Chapitre 13 : Les cendres.
Solène accourait dans leur direction et la première chose que remarqua Thibault fut sa robe. Elle était couverte de taches oscillant entre le rouge sombre et le brun, qui évoquaient à s’y méprendre le sang séché. Pourtant, malgré la pâleur de son visage, elle semblait indemne.
— Vous êtes en vie ! s’écria-t-elle avec soulagement quand elle s’arrêta à leur niveau. J’ai eu tellement peur. Je ne voulais pas vous laisser sur place, mais ils m’ont évacuée tout de suite, en même temps que Rebecca. Il y a eu tellement de morts… C’est une tragédie. Je suis tellement désolée que vous ayez dû rester toute la nuit…
Un brouhaha timide lui répondit, très vite coupé par Gabriel qui s’agitait sur le dos de Jenkins.
— Maîtresse Solène, l’interpella-t-il. Maîtresse Rebecca, comment va-t-elle ?
Solène lui adressa un sourire humide.
— Elle s’en sortira. Viens Gabriel, elle sera soulagée de te voir, elle était très inquiète à ton sujet.
Le garçon acquiesça et tapota l’épaule de Jenkins, comme pour lui indiquer d’avancer. Ce dernier eut une moue dépréciative, mais n’osa pas faire de remarque devant l’impératrice qui ouvrait la marche.
La grande-duchesse avait été soufflée par l’explosion du gâteau. Ils rejoignirent sa chambre, que Thibault visitait pour la première fois. Jenkins approcha Gabriel du lit, qui se laissa tomber dessus, aux côtés de Rebecca. Ajax était là, tenant fermement une de ses mains bandées dans la sienne. Dépassant de la couverture, sa poitrine, son cou et le bas de sa joue gauche étaient également recouverts de bandages épais. L’odeur qui s’en dégageait rappela à Thibault le jour où il avait porté Max à l’infirmerie en compagnie de Lino. Ils devaient être imbibés du même produit, sûrement une pommade destinée à soigner les brûlures. Il se promit de garder pour lui l’ironie que lui évoquait la scène quand Gabriel attrapa la main libre de Rebecca.
Elle retira presque immédiatement son bras pour le passer autour du cou du garçon et le rapprocher d’elle. Thibault fut surpris de le voir se laisser faire, et hocher doucement la tête alors que Rebecca lui glissait quelques mots à l’oreille. Thibault se doutait que malgré les critiques que son ami pouvait parfois émettre à l’égard de la grande-duchesse, il avait une certaine affection pour elle, mais devant la scène, il lui sembla qu’il avait sous-estimé la relation entre eux.
Gêné, comme s’il avait surpris un moment d’intimité dont il n’était pas censé être témoin, il promena son regard sur le reste de la pièce. Il rencontra le visage d’Ajax. Sombre. Furieux. Sa légèreté habituelle enfuie, Thibault le trouvait soudainement menaçant. Il regardait froidement les bandages de Rebecca, ses deux mains crispées autour de la sienne.
Un médecin interrompit leur visite une dizaine de minutes à peine après leur arrivée. La grande-duchesse avait besoin de repos. Ils pourraient revenir la voir plus tard. Seul Ajax resterait avec elle pour le moment, même l’impératrice devait partir.
— Allez vous reposer, vous aussi, indiqua Solène quand ils furent dans le couloir. Vous me raconterez tout, mais je veux que vous preniez du repos pour le moment, et le ciel sait que j’en ai besoin, moi aussi.
Ils acquiescèrent et la marche s’amorça en direction de leur aile, mais Thibault resta en arrière. S’en apercevant, Solène l’approcha, et après avoir jeté un bref coup d’œil aux alentours, il se pencha vers elle.
— J’ai pensé à toi toute la nuit…
Il n’avait pas pu retenir le tremblement de sa voix. Le fait de voir Rebecca, qu’il avait toujours crue intouchable, dans un tel état…
Solène leva la main vers son visage et lui effleura la joue.
— Thibault… Je… Moi aussi. Viens une seconde…
À son tour, elle s’assura qu’il n’y avait plus personne autour d’eux, et prit sa main pour le mener un peu plus loin. Elle trouva une petite pièce, une simple remise, et lui indiqua d’entrer. Une fois la porte refermée derrière eux, elle lui fit face.
— Thibault… Je… Je suis vraiment désolée de vous avoir laissés derrière…
Il pouvait voir dans le regard de l’impératrice à quel point elle était sincère. Il devinait sans mal la culpabilité qu’elle avait dû éprouver en songeant à ses esclaves restés au Deuxième.
— Personne n’en doute. On espérait tous qu’ils t’aient sortie de là au plus vite.
— Comment avez-vous réussi à vous en tirer ? J’étais tellement soulagée quand Tobias m’a contactée, j’ai cru m’évanouir…
— Les jumelles… Elles ont été incroyables cette nuit.
Elle cligna des yeux, visiblement surprise.
— Vraiment ?
— Oui, elles ont reconnu le gaz qui a été lâché chez la marquise, elles ont immédiatement réagi… On leur était tous reconnaissants, vraiment. Elles nous ont sauvé la vie.
Solène regarda dans le vide une seconde, puis hocha la tête et une expression triste passa sur son visage.
— On dirait que j’étais la seule mal préparée. Si Rebecca ne m’avait pas poussée de la trajectoire, j’aurais pris la charge autant qu’elle, sinon plus. Si les gardes ne m’avaient pas faite escorter à l’extérieur, j’aurais été incapable de trouver la sortie…
— On a eu de la chance… Ce n’est pas une question de compétences, Solène.
Le regard de la jeune femme s’était braqué sur la lucarne de la remise laissant percer de pâles rayons de soleil.
— Solène ?
— Pardon, fit-elle en le regardant de nouveau. Je me disais juste qu’il était grand temps que je commence à agir.
— Au sujet de Diane ?
Il la vit frémir. Il se souvenait bien que Gabriel lui avait parlé d’un tabou au sujet du groupe de terroristes le plus organisé de Délos, mais quand ils venaient tout juste d’attaquer, il paraissait compliqué de prétendre qu’ils n’existaient pas.
— Ce sont eux qui ont tué mes parents.
Thibault se mordit la lèvre, embarrassé, mais elle ne parut pas choquée de son manque de surprise.
— J’aimerais pouvoir prétendre que j’ignore pourquoi ils agissent ainsi, mais ça devient de plus en plus difficile…
— Tu n’as rien fait qui justifie qu’ils s’en prennent à toi ! la coupa férocement Thibault.
Elle ouvrit la bouche, puis la referma. Elle était d’humeur étrange. Sa voix était faible, son regard s’était de nouveau fixé sur l’abstrait.
— Rebecca a fait de son mieux pour tenter d’endiguer le problème qu’ils représentent pour Délos, reprit-elle d’une voix calme. Mais ils sont nombreux. Ils sont très nombreux, et très en colère.
— Est-ce pour ça qu’ils l’ont visée ?
— Elle est dans leur collimateur depuis bien longtemps. L’inverse est aussi vrai… Elle a de bonnes raisons de vouloir les anéantir, crois-moi. Si c’était aussi simple que ça de mobiliser une armée pour les éradiquer, ça aurait été fait depuis longtemps. Mais on ne sait même pas exactement où ils se trouvent… alors c’est compliqué. Et onéreux, plus que le Sommet ne pourrait le supporter.
— Que veulent-ils exactement ? murmura Thibault, subjugué de l’entendre lui parler si librement de ce genre de choses.
— En dehors de ma mort ? répondit-elle avec un rire sarcastique. Ma place, j’imagine. Ils pensent qu’ils régneront mieux que moi. Mais ils ne m’ont jamais vraiment donné la liste exhaustive de leurs doléances.
— Gabriel dit…
— Je sais ce que Gabriel pense.
Thibault haussa les sourcils, surpris. Mais il ne fit pas de remarque, voyant que le regard de l’impératrice se perdait de nouveau vers la lucarne de la remise. Puis elle croisa de nouveau son regard et il se pencha vers elle pour la prendre dans ses bras. Elle ne le repoussa pas. Ce fut même elle, qui, la première, chercha ses lèvres.
— Solène…
— Je ne devrais pas faire ça… chuchota-t-elle.
— Ça ne me dérange pas du tout…
Elle baissa les yeux mais eut un sourire. Puis encore une fois, elle planta son regard dans le sien, et il aperçut les larmes qui étaient venues border ses yeux.
— Thibault… Un jour ton service ici se terminera. Tu pourras rentrer chez toi, ou n’importe où ailleurs. Je t’aiderai à t’installer où tu le souhaites. Et je suis certaine qu’à ce moment-là, tu trouveras une fille très bien, qui saura te donner ce dont tu as besoin beaucoup mieux que moi et…
— Solène… Un jour mon service ici se terminera, et je serai un homme libre, pas un esclave. Je ne veux pas d’une fille très bien. Ce que je veux…
— Thibault… le coupa-t-elle tristement.
Il soupira, mais resserra un peu ses bras autour d’elle.
— Est-ce que tu m’interdiras seulement d’en rêver ? murmura-t-il.
Une larme roula sur la joue de Solène. Il l’essuya du pouce, et de nouveau, se pencha vers elle.
***
Le lendemain, Thibault se réveilla tôt. Il avait dormi depuis leur retour au Sommet la veille, et l’horloge de sa chambre indiquait cinq heures du matin. Gabriel avait dormi dans son lit. Thibault se leva aussi silencieusement que possible pour ne pas le réveiller, mais il ne pouvait rester plus longtemps allonger là à ressasser ses pensées. Les événements qui s’étaient produits durant l’anniversaire de Rebecca avaient envahis ses rêves, rendant sa nuit agitée. Il avait vu et revu la scène où les deux femmes s’étaient effondrées, l’écume brune à leurs lèvres, et un curieux sentiment s’insinuait en lui de bon matin. Il en était le premier surpris. Il n’avait d’abord pas suspecté l’impact qu’aurait un tel spectacle sur lui.
Il rejoignit le salon au bout de l’aile des esclaves d’honneur. À sa surprise, il entendit comme des murmures, et quand il poussa la porte, fut étonné de retrouver Lino et Théo, assis sur l’un des divans, devant la télévision déjà allumée.
— Salut, ça va Thib ? lança Lino en le voyant arriver.
Il hocha la tête et leur adressa un sourire, avant de se laisser tomber sur la place à côté de Théo.
— Je ne pouvais plus dormir. Ça fait longtemps que vous êtes là ?
— Une heure environ, indiqua Théo. On regarde les infos.
— Ça dit quoi ?
— L’attentat fait les gros titres bien sûr. C’est le plus important depuis celui sur l’usine du Sixième, dont on te parlait hier. Ils en sont à une soixantaine de morts.
Thibault déglutit difficilement. Une soixantaine… Il n’avait pas envisagé qu’autant de personnes aient pu perdre la vie. Ils n’avaient vu que le groupe, devant la porte de service. Quand ils avaient quitté les lieux avec Tobias, la voie qu’ils avaient empruntée était dégagée.
— J’imagine que la présence de Maîtresse Solène sur les lieux attire d’autant plus l’attention, fit-il d’un ton qui se voulait léger.
Théo acquiesça vaguement, et posa un doigt sur ses lèvres avant de monter le volume de la page-téléviseur d’un cran, rendant ainsi la parole au journaliste qui présentait le bulletin spécial.
« … revendiqué par le groupuscule auto-nommé Diane. Nouveau bilan reçu à l’instant, le nombre de morts s’élèverait à soixante-dix-sept personnes, toutes originaires du Deuxième et du Troisième. Si vous nous rejoignez à l’instant, nous vous rappelons qu’il est recommandé, notamment au sein des étages supérieurs, de rester chez vous pendant les prochaines heures, et pour les détenteurs de laissez-passer intra-strates, de ne pas quitter votre étage d’origine le temps des investigations. Pour rappel, il s’agit du huitième attentat revendiqué par les terroristes de Diane, et le quinzième que les autorités lui attribuent.
Des nouvelles de l’impératrice Solène maintenant, qui aurait regagné le Sommet indemne selon les officiels. La grande-duchesse Rebecca, également visée par ce nouvel attentat, aurait quant à elle été grièvement blessée au cours de la soirée d’hier. Ses jours ne seraient cependant pas en danger. Nous rappelons que c’est la seconde fois que cette dernière échappe de peu aux représailles de Diane. En 2704, la grande-duchesse avait perdu son époux et ses deux enfants dans le même attentat qui avait coûté la vie à l’empereur Marcelin et à son épouse… »
Thibault sentit sa mâchoire tomber. Il se redressa sur le divan, puis fit volte-face vers Lino et Théo qui écarquillaient les yeux. Lino se tourna vers lui.
— Tu le savais ? demanda-t-il.
— Non ! Toi non plus ?
— Pas du tout… J’ignorais complètement que Rebecca était présente ce jour-là…
Thibault recentra son attention sur l’écran lumineux devant lui, mais le journaliste était déjà passé à autre chose. Il interrogeait à présent un quelconque spécialiste de la sécurité de Délos sur la manière dont Diane avait pu accéder au Deuxième.
— En 2704… reprit Lino d’une voix faible. C’était il y a dix ans. Rebecca avait autour de trente-cinq ans, ses enfants devaient être jeunes…
— Ça explique pas mal de choses, répondit Théo d’une voix étrange.
— Qu’est-ce que tu veux dire ? demanda aussitôt Thibault.
— Eh bien… Elle est quand même… Assez particulière ?
— Particulière ?
— Tarée quoi…
— Si tu as un jour des enfants, et qu’on les crible de balles devant toi Théo, on verra si tu restes parfaitement sain d’esprit.
Thibault tressaillit. La voix s’était élevée dans son dos. Il se retourna lentement, pour faire face à un Gabriel à l’air assassin. Il osa à peine détourner le regard pour observer Théo, lequel avait incroyablement blêmi.
— Ce n’est pas…
— Pas quoi ? demanda aussitôt Gabi d’une voix froide.
— Je ne disais pas ça pour la critiquer. Justement…
— Alors tais-toi, tout simplement.
Il fit quelques pas dans la pièce et coupa le téléviseur, puis repartit aussitôt.
Thibault n’osait pas bouger, et Lino lui donna une petite tape sur l’épaule.
— Quoi ?
— Tu ne le suis pas ?
— Euh…
Il hésita. Gabriel n’était pas souvent en colère, mais quand il était en colère, il pouvait être terrible. Il soupira devant l’air insistant de Lino, et finit par se lever pour quitter la pièce à son tour. Son ami était retourné dans sa propre chambre.
— Gabi ?
— Je n’ai pas envie d’en parler.
— D’accord.
Gabriel lui jeta un regard suspicieux.
— Je m’attendais à ce que tu insistes.
— Est-ce que tu veux que j’insiste ?
Il l’observa encore quelque seconde et un léger sourire naquit au coin des lèvres de son ami.
— Les journalistes n’auraient jamais dû parler de ça, indiqua Gabriel. Elle a défendu que ce soit discuté à la télévision, ils vont avoir des problèmes.
— Ils en ont profité parce qu’elle est blessée, approuva Thibault dans un souci que Gabriel ressente son plein soutien. De vrais charognards…
— Oui. Ça ne plaira pas à Ajax.
— Gabi… Qu’est-ce qu’il s’est passé ce jour-là exactement ?
Gabriel soutint son regard quelques instants, puis sembla capituler. Il s’assit à côté de Thibault sur le lit et prit une grande inspiration.
— Un ancien esclave a trahi la famille impériale. Il avait terminé son service décennal depuis peu et avait été engagé au palais pour y travailler. Un homme bien sous tous rapports, très serviable, apprécié de tous. Mais il cachait simplement très bien son jeu. S’était-il radicalisé durant sa peine, ou avait-il toujours haï l’empereur, la question reste entière… Quoiqu’il en soit, il a profité de sa liberté pour entrer en contact avec Diane. Alors que la famille impériale était en visite officielle au Quatrième, il a transmis leur itinéraire aux terroristes. Il a lui-même tiré sur le père de Solène. Il a été abattu ce jour-là lui aussi.
Thibault avait senti sa mâchoire lui tomber pendant que Gabi parlait.
— Ils ont été trahi… Par un ancien esclave ?
Gabriel hocha la tête.
— Comment ça se fait que le palais ait continué à en engager après ça ? Et à donner du travail à ceux qui voulaient rester après leur peine ? Je veux dire… Même Rebecca, elle a gardé Ajax auprès d’elle…
— C’est moins onéreux, un esclave, et tous ne conservent pas un poste après la fin de leur peine. Tobias était le premier depuis cette époque, tu sais ? Et concernant Ajax… C’est lui qui a sauvé Rebecca ce jour-là. Quand ses enfants ont été touché… Elle avait un garçon et une fille, de quatorze et onze ans. Elle a essayé de les protéger et a été elle-même prise dans l’échange de tirs. C’est Ajax qui l’a sortie de là. C’est lui qui s’est occupé d’elle après ça. Rebecca a beaucoup de mal à accorder sa confiance, mais s’il y a quelqu’un à qui elle confierait sa vie, c’est bien Ajax.
Thibault resta silencieux. Il n’avait jamais particulièrement aimé Rebecca, mais à présent, il se sentait troublé. Même si ça n’avait pas plu à Gabriel, il devait donner raison à Théo. La folie de la grande-duchesse s’expliquait aisément avec cet horrible incident.
— Tu penses qu’elle est folle, toi aussi ?
— Non, mentit Thibault.
— Elle l’est peut-être un peu, pourtant… murmura Gabriel.
Thibault l’observa. Son ami préférait regarder par la fenêtre, les yeux perdus dans le vague.
— Je comprends pourquoi elle boit autant par contre, reprit Thibault.
— Elle ne boit plus tellement. Elle s’est calmée depuis que Solène le lui a demandé.
— Solène, d’ailleurs, reprit alors Thibault. Où était-elle ce jour-là ?
— Elle ne te l’a jamais raconté ?
— Non, je n’ai jamais tellement parlé de la mort de ses parents avec elle… Ça me semblait être un sujet sensible.
— Elle était au Sommet, clouée au lit par une grippe. Elle aurait dû y être elle aussi… Elle a eu de la chance. Écoute Thibault, n’en parlons plus pour le moment. Je dois aller prévenir Ajax du fait qu’ils en ont parlé à la télévision. Ça ne va pas être une partie de plaisir… J’apprécierais si tu pouvais prétendre ne rien savoir. Quant aux autres…
— Je vais dire à Théo et Lino de ne pas l’ébruiter, ne t’inquiète pas.
Gabriel lui adressa un sourire reconnaissant, puis quitta la pièce le premier.
***
— Les garçons ?
Thibault était retourné dans le petit salon avec ses camarades. Il tourna la tête vers la porte, et s’aperçut que Tobias les regardait. Il avait l’air fatigué, il n’avait probablement que peu dormi.
— Je venais vous réveiller, indiqua-t-il. Il y a des inspecteurs venus pour recueillir votre témoignage. Vous pouvez aller chercher les autres et me rejoindre au salon Marie-Taupe ?
Ils passèrent près de deux heures avec les représentants de l’autorité. Les hommes étaient extrêmement secs, visiblement en proie à une grande agitation. En reliant cet interrogatoire à la conversation qu’il avait eu avec Gabriel, Thibault comprit que des soupçons pesaient sur eux. Les hommes avaient cherché à savoir si l’un d’entre eux s’était trouvé dans la résidence de la marquise Molly Laeterra avant l’événement. Ce n’était le cas que pour Gabriel, qui avait déjà accompagné Rebecca chez sa cousine, mais quand il l’avait signalé, les hommes avaient jeté un bref coup d’œil à leurs carnets de notes et n’avaient pas continué de l’interroger. Visiblement, la grande-duchesse avait dû l’écarter d’office de la liste des suspects.
Thibault ne put s’empêcher de ressentir une pointe de jalousie devant ce passe-droit, car il se sentait presque insulté à l’idée qu’on puisse le soupçonner de quoi que ce fût, pourtant il s’en tint à répondre posément aux questions. La situation était trop grave pour faire un caprice à un moment pareil, et quand ils mentionnèrent qu’ils avaient eu un échange direct avec les terroristes, les hommes n’eurent de toute manière plus que cela en tête.
Après qu’on eut fini de les interroger, ce fut le tour de l’impératrice elle-même de rapporter les faits, et à sa grande insatisfaction, Thibault aperçut Seth Pluto la rejoindre dans son boudoir favori.
— Je croyais qu’on ne pouvait pas circuler entre les étages à moins d’un motif impérieux, maugréa-t-il plus pour lui-même que pour les autres.
— Il dort ici depuis l’attentat, indiqua néanmoins Jenkins.
Thibault tourna vivement la tête vers lui, et Jenkins parut se retenir de sourire.
— Il a suivi l’impératrice, ils ont été évacués ensemble. Mais je suis quasiment certain qu’on lui a donné sa propre chambre, si ça peut te rassurer.
Thibault renonça à l’envie de répliquer. Ça n’était pas la faute de Jenkins. Il était inutile de lui sauter dessus et de le frapper, même s’il brûlait d’envie de lui faire ravaler son sourire narquois. Les choses avaient été faites dans la précipitation. Ça n’était pas comme si Solène l’avait invité à passer la soirée avec lui. Il inspira longuement.
— Je vais voir Rebecca, annonça alors Gabi, le ramenant au temps présent. Je vous dis à plus tard.
Il tourna immédiatement les talons en direction du grand escalier qui menait à la chambre de la grande-duchesse. Il boitait encore un peu, mais marchait tout de même d’un pas vif.
— Il est inquiet, constata Lino.
— Oui, il l’est, répondit Thibault. Mais sûrement pas autant qu’Ajax. Vous avez vu sa tête, hier ?
— Terrible, soupira Félicie. On aurait dit qu’il était prêt à descendre directement au Septième pour démanteler Diane par lui-même.
— Au Septième ? répéta Thibault.
— C’est là qu’on suppose qu’ils se cachent, expliqua Féline. Après tout, c’est le seul endroit de Délos où les autorités n’osent pas trop s’aventurer. Quel meilleur endroit ?
***
La journée passait lentement. Thibault brûlait d’envie de voir Solène, mais Seth Pluto étant présent, elle ne les convoqua pas. Gabi aussi s’éternisait au chevet de Rebecca. Il resta donc avec les autres esclaves d’honneur, dans leur salon, à regarder la télévision. On diffusait en boucle quelques rares images de l’attentat, que la presse couvrant l’anniversaire de Rebecca était parvenue à capturer malgré l’agitation. Thibault ne pouvait s’empêcher de jeter des coups d’œil à l’écran qui flottait au-dessus de son petit socle. Sans le son, couvert par des commentaires redondants, il ne lui semblait pas que l’horreur de la situation était suffisamment retranscrite. Ça avait été le pire. Les hurlements des gens, les explosions qui les faisaient sursauter. Les bruits de pas précipités dans le couloir où se trouvait leur cachette…
Et il n’y avait rien de nouveau. Le bilan des morts semblait s’être arrêté à soixante-dix-sept, faisant de cette tragédie le deuxième attentat le plus meurtrier de ceux répertoriés dans les vingt dernières années, derrière celui de l’usine du Sixième en 2705. À l’occasion de la mention de ce vieil événement, les journalistes, en mal de nouveauté immédiate, passèrent un ancien reportage qui retraçait le fait divers, mais Thibault ne le suivit que d’une oreille. Les autres, bien plus au fait que lui, débattaient allégrement du sujet, et il se perdait au milieu des explications et des théories. Il finit par les quitter pour aller dormir et sombrer une fois encore dans un sommeil agité.
***
Trois semaines plus tard, les choses étaient à peu près revenues à la normale. On ne recevait plus que quelques très rares invités au palais, dont, au grand dam de Thibault, Seth Pluto. Le contrôle aux monte-charges avait été drastiquement renforcé. L’enquête piétinait toujours, et peu à peu, les journalistes tentaient de s’intéresser à de nouveaux sujets, ne faisant plus le point sur l’attentat que de temps à autre.
Le 22 décembre, en fin de matinée, les esclaves d’honneur avaient été convoqués par Solène pour un déjeuner en compagnie de Rebecca. Elle se remettait enfin de ses blessures et arriva entourée d’un Ajax à l’air éternellement furieux et d’un Gabriel étonnamment attentionné.
Le visage et le cou de la grande-duchesse ne portaient quasiment plus aucun stigmate des brûlures infligées par l’explosion qui l’avait soufflée. Thibault la salua avec davantage d’entrain qu’habituellement et elle lui lança un regard perçant. Peut-être était-elle surprise par cet élan de sympathie, mais elle en ignorait la raison. Gabriel avait indiqué à Thibault qu’Ajax ne l’avait pas informée de la mention du drame qui avait coûté la vie de sa famille au journal matinal. Il avait « réglé » le problème lui-même, et depuis son passage au Troisième, Thibault n’avait plus revu le présentateur incriminé à la télévision.
Quand Solène rejoignit enfin ses invités, suivie de Tobias, le silence se fit, et Thibault ressentit une étrange appréhension. L’impératrice avait évité son regard, quand, habituellement, elle lui adressait un sourire à chaque fois qu’elle le croisait, qu’il soit seul ou non. Il concentra son attention sur elle, mais alors qu’elle les invitait à se rapprocher, il ne put que constater qu’elle évitait encore de regarder directement vers lui. Quelque chose clochait.
Thibault s’efforça de respirer calmement.
— Bonjour tout le monde, merci d’être venus.
Ils la saluèrent en retour et attendirent. Thibault ne pouvait s’empêcher de la fixer. Il ne cillait presque pas.
— J’ai une grande nouvelle à vous annoncer, à tous, continua Solène avec un entrain qui lui semblait un peu faux.
Elle marqua une nouvelle pause, puis elle tendit sa main gauche vers eux. Son annulaire était désormais orné d’une bague resplendissante, sertie d’un diamant d’une taille monstrueuse.
Le temps s’arrêta.
Thibault sentait l’air dans ses poumons se vicier. Il ne parvenait pas plus à inspirer qu’à expirer. C’était juste comme la fois où Solène l’avait étranglé avec son collier, des années auparavant. Comme cette fois-là, il sut qu’il allait mourir.
Puis le temps qui s’était figé repartit à une allure folle, comme pour se rattraper. Les applaudissements fusèrent. Il eut un peu de mal à les attraper au vol. À se joindre à l’explosion de joie. Il se força. Il tapa fort dans ses mains. Il essaya de se rappeler comment sourire.
Seul le regard de Gabriel s’attardait sur lui. Les autres s’étaient tous focalisés sur Solène, qui avait rougi mais accueillait avec plaisir les félicitations de ses esclaves. La grande-duchesse souriait largement. Elle ne semblait pas surprise, peut-être était-elle déjà au courant.
Quelques instants plus tard, comme s’il s’était trouvé dans un rêve, Thibault s’aperçut qu’il était assis à table avec les autres. Jenkins avait pris la place à droite de Solène, habituellement occupée par Thibault. Les jumelles avaient pris place à sa gauche et observaient l’alliance avec un regard tout aussi scintillant que son diamant. Ajax se penchait vers la grande-duchesse, murmurant à son oreille, la faisant rire de temps à autre. Lino était survolté, il ne cessait de faire le pitre et d’attirer ainsi les regards sur lui. Gabi jetait des coups d’œil aléatoires vers Thibault. Thibault préféra bientôt regarder la neige qui virevoltait au dehors.
* Biiip.
Le signal sonore émis par la page de la grande-duchesse instaura le silence dans la pièce.
* Annonce de la plus haute importance : veuillez ouvrir votre poste de télévision au plus vite pour un bulletin spécial présenté par Marius Pléthor.
Thibault haussa un sourcil, et suivit du regard Tobias qui s’était levé de table d’un pas tranquille, pour allumer la télévision. L’image apparut la seconde suivante, révélant le visage grave de Pléthor.
« … apprenons à l’instant que le quartier ouest du Troisième est touché par un incendie d’une rare intensité. D’après les premières constatations, il semblerait que le feu ait pris au sein même de la Chambre de Commerce, et se soit propagé aux bâtiments limitrophes. Nous ignorons encore s’il s’agit d’un acte criminel ou d’un accident. Les autorités recommandent pour l’heure d’éviter le secteur. Les pompiers du Troisième sont mobilisés sur place et seront très prochainement rejoints par ceux des Deuxième et Quatrième étages… »
— Sharon…
Thibault détacha son regard du visage de Pléthor pour observer Tobias. Sharon était sa femme. Sa femme qu’il avait faite remonter, et installée au Troisième, à partir du moment où il avait accepté le rôle de majordome en chef du palais. Sa femme avec qui il vivait désormais, dans le quartier ouest du Troisième, où l’on trouvait le monte-charge le plus direct pour rejoindre le Sommet. L’incendie s’était-il déclaré près de sa maison ?
Tobias paraissait plongé dans une sorte de transe. Il échappa le socle de la page qui se fracassa au sol, brouillant légèrement l’image. Il tourna alors les talons, se précipitant vers la porte. Il n’eut pas le moindre mot, pour personne, pas même pour Solène qui écarquillait les yeux avec effroi. Ajax se leva la seconde d’après, et indiqua qu’il le suivrait, juste avant de disparaître à son tour par l’embrasure de la porte.
Le débit du journaliste, inlassable, continuait de meubler le silence sonore. Thibault s’aperçut que son cœur battait plus vite. Ses doigts se mirent à trembler alors qu’on voyait désormais les images de l’incendie à l’écran, filmés par des drones. Ce n’était pas qu’un simple feu… C’était l’enfer même qui était venu au Troisième. Il jeta alors un coup d’œil au dehors, comme s’il s’attendait à apercevoir le brasier. Mais non, il neigeait toujours. C’était l’hiver après t… Non.
Thibault se leva, et approcha la fenêtre, qu’il ouvrit avant de tendre son bras tremblant.
Ce n’était pas de la neige. Il attrapa néanmoins un flocon et l’écrasa entre ses doigts. Il ne resta qu’une trace sombre sur sa peau. C’était de la cendre. Le vent avait dû porter les embruns de l’incendie jusqu’au Sommet. Il tourna la tête. À ses côtés, Solène, le regard plein d’appréhension. Il lui montra sa main où la tache noire s’étalait.
***
C’était le 25 décembre, et Ajax tremblait. Il présentait un vilain hématome sur la tempe droite. La grande-duchesse y apposait un sac rempli de glace et il se laissait faire, mais l’expression de son visage était dure.
— Je vais envoyer du monde, bien sûr, affirma Solène.
— Est-ce nécessaire ? s’étonna Seth Pluto.
Thibault se tenait avec les autres esclaves, bien aligné contre le mur. Il aurait voulu balancer son poing au visage du riche héritier pour cette remarque. Il fut un peu rassuré par le froncement de sourcils désapprobateur de l’impératrice.
Trois jours auparavant, Ajax avait poursuivi Tobias jusqu’au Troisième, où il s’était immédiatement rendu après l’annonce de l’incendie de la Chambre de Commerce. Quand ils étaient presque arrivés sur place, on les avait néanmoins empêchés d’aller plus loin. Tobias avait alors essayé de se frayer un passage de force. Sa maison était dans la zone sinistrée et Sharon devait s’y trouver. Il en était devenu complètement fou et avait dû être sédaté. À son réveil, le soir même, l’incendie était enfin maîtrisé et on avait commencé à compter les morts. Les nombreux morts. Les flammes s’étaient étendues sur trois axes principaux du quartier ouest, dans des zones résidentielles.
Tobias avait supplié qu’on le laisse passer, soutenu par Ajax. Finalement, à force de négociations et entourés de pompiers, ils avaient pu se rendre jusqu’à la demeure des Torch, pour y découvrir une scène insoutenable.
Le corps calciné de Sharon se trouvait parmi les décombres.
Pire encore, celui de Teddy, leur fils, reposait également là. Tout près de Sharon.
Il aurait pourtant dû être à l’école à cette heure-là. Par quel terrible, et malencontreux hasard avait-il pu se retrouver à la maison lui aussi ?
Tobias en avait littéralement perdu l’esprit. Effondré, il s’en était pris à tout ce qui était vivant autour de lui, les pompiers, les militaires et même à Ajax. Il avait de nouveau dû être sédaté.
Ajax était alors rentré au palais pour rapporter la triste nouvelle. Aux informations, le soir, Marius Pléthor avait appris à la population de Délos que Diane revendiquait ce nouvel attentat. Si proche du précédent… Personne ne s’y était attendu. Personne n’était sur ses gardes. Personne ne croyait que Diane frapperait de nouveau, si vite, si fort. Et surtout pas dans une zone si peuplée.
Ajax était retourné voir Tobias le lendemain, puis le surlendemain, et le jour même. Mais quand les médecins les avaient laissés seuls, ce dernier avait profité du premier moment où Ajax avait baissé sa garde pour l’assommer et s’enfuir de l’hôpital. Personne n’avait vu de quel côté il s’était échappé. Il avait disparu.
— Tobias est à mes côtés depuis bientôt treize ans, Seth, indiqua Solène d’une voix qu’elle s’efforçait de garder calme. Évidemment, que c’est nécessaire. Il a… Il vient… de subir une perte terrible. Je ne peux même pas imaginer ce qu’il ressent. Le laisser livré à lui-même dans un moment pareil… Comment pourrais-je faire ça ? Nous allons retracer son laissez-passer intra-strates pour savoir où il s’est rendu. Je ferai tout pour le retrouver, et l’aider à surmonter cette horrible épreuve.
Son visage était grave. L’incendie avait fait plus de cinq-cents morts, et trois jours après, on déplorait encore une centaine de disparus. Thibault n’avait jamais vu une telle expression chez la jeune femme.
Dans les jours qui suivirent, les fiançailles de l’impératrice ne furent pas annoncées. Le temps était au deuil, et les conseillers gouvernementaux préconisèrent d’attendre que les cœurs aient commencé à guérir avant d’apporter cette heureuse nouvelle, et la jeune souveraine n’avait pas non plus la moindre envie de faire cette annonce dans un moment pareille. Elle convoqua en revanche tous ses ministres au palais, pour une session exceptionnelle. C’était la première fois qu’ils se déplaçaient au Sommet sur son ordre.
Elle exigea qu’on réhausse la sécurité dans l’intégralité des étages de la cité. Les ministres voulurent centrer leur action sur les étages supérieurs, mais l’impératrice s’y opposa formellement. Tous les étages, y compris le Septième, devaient être protégés selon elle. Elle dut néanmoins céder à la demande de Aaron Typhus, son premier ministre, et limiter la protection renforcée du Sommet au Sixième. Ils ne possédaient pas les effectifs suffisants pour envoyer du monde au Septième. Le coût de recrutement ne vaudrait pas la chandelle, car les militaires auraient été immédiatement pris d’assaut. Cela aurait été « contre-productif ».
Thibault savait néanmoins pourquoi Solène aurait voulu une intervention jusqu’au Septième. Quand elle avait enfin eu les résultats de l’enquête sur Tobias, elle avait découvert avec horreur qu’il s’était rendu là-bas. Seul.
Depuis, on n’avait eu aucune nouvelle de lui, et Thibault aussi, craignait le pire pour son mentor. Il sentait son cœur se briser un peu quand il tentait de se mettre à sa place et de comprendre sa réaction. Tobias, trois ans auparavant, avait conditionné sa prise de poste au palais en échange que Sharon et Teddy soient autorisés à rejoindre le Troisième, où il pourrait les retrouver chaque soir, et où sa famille serait en sécurité. Il n’avait jamais eu l’air si heureux que pendant ces trois dernières années.
Quand Thibault se rappelait son expression et entendait, comme un écho, sa voix prononçant le nom de sa femme, un profond malaise venait lui crisper l’estomac. Tout perdre. En un instant. Ceux qu’il aimait le plus au monde et pour qui il avait tout sacrifié…
Les semaines qui suivirent, il n’y eut plus de mouvements revendiqués par Diane. À la télévision, on disait que jamais la sécurité n’avait été si haute dans les étages inférieurs. Tous les monte-charges étaient surveillés par des milices armées, qu’ils servent au transport de personnes ou à celui des marchandises.
On entrait dans une nouvelle ère.
Une telle tension régnait chaque jour, y compris au Sommet, que Thibault fut pris au dépourvu quand enfin, le mariage de l’impératrice Solène avec Seth Pluto fut annoncé, au journal télévisé diffusé le 1er février de l’an 2715.
Ma passion pour ton histoire ne redescend avec ce chapitre. Tout s'accélère, le réveil de Diane est aussi brutal que violent. Le destin de Tobias est tragique, le moment où Thibault dit qu'il était heureux est déchirant. Le fait qu'il s'enfuie pour aller au 7e est intéressant pour l'histoire même s'il y a de quoi craindre pour son destin. Va-t-on retrouver son corps ? Va-t-il réussir à trouver Diane et se venger ?
Trop intéressant d'en apprendre encore un peu davantage sur les histoires des précédents attentats, sur Rebecca, sur l'esclave qui a trahi le Sommet. Son destin m'intrigue beaucoup, il y aurait sans de quoi écrire sur lui, du moins c'est ce que j'imagine... Quant à Ajax, je ne le crois plus infiltré pour Diane et je me questionne donc sur sa place dans cette histoire. Comment va-t-il se positionner ? A-t-il des motivations propres ? Ce perso m'intrigue vraiment beaucoup.
J'ai aussi beaucoup aimé l'image des cendres de neige pour montrer l'ampleur de la catastrophe. D'ailleurs, ça sonnerait bien comme titre de chapitre.
quelque chose comme : flocons de cendre....
La relation entre Solène et Thibaut est subtilement décrite. Leur scène post-attentat est magnifique. Un bijou dans un chapitre sombre.
Mes remarques :
"il lui sembla qu’il avait sous-estimé la relation entre eux." -> leur relation ?
"— Est-ce que tu m’interdiras seulement d’en rêver ? murmura-t-il. Une larme roula sur la joue de Solène. Il l’essuya du pouce, et de nouveau, se pencha vers elle." wow ce passage est fort
"durant l’anniversaire de Rebecca avaient envahis ses rêves," -> envahi ?
"Jenkins avait pris la place à droite de Solène, habituellement occupée par Thibault." -> Jenkins avait pris sa place ?
"Cela aurait été « contre-productif »." mdr la langue de bois ahah
Je continue ! je ne peux plus m'arrêter ahah
Ok je vais répondre dans l'ordre pour pas me perdre mais je réponds juste à ça vite fait :
" il y aurait sans de quoi écrire sur lui," -> comme un... spinoff ? (héhéhéhéhé)
Bon je reprends ce que j'ai dit juste avant : le spinoff n'est PAS sur l'esclave qui a trahi le Sommet, mais puisque je raconte le passé d'Ajax... Voilà voilà. J'en dis pas plus, j'en ai déjà trop dit, je veux pas te spoiler l'autre histoire. Je sortais du travail, c'est la fatigue xD
Du coup j'ai un peu répondu à tes interrogations sur Ajax dans une réponse précédente. Son rôle ici reste secondaire, même s'il n'est pas inexistant. Je suis contente qu'il attire quand même ton attention. Je ne sais pas si c'est parce que tu sais déjà que j'ai écrit un tome sur lui, ou si c'est purement par rapport à l'histoire ici, mais c'est bien si c'est le deuxième cas xD
Pour le titre de chapitre, j'avais hésité avec juste "La Neige", mais je suis partie sur "Les Cendres" parce que je trouvais qu'on pouvait se dire que c'était à cause des retombées de l'attentat précédent.
Contente aussi que la scène entre Solène et Thibault t'ait plu ! Merci d'ailleurs pour la pa-pépite ^^
"Jenkins avait pris sa place ?" -> sur cette phrase, je crois que ça ne serait pas clair. Ça peut aussi vouloir dire "la place de Jenkins" et donc ne pas être clair. Là, je voulais insister sur le fait que normalement, c'est Thibault qui se trouve là !
"Bon je reprends ce que j'ai dit juste avant : le spinoff n'est PAS sur l'esclave qui a trahi le Sommet, mais puisque je raconte le passé d'Ajax... Voilà voilà. J'en dis pas plus, j'en ai déjà trop dit, je veux pas te spoiler l'autre histoire. " pas vraiment un spoil, j'avais déjà l'hypothèse en tête même si je l'ai pas écrite hihi j'imagine que le pdv d'Ajax va être directement lié au gros attentat de Diane contre la famille impériale.
"Je ne sais pas si c'est parce que tu sais déjà que j'ai écrit un tome sur lui, ou si c'est purement par rapport à l'histoire ici, mais c'est bien si c'est le deuxième cas xD" Dur à dire honnêtement mais la plupart des persos secondaires sont intéressants sans leur spinoff donc...
Okok, pour moi ça paraissait clair comme on parle de Thibault juste avant mais effectivement ça peut amener de la confusion, je comprends.
A très vite !
L'impératrice pourrait bien prendre les rênes du pouvoir à cette occasion et elle semble très consciente de la difficulté de la tâche. Il ne s'agit pas d'une vendetta, elle semble elle aussi poings et pieds liés.
On apprend que la duchesse a perdu ses deux gamins aussi.
Le comportement parfois insupportable de Gabi est davantage mis en valeur dans ce passage, c'est une bonne chose.
Solène se fiance, mais arrivera-t-elle à se marier avant le trépas de la famille impériale ? Lorsque l'incendie surgit, le palais devient le cœur que j'observe, regardant l'étau du drame se resserrer.
Ah Thibault ! Si tu savais à quel point ce que tu crois important ne l'est pas tant…
Bon, ça bouge ! Des lignes aboutissent, dont le pouvoir exécutif de l'impératrice (à se demander comment elle peut financer ce qu'elle a déclaré infinançable). L'un des protagonistes un peu éloignés vient de descendre aux enfers alors que la duchesse semble s'en être tirée. Les lignes de Gabi ont bougé (ou on été davantage éclairées). J'ai bien envie de poursuivre, mais le dieu de l'agenda s'y refuse.
Trucs pas nets à vérifier :
— Vous êtes en vie, s’écria-t-elle -> vie ! s'écria (pour la cohérence de la ponctuation)
Une étrange odeur se dégageait de ses pansements, un produit destiné à soigner les brûlures. Thibault l’avait déjà senti sur Max après le traitement que la grande-duchesse lui avait infligé. -> Je trouve que ça fait justification. Je te laisse comparer à une version où l'odeur ravive son souvenir, dans un style plus direct et moins justifiant/justificateur/justetruc quoi :D
L’inverse est aussi vraie -> vrai
et quand ils mentionnèrent l’échange qu’ils avaient eu un échange direct avec les terroristes -> échangeons donc ;)
avaient traversée été bien -> était bien
Le laisser livrer -> livré
C’était une nouvelle ère. -> généralement, on entre dans une ère (les verbes d'action, c'est parfois bien)
Contente (soulagée, même) que la scène Thibault/Solène t'ait plu. Je ne l'ai réécrite que 56 fois ♥
Il se passe pas mal de choses dans ce chapitre, oui ! J'avais peur qu'il soit un peu long mais il fallait en effet mettre en place pas mal de choses, de l'impact direct de l'attentat, à ce second attentat qui nous coûte l'un des personnages du Sommet (secondaire, certes, mais que j'aime beaucoup personnellement xD).
"à se demander comment elle peut financer ce qu'elle a déclaré infinançable" -> Mmh en fait, entre ce qu'elle veut et ce qui est faisable, il y a un pas, mais certaines choses sont possible :
- Protéger les étages supérieurs, OK.
- Étendre sur les 4ème à 6ème étage, faisable même si c'est un peu chaud financièrement.
- Le 7ème ? Un gouffre financier (sous l'émotion, elle tente le coup, mais on la ramène vite à la réalité).
Merci pour tes remarques, je corrige de ce pas ! :D
Pour les choses possibles, c'est juste que son ministre utilise l'argument du personnel disponible, mais on n'a rien sur les sous. Vu que tu mets une justification, ça risque de causer une incohérence par rapport à ce qu'elle disait plus haut.