La blancheur du plafond rendait Emy malade. Cette pseudo-perfection lui donner la nausée. Quelle couleur maussade qu'est le blanc.
Allongée et obsédée par sa lubie du moment - le plafond - elle dévie toutes les pensées qui convergent vers l'individu qui la hante.
Elle comprend son départ, mais à présent elle est seule. Fatiguée d'exister.
Il n'a même pas attendu son réveil. Il est parti, elle est restée.
Pourtant, en cet instant, elle voudrait plus que tout, pouvoir voir ces yeux verts.
Elle le déteste. Mais elle ne nourrit aucun sentimen à son égard, quelle subtilité.
— Emy c'est l'heure.
La concernée lui déocha un regard vide, l'infirmière su que cette fois encore, elle pourrait repartir aussitôt.
— Je t'ai donné ton repas, tu dois me rendre ton téléphone.
Sans un mot, Emy lui tendit. Elle ne l'avait pas allumé. Alors que l'infirmière allait repartir avec le plateau, elle sentit quelque chose lui attraper la manche.
— Sandra, est-ce qu'il reviendra ? prononcé comme un murmure, cette question serra le coeur de la femme.
Le poignée qui tenait le vêtement parut si frêle, elle posa sa main sur celle d'Emy en laissant paraître ses émotions pour que la jeune fille les voit.
— Je n'ai pas de réponse à te donner mais je suis sûre qu'il tient à toi.
— J'aurai préféré que tu me dises qu'il me déteste.
Emy retira sa main et se retourna.
— J'aurai préféré être normale.
— Si tu le contactes, il reviendra, tu le sais ?
— Oui.
L'infirmière laissa Emy à sa solitude.
Emmitouflée dans sa couette, elle souhaitait s'oublier pour l'éternité.
Elle n'allait pas bien, comment a-t-il pu croire que cela lui ferait du bien ?
Depuis quand est-il parti ? Depuis quand est-elle seule ? Pourquoi elle l'attend désespéremment ?
Ainsi la nuit tomba, la laissant à son insomnie et incapable de pleurer.
****
Assise à son bureau, elle perçoit une voix qui s'adresse à elle, mais elle n'en comprend pas un mot. Elle se gratte l'avant-bras gauche sans cesse, jusqu'à sang. Ses yeux fixe un point devant elle, son cerveau l'empêche de se concentrer. Puis soudainement, elle réalisa qu'elle n'entendait plus rien, alors elle releva sa tête et constata qu'elle était bien seule, depuis combien de temps ?
Aucun importance, elle croisa ses bras sur le bureau et enfouit sa tête dedans, une méthode comme une autre pour se réfugier.
****
Emy n'allait pas mieux, elle n'acceptait pas de manger, de rire, de lire, de pleurer, de parler et encore moins de dessiner. Elle en était tout bonnement incapable. On la forçait à vivre alors qu'elle s'émiettait totalement.
Un matin, quelque chose changea, Emy était assise sur sa chaise, face à la fenêtre et sentait une présence sur le seuil de sa chambre.
— Bonjour, Emy.
La douceur de cette voix lui donna les larmes aux yeux.
— Bonjour, sa voix rauque la surprit, depuis quand n'avait-elle pas dit un mot ?
— Je viens tardivement mais les médecins n'était pas encore sûrs que tu veuilles me voir mais j'ai insisté.
— Ah.
Elle n'a trouvé que ça à répondre et ne le regrettait pas, elle sentait que cette intéraction l'épuisait déjà.
— Tu peux me regarder Emy ?
Encore cette douceur, Emy lui obéit tout de même.
Elle ne savait pas à quoi elle ressemblait. Sale ? Débraillée ? Pathétique ?
La femme, elle, était habillée d'un costume trois pièces crème avec un ruban de tête caramel. Ses cheveux bruns attachés en chignon et une paire de lunette carré. Un cliché ultime.
— Vous êtes la psy.
Ce n'était pas une question mais une évidence.
— Bonne réflexion, je suis là pour t'accompagner.
— Je suis majeur, je ne vais pas povoir rester très longtemps, c'est déjà un miracle que je le sois encore alors épargner votre temps et votre salive.
Elle prononca cette phrase d'une traite mais cette rencontre avait stimuler quelque chose en elle. Défier quelqu'un était plaisant.
Comme avec Léon.
La psychologue prit une chaise et s'installa, des gestes simples, non superflus.
— Je vois que tu peux parler et moi je suis là pour t'écouter.
— Et prendre des notes.
On lisait dans les yeux d'Emy une vitalité qui lui avait échappée.
— Si je te dis oui, ça change quelque chose ?
Un silence s'installa, chacun se toisait sans animosité mais plutôt pour comprendre ce qui pouvait être dit.
Après quelques secondes interminables, Emy rompit ce blanc :
— Vous saviez qu'on peut ouvrir les fenêtre en oscillo battant uniquement ? Ça évite aux gens de sauter.
— Oui je le sais.
— Pourtant, depuis que je suis ici, je n'ai pas essayé une seule fois.
— Tu sais pourquoi ?
La femme gribouilla sur son carnet, Emy ne l'avait pas remarqué.
— Parce que je me souviens de ses yeux quand il m'a retrouvé, pas déçu, pas en colère, ils réflétaient son inquiétude et sa panique. J'étais pas totalement inconsciente, à ce moment là. Le reste, je m'en souviens pas.
— Qui était-ce ?
Emy tiqua.
— Mon ami.
— Tu veux me parler de lui ?
— Non. Sachez juste qu'il a fait un meilleur job que les médocs qu'on me donne.
— Je m'appelle Annie.
Cette information sortie de nul part décontenanca Emy.
— Enchantée, moi c'est la dépressive de la chambre quatre-vingt neuf.
La femme esquissa un sourire devant le sarcasme d'Emy et prit des notes.
— Vous voulez savoir pourquoi je n'ai pas essayer ? Il n'est pas la seule raison.
— Je suis prête à l'entendre.
— Parce que j'ai la flemme.
Cette fois c'est Annie qui paru interloquée et s'arrêta d'écrire en effaçant aussitôt la surprise qui affectait son visage.
— Comment ça ?
— Je n'arrive plus à prendre de douches, à me changer, à parler, boire, rire, me souvenir, haïr, ressentir, pleurer, crier, marcher, sortir. Vous croyez que j'aurai l'envie de réfléchir ? Réflechir à la meilleure façon de mourir ? Je me laisse crever, c'est différent.
La psychologue ferma son calpin comme si tout ce qui allait suivre serait gardé par les murs de cette chambre. La tension ne monta pas, deux femmes se regardaient, assises face à face.
— Qui es-tu ?
Emy savait que cette question était plus profonde qu'elle ne le paraissait.
— J'aimerai vous le dire mais aujoud'hui je ne peux pas, il me manque une partie de moi.
— Je pense que tu n'as jamais été aussi mal que depuis que tu es là.
— Vous êtes une drôle de psy.
— Tu aurais voulu entendre quoi d'autre ?
— Ça c'est très bien.
Les deux inconnues se sourirent.
— Même si c'est dur tu devrais descendre, aller voir les autres, pas forcément leur parler mais juste voir.
La professionnelle se releva et regarda Emy.
— Vis.
— C'est la psy qui parle ?
— Une mère.
Elle se retourna sur ces mots, ne laissant plus que sa chaise vide.
Emy se détesta immédiatement, d'en avoir tant dit.
Elle retourna se coucher pour une durée qu'elle ne déterminera pas.
****
Une énième fois elle contempla la pluie qui s'abattait sauvagement sur sa vitre.
Elle posa ses doigts sur le verre qui la séparait du monde, elle semblait vouloir caresser les gouttes tandis qu'elle faisait glisser sa main tout du long, pour suivre la course de cette eau fragmentée. Emy se stoppa, s'éloigna de la fenêtre telle une enfant apeurée, empreint d'une panique incontrôlable, elle tira le rideau et couru jusqu'aux toilettes pour vomir.
Mais elle n'y arriva pas, la bile restait coincée : elle n'avait rien à faire évacuer.
Elle s'assit le lond de la cuvette, sans plus aucune émotion perceptible. Par contre elle pleurait, sans doute de tristesse, parfois le corps évacue ce que le cerveau ne prononce pas.
Elle cacha sa tête au creux de ses genoux, prête à rester des heures dans cette positions.
Quitte à mourir comme ça.
Elle se grattait l'avant-bras droit, à sang.
****
Annie, la psychologue revint plusieurs fois, Emy ne savait pas à quelle fréquence mais elle venait. Mais la symbiose de leur première rencontre s'était envolée. Emy lui adressait seulement des banalités inutiles : son âge, la météo ou encore, la couleur de ses draps. Elle hésita à lui dire ce qu'elle pensait de la couleur blanche mais elle s'abstint. Annie faisait tous les efforts possibles mais Emy avait bâti un mur.
Une phrase lui parvint tout de même :
— Je ne suis pas lui, c'est impossible mais tu devrais me voir comme une page blanche.
Emy conserva ce passage en elle et attendit qu'Annie parte.
Une fois seule, elle alla s'observer dans le miroir (protégé de sorte à ce qu'il ne puisse pas être cassé).
Elle se regarda, se fixa.
Elle était affreuse.
Émaciée, éteinte, pâle, sale, les cheveux gras et emmêlés.
ll était évident qu'elle puait.
"Qu'est ce que tu me dirais, Léon ?"
Cette fois elle ressentit un flot de tristesse intense, elle pleurait autant qu'elle en avait besoin avant de perdre de nouveau cette capacité émotionnelle.
Elle n'avait pas conscience du temps que cela lui avait prit.
Les larmes sèchent, elle ressentait encore ce néant en elle.
Elle déshabilla, lentement. Effrayée par son propre corps. Elle le toucha comme si elle en était séparée. Il ne ressemblait plus à grand chose, les traces du passé éparpillées.
Nue, seul son torse était reflété. Les os saillant. Il criait détresse.
Elle tourna sa tête vers la douche, dans un silence mortuaire.
Puis elle fit un pas, le second suivi.
Quand elle se trouva sous le jet, elle hésita, tiraillée.
Main tendue douloureusement vers le pressoir.
L'eau serait froide, criera-t-elle ?
Elle recula contre le mur.
"Je peux le faire."
Cette pensée l'éveilla et temporairement sûre d'elle, elle pressa le bouton.
Immédiatement, l'eau sortit, jaillissante, elle n'attendait que ça.
Les premières gouttes éclatèrent sur son visage, froides, elles le préparaient à l'impact du jet qui suivait.
Mais eu lieu d'être douloureux, elle ressenti une vive énergie en elle.
Son corps goûtait à cette sensation, ses tissus se réveillaient.
La main toujours collée au bouton.
L'eau se réchauffait et petit à petit elle s'accroupissait, savourant ce regain soudain.
Les paupières closes, un sourire innocent qui s'était dessiné. La tête levée vers la pommeau de douche fixe.
Elle resta sous l'eau, à sentir les gouttes qui s'éclataient et s'écoulaient sur son corps.
Son bras toujours tendu, prêt à rappuyer en cas de changement de pression.
Elle se laissa aller.
****
Annie réapparu un jour, elle entra dans la chmabre d'Emy, toujours accompagnée de son aura lumineuse.
La scène de la douche s'était perdue et personne n'en avait su quoique ce soit, du moins personne ne savait ce qu'il s'était réellement passé. Elle ne dit rien à Annie.
Cependant, avant même que la psychologue puisse dire un mot, Emy commenca.
— J'ai compris que j'étais la cause de mes propres maux. Je vais descendre découvrir mais rien de plus.
— Tu es particulière, Emy.
— Je suis instable.
Emy passa à côté de la femme à la volée, sans un regard, ni un détour.
Emy ne lui accorderait plus jamais plus que ces mots ? Annie n'en était pas moins sûre.
Dans le couloir, Emy tomba sur un calendrier.
14 janvier.
2 mois.
À suivre