Chapitre 14 - L’épigraphe
Une lampe torche dans la main gauche, la grosse clé de la cave principale dans la droite, Marion partait en exploration. Impatiente, elle n’avait pas voulu attendre que Léo se porte mieux pour chercher cette mystérieuse épigraphe. Il se remettait bien trop lentement à son goût. La curiosité l’emportait sur l’idée de faire cette découverte ensemble. Et puis, quel mal y avait-il à partir en éclaireuse ? Rien n’affirmait qu’elle existait vraiment, cette épigraphe... ni même qu’elle fut quelque part ici... Alors, autant suivre son intuition et lui rapporter le fruit de ses recherches.
C’est ainsi qu’elle pénétra dans les entrailles du château. Les caves n’avaient pas été restaurées. Faute de budget et d’un usage immédiat, Maxime et Marion les avaient laissées en l’état. Seule une sommaire installation électrique subsistait à l’entrée principale, éclairant d’une lumière blafarde les premiers fûts de vin, d’énormes tonneaux de bois, abandonnés là depuis des siècles. Ici, on avait été vignerons, auparavant. Modestes vignerons... ou fastueux, selon l’époque... dépossédés, déchus... mais incapables d’avoir fait perdurer leur art de la vigne... pour on ne sait quelle raison. Tout en progressant à petits pas dans la travée centrale, impressionnée par les énormes masses ventrues qui lui faisaient comme une haie d’honneur plongés dans une ombre épaisse, Marion n’en menait pas large. Le silence et la fraîcheur des voûtes lui faisaient l’effet de pénétrer dans un immense caveau. Seul le son feutré de ses baskets sur la terre battue lui revenait en écho, faisant battre son cœur un peu plus fort dans sa poitrine.
Comment était-ce, déjà ? ...
La petite ritournelle de sa jeunesse refaisait soudain surface dans sa tête.
«Derrière les foudres,
à l’ombre des convoitises,
un secret qui chaptalise,
attend là qu’on vienne l’absoudre»
Ne comprenant toujours pas pourquoi ce petit air lui trottait dans la cervelle, elle essayait de la chasser. Ce n’était pas ce qu’elle voulait chercher. Et pourtant, c’était un peu elle qui la poussait à venir explorer ici. Où pouvaient bien être inscrits les traces de leur amour ? Et rien ne disait qu’un indice combinait l’autre, bien au contraire. Qui sait si ce n’était pas son mental qui lui jouait encore des tours ?... histoire d’ajouter encore à son trouble. Allait-elle devoir jouer de son don pour la lithomnésie1 afin de trouver la piste de l’épigraphe ?
Elle réprima un frisson. Elle n’était plus très sûre d’avoir bien fait de partir seule à l’aventure dans un endroit aussi sombre.
Sous le faisceau de sa lampe, l’alignement des tonneaux s’était interrompu et laissait place à des fondations de pierres salpêtrées. Un mur nu qui terminait l’endroit en cul-de-sac. A sa base, un amoncellement de verres brisés et de vieilles bouteilles poussiéreuses évoquaient vaguement une ancestrale activité chaotique. Elle approcha sa main droite du mur du fond. Elle tremblait légèrement. Au contact, la première vision ne se fit pas attendre.
... Une guillotine et son couperet ensanglanté...
La jeune femme bloqua sa respiration.
... Une alliance qu’on glisse au doigt d’une femme, les poignets garnis de dentelles...
La mémoire de ces pierres-là semblait trop récente par rapport à ce qu’elle cherchait. Elle s’éloigna, rebroussa chemin. Son cœur se remit à battre à peu près normalement.
... Derrières les foudres...
Les foudres étaient bien ces tonneaux géants laissés à l’abandon ! Que pouvait-il bien y avoir derrière ces mastodontes de bois ? Elle avait beau glisser derrière eux la lumière de sa torche elle n’y reflétait que des toiles d’araignées empoussiérées.
... à l’ombre des convoitises...
Ça oui, pour être à l’ombre !... et à l’abri des regards... Elle ne savait pas quoi chercher, là-derrière. Et il y avait une bonne vingtaine d’exemplaires derrière chacun desquels pouvait se trouver un secret bien gardé.
Soudain, à peine avait-elle retiré sa lampe de derrière un foudre qu’elle fut prise d’un doute. Il y avait bien eu un quelque chose de brillant à cet instant ?... Elle braqua de nouveau le faisceau dans l’intervalle pour s’en assurer. Deux bigarreaux jaunes brillants se trouvaient là, lovés dans l’ombre épaisse. Dans un clignement de paupières, ils s’éteignirent. Un chat. C’était un chat qui se mettait à feuler de peur dans la lumière qui le dardait violemment. Le chat s’enfuit alors en se faufilant entre ses jambes. Marion hurla. Elle piétina de peur en sentant l’animal la frôler et lâcha sa lampe. Son cœur battait à tout rompre. En chutant, la lumière s’était éteinte. Paniquée, le souffle court, elle se baissa précipitamment les mains en avant. Tâtonnant fébrilement la terre battue devant elle en arc de cercle, ses yeux et ses doigts affolées fouillaient la pénombre.
... un secret qui chaptalise...
La ritournelle était plus insistante encore, faisant fit de sa frayeur. Puis, ses doigts tendus vers un seul but rencontrèrent le tube de métal argenté enfin retrouvé. Elle récupéra sa torche, la ralluma. Pas de lumière. Deux trois coups de poignet sur le manche et le contact se fit. De nouveau le faisceau lumineux dansait face à elle et elle repris son entreprise de suivre la fuite du chat tout en essayant de calmer sa respiration malmenée.
- Sale bête ! Tu m’as fait peur ! s’écria-t-elle en scrutant devant elle des éventuelles traces de pattes.
Il était allé vers le fond de la cave. Pourquoi était-il parti par là ? Peut-être y avait-il des meurtrières par lesquelles il pouvait se glisser. Malgré son appréhension, la jeune femme décida de suivre son chemin. Elle revint dans la sorte d’alcôve où se terminaient les alignements de tonneaux. Avec sa lumière, elle balaya l’endroit méthodiquement de bas en haut en cherchant l’issue par laquelle le chat avait bien pu s’enfuir.
Sur le mur Nord, il y avait bien un passage. Une petite arche à peine plus haute qu’un jeune adolescent fermée par des planches de bois vermoulues. Le bas était ajouré et l’animal avait très bien pu se glisser par là. L’ensemble ne semblait pas solide et la jeune femme n’hésita pas à y donner de grands coups de talon pour faire céder l’obstruction. Elle dégagea le passage et enfila sa lumière de l’autre côté. Une autre pièce voûtée beaucoup plus petite se révéla, sortie de l’ombre séculaire. Un endroit qui n’avait pas été visité depuis des siècles. Là, étaient alignée et empilée dans des alvéoles de briques une quantité de vieilles bouteilles de verre et de pots de terre cuite avoisinant plusieurs bonnes centaines, croupissant dans la poussière et la moisissure. Elle en garnissait tous les murs sauf un, orné d’un escalier de pierres humides qui menait visiblement à une trappe aménagée au sommet de la voûte du plafond. Elle y grimpa en prenant la précaution de tester la stabilité de chaque pierre. Un vieux loquet rouillé maintenait le passage fermé. Elle l’actionna et poussa la trappe de l’épaule. Elle résista. Elle poussa encore plus fort. Quelque chose résistait derrière et bloquait l’ouverture. Elle cognait encore son épaule de toutes ces forces. Ses baskets dérapaient dans la poussière. Encore un effort et, enfin, un amas de ronces et de végétaux apparurent dans l’intervalle laissé par la trappe qui cédait petit à petit. Un ou deux coups supplémentaires puissants et elle parviendrait à l’ouvrir d’une bonne vingtaine de centimètres, faisant plier et se casser les végétaux. Elle voyait la lumière du jour à travers. À grands coups de pieds et de bras, elle se dégagea un passage, lacérant ses vêtements mais parvenant enfin à s’extraire des entrailles du château. Un dernier accroc à la manche de son vieux blouson et elle respira enfin l’air frais du jardin.
Le potager. Tout au fond, le vieux mur qui s’écroulait était envahi de ronces, de liseron, de lierre et d’herbes folles, une végétation impénétrable que personne n’avait eu le courage ni l’ambition de nettoyer. C’était de là que Marion surgissait des bas-fonds. Un passage secret abandonné à la nature. Plus de trace de chat. Rien. Rien ne laissait soupçonner qu’il puisse y avoir un passage pour les caves à cet endroit, à part désormais le sillon arraché aux herbes qu’avait laissé Marion à travers les ronces.
Ses yeux s’ajustant à la lumière du jour, elle parcourait du regard l’endroit désolé qui jouxtait les carrés travaillés de poireaux, de choux et la grande promenade des tiges de potimarrons et de courges. Ce fut un peu plus loin, sur le vieux mur, qu’une marque, elle-même obstruée par de la mousse et des herbes, attira l’attention de la jeune femme. Elle arracha le lierre qui s’était agrippé sur la vieille plaque de marbre et nettoya sommairement la surface. Elle lut :
«Hic ad vitam eternam Guileme & Mathil in amore astrictum esse eternam»2
Marion avait trouvé l’épigraphe. Elle était écrite en latin. Mais bien au-delà des mots gravés, des flashs visuels l’embarquaient visiter ses premières amours, leur premier baiser et, soudain, une douleur fulgurante lui transperça la poitrine. Foudroyée, elle s’affala sur ses genoux, lâchant la lampe torche, portant ses deux mains à son sein. La douleur était insoutenable. Tout en guettant autour d’elle, elle espérait qu’il y eut quelqu’un pas loin. Elle perdait son souffle, cherchait l’air et luttait pour ne pas s’évanouir. Dans un râle, elle appela au secours. Cela lui faisait un mal de chien. Elle appela plusieurs fois.
- Au secours !!
Clovis, son neveu, l’entendit. Il abandonna son ballon avec lequel il jouait entre la cour et le potager. Il accouru vers elle. Lorsqu’elle le supplia d’appeler à l’aide, elle lui tendit une main ensanglantée.
Allongée sur le canapé de ses appartements, le torse mis à nu, Marion plissait les yeux de douleur sous le regard soucieux du docteur Ferry penché sur elle. Une plaie sanglante large de deux bons centimètres était apparue sous son sein gauche. Le médecin la désinfectait. Le sourcil froncé derrière ses lunettes rondes, il s’interrogeait sur l’étrange vie de cette jeune femme. Léo, dans la chambre à côté, cloué dans son lit pestait qu’on ne le tienne pas informé.
- J’ai le droit de savoir ce qu’elle a, non ? C’est ma femme, justifiait-il au loin.
Mais pendant que l’un se concentrait sur son travail de points de suture et que l’autre serrait les dents, Léo n’obtint aucune réponse. Alors, il descendit du lit. Chancelant, il enfila ses pantoufles, reboutonna son pyjama et se traîna jusqu’à la porte. Quand il vit Marion, les seins à nu et un fil étiré juste dessous, il cru défaillir et se tint fermement au chambranle.
- Mais qu’est-ce que tu t’es fait ? s’affola-t-il.
- Votre femme a le goût du mystère et de l’aventure, semble-t-il, insinua le docteur sans perdre de vue son délicat travail.
- Ne t’en fais pas, chéri, je te raconterai, fit Marion d’une voix douloureuse. Je t’assure que ce n’est pas grave.
- Pas grave ! s’exclama Léo. À d’autres ! Quand je vois un fil et une aiguille sur de la peau, pour moi, c’est grave.
Il s’approcha en traînant des pantoufles et s’assit sur l’accoudoir libre du canapé, en face d’elle et du médecin.
- Mais c’est arrivé comme ça, sans prévenir, se justifia la jeune femme. J’ai... j’ai trouvé quelque chose et soudain j’ai eu très mal à la poitrine... Heureusement que Clovis n’était pas loin, il a pu appeler les secours.
Ce n’était pas le moment de révéler sa découverte. Elle restait donc évasive sur ses aventures de châtelaine. Le docteur Ferry coupa le dernier point et se redressa.
- Fini ! déclara-t-il en admirant son travail. Je vous conseille de ne rien porter de lourd, ni de soutien-gorge, ni de faire de gros travaux physiques pendant une bonne semaine si voulez garder une belle cicatrice. Votre plaie est relativement profonde. Il vaut mieux être prudent.
- Oui, docteur, dit Marion disciplinée.
Puis, il appliqua un gros pansement.
- Vous êtes sûre que ce n’est pas un objet métallique ? lui redemanda le médecin pour être certain. Vous êtes vraiment sûre que vous n’avez touché à rien, que vous n’êtes pas tombée sur quelque chose ? Sinon, il vous faudra un vaccin contre la polio et le tétanos...
- Je vous assure que non, docteur, certifia-t-elle. Je n’ai touché à rien. Je ne suis pas tombée et ce n’est pas un objet qui m’a blessée. J’en suis sûre.
Le médecin fit une moue sceptique.
- Ne me dites pas que vous faites un stigmate, j’aurai du mal à vous croire, dit le médecin soupçonneux.
- Oh, ce serait bien son genre, vous savez, s’exclama Léo en ricanant à demi. Elle me sort de ces trucs, des fois !...
- Léo, je t’en prie, ne sois pas ridicule ! protesta la jeune femme en se relevant doucement. J’ai besoin d’une nouvelle chemise, s’il-vous plaît.
Le médecin se leva et se proposa d’en trouver une.
- Prenez-moi plutôt le peignoir blanc qui est accroché à la porte de la salle de bain, recommanda-t-elle. Il est plus facile à trouver.
Il revint avec et le lui donna. Il termina de rassembler ses outils et papiers pendant que Léo se saisissait du blouson et de la chemise ensanglantés posés non loin. Il les examinait de près.
- Mais où es-tu passée pour mettre ton blouson dans cet état ? Et comment tu t’es fait cette blessure, il n’y a pas de trous dans ta chemise ?... interrogea-t-il.
- Je ne sais pas, je te dis, répondit-elle, désolée. C’est la première fois que ça m’arrive.
Les deux hommes la regardaient d’un air soupçonneux.
- Mais je vous assure !! certifia-t-elle encore. Aucun objet matériel ne m’a blessée.
Elle se mit debout et se dirigea vers son sac-à-main.
- Combien je vous dois, docteur ? fit-elle pour couper court à de vaines explications.
Une fois le médecin raccompagné, toute la famille se pressa autour de Marion pour l’interroger sur sa blessure. Maxime, plus encore que sa femme et ses enfants, se souciait d’elle et de sa santé. Son indispensable présence au château ne pouvait souffrir d’une défaillance. Mais surtout, on ne voulait pas d’un autre drame à la maison. La maladie de Léo était plus que pesante dans leur quotidien. Et si Marion n’était pas opérationnelle pour assurer, c’en était fait de toute leur entreprise. Elle aurait préféré garder sa découverte pour elle encore un moment, histoire de bien comprendre ce qui était arrivé, mais devant l’insistance de tous elle se résigna.
- Bon, d’accord, je vous dis tout, fit-elle, vaincue.
Elle se rassit confortablement dans le canapé pendant que ses vêtements tachés passaient de mains en mains, sous des yeux intrigués. Marion expliquait son parcours dans les caves, la ritournelle dans sa tête, sa frayeur avec le chat et sa poursuite jusqu’à l’extérieur dans le jardin en passant par le stock de vieilles bouteilles. Là, elle ménagea un peu le suspense et dû expliquer à Maxime et Diane l’existence des parchemins qui l’ont poussée à faire cette exploration et aborder sa découverte ; l’épigraphe.
- Alors, elle existe vraiment ! s’exclama Léo, stupéfié.
Lui qui rangeait toujours cette histoire de métempsycose au banc d’un joli conte de fée, l’information lui fit l’effet d’un drôle de malaise.
- Oui, vraiment, elle existe. Il y a la preuve que Guillaume et Mathilde se sont aimés ici.
- Comme c’est romantique ! s’exclama Justine qui serrait les mains d’émotion et sautillait sur place. Des amoureux ont vraiment vécu ici, alors ?
- Oui, ma puce, fit Marion. Des amoureux qui s’aimaient tellement que l’un d’entre eux a voulu le graver pour l’éternité.
En disant cela, elle lança un regard furtif sur son compagnon en espérant lui trouver une expression attendrie. Mais rien. Au contraire, son visage restait pâle et inquiet. Léo s’assombrissait encore. Sa déception fut profonde.
- Mais, ils n’ont pas fini comme Roméo et Juliette, hein ? s’inquiéta l’adolescente.
- Pas tout à fait, mais quand même un peu... avoua la jeune femme qui soudain comprenait à mesure qu’elle expliquait ce qui était en train de lui arriver. Mathilde est morte ici, au couvent, et...
Elle pencha un regard sur son décolleté.
- ... de mort violente, continua-t-elle d’une voix pensive. Et Guillaume, lui, est mort d’une forte fièvre en Afrique... quelques années après elle. Je...
Elle pâlit à vue d’œil.
- Marion, ça ne va pas ? s’inquiéta Diane en la voyant vaciller sur le canapé.
- Non... si, si... ça va aller, ça va aller, répondit-elle d’une voix à peine audible en essayant de se convaincre. Je... c’est... ma blessure... c’est... une épée... comme ça... ...que je suis morte.
Elle s’affala lourdement sur le dossier. Ses forces la quittaient subitement, au bord de l’évanouissement.
Diane se précipita près d’elle, pour la soutenir.
- Un verre d’eau et un gant d’eau froide, commanda Maxime à Justine. Va !
La jeune fille s’empressa à la salle de bain. Léo assis aussi au côté de sa compagne lui tenait la nuque, inquiet de la voir s’égarer.
- C’est de ma faute, tout ça, fit soudain l’homme en pyjama. Si je n’étais pas venu la retrouver, tout ça ne serait jamais arrivé.
- Allons, Léo, ne dis pas de bêtises, voyons ! s’offusqua Maxime. Tu ne vas pas remettre ton amour en question parce que Solen’... Marion, se reprit-il, a un petit coup au cœur.
Justine était revenue aussitôt et tendait le verre d’eau à sa tante pendant que Diane lui passait le gant sur le visage. Blanche et très faible, Marion ne répondait rien.
- Cette histoire de parchemins la préoccupe bien trop à mon goût. Et si elle ne s’était pas mis dans la tête qu’on a quelque chose à voir avec ces amoureux, ça n’en serait pas arrivé là, culpabilisa Léo.
- Moi, je n’y comprend rien à ces histoires de réincarnation, se désespéra Maxime. Je ne comprendrai jamais comment Guillaume et Mathilde peuvent être vous deux...
- Pareil ! avoua Léo. Cette théorie fumeuse... Je n’y arrive pas.
- Ce n’est pas une théorie fumeuse, fit un filet de voix au fond du canapé. C’est une question de conviction et de foi. Visiblement, il n’y a que moi qui semble admettre qu’on a plusieurs vies.
- Non, y’a moi aussi, répliqua Justine, résolument décidée à prendre la défense de sa tante. Moi, j’y crois. ... des amoureux qui s’aiment pour l’éternité... C’est beau, je trouve.
- Alors comment vous expliquez ma blessure, hein ? continua le filet de voix de Marion. Je n’ai pas été blessée par un objet contondant et il est apparu lorsque j’ai lu l’épigraphe et compris ce qu’elle était. Ça ne vous dit rien ?
- Tu veux nous prouver quoi, là ? demanda Léo, incrédule. ... que c’est un stigmate ?
- Ce serait quoi d’autre à ton avis ? répliqua Marion en le fixant droit dans les yeux.
Il n’avait rien à répondre. Pas plus que Maxime qui n’avait pas de meilleure explication. Ils restaient silencieux.
Le petit Mathis s’étaient alors soudain glissé tout près du canapé. Il regardait sa tante avec un petit air sérieux et inquiet, puis il levait les yeux vers son père et sa mère.
- Elle a quoi, tatie ? demanda-t-il. C’est le petit ange des amoureux qui lui a tiré une flèche dans son cœur ?
Personne ne put se retenir de sourire. Ce bambin avait décidément l’art de désamorcer les tensions. Justine le prit dans ses bras.
- Tu as tout compris, mon ange ! lui dit-elle en lui frottant le nez avec le sien.
Marion, elle, avait compris aussi à sa manière le phénomène qui la touchait en plein cœur. Au mieux, sa conscience appréhendait la chose, plus elle se sentait recouvrer des couleurs aux joues, du sang circulait de nouveau normalement dans ses veines et de la force dans ses muscles. Elle se redressa brusquement sur le canapé, l’œil redevenu vif et prête à reprendre ses activités.
- Mais qu’est-ce que vous faites encore là ? s’offusqua-t-elle à la cantonade. Allez, oust, tout le monde dehors, j’ai besoin d’air !
Tous la regardèrent d’un air étonné. Comment avait-elle pu recouvrer si vite son énergie ?
- Et toi, mon cher amour, continua-t-elle en invitant Léo à se mettre en route, tu ne vas pas t’épuiser plus que ça et tu vas gentiment retourner au lit, allez !...
Diane voulu protester, Maxime aussi, mais elle les invita d’un geste à ne pas insister, qu’elle se sentait beaucoup mieux et qu’il ne fallait plus s’inquiéter de ce qui n’était qu’un petit bobo de rein du tout. Ils obtempérèrent non sans se demander qu’elle mouche l’avait piquée.
Une fois dans leur chambre, seuls, Léo, allongé dans leur lit près de sa femme, s’inquiéta sérieusement.
- Tu peux m’expliquer ce qui se passe, Marion ? J’aimerai comprendre...
Elle ne dit rien, mais elle ouvrit son peignoir tout grand et tira délicatement sur le pansement qu’elle souleva à moitié. En aplatissant un peu son sein gauche, elle devinait la cicatrice plus qu’elle ne la voyait vraiment. Léo, lui, se redressa pour s’approcher et lorgner sur la blessure.
- On dirait qu’elle a dix jours, cette cicatrice !... s’étonna-t-il. Elle est toute refermée... toute rose pâle...
Marion regardait Léo avec une petite étincelle de victoire dans l’œil.
- Et ça s’appelle comment ça ? fanfaronnait-elle. Une somatisation ! Lorsque j’ai vu l’épigraphe, je me suis sentie en résonance avec et puis, bien avant, le gisant de Mathilde. Ça m’a tellement bien parlé que j’en ai somatisé. Alors, j’ai vu comment Mathilde est morte...
Elle remit le pansement en place, referma son peignoir et s’allongea sur les oreillers.
- ... enfin, comment je suis morte dans la vie d’avant, poursuivit-elle le regard dans le vide.
Léo resta un instant à la regarder sans rien dire. Il semblait essayer de comprendre, mais malgré tout ce qu’il venait de voir, il n’arrivait pas à se convaincre que cela fut vrai, plausible, acceptable, probant, envisageable, ni même imaginable. Il s’allongea lui aussi avec lenteur et fixa le plafond. Comme Marion. Ils furent silencieux un moment.
- Et si ce n’était pas vrai, tout ça ? reprit Léo le regard au plafond. Et si on n’avait qu’une seule vie ? Tu ne crois pas qu’on se prendrait moins la tête ?
Marion ne répondit pas tout de suite et grimaça imperceptiblement. Elle aussi regardait le plafond et elle prenait le temps de trouver une réponse adéquat.
- Comment expliquerais-tu ma blessure, alors ?... puisque je ne me suis pas blessée réellement... qu’elle est apparue aussi vite qu’elle a disparu ?
- Je ne sais pas, moi ! Je ne suis pas médecin ni scientifique, grogna-t-il.
- Mais le docteur Ferry n’a eu aucune explication rationnelle, tout à l’heure, lui rappela Marion.
- Et qu’est-ce que tu en sais ? ... que la vie de Mathilde, c’est la tienne ? la défia-t-il. Si ça se trouve, tu l’as prise d’affection parce qu’elle a vécu ici, comme toi, mais elle n’a rien à voir avec toi.
- Impossible, affirma-t-elle.
- Et qu’est-ce que tu en sais, ce qu’il y a de l’autre côté ? continua-t-il dans ses réflexions. Qu’est-ce qu’il y a après la mort ?
- Je n’en sais pas plus que toi, tu sais, s’exclama-t-elle. Tout ce que je sais, c’est que notre corps meurt mais pas notre âme. Elle passe dans une autre dimension, elle fait le point sur sa précédente vie et si elle estime devoir revivre une autre vie, elle s’incarne dans un autre corps. Toi, moi, tous les humains avons de multiples vies à notre actif. Pour moi, c’est une chose évidente.
- Désolé, non, pas pour moi, nia-t-il. J’ai été éduqué en tant que chrétien et on ne parle pas de réincarnation.
- Comme tu veux, concéda Marion. Mais mon expérience de vie me fait dire qu’elle existe bel et bien. Je soupçonne même Jésus d’y avoir cru mais la Bible n’en parle que de manière ésotérique.
- Arrête ! s’agaça Léo. Ça devient complètement insensé, là.
Elle ne dit plus rien, mais elle le regarda, la tête enfoncée dans son oreiller. Il persistait à fixer le plafond, le visage fermé et dur. Elle se redressa pour s’asseoir sur le lit, se préparant à s’en aller, déçue.
- À toi de voir, Léo, fit-elle, ne voulant pas créer de conflit. C’était pourtant une des nombreuses pistes de guérison pour toi, mais si tu ne veux rien entendre...
Elle laissa la suite en suspend et sortit de la chambre sans un seul regard pour lui.
Janvier offrait son gris du ciel avec autant d’insistance qu’en avait Marion à réussir un plat plein de vitalité. Gratins, soupes, céréales, se nourrir devait réchauffer le corps, faire plaisir aux papilles et redonner la santé. Elle s’évertuait à s’appliquer dans cette tâche même si Léo n’y était pas sensible. Sa santé ne s’était d’ailleurs pas améliorée, au contraire. Toujours taciturne, il doutait de tout, contredisait tout, ne croyait en rien. Il faisait les choses sans conscience et suivait son traitement sans aucune conviction. Les dernières analyses venaient d’arriver et on avait décelé des métastases dans le pancréas, les intestins, le colon et les poumons. Marion était catastrophée. Ces derniers mois d’espoir étaient finalement réduits à néant.
Ce fut le retour à l’hôpital. Et, désormais, c’était avec la peur au ventre que Marion accompagnait Léo dans une nouvelle chambre blanche où ses entrailles pourront exprimer sans retenue leur rejet de toute croyance. Il avait pourtant bon espoir que la médecine et son traitement de choc fasse un miracle sur son cancer. Il était prêt à subir les pires supplices pour se voir débarrassé de ces cellules morbides. Oui, le professeur Louvin était l’homme qui allait le sauver.
- Ça va aller, rassurait-il la jeune femme en s’asseyant sur le lit immaculé pendant qu’elle déposait le sac de voyage sur la desserte. Tu peux me laisser ici, je vais revenir en pleine forme, je te le promet.
- Si ça pouvait être si simple, chéri, je te croirai, mais...
Elle ne voulait pas en ajouter davantage. À quoi bon, d’ailleurs ? Ils s’étaient déjà tout dit sur le sujet et ils persistaient à ne pas s’entendre sur les moyens d’écouter ce que le cancer avait à dire. Elle ouvrit le sac et commençait à ranger les affaires de Léo dans la petite penderie.
- Le professeur m’a promis que les rayons n’étaient pas dangereux et qu’ils n’attaquaient que les cellules cancéreuses, se convainquait Léo. C’est la seule issue possible. Et il va adapter une chimio contre les métastases.
- Si tu y crois, tant mieux, se contenta-t-elle de dire avec une petite note peu convaincue dans la voix. Moi, je crois au contraire qu’on utilise ici un lance-missile pour tuer une mouche. Mais tu as fais ton choix et je le respecte.
Elle déposa un pyjama plié au bout du lit, sortit un thermos et le déposa sur la table de nuit.
- Je t’ai préparé de la soupe miso, lui dit-elle. Il faudra que tu en boives régulièrement pour aider à supporter les rayons. C’est un puissant anti-radiations.
- Marion, arrête, s’il-te-plaît, geignit-il. Tes remèdes de grand-mère ne pourront rien, je le sais.
- Alors, fais-le pour moi, je t’en prie, supplia-t-elle.
- À quoi bon ? Tu disais toi-même que je devais tout faire pour m’aider, moi, et ne pas faire les choses juste pour faire plaisir aux autres...
Elle portait la trousse de toilette dans la salle d’eau et en revint sans rien dire, la tête basse, le regard triste.
- Marion, viens-là, dit-il en lui tendant les bras, attristé de la voir ainsi. Viens...
Il la serra dans ses bras affectueusement, en glissant ses doigts sur sa nuque, à la base de ses cheveux. Il savait qu’elle aimait ça et que ça l’émoustillait tout en la rassurant. L’étreinte s’éternisa dans le silence. Elle avait posé sa tête sur sa large épaule osseuse et se pelotonnait contre lui. C’était peut-être l’un des derniers moments de tendresse qu’il pourrait lui donner. Marion était désespérée.
Une infirmière entra d’autorité avec un seul petit toc contre la porte, un dossier sur le bras.
- Bonjour Messieurs-dame, claironna-t-elle sans se gêner de leur proximité. Bonjour, monsieur Calavany, je viens pour votre installation et préparer votre protocole de soins. Nous avons quantité de choses à voir ensemble.
- Je vais vous laisser, alors, fit Marion en s’écartant des bras de son homme.
- Oui. Reviens demain après-midi, nous parlerons tranquillement. Tu veux bien ? proposa Léo à sa compagne qui reprenait son manteau et son sac pour sortir.
Elle hocha la tête en signe d’affirmation, mais plus aucun son ne voulait sortir de sa gorge serrée par un sanglot. Elle l’embrassa rapidement sur les lèvres et sortit de suite avec un «à demain» étranglé.
Les jours passèrent et Marion avait repris ses allers-retours entre le château et l’hôpital. Léo maigrissait à vue d’œil. Il était sans cesse fatigué et perdait ses cheveux par poignées. Dans son regard autrefois brillant et scrutateur ne teintait plus aucune étincelle. Une grande tristesse l’envahissait. Même ses paroles reflétaient la honte et le renoncement. Elle se disait chaque jour d’être forte pour deux, d’essayer de lui donner autant d’espoir qu’elle le pouvait. Mais à le voir ainsi, flottant dans son pyjama devenu trop grand, la mine pâle et rompue de fatigue, les yeux creusés et sombres, le crâne clair semé, il offrait plus l’allure d’un mort-vivant que de l’homme qu’elle avait aimé dès leur rencontre sur le Syracuse.
Et le jour où il se mit à évoquer des projets testamentaires, elle refusa d’entendre.
- Comprends-moi, Marion, insistait-il en lui prenant la main posée sur le lit. Que va-t-il rester après que je sois parti ? J’ai un fils. C’est lui qui héritera... le peu que j’ai... je veux pouvoir lui dire que... même si je ne l’ai plus vu depuis des années, il compte beaucoup pour moi. Je t’en prie...
Une grosse larme s’était mise à couler sur la joue de la jeune femme.
- Tu ne peux pas déjà parler de mourir, Léo, sanglotait-elle. Si au moins tu acceptais d’écouter ce que ton cancer veut te dire... C’est dur pour moi de t’entendre parler comme ça, tu sais...
- J’aime mon fils malgré tout, persistait-il comme s’il n’entendait pas ce qu’elle lui disait. ... j’aimerai tant le revoir... Il doit avoir dix-sept ans, maintenant...
- Léo, s’il-te-plaît...
- ... Il doit vivre avec sa mère... poursuivait-il sans la regarder. ... enfin, je crois... à Nice. Mais il est peut-être ailleurs, maintenant... une petite amie... il est peut-être amoureux... Il aimait faire de la moto quand il était petit... comme moi. J’aimerai pouvoir lui dire que je l’aime... avant de partir.
- Pourquoi tu ne m’écoutes pas ?.... sanglotait-elle encore.
- ... Je ne veux pas qu’il me voit comme ça, s’affola-t-il. Il faut que je guérisse, hein ... Je dois trouver une perruque... cacher cette horreur... J’ai tant fait d’erreurs avec lui... Marion, je veux voir mon fils !
Il avait posé sur elle un regard désespéré. En lui, s’était creusé un abîme de peurs, de culpabilités et d’incertitudes. Tout s’entremêlait et ne formait en définitive qu’un amas d’émotions devenu insondable, embrouillé, enchevêtré au point qu’il n’était plus possible d’y entrevoir de la lumière. Le cancer envahissait tout, même son âme. Marion percevait en lui le trou noir qui avalait tout son être inexorablement. Comme les trous noirs de l’univers, celui de Léo absorbait tout, compressait tout, de sa chair à son esprit, ne lui laissant plus aucun espoir de rédemption. De grosses larmes s’amoncelaient dans ses cils de la jeune femme, glissait sur ses joues et tombaient lourdement sur leurs mains enlacées sur le lit.
- Léo...
- Tu vas le retrouver pour moi, hein ?... dis... suppliaient les yeux sans lumière du malade. Je vais rentrer à la maison... Je vais arrêter ça... Je retrouverai mes cheveux et je verrai mon fils... Camille... Promets-moi, Marion...
Submergée par ses sanglots, elle se contenta de hocher la tête en essuyant ses joues avec ses doigts. Elle aurait tout accepté de lui, n’importe quel moyen, mais surtout qu’il ne meurt pas. Si son fils pouvait lui rendre la vie, alors, soit.
J’ai été très surprise par l’empathie de Marion (enfin, je ne sais pas si c’est de l’empathie…), cependant ce n’était pas malvenu, je le vois comme une confirmation qu’elle et Léo sont la « réincarnation » de Mathilde et Guillaume et ça me laisse un peu d’espoir pour la suite… Je vois un peu cette catharsis comme une mort violente pour Marion (parallèlement à ce qu’a vécu Mathilde), tout comme Léo meurt aussi lentement que Guillaume (et comme Marion n’en est pas morte, c’est de là que me vient ce mince espoir de guérison pour Léo…). Bref, je m’embarque peut-être dans des suppositions bizarres. Le mieux reste de lire la suite^^
Je tenais aussi à te dire que je trouve la métaphore du trou noir, que tu utilises à la toute fin, très juste. C’est peut-être mon côté scientifique qui me fait l’apprécier, mais l’image est là et elle correspond assez douloureusement à cette réalité… Pour finir sur une note plus optimiste, la loi de conservation de l’énergie stipulant qu’il y a autant d’énergie qui part que d’énergie qui vient, il existerait peut-être dans l’univers l’exact contraire du trou noir, à savoir des trous de lumière… Ça peut être une belle image aussi :)
À très bientôt Vef’ ! Et merci pour cette belle, très belle lecture.
Je crois qu'on se rejoint dans cet aspect de la science que sont les trous noirs et même ces trous de lumière supposés dans l'univers. L'astrophysique est un domaine que j'aime beaucoup. Sa vulgarisation, surtout, car les chiffres et moi, les grands théorèmes c'est pas mon domaine. Partant du principe que tout est binaire dans notre monde matériel, comme il existe le blanc et le noir, il peut très bien exister les trous de lumière. Peut-être n'est-ce pas comme ça qu'il faudrait les appeler, mais en tous cas, ils sont des portes entre les dimensions, comme nos âmes font des voyages intersidéraux extraordinaires. La fameuse comparaison entre cancer et trou noir, je la fais par l'expérience que j'en ai ; c'est une maladie qui absorbe tout, tout ce qui est lumière, énergie et vie en soi. C'est vraiment comme ça que ça peut se vivre.
Je remercie vraiment pour cette belle appréciation qui me va droit au coeur, parce que tu verras à quel point tu as bien vu la chose au prochain chapitre.
biz Vef'
"qui lui faisaient comme une haie d’honneur plongés dans une ombre épaisse" : tu peux l'affirmer il me semble : qui lui faisait une haie d'honneur ?
«Derrière les foudres : les tonneaux ?
à l’ombre des convoitises,
un secret qui chaptalise : le vin qui fermente ?
attend là qu’on vienne l’absoudre» : absoudre une faute OK, un pêché OK, mais un secret ? Ça se dit ?
= Le vin qui se bonifie lentement loin des regards attend qu'on puisse le boire ? (qu'on lui donne bénédiction) ? (tu me dis si je délire et si je suis complètemen à côté de la plaque...)
"Un mur nu qui terminait" : le qui n'est peut-être pas nécessaire ?
"Clovis, son neveu, l’entendit. Il abandonna son ballon avec lequel il jouait entre la cour et le potager. Il accouru vers elle. Lorsqu’elle le supplia d’appeler à l’aide, elle lui tendit une main ensanglantée".
Quel chemin at-il pris pour entrer dans ce jardin en friche depuis si longtemps et apparemment loin des regards ?
"Ses yeux s’ajustant à la lumière du jour, elle parcourait du regard l’endroit désolé qui jouxtait les carrés travaillés de poireaux" Bon, j'arrive mieux à imaginer l'endroit avec ça, mais mon sens pratique me dit qu'il n'est pas bon d'entammer un jardin à côté d'une friche. De plus je me demande si tu n'aurait pas intérêt à déjà présenter ce lieu, l'air de rien, auparavant, comme ça on pourrait faire le lien ?
"Maxime, plus encore que sa femme et ses enfants, se souciait d’elle et de sa santé. Son indispensable présence au château ne pouvait souffrir d’une défaillance. Mais surtout, on ne voulait pas d’un autre drame à la maison. La maladie de Léo était plus que pesante dans leur quotidien. Et si Marion n’était pas opérationnelle pour assurer, c’en était fait de toute leur entreprise". Sont pas un peu égoistes les autres, là ?
"Elle se rassit confortablement dans le canapé pendant que ses vêtements tachés passaient de mains en mains, sous des yeux intrigués" : tâchés mais non déchirés je suppose ?
"l’existence des parchemins qui l’ont poussée" : l'avaient
"Elle remit le pansement en place" : peut-être pas la peine du coup ? Elle peut le jeter direct ?
Bon, ça va mieux, je peux te dire ce que je pense de tout ça.
Mis à part les remarques "matérielles" ci-dessus, ce chapitre est véritablement poignant.
La fragilité de Léo, sa descente aux enfers, l'amour de son fils qui surgit soudain, tout ça est criant de vérité, émouvant, bouleversant.
Quant à Solène, si on comprend tout son amour pour Léo, il me semble qu'elle pourrait à la fois lui donner plus d'explications et à la fois l'écouter plus profondément lorsqu'il parle de son fils laissé quelque part. Marion-Solenne donne l'impression dêtre parfois obstinée (même si elle à raison de vouloir à tout prix que Léo l'entende), mais même si elle soutient Léo en permanence, même si elle cherche à percer tous ces mystères pour le sauver, je trouve qu'elle manque de douceur parfois, qu'elle n'exprime pas encore assez son amour pour lui, qu'elle le garde trop à l'intérieur. En fait tous deux sont aussi têtus l'un que l'autre... et autant plongés dans leur monde l'un que l'autre.
Tes dialogues et les mots que tu choisis sont vraiment justes, percutants. La solitude de Léo, le besoin de voir son fils, sont vraiment émouvants.
Bref, un bien beau chapître, bien écrit, plein de nuances, de demi-teintes et de teintes plus embrasées, plus violentes. Bravo ! D'autant que le sujet que tu traites n'est pas simple.
Pour la comptine, tu verras pourquoi c'est un secret qui chaptalise. Dans quelques chapitres ce sera révélé. On pourra en reparler.
Il me semble qu'entre le jardin en friche et le jardin potager, il y a un vieux muret qui les séparent. Faudra que je vérifie cette affaire. Mais didon, tu es attentive à plein de détails, toi !!
Egoïtes ? Surtout un peu dépassés, à vrai dire. La gestion de l'accueil au château, c'est Marion qui s'en occupe et Maxime et Diane ont leurs activités de leur côté. Ils ne connaissent rien à ce qu'elle fait au quotidien. Alors, on peut comprendre qu'il est un peu difficile de la remplacer au pied levé. Mais bon, ça peut paraître égoïste, mais c'est surtout une question de gestion des compétences dans le quotidien.
En effet, ses vêtements ne sont pas déchirés. Ne l'aurais-je pas assez précisé ?
Elle pourrait le jeter directe, oui, presque. Sauf que c'est guéri mais pas tout à fait disparu, alors elle a remi le pansement. Bah quoi, si ?!!!
La relation de Marion avec Léo est un peu délicate. Tu l'as bien analysée, d'ailleurs, elle est têtue à sa manière et Léo à sa manière aussi. Et puis elle a une retenue, une crainte qui l'empêche d'être aussi spontannée qu'on pourrait l'attendre. J'ai parfois parlé un peu de son passé douloureux et c'est ce qui fait qu'elle se comporte ainsi. Elle l'aime vraiment, mais elle craint d'être rejetée d'une certaine manière, elle craint de ne pas être reconnue dans l'aide qu'elle lui apporte. D'où cette retenue et cette brusquerie que tu sens en elle.
Camille, le fils de Léo, est l'élément surprise du chapitre. Tu verras que par la suite, il va être développé et aura sa place dans l'intrigue. Marion est en attitude d'acceptation et peut-être que ça pourrait passer pour de la distance, mais non. Elle est prête à tout entendre, le meilleur comme le pire. Alors, un fils, pourquoi pas.
Merci pour ces compliments. Venant de toi, ça me touche beaucoup. Et je vois que tu es aussi très touchée.
Et pour Justine, en effet, elle a un oeil sur ce garçon plutôt intéressant...
Une petite coquille ^^
Heu... Camille c'et la mère de son fils c'est ça ?
Il est vraiment ailleurs là le pauvre Léo. C'est moi qui lis de plus en plus vite ou ce chapitre était plus court que les autres ?
Je me disait bien qu'il y avait déjà une histoire de stigmate avec son cancer, là elle aussi maintenant, seulement comme elle croit, elle passe outre c'est ça ? ça devrait pas être le contraire ? Si on y croit et qu'on se met à la place de l'autre on ressent la même chose, c'est dangereux non ?
Donc, là, je crois que ce n'est pas clair pour toi la question du stigmate. Non, elle vient de comprendre quelque chose qui la concerne seulement elle et elle a revécu son assassinat dans sa précédente vie. Le stigmate se trouve à l'endroit exact où l'épée est entrée. Donc rien à voir avec le cancer de Léo.
Non, en fait, tu lis vite. Je crois que la longueur de chapitre est à peu près la même à chaque fois, sauf les deux derniers chapitres.
Hm ... les explorations de Marion m'ont rappelé des cours de litté sur le roman gothique :P , étrange mais c'est pour ça aussi que j'ai adhéré à 100% ... les vieilles pierres, le lierre des ans et les gravures en latin dans des endroits secrets, j'aime. Ca respire le mystère et l'histoire. Et là c'était parfait. J'ai été très surprise de voir que les dons de Marion pouvaient aller jusqu'à lui faire subir des blessures, les mêmes que Mathilde, mais en tout cas c'est passionnant (et ... un peu effrayant)
Voilà donc, coup de coeur pour l'épigraphe ... :)
Vef' gagne un point, chic !
Le fils de Léo, non, tu n'avais rien oublié, voilà son évocation. C'est la première fois qu'on en parle. Et pour Marion avec sa somatisation, disons que c'est pas vraiment son don qui veut ça, mais une conséquence bien malvenue qui parfois peut arriver, parce qu'il y a un message à comprendre. Ce que Marion a visiblement interprêté comme étant une résurgence de son passé.
Je suis vraiment contente que ça t'aie plu.
Biz Vef'
On dit bien "somatisation", c'est ça. Le corps qui réagit face à une émotion vécue.
Que dire ? C'est un chapitre pas super joyeux... En même temps, avec Leo qui va de plus en plus mal, ça pouvait pas être la joie et le bonheur...
L'escapade de Marion était pas mal menée et donne un résultat pour le moins inattendu. La voilà qui commence à récolter les blessures de Mathilde ? Bizarre...
Et pour finir sur une note encore moins joyeuse, v'là Leo qui revient à l'hôpital. Wah, tu m'as fichu un de ces coups de spleen...
Certes, tu arrives là dans des chapitres vraiment pas gais, j'en conviens. Et l'escapade de Marion dans les caves (si, si, elle aussi !...) abouti à une aventure, comme tu dis, pour le moins inattendu. Mais rappelle toi ce que lui disait le vieil Antoine au sujet du château : "son histoire vous sautera au visage..." bref, se rappellera à elle qu'elle le veuille ou non. Bah, voilà, paf ! Elle se prend les stigmates de Mathilde. J'espère pour autant que cette bizarrerie ne t'a pas trop déstabilisée.
Bon, bah... je ne sais pas si c'était la bonne lecture pour toi, en la circonstance. Je suis désolée que ça t'ai filé le spleen. Je suis bien embêtée.
Une petite décoction de mordantes, pour te consoler ????
Biz Vef'