Chapitre 13 : Prière à Andon

Par Bleiz
Notes de l’auteur : Chapitre un peu plus long que d'ordinaire, dites-moi ce que vous en pensez. Bonne lecture !

« Maître des flots au front d’airain,

Toi qui tisses les vagues et chevauche la tempête,

Dieu auquel les mystères de l’eau ne résistent,

Et dont le large dos se prête à porter les enfants de ton île,

Viens à moi, Andon ! »

 

Son corps avait réagi avant même qu’elle ne comprenne ce qui lui arrivait. Alors que son esprit se débattait, voyant le bleu du ciel glisser vers les torrents de la lagune, qu’elle tendait vainement les doigts pour se rattraper au rebord de la barque, déjà sa bouche s’était ouverte pour prendre une grande inspiration et bloquer l’air dans ses poumons. Bien lui en prit : en l’espace de quelques secondes, elle passa de la surface aux eaux vertes et glacées du canal.

Obscurité, d’abord. Eaux troubles, ensuite. Puis tout s’accéléra. Le canal avait planté ses dents dans sa cheville, sa nuque, ses épaules. Il ne la lâcherait pas. Chidera ne faisait pas le poids face à la violence de l’eau. Elle ouvrit grand les yeux malgré le sel qui lui piquait la rétine. Rien à faire : elle restait pratiquement aveugle. Elle ne voyait que le bouillonnement des eaux rapides, traces blanches la bousculant et l’entrainant dans leur passage. Et maintenant que la réalité de sa situation s’imposait à elle, surgissaient brusquement des recoins les plus ignorés de sa mémoire les paroles d’une prière longtemps oubliée. Andon, dieux des mers et de la lagune, désormais disparu. Même maintenant, elle ne le prierait pas. Pourtant, les mots coulaient entre eux dans ses souvenirs, indicibles, incertains. Ne restait plus que le sentiment de ceux qui les avaient jamais prononcés. Tous les Galatéens connaissaient cette prière ; c’est ce qui arrive quand on vit de la mer.

Mais Chidera coulait toujours, et les idées fusaient sans ordre ni raison dans son esprit. Il fallait qu’elle remonte. Il fallait qu’elle fasse quelque chose, il fallait, il fallait, il fallait, oui, oui, elle devait garder son calme et garder les yeux ouverts pour esquiver tant bien que mal les rochers où la précipitaient le courant, il fallait qu’elle accélère, qu’elle brasse de toutes ses forces vers la surface qui semblait s’éloigner un peu plus à chaque instant… 

Soudain, l’air lui manqua. Et là, malgré tous ses efforts, la panique la gagna. Bringuebalée par les flots, incapable de dévier, Chidera comprit que si elle continuait ainsi, elle mourrait. Cette idée la transperça comme un éclair. Elle se mit à frapper l’eau de ses jambes, à écarter la masse sombre et liquide de ses bras et, petit à petit, remonta. Son cœur battait dans sa gorge. La pression lui broyait les côtes. Des bulles d’air s’échappaient de son nez, de ses dents serrées. Elle nageait, nageait, nageait de toutes ses forces quand enfin ! Elle sortit la tête de l’eau.

Jamais respirer ne lui avait procuré tant de joie.

Il y avait des cris, loin derrière elle, et en se tordant le cou elle parvenait à apercevoir les silhouettes de plus en plus petites du gondolier, avachi sur sa barque renversée, et de la foule qui attendait son tour et qui pointait du doigt. Chidera se mit à battre des bras dans l’eau ; elle ne pouvait pas lutter contre le courant. Une fois, deux fois, trois fois l’eau rageuse se jeta contre elle. Elle crachait des litres d’eau vaseuse et froide en se demandant comment se sortir de cet enfer quand soudain lui vint une pensée : « Où est Astor ? »

Le froid de la lagune sembla la consumer toute entière. Elle ne le voyait pas. Où était-il passé ? Astor, qui s’était excusé le premier, Astor qui lui avait demandé de ne pas secouer l’embarcation, Astor enfin dont le visage s’était figé en un masque d’effroi quand leur gondole avait chaviré. Chidera maudit à voix basse, balaya les environs du regard une dernière fois et dut accepter que, où qu’il soit, le jeune homme n’était pas remonté. La prière pour Andon roulant toujours dans sa mémoire, elle inspira profondément et plongea.

 

« Apaise ta colère, roi de la lagune,

Serre dans ton poing les courants déchaînés,

N’abats pas ta vengeance sur ton serviteur.

Détourne l’onde traitresse et fais-moi remonter

Que ma bouche brise la surface,

Viens à moi, Andon ! »

 

Le canal paraissait plus clair, à cet endroit, et bien qu’elle soit poussée en avant par le courant, Chidera avait plus de contrôle qu’auparavant sur ses gestes. Elle s’avança dans ses profondeurs. Des rayons de soleil dessinaient des couloirs de lumière troubles dans les eaux verdâtres, révélant des rochers couverts d’algues et les parois de pierres et de grès qui s’enfonçaient dans la terre meuble et le sable. Plus Chidera nageait vers le fond de la lagune, plus la violence de courants s’amoindrissait. Seulement, elle ne voyait toujours pas Astor. La fatigue commençait à la gagner. Ses vêtements lui collaient à la peau, l’alourdissaient. Mais Chidera tenait bon ; il le fallait.

Soudain, quelque chose attira son attention. Elle plissa les yeux. N’était-ce pas un corps, là-bas ? Oui, cette chevelure brune qui flottait en couronne autour d’une tête pâle, la chemise galatéenne bleue et blanche, cette ceinture brodée qui tournait lentement sa queue de laine et de cuir tandis que l’individu coulait… « Bon sang, bien sûr que c’est lui ! Combien d’imbéciles sont en train de se noyer dans les Gorges, si ce n’est lui et moi ? » s’énerva Chidera en accélérant ses mouvements. Stupide, stupide Chidera ! Si seulement elle ne s’était pas agacée par ses réponses fuyantes. À sa place, aurait-elle répondu autrement ? Aurait-elle accepté de révéler des informations sur Galatéa sur une simple demande ? « Je ne sais pas si je l’aurais mis en garde, moi, » et le regret lui serrait la gorge. 

Mais il n’y avait pas de temps pour ça. Sa culpabilité attendrait : la seule chose qui comptait était de ramener Astor à la surface le plus vite possible. « S’il n’est pas déjà trop tard, » pensa-t-elle malgré elle. 

Ses gestes se firent plus amples et plus rapides. Bientôt elle se retrouva au-dessus de la figure blanche du jeune homme. Ses yeux étaient clos, sa bouche entrouverte. De fragiles bulles d’air s’en échappaient. « Calme-toi, Chidera. Comment est-ce que je peux nager avec quelqu’un de plus grand et de plus lourd que moi ? » Elle tenta de se rappeler les paroles de ses professeurs, mais c’était il y a si longtemps, et la peur avait une telle emprise sur son esprit pétrifié que rien ne lui revint. Or le temps manquait. 

En désespoir de cause, Chidera se glissa derrière le dos d’Astor. Plaquant une main sur sa bouche, l’autre bras sous son aisselle, elle se mit à frapper l’eau de ses jambes avec énergie. Ils remontaient, trop lentement à son goût, mais ils se rapprochaient de la surface. Mais déjà Chidera sentait les courants revenir avec force. Sa peur se mua en rage. Quoi, tous ces efforts en vain ? Allait-elle mourir ainsi, comme l’un de ces imbéciles qui ne connaissaient rien à Galatéa ? Mourir aujourd’hui, alors qu’elle n’avait encore rien accompli ? « Jamais, » se promit-elle en nageant de toutes ses forces. « Je suis une Volindra, je suis une enfant de Galatéa. Je ne mourrai pas ici, pas maintenant, pas comme ça ! » Alors, comme si Andon lui-même avait entendu ses pensées, une idée lui vint. C’était risqué. Ils pourraient mourir. Cependant, si elle ne faisait rien, ils mourraient, pour sûr.

Chidera était prête à tenter sa chance. 

C’est pourquoi elle se jeta volontairement dans l’un de ces courants d’eau forte, les bras fermement accrochés autour d’Astor inconscient. L’éviter aurait été plus prudent ; Chidera ne pouvait plus se permettre un tel luxe. Immédiatement l’eau les prit et les projeta en avant comme deux fétus de paille. Tout allait si vite que Chidera en avait le tournis. Le torrent la projeta contre un rocher, et sous l’impact, elle sentit une coupure à la jambe brûler dans l’eau salée. Elle serra les dents à se les briser. Elle ne pouvait plus rien faire, hormis s’accrocher à Astor.

 

« Mais à ta volonté je me soumets,

Ô enfant de la mer, un des cinq.

Que les abysses vertes m’avalent tout entier,

Que tes rouleaux m’emportent jusqu’au creux de l’eau

Là où vient naître la lune,

Là où vient mourir le vent,

Viens à moi, Andon ! »

 

Puis soudain, le courant remonta, et eux avec. Chidera saisit l’opportunité : elle poussa sur ses jambes, frappant l’eau comme une damnée, et enfin put passer la tête d’Astor hors de l’eau. Ils étaient moins à la merci de la lagune désormais, bien qu’encore entraînés par les flots. Un tremblement parcourut Chidera : elle avait réussi ! Le courant avait fini par les ramener à la surface ! Un sourire incrédule se dessina sur ses lèvres et un petit rire nerveux l’agita brusquement. Il s’arrêta presque aussitôt. Ce n’était pas fini. Elle ne reconnaissait pas l’endroit où ils se trouvaient. Il n’y avait pas de barque, pas de passants : juste de vieilles dalles pleines d’herbes folles de part et d’autre, que personne n’avait dû emprunter depuis des lustres. La jeune femme essaya de retracer la carte de la lagune dans son esprit, mais rien ne correspondait à ce qu’elle voyait. Le courant avait dû les emporter dans une de ces petites embouchures qui sillonnaient la ville et que les passeurs ne visitaient jamais, faute de clients. 

Astor dans ses bras ne bougeait toujours pas. Pas de cris, pas de mouvement. Elle le tapa sur la joue de sa main qui avant lui couvrait la bouche ; il ne réagit pas. Alors Chidera raffermit sa prise autour de lui et se remit à nager. Ils allaient bien finir par tomber sur un dénivelé, un endroit où remonter ! Les murs du canal semblaient la narguer de leur hauteur. Mais les parois devenaient de plus en plus vétustes, se recouvraient de lierre et soudain ! Une racine, épaisse comme un tronc, s’étendait jusqu’à eux. Chidera l’attrapa. S’en aidant, elle sortit le corps inconscient d’Astor tant bien que mal, le posant sur l’enchevêtrement de branches et de pierres à moitié descellées. Enfin, au prix d’un ultime effort, elle poussa sur ses bras et s’extirpa de l’eau. Les mains tremblantes, elle saisit Astor par les épaules et le traîna sur l’herbe. 

C’était un bel endroit, en vérité : un écrin de verdure, apparemment oublié des hommes. Du fond de cette étrange clairière, une statue de marbre les dardait de ses yeux froids. Elle représentait un jeune homme, les cheveux en bataille, à la longue figure et à la mine décidée sous le lierre qui grimpait sur sa joue et son front. Les arbres formaient comme un dôme au-dessus de leurs têtes. Hormis le chant des moineaux et le murmure du canal, désormais paisible, Chidera n’entendait rien, pas même la respiration d’Astor. Elle le secoua :

—Vicomte ? Vicomte, vous m’entendez ? Astor !

Mais le jeune homme laissait sa tête rouler dans l’herbe sans résistance. Chidera, gagnée par la panique, le gifla : sans résultat. « Combien de temps est-il resté inconscient ? » se demanda-t-elle. « Ses poumons doivent être pleins d’eau. » Elle examina sa poitrine immobile sous sa chemise détrempée, les mains en l’air, avant de décider que là encore, mieux valait essayer une folie que ne rien faire. Son père lui avait expliqué comment ranimer un noyé, il y a longtemps, quand il pouvait encore marcher avec elle sur la grève. « Écoute bien, Chidera : joins tes mains ensemble, l’une sur l’autre, comme les ailes d’un aigle, et mets-les sur le milieu du torse. Un peu plus haut… Ici, tu vois ? » Chidera voyait son père tapoter sa propre poitrine ; elle plaça ses mains sur le sternum d’Astor. « Et là, avec les bras bien tendus, tu appuies ! Comment, quelle vitesse ? Eh bien, pourquoi ne pas te caler sur ta chanson ? Mais si, celle que tu n’arrêtais pas de chanter l’autre jour… Suis bien le rythme ! »

Et Chidera se mit à appuyer sur le torse d’Astor en chantant à voix basse :

—Fille-de-l’eau, fille-des-airs, sur-le-dos, du-dé-sert, tes-chants-chauds, brisent-la-mer…

La suite resta bloquée dans ses souvenirs, mais elle n’en avait plus besoin. Ses gestes suivaient le bon rythme, elle en était sûre, mais Astor ne montrait pas le moindre signe de conscience. Les larmes lui montèrent aux yeux. Le début de la comptine se répétait en boucle dans son esprit, mais à quoi bon s’il ne se réveillait pas ? 

—Allez, murmura-t-elle sans s’arrêter. Allez, s’il te plait… !

Elle retira ses mains, l’observa un instant. « Si la personne ne respire toujours pas, alors il faut respirer à sa place, » lui rappela le souvenir de son père. Chidera bascula la tête d’Astor vers l’arrière et souleva son menton. Elle fut soudain contente qu’il n’y ait personne pour voir ce qu’elle s’apprêtait à faire. Mais alors qu’elle se penchait vers lui, le jeune homme remua brusquement. Chidera recula aussitôt. Astor toussa, une fois, deux fois, puis se bascula sur le côté et cracha un torrent d’eau verdâtre.

Chidera n’aurait jamais cru être un jour si heureuse de voir quelqu’un vomir.

—Vous êtes vivant ! s’exclama-t-elle. 

—Il faut croire, bredouilla Astor en retombant lourdement sur le dos. Qu’est-il arrivé ?

—Le gondolier a manqué un rocher et notre barque s’est renversée.

—Il vous a devancé, dit le jeune homme avec toute l’ironie qu’un noyé pouvait émettre.

S’il avait suffisamment d’énergie pour se moquer d’elle, c’est qu’il allait bien. De plus, Chidera était trop fatiguée pour se disputer avec lui. Elle se laissa tomber à côté d’Astor.

—Je ne l’aurais pas fait. Je voulais juste… Elle soupira, mais finit par avouer : Je voulais juste que vous me disiez la vérité.

—À propos de quoi, déjà ?

—Les Fonds sombres.

—Ah, ça. Dites, je ne trouve pas mes lunettes…

—Elles doivent être au fond du canal. Libre à vous d’y retourner pour les chercher.

—Ah ! dit Astor avec flegme. Non merci. Je ferai sans, tant pis !

Et cette discussion était si absurde, leurs émotions si fortes d’avoir frôlé la mort, qu’il ne fallut qu’un regard pour qu’ils explosent de rire. Et que c’était bon de rire ! Étendus dans l’herbe, leurs beaux vêtements trempés et ruinés par l’eau de la lagune, épuisés d’avoir lutté contre les flots, Chidera et Astor rirent à en avoir mal aux côtes. Finalement, Astor se releva sur ses coudes et déclara :

—Vous êtes franchement différente de ce que je pensais.

—Quoi, parce que je vous ai sauvé la vie ? ironisa-t-elle. 

—Pas que, concéda-t-il. Mais il est vrai que j’ai une dette envers vous, à présent.

—Oh, vicomte, arrêtez, dit Chidera en agitant négligemment la main. Je n’ai pas la moindre envie que vous me deviez quoi que ce soit. 

—Même si je vous disais quelque chose à propos des Fonds sombres ?

Chidera plissa les yeux. Astor se roula sur le côté et, le menton dans le creux de sa main, lui dit :

—Je n’ai vraiment aucune idée d’où vient la créature qui hante votre cité. Cela, je vous le jure. En revanche, tout le monde vivant sur les anciennes terres du royaume des Landes sait que la forêt des Fonds sombres abrite des monstres. En tout cas, c’est ce que dit la légende. Dans ses bois se cachent des bêtes étranges qu’on appelle des chimères.

« Chimères », le mot n’était pas étranger à Chidera. C’était le terme qu’avait utilisé le seigneur Bellerezh lors du banquet ! Sa curiosité piquée, elle souffla :

—Mais ce n’est qu’une légende.

—J’aimerais le croire. Mais la vérité est que j’ai entendu trop de récits, venant de personnes en qui j’ai confiance, pour ne pas penser qu’il y a là un fond de vérité. 

—Si c’est bien d’une de ces créatures, alors elle est forcément venue de votre navire.

—Je vous jure sur mon nom que ni mon père, ni moi-même avons aucune information à ce sujet. Il marqua un temps, puis reprit : Chidera, à propos du traité…

La jeune femme attendit. Astor la dévisagea un instant avant de lâcher :

—Vous savez que la situation est différente des années précédentes.

Voilà qui n’était pas une question. Bien sûr que Chidera en avait conscience, plus que quiconque. Elle n’aurait pas tant insisté pour retrouver les dieux si ce n’était pas le cas. L’espace d’une folle seconde, elle crut qu’il allait lui dire qu’il savait tout sur le temple vide et Galatéa abandonnée, mais le jeune homme dit :

—J’aimerais que nous soyons amis.

—Pardon ? fut tout ce que Chidera parvint à répondre.

—Les jours, les semaines qui arrivent vont être plus difficiles que nous pouvons l’imaginer, j’en suis certain. Et je pense que nous avons tous les deux intérêt à chercher une issue parallèle aux négociations. 

Chidera ouvrit la bouche pour protester mais Astor la coupa :

—Je ne vous dis pas ça par pitié. Simplement, vous avez besoin de mon aide, et moi de la vôtre. Je ne vous propose pas cela parce que vous m’avez sauvé la vie ; je vous fais cet offre parce que je pense, depuis longtemps maintenant, que vous êtes quelqu’un digne de confiance.

Chidera ne voyait aucun signe de duplicité sur le visage encore pâle du jeune homme. Il croyait fermement en ce qu’il lui disait, pas de doute là-dessus. Elle qui l’avait pris pour un séducteur sans vergogne la regardait maintenant avec plus de respect que ses amis d’enfance ne l’avaient jamais fait. À cet instant précis, elle le sentait, Astor lui parlait non pas comme à l’héritière des Volindra ou comme à une jeune femme, mais comme à un égal.

Chidera l’avait mal jugé. Qui ne portait pas de masque, sur la scène sur laquelle ils jouaient ? Son attitude de joli-cœur et la réputation de ses mœurs légères avaient peut-être été exagérées. Après tout, même les rumeurs sur son amitié avec le prince héritier le tournaient en ridicule. Or l’homme qui lui faisait face n’avait rien de ridicule. Même s’il se trompait.

—Je ne crois pas que ce soit possible, dit-elle doucement.

—Pourquoi pas ? insista Astor.

—Nos intérêts sont trop éloignés pour jamais converger, ne pensez-vous pas ?

—Pas forcément, dit-il, mais Chidera savait qu’il voyait aussi bien qu’elle la justesse de ses propos.

—Galatéa et l’Empire sont amis, dit-elle, mais vous et moi ne pouvons pas l’être.

Cela eut l’air de le blesser. Il dit tout de même :

—Alliés, alors.

—Je ne vois pas comment.

—Vous verrez bientôt. Je vous le promets.

Parce qu’elle ne voulait pas lui faire de mal, Chidera hocha la tête sans un mot. Elle n’était pas convaincue, ils le savaient tous les deux, mais Astor semblait déterminé. Il se leva en titubant et lui tendit la main :

—Permettez-moi de vous escorter jusqu’à chez vous, dame. Nulle doute qu’on nous attend. 

Chidera accepta la main qu’il lui offrait et, d’un bond, se mit debout. Tandis qu’ils suivaient un petit chemin parmi la verdure, et que derrière les arbres se dessinaient les contours d’une rue, la jeune Volindra réfléchissait. Pouvait-on vraiment être ami avec son ennemi naturel ? Proie et prédateur pouvaient-ils réellement s’entendre ? Pour la première fois, Chidera aurait aimé mettre de côté la réalité. 

Il aurait été bon d’avoir Astor pour ami.

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Raza
Posté le 20/07/2025
Hello!
Bon j'avoue, je n'ai pas cru une seule seconde que Chidera pouvait mourir. Astor, le doute était...mmmh, présent mais minime XD
J'ai bien aimé le style pour l'action que tu rends très efficace !
Et alors, cette prière, elle a marché ou juste Chidera a la force du scénario avec elle ?
J'ai bien apprécié la conclusion, avec l'échange déstabilisant entre Astor et Chidera.
Je suis content que le gondolier s'en sorte, merci pour lui <3
À bientôt !
Bleiz
Posté le 21/07/2025
Salut Raza,
Oui, effectivement, il est un peu tôt pour que Chidera passe l'arme à gauche x) Astor aurait pu, effectivement, mais visiblement on a d'autres projets pour lui...
"Et alors, cette prière, elle a marché ou juste Chidera a la force du scénario avec elle ?" --> Qui suis-je pour dire ce que font les dieux ? Surtout à cette distance... C'est loin, Galatéa, quand même
Je note que tu te fais délégué syndical des gondoliers galatéens, ils t'en remercient x)

À bientôt !
Edouard PArle
Posté le 09/07/2025
Coucou Bleiz !
Sacré chapitre, c'est cool qu'il soit entièrement dédié à Astor et Chidera, leur dynamique est très intéressante depuis leurs premiers échanges.
Ma légère réserve, et encore, j'en suis pas complètement sûr moi-même vu que cette version marche bien, concerne le réveil d'Astor. Je trouve qu'on passe un peu vite de son sauvetage à sa proposition d'alliance. J'aurais aimé que leur échange dure pour gagner en progressivité, peut-être en dévelopant les Fonds Sombres.
Toute la scène de mer était très immersive, au-delà des descriptions très réussies, avec les chansons et prières qui rendent le chapitre super intéressant. On sent tous les états de Chidera, dont sa peur de mourir. C'est très prenant.
J'ai beaucoup aimé l'issue de son dialogue avec Astor, logique dans ses motivations mais avec en même temps le regret que les circonstances les séparent. C'était assez touchant. J'ai beaucoup aimé le teasing d'Astor. Je me demande ce qu'il prépare...
Mes remarques :
"Soudain, l’air vint à lui manquer." -> l'air lui manqua ? (Quelque chose de plus direct après le soudain)
"était ramener Astor à la surface" de ramener ?
"Le torrent la projeta contre un rocher, et sous l’impact, elle sentit une coupure à la jambe brûler dans l’eau salée" super passage, très immersif !
Un plaisir de te lire,
A bientôt !
Bleiz
Posté le 11/07/2025
Salut Edouard,

Merci de ton commentaire ! Un peu rapide, tu dis, le réveil d'Astor... Je vois en quoi. Je pourrais effectivement le laisser dans les vapes quelques minutes supplémentaires, avant de proposer l'alliance. Pour les Fonds sombres, je crains qu'Astor n'ait pas beaucoup d'informations supplémentaires à donner x) Mais on en apprendra plus bientôt !
J'avais peur que les scènes dans l'eau soient trop répétitives, contente que ce ne soit pas le cas !
Merci pour les remarques, je corrige ça :)

À bientôt !
Maëlys
Posté le 27/06/2025
Coucou !
J'ai vraiment bien aimé ce chapitre, particulièrement bien écrit et il ne m'a pas du tout paru long comme tu le dis au début !
Remarques :
-j'aime bien le rythme que donne la prière à Andon entre les passages, c'est sympa
-généreux de la part de Chidera de sauver Astor (même si bon en vrai, ça aurait été vraiment pas cool de le laisser mourir)
-Not Chidera qui gifle astor pour le réveiller ah ah, ça m'a fait rire.
-J'aime beaucoup l'idée de la chanson qui rythme le massage cardiaque
- "Chidera n’aurait jamais cru être un jour si heureuse de voir quelqu’un vomir." c'est marrant
- J'aime bien la dynamique avec Astor, et la dernière phrase est une belle chute !
Très hâte de lire la suite !
Bleiz
Posté le 28/06/2025
Salut Maëlys,

Je m'inquiète de la longueur des chapitres car j'ai l'impression que plus j'en écris, plus ils se rallongent x') Je ne voudrais pas lasser le lecteur !
Oui, Chidera devait quand même sauver Astor, pour le plot et pour éviter un drame diplomatique x) Quant à leur relation, gifle et amitié dans le même panier, elle jouera un rôle important de pleins d'aspects différents, donc j'espère que son évolution continuera de te plaire.

Merci pour ton retour, à bientôt !
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