousailles, leurs visages fatigués et des gestes lents, présages un samedi trente-et-un octobre peu productif, au soulagement de Léon qui avait un week-end complet.

— Les insomnies c'est pas ton truc, Léon.

— Pour autant, étant trop crevé pour rêver, j'ai jamais aussi bien dormi.

— Nickel, on se refait ça ce soir ?

— Non.

Ils rigolèrent dans un rire matinal rauque mais doux.

Les deux amis ne firent rien de la matinée, ils s'étaient contentés de regarder la série Hawaï 5-0 avec une attention particulière. Et leur déjeuner se déroula dans la même dynamique. Malgré tout, passer l'après-midi à fixer une télévision ne les enchantaient pas alors ils reprirent leur puzzle (qui prenait enfin forme), ils ressortirent leur jeu Dobble, ils réalisèrent un jeu de mimes et un temps lecture, plus discret.
Tandis qu'elle lisait "La vie invisible d'Addie Larue", elle s'autorisa un regard vers Léon, il était censé lire "Un assassin parmi nous" mais il était vraisenblablement endormi. Couché sur le flanc droit, sa main gauche lui servait de marque-page. Emy ne réfrena pas un sourire et reprit sa lecture. Elle souhaitait que toutes ses journées ressemblent à celle-ci, tout ce qu'elle voulait, c'était aller bien.
 

Les journées oscillèrent entre "avec" et "sans" et ils l'avaient totalement accepté et réapprirent à vivre ainsi. Bien sûr, Emy était celle qui subissait de plein fouet cette instabilité et Léon recevait le contre-coup mais sous certains points de vu, c'était moins douloureux que quelques mois auparavant. 
Parler de ce qui nous rend mal et l'acceptation, sont des éléments prouvant qu'il y a des progrès que que se battre peut en valoir la peine. Oui c'est peu, oui durant des jours elle était restée allongée, semblable à un cadavre. Mais cet ensemble de mini-empilements lui ont permis de tenir jusqu'en Novembre, dix mois de plus que le jour où Léon l'a ramassé, plus qu'un sursis, c'était une nouvelle vie. Et malgré cela, il lui arrivait parfois de regretter de ne pas avoir pu aller au bout de son geste.
Son effet papillon pour elle serait : et si Léon n'était pas parti de chez lui ?

Allongée sur le côté, face au mur, Emy n'avait à cet instant goût à rien, les pensées négatives empestaient son esprit, la faisaient douter davantage, la forçant à réaliser à quel point elle est misérable et méprisable. Elle observait son bras qui avait portait encore quelques marques de sa crise, elle ramena ses bras contre elle, tout en remontant ses jambes, à présent elle était une enfant apeurée  seulement protégée par sa couette. tentant de se protéger d'elle-même, de sa propre haine. Pourquoi lui était-il donc si difficile de vivre ? Comment peut-elle ressentir autant de haine contre elle-même ?
Elle ferma ses yeux, elle ne tentait pas de s'endormir, elle voulait juste sentir la chaleur de souvenirs agréables. Qu'avait-elle éprouvé en revoyant Athos ? Cécile ? Lord et Opié ? En riant avec Léon ? En embrassant Léon ?
Pourquoi tout ces souvenirs ne lui procurent aucune sensation, qu'elle quelle soit ? 

— S'il vous paît, juste une fois. 

Repliée, Emy attendait. Vide sans motivation et seule. Léon reviendrait bientôt mais sans lui, peur et fraglité prenait le dessus.
Elle commenca à se ronger les ongles de la main droite, sous anxiété elle devait s'occuper, mais cela ne changerait rien. Allongée et incapable de faire autre chose ? Qu'en sera-t-il du lendemain ? Bonne ou mauvaise journée ? Des sauts d'humeur ? Tou n'est qu'un jeu de hasard fatiguant, exténuant et inutile. 
Emy émit un petit cri de douleur lorsqu'elle arracha son ongle du pouce, il était à sang. Elle le regarda avec les larmes aux yeux, non pas de douleur. Comem si c'était l'élément de trop, elle remit sa main contre elle et décida de s'abandonner aux pensées malsaines qui l'habitaient, aujourd'hui encore elle leur cédait son âme.
Désarroi de l'âme, plaisir du commune.
 

Si Novembre avait commencé avec des journées plutôt lumineuses, à la quinzaine passée la pluie s'abattit pour ne laisser aucun répit. Emy avait lors profité de son humeur plutôt positive pour dessiner. Assise au bureau, face à la fenêtre, elle reproduit les gouttes d'eau qui glissent contre le carreau, au stylo bleu. Elles n'étaient pas parfaites mais plutôt, réalistes. Léon préparait à manger, ne voulant pas la déranger mais surtout peu sûr de l'état dans lequel elle était : encline à la discussion ou complètement hermétique, elle cela pouvait varier en une fraction de seconde, c'était ça le plus compliqué à gérer.

— Emy, tu veux manger ? tenta-t-il.

— Qu'as-tu préparé de bon ? la question était accompagnée d'un sourire qui apaisa Léon.

— Des radies, des lentilles, un steak hâché, du fromage et de la compote.

— Ca me convient, cuistot.

Elle rejoignit Léon  table, Hawaï 5-0 passait à la télévision mais aucun des deux n'y faisaient attention cette fois. Bien que Léon ait décidé de rester, il sentait une pression permanente qui les entourait. Quand il était avec elle, il était convaincu qu'elle pouvait aller de l'avant, mais lorsqu'il est absent, qu'advient-il ? Il l'avait remarqué, ses bras, ses ongles, ses yeux éteints et cette anxiété lisible en elle, mais dès qu'il pénétrait dans l'appartement, c'est comme si elle oubliait les pires parts d'elle-même pour ne garder que celles dont elle ne peut se débarasser, Emy se concentrait sur la présence de Léon même lorsuq'elle était au bout. Bien qu'elle soit une ombre, il était une raison de vivre. 
Emy mangea deux radies, une cuillère à soupe de lentilles, un quart de steak-hâché, une petite part de fromage et sa compote. Dans l'assiette cela paraissait léger mais dans son estomac cela pesait une tonne, elle avait de nouveau du mal à comprendre pourquoi elle devait manger et pourquoi elle se posait une question aussi bête. Elle fixait son verre d'eau sans vraiment être concentrée dessus. Léon comprit immédiatement que son humeur venait de changer. Sans un mot, Emy alla s'allonger et il était fort possible qu'elle ne se relève pas de la journée, qu'elle ne prenne pas de douche, à peine si elle irait au toilette.
Léon pensa a un autre élément pouvant jouer actuellement : les règles d'Emy, elle n'avait pas refait de crise douloureuse si bien qu'il ne savait pas quand cette période reviendrait ni à quel point cela pouvait affecter la jeune fille. Il avait cependan estimé que c'était sur la vingtaine de chaque mois et les paquets semblaient diminuer, il prit alors la décision d'aller lui en recheter, tandis qu'elle tentait de se reposer.

Dans les rues peu arpentées du village Normand, il respira, laissant le vent jouer avec ses cheveux. Quelle histoire vivait-il, quelle responsabilité reposait sur lui.
Léon pénétra dans le magasindans l'optique d'acheter en priorité les paquets à destination d'Emy et de prendre quelques courses en plus. Dans le rayon de l'article principal, il s'insulta de ne pas avoir pris la référence et tenta de se rappeler de la couleur.

— Violet et noir, pratique ! C'est pas comme si ils se ressemblaient tous ! pesta-t-il discrètement.

— Si tu veux mon avis, ce sont eux.

Une jeune femme de la trentaine, brune, lui tendait un paquet violet, souriante. Il le lui prit.

— Merci, comment vous ...

— Oh tu sais, les jeunes filles préfèrent souvent cette marque et puis vu les couleurs citées, cela y correspond.

— Merci beaucoup.

Il prit le deuxième paquet, noir, de la même marque.

— Elle a de la chance, les yeux de la femme furent prit d'un voile de tristesse qu'elle effaca aussitôt, oh pardon à moins que ce ne soit pour vous ? 

— Non, vous avez raison, c'est pour une amie.

— Eh bien, j'espère qu'elle vous gardera près d'elle.

— Comment ça ?

— On aimerait toutes avoir quelqu'un qui prenne soin de nous, peu importe à quel point on est blessé.

Léon eut la sensation d'être mis à nu, une nouvelle fois, mais par une inconnue.

— Vous savez, je pense qu'avant tout cela passe par l'écoute et la compréhension mutuelle. Pour se soigner, il faut d'abord dire où on a mal.

Ainsi s'acheva cette discussion, la femme lui adressa un sourirede remerciements avant de le saluer et Léon fit de même.
Sur le coup, leur échange parut  étrange, il avait en réalité fait du bien.

Léon prit le temps de faire un détour dans la ville, pour se vider la tête avant de retourner auprès d'Emy. Il arpenta une majorité de petites ruelles, de la plus sinistre à la plus agréable. Il finit par attérir au parc dans lequel ils s'étaient endormis l'un sur l'autre en avril, ce souvenir lui parut lointain. Tranquille et un brin apaisé, il emprunta les chemins gravillonés, prit les marches pour sortir du parcours et agrandit son détour. Il était curieux de découvrir cette ville sur laquelle il n'avait pas prit le temps de se renseigner.
Au gré de ses détours, il tomba hasardeusement au pied de la cathédrale, se tenant fièrement, défiant quiconque de l'approcher. Et pourtant en lisant son histoire, Léon fut touché de de découvrir qu'elle a été détruite trois fois. Et pourant toujours rebâtis et restaurée. Plus que jamais sa prestance portait celles de ces prédécesseures. Quelque peu envoûté par la bauté du monument, il s'installa sur l'un des bancs et la contempla, l'esprit divaguant, son sac de courses à la main. Une scène très douce dont il prit le temps d'en déguster les saveurs. Il sortit son téléphone portable et remarqua qu'il était sorti depuis un peu plus d'une heure. Léon s'octroya un passage à la boulangerie pour y prendre une baguette fraîche.

Sur le chemin pour se rendre au 3b, son pas ne fut pas plus rapide, cette sortie l'avait rassuré et permis de prendre du temps pour lui. 
Léon glissa dans le hall et grimpa les marches bruyantes aussi discrètement que possible. Il mit la clé dans la serrure et pénétra dans l'appartement. Emy était toujours allongée et n'avait pas bougé.

— Emy faut que je te raconte ! J'ai fait une rencontre au magasin c'était original ! 

Il posa la baguette et ferma la porte à clé. N'ayant pas de réponse, il estima que soit elle dormait soit elle ne voulait pas répondre, il n'insista pas.
Léon rangea les quelques courses et mit les paquets à leur place dans la salle de bain. 
De retour dans la pièce centrale, il eut un frisson et un sentiment de confusion. C'était trop calme. Son poul accéléra sensiblement.
Il fouilla la pièce des yeux, cherchant une explication et il s'arrêta sur la table de chevet. Prudemment, redoutant ce qu'il verrait, il s'en approcha.
L'air se coupa dans son élan et l'effroi pris possession, les yeux fixent qui refusaient de comprendre.

Les deux plaquettes d'ibuprofènes étaient vides, elle n'en avait prit qu'un, et maintenant c'était vide. Il y avait un flacon de somnifères qui lui était inconnu, vide. Un verre d'eau, vide.

En cet instant, il refusait d'accepter.

— Emy ? il tenta de la remuer, Emy c'est pas drôle. Emy ? Emy ! Merde !

Elle ne bougeait pas mais surtout, elle avait de la bave partout et quelques traces de vomi, frais, c'était récent.

— Non ! Non ! Non ! monta-t-il crescendo.

Ses yeux affolés passèrent des boîtes vides au visage paisiblement endormi d'Emy une quinzaine de fois, son coeur augmenta les pulsations, son souffle était bruyant et rapide. Il tremblait de toute part.

— Merde, merde, merde ! Qu'est...Qu'est ce que je fais, putain ?

Il ne comprenait pas la scène, ce n'était pas possible, ça n'avait pas pu arriver, pas maintenant. Il ne voyait que du flou, son sang froid l'avait quitté. 

— Alençon, hôpital, voilà.

Léon attrapa tout en tremblant, les clés de voiture, les clés d'apprtement et les boîtes de médicaments vides. Il était perdu, paniqué, affolé, son corps agissait pour lui.

Il laissa Emy enroulée dans le plaid et la porta. À partir de là tout était flou.
Comment il était sorti de l'immeuble ou comment il était arrivé à l'hôpital sans accident.
Il se souvient juste de la panique, des murmures, de ses supplications et du visage éteint qu'elle portait, son corps maniable comme un pantin.

Il ne savait même pas si Emy était encore en vie.

À suivre

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