Une semaine avait passé depuis notre sortie en ville et Bellenuit était en effervescence. Ce soir serait la première nuit des Sélénites et tout le monde s’affairait à décorer le manoir de blanc et d’argent.
Mme Corbyn avait terminé de préparer nos costumes pour la troisième nuit et venait de nous les livrer. Les jumelles avaient hurlé en découvrant leur tenue de lutin, sous les rires du reste de la famille et le sourire satisfait de Meryl. Père lui-même s’était amusé de leur réaction, félicitant ma sœur pour sa juste revanche.
Pour ma part, je fus éblouie en découvrant mon costume. Mme Corbyn s’était surpassée. Si le croquis de Meryl m’avait semblé de toute beauté, la robe que je tenais entre mes mains était mille fois plus belle encore ! Je les en remerciai tant que Mme Corbyn arbora les mêmes joues roses que ma sœur. La fierté faisait briller leurs prunelles alors qu’elles se souriaient avec complicité.
L’heure qui suivit ne fut ponctuée que de félicitations et d’exclamations ravies. Mais, lorsque Calista essaya son costume de Fée de l’Hiver et commença à défiler avec dans le salon bleu, je m’assombris.
Depuis cette fameuse nuit, je n’arrêtais pas de penser à ce que j’avais fait, à cette chose que j’avais engendrée et que j’avais failli déverser dans le rêve de ma sœur. Dès lors, je faisais mon possible pour éviter Calista comme Rhen, trop mal à l’aise pour ne serait-ce que croiser leur regard. La situation me rendait d’autant plus malade que Rhen semblait inquiet. Mais, à chaque fois qu’il essayait de me parler, je revoyais les images de ce rêve, je revoyais son regard énamouré, ses gestes si tendres… et j’en avais la nausée.
Alors je me défilais.
Et s’il n’y avait eu que ça… mais, depuis mon retour dans le monde physique et à chaque instant, il me semblait voir les ombres de Ciaran me poursuivre. Je ne comptais plus le nombre de papillons de nuit que j’avais pu croiser, même en plein jour et peu importe l’endroit. Je le savais m’observer, me suivre. Et j’attendais. J’attendais avec angoisse qu’il frappe, qu’il mette fin à ma vie, qu’il détruise mon corps, m’étouffe avec ses cauchemars.
Mais rien ne se passait. Le Dieu des Cauchemars restait en retrait et je ne savais plus quoi penser. Qu’attendait-il ? Que voulait-il ? À force de me poser des questions, j’avais la sensation de devenir folle…
Marietta, toujours aussi observatrice, avait remarqué mon trouble et tentait régulièrement de me faire parler. Mais j’étais bien en mal de lui avouer la vérité.
Cet après-midi-là, profitant du fait que tout le monde fût occupé, je me glissai hors du manoir et courus à la falaise descendre l’escalier de pierre jusqu’à la plage. Là, face à la mer qui s’étendait à perte de vue, je sentis mon cœur s’alléger un peu.
Cela faisait une semaine que la nausée ne semblait pas vouloir me quitter. Mon estomac ne cessait de se tordre dans tous les sens alors que, sur ma langue, je sentais encore le goût répugnant du cauchemar que j’avais fait naître. J’aurais voulu cracher, vomir, mais je savais que ça ne servirait à rien. J’avais déjà purgé le mauvais rêve de mon organisme, ce qu’il me restait n’était que des impressions et une culpabilité venimeuse qui me broyait les entrailles.
— J’ai failli détruire son rêve…
Je m’effondrai dans le sable. Le vent souffla sur mon visage, comme pour emporter mes larmes. Je ne savais même pas comment j’avais fait. D’où venait cette ombre que j’avais failli souffler ? Comment était-ce possible ? Comment avais-je pu faire une chose pareille ? Je n’étais qu’une passeuse de rêve, mon don se limitait à passer les portes d’Asling.
N’est-ce pas ?
Je ne savais plus quoi faire ni penser.
— J’ai failli créer un monstre…
En relevant les yeux sur l’horizon, je remarquai un souffle jaillir de l’eau. Je me redressai maladroitement et découvrant la silhouette d’une queue de baleine. En la voyant replonger sous la surface, je sentis les larmes me monter.
— Rihite…
J’avançai d’un pas dans l’eau.
— Vous ne comptez pas plonger à nouveau, rassurez-moi ?
Je sursautai.
En me retournant, je vis Rhen quelques mètres plus loin aux pieds des marches de pierre.
— Je…
Je regardai mes pieds encore chaussés et couverts d’une écume pétillante comme si je les voyais pour la première fois. Puis je relevai les yeux sur l’horizon. La baleine avait déjà disparu dans les vagues. Je m’en sentis étrangement triste.
— Il y avait une baleine, dis-je comme si ça expliquait tout.
Le vent parut emporter mes mots. Derrière moi, je sentis Rhen approcher.
— J’ai cru… j’ai cru qu’il s’agissait d’un signe.
— Un signe ? De Typhon ?
J’eus un sourire amer et secouai la tête. Une larme coula le long de ma joue. J’étais si fatiguée…
— De mon frère.
Je n’eus pas besoin d’en dire plus, je savais que Rhen avait compris. Quand il me prit la main, je me retournai, surprise. Un peu méfiante aussi. Dans son regard pourtant, je ne lus qu’une appréhension sincère.
— Vous êtes sûre que tout va bien ? Vous semblez… perdue.
J’ouvris la bouche pour lui répondre mais ne trouvai rien à dire. Les mots m’abandonnèrent, comme trop souvent face à lui. Je me retournai vers l’océan, me demandant ce que je devais faire. Comme pour me répondre, le ciel se couvrit d’épais nuages et la pluie s’abattit sur nous.
Rhen me tira pour me mettre à l’abri, mais, alors qu’il se dirigeait vers le grand escalier de pierre, je déviai notre course.
— Où allez-vous ? me cria Rhen derrière moi.
— L’escalier est trop glissant par temps de pluie, répondis-je sans me retourner. Je connais un abri, venez !
Nous passâmes devant l’escalier sans nous arrêter et nous dirigeâmes vers la falaise. Là, je me faufilai à travers une ouverture étroite dans la roche et entraînai Rhen à ma suite.
De l’autre côté, nous nous retrouvâmes dans une grotte aménagée. Des fauteuils, des coussins et d’autres meubles y avaient été placés, recouverts de coquillages de toutes les tailles et de toute les formes. Une fine couche de poussière recouvrait le tout dans une pénombre étouffante.
Tenant toujours la main de Rhen dans la mienne, je me dirigeai à tâtons. Un éclair jaillit, illuminant pendant un instant la grotte. Puis le tonnerre gronda. Je mis enfin la main sur la lampe à gaz que je cherchais et l’allumai, déversant une lumière chaleureuse dont l’éclat se répercuta sur les murs de pierre brute comme un écho.
Rhen regarda partout autour de lui, ébahi, alors que je reposai la lampe sur une commode poussiéreuse. Dehors, la pluie tombait drue. Je me mis à fouiller dans les tiroirs.
— Où sommes-nous ? demanda-t-il enfin.
— Dans l’endroit préféré de mon frère, dis-je en revenant vers lui avec une serviette. Il y a des années que je n’y étais plus retournée, avouais-je tristement. Tenez.
Rhen la regarda longuement avant de me prendre le linge poussiéreux des mains et de m’envelopper dedans.
— Pourquoi faut-il toujours que nous finissions trempés lorsque je vous suis ?
J’eus un sourire amusé en serrant la serviette autour de mes épaules.
— Peut-être devriez-vous arrêter de me suivre, dans ce cas.
— Impossible, vous semblez bien trop douée pour vous attirer des ennuis.
Je serrai les dents à ces mots. Douée pour m’attirer des ennuis. Il n’aurait pas pu mieux dire. Et ça faisait d’autant plus mal. Je me renfrognai et me détournai, cherchant une nouvelle serviette pour lui.
— Plus sérieusement, dit-il en acceptant le linge que je lui tendais, que vous arrive-t-il ?
— Je…
— Et ne me dites pas que tout va bien, me coupa-t-il sèchement, parce que je vois bien que ce n’est pas le cas. Votre sœur s’inquiète. En fait, j’irai même jusqu’à dire que tout le manoir s’inquiète.
Je pinçai les lèvres, détournant les yeux pour regarder le décor qui m’entourait. Il y avait tant de souvenirs ici. J’effleurai une couverture en patchwork sur un fauteuil, un sourire rêveur aux lèvres. Je me souvenais encore du jour où nous l’avions fabriquée. Rihite n’arrêtait pas de se piquer les doigts avec son aiguille et mère ne cessait de le reprendre lorsqu’il jurait. Combien d’heures avais-je passé ici à trier les coquillages que Rihite me ramenait de ses plongées ? Nous avions passé tellement de temps ici…
— Rihite a trouvé cette grotte quand il avait l’âge de Liam, il me semble, racontai-je.
Rhen s’apprêtait à m’interrompre quand je repris la parole.
— Il n’était pas à l’aise au manoir à cause de son pouvoir. Il était trop puissant, trop voyant. Comment faire autrement quand vous entendez les tempêtes arriver des jours à l’avance ? quand leurs cris résonnent en vous comme un écho jusqu’à ce que vous criiez avec elles ?
Rhen écoutait attentivement, silencieux. Je regardai le mobilier décrépi autour de nous.
— Au-delà même de son lien avec Typhon, Rihite adorait la mer. Quand il a découvert cette grotte, il en a fait son abri, son refuge quand il se sentait oppressé par les attentes qu’on lui portait.
L’orage gronda plus fort. J’avais presque l’impression d’entendre Rihite me répondre.
— Quand j’ai eu six ans, repris-je avec nostalgie, il m’a montré cet endroit, sa si précieuse cachette. Il disait que j’y serais toujours la bienvenue. Il disait que, dès que je me sentirais mal, je n’aurais qu’à venir là et qu’il saurait où me trouver.
Je repris la lanterne et la levai plus haut, exposant un immense portrait peint à même la pierre derrière nous. Rhen écarquilla les yeux en le découvrant. Pour ma part, je m’assombris un peu plus, des souvenirs plein la tête.
Le dessin, bien qu’en partie effacé par le temps et l’humidité, était encore visible. On y voyait un garçon aux yeux bleus levant une main au milieu de la tempête, commandant aux océans. Dans son autre main, il tenait celle d’une petite fille aux yeux violets. Entre ses doigts, elle tenait une vieille clé ouvragée tandis qu’une porte joliment dépeinte se dressait à son côté. Et, de l’autre côté, un fouillis de dessins tantôt représentant des fées, des sirènes, une forêt, des maisons en pain d’épice et tout plein d’autres merveilles.
Rhen observa longuement la peinture. Quand il se tourna enfin vers moi, je le fixai dans les yeux. L’angoisse me serrait la gorge à l’idée de tout lui révéler. À mon cou, une clé similaire à celle de la peinture pendait. Une clé d’Asling.
— Pouvez-vous garder un secret ?
Un éclair jaillit de nouveau et l’orage tonna. Dans le regard de Rhen, je voyais qu’il avait déjà compris. Mais il me répondit quand même, d’une voix si basse que je manquai de ne pas en entendre le murmure.
— Oui.
J’inspirai profondément, puis lâchai mon plus grand secret, plus si certaine de faire le bon choix que lors du début de mon histoire.
— Je suis une passeuse de rêve.
Rhen me regardait avec des yeux immenses. J’y voyais briller une admiration et une surprise manifeste. S’il avait eu des doutes quant à ce que je m’apprêtais à lui dire, ceux-ci furent balayés pour de bon. Mon estomac était noué. J’avais peur de sa réaction, j’avais peur de son regard. Mais, une fois lancée, je fus incapable de m’arrêter de parler.
— Vous l’avez sûrement compris à mes yeux violets, dis-je d’une voix tremblante après un silence. Je suis née sous une pleine lune, sous l’égide d’Asling, le Dieu des Rêves.
En me tournant vers la fresque, mon regard se fit soudain plus triste.
— Si on en croit les prêtres du Temple, ça veut dire que je suis une rêveuse à l’esprit vagabond. Ça veut aussi dire que je suis prédestinée à rencontrer un jour Asling en rêve, que nous sommes liés, que, par le destin et les étoiles, je suis une de ses filleules.
Un silence.
Je repensai à tous mes rêves, à Ciaran que j’étais certaine d’avoir éveillé, à son ombre qui me suivait… Je me tournai vers Rhen.
— Donc, résuma-t-il lentement, votre pouvoir s’est manifesté lors de votre sixième année.
Je hochai la tête.
— Qui d’autre est au courant ?
Je déglutis.
— Rihite a été le premier à le savoir, expliquai-je lugubrement. Il l’a tout de suite senti et m’a appris à maîtriser mon don. C’est lui qui m’a conseillé de ne le dire à personne.
— Mais Liam est au courant.
J’opinai de nouveau.
— J’en ai d’abord parlé à Marietta, un peu après la mort de Rihite. C’est là qu’elle a commencé à s’inquiéter pour moi.
— Elle a peur que l’histoire ne se reproduise, comprit Rhen en fronçant les sourcils.
Nouveau hochement de tête.
— Elle m’a conseillé de garder le secret, et je l’ai fait. Mais Liam faisait tellement de cauchemars quand il était petit… dis-je en fermant douloureusement les yeux, comme pour chasser ces effroyables souvenirs. Je passais mes nuits à les combattre, j’étais épuisée. Alors je le lui ai dit. Les cauchemars se sont raréfiés et ses nuits se sont apaisées. Savoir que j’étais à ses côtés le rassurait.
— Et vos autres sœurs ? Vos parents ?
— Personne d’autre n’est au courant.
— Pas même votre tante ? fit-il sincèrement étonné.
Je secouai la tête.
— Comment pourrais-je lui dire ça alors qu’elle a tant de choses à faire ? Marietta se fait suffisamment de souci pour moi, je ne veux pas inquiéter quiconque d’autre.
Rhen me considéra tristement, comme voyant le poids de mon secret peser sur mes épaules. L’empathie dans son regard me serrait la gorge. J’avais envie de pleurer.
— Pourquoi me révéler tout ça ? demanda-t-il finalement, presque peiné par sa propre question. Pourquoi maintenant ?
Je serrai le linge plus fort autour de moi, passant d’un pied sur l’autre.
— Honnêtement ? Je n’en sais rien. Je suis complètement perdue, et fatiguée, et…
Un silence.
— … terrifiée.
Rhen tiqua.
— Terrifiée ? Comment ça ?
Face à mon expression, Rhen se décomposa, réalisant brusquement ce que je cherchais à lui dire.
— L’histoire se répète, c’est ça ?
Je me tournai vers lui, les lèvres tremblantes. Les sanglots me brûlaient la gorge à force de les retenir alors que les larmes débordaient à mes yeux.
— J’ai fait une bêtise, dis-je d’une voix étranglée en tripotant la clé d’Asling. J’ai fait une grosse bêtise…
À bout, je m’effondrai. Rhen se précipita vers moi pour me prendre dans ses bras. Et je pleurai, je pleurai si fort que j’eus l’impression de me noyer dans mes propres larmes. Rhen me serra plus fort contre lui, me cajolant, me berçant. Je m’accrochai à lui comme à une bouée. Je me sentais si seule, tellement écrasée par ce fardeau que je trainais douloureusement depuis la mort de Rihite. Il me fallait en parler, le partager.
Alors, je parlai. Je déversai toutes mes peurs, mon chagrin, mes angoisses et mes cauchemars en un flot de paroles et de larmes ininterrompues. Je lui racontai tout. Les cauchemars que je dévorais, le bal où j’avais rencontré Ciaran, ses murmures et son ombre qui me hantaient dès lors, ma peur permanente de le recroiser, mon incapacité à arrêter de voyager dans les rêves et finalement le rêve de Calista, celui où j’avais créé un cauchemar, comme j’avais failli le relâcher dans son rêve par jalousie mesquine, son goût dans ma bouche…
Rhen m’écouta patiemment, caressant mes cheveux, me berçant avec douceur. Au bout d’un moment, je m’écartai. Rhen pencha la tête, cueillant une larme au coin de mes cils.
— Vous n’êtes pas un monstre, Adaline, souffla-t-il doucement.
Je relevai des yeux bouffis sur lui. Il repoussa une mèche humide derrière mon oreille.
— Vous avez hérité ce don d’Asling, mais Ciaran n’est pas le seul à tisser des cauchemars.
Je clignai des paupières, confuse.
— Quoi ?
— Asling n’offre pas uniquement de beaux rêves, m’expliqua-t-il. Mais il y a tout de même une différence. Asling tisse des cauchemars pour transmettre des messages aux rêveurs alors que Ciaran se délecte de la peur qu’il engendre. Là où c’est un moyen de communiquer pour le Dieu des Rêves, pour son frère, ce n’est qu’un jeu.
Je méditai ses paroles de longues secondes. Je n’y avais jamais pensé et cette réflexion si pragmatique me rassura.
Je soupirai, épuisée, et posai le front sur la poitrine de Rhen.
— Je ne sais plus quoi faire… avouai-je d’une petite voix. Je suis complètement perdue…
Rhen hésita un instant avant de me serrer dans ses bras. Contre lui, je sentis le chagrin et la peur me quitter lentement. Sa chaleur était agréable, apaisante. Je m’y sentais si bien… j’aurais voulu rester ainsi pour toujours.
— Vous n’êtes pas seule, murmura Rhen à mon oreille.
Je frissonnai en l’entendant. Puis ses mots se frayèrent un chemin jusqu’à mon esprit et les larmes me remontèrent aux yeux. Je l’entourai à mon tour de mes bras, le serrant contre moi, soulagée de ne plus porter ce fardeau toute seule, heureuse d’avoir enfin pu le partager avec quelqu’un.
— Tout ira bien. Nous trouverons un moyen d’empêcher l’histoire de se reproduire.
J’ouvris subitement les yeux et m’écartai pour le regarder bien en face.
— Vous…
Les mots s’emmêlaient sur ma langue.
— Vous allez m’aider ? Mais… nous parlons du Dieu des Cauchemars ! Comment pourrais-je l’affronter ? Comment pourriez-vous l’affronter, vous ?
Un sourire étira ses lèvres, le premier depuis notre arrivée dans la grotte.
— Disons que vous n’êtes pas la seule à garder des secrets.
— Quoi ?
J’étais complètement perdue.
Rhen se détourna, sa main serrant toujours la mienne. Elle était chaude et douce. Je n’avais pas envie de la lâcher.
— La pluie s’est calmée, annonça-t-il soudain en se tournant vers moi. Nous devrions en profiter. Venez.
Je lui souris faiblement et le suivis.
De retour au manoir, nous évitâmes soigneusement de croiser les autres membres de la famille. Devant la porte de ma chambre, Rhen s’arrêta et m’embrassa sur la tempe.
— Nous nous reverrons tout à l’heure, sourit-il. Et ne vous inquiétez pas, tout ira bien.
Il me lâcha et s’écarta avant de disparaître dans les escaliers. Je restai plantée là un moment, interdite. Avant de réaliser.
Mes joues devinrent brûlantes et je plaquai mes mains gelées dessus.
Bien évidemment, ce fut cet instant que choisit Marietta pour apparaître à l’angle.
— Adaline ? Mais qu’est-ce que tu fais encore là ? Va vite te changer, on va bientôt y aller. Bon sang, mais où as-tu encore traîné ? Tu es trempée… Viens, dit-elle sans même me laisser le temps de répondre, il te faut prendre un bain.
Et elle m’emporta dans la salle d’eau sans un regard en arrière. De mon côté, j’avais l’impression de flotter.
J'ai trouvé que le passage où Adaline racontait l'histoire de la cabane et lessouvenirs avec son frère avait un réel pouvoir émotionnel, en tout cas ça m'a parlé.
Je 'mattendais pas à voir apparaître une baleine ! C'est assez cool. Mais j'ai pas trop compris le signe qu'Adaline y lisait. Ok elle y voit un signe de son frère, mais un signe qui lui dit quoi ?
Plein de bissous !
Sacrée décision de la part d'Adaline ! Et pourtant, je trouve, là encore, que ça fait naturel. Encore une fois, l'alchimie entre ces deux personnages est très bien établie pour moi, et tout le chapitre prépare très bien Adaline a enfin demander de l'aide. Je peux aussi comprendre pourquoi elle préfère parler à un "intrus" du manoir plutôt que sa famille : tant qu'à inquiéter quelqu'un, autant que ça ne soit pas un de ses proches. Du coup, la fin du chapitre est superbe, j'ai hâte de lire la suite.
Défaut au début du texte néanmoins, et qui se rapporte à un procédé/technique/style d'écriture que je trouve particulièrement difficile à maitriser : le "résumé de la situation".
En quelques paragraphes, tu résumes assez vite ce qu'il s'est passé après le rêve d'Adaline, comment elle se comporte en présence de Callista et Rhen, comment Ciaran la hante, comment ses soeurs s'inquiètent de plus en plus... C'est hyper dur de bien déterminer qu'est-ce qui mérite d'être directement raconté et ce qui ne nécessite une narration plus accélérée comme tu l'as fait ici. Tout ça pour dire que je galère moi-même énormément à ce niveau-là, et peut-être d'autres ne seront pas d'accord avec eux mais :
- que tu résumes l'inquiétude grandissante des soeurs, pas de problèmes. Je ne vois pas comment cela aurait pu donner des scènes très intéressantes, et juste encapsuler ça dans un paragraphe, c'est justifié.
- pareil pour les préparations de la fête. Pas besoin de plusieurs scènes montrant tout le manoir s'affairer à diverses tâches...
- je peux comprendre que tu résumes aussi le fait qu'Adaline ait du mal en face de Rhen et Callista. Cela aurait pu donner une scène intéressante, mais de cette façon tu montres que le temps est passé et que malgré ça Adaline n'est toujours pas à l'aise. Ça justifie aussi l'inquiétude très grande de Rhen : il voit pendant au minimum toute une journée (donc ça a pu durer plusieurs jours) le comportement d'Adaline, et ça justifie le fait qu'il insiste avec elle et refuse un "tout va bien" de sa part (au risque de se montrer un peu brusque).
- TOUT CA POUR DIRE que j'en viens au vrai défaut du chap selon moi, THE détail qui n'aurait pas dû passer par la "narration-résumée-accélérée" au début. Je parle des papillons de nuit.
Là, je trouve que tu aurais dû montrer la scène où Adaline se rend compte des papillons de nuits qui lui tournent autour. C'est vraiment une information, de 1) très importante, car ça montre que Ciaran est carrément présent dans la réalité, et de 2) glaçante, donc pour que le suspens fonctionne selon moi ça nécessite une narration plus directe/posée.
Limite, ça aurait pu être un des sujets de tout un chapitre : Adaline essaie de ne plus jouer à la passeuse de rêve par peur, veut reprendre une vie normale, puis remarque un papillon de nuit en plein jour qui semble la suivre partout (peut-être même que Liam, tout innocent, est émerveillé par ça), elle s'interroge, et quand les papillons se multiplient elle fait quelques recherches (peut-être pose-t-elle des questions à Meryl), découvre le lien avec Ciaran et se rend compte avec horreur qu'elle est sans cesse sous surveillance. C'est vraiment mon amour de l'horreur/thriller qui parle ici, hein, et c'est pour ça que je suis particulièrement frustré qu'un point d'intrigue aussi stylé passe à la trappe/en accéléré au début du chapitre. Parce que là, je n'ai pas vraiment ressenti la tension d'Adaline, l'horreur des papillons de nuits.
Curieux de voir les réactions d'autres gens à ce sujet.
(Encore une fois, le chapitre reste très bon, j'ai juste pris du temps pour m'expliquer parce que c'est vraiment un truc complexe)
Voili voilou
A bientôt ! ^^
Ou alors les papillons font leur nid juste à côté du tableau de Rihite !
Je crois que je vais vraiment faire comme ça ! L'idée est beaucoup trop cool pour que je la laisse comme ça, encore merci ! x)