Chapitre 13

Notes de l’auteur : Retrouvez-moi sur instagram : raphaelle_eviana_auteure, je fais aussi du manga et de la BD !

Richy se rendit à l’adresse qu’il avait trouvée sur internet, grâce au logo découpé. La clinique était un ancien bâtiment de briques, des particules de suie noircissant son rouge. Un grand hôpital moderne était établi tout près, mais la clinique en question était privée, comme cachée. Le jeune homme traversa la cour, dont la majeure partie avait été aménagée en parking. Une herbe grasse auréolait le bitume. Richy monta les cinq marches du perron blanc. Son cœur s’accélérait à chacune d’elles. Comment se présenter ? Comment agir face à Elisabeth Brown ? Durant les deux mois et demi où il avait préparé son excursion, il s’était déjà posé ces questions mille fois. Mais là, tout devenait réel, presque trop cru. Après avoir poussé la lourde porte de chêne, il se retrouvait dans une salle d’attente. Il n’y avait personne à l’accueil. Il se sentait soulagé de voir repoussé le moment d'affronter le personnel, lorsqu’une infirmière arriva, un calepin dans la main :

— Bonjour monsieur, vous avez rendez-vous ?

— Bonjour… euh, pas vraiment

—  Nous ne prenons personne sans-rendez-vous.

L'infirmière à l'accent trainant ouvrit la porte d'entrée pour inviter Richy à sortir.          

— C’est  important ! Je dois parler à Elisabeth Brown !

La jeune-femme sursauta :

— Impossible, je vous dit. Revenez un autre jour après avoir pris rendez-vous par Internet.

— J'ai essayé, mais il n'y avait aucun créneau pour docteure Brown...

— Réassayez plus tard.

La Suissesse fit volte-face, et, sans se retourner, elle secoua son cahier pour esquisser un signe d’adieu qui se voulait décourageant. Richy resta béat. Ses jambes arquées et son dos rond lui donnaient l’air encore plus bête. Il se resaisit : il s’était pourtant promis d’insister. La pensée des longs mois qu’il avait passé à économiser et la rage à laquelle il s’exposait en fuguant de chez sa mère le hantait. Il haïssait sa timidité qui cachait toujours sa réelle détermination. Il imagina sa mère lui disant :

— Riccardo obtenait toujours ce qu’il voulait avec tact et sympathie. Essaye de faire comme lui.

Il secoua la tête. Non, ce n’était pas le moment d’avoir ce genre de pensées négatives. Richy sortit dans le parking et considéra la bâtisse. Tant pis, il attendrait que les médecins sortent par la porte de service pour rentrer chez eux. Il se mit à espérer durant de longues heures. Toutes les 20 minutes, il se levait, et marchait en rond autour des berlines rutilantes. Plus, il attendait, plus l’angoisse montait. Richy aurait tout donné pour se trouver autre part. « C’est un mauvais moment à passer ». Soudain, la porte latérale du bâtiment s’entrouvrit. Un homme au teint grisâtre et aux sourcils broussailleux l’interpela. Il était imposant et mesurait bien le mètre 90. Sa barbe grisâtre et fournie renforçait sa stature animale.

— Tu me donnes le tournis à force de marcher dans le jardin, qu'est-ce que tu veux ? grogna-t-il.

Richy aperçut, derrière l’homme, de nombreux dossiers posés sur des étagères et des tables. Le vieil ours devait être assigné aux archives.

— Pardon pour le dérangement. Je… euh… cherche le docteur Elisabeth Brown...

— Miss Brown est partie le mois dernier. Oust, maintenant !       

Comment ? Quelle malchance ! L’homme commença à renfermer la porte de sa grosse main.

— Attendez ! cria Richy, un peu trop fort, ce qui le fit rougir lorsqu’il s’en rendit compte :

— Monsieur Pamuk est-il ici ?

Le vieux entre-bailla la porte de nouveau. Il leva un sourcil :

— Ajal Pamuk ? Le charlatan Indien ?

— Heu… Je ne sais pas s’il s’agit de ce monsieur. Celui que je connais est chirurgien, répondit Richy, perplexe.

L’ours partit dans un fou rire gras.

— Chirurgien ? Non, il ne l’est pas. Il est censé être psychiatre... Enfin, ses patients sont plutôt des clients. C’est pas ça, pour moi, un vrai scientifique.Il vend ses médicaments comme un commercial.

— C’est-à-dire ? l’encouragea le jeune homme.

— Il est connu dans la profession pour être très intéressé par l’argent, si tu vois ce que je veux dire. Il fricote avec les lobbys, mais il est inconnu du grand public : une couverture en or pour jouer l’entourloupe, s’esclaffa le barbu, devenu plus loquace.

— Il m’a pourtant opéré ! insista l’étudiant.

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