Le docteur Ferry sortit de la chambre avec Marion en refermant doucement la porte, laissant Léo endormi, vidé de ses forces vives mais au repos.
– Je lui ai administré un calmant, dit le médecin tout bas. Il devrait se reposer toute la nuit. Il faut absolument qu’il poursuive son traitement dès demain. Je vais prendre rendez-vous d’urgence auprès du service d’oncologie qui le suit.
– Vous ne pouvez absolument pas me dire à quel stade il en est ? demanda Marion, très inquiète.
– Malheureusement non. Ce n’est pas de mon ressort. Pour vous le dire, il faudrait que j’aie accès à son dossier et à ses résultats d’analyses. Un traitement de cancer se gère dans des services très spécialisés, pas avec un médecin de campagne comme moi. Et puis, vous l’avez entendu vous-même ; on vient de lui annoncer qu’il n’en avait plus pour très longtemps. C’est pour cela qu’il faut l’emmener très vite à l’hôpital. Vous permettez que j’appelle de chez vous ?
– Je vous en prie, faites, lui dit-elle en indiquant le téléphone sur le bout de canapé.
Pendant que le médecin prenait le combiné, Marion serrait son gilet de laine contre elle, prise d’un frisson qui l’envahissait toute entière. Les épaules voûtées, elle était plus préoccupée que jamais. Voir Léo anéanti, le visage livide enfoncé dans l’oreiller, avouer dans un filet de voix le cancer qui lui rongeait le foie, l’avait ébranlée plus fort qu’elle ne s’y était préparée. Il l’avait enfin dit ! Et c’était comme une chape de plomb qui lui tombait sur les épaules. Elle était prête à tout mettre en œuvre pour l’aider. Mais comment ? Comment devra-t-elle partager son temps, entre les visites à l’hôpital et la gestion du château ? Elle imaginait déjà leur prochaine vie, les nouvelles habitudes qui se mettraient en place par la force des choses. Trouver un endroit pour la quantité astronomique de médicaments qui allait en découler... Se raccrocher aux petites choses qui jalonneraient son quotidien était le seul moyen qu’elle ait trouvé pour éviter de penser au pire. Elle ne voulait pas non plus faire de parallèle avec ce qu’avait vécu sa mère, mais son mental était plus fort et s’amusait à lui broder des scénarios catastrophiques. Léo ne serait sûrement pas comme sa mère pour affronter une telle maladie. Et, quoi qu’il en soit, elle savait déjà que la seule chose qui était comparable était leur combativité. Leur âge, aussi. Léo était bien plus jeune. Sa mère subissait le deuil de son mari sans avoir jamais eu le courage de refaire sa vie, pleurant ses fautes chaque jour jusqu’au dernier. Le cancer du sein qui l’emportait lui criait de renoncer à son chagrin. Plus que tout autre, la charge de l’absence, l’héritage des secrets familiaux étaient si lourds qu’ils l’emportèrent très vite sans qu’elle ne parvienne à les dénouer.
Assis à demi sur le bord du canapé, son crâne chauve brillant sous le lampadaire, le médecin raccrocha le combiné en terminant de noter les informations obtenues. Derrière ses lunettes rondes, il affichait un regard grave et un air compassionné. Il lui tendit le morceau de papier.
– Le service d’oncologie du professeur Louvin vous attend demain matin à dix heures. Soyez-y sans faute. C’est lui qui détient son dossier. Il vous expliquera le protocole.
– Merci Docteur.
Elle lui rédigea un chèque, puis elle le raccompagna jusqu’au grand hall et lui souhaita bonne nuit. En revenant, elle trouva Maxime et Diane qui l’attendaient sur le palier d’étage, inquiets et empressés d’avoir des nouvelles. Marion décida de ne pas y aller par quatre chemins.
– Il a enfin avoué, dit-elle, laconique.
– C’est bien un cancer, alors... confirma gravement Diane tout en serrant le bras de Maxime comme pour mieux supporter la nouvelle.
– Un cancer du foie, oui...
Et tout en resserrant plus encore sa veste contre elle pour réprimer un autre frisson :
– ... Je n’aime pas avoir raison comme ça...
Maxime bredouilla quelques mots qui se voulaient réconfortants.
– ... nous vous aiderons autant que nous pourrons, termina de dire son frère.
– Je vais devoir me consacrer à lui pendant quelques temps. Pourrez-vous vous occuper de la gestion du château ? s’enquit Marion.
– Ne t’en fais pas, Sol... Marion, se reprit Diane. Je m’en occuperai le temps qu’il faudra.
– Je suis bien ennuyé de vous demandez ça. Vous avez tant à faire avec les enfants... Je vais essayer de poursuivre ma cuisine quand même, ajoutait-elle tout en réfléchissant. .... bien que je ne sache pas comment je vais y parvenir. Tout dépend s’il devra rester à l’hôpital ou s’il pourra se soigner ici...
– On s’arrangera au fur et à mesure, la rassura Maxime. Occupes-toi de lui, c’est le plus important.
Après quoi, elle les embrassa, leur souhaita une bonne nuit et rejoignit ses appartements. Il était déjà très tard et la nuit serait courte. Elle savait d’avance qu’elle ne parviendrai pas à dormir correctement.
OoOoOoO
Dans le cabinet du Professeur Louvin, le décor ostentatoire respirait la rigueur scientifique et le protocole appliqué à la lettre. Pas un grain de poussière ne venait égailler le regard, pas même la blouse blanche estampillée sur la poche poitrine du maître des lieux ne se permettait un faux-pli ni une tache. Chaque chose avait sa place dans un ordre bien précis, du porte-crayon au sous-main en passant par le téléphone et le dossier ouvert parfaitement d’équerre devant lui. Léo et Marion, tous deux assis sur de simples fauteuils de toile coordonnés face à l’imposant bureau acajou, étaient silencieux et intimidés. Le médecin se balançait doucement contre son dossier à l’appuie-tête de cuir, arborant ostensiblement un air de supériorité, les yeux fuyants dans la lecture des analyses pour éviter d’avoir à les affronter du regard, cherchant une formulation diplomatique pour leur déclarer la situation.
– Votre cas est tout à fait particulier, monsieur Calavany, se lança le professeur sentencieux. Il est très rare d’avoir à faire à un cancer primaire du foie sans avoir développé de cirrhose auparavant. Je vous l’ai déjà dit. Votre dosage d’alpha-foetoprotéine a doublé depuis trois semaines, ce qui montre que le traitement n’est plus assez efficace. Ainsi, votre tumeur a progressé et je n’ai d’autre solution que de vous proposer son ablation avant qu’elle n’envahisse tout le foie.
– Que se passerait-il s’il n’optait pas pour l’opération ? s’inquiéta Marion.
– Des métastases pourraient se loger dans les organes voisins, le pancréas, la rate, les reins... Les fonctions vitales se bloqueraient les unes après les autres et les pronostics de survie seraient quasi inexistants.
Marion resta sans voix. Elle tourna un regard qui se voulait impassible vers Léo, mais au fond d’elle-même sourdait une frayeur encore jamais vécue. Les traits tirés de son homme ne lui donnaient aucun espoir de rémission ni même une once de combativité. Elle ne vit sur lui qu’une sombre honte et une résignation qui achevèrent de la démoraliser. Elle implora le professeur du regard. Celui-ci s’était accoudé au bureau donnant l’impression de s’approcher d’eux, comme une promesse de confidence, tout en faisant craquer ses phalanges.
– Le cancer est une maladie sournoise, vous savez, madame, affirma le médecin en la regardant, impassible.
– Vous ne m’apprenez rien, répliqua Marion le visage sombre et la voix dure.
– ... j’ai vu des malades en guérir avec facilité, poursuivit-il imperturbablement, comme j’en ai vu se décomposer et perdre tout espoir en quelques mois. Le foie de monsieur Calavany peut très bien se stabiliser là et le laisser tranquille sous l’effet des médicaments, tout comme le cancer peut s’étendre comme une traînée de poudre en quelques mois. Les traitements que nous lui avons appliqués n’ont pas été assez puissants. C’est pour cela qu’aujourd’hui nous devons envisager la chirurgie.
Puis, il tourna son regard vers Léo.
– Il faut aussi absolument adapter une chimiothérapie à votre cas, si vous voulez vous en sortir.
Hagard, le malade ne répondait rien. Marion posa une main sur son bras accoudé et tentait d’attirer son attention.
– Léo, qu’est-ce que tu comptes faire ? demanda-t-elle d’une voix inquiète.
Il tourna la tête vers elle sans même la regarder. La culpabilité se lisait sur son visage et ses yeux verts, éteints, fixaient la moquette entre les deux fauteuils.
– Je ne veux pas être une moitié d’homme, émit-il entre ses dents.
– Si cela peut vous rassurer, le foie est ce qu’il y a de plus facile à opérer, argumenta le professeur sans relever ce que venait de dire son patient. L’organe lui-même se régénère tout seul et crée de nouvelles cellules. En ce qui vous concerne, les deux tiers du foie sont atteints. Il est encore tout juste temps d’intervenir. Et votre état général permet une opération sans problème majeur.
Marion n’écoutait plus le médecin. Ce que venait de prononcer Léo sonnait comme un appel au secours.
– Pourquoi dis-tu ça, chéri ? s’inquiéta-t-elle. Comment ça, une moitié d’homme ?
– Je ne veux pas qu’on me charcute.
– Mais... et si ça peut te sauver ? ... si ça peut t’aider à guérir ? Ce n’est qu’un bout de foie qui repousse après tout...
– Je ne peux pas t’imposer un homme diminué, non, persista-t-il.
– Léo, tout ce que je veux c’est que tu guérisses, je ne tiens pas à te perdre. Je t’aiderai de toute mon âme. S’il faut une opération pour ça, alors, fais-le, je t’en prie.
– Madame a raison, approuva le professeur qui tirait d’une pile un imprimé qu’il commençait à remplir méthodiquement.
– On voit bien que c’est pas vous qui allez passer sur le billard ! grinça Léo en jetant un regard sombre sur le médecin.
– Si vous voulez mettre toutes les chances de votre côté, monsieur, je préconise l’opération, puis une chimiothérapie à dosage intermédiaire, conseilla la blouse blanche sans lever son Mont-Blanc qui noircissait les cases de l’imprimé. Dans le cas où vous refuseriez l’opération, il resterait la solution d’une chimiothérapie combinée à de la radiothérapie. Mais je préfère vous prévenir, les effets secondaires sont assez effrayants.
– Tu préfères avoir la boule à zéro ? répliqua la jeune femme. Passer ton temps le nez dans la cuvette des WC ? Perdre le goût de ce que tu manges, c’est ça ?
– Non.
– Alors !
Marion aurait voulu trouver plus d’arguments, mais elle doutait elle-même des chances de réussite d’une telle opération. Pourtant, il lui semblait nécessaire d’en passer par là. Son homme était aux prises avec ses plus abominables peurs, n’avait visiblement pas envisagé perdre le contrôle de sa vie et de sa santé aussi. Il ne répondit rien.
– Mardi vingt-six, je peux vous proposer un rendez-vous pré-opératoire avec mon anesthésiste, fit le professeur en consultant son agenda. Semaine quarante-sept... la semaine prochaine, donc. En fonction des bilans et examens qu’exigera ce rendez-vous nous pouvons programmer l’opération, disons... semaine quarante-huit ou quarante-neuf, ce qui porte au jeudi cinq ou jeudi douze.
– Attendez, je n’ai pas dit oui ! répliqua Léo. Vous êtes pressé de gagner du fric, mais c’est ma vie, là !
Marion tentait de l’apaiser en lui tenant toujours le bras accoudé, mais il n’en tint pas compte.
– Je n’ai pas d’autre alternative à vous proposer, monsieur Calavany, répondit le médecin, peu ému par le cas de conscience de son patient. Vos chances d’en réchapper sont d’environ quarante pour cent. Étant donné qu’un cancer primaire comme le vôtre est atypique, surtout en occident, les risques de métastase dans le système digestif peuvent aller très vite. Je serais vous, je n’hésiterais pas.
– Oui, mais vous n’êtes pas moi ! C’est con, hein ! grinça le malade excédé.
Le professeur tendit l’imprimé qu’il venait de signer à grands traits de plume à Marion.
– Je vous laisse quelques jours pour réfléchir, dit celui-ci sans sourciller. Voici le protocole pré-opératoire, ainsi que la prise en charge sécu. Vérifiez auprès de votre mutuelle pour le complément hospitalier. Vous serez hospitalisé au Pavillon N. Réfléchissez bien.
Le professeur se leva, annonçant la fin du rendez-vous. Il fit le tour du grand bureau acajou et tendit la main à Marion pour prendre congé, puis à Léo. Il les raccompagna à la porte en songeant déjà au rendez-vous suivant.
Tous deux dans le couloir désert et silencieux, l’homme s’adressa à sa compagne.
– Non mais je le crois pas ! s’exclama-t-il. Il me prend pour un gosse irresponsable ou quoi ? Donne moi ce papier.
Il le lui prit des mains d’autorité.
– Il y a écrit quoi, dessus ?... continua-t-il en s’absorbant dans une lecture attentive.
– Je le trouve particulièrement déplaisant ce type, dit Marion, songeuse, tout en avançant dans le couloir en direction de la sortie.
Léo la rattrapa péniblement en grommelant des noms d’oiseau à l’attention du professeur. Il plia grossièrement le papier pour le glisser dans la proche interne de son blouson. Il n’était pas disposé à satisfaire les intérêts de la médecine et sacrifier sa santé sur l’autel des profits. Marion abonda dans son sens en lui proposant de prendre le temps d’y réfléchir et d’appeler seulement quand sa réflexion sera mûrement assimilée.
Le lendemain soir, Léo n’était pas plus avancé dans ses réflexions. Rien ne le convainquait qu’il y eut une bonne solution pour le sauver du cancer. Il aurait voulu claquer des doigts, ou alors remonter le temps, trouver une solution facile plutôt que de se confronter à un tel choix. Se faire charcuter le foie, tout autant que d’imaginer la nécrose l’envahir petit à petit l’effrayait sans commune mesure. Il n’arrivait pas à se décider. Tout au fond de lui sourdait les tambours de la peur, scandant avec insistance la remontée de mémoires ancestrales dont aucun mot n’était prononçable. L’hideuse sensation suffisait à le paralyser dans sa décision, troublant toute pensée, toute intuition qui eut pu l’aider. Il restait sourd à tous les conseils de sa compagne qui restait démunie face à son indécision.
Marion, elle, dépitée, finit par renoncer à lui proposer d’autres pistes de soins alternatifs et préféra se concentrer sur sa cuisine. Elle avait beau mettre toute sa conviction pour lui faire comprendre qu’une maladie quelle qu’elle soit n’était pas là pour rien et qu’elle avait des tas de choses à lui raconter sur sa manière de fonctionner en tant qu’être vivant, il n’écoutait rien. Ne dit-on pas le «mal-a-dit» ? Pour elle, cela avait du sens. Pour Léo, ce n’était que des réflexions d’intellectuels confortablement installés dans leur santé et leurs certitudes.
Dans sa cuisine, au moins, elle saurait définir des menus propres à le soutenir dans ses espoirs de guérison. Bien sûr, il aurait été plus facile d’échafauder un plan d’attaque avec son assentiment, mais Léo restait sourd à tout soin quel qu’il soit. De plus, il avait très peu d’appétit, ce qui impliquait pour elle de cibler de façon précise ce qui serait bon pour lui. Il ne s’agissait plus seulement de faire bon au goût mais d’y composer des associations d’ingrédients propres à faire reculer le cancer. Elle se doutait bien que ce n’était qu’une goutte d’eau dans l’océan de sa détresse, mais il fallait bien commencer par quelque chose.
Ce n’était donc plus le temps des roucoulades au-dessus de la marmite, le temps de la bonne cuillère que l’autre lui faisait goûter, le temps du pâton qu’on pétrissait à quatre mains. Ces bons moments qu’ils avaient passés aux fourneaux tous les deux lui semblaient être bien loin, désormais. Ils lui manquaient déjà. Elle devait se concentrer sur une nourriture saine et très ciblée. La gastronomie n’était plus une priorité. L’objectif santé était le maître-mot. Garder coûte que coûte une nourriture vivante, abolir toute idée de mort dans ce qu’il mangera, alors. Le raffinement se situerait dans une alchimie culinaire qui n’aurait qu’un but : l’aider à guérir.
A l’heure du repas, Marion présenta un gratin de millet au potimarron. Une nouveauté pour tous sauf de Maxime. Il se souvenait en avoir mangé, confectionné par leur mère alors qu’ils étaient étudiants tous les deux, sa sœur et lui. Le plat fut accueilli avec plusieurs grimaces peu encourageantes. Mais après la première bouchée, il fut adopté sauf de Mathis et de Léo. Le petit gesticulait sur sa chaise en jouant avec son petit camion autour de son assiette. Léo, affichait une pâle mine et un air préoccupé. Sa fourchette baignait distraitement dans son gratin et il avait le regard dans le vide.
– Tu devrais essayer de manger un peu, Léo, ça te ferait du bien, lui conseilla Marion tout en avalant sa première bouchée.
– Pas faim.
Le ton qu’il avait employé sonnait si dur à ses oreilles qu’elle arrêta son geste. Son degré de culpabilité l’impressionnait. Mais elle gardait ses impressions pour elle.
– Laisse moi m’occuper de trouver ce qu’il te faut manger pour guérir pendant que tu t’occupes de te soigner, tu veux bien ? proposa-t-elle gentiment.
– Occupes-toi de toi, plutôt. J’ai pas faim, je te dis ! répliqua-t-il sur un ton encore plus dur.
– Mais...
Avant qu’elle n’ait pu trouver de quoi argumenter, il la foudroya du regard. Elle n’insista pas. Mathis avait arrêté de faire rouler son petit camion et regardait les visages figés de chacun, tour à tour, en se demandant s’il avait fait une bêtise. Puis, il convergea lui aussi vers la grosse voix. Léo se leva de table.
– C’est décidé, je me fais opérer, annonça-t-il.
Puis, il sortit de la salle-à-manger sans plus un mot.
OoOoOoO
Noël approchait. Maxime et Diane avaient décidé de rendre visite aux cousins de Bordeaux. Marion et Léo, eux, tout entiers suspendus aux résultats des analyses médicales, ne projetaient aucune autre perspective sinon celle de la guérison. Ils ne s’éloigneraient donc pas du château, ni de l’hôpital.
Il faisait un froid glacial et la végétation se figeait dans le givre blanc et cristallin. Partout alentour du château, des volutes de brume hésitaient entre la fumée et le coton, évoluaient au gré d’une atmosphère empesée, jouant d’ombres fantomatiques entre les arbres, couvrant leurs pieds pour les faire ressembler au loin à des champignons sur un terreau cendré.
Seule dans sa cuisine, Marion observait le paysage, le cœur en berne. Léo était dans son lit d’hôpital depuis la semaine dernière et subissait les assauts du traitement draconien que le professeur Louvin lui avait prescrit. Il était d’une humeur massacrante depuis que son gros morceau de foie avait disparu sous les coups de bistouri. Et elle n’avait pas été épargnée par ses remarques blessantes, ses mots éructés par la honte et le désespoir. Il ne supportait plus personne autour de lui. La fatigue et la lourdeur du protocole l’avait rendu à fleur de peau, diminué et très irritable. Au point que sa compagne s’était sentie rejetée, inutile et d’écourter de plus en plus ses visites.
Là, contre la baie vitrée, le regard perdu dans le givre blanc, Marion restait songeuse. Prise dans des pensées peu optimistes voire déprimantes, des mauvais souvenirs refaisaient surface. Sa mère, agonisante, tentant de prononcer ses derniers mots. Des mots qui se voulaient rassurants pour ses enfants en détresse, mais Solenne, à l’époque, entendait derrière ses paroles la voix de ses ancêtres qui chantaient en écho un air entêtant :
«Derrière les foudres,
à l’ombre des convoitises,
un secret qui chaptalise,
attend là qu’on vienne l’absoudre»
Elle l’avait oublié depuis lors, mais il surgissait de nouveau alors qu’elle se confrontait à cette maladie mortelle. Sans comprendre pourquoi, surgissants de nouveau dans son esprit aujourd’hui plus distinctement, ces mots avaient un autre écho, comme si le château entrait en résonance avec eux. Intuitivement, elle se mit à l’écoute.
Puis, soudain, comme pour la distraire de ses divagations, une silhouette grise, mouvante dans la brume fit son apparition entre les peupliers, sur le chemin qui menait au château. Il n’accrocha pas tout de suite l’attention de la jeune femme. Mais lorsque la mobylette du facteur parvint au perron, Marion revint immédiatement à la réalité. Elle s’empressa d’accueillir le préposé de La Poste dont on ne voyait que les yeux, le visage enfouit sous son casque et une grosse écharpe. Il lui tendit un paquet estampillé aux couleurs des coursiers dont l’expéditeur n’était pas inscrit. Elle signa pourtant le bordereau de recommandé. Aussitôt la porte refermée sur un cordial remerciement, la jeune femme se dirigea vers la bibliothèque sans quitter des yeux l’étrange colis anonyme. Elle s’attendait à des nouvelles de son éditeur, voire même à une documentation touristique des services départementaux, mais ceux-ci n’auraient pas manqué de se signaler comme expéditeurs. Là, rien de tout cela et son aspect standardisé des paquets postes n’aidaient pas à trouver un indice. En l’ouvrant, elle découvrit, soigneusement glissés dans des alvéoles de carton renforcé, de vieux rouleaux de parchemin. Aucune lettre d’accompagnement ne précisait qui envoyait ces reliques. L’ensemble était fermé par un sceau de cire rouge aux armoiries ecclésiastiques. Un titre était inscrit à la plume d’un geste appliqué et noble quelque peu effacé par le temps. On y lisait :
À Sœur Mathilde de Montigny
à titre posthume
sous le sceau du Vicaire Simonin
An de grâce Mil Six Cent Cinquante Un
Son cœur s’emballa dans sa poitrine. Aussitôt, sa mémoire fit un bon en arrière. Comment oublier ce nom inscrit sur l’un des gisants de la crypte ? Celui que le vieil Antoine lui avait désigné en lui révélant qui elle était près de quatre cents ans plus tôt.
Installée sur le bureau, la jeune femme prit d’infinies précautions pour ouvrir le document. Elle ne voulait pas briser le sceau afin de faire des recherches sur l’authenticité de ses origines. Elle coupa donc d’un coup de ciseaux la cordelette torsadée qui tenait l’ensemble scellé. Elle déroula délicatement le rouleau de parchemin. C’était une lettre manuscrite. Le temps avait un peu estompé certains traits, mais l’écriture était grande et permettait la lecture. Les élégantes lettres tracées supposaient quelqu’un de lettré, plutôt bien enseigné. Sous ses doigts qui caressaient les pleins et les déliés, elle percevait l’être qui les avait tracées. Des flashs vinrent soudain traverser son esprit. Ils étaient deux. Son cœur s’emballa de nouveau. L’un écrivait, l’autre dictait.
Elle tenta de lire. C’était du vieux français.
Ma tendre aimée,
Vous tenir dans mes bras ma mie quand vostre sang hors de vous se répand. À ce souvenir ma poitrine saigne. La blessure jamais ne s’estoi refermée. J’ai le secret espoir au ciel de vous rejoindre. Votre corps sans vie est derrière moi. Mon passé mon pays aussi. Seul vostre amour dans ma poitrine j’ai gardé.
Que Dieu me pardonne plus tôt de l’avoir fait. Nos deux âmes à jamais sont liées. Au-delà du temps ce lien secret nous unit. Aucun fruit de notre amour n’en gardera souvenir. À l’éternité en un lieu sacré mes pensées sont confiées. Le Vicaire Simonin sur cette terre mes désirs y pourvoit.
Je rend grâce à Dieu ma mie des savoirs par vous me sont offerts. De vostre grâce que Dieu vous a pourvue. Mon amour de jour en jour a été renforcé. La recherche du sang ne m’intéresse plus. Cela vous me l’avez appris.
Touché par une fièvre mortelle dans une Afrique impie je me meurs. Le diable m’appelle. Mes prières vers Dieu se dirigent. À vos côtés me retrouver ardemment je désire. Par mon baptême à Dieu de mes pêchers me lave. Je l’en implore. Par mon allégeance au Roy je l’en implore. Mes égarements coupables d’en être lavé je l’implore. Blanchi au ciel je vous rejoins.
Dans l’espoir Mathilde je veux vous retrouver. L’éternité à vostre contact me manque. Sous l’emprise de ma mémoire sans vostre contact je souffre.
De toute mon âme pour l’éternité je vous veux. D’espoirs secrets mon âme brûlante à Dieu s’en remet. Pour l’éternité mon amour avoué est enfin partagé.
Capitaine Guillaume-Antoine de Montory
Lettre posthume à Sœur Mathilde de Montigny
Confié au Vicaire Simonin, Missionnaire africain
Émue aux larmes, Marion reposa doucement le rouleau et s’essuya les joues avec les doigts. Derrière ces mots avaient surgi des images dont l’émotion la touchait en plein cœur. Etrangement, elle reconnaissait intimement l’auteur. Elle voyait son être comme celui à qui elle vouait désormais sa vie. Non comme une silhouette humaine distincte, mais comme une sensation de proximité émotionnelle trop bien connue. Le temps s’était effacé au point qu’elle pouvait même imaginer que c’était Léo qui avait pris la plume.
Elle rangea soigneusement le rouleau dans son logement et décidait de découvrir les autres avec la présence de son compagnon. Après tout, cela les concernait tous les deux.
Trois jours plus tard, alors que Léo rentrait enfin au château, Marion n’avait qu’une hâte ; lui montrer ce trésor. Mais elle dû patienter, car le voyage l’avait épuisé et les marches interminables du grand escalier finirent d’achever sa résistance. Il n’était plus question de lui demander une quelconque attention car toute proposition d’aide ou de soin se soldait par un «fout-moi la paix» agacé. Une fois allongé dans leur lit, il ferma les yeux pour ne pas les rouvrir avant le lendemain.
La jeune femme s’était alors inquiétée de l’ordonnance et de la liste de soins longue comme le bras qu’avait données le professeur. Elle avait aussi contacté le médecin de famille, une infirmière, un kinésithérapeute, passé à la pharmacie et au laboratoire. Elle préférait s’affairer dans des tâches matérielles plutôt que de voir ce qui n’allait pas. Léo ne desserrait pas les dents depuis son retour. Pour lui, la situation était humiliante et ce n’était pas l’empressement que mettait Marion à être aux petits soins pour lui qui allait l’attendrir. Son ventre lui faisait mal. Le traitement lui donnait des nausées abominables et, combiné à des migraines carabinées, le grand cuisinier à la carrure de rugbyman n’était plus que l’ombre de lui-même. Evidemment, il n’avait aucun appétit et, quand il n’était pas alité, il passait le plus clair de son temps en grande conversation avec la lunette des WC. La jeune femme dû donc patienter que les effets secondaires s’atténuent avant d’envisager lui parler des parchemins. Tout juste hésitait-elle à lui présenter un bouillon de poule aux yeux prononcés, propre à lui redonner des forces et l’aider à ne plus se vider de l’intérieur. Les dosages de morphine étaient en réduction constante depuis sa sortie de l’hôpital, progressivement remplacés par de simples anti-douleurs. La transition était difficile.
Parfois, Marion se demandait si ce qu’elle faisait était vraiment utile. Car, à subir les injures et autres reproches injustifiés, elle épuisait toute son inventivité et sa patience.
– Léo, je sais que je suis ta cible préférée pour tirer à boulets rouges toute ta souffrance, mais j’aimerai que tu déposes un peu les armes, là. J’ai quelque chose à te dire.
La jeune femme avait profité d’un de ses soupirs qui rythmait son combat pour introduire sa phrase et le faire se concentrer sur autre chose. La petite lueur qui tintait ses yeux assombris lui redonna un peu d’espoir.
– J’ai reçu un document extraordinaire il y a quelques jours au courrier... annonça-t-elle.
Il l’écoutait, désabusé, mais néanmoins attentivement.
– ... et il nous concerne tous les deux.
S’il avait pu former un point d’interrogation avec ses sourcils et ses rides du front, il l’aurai fait.
– Attends, je vais le chercher, s’empressa-t-elle soudain.
C’était le moment. Il ne fallait pas perdre l’occasion. La jeune femme dégringola les escaliers, se rua dans la bibliothèque, ressorti aussitôt avec le paquet et ravala les marches quatre à quatre. Elle le déposa doucement sur le bord du lit, un peu essoufflée, sous les yeux intrigués du malade. Fière de lui montrer sa trouvaille, elle ménageait le suspense. Elle ouvrit la boîte devant lui et se saisit délicatement du premier rouleau de parchemin.
– Qu’est-ce que c’est que cette vieillerie ? grimaça Léo.
Elle le déroula doucement et le lui tendit.
– Regarde bien celui qui a écrit et à qui, conseilla-t-elle.
Les sourcils plissés, il lisait.
– Mathilde ?... c’est bien la religieuse dont tu m’avais parlée ? s’intrigua-t-il. Celle qui était toi, dans ce château il y a quatre cents ans...
– ... ou moi qui était elle, enfin, peu importe. Moi, c’était elle et inversement.
– Et... le capitaine Montory, c’est qui ?
– C’était toi.
Il la regarda, les yeux agrandis par l’incrédulité.
– Lis la lettre, conseilla la jeune femme avec un petit air enthousiaste. Lis !
– Mais c’est super dur à lire, c’est du vieux français !
– Essaie, quand même. Tu verras, ce n’est pas si difficile.
– Je t’ai déjà dit que je ne croyais pas en ces trucs de réincarnation...
– Lis, je te dis !
Il lut en se concentrant pour déchiffrer le vieux français. Dans le silence de sa lecture, Marion patientait en guettant sa réaction. Petit à petit, le visage pâle et tendu par la douleur de Léo se tordit dans une expression dont l’émotion transparaissait de plus en plus intense. Quand il eut fini, ses yeux restaient égarés et parcouraient les mots inscrits comme s’il cherchait un indice, une erreur d’interprétation.
– Il n’y a rien là-dedans qui me prouve que c’est moi qui ait écrit ça, affirma-t-il.
– Pourtant, je vois bien que ça te touche... insinua Marion.
– Je sais pas ! c’est...
Il l’appela du regard. Dans ses yeux verts elle y lisait la même surprise que le jour de leur coup-de-foudre. Léo avait re-contacté Guillaume. Elle expliqua, laconiquement.
– Mathilde et Guillaume, c’était nous. Ce n’est pas plus compliqué.
Léo restait sceptique, bien qu’intérieurement il était ébranlé. Y avait-il besoin d’autres explications alors que s’était reformé l’instant magique de la rencontre de leurs âmes ? Il ré-enroula le parchemin et lui ouvrit ses bras. Soulagée, Marion retira les précieuses reliques du lit et se glissa contre lui avec délectation. Enfin, il acceptait de baisser la garde. Elle retrouvait l’homme qu’elle aimait, réapparu de derrière sa souffrance. Cela lui fit un bien fou. Dans le silence, ils profitaient l’un de l’autre, au-delà des affres de la présente maladie, au-delà de leurs croyances et de leurs différences. Ils étaient réunis. Deux âmes et un Amour immense...
Pourtant, il se faisait jour une quantité d’interrogations. Blottis l’un contre l’autre, le regard perdu dans le vide, ils imaginaient chacun à leur manière leur vie d’avant.
– Dis, Sol... Marion, commença Léo en se corrigeant. Je ne m’y ferai jamais, à ce prénom...
La jeune femme ne releva pas et attendit.
– ... Comment puis-je être Guillaume ? Enfin... je suis pas comme lui, je veux dire...
– Mais si tu n’avais pas été lui, tu ne serais pas touché comme ça par cette lettre, non ? suggéra-t-elle toujours contre lui.
Il admettait intérieurement que ses paroles contredisaient ce qu’il ressentait. Sa proximité avec Marion, l’amour qu’il lui portait avait une telle puissance qu’il ne pouvait plus nier ne pas avoir été touché par ces mots revenus d’outre-tombe.
– ... je suis mort en Afrique d’une grosse fièvre alors ?... poursuivit-il.
– Il semblerai, oui...
– Mais, comment j’ai pu me retrouver en Afrique, alors que nous nous sommes connus dans ce château ?
– Et moi, je suis morte ici. De mort violente, en plus... je ne sais pas exactement. Mais peut-être que les autres parchemins donnent des indices...
– Les autres ? .... ah oui, les autres, fit-il en se souvenant avoir vu plusieurs parchemins dans la boîte. Voyons...
Il amorça un mouvement pour se redresser mais la douleur vint se rappeler à ses abdominaux. Il retomba immédiatement sur les oreillers. Marion, se redressa et s’empressa de rapprocher la boîte. Elle déroula un autre parchemin.
Elle lut maladroitement le vieux français.
Une dernière fois en testament Dieu j’implore.
À ma mie défunte seulement mon âme je promet de garder. Puisse Dieu me juger digne d’elle me rapprocher. Si grand est mon amour pour elle. De tous mes pêchers qu’Il me punisse et me pardonne. Mourir de fièvre j’accepte. Je brûle. Je souffre. Pour une brebis de notre Seigneur d’amour je meurs.
Une épigraphe en lieu et place de nostre amour qu’il soit posée. En la mémoire de nous ici-bas trace je veux marquer. Le Vicaire Simonin sinon ses héritiers à ma demande y pourvoit. De ce bas-monde sont mes affaires. À mon frère Comte Thibaud de Montory mon héritage j’accorde.
À vostre jugement Dieu je m’en remet. De toutes mes fautes, je fais amende. Bien bas devant vous je m’incline.
Capitaine Guillaume-Antoine de Montory
Kongassambougou - Royaume de Segou - Mission Saint-Jean-Baptiste
An de grâce Mil Six Cent Cinquante Un
– On dirait ses dernières volontés avant de mourir, fit Marion. Ce qui m’intrigue, c’est qu’il demande une épigraphe en mémoire de notre amour... «en lieu et place de notre amour», dit-il... relut-elle en parcourant de nouveau des yeux la jolie calligraphie. Ce qui veut dire que ça se trouve quelque part dans le château...
– On cherchera ensemble un jour où je me sentirai en forme, tu veux bien ? la retint-il.
La jeune femme se serait bien mise à chercher immédiatement. Elle était prête à retourner le château tout entier pour mettre la main sur cette mystérieuse épigraphe. Mais elle accepta de patienter.
– Tu as raison, convint-elle. Nous le ferons ensemble dès que tu iras mieux. N’est-ce pas une nouvelle extraordinaire, ça, chéri ?!
Il ne répondit pas, mais la garda serrée contre lui. En silence, ils savouraient leur amour séculaire.
J’aime vraiment bien la connexion que tu fais entre les deux périodes des vies de Marion et Léo, c’est vrai qu’on pourrait trouver ça un peu bizarre mais présenté ainsi, je trouve que c’est plutôt poétique, une belle histoire, tragique dans un sens, mais pleine de promesses.
Je ne vois pas encore bien quel rôle cette double trame va jouer dans la suite, mais je suppose qu’elle va agir en faveur (ou en défaveur, mais je ne l’espère pas…) de la guérison de Léo, de leur relation malmenée par la maladie…
Pour réagir à ta réponse à mon commentaire (c’est un peu compliqué formulé comme ça xD), je suis drôlement impressionnée par ton projet ! Je suis très admirative, probablement parce que c’est typiquement quelque chose dont je ne me sentirai jamais capable (mais ce n’est pas l’envie qui me manque, surtout dans une aussi belle région que la tienne a l’air d’être…), je pense que je suis un peu trop timide pour ça ! (raison pour laquelle j’ai abandonné l’idée de faire des études d’enseignement^^) En tout cas, je te souhaite de trouver plein d’énergie positive dans ce projet (qui n’en est plus tout à fait un ! :D) et je te souhaite un joli succès ! Et je reviendrai vite pour la suite, bien sûr :)
Je suis vraiment contente que cet aspect-là de l'histoire ne te rebute pas, au contraire.
C'est vrai qu'enseigner, c'est pas une mince affaire. Moi aussi, je suis timide, faut pas croire ! mais quand on aime ce qu'on enseigne, ça passe tout de suite mieux, même si c'est pas parfait, parce que la pédagogie et moi... faut qu'on s'apprivoise.
Comme d'hab quelques petites remarques sur la forme : (je me suis permise de faire des propositions parfois, ça m'évite de tout expliquer en détail)
"forces vives" : le vive me gêne un peu et je ne le trouve pas utile ici.
"mais son mental était plus fort et s’amusait à lui broder des scénarios catastrophiques" : Je comprends ce que tu veux dire, mais lorsqu'on parle d'un mental fort, ça signifie plus une grande volonté ou une grande force d'esprit, ici je comprends autre chose, du genre : mais c'était plus fort qu'elle et elle s'amusait à broder des ... (?)
Léo ne serait sûrement pas comme sa mère pour affronter une telle maladie : Léo, différent de sa mère, n'affronterait probablement pas la maladie de la même façon (?)
"Le cancer du sein qui l’emportait lui criait de renoncer à son chagrin. Plus que tout autre, la charge de l’absence, l’héritage des secrets familiaux étaient si lourds qu’ils l’emportèrent très vite sans qu’elle ne parvienne à les dénouer. Répétition : verbe emporter. Les temps concordent-ils avec le début du paragraphe ? qui l'avait emportée ? qui l'ont emportée ou qui finirent par l"emporter.
air compassionné : air plein de compassion (pas d'adjectif, je crois, possible)
Tout dépend s’il devra rester à l’hôpital ou s’il pourra se soigner ici... Tout dépendra (?)
Marion, elle (je pense que tu peux supprimer le elle et mettre "marion dépitée direct.)
"tous sauf de Maxime" : sauf par
il fut adopté sauf de Mathis : par Mathis
"Au point que sa compagne s’était sentie rejetée, inutile et d’écourter de plus en plus ses visites. " Cette phrase est peut-être à revoir, je comprends ce que tu veux dire, mais il me semble qu'il faudrait la tourner autrement "Au point..., inutile, et écourtait de + en +..."(?)
"Elle rangea soigneusement le rouleau dans son logement et décidait de découvrir" : décida
il l’aurai fait. : l'aurait
leur amour séculaire : ça c'est super beau ! Ne change pas !
Voilà pour la forme.
Pour le fond, (bien que cela me plonge dans un univers que je préfèrerai éviter mais qu'il faudra bien que j'affronte de toute façon et qui sait, ton texte pourra peut-être m'aider à comprendre des trucs) je trouve ton approche de la maladie côté Léo plutôt bien vue. Son rejet, ses réactions violentes, sa souffrance physique comme morale, tout ça me semble bien retranscrit, sans que tu en fasses trop. Il y a une certaine pudeur face à cette maladie qui le ronge qui le rend encore plus attachant. Solène-Marion semble désapointée par ses réactions vives, et de rejet, mais ne lâche pas le morceau. Peut-être pourrais-tu encore plus insister sur ses tourments intérieurs, car je trouve que sa gaieté lorsqu'elle reçoit le parchemin est trop rapide, il me semble qu'elle pourrait douter de toutes petites fois, même si elle est convaincu d'un certains nombre de choses.
Dis-donc les toubibs, ce n'est pas ton fort on dirait... En tous cas le tien est particulièrement puant ! Et c'est vrai qu'il y en a des comme ça, mais en cancéro, et surtout dans les hôpitaux spécialisés moi je les ai trouvé plus humains qu'ailleurs...
Le parchemin et les lettres sont très belles, elles passent très bien, les mots sont choisis, et la déclaration d'amour est magnifique. C'est beau ! On souffre ! On partage !
L'ouverture de Léo sur la fin du chapitre est amenée avec une simplicité claire. C'est vraiment beau ça aussi, ainsi que leurs retrouvailles.
My god, j'espère que tout ça va bien se terminer !
(Je continue dès que je peux, mais là je dois tel à ma soeur et aller chercher mon fils.)
Pour le mental, en revanche, il fallait comprendre que le mental étant fort et souvent difficilement maîtrisable, celui-ci s'ingéniait à lui broder des trucs qui lui fichait la trouille, même si elle tentait de se raisonner. Voilà ce que ça voulait dire. Je sais que c'est jamais commode avec le mental. On en a parfois des notions différentes, plus ou moins justes, ce qui fait que ce n'est pas très simple à interpréter, en effet.
Léo n'affrontera pas la maladie de la même manière que la mère de Marion, c'est ça.
Je savais bien que ça brasserait des trucs chez toi, ces chapitres. Léo vit la chose de l'intérieur et pour lui, il n'y a rien de pire que de se sentir diminué et à la merci d'une femme, même de la sienne. Il préférerait évidemment pouvoir la protéger plutôt que de s'en remettre à ses bons soins. Il a du mal à faire confiance dans ce domaine. Il n'a pas grand choix, hélas pour lui. J'ai tenté de parler des tourments de Marion, mais j'avoue avoir eu du mal à l'écrire.
Quant aux toubibs, heureusement qu'il en existe des humains, mais pour la circonstance, c'est un pas cool. Et c'est vrai que dans mon entourage, c'était plutôt ça qu'on croisait. Il faut dire que pour ma mère qui refusait toute chimio, la confrontation avec les médecins étaient plutôt houleuse, alors évidemment...
Ouf, je suis contente que tu apprécies les lettres. Même si le vieux français que j'utilise n'est sûrement pas parfait, je crois qu'elles ont au moins le mérite d'être compréhensibles. Quant à Léo, son attitude après les avoir lues donne une petite accalmie, une fenêtre de calme dans les tourments de leur couple aux prises avec la maladie.
En tous cas, je te trouve bien courageuse de lire car pour toi, je sais que ce n'est pas facile. Je te rappelle que tu n'as rien d'obligé et que tu peux très bien remettre à plus tard, bien plus tard, ta lecture.
Biz Vef'
C'est le vieux que j'aime pas qui à envoyé ça ? Métonnerais pas qu'il soit un décendant de truc machin...
Et ce petit texte qu'elle a dans la tête, ne serait-ce pas justement l'insciption à trouver ? (Dans la cuisine ?)
Le vieil Antoine, il se mêle des choses qui le regardent... ou pas ! ça dépend comment on voit les choses. Je te laisse deviner.
Tes suppositions sont rigolotes et là aussi je te laisse deviner.
Bouh ... quelle horreur cette histoire d"opération du foie. Et toute l'atmopshère chirurgicale et impersonnelle de l'hôpital. Le médecin avait l'air totalement blasé alors que le cancer c'est un sujet si terrible! Berk. Pourtant c'est inévitable, il doit en voir tous les jours, mais quand même. Même si je n'ai jamais dû côtoyer de malade comme ça, la colère et les réactions de Léo m'ont semblé très justes. Il en fait vraiment voir de toutes les couleurs à la pauvre Marion parce qu'il est à bout, et on a franchement du mal à lui en vouloir. Mais ça se termine sur une note positive, alors gardons espoir!
D'ailleiurs... Marion ... je ne m'y fais pas encore. J'aimais vraiment mieux Solenne. Et pour le moment les raisons pour lesquelles elle a dû changer de prénom sont encore bien obscures. Mais ça viendra, sûrement :P
Pour la maladie, je t'assure, c'est bien souvent comme ça, hélas. Je n'ai pas fait dans l'original. Et ça change le caractère de quelqu'un. Alors notre pauvre ours, il est d'autant plus irrascible. Quant à Marion, c'est sûrement pas facile pour elle. Elle voudrait l'aider mais il ne se laisse pas faire. Il faut juste garder espoir, oui.
Le prénom, oui, c'est pas facile, c'est clair. Mais des explications vont arriver, ne t'inquiète pas.
Merci pour ta lecture et ton commentaire. J'espère que tu y prends plaisir.
Biz Vef'
Pauvre Marion, pauvre Léo... La réaction de Léo ne me surprend pas. Ton histoire me touche d'autant plus que l'un des meilleurs et plus vieux amis de mon père vient de mourir d'un cancer alors même que lui apprenait qu'il en était totalement guéri. Et... je ne sais pas, j'ai l'impression que les réactions fassent à cette maladie peuvent influer beaucoup sur l'évolution de celle-ci.
Concernant les lettres en vieux français, j'ai été un peu gênée par l'inversion systématique du verbe et du sujet... es-tu sûre que ça se faisait tout le temps ? Je n'en ai pas souvenir durant mes cours... Mais à part ça, c'est un plaisir de retrouver Guillaume ! Quel dommage que l'histoire de Guillaume et Mathilde soit si courte ! ^^
C'est vrai que le cancer est une maladie sournoise qui a une drôle de façon de s'insinuer différemment chez ceux qui en sont atteints. Ses mystères trouvent parfois des explications dans le vécu des gens et n'en a pas pour autant plus de force ou de faiblesse, tout dépend de notre foi et de notre compréhension. C'est souvent de l'ordre de l'indicible.
Concernant les lettres en vieux français, j'en suis presque sûre, oui. Mais attention, ce que j'ai écris pourras sûrement faire grincer des dents un puriste. Je ne prétend pas avoir écrit juste. Je me suis calquée sur la manière d'écrire du 17e siècle et je l'ai appliquée de manière presque systématique. Le français de l'époque se rapprochait des constructions de phrases latines et mettait le verbe à la fin. Je me suis faite aider par un latiniste qui a fait ses études de lettres classiques. Je suppose qu'il ne m'a pas raconté de sornettes. Mais je comprends que tu sois gênée par cette construction bizaroïde. Quant à Guillaume et Mathilde, tu n'es pas la seule à les regretter. J'essaie d'étoffer les chapitres qui les concernent mais je ne voudrais pas donner l'impression de délayer. Enfin, c'est en réécriture. Le 3e nouveau chapitre est d'ailleurs en ligne, si la curiosité de la modification d'intéresse. Pour les autres, c'est encore en train de cogiter dans ma tête.
Tu as saisi l'essentiel de ce chapitre et voilà une auteure contentée ! J'ai toujours peur de ne jamais laisser assez de suspense, mais il semble que c'est assez pour garder ton intérêt. Malgré tout, j'ai vraiment du boulot en la matière, car c'est ce qui fait tout l'intérêt d'une histoire, je le sais bien et j'essaie de m'appliquer autant que je peux.
Pour les lettres en vieux français, ne t'inquiète pas, je crois que j'ai atteint mon but si tu me dis que tu y as trouvé Guillaume, sa sensibilité et ses préoccupations. Si elles te touchent alors, tant mieux. J'espère tout de même ne pas avoir écorché la vue des puristes et qu'ils ne m'en tiendront pas rigueur.
Il va falloir un moment pour qu'on s'habitue à "Marion", c'est vrai. Les persos, autant que moi, fourchons encore pour la nommer, désormais, c'est terrible ! lol !!! La petite fin de chapitre donne tout de même de l'espoir non ? ... Mais tu ne vas pas croire que je vais t'en dire plus, comme ça, pour tes beaux yeux, non mais !!! Que va-t-il arriver à Léo et Marion ? ... hin hin !...
A bientôoooooooooooot !!!!!!