Chapitre 13 : Maladie de Peur
Je me réveillai en ressentant une douleur à la tempe, je voulus inspecter la zone douloureuse, mais ma main ne put bouger, j’avais les poignets et les chevilles liés, ainsi qu’un chiffon dans la bouche qui m’empêchaient d’émettre le moindre son. Merde… Qu’est-ce qu’il se passe bon sang ?
Je ne reconnaissais pas le lieu où j’étais, il faisait noir et mes poignets et chevilles étaient lié. J’essayais de crier ou de bouger sans grand succès. Dans l’obscurité pesante qui m’entourait tel un manteau, j’entendais quelque chose, un bruit sourd, éloigné, presque imperceptible. Suivi quelques instants plus tard d’un second, légèrement plus fort, quelqu’un approchait.
Après quelques secondes à entendre les pas se rapprocher, une lumière apparut, dévoilant un couloir séparé de la pièce où j’étais par une grille, j’étais dans une prison. L’ombre qui tenait la torche bien droite devant lui me paraissait assez petit, on aurait dit un enfant, mais ses pas, lourd et fort, me donnait l’impression d’être face à un gorille. Arrivé près de la grille, je pus enfin apercevoir son visage. Un large sourire s’étendait sur son visage, une moustache soigneusement coiffée trônait sous son nez imposant, sa peau était rugueuse, couverte de maque de brûlure, de coup de couteau et autres instruments de mort. Ses yeux, petits, étaient cachés derrière des lunettes de soleil. Ses cheveux, bouclé tombaient jusqu’à son cou, il était habillé d’un costume ample qui avait l’air de grossir ses muscles et ses graisses déjà bien développés pour sa taille.
L’homme prit un trousseau de clé à sa ceinture et ouvra la porte d’acier avant d’avancer au milieu de chambre humide et froide. Il fit le tour de la pièce en allumant quelques torches. La pièce était petite, détrempée, une odeur pestilentielle me remplissait les narines, la dernière torche illumina un tas de cadavres en décomposition, a sa vue, mon sang ne fit qu’un tour et je crus que j’allais vomir.
L’homme s’approcha de moi et s’accroupit, son sourire rendait son visage effrayant, il se toucha la moustache comme s’il cherchait ses mots, puis me regarda comme un morceau de chair inerte.
- Tu aimes ta nouvelle demeure ? son sourire réapparut, sa voix, aiguë, nasillarde et faussement plate m’assaillait les oreille à tel point qu’on aurait dit des lames. Quoique… Tu ne peux pas me répondre… Hihihi…
Il retira le morceau de tissus d’entre mes dents et le jeta sur le tas de cadavres en prenant un mouchoir en tissus finement cousu pour se nettoyer la main.
- Où est-ce que je suis ? Demandais-je en faisant de mon mieux pour rester calme bien que mon cœur battait à tout rompre.
- Hihihi… Où tu es ? Il tourna lentement la tête prenant un air encore plus horrifique, tu es dans ton nouveau chez toi ! La mort sera ta seule rédemption pour avoir osé nous barrer la route ! S’exclama-t-il en réalisant de grands mouvements théâtraux.
- Pourquoi vous m’avez capturé ? Continuais-je en laissant peu à peu la panique prendre le contrôle de mon corps.
- Oh ça… C’est simple… Il prit mon menton entre ses doigts et perdit son sourire, tu as mis en danger notre plan ! Si tu n’avais pas été là, ton camp serait déjà entre nos mains ! S’énerva-t-il, faisant apparaître ses veines sur son visage. Tes amis sont en train de foutre la merde à l’extérieur ! Il me lâcha en me laissant m’éclater le menton contre la pierre froide. On aurait dû te tuer… Murmura-t-il en se retournant.
Il sortit de la geôle et fit un signe de main qui invita deux brutes gigantesques à sortir de la pénombre, l’un portait un plateau qu’il fit tomber au sol, renversant un bol de bouillie indescriptible qui dégageait une atroce puanteur. Le deuxième fit le tour de la pièce comme son présumé chef en éteignant toutes les lumières à l’exception de celle près des macchabées puants.
Je voulus protester et me débattre mais le regard des gardes me retira cette idée, c’était un regard que je n’avais jamais vu, on voyait la violence et la mort dans leurs pupilles.
- Tien tien tien… Maintenant que j’y pense… Recommença le petit homme en se tournant de nouveau vers moi avec son large sourire malaisant, je m’appelle Otoga ! Souviens-toi de ce nom, car c’est moi qui aurai causé ta mort, « petit héros » !
Otoga s’éloigna avec ses deux hommes de main en poussant son rire sinistre et irritant. Après une trentaine de secondes au bout desquels je ne l’entendais plus, je poussai un soupir en laissant enfin sortir ma panique et ma peur. De la sueur coulait abondamment sur mon front et chutait dans la poussière, plus le temps passait, et plus là l’air de la prison me paraissait irrespirable. Une fois mon calme retrouvé, j’observai la cellule sombre dont un seul mur m’était discernable. C'est pas vrai… Comment je me sors de là ?... Et puis… S’il dit vrai, Arthur, Seresu et les autres sont venus me chercher… Mais ils vont se faire tuer… Je dois les rejoindre… Coûte que coûte…
Je continuais de regarder les ténèbres, à la recherche de n’importe quoi qui pourrait me défaire des liens qui m’entravaient. Finalement, une lueur dans le coin de ma vision attira mon attention, la lueur émise par la torche se reflétait dans un objet appartenant à un mort. Je rampais jusqu’au tas d’où recouvert de champignons, mouches et rats. Mais je le vis, entre les doigts squelettiques d’un ancien détenu, l’objet de ma libération ! Là était une dague, sans doute avait-elle servis a quelques malheureux pour se donner la mort, je me mis sur les genoux, et sans pouvoir m’orienter à ma vue, je rapprochais les cordages du fil de la lame. Mes mains touchaient la chair en décomposition, je serrais les dents pour ne pas recracher le peu de nourriture que j’avais dans le ventre depuis la nuit de ma capture. La lame toucha enfin les fibres de la corde, et après quelques secondes à bouger contre l’arme, la corde se détacha enfin ! Je tombai à la renverse et cette fois, je pus me rattraper sur mes mains !
Je pris la dague dans le tas de reste humain, je défie le câble à mes pieds et je pus enfin me lever et m’éloigner de la source de mes nausées. J’examinai ma tempe avec deux doigts. Du sang… Ce n’était donc pas un rêve… Je pris la torche au mur et je recherchai un endroit fragilisé dans les murs, mais rien… J’étais à deux doigts de perdre espoir… Je replaçai la torche à sa place et prenais le métal froid de la grille entre mes mains. Par désespoir ou par folie, j’essayai d’écarter les barreaux par la force, mon visage virant au rouge et mes veines se gonflant, mes muscles tendus à leur maximum. Le métal se courba légèrement mais revint à sa forme originale dès que je relâchai la tension par manque d’air. Je prenais de grandes bouffées d’air en posant ma tête contre les barreaux. Je peux pas sortir… C’est impossible… À quoi m’a servi ce dernier mois ? Tout ça… Toutes ces heures à m’entraîner… Tout ça n’a servi à rien ? Je vais encore laisser les autres se sacrifier pour moi ? Je ne peux toujours pas protéger mes proches ? Des larmes coulaient sur mon visage, je serrais les dents, la rage au ventre.
- Aaaah ! J’en peux plus… Je m’effondrais dans la poussière en écoutant ma voix résonner dans le tunnel... Pendant plusieurs minutes, je criai à m’en casser la voix… Comme si quelque chose allait se passer…
Les heures passaient lentement, j’avais tout tenté, essayer d’arracher une dalle de pierre au sol, donner des coups de couteaux dans la porte, dans les gonds, chercher des outils ou objets utiles dans le tas de chair décomposé… Mais rien ne fut concluant… Je m’étais mis dans un coin, ma tête entre mes mains, posé sur mes genoux, attendant l’heure fatidique… Je maudissais ce Otoga, et je me maudissais d’être aussi faible…
Dans un accès de rage, je frappai le sol, lorsque sur mon poignet apparut une étrange marque violette, je ne la remarquai pas tout de suite, je donnais un deuxième coup, puis un troisième, quatrième, j’enchaînais les coups sur le sol à m’en faire saigner les mains, éclater la peau et enfler les muscles… Lorsque la douleur fut plus forte que la colère, je cessais mes coups et me plaquais contre le mur de la prison. En prenant de grandes bouffées d’air, la chaleur ici-bas commencée à monter du à la torche et j’avais de plus en plus de mal à respirer. Mon regard s’arrêta sur la zone que j’avais impitoyablement malmenée, des fissures s’étaient formées et le sol s’était légèrement affaissé. Je m’approchai et touchai le trou de ma main droite, c’est là que je vis la marque violette, qui s’était agrandis jusqu’à entourer complètement mon poignet, je fus perplexe un instant, la couleur me faisait penser à un poison et la forme que prenais la marque, une sorte de fissure de la peau, m’interrogeais, j’essayai d’utiliser Information sur la marque, mais rien ne se produisit, mais elle semblait me donner plus de force vu que j’avais réussi à fissurer la roche. Mon calme et ma détermination retrouvée, je me replaçai face aux barreaux, et je calculais approximativement la force que je devais avoir pour les plier… Sachant que la barre fait environ deux mètre de long et trois centimètres de diamètre… La force que je dois avoir est de… Six-cent-cinquante newtons environ… Soit… À peu près soixante-cinq kilogrammes… Je peux le faire ! Les prenant à pleine main. Inspire… Expire… Inspire… Et… Maintenant !
Je contractais un à un mes muscles, en partant de mes pieds, augmentant ma puissance à chaque fois qu’une zone se tendait et multipliait la force totale, puis mes jambes… Mes hanches… Mon torse… Je contracte les poumons, ma cage thoracique, puis mes bras, mes veines gonflent à leur maximum, ma peau vire à l’écarlate, les barres se plient légèrement, mais je relâche trop vite. Je peinais à reprendre mon souffle, je suais de grosse gouttes. Encore une fois ! Je peux le faire !
Je recommence, place mes mains sur l’acier glacé malgré la température ambiante, me met en position, expire… Inspire… Et contracte ! Le métal se tord à nouveau, ma sueur rendait mes mains moites et glissantes, mais je tenais bon ! Ma tête me faisait souffrir, comme si j’allais éclater ! L’acier se tord plus que les dernières fois !
- Aaaah ! Allez ! Criais-je pour moi-même.
Brusquement, j’entendis la pierre qui maintenait la grille ce fracturer, je continuais, tirant en même temps vers l’arrière, puis sans crier gare, la pierre se brisa, je tombais en arrière, me frappant l’arrière-train sur le sol, un barreau dans chaque main, j’avais réussi ! J’étais épuisé, mais je pouvais sortir ! Je voulus me lever, mais mes muscles endoloris et la douleur dans mes mains blesser se répandant dans mon corps m’empêchèrent de bouger correctement les jambes. Je pensais utiliser Régénération, mais je perdrais le contrôle de mon corps, et ce serait dangereux avec mes amis dans les parages…
Heureusement, sans doute grâce à la taille du couloir, personne ne devait avoir entendu la roche se briser. Au bout de quelques minutes, je pus enfin me relever, je pris la torche, la dague, et une des barres de fer puis je me dirigeais doucement vers la sortie.