Chapitre 13 - Dans la basilique

Mathurin avança de quelques pas à l'intérieur de la basilique. Elle était immense et très belle. Quelque chose de calme et de serein s'en dégageait.

Les paroissiens étaient partis. La messe de minuit (qui a lieu souvent un peu avant) s'était terminée il y a peu. La basilique était maintenant vide et plongée dans une semi-obscurité.

Vide ? Non ! Un jeune homme et une jeune demoisselle étaient au premier rang, à genoux, les yeux fixés sur un drôle d'objet en forme de soleil avec un petit rond blanc au centre.

 - Quelle curieuse occupation, pensa le pingouin. Puis il regarda le rond d'un peu plus près.

Mathurin ressentit alors une immense paix. Il y avait quelque chose de merveilleux et de fascinant dans ce petit rond blanc.

 - Un petit rond d'amour parfait, se dit intuitivement le pingouin, sans trop savoir d'où lui venait cette pensée.

Tout ce qu'il savait, c'est qu'il aurait aimé pouvoir donner ce petit rond blanc à tous les parisiens. Que valait la neige en comparaison ? Mais il n'était qu'un pingouin après tout. Alors allons-y pour la neige. Et puis, c'était sa mission, son devoir d'État.

Il fallait trouver le passage pour aller dans le clocher. Mathurin regarda autour de lui, un peu perdu. Une petite porte, où trouver une petite porte ?

Il vit une grande crêche et s'approcha. Il lui semblait avoir entendu que c'était un moyen pour les êtres humains de représenter tous ceux qui avaient rendu Noël possible. Il regarda de plus près : un monsieur, une belle dame, un bébé tout mignon et plein d'animaux : des moutons, un âne, un bœuf... mais pas un seul pingouin !

Il s'en détourna un peu déçu.

Après quelques déambulations, le pingouin perdit espoir. Il ne savait pas où chercher.

 - Petit rond blanc, aide moi ! pensa très fort le pingouin.

Mais c'était juste un petit rond blanc, lumineux mais immobile. Tout aussi immobile que le jeune homme et la jeune demoiselle.

Immobile ? Non, non ! La demoiselle se leva soudain et prit la main du jeune homme.

 - Suis-moi, je veux te montrer quelque chose.

Le jeune homme se leva à son tour et marcha à sa suite.

 - Merci petit rond d'amour parfait ! chuchota le pingouin en se retournant une dernière fois vers l'étrange objet en forme de soleil.

Il se dandina alors discrètement à la suite du jeune couple qui se tenait tendrement la main.

Au bout de quelques déambulations, Mathurin emprunta un escalier en colimaçon qui s’élançait vers le haut de la tour. Arrivé à une certaine hauteur, il vit une sorte de plateforme sous les cloches, de laquelle on pouvait apercevoir tout Paris.

Le jeune homme et la jeune femme s'y assirent et observèrent en silence le spectacle qui s'offrait devant eux. Mathurin n'osait pas approcher de peur de faire du bruit. Il observa, immobile, le couple pendant quelques minutes.

 - Une vie donnée par amour", dit alors le jeune homme.

Le jeune fille tourna alors ses yeux noisettes en direction des yeux bleus du jeune homme.

 - Je crois que c'est cela le sens de Noël", reprit-il.

Le regard qu'ils se portaient l'un l'autre devint plus intense.

 - C'est ce que je désire au plus profond de mon coeur, ajouta-t-il la voix tremblante d'émotion.

 - C'est ce que je désire aussi, répondit-elle, d'une voix douce et intimidée.

Et dès lors, leurs regards ne se quittèrent plus.

Quelque peu chamboulé par cette scène touchante, le pingouin se reprit et regarda autour de lui. Il y avait un escalier sur sa droite. Il s'approcha. En regardant vers le haut des marches, Mathurin eut l'horrible surprise de voir... Chat-Filou qui le fixait de son regard machiavélique ! Le chat semblait fier de lui, il avait réussi à devancer le pingouin et lui bloquait maintenant la route.

Mais le pingouin était ragaillardi et se sentait plein de courage. Il sauta par la corniche de déplia ses petites ailes de pingouin.

Comme nous l’avons déjà vu, les pingouins volent. Pas très loin bien sûr. Cependant, là, cela faisait très très haut pour un petit pingouin.

 - Faites qu'il y ait du vent, pensa-t-il très fort.

Miracle, une grande bourrasque survint alors et lui permit de planer en grands cercles jusqu'en haut du clocher.

 - Quelle chance, s'écria Mathurin qui n'en revenait pas.

De là où il venait de sauter, il vit Chat-Filou le regard mauvais qui le regardait planer jusqu'au sommet.

Parvenu jusque-là, Marhurin agrippa ses petites pattes de Pingouin à la croix qui surplombait le clocher. Ça y est, il y était, il allait pouvoir faire tomber la neige et accomplir sa mission. Il allait pouvoir sauver Noël !

Mais c'était sans compter sur une immense silhouette sombre qui apparut soudain devant lui.

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Vous lisez