Chapitre 15 🧹

Pdv de Lyna

À la fin de cette éprouvante journée, je décidais de me faufiler dans ma chambre pour respirer un peu, histoire de faire redescendre la pression. Le cours de duel m'a prit toute mon énergie, je ressemblais à un zombie, fatiguée, incapable de bosser avec ma mémoire plus de deux secondes. Peut-être avais-je faim tout simplement ? J'étais sujette aux fringales quand le travail en septième année devenait trop pesant pour ma petite tête. Je posais mes affaires de cours à côté de mon lit. Je ne pourrais réviser mes cours qu'après manger ou bien ce week-end. Encore une charge de boulot en plus.

- Qu'est-ce que je rêverais de dormir...

Je m'interrompis en remarquant que ma phrase n'avait aucun sens. Ça ne veut absolument rien dire, en effet. Enfin si, mais ce n'était pas logique du tout. Tu ne peux pas rêver de dormir. Je rigolais dans ma tête en pensant à ce que je venais de dire. Et voilà, tu réfléchis trop. Respire un coup ! me dit ma conscience.

J'obéis alors en fermant les yeux un instant et en respirant un grand coup. Cela me réconfortait comme deux bras me serrant pour me consoler. Mais quoi ? Me consoler de la journée, sûrement, me soulager des épreuves que j'avais subies dernièrement. Le but de tout ceci était de me reposer durant quelques minutes, peut-être méditer sur tout et rien.

Il y a un an, à cause de vous savez quoi, j'ai appris à gérer mon souffle et mon stress par des exercices de respiration. Cette année, ça m'avait pas mal aidé dans certains domaines comme les cours, les duels, dans le social, car parler à des personnes s'avérait être difficile pour moi, du moins ça pouvait, en bref : ma vie à Poudlard.

Pourtant, la timidité reprend toujours le dessus. Gérer ma nervosité était une chose, c'était plutôt simple face à ma réserve et ma gêne à l'écart d'autrui et de moi-même. De ce côté-là, même avec un effort de ma part, ce n'était pas si évident.

Mince, j'ai oublié Matthew !

En me redressant à la vitesse de l'éclair, je descendis de mon lit. Bien fait, ça m'apprendra à trop me focaliser dans mes pensées !Je voulus rejoindre Matthew, mais une question me trottait l'esprit : où dois-je le retrouver ? Où est-il ?
Peut-être dans la Salle Commune ? Oui. Il est là.

Je le trouvais assis dans un des canapés en train de lire. Je pris un instant pour le regarder alors qu'il était concentré sur sa lecture. De loin, le livre me faisait penser au cours de métamorphose.Dans ce genre de moment, ma timidité revenait au galop, comme le naturel. Je ne savais pas comment la gérer. Devais-je le tirer de sa concentration ? Non, la question ressemblait plutôt à : étais-je capable de m'adresser à lui comme à n'importe quelle personne ? Tu l'as bien fait une fois.

Oui, mais là, je devais lui parler comme un vieil ami.

Oh, arrête de te prendre la tête ! me dit ma conscience.

Je me raclais doucement la gorge pour l'avertir de ma présence.

- Salut !Il me regarda dans les yeux et me sourit.

- Salut ! Tu vas bien ?

- Depuis tout à l'heure, oui, ça n'a pas changé.

J'ai répondu un peu trop rapidement.

Pour remplacer le silence entre nous, je m'assis à côté de lui.

- Que voulait-elle ?

- Ah oui ! Eh bien... Me parler, mettre les choses au clair.

Il se redressa aussitôt pour m'écouter.

- Et donc ?

- J'ai refusé, affirmais-je.Il hocha la tête tout en me regardant.

- Pas parce que c'était une mauvaise idée, mais je préférerais me laisser du temps pour réfléchir.

- Pour réfléchir à quoi ? Lyna, cette fille t'a manipulé et te contrôlait. Tu ne vas quand même pas lui laisser une chance de recommencer ?

Sa réflexion me toucha directement en pleine poitrine, et en un claquement de doigts je pris conscience que ce que je venais de dire était totalement absurde.

Pourquoi ai-je dit ça au final ?

- Une partie de moi aimerait voir si...

- Ce genre de personne, 'faut pas leur faire confiance. Tu penses qu'ils ont changé, mais au final, ils recommenceront et c'est un cercle vicieux. Ça ne s'arrête jamais.

Dans sa voix, je sentis une forme d'insistance et en même temps de la peur. On dirait qu'il a déjà vécu ça.

- Ça sent le vécu, lui dis-je directement.

Ma franchise devrait peut-être se calmer un peu, sinon, je vais vexer quelqu'un. Ma phrase l'avait aussitôt troublé, je regrettais de lui avoir dit.

Son visage changea de couleur, mais il se reprit rapidement.

- Euh, je... Non. Je disais ça comme ça.

- Tu es sûr que ça va ? demandai-je en tentant de soutenir son regard.

- Oui, ça va. C'est juste que ce genre de cause, ça me... touche beaucoup.

Ah ? Je n'aurai jamais cru.Ce trouble dans sa voix me donnait envie d'en savoir plus. Mais il ne semblait pas vouloir dévoiler ce qu'il cache.

Il me fallait trouver un nouveau sujet ou bien revenir à ce dont nous parlions. Je réfléchissais afin de faire mon choix, mais il fut plus rapide que moi.

- Enfin, bref, je ne te conseille pas de parler à Julie, mais tu fais ce que tu veux.

Jusqu'à présent, Matthew a été d'une bonne aide psychologique. Si je n'écoutais pas son conseil pour une fois, pour qui passerais-je ? Un gros bébé ou bien une fille pourrie gâtée qui pleurniche tout le temps ? Euh, Lyna, ça revient au même, me dit ma conscience.

- Non, tu as raison.Il me jeta un coup d'œil avant de reprendre sa lecture. Dans son regard, il était soulagé que je lui dise ça.

- Qu'est-ce que tu lis ?- Le dernier cours de métamorphose. J'essaye de comprendre le Sortilège d'Inanimatus Apparitus.

Ce sortilège a pour but de faire apparaître des objets.

- Je suis un peu coincé dessus aussi, fis-je avec un petit rictus. Il n'est pas évident...

Suite à ma réponse, il eut une moue au visage.- Dommage, je pensais que tu pourrais m'expliquer.Me vint aussitôt une idée.

- Sinon, on pourrait s'entraîner ensemble ? Enfin, si tu veux...

J'eus comme une sensation de regret en lui proposant de travailler avec moi... Non, c'était plutôt une forme d'hésitation. Est-ce que j'ai été trop hâtive dans ma demande ? Pourquoi avais-je l'impression que quelque chose changeait chez moi ? Peut-être que je m'ouvrais un peu plus à lui, peut-être que non.

Dans ce cas, il va falloir que je referme la porte, pensai-je.

Pour une raison qui m'échappait encore, j'avais peur que les moqueries recommençassent. Ai-je pris la bonne décision en acceptant son amitié ?

Arrête de douter constamment de ce ce que les gens vont dire, me dit ma conscience.

Je me sentais bête d'avoir peur de ce qui pourrait ou non arriver. Avec lui, depuis que nous étions amis, c'était la première fois que je ressentais de la vulnérabilité suite à une proposition.

Tu n'es pas totalement passée à autre chose sur ce qu'il t'a fait il y a deux-trois ans ?

- Ça serait une bonne idée ! répondit-il après un court instant de réflexion.

Avait-il douté ? Non, c'est toi qui doutes... Dans ce cas, allait-il refuser ?

- Cool ! lui dis-je, soulagée.

- Tu m'apprendras des astuces pour arriver à être aussi fort en sortilège ?

- Bien sûr, lui garantis-je en lui souriant.

Pdv de Matthew

- Ça sent le vécu, me dit-elle.

Je me tournais vers Lyna. Son visage me montra de façon claire le malaise qui s'emparait d'elle rapidement. Le mien n'était pas mieux, à en juger la chaleur qui y prenait place. J'étais gêné qu'elle réussisse à me cerner comme ça. À moins que je ne me fasse des idées ?

- Euh, je... Non. Je disais ça comme ça.

- Tu es sûr que ça va ? Me demanda-t-elle prudemment.

Ses yeux cherchaient les miens pour voir ce que j'allais dire. Avait-elle deviné ? Non, ce n'est pas possible...

- Oui, ça va. C'est juste que ce genre de sujet, ça me... touche beaucoup.

Pitié, s'il te plaît, n'insiste pas. Je ne veux pas parler de ça avec toi.

Heureusement pour moi, elle était en pleine réflexion.

Je devrais faire attention à ma façon de lui répondre. Elle ne sait pas. Elle a le droit de ne pas savoir. Non, elle ne le saura jamais.

- Enfin, bref, je ne te conseille pas de parler à Julie, mais tu fais ce que tu veux.

Voilà, je recommençais à faire le mec froid. Mais pourquoi j'agissais ainsi ? Je n'avais jamais été comme ça avec elle depuis qu'on est devenu ami.

- Non, tu as raison, répliqua-elle.

Sa réponse me fit chaud au cœur. J'étais contente qu'elle m'écoute.
Cette fille mérite d'être heureuse et ne doit plus fréquenter des personnes malsaines comme Julie ou Julian.

- Qu'est-ce que tu lis ?

- Le dernier cours de métamorphose. J'essaye de comprendre le Sortilège d'Inanimatus Apparitus.

Nous continuions de parler comme si de rien n'était. Elle me raconta alors qu'elle avait également des problèmes pour ce sortilège, chose qui ne me rassurait pas, car j'aurais espéré un petit coup de main de sa part. Ensuite, en parlant, de file en aiguille, on a commencé à sympathiser à apprendre à se connaître. Comme des inconnus alors que nous nous connaissions depuis quelques années, même si nous ne nous fréquentions pas.

- Une question me chiffonne, commença-t-elle. Pourquoi tu as décidé de partir de ton groupe ?

- Nous y voilà ! m'exclamais-je. Je m'attendais à ce que tu me poses cette question...

- Et donc ? Ai-je bien fait ? répliqua-t-elle aussitôt.

Tout en continuant de regarder le feu de cheminée en face de moi, je souris un instant avant de lui raconter.

Son franc-parler m'impressionnera toujours. Lyna avait ce don d'être directe - que j'avais repéré depuis un bout de temps - quand elle s'adressait à quelqu'un, un côté que je trouvais sympathique et qui m'a fait rire plus d'une fois. Mais par contre, dévoiler la moindre chose, déceler une infime part d'elle était très peu probable. Littéralement, elle se fermait comme une huître dès qu'une question trop intrusive qui lui était posée.

J'en venais à me demander si le problème venait de moi ou bien des autres. Si c'est les autres, j'imagine qu'elle agit de même pour chacun. Si c'était moi, serait-ce un question de confiance donc je dois essayer de défaire ? En répondant à son interrogation, je la libérerais d'un poids, c'est sûr.

La confiance, ça se gagne par petit bout, me dis-je. Autant que je fasse bien les choses.

- Je ne sais pas par où commencer, à vrai dire.

Allez, mec. Elle te laisse une chance de lui révéler tes raisons. Ne fais pas n'importe quoi !

- Par le début, non ?

- Je vais te raconter dans les grandes lignes, le principal et tu pourras me poser des questions. Alors...

Je pris mon courage à deux mains. C'était la première fois que je me sentais aussi stressé. Pire que de passer un oral ou un examen. J'avais l'impression de jouer ma vie. Faudrait peut-être pas exagérer, me sermonna ma conscience.

Pdv de Lyna

- Au début, je pense qu'on voulait t'embêter un peu...

Il me regarda pour observer ma réaction.

J'eus pour unique réponse que de lever un sourcil tellement j'étais abasourdie par ce qu'il disait.

- Bon, okay, ce n'était pas très drôle. Je l'entends bien... Puis, ça a commencé à devenir pire que de t'importuner. Julian et Aidan parlaient de te pourrir la vie. Je n'ai jamais su la raison qu'il leur a poussé à te faire ça, mais clairement, c'est en cinquième année que les choses commençaient à se gâter.Je ne réagissais pas. Sa voix était la seule chose que j'entendais. Le reste était comme futile.

- Ensuite, c'est là que j'ai compris que ça allait trop loin. Ça devenait plus une vengeance personnelle. À ce moment-là, je ne savais pas pourquoi, toi non plus j'imagine. C'est à ce moment-là que j'ai décidé de partir « du groupe ».

- Tu es sûr de ne pas savoir pourquoi ils faisaient ça ?

- Julian et Aidan étaient un duo impénétrable. C'était impossible de leur tirer les vers du nez. Ils avaient leur magouille en permanence. Jordan, Stanley, Austin et moi, on suivait. On ne disait rien, on ne pensait rien.

- Vous étiez des suiveurs ?

Il hocha la tête.

- Oui, voilà.Il se reprit aussitôt.

- Mais moi, je ne voyais pas les mêmes choses qu'eux. Embêter et harceler, ça avait une différence pour moi et Austin a préféré partir pour se protéger d'eux.

Je confirmais les propos de Matthew. Il avait pris la meilleure décision de sa vie.

- Vous avez bien fait. Et Jordan et Stanley, pourquoi ils n'ont pas décidé de partir à leur tour ?

- Je ne veux pas cracher sur eux, mais Jordan et Stanley sont faibles. Jamais ils n'oseront tenir tête à Julian et Aidan, du moins, tant qu'ils n'ont pas eu le déclic que j'ai eu.

- Ça dépend, ça peut toujours changer, non ?

Il fit non de la tête.

- Je ne pense pas. Peut-être que je me trompe, ou pas. Eux ont quelque chose à perdre. (Il hésita avant de continuer) Moi, je n'ai rien.

- Rien ? Comment ça ?

Ma remarque le troubla. Il changea de tête comme s'il venait de raconter quelque chose qu'il ne fallait pas.

- Eh bien, j-je veux dire... Que je n'ai rien de très important à perdre. C'est tout.

- D'accord, ok.

L'horloge sonna. Vingt-trois heures. Je n'avais pas remarqué que nous avions parlé pendant tout ce temps. Les autres étaient déjà partis se coucher. J'étais seule avec Matthew dans la salle commune.

- Il est temps d'aller dormir, dis-je en bâillant.

- Vas-y, j'irais me coucher plus tard, fit Matthew en reprenant son livre.

- Ne veille pas trop tard, hein ?

Il eut un petit rictus au visage.

- Non, ne t'inquiète pas !

Il se remit à lire comme si de rien n'était. J'étais contente d'avoir pu avoir cette conversation avec lui. Je me sentais davantage rassurée pour la suite.

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Grisélidis80
Posté le 24/10/2021
Je suis d'accord avec Matthew, ce genre de personnes ne changent jamais vraiment , à moins qu'ils vivent eux mêmes ce qu'ils essaient de faire subir aux autres et encore...
J'aime bien l'alternance des deux points de vue.
J'ai hâte d'avoir la suite et comment Lyna va faire pour définitivement se débarrasser de ses harceleurs. En tout cas, je lui souhaite bon courage!
Eloïse Shin
Posté le 12/03/2022
Merci à toi !
Oui, on lui souhaite bon courage, on espère qu'elle y arrivera :)
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