Chapitre 14 - Cantate au firmament (I)

Par Daichi
Notes de l’auteur : Héhé, un chapitre court pour vous faire respirer ! (C'est dans le thème en plus.)

Des bruits, des bruits, des bruits ! Des bruits partout. Des gouttes qui tombaient d’un ciel inconnu, rencontrant la poisse du sol. Des tôles qui se tordaient, comme victimes d’une infinie torture. Des grondements sourds, accompagnants de grands vacarmes, lointains, qui arrivaient avec la violence de l’orage. Des sifflements, ceux des travaux, ceux des machines, ceux des câbles qui se brisaient pour venir épouser ces fondations. Des bruits de pas, sur la pierre humide. Des chuchotements, ceux du vent, ceux de rôdeurs éventuels, ceux d’âmes inconnues qui s’invitaient dans l’esprit de Neila.

Plus le temps avançait, plus sa respiration s’accélérait. Elle ne couvrait aucun son, car ceux-ci devenaient vacarme à mesure qu’elle remuait à même le sol dans l’espoir de se dégager. Dans cette même démarche, elle tenta de se lever, à maintes reprises, mais ne rencontra que le métal et la pierre. Ceux-ci finirent par fracturer la vitre de son casque, blessant sa joue humide – mais, pis que cela, fit entrer le relent pestilentiel alentour. La toux fut le premier réflexe, retenir son souffle, le second.

Son esprit s’embrumait ! Elle se sentait partir, lorsqu’elle cessait tout mouvement, quand elle se refusait à respirer. Alors elle persista, les poumons brûlés, rampant elle-ne-savait-où, priant pour ne rencontrer aucune créature sur son court chemin.

Elle se savait perdue, au milieu d’un vide absolu, noir, obscur et abyssal. Il faisait chaud, pourtant elle tremblait. Autant de peur que de colère – toutefois, ce fut de fatigue que ses membres se mirent à vibrer. Elle n’arrivait plus à bouger.

Allez, encore un effort ! se dit-elle, écartant l’abandon, ainsi que de rationaliser la situation. Elle n’allait nulle part, était isolée et complètement ligotée, mais l’instinct prima sur tout. Dans une vaine et ultime tentative, elle poussa sur ses jambes, pliant celles-ci, pour se hisser sur ses pieds. Avant de glisser – bam ! – et de rencontrer le sol.

Fort heureusement, cette fois, ce fut la vase qui la fit choir. Ainsi, elle amortit sa chute, sauvant son œil valide d’un potentiel éclat de verre. Le choc ne lui bloqua le souffle qu’un instant, mais lui fit également prendre conscience d’autre chose.

« Que… Mais ! Nooon ! », couina-t-elle, sentant la mélasse s’immiscer dans son casque. Très vite, elle ne marmonna qu’un flot de bulles, agitant sa tête pour trouver de quoi respirer. Elle y parvint, une fois. Une deuxième fois. Mais chaque tentative devenait plus difficile que la précédente. Elle se sentait s’enfoncer, très lentement, une étreinte glacée lui gelant les dents. Peut-être n’était-ce qu’un petit millimètre par minute, mais ce sol l’absorbait, comme tout cet enfer. Cinq deux trois… zéro un neuf trois…

Dans un ultime élan de panique, elle tira sur ses liens, à s’en disloquer les poignets. Elle gémissait, reniflait, toussait, alors que son corps gelait, brûlait, se fatiguait.

Rien ne servit.

Elle s’enfonçait, dans une abominable lenteur.

Autour d’elle, des pas. Tel un lapin qui lâchait prise, elle détendit tout son corps, expirant une dernière fois. La conclusion serait vive, si cette chose qui rôdait autour pouvait en finir. Et la maudire, pour le crime affreux qu’elle avait commis.

Les pas continuaient d’approcher. Vite…

Sentant une présence toute proche, elle hoqueta d’angoisse, avalant une partie de la vase. Son corps l’exhala par réflexe, réveillant un élan de panique et un début de sanglot. Un « Non ! » sortit de lui-même, alors qu’elle essayait de se retourner. La vase l’avait ventousée au sol, dos à son prédateur.

« Non… 

— Si. »

Une voix ! Une voix !! Neila sanglota par réflexe, soudain immobile. Un être humain venait d’arriver. Peu importait s’il la tuait sur le champ ou non, sa mort viendrait au moins d’une personne.

Mais plutôt qu’une fin sinistre, c’est une lumière qui la sortit de son bourbier. Un éclat bleu et délicat, illuminant l’espace qui devenait son tombeau. Elle voyait le sol (terriblement poisseux), les bâtiments rapiécés, des ombres, et deux bottines. N’osant bouger ni parler, elle laissa les bottes se positionner près d’elle, et la silhouette s’abaisser, laissant apparaître les froufrous d’une robe salie. Enfin, un « chak ! » raisonna dans ce désert, et ses mains furent libres.

Ce fut avec le second « chak ! » qu’elle sentit enfin ses bras et ses jambes se mouvoir. Ses doigts n’avaient plus de sang et étaient sourds aux ordres donnés, et les nerfs de ses genoux avaient rendus l’âme. Mais, d’un terrible grincement de voix, elle encouragea son corps à tourner pour se positionner sur le dos.

La lueur bleue, éblouissante, clôt de force ses paupières.

« Lève-toi, vite. »

Neila refusa d’écouter et se contenta de cacher cette lumière qui l’aveuglait. Elle toussa une fois de plus, libérant ses poumons, puis, sentant la silhouette se pencher vers elle, elle recula vivement. Ses pieds et ses mains glissaient sur le sol, mais elle parvint à s’éloigner d’un bon mètre, les gestes affolés, puis à se hisser sur ses jambes fourbues.

« Holà, du calme… »

Maintenant la distance, Neila se dégagea avec frénésie de sa camisole, étouffant la voix féminine qui s’adressait à elle. L’odeur et la viscosité de l’air empoisonnaient ses poumons, mais elle s’en ficha : ses mains, débarrassées de ses gants, attrapèrent le revolver de Joshua à sa ceinture et le pointèrent devant elle.

« Ne bouge pas ! tenta de hurler sa gorge, suivi d’un râle d’étouffement.

— Baisse cette arme, murmura patiemment l’intéressée. Je ne te ferai pas de mal.

— Reste où tu es ! regrogna Neila, voyant la silhouette tenter une approche. Reste… là. »

La sueur qui s’invitait sur son visage lui fit l’effet d’un bain de glace, la figeant un instant. Un instant que ne crut pas bon de profiter son ennemi potentiel, toujours en face, aveuglant les alentours. Le canon du revolver gigotait tant bien que mal vers la ligne de mire, les mains qui le maintenaient se trouvant à perdre leur force motrice. Les cinq sens de la jeune femme la quittaient, et ce n’était pas pour la convaincre de se rendre bien gentiment.

La lumière baissa enfin en intensité. Ses paupières purent cligner sans l’aveugler, et s’habituer à la petite ambiance tamisée qui découpait un visage de porcelaine sur fond noir. La poupée qui lui faisait face, cube de serrain en main et robe à froufrous aux allures spectrales, ne donna pas de raison supplémentaire à Neila de se calmer. Jusqu’à ce qu’elle reconnût en cette banshee la musicienne de tantôt.

« C’est juste moi, soupira Lyza. Pourquoi paniques-tu…

— J’ai dit… b… ge pas ! », haleta Neila, l’arme relevée. La surprise l’ayant prise de court, elle se remit sur ses gardes, forçant la voleuse à reculer. Ses poumons se firent peu à peu de l’atmosphère étouffante, sans qu’elle ne sût si c’était une bonne nouvelle. « Tu… tu m’as volée, trahie…

— Non ! Enfin… Je t’expliquerais volontiers, si tu évitais de pointer sur moi…

— Chht ! » Elle était à court de mot, retenant une quinte douloureuse qui l’aurait pliée sur place. Mais, insistant sur la détente du revolver, le chien, baissé, frappa la douille. Sans que rien ne sortît de l’arme, n’émettant qu’un « clic ! » qui résonna sur plusieurs lieues.

Ce déplorable aveu d’impuissance fit lever un sourcil à Lyza, qui en profita pour s’avancer, sans intention néfaste visible. Rebutée par l’abandon, Neila frotta les trous du barillet de ses doigts, cherchant une munition potentielle. Rien. Fait chier ! hurla-t-elle à son esprit, essuyant son visage plein de boue et palpant ses poches. Quand alors, ses doigts rencontrèrent la baille présente dans la poche avant de sa chemise, que Noah lui avait donnée, lors de leur duel.

Revoir en esprit le visage de ce traître la figea, hagarde, laissant Lyza lui attraper le revolver et lui cogner le crâne avec.

« Aïe ! », hurla l’éborgnée en tombant, séant sur vase, dominée par celle qui l’avait sauvée. Telle sortie d’un songe, Neila lui adressa un air éberlué tandis qu’elle affrontait celui, las, de la musicienne.

« Tu as fini ? C’est bon ? Partons maintenant. »

Elle lui jeta son arme, sans délicatesse, puis partit devant. Elle eut à supporter, sans s’y attendre sans doute, l’étreinte exagérée de Neila, arrivée par-derrière.

« Eh ! Qu’est-ce que tu fiches encore ? » Elle gigota pour s’extirper, mais Neila revint à la charge, agrippant cette fois-ci son bras gauche. « C’est pas vrai… Qu’est-ce qui te prend, à trembler ainsi ?

— Noir… »

Neila ne se collait pas à Lyza en particulier, bien que sa présence la rassurât quelque peu – elle cherchait la lumière, avant tout. Tournant sans cesse le regard d’un côté, puis de l’autre, elle guettait les moindres recoins (c’est-à-dire, partout) d’où pouvait surgir… quelque chose.

La laissant faire quelques instants, Lyza dut admettre qu’elle n’y couperait pas : elle accompagna ainsi, sur son chemin, la fille apeurée qui l’étreignait. Celle-ci jetait un furtif coup d’œil par moments, comme pour dénicher une indésirable menace tapie dans l’obscurité.

Telle une feuille sous la rafale, elle se cramponnait autant que faire se put contre son arbre. La musicienne à la lanterne avançait, suivant son rythme, patiente et silencieuse. Neila se concentra sur la respiration de Lyza, leurs bruits de pas, et la lueur de la lanterne, quand il devint évident qu’elles étaient seules. Pas même les échos de leur marche ne vinrent la faire sursauter. Elle desserra quelque peu son étreinte, sans trouver les mots pour exprimer sa gêne.

« Je ne savais pas que tu étais aussi craintive.

— Je ne le suis pas ! geignit Neila, guettant la nuit.

— Si j’avais su, je ne t’aurais pas abandonnée hier. »

Neila hoqueta de surprise, croyant avoir vu passer un rat-ou-ce-que-cela-aurait-pu-être-encore, puis crut bon de tenter une remarque cinglante :

« Eh bien… Oui, tu… euh… Voilà ! hein.

— Belle répartie.

— Et pourquoi tu as fait ça ? bafouilla-t-elle, claquant des dents. Tout ça pour revenir avec le cube.

— Ça t’ennuierait de te taire ? J’aimerais éviter d’attirer plus de monde.

— Comment ça ?! », jappa-t-elle, tournant vivement sur ses talons, Lyza charriée dans son mouvement. La lumière n’éclairait pas à plus de cinq mètres, laissant au milieu de la pénombre deux filles sous un fin projecteur. N’attendant plus que des prédateurs se jetassent sur elles, comme des lucioles devant une torche.

« Tu as fini à la fin ? soupira calmement Lyza, reprenant les rênes. Si tu continues, je te lâche.

— Non !

— Bien. »

C’est en silence qu’elles continuèrent, pendant huit jours – ou apparentés, pour une Neila effrayée. Mais elle ne pipa mot, se contentant de lâcher un œil bref et lâche à sa droite, son angle mort, de temps à autre.

Quand elle vit quelque chose, contre un mur, qui la figea net. Elle enfonça sa truffe dans le cou de Lyza, se cachant de la menace.

« Quoi enco… Oh. Ferme les yeux. »

Contre toute attente, elle ne se fit pas prier, préférant le noir de ses paupières à la vision d’horreur qu’elle avait aperçue. Mirage ou non, cette très courte vision s’était apparentée à une silhouette assise. Et osseuse. Immobile. Elle pria de toute son âme pour que les poignets et jambes attachées de la dépouille ne fussent que les fruits de son imagination tourmentée, et avança avec sa guide. Zéro un neuf trois… un six huit…

« Continue, surtout ne regarde pas.

— Il fait noir…

— Concentre-toi sur la lanterne. »

Après une hésitation, Neila obéit, guettant les engrenages brillants du cube. Sa lumière était douce et accueillante, bien que d’une froideur aux convenances du lieu. Tout à l’inverse de l’éclat qui l’avait privée d’un œil et demi. Cinq ans après, elle ignorait toujours tout de cet objet, de cette « lanterne ». Beaucoup la convoitaient et elle ne diffusait qu’une lumière fatiguée. Que prenait à ce monde d’ainsi devenir fou ? Était-ce l’ignorance de Neila qui la mettait dans un tel état de passivité et d’inconséquence ?

« Tu peux ouvrir les yeux. »

Tant de questions et si peu de temps passé alors qu’elle se les posait, Neila en sautilla d’étonnement. Devant la lumière nettement plus vive du cube, elle ne vit pas un cadavre attaché et abandonné, comme elle le serait devenue si personne ne l’avait sauvée, mais une statue.

Un géant de fer et de cuivre, verdi par les âges.

« Qu’est-ce que… »

Elles se trouvaient maintenant dans ce qui ressemblait à un hangar. Des câbles et des chaînes pendaient du plafond, d’une dizaine de mètres de haut tout au plus. Çà et là, différents outils, morceaux de tôles, bidons remplis d’une eau croupie et tombée d’un ciel obscur, visible depuis les trous du toit. Accueillant des gouttes qui, seules, s’occupaient de l’atmosphère du lieu. À chaque « plic », à chaque « ploc », Neila tournait la tête, incrédule à se trouver à l’abri dans ce qui avait été un désert sans murs, sans toit, sans sol tangible.

Et face à elles, toujours, cette silhouette. Énorme de trois mètres, épaisse de moitié, elle s’apparentait à un scaphandrier. Drôlement abîmé par ailleurs : les tôles qui composaient son corps étaient corrodées à l’extrême, tordues, parfois brûlées. Ses mains n’étaient que des moignons écrasés, et ses pieds tout simplement absents.

Neila fit un pas, puis recula. L’ensemble de cette carcasse était soutenu par un amas de fils. Un amas énorme, pareil à une toile qu’aurait tissée une araignée pour emprisonner sa proie. Craignant qu’un « nouveau » monstre fût alors son apparition, Neila chercha Lyza du regard, qui la calma tout net. D’une simple chiquenaude sur le front, elle la ramena à elle, avant de lui présenter le cube.

« Sais-tu ce que c’est, ça ? »

Neila ne répondit pas tout de suite. D’abord parce qu’elle avait un million de questions en tête autres que concernant le cube. Mais surtout, parce que cette question sous-entendait une réponse, capitale, à ce qui pouvait la lier à cet objet.

« Une… lanterne ?

— De serrain, oui. On l’utilise pour faire de la lumière. Enfin, ça, c’est ce qu’on dit. »

Lyza prit les mains de Neila, les frappa pour leur intimer de cesser tout tremblement, puis plaça le cube au creux de ses paumes. La lumière toujours présente, elle illuminait le faible espace entre les deux femmes, qui désormais se regardaient dans les yeux.

« Elle ne crée pas la lumière. Elle la guide. » Lyza caressa ses doigts, les menant jusqu’aux engrenages. « Mais elle n’obéira qu’à celle qui l’a d’abord activée. »

Désormais, le regard de la musicienne se faisait inquisiteur. Sentant ses pupilles se faire brûlantes, Neila baissa sensiblement les siennes, tentée de reculer.

« Non… C’est faux. » L’expression de béatitude de Lyza se définissait au-delà de la surprise. L’on venait de lui dire que le ciel était vert. « En fait… Ce cube, il… Je ne suis pas sûre qu’il m’obéit.

— Bien sûr que si ! Lorsqu’on active un cube la première fois, on est lié à celui-ci pour toujours.

— Je comprends bien, mais… Depuis que je l’ai activé, j’ai une sorte de vision. » La surprise de Lyza se dessina plus nettement, ses paupières se relevant à mesure de son écoute. « Des engrenages, qui bougent, dans l’ordre. »

Neila ne dit plus rien. Attaquant ses gencives, ses incisives se firent visibles, tandis qu’elle attendait une réaction, ou une réponse. Lyza se contenta de rester pensive, plusieurs secondes.

« Tu as… une sorte de plan ?

— Un peu.

— Alors montre-le-moi ! »

Cette exclamation, Neila ne l’entendit pas. Elle s’était elle-même assourdie, hurlant de frayeur et reculant de trois pas. Le cube, à terre, éclaira ses yeux exorbités et dirigés vers le titan de cuivre.

« Il… il a fait un bruit ! »

Elle tendait son doigt, fébrile, sur le géant, toujours attaché. Immobile. Et qui grondait, très sourdement.

Lyza inspira. Elle prit son instrument, poumons bloqués, face au titan. Elle porta à sa bouche le tube, et commença une mélodie. Un nocturne, qui engouffra le cœur de Neila dans un trouble profond. Et ce que cette mélodie éveillait en elle était probablement moins troublant encore que ce qui commençait à se mouvoir.

En face d’elles, le scaphandrier rugit. Il souffla. Se mut. Et releva la tête.

Le hoquet de surprise de Neila fut très largement étouffé par le mugissement du monstre. Tête levée vers les cieux obscurs, il extirpait de son large corps tout un cri de rage. Elle aurait bien fui, si ses jambes le lui avaient permis. Lyza elle-même était prostrée, les paumes plaquées contre les oreilles.

Très vite, le titan s’agita, brisant sans effort la forêt de câbles qui le retenait. Un flot de braises ardentes s’échappèrent de son scaphandre, étouffant la lueur de la relique, et imposant désormais son effet sur la scène.

Libéré, il posa un premier pied devant lui, difficilement, mais lourdement. Un corps de géant, sous une tête de scaphandre illuminée de deux yeux rouges. Des yeux de verre, derrière lesquels brillait un feu ardent. Un feu de colère, exprimé par un hurlement d’outre-tombe. Sa bouche – une ouverture sous ses yeux, triangulaire – laissait s’échapper une fumée, orangée par les flammes dont elles tenaient la source.

Après un ultime et impétueux grondement du monstre, la musicienne sourit. Elle déposa son instrument, et tendit les bras.

« Bonsoir, père. Je suis là. Je suis là… »

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