Chapitre 13 🧹

Notes de l’auteur : Suite du chapitre 11. Le mercredi suivant, une semaine après les événements.

Pdv de Lyna

Il pleuvait à verse depuis hier matin. Neufs jours se sont passés depuis ma conversation avec Dumbledore.

Grâce à sa bienveillance et son écoute, il a renvoyé, malgré le désaccord de ses parents, Julian, pendant deux semaines en signe de punition. Entre nous, j'aurai préféré jusqu'à la fin de l'année. Mais pour quelque temps, j'allais faire autre chose que penser à la prochaine attaque de Julian. Quand je réfléchissais à l'histoire dans les toilettes, j'étais très mal à l'aise. Je m'en étais peu remise. Je suis allée à l'infirmerie pour vérifier si je n'avais rien de grave. J'en suis ressortie à peine dix minutes plus tard.

Depuis une semaine, je ressentais de la paix, de la joie, de la bonne humeur. Pourtant, j'étais inquiète du retour du diable en personne. Je trouvais ça "dingue". Chaque fois que je prononçais quoique ce soit de positif, je ressentais du négatif. À force d'avoir été sur le qui-vive pendant des années, j'ai fini par adopter ce comportement que je trouve, par ailleurs, néfaste. Il était vrai que depuis le milieu de la troisième année, je ne transpirais pas le bonheur à Poudlard.
Certaines petites choses faisaient que, mais la plupart du temps, c'était limite si je ne pouvais pas respirer à cause de Julian. Oui, respirer.
Des détails comme le fait d'aller vomir aux toilettes par stress me hantaient encore aujourd'hui, et d'autres me faisaient sourire, par exemple, le jour où j'ai obtenu la meilleure note de la classe en sortilèges avec le Professeur Flitwick ou quand j'avais reçu ma première lettre pour Poudlard.

Il fallait extérioriser tout ce que j'avais sur le cœur, les évènements qui s'étaient déroulés depuis un mois, en clair : ce que je n'ai pas encore dit à ma mère.

Toutes les semaines, je prétendais aller bien, mais il n'en était rien. Pour moi, le pire mensonge était de se mentir à soi-même, mais également aux autres. À cause de ça, j'avais l'impression d'être déloyale envers moi et ma parole. Tout était contraire à ce que je voulais faire ou montrer. Je devais y remédier.

- Coucou ! chuchota une voix à côté de moi.

- Salut ! répondis-je, amicalement.

Mary s'assit à côté de moi, mais je la regardais à peine. J'étais concentrée sur ma lettre.

- Tu fais quoi ? Tu écris ? À qui ? sourit-elle.

- Euh, à ma mère.

Elle fronça les sourcils, me faisant comprendre son manque de clairvoyance.

- Tu ne l'as pas fait la semaine dernière ? demanda-t-elle.

- S-si, si mais... je crois que je dois lui dire ce qu'il s'est passé. Tu sais, l'autre jour avec Julian...

Elle fut visiblement stupéfaite par ce que je venais de lui dire qu'elle s'exclama aussitôt.

- Hein ?

Sa bouche s'ouvrit en un petit "o" qui me montrait son ébahissement, puis elle secoua la tête, ses yeux me fixant sans ciller une seule fois.

- Je ne te comprends pas, c'était la première chose à faire, et tu as attendu une semaine avant de te décider.

- Je sais, j'aurais dû le dire à mes parents...

Elle posa une main rassurante sur mon épaule. Cela me faisait du bien de savoir que je pouvais compter sur quelqu'un durant ces moments difficiles psychologiquement. Depuis ces trois derniers jours, elle a été présente pour moi et notre amitié ne faisait que se renforcer.

Je n'avais pas besoin m'interroger sur sa sincérité qui est un trait de caractère propre à Poufsouffle, sa Maison, tout comme la patience et la gentillesse. Je n'avais aucune inquiétude à avoir de ce point de vue là. Tu t'es pourtant fait avoir avec l'autre folle, s'exprima ma conscience. Mais cette fois, c'était différent. Je ne saurais comment l'expliquer.

- Ce n'est pas grave. Tu avais peut-être besoin de temps pour toi et de faire le ménage dans ta tête avant de leur dire.

Tout comme Dumbledore, Mary avait ce don presque télépathique de deviner les pensées des personnes autour d'elle. Sa clairvoyance m'a toujours impressionnée.

Voyant que je ne répondais pas, elle prit un livre de son sac à dos et s'assit à côté de moi.

- Bon, même si les duels de lundi ont été annulés, ça ne veut pas dire qu'il faut se laisser aller !

Le travail acharné était une caractéristique de Poufsouffle tout comme la réflexion est propre à Serdaigle.

Je devrais peut-être méditer là-dessus, pensai-je.

Je me concentrais de nouveau sur ma lettre quand Mary s'exprima soudainement au bout de quelques minutes :

- Tu me diras si tu as besoin d'aide, hm ?

- Oui, bien sûr, répondis-je machinalement.

Au bout d'une heure d'écriture, je finis ma lettre et la déposais délicatement dans une enveloppe. Je tenais à avouer à mes parents tous les évènements qui se sont déroulés depuis le début de l'année. À ce moment-là, mon hibou Nock pointa le bout de son nez. Son petit cri habituel comme pour me dire bonjour, quand il se posa majestueusement sur la table, me fit sourire. C'était sa façon de me montrer son affection.

Nock est un hibou que j'ai recueilli peu de temps avant de rentrer à Poudlard. Mon père l'avait retrouvé dans la rue, blessé. Nous en avons pris soin jusqu'à ce qu'il puisse voler à nouveau. Au fil du temps, nous avons créé un lien très proche que je n'aurai jamais pensé avoir avec un animal, encore moins un hibou. Son nom est un jeu de mots avec "toc, toc" quand on frappe à une porte.

Tout en caressant son plumage gris, je lui tendis la lettre qu'il prit dans son bec crochu.

- Donne ça à ma mère, d'accord ?

Le mouvement gracieux de ses ailes lui donna suffisamment de force pour décoller de la table, puis il partit pour plusieurs heures de voyage jusqu'à Londres.

Le soir, il m'était impossible de dormir.
Le sommeil avait comme qui dirait décidé de prendre congé. D'où l'expression, j'ai essayé de compter les moutons. C'était insuffisant. Je me suis grattée les yeux en me disant que je dormirais. Échec. À force de me retourner dans mon lit, je décidais de descendre en prenant un livre avec moi. Peut-être que la lecture m'aidera.

Je scrutais chacune de mes cinq colocataires qui, chanceuses, ont su rejoindre Morphée paisiblement. Même Julie paraissait loin.

Je restais dans le canapé de la salle commune près du feu. Je préférais méditer et prendre le temps de réfléchir au pourquoi du comment j'ai écrit cette lettre.

N'empêche qu'elle était thérapeutique...

En soi, oui, c'était vrai. Les mots me manquaient la majorité du temps pour exprimer mes sentiments, néanmoins je savais que ma mère me comprendrait. Parfois, je n'avais tout simplement rien à dire, mais les expressions de mon visage semblaient en dire long sur ce que je pouvais penser. À chaque fois, c'était vrai.

La lettre m'a finalement aidé à faire le tri dans mon esprit rongé par de la culpabilité pour laisser place à un soulagement. Pourtant, c'était le stress qui m'empêchait de dormir.

Laisse-moi dormir, m'ordonnai-je à moi-même, croyant que ça allait marcher.

Après avoir déposé un plaid sur mes jambes, j'observais un instant paisiblement le feu de la cheminée, installée depuis peu, avant de prendre mon bouquin. Cela me faisait du bien. Ça aussi c'est thérapeutique !

Tout à coup, un bruit se fit dans la cheminée. Pensant qu'il s'agissait du feu, je ne faisais pas plus attention et me concentrais de nouveau sur ma lecture. Mais instinctivement, je jetais un rapide coup d'oeil et me retrouvais ébahie face aux flammes qui bougeaient inhabituellement. Une forme se dessinait au milieu mais il m'était difficile de la distinguer correctement. En fermant mon livre à la hâte, je m'assis droit dans le canapé pour observer davantage ce phénomène. Serait-ce de la magie ? J'avais beau être en septième année à Poudlard, il y avait des choses que je ne connaissais pas encore, ce qui voulait dire que quelqu'un était levé. J'observais autour de moi pour vérifier qu'il n'y ait personne.

- Lyna ?

Qui pouvait bien m'appeler à une heure pareille ? Je n'avais croisé personne en descendant dans la salle commune.

- Qui est là ? demandai-je en regardant derrière le canapé.

- La cheminée...

À la vitesse de l'éclair, je me retournais, surprise.

- Maman ? Qu'est-ce que tu fais là... attends, comment tu as fait ?

La silhouette de ma mère apparaissait dans la cheminée jusqu'au buste.

- Une longue histoire. J'ai bien reçu ta lettre. Alors comme ça, tu as des problèmes ? Pourquoi tu ne nous l'as pas dit ? On aurait pu faire quelque chose !

La culpabilité de ne leur en avoir rien dit me rongeait de l'intérieur, et pas qu'un peu.

- C'est vrai, j'aurai dû.

- Bref, passons. Tu es tranquille depuis lundi dernier et ce jusqu'au lundi suivant. Cela nous laisse du temps pour réfléchir à la suite.

- À la suite de quoi ? demandai-je.

Visiblement, ma mère avait une idée derrière la tête.

- En fait, j'ai eu le temps de réfléchir depuis que j'ai reçu ta lettre. Je pense que tout ce que tu subis n'est pas un hasard.

- Pas un hasard ?

Elle hocha la tête avant de continuer :

- Disons que ta situation est similaire à celle de ton père. J'ai fait mon enquête. Il faut croire que Mark Taylor, le candidat opposé à ton père, essaye de tout faire pour lui mettre des bâtons dans les roues. D'ailleurs, je le soupçonne d'être à l'origine de ton harcèlement à Poudlard.

À la fin de sa phrase, elle soupira. Elle essayait de me donner les informations le plus rapidement possible afin de ne pas trop tarder.

- Quel est le rapport avec lui ?

- Mark Taylor est le père de Julian Taylor.

Le choc. Tout ceci avait finalement un sens. Après tant d'années, je pus enfin mettre un nom à l'auteur de mon harcèlement et le fameux pourquoi du comment est enfin résolu. Le puzzle était maintenant complet, du moins assez pour ressentir du soulagement.

- Mark Taylor essaye de faire chanter ton père afin de gagner l'élection. S'il gagne, ton père ne sera plus une menace et donc Julian te laissera tranquille.

- Pourquoi n'ai-je pas compris ça aussitôt ? me lamentai-je en mettant mes mains sur ma bouche.

Elle mit ses mains au niveau de son cœur et me parla d'une voix douce.

- Tu n'y es pour rien, ma chérie. Cet homme est un tordu de première.

Elle ajouta aussitôt :

- De plus, je crois que tout ceci est loin d'être terminé. Lundi prochain, au retour de Julian, je viendrais te voir à Poudlard. Je dois avoir une conversation de la plus haute importance avec Dumbledore. Tu penses que ça ira jusque là ?

- Oui, je crois.

Le claquement d'une porte me fit sursauter et m'obligea à vérifier derrière moi si personne ne nous écoutait.

- Je dois te laisser, quelqu'un arrive. Tu m'expliqueras ce qui "n'est pas terminé" ?

- Oui, bien sûr. Bonne nuit, ma chérie. À lundi !

- À lundi !

La silhouette de ma mère disparut pour laisser place aux flammes dont la taille avait considérablement réduit. Je me dépêchais de me lever pour retourner dans le fauteuil. Mais en me redressant, je fus surprise par la présence de Matthew. Trop tard !

Il était habillé d'un simple jogging et un débardeur qui laissaient apparaître les muscles de ses bras.

- Ah, salut ! Qu'est-ce que tu fais là ?

Ça y est, dès que je suis prise sur le fait, je deviens une vraie pipelette...

- Je n'arrive pas à dormir. Et toi, tu fais quoi ?

Vite, une excuse !

- J'étais en train de lire.

- Par terre ? demanda-t-il, étonné.

Je haussais un sourcil légèrement, ne comprenant pas où il voulait en venir.

- Pourquoi pas, répondis-je un peu trop vite.
Il m'examinait de ses yeux bleus percutants. Les miens étaient un peu plus timides et n'arrivaient pas à le regarder plus d'une seconde. Ah, la timidité. Pendant un instant, j'avais l'impression de paraître nue devant lui, comme s'il lisait en moi et je ne pouvais rien y faire.

- Tu es une piètre menteuse.

- Je n'ai jamais dit que je savais mentir.

Face à ma réponse, il râla doucement.

- Je t'ai entendu parler. Je suppose que tu étais avec quelqu'un ?

Il est drôlement intrusif.

- Je vais aller me coucher.

Au moment où je passais à côté de lui, il me retient délicatement par le poignet. Je vis volte-face vers lui. Nous étions tous les deux très proches l'un de l'autre, c'était la première fois que je me retrouvais près d'un garçon ou d'un homme comme ça. Étrangement, je me sentais rougir face à lui.

- Tu peux me parler, tu sais, dit-il.

- Oui mais je suis fatiguée, affirmai-je.

- Ne me fuis pas, s'il te plaît. (il s'interrompit un instant) Tu sais, je t'ai proposé de t'aider mais je peux t'écouter aussi.

La chaleur de sa peau était comme une caresse sur la mienne qui me donnait des frissons incroyables sur tout le corps. Je ne savais pas comment il s'y prenait, mais il arrivait très bien à me faire changer d'avis sans me forcer.

- Je vais tout t'expliquer.

Une fois mon récit terminé, j'attendis de voir sa réaction. Il caressa le bas de son menton où apparaissait la naissance de sa barbe, signe qu'il réfléchissait. Je n'arrivais pas à croire que je me permettais de le fixer de la sorte sachant qu'il se trouvait à un mètre en face de moi. À quoi je joue ?

- Je ne sais pas quoi te dire... Je te jure que je n'étais pas au courant.

- Je te crois, répondis-je.

À nouveau, on se perdit dans le regard de l'autre sans savoir quoi se dire. Ses yeux, encore une fois, me transpercèrent comme une flèche en plein coeur. J'avais la nette impression qu'il me disait la vérité. Il ne cherchait pas à me prouver par x ou y raisons ce qu'il disait.

- Tu comptes faire quoi ? demanda-t-il alors que nous détournions chacun le regard de l'autre.

- Aucune idée. J'attends lundi pour voir comment les choses vont se dérouler et je pense que j'aviserais à ce moment-là.

- Si tu as besoin d'aide ou...

- Si ça ne te dérange pas, répondis-je timidement.

Il eut un petit sourire en coin en guise de réponse.

- Bien sûr ! répliqua-t-il.

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Hugo Melmoth
Posté le 01/05/2022
C'est encore moi ! C'est, une fois de plus, un chapitre bien écrit - tu as vraiment une très belle plume !-, avec des personnes attachants et très touchants ! Je n'ai rien de négatif à redire :)
Eloïse Shin
Posté le 13/06/2022
Ohhhh merci ! c'est adorable ce que tu dis ! :D
Abbyleplume
Posté le 22/08/2021
La magie est formidable ! J'aime bien ce passage dans la cheminée ! Et puis l'histoire de Lyna & Nock est si cute, j'adore ! C'est particulièrement touchant.
Eloïse Shin
Posté le 28/08/2021
Merci beaucoup ! :)
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