Chapitre 13

-Vous aviez raison en tout cas, il s’agissait bien de la prochaine cible.

— Il faut avertir la police, et la sécurité de la tour ! Cet engin infernal a endommagé une des poutres. Je pense qu’ils voulaient la faire s’écrouler. Qui sait s’il n’y en a pas d’autre ailleurs.

— Si c’est le cas, nous n’aurons pas le temps de redescendre avant de les trouver, répliqua froidement Erik.

Le cœur de Thomassine se serra et ses jambes se remirent à trembler de plus belle.

Son ami continuait à examiner l’appareil comme si aucune épée de Damoclès ne pesait sur eux.

— Mais je ne pense pas. Le mécanisme est complexe et le cœur de la sirène s’y trouve. Ce n’est pas une copie. Je reconnais les marques que j’ai faites dessus en le construisant. S’ils voulaient en faire des copies, ils n’auraient jamais mis l’original ici.

La jeune femme soupira de soulagement. Érik se dirigea vers le premier individu qu’il avait lancé dans la pièce.

— Est-ce qu’il est… Murmura Thomassine.

— Oui, répondit froidement le fantôme.

— Vous l’avez…

— Oui.

Le sang de la jeune fille se glaça.

Le fantôme retourna l’homme et elle put observer la trace de corde sur sa gorge, pendant qu’Érik prit les outils qu’il avait à la ceinture. Quelques minutes plus tard, le mécanisme était extrait.

— Partons maintenant, dit-il en se retournant vers la jeune femme. Il fut surpris de ce qu’il vit. Elle pleurait. Des larmes coulaient le long de ses joues et il comprit qu’elle retenait ses sanglots pour ne pas attirer son attention. Il se sentit un peu penaud. Il avait l’habitude des choses sordides, des morts et de la violence, mais pas elle. En peu de temps, elle avait été agressée (dont par lui-même), menacée, ligotée, avait frôlé la mort et vu son premier cadavre. Cela faisait beaucoup pour un novice en la matière.

Il s’approcha d’elle et lui déposa sa cape sur les épaules pour la réconforter. Elle se colla contre lui et sanglota quelques instants entre ses bras.

— Je…. Je suis désolée Érik…. Je…. Balbutia-t-elle.

— Ce n’est rien. C’est tout à fait compréhensible.

Il s’écarta d’elle, mal à l’aise qu’elle se tienne contre lui ainsi, en lui laissant sa cape.

— Il faut prévenir la police, dit-elle entre deux reniflements. Le fantôme lui tendit un mouchoir, qu’elle utilisa pour sécher ses joues et se moucher.

Il se dirigea vers le cadavre et commença à le fouiller. Il dénicha dans une de ses poches, un bout de papier. Il l’examina avec attention avant de le tendre à la jeune femme.

Il s’agissait d’une revendication pour la destruction partielle de la tour.

« Chers citoyens de Paris,

Depuis trop longtemps, notre beau pays est ravagé par un mal qui se repend comme la peste : la culture. Oui, la culture qui pervertit l’homme en lui faisant créer des abominations, en apprenant à nos femmes à lire et à sortir de leurs foyers, à encourager nos enfants à se rebeller contre l’autorité de leurs pères.

L’Opéra, lieu de débauche pour catins acclamées par un public de voyeurs a été pulvérisé. Le Louvre, ce temple de l’exhibition de corps et de peinture abjecte a été le second. À présent, nous avons détruit, cette tour hideuse qui défigurait Paris et glorifiait l’orgueil de l’homme en s’érigeant vers Dieu. Lui seul est créateur !

Nous n’arrêterons pas là, tous musées, théâtre, expositions et exhibitions seront saccagées ou détruites.

Il est temps que l’homme revienne à sa tâche première : servir Dieu.

Les Apôtres du Sixième jour. »         

— Je crois que nous sommes est tombé sur une grosse bande de tarés… Conclut la jeune fille après sa lecture. Il faut qu’on prévienne les autorités.

Érik saisit le macchabée, le souleva et la balança dans le vide par une ouverture un peu au-dessus de la plate-forme sur laquelle ils se trouvaient.

— Érik !! hurla Thomassine.

— Maintenant la police est au courant. Viens, allons-nous-en.

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