Chapitre 14 : Ysalis - Révélations

Mathias murmura « Non, non, non » avant de brutalement retourner Ysalis en la saisissant par les épaules. Il déchira la tunique par derrière, dévoilant le dos de la jeune femme. Mathias fit un bond en arrière, se retrouvant hors du lit. Il recula ainsi jusqu’à toucher le mur en soufflant fort. Ysalis ne put s’empêcher de pleurer doucement, en silence.

- Tu es… Tu ne peux pas… Ce n’est pas… bafouilla Mathias.

Ysalis tourna la tête vers lui sans oser bouger davantage. Dans son regard, elle vit une horreur indicible. Cela la blessa.

La réaction de Mathias fut d’aller se servir un verre et de boire sans quitter Ysalis des yeux. Cul sec, il en avala un deuxième, puis un troisième. Le quatrième se trouvait dans sa main lorsque Ysalis se leva, délaissa sa tunique en lambeaux, pour s’approcher de Mathias. L’aile rouge se figea tandis que la jeune femme le fixait de ses yeux rougis de larmes.

Elle attrapa le verre de Mathias, le lui retira des mains, le posa sur la table de chevet puis attira tendrement Mathias vers le lit. Elle l’embrassa avec douceur et Mathias la suivit. Ils baisèrent dans le plus grand silence.

« Reproduction. Reproduction. Reproduction. »

Ysalis accepta et s’ouvrit à la possibilité offerte. Grâce à ça, elle allait le tenir par les couilles. Restait tout de même un gros morceau mais le premier pas était fait. Mathias, enivré et vidé, s’endormit comme une masse, les ailes et les bras enlacés autour d’Ysalis. Elle pensa longuement à Othander et au fruit de leur amour puis, éreintée, sombra dans un profond sommeil.

Ysalis était déjà réveillée depuis longtemps lorsque Mathias émergea le lendemain. La jeune femme était restée dans les bras du propriétaire des lieux, ne souhaitant pas risquer de le réveiller. Il s’étira, ses ailes effleurant les murs mais pas le plafond très haut, puis il s’assit sur le bord du lit, tournant ainsi le dos à Ysalis. Il se saisit du verre oublié la veille.

- Il faut que tu m’expliques. J’ai besoin que tu m’expliques, indiqua Mathias.

- Tu veux savoir ? lança Ysalis en ayant choisi le tutoiement avec soin. Tu veux vraiment savoir ?

Il tourna un peu la tête vers elle en hochant la tête, le front plissé.

- Je te dirai tout mais à une condition, précisa Ysalis.

Mathias plissa les yeux. Il avait formé Ysalis à l’art subtil de la politique. Qu’allait-elle donc pouvoir lui demander ?

- Que tu arrêtes de boire. Plus une goutte, indiqua Ysalis.

Mathias observa son verre. Il le fixa un long moment. Pendant un instant, Ysalis craignit qu’il ne refuse. Elle ne pouvait pas vivre avec un alcoolique. Le risque qu’il fasse une connerie était bien trop grand.

Sobre, il va peut-être aussi se montrer plus perspicace.

Ysalis ignora la remarque de Bramamm. Mathias se leva et sortit sans se préoccuper une seule seconde de sa nudité. Ysalis le suivit dehors, elle aussi dans le plus simple appareil. Ils étaient seuls sur la plateforme de toute façon. Mathias s’approcha du bord et jeta le verre. Ysalis soupira d’aise. Il venait d’accepter. Il se tourna vers Ysalis et ensemble, ils retournèrent dans la chambre.

- J’étais heureuse, commença Ysalis. La dernière touche de blanc venait de disparaître. Mes ailes enfin unies, j’allais pouvoir voler ! Mes parents m’ont beaucoup félicitée ce soir-là. Ma cérémonie d’envol aurait lieu dès l’aube. Je crevais d’impatience de pouvoir sauter, planer, m’élever, sentir le vent dans mes cheveux, suivre mes frères et sœurs entre les colonnes de pierre, faire le marché, aller à l’école.

Mathias écouta Ysalis, le regard soucieux, le front plissé d’angoisse.

- Je sautillais en regardant les étoiles, ravie de pouvoir bientôt m’en rapprocher un peu. Soudain, elles ont disparu. Un sac opaque venait d’être placé sur ma tête. On a empoigné mes bras, mes jambes, mes ailes et j’ai senti le sol disparaître. On me portait dans les airs. Je voulais me débattre mais je n’osais pas. Si je parvenais à leur échapper, c’était la chute libre assurée. Je me suis figée, terrifiée.

La mâchoire de Mathias se mit à trembler.

- Le sol est revenu et on m’a penché en avant sur une pierre froide. Mon haut a été déchiré puis de l’acide a dévalé mes veines. Je n’ai jamais de ma vie ressenti une telle douleur. Je sentais la lame brûlante trancher la chair et les os. Je hurlais. Je me débattais mais ils étaient bien trop forts. La première retirée, j’ai caressé l’espoir, un instant, qu’ils laisseraient l’autre tranquille. Peine perdue. J’ai supplié, en vain. Finalement, je crois que j’ai perdu connaissance.

Mathias avait les poings serrés et ses ailes tressautaient.

- La douleur dans mon dos m’a réveillée. Je me suis découverte dans une plateforme de travailleuses à disposition. Yvan m’a emmenée.

Ysalis se tut. La suite, Mathias la devinerait tout seul. Inutile de développer davantage.

- Pourquoi ? Pourquoi quiconque t’aurait fait ça ?

- Je suppose que je gênais, dit Ysalis en haussant les épaules. Ma présence aurait amené un changement de famille régnante.

- Tu veux dire que… tes ailes… étaient rouges ?

Ysalis hocha la tête.

- Non ! Non ! souffla Mathias qui respirait difficilement. Tu appartiens à la famille de Rouge-Daniel ?

- Non, celle de Rouge-Tybald.

- C’est la famille régnante ! répliqua Mathias.

- Bien sûr, elle a quand même fini par obtenir le titre. Ma disparition n’a fait que repousser l’échéance. Rouge-Daniel voulait-il faire passer une loi avant de passer le flambeau ? Je n’en sais rien. Je m’en fiche.

- Tu dois aller voir la famille régnante et faire valoir tes droits ! s’exclama Mathias.

- Non, le contra Ysalis. Je ne suis pas une ailée.

- Parce qu’on t’a coupé les ailes ! Tu es une rouge ! Ça explique ton insolence. Oh Ysalis, je suis désolé, tellement désolé !

Il la prit dans ses bras et la cajola.

- J’ai tellement changé en dix ans, souffla Ysalis. Ils ne me reconnaîtront même pas. Je ne veux pas d’eux, dit Ysalis. Je n’ai pas besoin d’eux.

Mathias s’éloigna un peu d’elle et l’observa, détaillant son visage avec soin, cherchant sans doute à lire ses pensées sur ses traits.

- Je préfère me créer ma propre famille, dit-elle en mettant les mains sur son ventre.

- Tu es porteuse ? Tu as accepté la reproduction ?

- Hier soir, oui, confirma Ysalis.

Mathias fondit sur le ventre dénué de nombril et le couvrit de bisous, ses larmes coulant sur la peau fine.

Putain de merde ! Il a tout gobé ! Tu as réussi, Ysalis !

Bien sûr qu’il la croit. Un fin de ligne qui se reproduit avec un membre de la famille régnante ? C’est inespéré ! Jusque-là, un plafond de verre l’empêchait de s’élever. Il vient de voler en éclats. Pourquoi ne la croirait-il pas ? Elle fait de lui le sauveur de la princesse en détresse. Quel homme ne foncerait pas sur l’occasion ?

Espérons qu’il ne revienne pas à la réalité à un moment ou à un autre.

Son premier enfant scellera son destin.

Ysalis ne quitta plus l’étage de Mathias. Il lui apporta des robes sublimes, lui donna accès aux meilleurs mets. Il lui proposa une servante personnelle et Ysalis choisit Amlis. La jeune femme la rejoignit dès le lendemain, amenée par un transporteur alors que Mathias était déjà parti à l’université.

- Ysalis ? Qu’est-ce qui se passe ?

- Tu es ma servante, annonça Ysalis.

- Tu peux toujours courir, répliqua Amlis.

- J’ai le droit de te donner le fouet, indiqua Ysalis.

Amlis observa son interlocutrice, détailla ses vêtements puis répéta :

- Qu’est-ce qui se passe ?

- Mathias sait que mes ailes m’ont été ôtées.

- Quoi ? blêmit Amlis.

- Ne t’inquiète pas. Il a avalé le joli mensonge. Vous ne risquez rien.

- Bramamm ? s’enquit Amlis.

- Non, non, c’est bien moi. Bramamm observe avec circonspection, selon ses propres termes. Elle n’approuve pas et ne désapprouve pas non plus. Elle est perdue.

- Elle n’est pas la seule. Qu’est-ce que tu fais ? Notre invisibilité est notre meilleure protection.

- Je veux faire changer les choses, annonça Ysalis. Maintenant, servante, va me faire couler un bain, je suis lasse.

- Ysalis ! s’exclama Amlis.

- Maintenant, Amlis ! gronda Ysalis.

Amlis serra la mâchoire puis partit obéir à celle que sa communauté avait méprisé pendant tant d’années.

 

#######################

 

- Églantine n’approuve pas, dit Amlis le lendemain.

- Son point de vue m’indiffère.

- Tout le monde est terrorisé en bas ! Tu nous fais courir des risques démesurés !

- Je te répète que vous ne risquez rien. Mon mensonge vous protège. Mathias n’a aucune raison de tourner les yeux vers vous. Va donc t’occuper de la chambre et laisse-moi tranquille.

Amlis obtempéra en grimaçant. Elle n’aimait pas ça du tout. Le lendemain matin, juste après le départ de Mathias, Amlis arriva mais pas avec le transporteur habituel. Non, Yvan lui-même l’accompagnait. Amlis se dirigea vers la chambre pour la nettoyer. Yvan se dirigea droit vers Ysalis.

- Bonjour, Yvan. Que puis-je pour vous ? Un problème avec les travailleuses ?

- Une en particulier. Une peste insidieuse qui ment comme une arracheuse de dents.

Ysalis soutint son regard sans faiblir. Il poursuivit :

- Je ne sais pas quelle fable tu as inventé pour Mathias et je m’en fous. En revanche, tu vas m’obtenir…

- Absolument rien, Yvan. Vous allez rester à votre place et continuer à servir Mathias… et moi par la même occasion.

- Il me suffit d’un mot pour Mathias et…

- Et vous révélerez votre implication dans cette affaire. Il vous mettra à mort dans l’instant, vous et tous les autres impurs qui trempent jusqu’au cou dans ce qui est, aux yeux des rouges, de la haute trahison. Ne venez pas me faire chier, Yvan. Je partage le lit de Mathias. Je vais lui offrir des petits rouges.

- Tu ne vas pas… Tu ne peux pas ! Votre religion vous l’interdit !

- Ce n’est pas vrai. Je connais les mots d’Elydriel, précisa Ysalis en désignant son crâne. Cet interdit vient des miens, pas de notre créateur. Je me reproduirai avec qui j’aurai décidé de le faire et je ferai tomber quiconque se dressera sur mon chemin. Ne soyez pas cette personne, Yvan. Bramamm a endormi le créateur des noires. Croyez-vous que cela me soit difficile de faire la même chose avec vous ? Bon courage ensuite pour voler à moitié endormi.

- Vous n’avez pas le droit de tuer !

- Qui a parlé de vous tuer, Yvan ? J’ai dit « endormir » et si par malheur votre vol de retour devait être mouvementé, qu’y pourrais-je ?

- Saleté de Bramamm ! C’est toi, n’est-ce pas ? Tu as pris le contrôle.

Même pas.

- Absolument pas. C’est bien Ysalis qui parle.

- Je ne te crois pas.

- Bramamm est indécise. Elle ne comprend pas la finalité de mes actes. Plus exactement, elle approuverait à cent pour cent si j’avais déjà transmis la connaissance.

- Tu veux rencontrer un des tiens mâle ? Je peux t’arranger un rendez-vous, indiqua Yvan.

- Je n’ai aucune envie de me reproduire sur ordre. Ils peuvent aller se faire foutre. Ceci dit, merci, Yvan, de votre chaleureuse proposition. Maintenant, je suis sûre que vous avez beaucoup à faire en bas. Laissez-moi.

Yvan s’éloigna en serrant les dents et les poings. Il secouait la tête lorsqu’il disparut vers les étages inférieurs.

 

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Ysalis pondit dans la plus grande solitude dans le nid qu’elle s’était elle-même aménagé. La grotte avait été creusée par des ouvriers ailés impurs. Ysalis y parvenait via une échelle qu’elle remontait dès qu’elle s’y trouvait, interdisant à Amlis de s’y rendre. Mathias aurait pu y venir d’un coup d’ailes mais les hommes ne venaient jamais dans les nids. C’était chose tabou chez les ailés. Seules les femmes s’occupaient des œufs.

Ysalis pleura beaucoup auprès de son œuf, s’en voulant d’avoir abandonné son premier. Où était-il ? Othander l’avait-il confié à des nourricières ? S’en était-il débarrassé ? L’avait-il vendu sur le marché noir ?

Dès que le bébé déchira la fine coquille molle et sortit, Ysalis le présenta à Mathias. C’était une fille aux deux petites ailes d’un blanc immaculé, comme tous les ailés. La couleur ne viendrait que plus tard pour ne devenir complète qu’à l’âge du premier vol, correspondant également à l’âge de raison, où l’enfant prenait conscience du danger et commençait à faire des liens entre les choses.

Ysalis aurait pu pondre un nouvel œuf dès maintenant mais cela aurait été très suspect. Mathias avait beau être amoureux, il n’était pas idiot et restait un chasseur. Si Ysalis lui avait offert quatre enfants par an, comme sa morphologie le lui permettait, il aurait compris. Elle lui mentit souvent, lui disant avoir pondu mais qu’aucun bébé n’avait survécu. Chez les rouges, c’était chose commune. Les femelles ailées rouges pondaient entre vingt et cent œufs par saison mais un seul tous les trois ou quatre ans parvenait à éclore. Les autres mouraient.

Ysalis n’avait pas ce souci. Elle pondait un seul gros œuf – tellement gros que la ponte lui faisait horriblement mal, à l’inverse des autres ailées qui sortaient des œufs à peine plus gros que le poing d’un enfant. Mais cet unique gros œuf arrivait toujours à terme, rentabilité maximale, n’ayant malheureusement pas permis aux siens de juguler les pertes dues aux exactions des purs à leur encontre. Seule l’invisibilité leur avait accordé le répit nécessaire. Ysalis regarda sa fille qui gazouillait. Elle ne s’imaginait pas lui couper les ailes. Comment les autres pouvaient-ils commettre un tel crime ? Elle en eut la nausée.

Ainsi, Ysalis offrit un enfant par an à un Mathias aux anges, complètement gâteux. Les ailes de l’aînée, Noémie, proposaient déjà quelques touches d’un rouge pâle, presque rose. Mathias la contemplait souvent en silence, le regard dans le vide. Ses cheveux avaient blanchi et il réclamait moins de sexe. En revanche, il couvrait Ysalis de fleurs, de pâtisseries, de robes et de bijoux.

Ysalis, toujours allergique au vol, ne quittait jamais la plateforme. Amlis venait un jour sur deux. Ysalis aidait Mathias professionnellement et passait le reste de son temps avec ses enfants.

- Il va falloir faire venir un précepteur, dit Mathias un matin d’un jour de congé. J’en connais des très bien.

- Non ! s’exclama Ysalis. Tu n’y penses pas ! Si quiconque apprend leur existence, ils seront en danger !

Mathias fronça les sourcils.

- Ma chérie, ta peur est compréhensible mais nos enfants ne peuvent pas attendre l’âge de raison pour recevoir une formation !

- Je leur enseignerai les savoirs fondamentaux, annonça Ysalis.

Mathias lui lança un regard circonspect.

- M’en crois-tu incapable ? gronda Ysalis.

- Il y a un fossé entre savoir et enseigner, précisa Mathias.

- Je saurai, promit Ysalis.

Promesse facile. Avec leur mémoire génétique, ses enfants sauraient tout ce qu’elle savait. Bien sûr, l’hybridation créerait des manques mais des savoirs comme lire, écrire et compter ne feraient pas partie des pertes.

Mathias grimaça puis hocha la tête. Il fut rassuré dès Noémie en âge des premiers tracés dans le sable et des premiers comptages. Elle réussissait haut la main les petits tests inventés par le brillant professeur universitaire. Mathias ne cacha pas son admiration. Il couvrit Ysalis d’éloges.

Noémie finit par arborer une magnifique paire d’ailes d’un rouge vif profond dénuée de la moindre tâche blanche. Le jour où elle fut montrée, Mathias épousa Ysalis devant une foule de curieux. Tous se demandèrent qui elle était. Mathias la désigna comme une fin de ligne, elle aussi, d’une lointaine branche à l’autre bout du royaume. Nul ne sembla y prendre garde.

Ysalis pleura longuement en voyant Noémie voler aux côtés de son père, attentif et protecteur. Noémie put rejoindre la deuxième école et fut ravie de se découvrir des camarades, à qui elle avait interdiction formelle de parler de ses frères et sœurs. Elle tint sa langue et l’année suivante, tout le monde fut surpris de découvrir Thyan, le frère de Noémie. Aarmis le troisième fit grincer des dents. Un fin de ligne créant une famille de cinq membres ? Plus qu’un et il quitterait ce statut pour plus haut.

Jukya permit le déménagement de toute la maisonnée. Ils prirent de la hauteur. Mathias se chargea lui-même de déplacer les non volants. Ysalis dut refaire son jardin même si ses plantes les plus importantes, mises en pot, avaient pu suivre. Ysalis avait craint un instant la réaction des transporteurs mais aucun d’eux ne fut en mesure de reconnaître les variétés, normalement interdites.

Mélia permit une nouvelle élévation, puis Vidom. Les travailleuses râlèrent de ces mouvements successifs rapprochés leur interdisant de prendre leurs marques, grondements rapportés par Yvan. Ysalis proposa de faire une fête à chaque emménagement, avec de la musique et de la nourriture pour les travailleuses. Mathias approuva et les travailleuses cessèrent de se plaindre pour attendre avec impatience le mouvement suivant.

Tous les regards se tournèrent vers Mathias. Plus qu’un enfant et il entrerait dans l’assemblée. Balista lui offrit le poste. Les autres rouges ne tarirent pas d’éloges sur cet érudit rompu à l’art de la politique. Ils ne cachèrent pas leur joie d’accueillir un membre aussi formé. Cela ne se produisait pas si souvent.

La voix de Mathias porta de plus en plus. Ysalis corrigeait ses discours et échangeait souvent avec lui sur des sujets sensibles, influençant ainsi en arrière-plan certaines décisions, cherchant toujours à faire au mieux pour le royaume. Ses idées personnelles, elle attendrait encore avant de les énoncer. Mieux valait ne pas griller ses pions trop vite.

Crimnio et Valya s’envolèrent à leur tour. Noémie remporta son premier diplôme alors que son jeune frère, Portius, mettait Mathias à égalité avec la famille régnante. Plus qu’un et Mathias monterait sur le trône.

- Ne t’inquiète pas, ma chérie, dit Mathias alors qu’il trouvait sa femme auprès de leur dernier. Il ne lui arrivera rien.

- Tu n’en sais rien, répliqua Ysalis qui feignait l’inquiétude.

Mathias la prit dans ses bras pour un doux câlin réconfortant.

- Noémie ne va pas fonder sa famille de si tôt. Elle veut faire des études longues pour devenir juge, rappela Mathias.

- Thyan avance vite dans l’académie militaire, le contra Ysalis. Les soldats meurent jeunes et ils le savent. Ils tentent très tôt de fonder une famille.

- Rouge-Gérard a le même souci. Ses enfants aussi sont grands. C’est tout le principe de ce système : obliger les dirigeants à changer souvent tout en encourageant à la reproduction. C’est ce qui a permis aux rouges d’être largement majoritaires dans la population. Je n’interdirai pas à un de mes enfants de se reproduire sous prétexte qu’il risquerait de me faire perdre le pouvoir.

Mathias l’avait vécu. Fin de ligne, il permettait à sa famille de conserver un peu plus longtemps certains avantages. Lorsque ses parents moururent d’un accident de vol, Mathias était trop vieux pour se marier et n’intéressait aucune femme rouge de part son faible niveau d’influence. Il n’aurait jamais imaginé arriver au poste ultime un jour.

- Je ne sais pas combien de temps je resterai au pouvoir. Si Thyan prend famille, ça ne changera rien et Aarmis n’a pas l’air intéressé.

- Il est trop jeune, sourit Ysalis.

- Ne t’inquiète pas. Le prochain déménagement ne sera pas pour tout de suite. Tu pourras profiter des appartements royaux en toute sérénité.

Ysalis posa la tête sur l’épaule de son mari. Elle avait un peu de temps pour mettre ses idées au clair.

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blairelle
Posté le 24/09/2023
Je trouve que la façon dont Ysalis raconte son ablation des ailes n'est pas crédible. Ça fait très "je te raconte une histoire" et pas assez "je t'explique les choses horribles qui me sont arrivées".
Sinon, je crois que je comprends un peu mieux le fonctionnement des ailés : parmi les ailes rouges, plus tu as d'enfants, plus tu es important ?
Et Ysalis est une aile-de-chauves-souris, comme Églantine et les autres, dont on a coupé les ailes pour ne pas que ça se voie ? Je trouve ça dommage que ses pensées de "ma place n'est pas à tes pieds" viennent de sa génétique et pas juste d'une rébellion contre la domination des humains.
Par contre, sacré coup de chance que les petits d'Ysalis et Mathias aient des ailes d'oiseau et pas des ailes de chauve-souris.
Nathalie
Posté le 24/09/2023
J'ai dû mal expliquer un truc car tous les humains aîlés ont des ailes de chauves-souris. Aucun n'a de plumes !

Ce n'est pas crédible mais en même temps, c'est un mensonge. Mathias a tellement envie d'être le sauveur qu'il l'avale mais oui, le but est aussi que ça se sente que ça sonne faux.

Chez les rouges (et seulement chez eux), le nombre d'enfants donne du pouvoir).

Ysalis n'est pas une humaine en rebellion, en effet. C'est décevant, sans aucun doute, mais c'est comme ça :)

Bonne lecture !
blairelle
Posté le 24/09/2023
Aaaaaaaaah d'accord ! Je pensais que c'étaient des ailes d'oiseaux ou d'anges. Ce qui serait biologiquement plus plausible étant donné qu'ils ont des ailes de dragons, qu'ils sont des reptiles, et que les reptiles (en tout cas les crocodiles) sont plus proches des oiseaux que des mammifères comme les chauves-souris.
Nathalie
Posté le 24/09/2023
Je décris les ailes comme étant celles de chauves-souris pour dire qu'elles n'ont pas de plumes (comme celles des dragons). Difficile de le comparer à un autre animal, vu qu'un reptile ailé, ça ne court pas les rues (en dehors des dragons).
blairelle
Posté le 24/09/2023
Mais les dragons n'ont pas les ailes plumées ? [émoji déçu]
Nathalie
Posté le 24/09/2023
Ben dans mon imaginaire, non. Mais j'admets que chacun les imagine comme il veut.
blairelle
Posté le 24/09/2023
J'ai vérifié, les dinosaures, ou au moins une bonne partie d'entre eux, avaient des plumes. Les dinosaures volants me semblent être ce qui se rapproche le plus d'un dragon génétiquement parlant (enfin, on peut choisir de faire des dragons comme on veut, un de ces quatre je ferais des dragons aux ailes de libellule)
Nathalie
Posté le 24/09/2023
Je ne dis pas le contraire : en dehors des ptérosaures, les dinosaures avaient des ailes (comme l'archéoptérix). Les dragons étant des êtres imaginaires, je peux bien me les représenter comme je veux et dans ma tête, ils n'ont pas de plumes ;) (il existe même des dragons sans ailes, ceux orientaux !)
blairelle
Posté le 24/09/2023
Bon bah j'ai plus qu'à rajouter des dragons qui ont plein d'ailes différentes, certains à plumes, d'autres sans plumes, d'autres avec des hélices... Eh c'est pas gentil de me donner une nouvelle idée d'histoire alors que j'ai des trucs à faire !
Nathalie
Posté le 25/09/2023
L'inspiration est tellement capricieuse. J'ai moi même eu l'inspiration pour ce roman en lisant Notsil, chez qui certains humains ont des ailes (mais avec des plumes)...
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