Chapitre 13 - Liens

Par Leyslav
Notes de l’auteur : L'absence rend le coeur plus tendre et les larmes ne sont que pluie pour faire grandir l'amour.
Ray Charles

Adélaïde

M.Altmann avait raison, prendre en photo les souvenirs que j'ai avec Rayn m'ont fait du bien. Je suis loin d'avoir acquis la Nouvelle Adélaïde dont il parle par contre, cela serait mentir si je dis qu'il n'y a pas eu de changement. Disons que j'accepte le fait que Rayn était ma meilleure amie, ma sœur, mon monde et que j'ai eu de bons comme de mauvais souvenirs avec elles. Une relation quoi, mais très forte.

De son vivant, je me demandais comment allais-je vivre sans elle, maintenant que c'est le cas je peux le dire ma conclusion : après sa mort le monde n'a pas arrêté de tourner, le mien si. C'est difficile certes, mais pas insurmontable. Ma mère est là, M.Altmann est là, et Rayn. Rayn a toujours été là même si je voulais qu'elle quitte mon esprit et  elle ne l'a jamais quitté, enfin si. Pour se loger dans mon cœur et s'y est fortement attaché, n'est-ce pas ainsi qu'on porte l'amour pour quelqu'un ?

Mon psy m'a conseillé de rendre visite aux parents de Rayn . Il dit qu'il faudra que je surmonte cet obstacle un jour ou l'autre et que cela ne pourra être que bénéfique pour moi. Alors je saute le pas aujourd'hui je suis juste devant la porte de la maison. J'ai les mains moites, mon cœur palpite à l'idée de rentrer dans le lieu de vie des Harris, là où elle a décidé de ôter la sienne. Je prend mon courage à deux mains et toque.

Toc toc toc

Personne ne répond, je sonne.

Ding dong

C'est là que Sophie ouvre la porte. Nous nous regardons plusieurs secondes, je peux voir dans son expression un camaïeu d'émotions avant de nous prendre dans les bras. Sophie pleure de joie, ses larmes mouillent mes cheveux.

- Adélaïde... Ma fille...

Nous nous serrons dans les bras pendant une longue minute, comme pour symboliser cette longue année sans nous voir.

- Je suis désolée, dit-elle en essuyant ses larmes. Entre, entre !

Je rentre dans sa maison qui n'a pas bougé d'un poil, tout est intact depuis que je l'ai quitté pour la dernière fois, le jour sa mort. L'odeur de la lavande, ses tableaux, le canapé en cuir que nous avions décidé de peindre en rouge avec Rayn lorsque nous étions enfants. Sophie était vraiment furieuse mais l'a quand même gardé, son père disait que ça faisait un côté artistique. Je pense qu'elle a prit cela de son père.

Elle m'invite à m'asseoir, et je m'installe sur le fameux canapé rouge. Après avoir préparé le thé à la menthe, elle s'assied devant moi.

- Alors, comment vas-tu depuis tout ce temps ?

- J'essaye plus ou moins d'aller mieux. C'est plutôt à moi de vous demander cela.

Elle me regarde un instant, comme Rayn dirait « son cœur s'exprime et son corps traduit cela par des larmes. »

- Rayn... Je pense à elle chaque seconde... Elle me manque tellement. Je ne sais pas si je pourrais apprendre à vivre avec, Adélaïde. Peut-on se remettre de la mort de son enfant ? dit-elle d'une voix tremblante.

Je lui tient la main de manière réconfortante et lui dit: 

- Ces réponses, il faut les pauser à ceux qui sont dans ce combat, je connais une association qui aide les personnes qui ont perdu un enfant. En parler avec ceux qui ont vécu cela serait très bénéfique pour toi.

- Merci Adélaïde même si je suis consciente que on a arraché une partie de moi que je ne pourrais jamais retrouver mais je te remercie ils pourront m'aider même si ils ne pourront jamais combler se vide à son père et moi, je me refais en boucle son enterrement je n'arrive toujours pas à réaliser sa mort. Enfin bref, si tu savais comment ton arrivée ici me fait chaud au cœur... Quand je vais raconter ça à Henri !

Son coeur parle vraiment, elle pleure de tristesse mais sourit de joie. 

La conversation tourne autour de tout et rien, nous essayons de rattraper le temps perdu, nous avions bien évidemment parlé de Rayn et de sa pensée qui n'en finissait pas. J'ai ensuite fait une demande qui va être décisive sur mon chemin de l'acceptation, déjà qu'être dans sa maison est un énorme pas, mais je suis entré dans sa chambre, je sais que c'est son lieu de mort, et que ses parents ne sont jamais rentrés depuis. Je souhaite être la première à y entrer.

 

Sa chambre est au deuxième étage et chaque escalier que je monte est un pas de plus avant l'entrée dans son univers violet, oui sa chambre est un camaïeu de violet, sa couleur préférée ; j'entre dans la chambre et rien n'a bougé, tout est à sa place comme si elle n'était partie que hier. Et cette odeur de lavande qui est omniprésente... je regarde ses dessins, surtout celle qu'elle a décrit dans son cahier de pensées, ses vêtements, ses bijoux. Je prends sa boite à perles, il en reste des transparentes qu'ils ont mis pour son enterrement. Je ne peux n’empêcher de pleurer. Je pleure de tristesse car Rayn n'est plus, et je pleure de soulagement car j'ai accepté cela et ma douleur est moins intense.

 

- Rayn... si tu savais comment tu me manques... Ce tatouage sera le lien qui nous lie toi et moi, tu es la Terre et je suis le Soleil, tu tourneras toujours autour de moi, jamais je ne t'oublierai Rayn, tu seras toujours dans mon cœur. Rayn... Oh Rayn...

 

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coeurfracassé
Posté le 30/08/2024
Salut !
ça avance, c'est bien ! On voit les étapes du deuil se succéder, chacune est une petite victoire... <3
J'ai quelques remarques de forme :
- Je suis loin d'avoir acquis la Nouvelle Adélaïde dont il parle par contre, cela serait mentir si je --> Je suis loin d'avoir acquis la Nouvelle Adélaïde dont il parle. Par contre, cela serait mentir si... (je pense que c'est mieux formulé comme ça, mais c'est toi qui vois ;-)
- tout est intact depuis que je l'ai quitté pour la dernière fois --> que je l'ai quittéE
- Ces réponses, il faut les pauser --> poser
- toque --> frappe ? Comme ça, ça évite la répétition entre "je toque" et "toc toc toc". Et, autre chose : pourquoi frappe-t-elle avant de sonner, d'ailleurs ? Est-ce une "tradition" qu'Adélaïde avait avec Rayn ?
Mais voilà, je reviendrai bientôt par ici, j'espère ;-)
Iphégore
Posté le 05/08/2024
Ouiiii ! L'épopée continue !

Il est temps de surmonter la peur d'aller chez Rayn. Des retrouvailles fusionnelles. Il n'y a pas qu'Adélaïde qui doit faire un tour chez le psy, visiblement. Puis la grande étape : la chambre.

Oh la la ! Cette réplique à la fin ! Magnifique !


Des peccadilles :

Entres, entres ! -> entre (impératif)

C'est là que Sophie ouvre la porte, nous nous regardons plusieurs secondes, je peux voir dans son expression un camaïeu d'émotions avant de nous prendre dans les bras. -> je comprends ce que tu veux faire, mais j'ai eu du mal à le lire (mon esprit tordu voyait la mère embrasser le fantôme de sa fille et sa meilleure amie). C'est parce que je ne suis pas habitué à l'initiative conjointe. Ça vient du fait que Sophie est le sujet de la première phrase. Je pense qu'avec un point après « ouvre la porte », le sujet de la deuxième phrase deviendrait « nous », et ça passerait tout seul. #cerveau-algorithmique

à vivre avec Adélaïde, peut-on -> avec, Adélaïde. Peut-on (j'ai cru qu'elle voulait vivre avec Adélaïde)

Je suis entré -> les grammairiens parlent d'aspect achevé, c'est-à-dire qu'avec le passé composé, on pense que l'action a eu lieu. Cela pose souci vu que plus tard, elle monte les escaliers. Je suggère de tourner ce passage au présent (comme ce qui précède) : elle fait sa demande, puis va lutter dans l'escalier, etc.
Leyslav
Posté le 05/08/2024
et oui ! Je suis, enfin elles sont de retour :)
et je te remercie une énième fois pour tes conseils :)
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