Erzic :
Sous un soleil rude, des spectateurs se battaient pour obtenir les meilleures places dans l’arène.
De là où il était, Erzic avait une vue d’ensemble. Des gradins assez vastes pour accueillir deux villes entières surplombaient un cercle de sable brûlant.
Un point précis attirait son regard. Une petite loge était en hauteur, celle du seigneur et de ses convives.
Profitez-en, pensa Erzic.
Rhazek apparut au côté de son père.
Des cornes sonnèrent dans une musique sauvage. A l'intérieur de l’arène une des portes s’ébranlait dans un grondement, faisant se lever le sable face à elle.
Ça va être intéressant, songea Erzic.
Il reporta son attention sur la loge, Rhazlir III porta une corne à ses lèvres.
— Chers habitants de Mahldryl et de ses alentours. Bienvenue, dit la voix du seigneur répercutée dans toute l’enceinte.
Des acclamations descendaient des gradins.
Rhazlir III les saluait de la main, tout sourire.
Erzic souriait également, mais d’un autre sourire.
Il vit le seigneur faire signe à son fils de le rejoindre.
— Nous célébrons cette journée en l’honneur de mon fils, Rhazek. Car grâce à son dévouement, nous allons profiter d’un spectacle digne de notre peuple.
Les acclamations s’intensifièrent et le sol tremblait sous l’excitation du peuple.
— Je déclare les jeux ouverts, cria Rhazlir III, au-dessus du brouhaha.
Des torches s'allumèrent en bas des gradins et un feu d'artifice en sorti.
Une des dix portes, disposées tout le long de la zone circulaire sableuse, s’ouvrit.
Un homme à demi nu avançait en titubant. Une pointe scintillante jaillit dans son dos, le projetant à terre.
La foule le hua.
L’homme se remit debout et était maintenant au milieu de l’arène.
Des zones sombres parcouraient son corps. Erzic plissa les yeux. Des tatouages.
Il était trop loin pour voir ce qu’ils représentaient. Sans doute les symboles d’une culture disparue.
Sept autres portes s’ouvrirent, trois hommes et deux femmes entrèrent à leur tour. Mais le dernier était plus petit, plus frêle.
Un enfant, aperçut Erzic, un air acide dans la bouche.
Erzic savait quelle était sa mission. Il voulait sauver la terre de Talharr. Et tuer des enfants ne faisait pas partie de ses projets.
Cette civilisation est perdue, songea-t-il.
Aucune des personnes envoyées à la mort n’était armée.
Un massacre.
Soudain un énorme coup sur une des deux dernières portes, stoppa tous les bruits dans l’arène.
Les sept adultes condamnés entourèrent l’enfant et reculèrent à l’autre bout du son terrifiant.
La voix de Rhazlir III se fit de nouveau entendre :
— Pour avoir pénétré notre territoire, sans y être autorisé, je vous condamne à mort.
Seul le vent et le bruissement du sable répondirent à cet ordre.
— Ce territoire ne vous appartient pas et ne vous appartiendra jamais ! cria une voix enfantine dans la fosse.
Ses congénères se rapprochèrent de lui, de peur qu’une lance ne le transperce.
Rhazlir III eut un rire diabolique qui se propagea dans sa loge.
Erzic vit un sourire fier sur le visage de Rhazek.
Il hésita à envoyer son message à son élu, mais cette histoire l’intriguait.
— Et à qui appartiendrait-il ? demanda le seigneur.
Cette fois ce fut l’homme chancelant qui prit la parole :
— Vous le savez très bien. Ils ont été chassés par votre famille, il y a une centaine d’années.
Erzic porta son attention sur Rhazlir III. Son visage, quelques secondes auparavant moqueur, était maintenant presque impassible. Dans ses yeux une lueur, qu’il reconnaîtrait entre toutes, était présente.
Ce regard… c’était de la peur.
Alors qui étaient-ils, pour effrayer le seigneur le plus sauvage de Drazyl ?
L’homme toussota avant de reprendre :
— Pendant toutes ces années, et aujourd’hui encore nous nous préparons. Talharr sera avec nous, le jour où vous ne serez plus.
Ils croient encore en Talharr ? songea Erzic, surpris.
— Mensonges ! Ce peuple a disparu le jour de la guerre de Mahldryl ! dit d’une voix tremblante le seigneur.
Dans la fosse, des rires montèrent.
Erzic aperçut le sourire sur le visage de l’homme, à destination de la loge.
— Ouvrez les portes !! hurla Rhazlir III.
La foule de spectateurs reprit vie, après ce moment hors du temps.
Deux bêtes surgirent. Hautes comme trois hommes, leur gueule était celle d’un crocodile, mais leur arrière-train, musculeux et fauve, évoquait un lion.
Les Crazstyrs… Erzic ne put s’empêcher d’être impressionné.
Feraient-elles le poids contre le loup de Talharr ?
Les Crazstyrs tournèrent autour de leurs victimes, qui étaient toujours rassemblées autour de l’enfant.
Les bêtes se mirent en position d’attaque. Les hommes et femmes également.
Des griffes et des crocs, contre de la chair.
Sans prévenir, elles bondirent. Une mâchoire claqua, et un homme disparut dans les crocs d’une Crazstyr.
— Le peuple d’Alkasrim ne pliera jamais le genou !
Des cris stridents suivirent cette dernière phrase.
Une bataille commença, les humains se battant comme des diables.
Mais que pouvaient-ils face à de telles armes ?
Le sang imprégnait le sable, cerclant des entrailles fumantes.
Alors qu’une bête s’avançait vers les survivants protégeant leur enfant, Erzic envoya son regard vers la loge.
Le moment est venu. J’en ai vu assez.
Leurs regards se croisèrent et il envoya l’image du lieu où ils devaient se retrouver.
Il remarqua Rhazek qui écarquilla les yeux, frappé de plein fouet par la vision.
Erzic était prêt. L’heure était venue de dévoiler sa véritable nature. Il quitta l’arène accompagné des derniers cris de lutte derrière lui.
Je suis intrigué par ce groupe de migrants qui déstabilisent si fortement Rhazlir.
Sont-ils les habitants légitimes de cette terre ?
Très intéressant !
Je continue !!
Merci pour ce passage pour mettre encore en place l'univers de Mahldryl :)
Pour les Alkasrims ils seront très importants :)
Original le lion-crocodile mais l'on se doute du massacre dans la fausse. J'ai bien aimé le bref instant où Rhazlir semble paniqué, l'on se demande comment des tribus du désert peuvent l'effrayer à ce point.
quelques remarques :
-De là où il était Erzic avait une vue d’ensemble. (il faudrait une virgule après était)
- Des cornes sonnèrent dans une musique sauvage. Dans l’arène une des portes s’ébranlait dans un grondement, ( ca fait beaucoups de dans, j'aurais choisi une autre tournure).
- Des torches, au bas des gradins, s’allumèrent et un feu d’artifice en sortit. ( pourquoi pas juste : des torches s'allumèrent en bas des gradins et un feu d'artifice en sortit).
- Seul le vent et le bruissement du sable répondaient à cet ordre. (répondirent à cet ordre plutot)
- Ce territoire ne vous appartient pas et nous vous appartiendra jamais ! cria une voix enfantine dans la fosse. ( et il ne vous appartiendra jamais )
Je continue.
Oui le massacre était assez inévitable. Cette tribus reviendra :)
Merci encore pour les remarques, je vais modifier ça ;)