Chapitre 15 : Matir

Par Talharr

Matir :

Ils y étaient presque. La liberté n’était plus qu’à quelques coups d’épée. Aidés par les forces de Talkys, ils protégeaient les femmes qu’ils avaient libérées.

     — C’EST OUVERT ! cria un homme.

Matir tourna la tête. Une brèche béante éventrait la porte.

Déjà, leurs troupes s’y engouffraient, tentant d’esquiver les flèches qui pleuvaient. Lui-même distinguait à peine ce qui arrivait en face. Il était en sueur — le brasier n’y était pas étranger, mais c’était surtout la peur. Il avait attendu ce moment toute sa vie… mais il ne voulait pas mourir ici. Pas dans cette cité maudite.

Les boucliers se levèrent autour de lui. Il reprit ses esprits à temps pour lever le sien : une flèche s’y planta violemment, pile au centre.

     — Il faut avancer vers la brèche ! hurla Talkys. Si on reste ici, on sera encerclés !

Le cercle se mit en mouvement. Les projectiles continuaient de pleuvoir. Plusieurs hommes tombèrent. Matir manqua de trébucher sur l’un d’eux.

Certains les suppliaient de les aider… mais le cercle avançait. S’arrêter maintenant, c’était condamner tout le groupe à une mort certaine.

Autour d’eux, esclaves et alliés de Talkys combattaient farouchement. Les cris, le fer, les flammes : la cité entière n’était que tumulte.

Soudain, une dizaine de guerriers de Mahldryl surgirent droit sur eux.

     — Détachement ! ordonna Talkys.

La première ligne de boucliers s’écarta. Des archers, bien dissimulés, décochèrent leurs flèches. Les assaillants, pris par surprise, s’effondrèrent, transpercés.

Mais déjà, une nouvelle vague, plus imposante, s’annonçait à l’horizon.

Les craquements du bois, rongé par les flammes, résonnaient comme un écho sinistre au chaos qui les entourait.

     — Elira. Tu peux faire quelque chose ? demanda Talkys.

La femme secoua la tête, épuisée.

      — Je suis encore trop faible… je pourrais seulement invoquer de la fumée.

      — Alors fais-le. Sinon, on est morts.

La jeune fille qui les accompagnait avait les yeux écarquillés, des larmes pleins les joues.

Pauvre enfant… Que Talharr maudisse cette cité.

Les ennemis approchaient.

Et alors qu’ils se préparaient à recevoir le choc, un épais nuage de fumée noire engloutit les assaillants.

Des hoquets de surprise s’élevèrent chez les esclaves — pas habitués à la magie.

Matir tourna les yeux vers Elira. Elle s’était effondrée contre Talkys.

      — On y va ! lança la guerrière.

Et sans prévenir, elle s’élança, Elira dans les bras, en direction des portes.

Les survivants la suivirent. Beaucoup tombèrent, fauchés avant d’avoir atteint l’extérieur. Mais la plupart parvinrent à franchir la brèche.

Matir courait. Plus que quelques mètres.

Une explosion.

La porte s’effondra dans un vacarme assourdissant, bloquant le passage. Il se retrouva coincé, avec quelques camarades.

À ses côtés, Astil.

      — On s’est bien battus, hein ? lança-t-il. T’inquiète, je suis sûr que je pourrai encore t’embêter dans l’autre monde.

Il souriait, malgré tout.

     — N’oublie pas pourquoi on a fait tout ça. On le savait. On était prêts, dit-il.

     — Ça fait quand même chier… si proche.

Astil lui donna un léger coup de coude. Matir rit malgré lui.

     — Allons tuer un maximum de ces salopards. Que leur dernier ordre nous soit donné !

La poignée d’esclaves et d’alliés encore debout fonça vers les lignes ennemies. Les flammes dansaient derrière eux. Des explosions retentissaient.

Le combat dura. Ils firent vaciller les troupes de Mahldryl, malgré leur nombre dérisoire.

     — Encore quelques-uns…

Astil ne termina jamais sa phrase.

Une flèche dans le dos. Une lance en plein ventre. Il s’effondra.

Matir le regarda tomber. Une rage bestiale prit le dessus.

     — JE VAIS TOUS VOUS ENVOYER RETROUVER VOTRE SATANE DIEU !

Le sang l’éclaboussait. Son épée lui glissait presque des mains. Il continuait. Encore.

Jusqu’au dernier souffle.

Un cri de surprise s’éleva. Les deux camps s’arrêtèrent. Quelque chose survolait leurs têtes. Des flammes.

Puis une voix.

     — Les Dralkhar ne se cacheront plus ! Malkar sera bientôt de retour… et aucun d’entre vous n’y pourra rien. Aujourd’hui, seule la souffrance vous attend.

Un homme émergeait. Lentement. Depuis les flammes.

Qui est-ce ?

Deux éclairs de feu jaillirent. Deux hommes hurlèrent. Matir pria pour ne jamais entendre de cris pareils à nouveau. Même dans l’autre monde.

L’homme était maintenant devant lui. Ses yeux jaunes brillaient d’une froideur inhumaine.

Il ne restait plus que Matir.

      — Où sont-elles ? demanda l’homme, la voix glaciale.

      — Qui ça ? osa Matir.

      — Ne joue pas au plus malin. Sinon tu finiras comme les autres. Et je doute que tu en aies envie.

Non. Il n’en avait pas envie. Mais il avait déjà fait son choix.

     — Je n’en sais rien. Et je ne sais pas non plus où elles comptent aller. Je ne me suis pas battu pour elles, mais pour que cette cité tombe. Pour que les esclaves soient enfin libres.

Le regard de l’homme se fit méprisant. Mais il sourit.

     — Les faibles pensent toujours pouvoir renverser les plus forts. Mais pour quel résultat ?

Il fit un geste circulaire vers les ruines en flammes.

    — Au moins, mon dernier choix aura été mien.

Matir n’attendit pas la réponse. Il chargea.

Il courait. Il allait l’atteindre.

Encore quelques mètres…

La chaleur.

Une douleur brûlante dans son dos.

    — Que la vie te soit meilleure, murmura l’homme, son regard toujours aussi froid.

Matir chancela. Lâcha son arme.

J’espère qu’ils sont déjà loin. Qu’ils vivent… pour moi. Sauvez notre Terre.

La douleur l’envahit. Il serra les dents, tenta de ne pas hurler.

Et puis le soulagement.

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Scribilix
Posté le 10/08/2025
Re,
Triste pour Matir, en meme temps il n'avait aucune chance face à Erzic. De plus des esclaves peuvent difficilement luter face à des soldats entrainés Son sacrifice ne sera pas vain car les autres ont pu s'enfuir. J'imagine que son maitre va connaitre un sort attroce pour avoir laissé s'enfuir Gwenn et Elira.
Je n'ai relevé aucune erreur de forme, tout était agréable à lire.
A plus,
Scrib.
Talharr
Posté le 10/08/2025
Re,
Oui premier personnage a nous quitter. Comme tu l'as dit son sacrifice n'aura pas été vain.
Pour Prasto, je vais te laisser découvrir.
A plus 😁
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