Erzic :
Il ne restait plus que quelques jours de marche avant d’atteindre Mahldryl. Rhazek menait la tête de ce qu’il restait de son armée. Une grande partie des survivants avait été laissée dans les cités conquises, pour y maintenir l’ordre. Erzic en avait profité pour y poster quelques Dralkhar et Zarktys.
Il ne subsistait qu’un seul commandant sous les ordres de Rhazek. Ce qui, pour Erzic, simplifiait la suite du plan.
L’Hirondelle était à Mahldryl. Le Loup s’apprêtait à agir. Malkar n’avait jamais été aussi proche de la renaissance.
Au-dessus du campement, la lune scintillait, se reflétant dans les flammes des feux allumés pour ne pas mourir de froid. Le sable s’infiltrait par toutes les ouvertures. Cela agaçait Erzic, mais il avait connu pire dans les Terres Abandonnées.
Il se tenait debout, près du feu, le regard tourné vers l’horizon. Il visualisait déjà ce que deviendrait leur monde sous le règne de Malkar.
— On n’arrive pas à dormir ? lança une voix féminine derrière lui.
Une Zarktys.
— Non. Vous non plus, à ce que je vois.
— C’est mon tour de garde, répondit-elle froidement.
C’était celle qui avait mis en déroute le chef des Alkasrims.
— Comment s’en sort notre seigneur ? demanda-t-elle.
Erzic fut surpris par la question.
— Il tient. Tout ce dont nous avons besoin, c’est qu’il conquière la Terre entière. Ensuite, il comprendra la supercherie. Et sa mort deviendra… inévitable.
Il crut percevoir une grimace sur le visage de la guerrière, mais ce fut si bref qu’il n’en fut pas certain. Aucune pensée ne filtrait d’elle. Étrange.
— Notre dieu reviendra. Soyez-en certaine. Nous agissons pour le salut de cette Terre.
— C’est bien pour cela que je suis ici, affirma-t-elle. Les traitres paieront.
Puis elle tourna les talons et reprit sa ronde.
Les traîtres… oui. Ils paieront tous.
Au commencement, il n’y avait eu qu’un seul ordre : celui de Dalar. Après sa chute, ses disciples s’étaient scindés en deux factions : l’une vouée à Talharr, l’autre à Malkar. La guerre entre ces deux ordres avait dévasté la Terre de Talharr.
Lorsque Talharr triompha, les fidèles de Malkar furent bannis vers les Terres Abandonnées.
Des siècles passèrent. Malkar était enfermé on sait où. Ses disciples continuaient à le vénérer. Jusqu’à ce qu’une femme, l’une des leurs, trahisse l’ordre.
Elle affirma que le salut ne viendrait pas de la vengeance, mais de la réconciliation entre les deux frères-dieux. Que libérer Malkar ne ramènerait peut-être pas le bon dieu… mais leur père.
Dalar.
Une hérésie, disaient-ils. Des foutaises.
Le chef du culte — le Serpent, le plus proche de Malkar — avait aussitôt rejeté ses propos. C’était lui, aujourd’hui, qui semait la guerre dans les terres ennemies. Tout se déroulait comme prévu.
Quant à la disciple hystérique, Elira, elle avait fui. Quelle ironie : elle n’avait vécu que quelques années de ce qu’elle appelait "le bonheur".
Et maintenant… voilà où ils en étaient. Son fils, devenu un pantin assoiffé de pouvoir. Quelle déchéance. Malkar saura châtier une telle insolence.
Erzic sourit.
Mais alors qu’il s’apprêtait à retourner sous sa tente, un appel psychique le stoppa net.
Le collier d'Elira. Il a dû réussir.
Un éclat de joie passa sur son visage, qui s’effaça aussi rapidement.
Il se redressa, tendit l’esprit vers celui qui l’appelait.
— Zhal’akûn, salua le mage d’une voix amicale.
— Zhal’akûn. Je m’attendais à un rapport de Balar. Que se passe-t-il à Mahldryl ?
— Une attaque. À l’intérieur de la cité. Du feu. Partout. La traîtresse… et l’Hirondelle…
— QUOI ?! Tu oses me dire que vous n’avez pas protégé la cellule ?!
— Au contraire. Mais… tous les gardes sont morts. Les Alkasrims sont là.
Un frisson glacial traversa Erzic.
— Se sont-ils enfuis ?
— Je ne sais pas. Les esclaves sont avec eux. On tente de reprendre le contrôle, mais leur fuite est plus que probable.
— J’arrive.
Il rompit net le lien.
Sans un mot, il leva les bras.
— 'Kroth dor Mahrakûn, thra'kez Drazyl.
Un cercle de sable se forma à ses pieds, révélant la silhouette du dôme de Mahldryl.
Erzic s’y engouffra sans hésiter.
Qu’importait Rhazek et son armée. Avec les Dralkhar et les Zarktys, rien ne pouvait le menacer.
Le désert s’effaça. Devant lui s’élevait le dôme noir et ses trois tours triangulaires.
Le sol était jonché de cadavres. Casques beiges, visages écrasés, corps brisés. Le sang s’étalait en flaques sombres.
Pas un bruit. Même les gardes, habituellement si bruyants, avaient disparu. Le silence était absolu. Étouffant.
Erzic s’arracha à cette vision et se lança dans les ruelles.
Un brasier immense s’élevait des portes au nord. Des cris, des ordres, des chocs d’armes. La cité brûlait.
Ils ouvraient une brèche.
Il devait retrouver Elira. Et l’Hirondelle. Elles ne devaient pas s’échapper.
Il bouscula tout sur son passage. Des corps, des fuyards, des blessés. Le sol glissait sous le sang.
Devant une maison en flammes, deux esclaves voulurent l’arrêter.
— Liberté !! hurlèrent-ils.
Erzic leur offrit leur souhait en les réduisant en cendres.
Il continua d’avancer, insensible aux hurlements qu’il laissait derrière lui.
Devant les portes en flammes, le combat faisait rage.
Des centaines d’esclaves s’acharnaient, soutenus par les Alkasrims. Les battants commençaient à céder. Certains fuyaient déjà à travers la brèche.
Mais Erzic n’était pas là pour regarder.
Au centre de la mêlée, un cercle de boucliers et de lances s’était formé. C’est là qu’il les aperçut.
C’est là, au cœur du cercle, qu’il les vit. Elira. Gwenn.
Vous ne sortirez pas.
Vos chaines ne seront arrachées que si je le décide.
la bagarre commence, hate de voir la fureur d'Erzic. Le chapitre est court mais l'essentiel est dit. Je suis juste un peu curieux sur ton choix d'expliuqer maintenant que Rhazek n'est qu'un pion et qu'il devra etre sacrifié. Meme si l'on s'en doute, j'aurais cru que tu garderais cette révélation pour la fin et que Erzic le trahisse sans vergogne en faisant miroiter l'idée jusqu'au bout qu'il deviendrait un grand seigneur.
Quelques remarques sur la forme :
- Une grande partie des survivants avait été laissée dans les cités conquises, pour y maintenir l’ordre. ( peut-etre préciser qu'il s'agit de soldats survivants car ce ne sont pas des civils qui vont maintenir l'ordre).
- Il ne subsistait qu’un seul commandant ( j'aurais peut-etre mis simplement restait ).
- Des siècles passèrent. Malkar était enfermé on sait où. ( on ne sait où plutot non ?)
- Ils ouvraient une brèche. ( il ouvrait si tu parles bien de Erzic)
Je continue :)
Mon choix pour la révélation est oui on s'en doute déjà mais surtout ce n'est pas la plus grande révélation de ce tome 😁
Encore merci pour la forme je vais modifier 🙃