Dans la pièce il faisait très sombre, si bien qu’il fallut un moment à Amélia pour découvrir ce qui l’attendait. Les relents d’alcool et de vomi étaient encore plus concentrés ici que lors de son passage dans la rue des Merveilles. Ajoutez à cela une forte odeur de transpiration et d’autres choses dont elle préféra rester ignorante et la jeune fille sentit aussitôt son estomac se retourner.
Amélia fit la grimace. Elle était sur le point de se pincer le nez quand elle surprit le regard de son compagnon posé sur elle. Par orgueil, elle s’empêcha d’aller au bout de son geste. Hors de question de lui donner matière à se moquer d’elle. Malheureusement, il sembla le remarquer et ne se gêna pas un instant pour en rire. Sans un mot de plus, l’homme-fée s’avança dans la salle. Mortifiée, l’adolescente le suivit de mauvaise grâce, bougonnant dans sa barbe et maudissant cet idiot qui lui servait de guide.
Il la conduisit au fond du bar et s’installa à la table la plus éloignée. Amélia prit place en face de lui, sa chaise grinçant allégrement sous elle. La sorcière songea qu’au moindre mouvement brusque de sa part, elle finirait les fesses par terre. Quelle humiliation ce serait là… En était-il conscient ? Était-ce pour cela qu’il avait choisi cette table en particulier et pas une autre ? Si c’était le cas, Amélia aurait toutes les peines du monde à se contenir d’exploser.
Mais, alors qu’elle s’apprêtait à lui poser la question, une serveuse se planta à leur côté.
– Puis-je prendre votre commande ?
Amélia releva des yeux timides, presque mal à l’aise, vers elle et pinça les lèvres. La fée qui venait d’apparaître était très belle. Trop belle, même, pour travailler dans ce genre d’établissement miteux. Avec son visage d’ange et ses courbes plantureuses, Amélia la voyait bien plus en modèle à l’Atelier des Artistes… D’ailleurs, et malgré le sourire affable qu’elle affichait, la serveuse ne semblait pas ravie pour un sou d’être là. Et, en regardant autour d’elle, Amélia n’avait aucun mal à comprendre pourquoi.
Partout dans le bar, des hommes à l’expression lubrique et à l’allure répugnante la déshabillaient du regard. La sorcière n’eut pas besoin de les regarder longtemps pour comprendre qu’aucun d’eux n’étaient des fées. Au demeurant, Amélia songea qu’aucune fée n’aurait eu un comportement pareil avec l’une des leurs.
Ce qui la troubla, en revanche, ce fut de voir qu’il n’y avait pas que des loups qui agissaient ainsi. Elle remarqua quelques humains, des sorciers aussi et même quelques elfes. Ces derniers étaient d’ailleurs les seuls à ne pas regarder les serveuses comme des morceaux de viande à croquer. Ils se contentaient d’observer la scène sans mot dire, soupirant et secouant tristement la tête face au comportement de leurs voisins.
Amélia grimaça.
– Quelle bande de porcs… ne put-elle s’empêcher de marmonner.
La serveuse lui jeta un regard étrange. Elle semblait mi étonnée mi reconnaissante, comme si c’était la première fois qu’on ne l’accusait pas d’être responsable de ces regards sur elle. Comme si, tout au long de sa vie, elle n’avait jamais rien connu d’autre que le venin des sorcières.
Amélia en eut mal au ventre.
Le jeune homme en face d’elle fut le premier à rompre le silence.
– Deux pintes de bière et deux sachets de sucre roux, s’il te plait.
– Tout de suite.
Et elle disparue dans la foule.
Amélia ne put s’empêcher d’admirer ses ailes, grandes, belles et d’une magnifique couleur nacrée veiné d’argent. C’était la première fois qu’elle en voyait de si près. Emily n’avait jamais aimé les montrer. Elle se sentait toujours mal à l’aise quand Amélia posait les yeux dessus. C’était presque comme si son amie avait honte de ce qu’elle était. Une pensée que la jeune fille n’avait jamais comprise.
Quelques instants plus tard, la serveuse revint avec les deux bières qu’elle posa sans cérémonie sur la table avant de se retirer.
Quelque part à l’autre bout du bar, une dispute éclata. Amélia crut discerner le bruit d’une gifle et des injures commencèrent à fleurir dans toute la pièce. L’adolescente rentra la tête dans ses épaules. L’un de ces lourdauds à dut avoir les mains un peu trop baladeuses, songea-t-elle avec amertume.
L’homme-fée, lui, n’en fit pas cas. Il semblait habitué à ce genre de débordement et se contenta d’ouvrir les sachets de sucre qu’il versa ensuite dans les bières. La sorcière leva un sourcil, perplexe, alors qu’il mélangeait tranquillement sa boisson. Du sucre dans de la bière ? Quelle drôle d’idée !
La pinte en main, il la but en trois gorgées sous le regard médusé de la jeune fille. Quand il reposa son verre, vide, sur la table, il jeta un regard turquoise sur l’adolescente avant de s’essuyer le coin des lèvres.
– J’imagine que ce n’est pas vraiment le genre d’endroit où vous avez l’habitude de vous rendre, dit-il en prenant la deuxième pinte qu’il se mit à siroter.
Amélia fronça légèrement les sourcils en le regardant faire. Elle qui pensait que cette bière lui était destinée, elle s’était bien trompée. Elle se mordilla les lèvres et se fustigea intérieurement d’avoir espéré un tel traitement de faveur de la part d’un inconnu. Elle sentait déjà la honte lui colorer les joues.
– Pas vraiment, avoua-t-elle en détournant les yeux pour regarder alentour.
La dispute de l’autre côté avait empiré et Amélia évita de justesse un verre volant qui s’écrasa quelque part derrière elle. Des cris fusaient dans tous les sens et bientôt le cuisinier apparu, un couteau à la main pour menacer les clients un peu trop énervés. La sorcière pencha la tête de côté, dubitative, en apercevant les canines pointues du cuistot. Un vampire ? Décidément, il était grand temps qu’elle sorte de chez elle pour explorer le monde. Jamais elle n’aurait pensé voir un vampire séparer des loups-garous dans un bar miteux du Quartier des Fées…
– Mais ça ne me dérange pas, poursuivit-elle en grattant une tâche bizarre sur la table – du moisi ? –, c’est animé. Ça change des réceptions mondaines ennuyeuses où ma mère me traîne d’ordinaire.
Amélia repensa à une soirée où elle avait fini par se battre avec l’une des filles d’un vicomte particulièrement pompeux de passage en ville. Elle ne s’était certes pas servie de ses pouvoirs, mais elle s’était beaucoup amusée à se crêper le chignon avec cette enquiquineuse guindée. Azriel et Emily avaient bien rit quand elle le leur avait raconté. Bien sûr, sa mère avait eu tôt fait de la punir, mais ça en valait la peine, rien que pour la tête qu’avait fait cette peste en voyant Amélia fondre sur elle.
L’homme-fée la regarda un moment, comme pour l’étudier. Il peinait à se faire un avis sur elle, ce qui le déroutait quelque peu. En général, il arrivait plutôt bien à cerner les gens. À croire que cette sorcière n’était vraiment pas comme les autres.
Quand elle se tourna enfin vers lui, il ne put s’empêcher d’hausser des épaules.
– Je comprends mieux pourquoi les gens du coin vous trouvent bizarre, conclut-il en buvant une nouvelle gorgée.
– Au moins je ne suis pas ennuyante, on ne peut pas en dire autant de certains membres de l’aristocratie de Riverfield.
– Ça, c’est le moins qu’on puisse dire !
Il posa son verre et planta son regard dans celui de la jeune fille.
– Bon, commençons par le commencement, décida-t-il. Je m’appelle Jagger. Jagger Tenebris.
Il lui tendit une main sale par-dessus la table, observant avec attention sa réaction.
Ses mains étaient couvertes de cendre et de suie, restes de sa soirée précédente où il avait passé plus d’une heure à ramoner la cheminée de l’une de ses voisines contre un peu de pain pour le dîner. Le soir était tombé trop tôt et il n’avait pas eu le temps de se laver avant de partir allumer les réverbères. Puis il avait passé la nuit à nettoyer la rue avec les autres décrotteurs et l’aube avait finis par se lever. En y repensant, il rêvait de prendre un bain. Il lui faudrait des heures pour se débarrasser de toute la crasse qui le recouvrait. Et son lit… qu’est-ce que son lit pouvait lui manquer ! Aussi peu confortable et cabossé fut-il, Jagger avait hâte de s’y écrouler après s’être débarbouillé.
Mais avant cela, le jeune homme tenait à la tester. Amélia semblait différente, mais il voulait s’en assurer. Et quoi de mieux qu’une poignée de main sale pour tester une jeune dame ? Le garçon avait déjà croisé des sorcières de la haute société. Il se souvenait d’ailleurs très bien des grimaces dégoûtées qu’elles affichaient à son passage. Aussi, fut-il des plus surprit en voyant l’adolescente lui serrer la main sans la moindre hésitation.
– Amélia, répondit-elle simplement.
Jagger parut perplexe. Il l’étudia un moment, s’attendant à la voir s’essuyer la main discrètement sur sa cape ou le bas de sa robe. Pourtant, là encore, elle n’en fit rien, se contentant de gratter la tâche sombre sur la table.
– Amélia… fit-il pensif en sirotant à nouveau sa bière. Vous avez eu beaucoup de chance que ma sœur passe par là avec son amie.
– Je sais, et je vous en remercie. Cette…
Amélia frissonna. Les images de sa mésaventure la hantaient toujours. Elle déglutit et se força au calme, sans réussir à cacher son anxiété. Jagger la voyait se tordre les doigts. Il réalisa soudain qu’elle avait dû avoir très peur. Il se sentit presque soulagé de l’avoir retrouvée à temps et un peu idiot d’avoir relancé le sujet. Ce qui l’étonna, au vu des circonstances.
– Cette pixie, reprit-elle courageusement, semble avoir fait de nombreuses victimes.
Jagger ne pouvait s’empêcher de la trouver bizarre. Elle tremblait presque, les souvenirs de sa rencontre avec la créature encore frais dans son esprit. Et pourtant, elle persistait à en parler. Il ne comprenait pas. Pourquoi s’obligeait-elle à poursuivre cette conversation ?
– Exact, finit-il par dire. Mais personne ne s’en soucie vraiment, elle est un peu comme ce tueur qui vous recherchez, il débarrasse la ville de ses fées encombrantes.
– C’est donc ce que vous pensez de nous ? dit-elle avec amertume en fixant la tâche sur la table.
Jagger se mordit la langue. La remarque lui avait échappé et, en voyant l’expression de la jeune fille, il en vint à regretter ses paroles. Pourtant, et malgré l’empathie qu’il commençait à éprouver à l’égard d’Amélia, il poursuivit d’une voix qu’il espérait indifférente.
– On ne peut pas vraiment dire que les Premières Familles aient brillées par leur présence ces derniers temps en ce qui concerne les fées, dit-il en haussant nonchalamment des épaules. Les Lerouge je comprends, ils détestent tous ceux qui ne sont pas de leur famille. Les Norwood, à la rigueur, ils se disent neutres et aident quand on le leur demande sans prendre parti. Mais les Moonfall se disent du côté des fées et du peuple alors qu’ils ne font rien pour nous aider. Sans vouloir vous offenser, ajouta-t-il après un instant.
Amélia soupira et posa son menton dans la paume de sa main, le coude sur la table, observant d’un œil rêveur les gens discuter autour d’eux. La dispute de tout à l’heure s’était calmée et les rires fusaient de nouveau dans tout le bar.
– Tu ne m’offenses par du tout Jagger. Au contraire, c’est bien la première fois que quelqu’un se montre aussi franc avec moi depuis…
Les mots se perdirent dans la bouche de la jeune fille. Jagger attendit qu’elle finisse sa phrase, mais seul le silence perdura à leur table. Amélia était plongée dans ses pensées. Elle ne pouvait s’empêcher de songer à Emily, à son franc parlé, à sa manière de penser qui l’avait toujours étonné. Emily ne résonnait jamais comme les autres, elle ne voyait pas le monde comme les sorcières.
Elle lui manquait tellement…
Jagger l’observa par-dessus son verre. Il semblait partagé entre la haine qu’il vouait aux sorcières de la haute société et l’empathie et la curiosité qu’Amélia lui inspirait. Quelle étrange sorcière … ne pouvait-il s’empêcher de songer. Il fronça les sourcils, plongeant son regard dans le liquide ambré de sa pinte.
– Et donc… poursuivit-il. Vous cherchez le tueur ? Comment vous comptez vous y prendre pour le trouver ?
– Je n’en sais rien pour le moment, dit-elle en se massant les tempes. Il me faudrait plus d’informations… Et tu peux me tutoyer, jugea-t-elle bon d’ajouter.
Jagger lui jeta un regard méfiant. Évidement… pensa-t-elle tristement. Il doit croire que j’essaie de le piéger…
– S’il te plait ? Tous ces « vous » me donnent la migraine. Je trouve ça ridicule, en plus, on doit avoir le même âge.
– Si vous le dites… Dans ce cas, vous – pardon – tu te rends bien compte que ta présence ici pourrais faire désordre ? Au cas où tu ne serais pas au courant, les fées n’apprécient pas beaucoup les sorcières.
– Je le sais, mais je dois prendre le risque. Riverfield va bientôt accueillir le Cirque Écarlate pour le Festival d’Aurora et les choses pourraient bien se compliquer.
– Comment ça ?
– La seule chose dont je sois certaine à propos de ce meurtrier, c’est qu’il porte un masque. Et, pour avoir participé par deux fois au festival, je peux te dire qu’il y aura des masques partout. Le tueur sera plus invisible que jamais.
Jagger pinça les lèvres. Pendant quelques secondes, il sembla plongé dans ses pensées.
– Et tu ne crois pas que le festival va plutôt le ralentir ?
– Le ralentir ? s’étonna Amélia.
Jagger se mordit la joue, croyant avoir dit une bêtise. Amélia avait beau dire, il se méfiait d’elle et de ses semblables comme de la peste. Il avait vu trop de fées se faire piéger par des sorcières pour ne pas se montrer prudent dans le choix de ses mots. Pourtant, quand il releva les yeux vers elle, Amélia le fixait avec une curiosité déconcertante.
– Vas-y, développe, l’encouragea-t-elle en se penchant en avant. Je veux entendre ce que tu as à dire.
– Eh bien… ce n’est que mon avis, mais… le Festival d’Aurora rassemble toujours beaucoup de monde en un seul endroit et illumine toute la ville de sa magie. Peut-être, au contraire, que le manque de coin sombre pour se cacher pourrait le ralentir, tu ne crois pas ? En plus, il me semble que les masques que le cirque distribue chaque année sont ensorcelés d’illusions, donc ils sont facilement reconnaissables. Un masque ordinaire serait remarqué tout de suite, même au milieu de la foule.
Il y eut un silence, puis Jagger entendit le son d’une claque. En levant les yeux, il vit Amélia, une main sur le front, l’air à la fois consterné et enthousiaste.
– Mais bien sûr ! s’exclama-t-elle soudain en se tournant vivement vers l’homme-fée. Comment ai-je pu ne pas y penser plus tôt ? Quelle idiote je fais… Jagger, tu es un génie !
– Je n’irai pas jusque-là, mais merci.
Amélia lui offrit son plus beau sourire. Jagger ne savait plus où se mettre. Mais quelle sorcière bizarre…
– Attend… dit-elle lentement, réalisant soudain quelque chose. Et s’il se servait d’un masque du cirque ? Il n’est pas exclu qu’en temps normal il se serve d’un masque lambda, mais dans la foule du festival, il pourrait très bien passer inaperçu avec l’un de ces masques !
– C’est une possibilité, mais j’en doute fortement.
– Pourquoi ?
Jagger termina sa deuxième pinte et soupira.
– Ces masques-là sont beaucoup trop voyants, haussa-t-il des épaules. En plus, ils ne se contentent pas de prendre des formes et couleurs variés en fonction du porteur, ils changent aussi la tenue. Et tout le monde sait à quel point les goûts du Maître des Illusions sont exubérants.
– C’est vrai, s’amusa-t-elle, la tête pleine de souvenirs.
Ses yeux brillèrent en repensant au dernier festival auquel elle avait assisté. Toutes ces couleurs, ces costumes abracadabrants, cette énergie et cette magie qui baignait les rues de la capitale… Qu’est-ce qu’elle avait hâte d’y retourner !
Puis elle repensa à Emily, et son cœur se serra. Elle aurait aimé pouvoir l’y emmener, profiter de cette fête merveilleuse avec elle…
Amélia secoua la tête, repoussant de sombres pensées et se tourna vers Jagger, un large sourire aux lèvres. Finalement, elle ne regrettait pas de l’avoir retenu.
Jagger, lui, semblait perplexe, presque mal à l’aise face au sourire qu’elle lui offrait. Il commença à gigoter sur sa chaise et Amélia le surprit à ébrouer ses ailes. Elle réussit à entrapercevoir l’une d’elles et ses couleurs vives. Elle se demanda alors à quoi elles pouvaient bien ressembler et, pendant une folle seconde, elle eut la furieuse envie de soulever sa cape pour les admirer.
Détournant les yeux, Amélia chercha à changer de sujet.
– Au fait, se souvint-elle brusquement, je voulais te demander : quand tu es venue me chercher chez cette fée noire, il y avait une odeur dans l’air, une odeur de plante que je n’ai pas su identifier… qu’est-ce que c’était ?
– Ah, ça…
Un profond soupire lui échappa.
– Les pixies ne supportent pas le fumet de certaines plantes. Alors, chaque famille du quartier dispose de sa propre lanterne anti-pixies. C’est très pratique, surtout lorsque l’on doit se rendre à proximité de la rue des Cauchemars le soir. Les fées noires sont plus actives la nuit.
– Comment l’avez-vous découvert ?
Jagger se racla la gorge, fouillant dans sa mémoire. Il lui semblait que sa mère lui en avait parlé peu après qu’on leur ait donné la leur…
– Il me semble que l’une des fées du quartier a pris peur en ne voyant pas revenir son enfant il y a quelques années. Elle est allée trouver Anita Norwood pour lui demander de l’aide. Avec son soutien, la Croix du Cœur a commencé à distribuer des lanternes anti-pixies à tout le monde.
– Et tu sais quelles plantes sont utilisées ?
– Bien sûr. Mais, rassure-moi, dit-il brusquement méfiant en plissant les yeux, tu ne comptes pas retourner voir cette pixie, quand même ?
– Non, non, se défendit Amélia. C’est juste que… je me disais que ça serait utile s’il y avait une descente de police là-bas.
– Mouais, marmonna-t-il du bout des lèvres, visiblement peu convaincu. Le jour où la police aura le courage de mettre un pied dans le quartier, Fiona Lerouge deviendra une sainte.
Amélia manqua s’étouffer. Imaginer la si terrifiante Fiona Lerouge en mamie gâteau aidant son prochain semblait si absurde que l’adolescente ne put retenir un rire. Puis cette image lui donna des frissons. Pour le coup, elle préférait l’originale, au moins on savait à quoi s’attendre, ça restait moins effrayant !
Jagger jeta un regard à la jeune fille et s’aperçut qu’il souriait lui aussi. Il secoua la tête. Mais qu’est-ce qui lui prenait ?
– Amarante nocturne séchée, pollen de lys de feu et pétales de fleur de givre.
– Pardon ?
– Ce sont les ingrédients.
Amélia n’eut pas le temps d’ouvrir la bouche pour le remercier. Jagger plongea une main dans la poche intérieure de sa veste et en sortit une vieille montre à gousset cabossée. Il fronça les sourcils et se leva, déposant quelques pièces sur la table et se dirigea vers la sortie, Amélia sur ses talons.
– Désolé, dit-il une fois dehors, je dois y aller.
Son éteignoir sur l’épaule, Jagger commençait à s’éloigner quand il s’arrêta et revint brusquement sur ses pas. Planté devant la sorcière, il semblait soudain très sérieux.
– J’accepte de t’aider dans ton enquête, lâcha-t-il simplement, mais seulement à une condition.
Amélia aurait sauté de joie si elle n’avait pas eu peur de le faire fuir à nouveau. Elle dut se mordre la joue pour ne pas sourire comme une idiote.
– Laquelle ? demanda-t-elle innocemment.
– Ne reviens plus ici toute seule, d’accord ?
La surprise se lisait dans les yeux d’Amélia. Elle hésita un instant, puis opina du chef.
– Très bien. Mais dans ce cas, on doit se donner rendez-vous quelque part.
– Le Parc de Lune, demain à quatorze heures, ça te va ?
– D’accord. À demain alors.
Et elle s’en alla, disparaissant dans une ruelle à quelques pas de là. Jagger la suivit du regard, et l’observa s’enfoncer dans la foule de la Grand-rue. Une fois certain qu’elle était loin, il soupira et se détourna à son tour. En route pour chez lui, il ne put s’empêcher de se demander s’il faisait bien d’aider cette étrange sorcière dans son enquête.
On a donc la discussion entre Jagger et Amélia qui finissent pas conclure un accord pour trouver le meurtrier d'Emily. On comprend rapidement que Jagger ne semble pas un mauvais bourg et j'ai eu l'impression qu'il s'obligeait à grande peine à paraitre désagréable avec Amélia. Après, on peut difficilement lui reprocher sa froideur. S'il a des choses à apprendre à Amélia, c'est réciproque. J'ai souris plusieurs fois en le voyant à ce point décontenancé face aux réactions de la jeune fille. Par contre cela ne semble pas le cas de la jeune fille, j'ai bien aimé le passage où tu décris les ailes des fées. Petit aparté, quand il a commandé deux bières je m'attendais à ce qu'il donne l'autre à Amélia pas qu'il les engloutis toutes les deux XD.
C'est un bon chapitre et les répétitions ne m'ont pas vraiment dérangé. Même si je dois t'avouer que j'ai trouvé les réflexions de Jagger parfois un peu répétitive. C'est peut-être voulu, mais sa seule pensée semble se résumer à "quelle étrange sorcière". Peut-être un peu de diversité pourrait apporter un peu plus de dynamisme au chapitre.
Quoi qu'il en soit, j'ai pris plaisir dans ma lecture et j'ai hâte de connaitre la suite. L'entente entre ces deux-là promet d'être mouvementé, mais Jagger semble vraiment s'inquiéter pour Amélia et Amélia semble apprécier ce jeune homme aux manières un peu rustre. Courage pour la suite ! :-)
Pour ce qui est des bières, je dois avouer que c'était un petit peu beaucoup fait exprès :3 j'aimais bien l'idée et je trouvais que ça collait bien au personnage, peut-être même que je devrais rajouter un passage où elle se dit que c'est pour elle et qu'elle se décompose en voyant qu'il les boit l'une après l'autre ?
En tout cas, merci pour ton commentaire ^^ ça me fait toujours autant plaisir !
A bientôt !