Bérénice et Héloïse levèrent les yeux vers la façade en pierres blanches de l’immense bâtiment, les mains en visière. D’où elles se tenaient, elles apercevaient le dôme de la chapelle de la Sorbonne, une seconde tour et ses toits gris :
— « Vivre en bonne société, collégialement, moralement, et studieusement », soupira Bérénice en retirant ses gants. J’aurais dû comprendre de suite.
— Tous les étudiants de Paris connaissent la devise de la Sorbonne. Si tu m’en avais parlé plus tôt, tu ne serais pas restée, des journées entières, le nez plongé dans tes recherches.
— Impossible, ces derniers jours, tu étais un vrai courant d’air. De toute façon, j’aurais dû y penser lorsque Dimitri Chapelier l’a évoquée à l’exposition universelle.
— Tu connais Dimitri Chapelier, toi ?
— Oui, c’est lui que j’ai rencontré au ministère et à l’exposition. Pourquoi ?
— Non, c’est intéressant. C’est un célèbre Habile, répondit Héloïse prudemment. Mais quel rapport entre la Sorbonne et ton père ?
— Au ministère des Habiles, sur une plaque commémorant l’œuvre de mon père était inscrite cette devise. Peut-être que le ministère des Habiles et la Sorbonne travaillent ensemble ? D’un autre côté, je l’ai connu tout ma vie comme libraire. Il publiait des érudits. Notre bibliothèque était remplie d’ouvrages d'Histoire, de philosophie et d'arithmétique. Mais pour un libraire, quoi de plus normal… Oh Héloïse, comment allons-nous pouvoir inspecter toute une université sans la moindre idée de par où commencer ? Et comment y entrer ?
— J’ai essayé de parler au garde, tout à l’heure ! Il est insensible aux charmes féminins, soupira Héloïse. Aucune autorisation de pénétrer en ces lieux, sauf pour les professeurs et les étudiants.
— Et impossible de se faire passer pour des étudiantes ?
Héloïse et Bérénice échangèrent un regard affligé : il n’y en avait aucune. Désespérées, elles s’assirent sur un banc face à l’université.
Subitement, elles entendirent des exclamations et relevèrent la tête. Les étudiants, les yeux rivés sur les portes de la Sorbonne, poussaient des cris de stupeur. Elles se précipitèrent sous le porche de l’entrée, sur lequel un immense tissu blanc avait été dressé. Chacun pouvait y lire en lettres rouges :
« Vive la Sorbonne ! Libertés aux érudits ! Mort au pouvoir impérial ! »
Affolés, les gardes tiraient sur le tissu pour le retirer et les étudiants jouaient des coudes pour se rapprocher. Face à cette vague humaine, les deux femmes s’accrochèrent l’une à l’autre.
— Si j'étais vous, je profiterai de ce moment pour me faufiler, chuchota une voix chantante et étrangère entre leurs deux oreilles.
Bérénice se retourna et croisa un regard amusé, entouré de boucles sombres. Sans réfléchir, elle hocha la tête, décidée et suivit le conseil. Elle empoigna la main d'Héloïse, baissa la tête pour se frayer un chemin et pénétra en douce dans la Sorbonne.
Une fois dans la cour d’honneur qui donnait sur la chapelle de l’université, Bérénice se tourna vers celui qui les avait aidées. Un canotier vissé sur la tête, des lunettes rondes et épaisses, l'uniforme des Sorbonnards sur le dos, c’était un étudiant :
— Je suis Cesare Moretti. Bienvenue à la Sorbonne. La plus vieille université de France ! fit-il en tendant la main.
— Que s'est-il passé dehors ? demanda Héloïse après s’être présentée.
— Depuis quelques semaines, ces messages pleuvent dans différents couloirs, dans la cour ou encore dans les amphithéâtres. La Sorbonne est le domaine des érudits. Savants, philosophes, mathématiciens, littérateurs, historiens, géographes manifestent ainsi tous les jours contre la censure de l’empereur qui interdit toute pensée dissidente. Le doyen de la faculté cherche activement les mystérieux coupables, expliqua-t-il dans un clin d’œil. Pour quelle raison cherchiez-vous à vous glisser entre ces murs ?
— La réponse à votre question est bien simple… nous n’en avons aucune idée !
Cesare et Bérénice fixèrent Héloïse avec surprise.
— Pas exactement. Héloïse va un peu vite, grimaça Bérénice. Auriez-vous entendu parler d’un certain Antoine Savary ? Il aurait été ministre des Habiles, mais sur sa plaque mortuaire était inscrite la devise de la Sorbonne.
— Non, je ne le connais pas. Jamais entendu parler.
Bérénice se tourna vers Héloïse en haussant les épaules :
— On aura essayé…
— On peut quand même continuer, la coupa la fille Lépine, autoritaire. Il était peut-être élève ici ? Des registres d’anciens élèves existent ?
Cesare se redressa et mit une main sur le cœur, fier et souriant :
— Personne ne vous guidera ici mieux que moi ! Et puis, je n’ai pas dit mon dernier mot ! Votre Antoine Savary, jamais vu. En revanche, vous, fit-il en pointant du doigt Bérénice, je vous connais !
— Pardon ?
Bérénice et Héloïse ne cachèrent pas leur stupéfaction. Bérénice leva un doigt vers son propre buste, surprise.
— Oui, pas de doute. Vous faisiez plus orientale, mais je vous reconnais. Vous pourrez voir par vous-même.
— Qu’est-ce que vous racontez ? lâcha Bérénice. Cela n’a pas de sens. Je n’ai jamais mis la moitié d’un pied ici.
— Venez. Vous verrez !
Bérénice et Héloïse suivirent Cesare Moretti dans le dédale des couloirs et des galeries. Galerie de Sorbon, fondateur de l’université, galerie Richelieu, galerie Claude Bernard. Partout, les jeunes femmes jetaient des coups d’œil discrets dès que la porte d’un amphithéâtre était entrouverte, s’émerveillaient face aux fines boiseries, aux dorures et aux murs de marbre. Partout, des étudiants conversaient entre eux ou avec un professeur.
Partout, tableaux et plaques rappelaient que la Sorbonne était le domaine du Savoir.
— Excusez ma question, mais êtes-vous vraiment un étudiant ici ? Vous semblez plus âgé que la plupart des autres élèves, constata Bérénice en surveillant la pile de livres que son guide portait sous le bras.
— Oui et non. Je ne devrais pas, mais j’assiste à tous les cours depuis des années !
Bérénice leva les sourcils, un sourire au coin des lèvres :
— Vous êtes un étudiant illégal ? C’est la première fois que j’en rencontre un !
— En quelque sorte, fit-il. Un jour j’ai décidé de suivre un cours de littérature et philosophie. Puis je suis tombé amoureux du savoir ! Les professeurs ne m’ont jamais dénoncé aux gardes. Depuis, je hante les lieux et tout le monde a renoncé à me chasser.
— Vraiment ? Pas littéralement, j’espère !
— Presque ! Pour tout vous dire, je suis le fils du concierge. Peu d’étudiants osent m’approcher !
Héloïse eut un geste de recul. Bérénice, quant à elle, hocha la tête. Fille de libraire de province, elle-même n’avait jamais eu l’approbation de ses pairs. Elle donna un coup de coude à Héloïse qui demanda, gênée :
— Et d’où venez-vous ? Excusez-moi, mais je n’ai pas pu m’empêcher de deviner un accent…
— Italia, signora.
Ils atteignirent l’ascenseur dans lequel ils s’engouffrèrent. Curieuse, Bérénice observa Cesare qui refermait les grilles derrière eux et appuyait sur les boutons. Son cœur bondit quand ils s’élevèrent. C’était la première fois qu’elle testait ces machines. Une fois au quatrième étage, Cesare annonça :
— Bibliothèque d'égyptologie.
Il les mena jusqu’à une toute petite bibliothèque au fond d’un couloir. Toute de bois, tapissée de manuscrits et de tableaux à craies, elle contrastait avec le faste de la Sorbonne.
Sur une échelle suspendue aux étagères, un étudiant jouait aux équilibristes, naviguant de rayon en rayon sous le poids des livres. Un automate ressemblant étrangement à une momie replaçait mécaniquement des ouvrages sur un comptoir. Bérénice et Héloïse échangèrent un regard lorsque l’automate coinça une de ses bandelettes sous une chaise. Les Habiles avaient un étrange sens de l’humour.
Cesare reprit :
— Ah ! Voilà. Comme vous dites, vous les Français : « Une image vaut mieux que de longs discours ».
Bérénice entendit quelqu'un soupirer un « chut » audible et elle se replia sur elle-même, coupable. Elle détestait parler fort dans les bibliothèques. Ni Héloïse ni Cesare ne relevèrent.
— Bérénice ! C’est bien toi, fit Héloïse, les yeux écarquillés face à la photographie sur un des pans du mur.
— Pas de doute, souffla Bérénice.
Parmi les représentations des plus grands historiens, la jeune femme reconnaissait sur le document ses propres traits. Sur la photographie, elle se tenait auprès d’un homme qui à l’époque était encore en vie. En scrutant le portrait, il lui sembla ressentir encore les rayons du soleil, la poussière sur ses bras ainsi que l’épais vent des pays du sud.
— C’est bien moi ! C’était en Égypte, reprit-elle, ébranlée.
— Vous avez rencontré le grand Hippolyte Loiseaux ? Incredibile ! s’enthousiasma Cesare.
— Cet homme est mort ? demanda Héloïse. Je crois avoir entendu parler de lui récemment. C’était un égyptologue, j’imagine ?
— Le meilleur, dit Bérénice, toujours sur le même ton.
Abasourdie, les bruits lui parvenant difficilement, comme si elle ressentait encore les effets de l’effondrement des mastabas dans ses oreilles.
— Il est mort en Égypte, mademoiselle, expliqua Cesare. Face à des pilleurs, apparemment. Le toit de la tombe s’est effondré sur lui. Quelle tristesse !
Bérénice fit claquer sa langue en signe de protestation, elle aurait voulu crier au monde entier qui elle pensait être les véritables coupables.
— Nous étions en train de plaisanter, reprit-elle doucement, cette fois en s’approchant de la photographie. Il m’expliquait ce qu’étaient des mastabas avec cette légèreté qui lui permettait d’intéresser n’importe qui sur des sujets vieux de cinq mille ans.
Cesare comprit, Héloïse garda un silence circonspect. Bérénice reprit :
— Marco, son assistant, a dû prendre la photographie.
Elle toucha du bout des doigts le visage d’Hippolyte. Une canne frappa vivement son doigt :
— Aie ! fit-elle avec surprise et douleur, tout en protégeant sa main de son agresseur.
Bérénice baissa les yeux, croisant le regard d’une vieille femme qui atteignait à peine ses épaules. Un regard vif derrière des lunettes dorées, un nez retroussé, une bouche amusée, l’inconnue la jaugeait de toute sa hauteur. Bérénice se rendit compte qu’elle portait des pantalons. Une tenue extrêmement rare et audacieuse pour une femme.
Une vieille canne soutenait son corps rigide. Elle semblait pétrie de douleurs, chaque articulation, chaque os craqua lorsqu’elle se redressa pour croiser le regard de Bérénice :
— Je n’apprécie pas trop que l’on touche à mes affaires sans me demander l’autorisation, mademoiselle.
— Qui êtes-vous ? lança Héloïse en croisant les bras, visiblement agacée.
— On dit que je ne ressemble pas beaucoup à mon idiot de frère. Gabrielle Loiseaux, directrice du département de philosophie de la Sorbonne et astronome. Pour vous servir mademoiselle Lépine. fit-elle en s’appuyant sur sa canne.
— Vous me connaissez ? s’exclama Héloïse.
— Vous êtes la sœur d’Hippolyte ! Impossible ! Il ne m’a jamais parlé de vous ! renchérit Bérénice.
— Bien sûr que c’est possible ! Par contre, ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi, diantre, avez-vous eu la bonne idée de venir gâcher cette photographie ? J’ai mis un temps fou à en trouver une digne de ce nom.
Les deux jeunes femmes reculèrent d’un pas face à l’attaque. Cesare ne cilla pas, habitué.
— J’ai bien essayé par tous les moyens de n’avoir que Hippolyte, mais nous n'avons jamais pu vous retirer de la photographie, à moins de lui couper un bras. Ce qui aurait été très fâcheux.
— Peut-être parce qu'Hippolyte tenait à ma compagnie ? suggéra Bérénice avec aplomb.
Gabrielle Loiseaux plissa les yeux et se redressa. Cette fois, la jeune femme instinctivement se protégea le visage, mais le second coup de canne ne vint pas.
Elle allait se présenter lorsque Gabrielle Loiseaux la coupa, féroce :
— Bien sûr qu’il tenait à vous ! « Bérénice Vasari est une jeune géographe, talentueuse et audacieuse…mais parfois un peu brouillonne », me répétait-il dans ses lettres.
— Il vous a parlé de moi ?
— Merci Cesare, je m’occupe de ces deux femmes à présent, fit Gabrielle à Cesare.
— Êtes-vous sûre ? demanda l’étudiant davantage à l’adresse de Bérénice.
Gabrielle se retournait déjà vers la porte, sans attendre et lança :
— Certaine ! En plus tu as du travail. Nous serons dans la tour d’astronomie, si tu nous cherches ! J’attends ton travail sur les reines égyptiennes sur mon bureau.
Alors qu’elles lui emboitaient le pas, Héloïse chuchota à Bérénice :
— Elle est vigoureuse pour son âge…
Sa canne frappant le sol de marbre, Gabrielle jeta un coup d’œil à Bérénice et reprit sur un ton qui ne souffrait aucune contestation :
— Partout où vous allez, vous êtes aussi discrète qu’un éléphant dans un magasin de porcelaine. Cela vaut pour vous également, mademoiselle Lépine ! Je vous ai suivies à la trace ! Vos ennemis ont sans doute pu en faire tout autant.
— Jusque-là, je nous trouvais plutôt discrètes, souffla Bérénice. Nous n’avons rien fait de mal.
— Si par « rien fait de mal » vous entendez vous retrouver sur un site pillé par le gouvernement, rechercher le meurtrier de mon frère et de votre père et vous balader partout avec un cryptex et un emblème… Je dirais que nous n’avons pas la même vision des choses.
A chaque nouvelle accusation, elle s’était arrêtée, soulevant la canne dangereusement. Bérénice, voutée, se préparait aux coups. Rien ne vint !
— C’est bien le gouvernement qui a tué Hippolyte ? J’en étais sûre ! Comment savez-vous tout cela ?
Elles poursuivirent leur route dans les galeries de la Sorbonne. Partout où Gabrielle Loiseaux passait, les étudiants et autres professeurs s’inclinaient avec respect. Elle, en revanche, les ignorait. Une fois seules dans un couloir, elle reprit :
— Mon véritable métier est de tout savoir. Vous étiez en Égypte sur un site convoité par l’empereur et Auguste Harcourt pour ses pierres diorites.
Héloïse souffla à Bérénice :
— Je t’en ai parlé. Cet homme est le véritable cerveau derrière le pouvoir de l’empereur.
— Hippolyte voulait protéger ce site. Ils n’ont pas hésité à l’éliminer par convoitise, expliqua Gabrielle.
— Et connaissez-vous Antoine Savary ? demanda Bérénice.
— Je me doutais qu’un jour la dernière des Savary reviendrait à Paris.
— La dernière des Savary ? reprit Héloïse, perdue. Attends, Bérénice, quand tu me disais que ton père avait été Habile, tu parlais d’Antoine Savary ? Le célèbre ministre ?
— Elle ne vous a pas dit ? En même temps, je comprends, répondit Gabrielle. Tout le monde sait que l’empereur ne permettrait jamais à votre amie de vivre librement, s’il la savait à Paris. Bérénice, vous êtes surveillée par l’empereur, mais pour l’instant, il ignore votre véritable identité. Pour lui, vous n’êtes qu’une proche de Lysandre Cœurderoy.
Héloïse acquiesça, bouche bée. Gabrielle affirma :
— Votre père a dû fuir Paris pour vous protéger !
Héloïse se fit la réflexion à voix haute :
— Mes parents sont-ils au courant ? T’ont-ils accepté sous leur toit en sachant cela ?
— Mon père a été assassiné. Je pense, comme Gabrielle, que l’empereur en est le responsable. Je devais me protéger pour mener mon enquête. Voilà, la véritable raison de ma présence ici. Quant à tes parents, ils savent. Pas de doute là-dessus. En revanche, pourquoi prennent-ils le risque de m’accepter chez eux, en sachant mon identité, ça je l’ignore.
— Et vous, comment savez-vous tout cela ? fit Héloïse, suspicieuse, à l’adresse de Gabrielle.
Le couloir se fit plus étroit et se transforma en escalier. Les jeunes femmes se tenaient aux murs pour monter sans encombre. Gabrielle progressait avec difficulté. Elles cessèrent de parler, chacune plongée dans ses pensées.
Bérénice en comptant les marches se demanda si elles n’avaient pas atteint un étage invisible. Elles montaient trop haut ! Étaient-elles sur le toit de la Sorbonne ?
Ses doutes se confirmèrent lorsqu’elles firent face à une porte en acier. La vieille dame sortit un énorme trousseau de ses poches et l’ouvrit. Le vent s’engouffra dans leurs robes, et Bérénice et Héloïse se tinrent immédiatement à la rambarde. Voilà pourquoi Gabrielle mettait des pantalons : elles se trouvaient sur les toits de la Sorbonne, sur un passage très étroit ! Le professeur longea la rampe, suivi par les deux jeunes femmes moins à l’aise. Elles se dirigeaient vers la tour de la Sorbonne qu’elles avaient entrevue depuis la rue. Elles atteignirent une seconde porte et lorsqu’elles entrèrent, Héloïse s’exclama :
— Quelle splendeur !
— Vous vous trouvez dans la tour d’astronomie de la Sorbonne. Elle est beaucoup plus jeune que moi. Mais j’espère qu’elle me survivra, fit Gabrielle en claudiquant vers un bureau.
Une immense lunette d’astronomie était vissée à une plateforme. La pièce était recouverte de papiers sur les murs. Bérénice vit des articles sur l’empereur et les Habiles. Elle aperçut des traités de philosophie, une reproduction de L’école d’Athènes de Raphael.
— Vous observez les étoiles ? demanda Bérénice.
Elle s’approcha de l’extrémité du télescope pour y planter un œil curieux.
— Vous connaissiez donc le père de Bérénice ? interrogea Héloïse, sur le seuil de la porte.
— Bien sûr ! J’étais une jeune professeure d’astronomie et philosophie. Il était mon élève. Un des meilleurs !
Bérénice releva la tête vivement, se cognant contre la lunette. Elle s’éloigna tandis que le télescope commençait à bouger sur lui-même :
— C’est normal ? Je ne l’ai pas cassé, j’espère ? demanda Bérénice en se massant l’arcade sourcilière.
Gabrielle attrapa le télescope et mit son œil dans la lunette :
— Dommage que le don d'Habileté ne se soit pas transmis de père en fille. J’ai cru comprendre que vous étiez un terrible inventeur et encore pire ingénieur… Enfin apparemment, vous savez lire une carte. C’est déjà ça au moins.
Bérénice releva la tête, blessée. Elle redoutait que son père lui ait caché son secret car il l’en jugeait indigne. Elle ignora la remarque cinglante pour se concentrer sur son objectif : obtenir des réponses. Elle demanda :
— Qu’est-il arrivé pour qu’il fasse croire à sa disparition ?
« À notre disparition », songea-t-elle, sans parvenir à s’associer à cet étrange passé.
— Pour comprendre, il faut remonter à une époque où nous avions votre âge. Avec l’empereur François, l’ère industrielle, le développement des sciences et la promotion des Habiles, nous pensions que Paris était l’épicentre du progrès. Emblèmes, trains autonomes, télégraphes rapides, ampoules électriques inépuisables, hôpitaux fantastiques, machines vagabondes…Érudits et Habiles, main dans la main, nous insufflions la vie !
— Comme le dit la devise de la Sorbonne …, fit Héloïse.
— Mon père et les Habiles, vous, votre frère et l’explorateur Philéas Hawkins…vous êtes tous liés. Et Dimitri Chapelier qui a conçu le traineau de Philéas ! Je comprends mieux !
— Exactement, reprit Gabrielle. Antoine freinait les ardeurs des industriels, bourgeois et nobles qui voulaient s’enrichir grâce au travail des Habiles. Votre père, Bérénice, n’était pas intéressé par l’argent, il voulait que les Habiles travaillent pour l’empire, pour le peuple.
— Donc, ils ont voulu l’éliminer ? devina Bérénice.
— C’est peu de le dire, répondit Héloïse à la place de Gabrielle. Ton père et l’empereur François étaient très proches. Ce dernier a été renversé par l’empereur Louis. De la pire des façons ! Il a tué son frère et forcé ses enfants à l'exil. A partir de là, les Habiles ont dû participer à asseoir la domination d'un pouvoir autoritaire. Ceux qui s’y opposaient étaient traqués. D’ailleurs, rien n’a changé…
— Mon père a donc fui ?
— Bien sûr, il voulait vous sauver ! dit Gabrielle. Certains érudits et Habiles, comme votre père ont choisi de disparaitre. D’autres, comme moi, ont fait profil bas. Mon refuge, bien que sous l’œil de l’empereur, est redoutablement efficace.
Gabrielle triturait son télescope avec une aisance sous les yeux émerveillés d'Héloïse. Bérénice se laissa tomber sur un banc, le long du mur :
— Je me suis promis de trouver le meurtrier de mon père… mais je ne peux tout de même pas mettre l'empereur en prison !
Elle plongea les mains dans ses poches, sans y trouver la présence réconfortante d’Icare. Dans ces moments, son absence se faisait terriblement sentir. Tournée vers elle, Gabrielle la scrutait derrière ses lunettes, l'air déterminé.
— Et pourquoi pas ?
Héloïse releva la tête, Bérénice rit avec nervosité. Gabrielle reprit :
— Sans vous le dire, votre père vous a préparé à reprendre le flambeau. Vous n’êtes peut-être pas une Habile, mais vous êtes une érudite ! Toutes ces années où vous avez vagabondé dans le monde. Votre père vous a laissé vous former pour reprendre son œuvre.
— Que cherchez-vous à me dire ? Que dois-je comprendre ? demanda Bérénice, les sourcils froncés, sceptique.
— Reprenez le pouvoir au ministère des Habiles ! lança Gabrielle, en faisant claquer sa canne contre le parquet.
— Excellente idée ! renchérit Héloïse. Bérénice, tu serais parfaite !
— Dois-je te rappeler que je ne suis pas une Habile ? fit Bérénice en se relevant.
— Peut-être pas, reprit Héloïse en lui prenant les mains. Mais peu importe, tu apprendras ! C’est dans ton sang ! En tant que fille d’Antoine Savary, tu serais acclamée.
— Qui pourrait bien penser que je suis faite pour ça ?
— L’oiseau le fait déjà n’est-ce pas ? Après tout, il s’est lui-même fait votre emblème, rétorqua Gabrielle, espiègle.
Bérénice posa une main sur sa poche là où Icare aurait dû se trouver.
— Comment savez-vous ?
Ignorant sa question, Gabrielle reprit en se rapprochant de Bérénice :
— Trouvez le moyen de reprendre en main le ministère des Habiles. Qui contrôle les Habiles détient le pouvoir. Mademoiselle Lépine vous sera d’une grande aide.
— C’est tout ce qu’il faut faire ? demanda Bérénice, avec ironie.
— Non, répondit Gabrielle. Une fois ceci fait, vous devrez remettre le pouvoir entre les mains de l’empereur légitime, Lysandre Cœurderoy. Aidez-le à reprendre son trône, il n’y parviendra pas tout seul !
Bérénice avait une bonne centaine de questions en tête lorsque la porte de l'observatoire s'ouvrit brusquement dans un grand fracas. Cesare Moretti apparut, le souffle court :
— Les gardes impériaux ! Ils sont là ! Ils savent pour les affiches ! Ils savent que c’est moi, mais vous accuse, vous, Gabrielle !
Les deux jeunes femmes échangèrent un regard. Cesare était à l’origine des messages contre l’empereur ! Gabrielle parut prendre dix ans d’âge :
— C’est normal, je suis un plus gros poisson à pêcher que toi. Quelle ironie. Après votre père et mon cher frère, me voici prise au piège.
— Fuyez ! Venez avec nous ! fit Héloïse. Je trouverai un moyen de vous cacher. Vous n’avez rien fait !
— Nous avons tous notre pierre à apporter à l'édifice mademoiselle Lépine. Je ne courrai pas avec ma canne et mes vieux os. A présent, prenez la poudre d'escampette. Cesare pourra vous conduire devant la porte de l'amphithéâtre Richelieu. Il y a un passage secret.
— Et vous ? demanda Bérénice, paniquée. Nous n’en avons pas fini ! Que fera l’empereur ?
Les deux jeunes femmes hésitèrent, mais Cesare les poussa vers la sortie.
— Juste une dernière chose, Bérénice. Si vous aviez besoin d’une aide précieuse, sachez qu’une certaine tour parisienne se rend très docile lorsqu’on sait comment lui parler.
Bérénice n’eut pas le temps de poser davantage de questions que Cesare les fit rebrousser chemin.
Leur fuite les mena devant l'immense couloir traversant les deux parties du bâtiment. De loin, ils aperçurent les gardes, vêtus d'un costume flamboyant et deux hommes qui conduisaient le cortège. Bérénice crut reconnaitre Emilien Decas.
Cesare les poussa vers un couloir perpendiculaire :
— C’était moins une. Imaginez si nous les avions croisés…
Le cœur affolé, les poumons en feu, Bérénice se taisait, suivant l'étudiant qui les guidait dans le dédale des couloirs. Les étudiants se détournèrent sur leur passage, certains étonnés, d'autres suspicieux. Héloïse murmura :
— J'entends des pas de courses. Ce doit être eux !
— Là-bas ! Vous avez une porte glissante, chuchota Cesare en s’approchant d’un couloir vide. Il frôla le mur et le poussa fortement. S'en suivit un léger déclic et la porte se révéla.
— Continuez jusqu'à ce que la lumière apparaisse. Faites confiance à vos pieds. Ils vous mèneront jusqu'à la Grand Salle des sous-sols du musée de Cluny.
La porte se referma et les deux jeunes femmes furent plongées dans le noir.
— Donne-moi la main pour ne pas qu’on se perde et tiens le mur pour garder l’équilibre, ordonna Bérénice. Tu tiens le coup ?
— Oui, souffla Héloïse peu à l’aise.
Elles progressèrent en silence, essayant de garder un pas rapide. Bérénice avait l’impression de se retrouver de nouveau en Égypte dans la tombe de Kephren. Au bout d’une dizaine de minutes de marche, elle sentit son pied buter contre la pierre.
— Viens, aide-moi à pousser le mur.
Héloïse se plaça à ses côtés et toutes deux poussèrent le plus fort possible la porte. Celle-ci s’ouvrit laissant rouler sur le parquet lustré des pierres et de la poussière. Les jeunes filles sortirent sous le regard éberlué d’un érudit, la bouche ouverte et les lunettes glissant sur son nez.
— Qu’est-ce que… ?
Bérénice resta pantoise devant l’immense tapisserie qui décorait l’ensemble des quatre murs de la pièce. On aurait dit un quadruple miroir.
Sur chacune des compositions une jeune femme blonde, richement vêtus d’une robe Renaissance, était entourée d’une faune réelle et légendaire : des lapins, des singes, une licorne, un lion…Elle ne put s’empêcher de faire le lien avec l’étrange pièce aux animaux dans le tombeau de Kephren. Figés et sublimes, comme des emblèmes. Bérénice était captivée par le magnétisme de cette œuvre.
Elle allait s’approcher lorsque Héloïse la retint :
— Il faut y aller. Il ne va pas leur falloir longtemps pour nous repérer. On est couvertes de poussière !
Bérénice jeta un dernier coup d’œil à la Dame entourée d’animaux héraldiques et s’enfuit, bouleversée.
En tout cas, ça se corse ! Bérénice n’est libre que parce qu’elle n’a pas été identifiée par les autorités et elle est censée renverser l’empereur, rien que ça ! Je me demande bien comment elle peut prendre le pouvoir. Cette révélation est énorme et tout à fait incroyable ; c’est étonnant que les deux jeunes femmes l’accueillent avec tant de naturel. Mais je comprends qu’il ne fallait pas rompre le rythme du chapitre pour qu’elles puissent s’enfuir.
Coquilles et remarques :
— D’où elles se tenaient, elles apercevaient le dôme [De là où elles se tenaient]
— « Vivre en bonne société, collégialement, moralement, et studieusement », soupira Bérénice en retirant ses gants. J’aurais dû comprendre de suite [tout de suite ; voir ici : https://www.dictionnaire-academie.fr/article/QDL082]
— Si tu m’en avais parlé plus tôt, tu ne serais pas restée, des journées entières, le nez plongé dans tes recherches. [Il faut enlever les deux virgules qui encadrent « des journées entières ».]
— Impossible, ces derniers jours, tu étais un vrai courant d’air. [Il faut un signe de ponctuation plus fort après « Impossibe » ; deux points ou point-virgule.]
— Au ministère des Habiles, sur une plaque commémorant l’œuvre de mon père était inscrite cette devise. [Virgule après « de mon père » pour placer le passage entre deux virgules.]
— D’un autre côté, je l’ai connu tout ma vie comme libraire [toute ma vie]
— Oh Héloïse, comment allons-nous pouvoir inspecter toute une université sans la moindre idée de par où commencer ? [Virgule avant « Héloïse » / « de par où » n’est pas un bon enchaînement ; « sans la moindre idée de » devrait être suivi d’un substantif. Je propose « sans savoir le moins du monde par où commencer ».]
— Si j'étais vous, je profiterai de ce moment pour me faufiler [profiterais ; conditionnel présent]
— Sans réfléchir, elle hocha la tête, décidée et suivit le conseil. [Il faut placer « décidée » entre deux virgules.]
— Pas exactement. Héloïse va un peu vite, grimaça Bérénice. [« Gimacer » n’est pas un verbe de parole et ne suggère pas non plus la parole. Je propose « contredit » ou « rectifia Bérénice en grimaçant ».]
— On peut quand même continuer, la coupa la fille Lépine, autoritaire. [Je propose « décréta la fille Lépine (en lui coupant la parole), autoritaire ».]
— Personne ne vous guidera ici mieux que moi ! Et puis, je n’ai pas dit mon dernier mot ! [Je ne mettrais pas de virgule après « Et puis ».]
— Partout, tableaux et plaques rappelaient que la Sorbonne était le domaine du Savoir [du savoir]
— Italia, signora. [Ne devrait-il pas plutôt répondre « Dall’Italia » ?]
— Bérénice entendit quelqu'un soupirer un « chut » audible et elle se replia sur elle-même, coupable. Elle détestait parler fort dans les bibliothèques. Ni Héloïse ni Cesare ne relevèrent. [Je dirais plutôt « d’un air coupable » / Ce n’est pourtant pas elle qui parle fort dans la bibliothèque / Qu’est-ce que les deux autres ne relèvent pas ? « Ni Héloïse ni Cesare ne réagirent » ou « Ni Héloïse ni Cesare ne commentèrent l’incident ? », peut-être ?]
— Sur la photographie, elle se tenait auprès d’un homme qui à l’époque était encore en vie. [Il faudrait placer « à l’époque » entre deux virgules.]
— les rayons du soleil, la poussière sur ses bras ainsi que l’épais vent des pays du sud [du Sud]
— Abasourdie, les bruits lui parvenant difficilement, comme si elle ressentait encore les effets de l’effondrement des mastabas dans ses oreilles. [Syntaxe bancale ; je propose : « Abasourdie, elle percevait difficilement les bruits, comme si elle ressentait encore (...) ».]
— avec cette légèreté qui lui permettait d’intéresser n’importe qui sur des sujets vieux de cinq mille ans [à des sujets]
— Pour vous servir mademoiselle Lépine. fit-elle en s’appuyant sur sa canne. [Virgule avant « mademoiselle » / virgule avant « fit-elle ».]
— Par contre, ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi, diantre, avez-vous eu la bonne idée de venir gâcher cette photographie ? [c’est pourquoi, diantre, vous avez eu la bonne idée de venir gâcher cette photographie ; sans inversion et sans point d’interrogation parce que c’est une question indirecte.]
— J’ai bien essayé par tous les moyens de n’avoir que Hippolyte [qu’Hippolyte]
— Cette fois, la jeune femme instinctivement se protégea le visage [Je dirais « se protégea instinctivement le visage ».]
— Merci Cesare, je m’occupe de ces deux femmes à présent [Virgule avant « Cesare » / j’en mettrais aussi une avant « à présent ».]
— Êtes-vous sûre ? demanda l’étudiant davantage à l’adresse de Bérénice. [La graphie rectifiée est « sure » / je mettrais une virgule avant « davantage ».]
— Gabrielle se retournait déjà vers la porte, sans attendre et lança [Il faudrait enlever la virgule avant « sans attendre » ou placer « sans attendre » entre deux virgules.]
— Certaine ! En plus tu as du travail. [Virgule après « En plus ».]
— Si par « rien fait de mal » vous entendez vous retrouver sur un site pillé par le gouvernement, rechercher le meurtrier de mon frère et de votre père et vous balader partout avec un cryptex et un emblème… [Il faudrait trouver moyen de mettre moins de « et ».]
— A chaque nouvelle accusation [À]
— Partout où Gabrielle Loiseaux passait, les étudiants et autres professeurs s’inclinaient avec respect. [Les étudiants ne sont pas de professeurs : tu ne peux donc pas dire « et autres professeurs ». Je propose simplement « étudiants et professeurs » sans déterminant.]
— Elle, en revanche, les ignorait. Une fois seules dans un couloir, elle reprit [Syntaxe bancale ; je propose : « Une fois seule avec les deux jeunes femmes dans un couloir, elle reprit » ou « Une fois qu’elles se retrouvèrent seules dans un couloir, elle reprit ».]
— Tout le monde sait que l’empereur ne permettrait jamais à votre amie de vivre librement, s’il la savait à Paris. [Pas de virgule avant « s’il ».]
— T’ont-ils accepté sous leur toit en sachant cela ? [acceptée]
— Voilà, la véritable raison de ma présence ici. [Pas de virgule après « Voilà ».]
— En revanche, pourquoi prennent-ils le risque de m’accepter chez eux, en sachant mon identité, ça je l’ignore. [Pas de virgule avant « en sachant ». (Je dirais plutôt « en connaissant mon identité ») / virgule souhaitable après « ça ».]
— Bérénice en comptant les marches se demanda si elles n’avaient pas atteint un étage invisible. [Il faudrait placer « en comptant les marches » entre deux virgules ou changer l’ordre des mots : « Bérénice se demanda en comptant les marches si elles n’avaient pas (...) ».]
— Ses doutes se confirmèrent lorsqu’elles firent face à une porte en acier. [Ses soupçons se confirmèrent ; pas ses doutes.]
— Bien sûr ! J’étais une jeune professeure d’astronomie et philosophie. [Même si elle est féministe, elle n’aurait pas dit « professeure » en 1900. Les formes féminines qui existaient à l’époque sont « professeuse » et « professoresse ». Mais j’ai noté plus loin qu’elle emploie les formes masculines des noms de métiers pour une femme. Voir juste en dessous.]
— J’ai cru comprendre que vous étiez un terrible inventeur et encore pire ingénieur… [La syntaxe est bancale ; « un terrible inventeur et un ingénieur encore pire », peut-être ? Ou il faut reformuler : (par exemple) « un piètre inventeur et un très mauvais ingénieur ».]
— Emblèmes, trains autonomes, télégraphes rapides, ampoules électriques inépuisables, hôpitaux fantastiques, machines vagabondes…Érudits et Habiles, main dans la main, nous insufflions la vie ! [« érudits » parce que c’est la suite de la même phrase et qu’ « érudits » et « habiles » ne doivent pas prendre de majuscule.]
— A partir de là, les Habiles ont dû participer à asseoir la domination d'un pouvoir autoritaire. [À partir de / la graphie rectifiée est « assoir » / les constructions « participer à asseoir » et « la domination d'un pouvoir » ne me semblent pas judicieuses ; je propose « participer à l’instauration (ou « au renforcement ») d'un pouvoir autoritaire » suivant la nuance que tu veux apporter.]
— Gabrielle triturait son télescope avec une aisance sous les yeux émerveillés d'Héloïse [« avec une aisance » doit être suivi d’un qualificatif ; autrement il faut dire « avec aisance ».]
— Sans vous le dire, votre père vous a préparé à reprendre le flambeau [préparée]
— Toutes ces années où vous avez vagabondé dans le monde. Votre père vous a laissé vous former pour reprendre son œuvre. [Je propose : « Durant toutes ces années où vous avez vagabondé dans le monde, votre père vous a laissée vous former » / laissée ; parce que c’est elle qui se forme]
— Reprenez le pouvoir au ministère des Habiles ! lança Gabrielle, en faisant claquer sa canne contre le parquet. [Pas de virgule avant « en faisant ».]
— L’oiseau le fait déjà n’est-ce pas ? [Virgule avant « n’est-ce pas ».]
— Ignorant sa question, Gabrielle reprit en se rapprochant de Bérénice [Ce n’est pas judicieux de mettre deux participes présents dans la même phrase. Je propose : « Ignorant sa question, Gabrielle se rapprocha de Bérénice et reprit ».]
— C’est tout ce qu’il faut faire ? demanda Bérénice, avec ironie. [Pas de virgule avant « avec ironie ».]
— Ils savent pour les affiches ! Ils savent que c’est moi, mais vous accuse, vous, Gabrielle ! [vous accusent]
— Quelle ironie. Après votre père et mon cher frère, me voici prise au piège. [Point d’exclamation après « Quelle ironie ».]
— Nous avons tous notre pierre à apporter à l'édifice mademoiselle Lépine. [Virgule avant « mademoiselle ».]
— A présent, prenez la poudre d'escampette. [À présent]
— De loin, ils aperçurent les gardes, vêtus d'un costume flamboyant et deux hommes qui conduisaient le cortège. [Il faut enlever la virgule avant « vêtus » ou placer « vêtus d'un costume flamboyant » entre deux virgules.]
— Les étudiants se détournèrent sur leur passage, certains étonnés, d'autres suspicieux [« se retournèrent » s’ils les regardent ; s’ils se détournent, c’est qu’ils évitent de les regarder]
— J'entends des pas de courses. Ce doit être eux ! [de course]
— Il frôla le mur et le poussa fortement. S'en suivit un léger déclic et la porte se révéla. [S'ensuivit ; en un mot]
— Donne-moi la main pour ne pas qu’on se perde [La tournure « pour ne pas que » n’est pas correcte. Voir ici : http://www.academie-francaise.fr/pour-pas-que-au-lieu-de-pour-que-ne-pas. Il faut dire : « pour qu’on ne se perde pas ».]
— Oui, souffla Héloïse peu à l’aise. [Virgule avant « peu à l’aise ».]
— Au bout d’une dizaine de minutes de marche, elle sentit son pied buter contre la pierre. [Comment peut-elle heurter le mur avec le pied sans le prendre en pleine figure ?]
— Héloïse se plaça à ses côtés et toutes deux poussèrent le plus fort possible la porte. [Je dirais plutôt « poussèrent la porte le plus fort possible ».]
— Les jeunes filles sortirent sous le regard éberlué d’un érudit, la bouche ouverte et les lunettes glissant sur son nez. [Ça ne s’enchaîne pas bien ; je propose : « Les jeunes filles sortirent sous le regard éberlué d’un érudit qui s’immobilisa, la bouche ouverte et les lunettes glissant sur son nez. ».]
— Sur chacune des compositions une jeune femme blonde, richement vêtus d’une robe Renaissance
[Virgule après « compositions » / vêtue / d’une robe de la Renaissance.]
J'ai mis du temps à revenir pour cause d'IRL un peu trop chargée, mais me revoilà et je suis très heureuse de lire la suite de ta jolie histoire :D
Je vais avoir peu de choses à dire sur ce chapitre, franchement j'ai été totalement embarquée, je l'ai adoré ! Le rythme, les nouveaux personnages, le dosage des révélations... tout y est finement dosé. Tu as vraiment le talent de faire intervenir des personnages complètement nouveaux et de les rendre hyper attachants en seulement un chapitre, franchement chapeau ! Je vois qu'on commence à entrevoir un peu mieux qu’Héloïse va décidément avoir un beau rôle à jouer, trop hâte de voir ça !
Ce chapitre est bien, rythmé, plein de surprises, avec ce nouveau personnage de Cesare qui inspire immédiatement la sympathie. La vieille Gabrielle est aussi attachante, avec son franc parler et sa brusquerie. Une vraie révolutionnaire. Comment les gardes ont-ils pu savoir qu’elle était à l’origine des bannières ? Et quel objectif ceux-ci visent-ils ? Ça paraît un peu enfantin comme moyen d’action de la part d’une personne d’une certaine expérience (oui, il faut toujours que je pose des questions embarrassantes… ^^).
Détails
Savants, philosophes, mathématiciens, littérateurs, historiens, géographes manifestent ainsi tous les jours contre la censure de l’empereur qui interdit toute pensée dissidente : pour de l’oral, l’énumération me paraît longue et peu naturelle
Bérénice observa Cesare refermer les grilles : je ne crois pas qu’on puise employer observer + infinitif. Observa Cesare qui refermait les grilles ?
Tout le monde sait que l’empereur n’aurait jamais permis à votre amie de vivre librement s’il la savait à Paris : ne permettrait jamais ? (pas vraiment d’antériorité ici)
les Habiles ont dû participer à la domination d'un pouvoir autoritaire : à asseoir la domination ?
Faites confiance en vos pieds : à vos pieds (ou ayez confiance en vos pieds)
essayant de garder le pas rapide : un pas rapide ?
Pour les détails: l'énumération, je voulais qu'elle soit exprès un peu solennel, est-ce que dans cas on peut faire une énumération ainsi ? Ahhh et puis merci pour les autres, il faut VRAIMENT que je me replonge dans la grammaire, je manque cruellement de connaissances ! des bisous :) merci !
J'ai bien aimé le petit clin d'œil a la Tour Eiffel, j'adore l'idée qu'elle ait un vrai rôle à jouer dans cette histoire, et je me demande quel mystère cache cette tapisserie à Cluny !
A bientôt, plein de bises !
J'ai A-DO-RE ce chapitre ! C'était tellement magique ! C'est vraiment tout ce que j'aime comme univers <3 J'aime beaucoup, beaucoup la vieille Gabrielle ! Elle m'a fait penser à la mère Hildegarde de la PM. J'ai aussi été séduite par le fils du concierge : quelle bonne idée, ce "fantôme" de la Sorbonne !
"Juste une dernière chose, Bérénice. Si vous aviez besoin d’une aide précieuse, sachez qu’une certaine tour parisienne se rend très docile lorsqu’on sait comment lui parler." : mais trop bien !!!
Bonne chance Bérénice pour la suite de l'aventure parce que détrôner l'Empereur, ça va être du lourd !
La bises