Chapitre 15 : Ceux qui changent
Venzald
– Calmez-vous, je vais vous aider, dit une voix grave.
Venzald sentit un bras l’enserrer. L’inconnu les remit sur pieds, puis souleva avec délicatesse le menton de Themerid qui s’affaissait sur sa poitrine. Il s’agenouilla pour examiner sa blessure à travers le tissu coupé.
– C’est mon frère, il va mal. Nous sommes... fusionnés, dit le prince qui prononçait ces mots pour la première fois sans trop savoir pourquoi.
– Je vois, dit l’homme d’une voix neutre. Venez.
Soulevant à moitié Themerid, il les fit avancer à travers le bois. Baliste les suivit de son pas tranquille. Venzald, encore tremblant, n’osait croire à leur chance d’avoir trouvé un sauveur. Peut-être qu’il les emmenait plus loin pour mieux les perdre avant de les égorger ?
– Je vous ai entendu crier. C’est vous qui avez tué celui-là ? demanda l’inconnu quand ils passèrent à côté du cadavre.
– Oui, souffla Venzald en se retenant de vomir.
Ils arrivèrent à une minuscule clairière bordée par un ruisseau vers lequel Baliste se précipita au trot. Il but longuement l’eau claire, les antérieurs plantés dans le courant. La lune s’était levée et sa lueur traversait les branchages pour faire scintiller l’onde comme de l’argent liquide. À cinquante pas se dressait une chaumière blottie entre les arbres. Le sauveur accompagna les garçons jusqu’à la maisonnette. À la lumière d’une lampe, Venzald constata avec curiosité que leur hôte avait la peau foncée, couleur de pain d’épices, et les yeux les plus noirs qu’il ait jamais vus. Il les allongea sur une paillasse et leur donna à boire.
– Reposez-vous, dit-il. Je vais m’occuper du cheval.
Le prince se demanda vaguement s’il allait découper Baliste en morceaux ou simplement le desseller, avant de sombrer dans le sommeil.
Le lendemain, lorsque Venzald s’éveilla, son premier regard fut pour son frère. Celui-ci ne dormait pas.
– Je vais mieux, murmura-t-il avec un sourire rassurant. J’ai moins mal dans la poitrine, en tout cas.
Un gros pansement entourait sa jambe, des cernes noirâtres soulignaient ses yeux, mais son visage avait perdu la crispation de la veille et Venzald le crut. Un frisson le parcourut après coup : et si Themerid ne s’était pas réveillé ?
Celui-ci lui désigna du menton un point derrière lui, avec un sourire énigmatique. Il se tourna et ne put retenir un mouvement de recul. Tout près d’eux, assise sur un tabouret bas, se tenait une vieille femme à la peau couleur cuivre, plus mate encore que celle de l’homme qui les avait aidés pendant la nuit. Sa longue chevelure grise frôlait le sol comme un voile. Parfaitement immobile, elle gardait les paupières closes.
– Bonjour, dit Venzald.
Elle ne répondit pas, mais sourit. Avec plus d’agilité qu’il l’aurait imaginé, elle se leva de son siège et s’installa à même la paillasse, à côté d’eux. Les yeux toujours fermés, elle tendit ses mains vers les deux visages et ses doigts en caressèrent chaque contour. Ils passèrent dans les boucles brunes, effleurèrent les longs cils, les lèvres minces. Puis elle palpa leurs épaules, détaillant la fusion des corps. Étrangement, Venzald, fasciné par son manège, n’éprouvait aucune appréhension ni aucune impatience. Le contact de la vieille femme lui sembla naturel, presque tendre. Enfin, elle attrapa leurs mains dans les siennes, passa longuement ses pouces dans chacune d’elles. Ses paupières s’entrouvrirent alors sur des yeux dépourvus d’iris. Les jumeaux ne pouvaient détacher leurs regards des cornées laiteuses. Quand elles disparurent à nouveau derrière leurs rideaux de chair, la femme leur adressa un sourire apaisant et leur tapota les joues comme à de tout petits enfants. Elle se leva et sortit sans hésiter de la cabane.
Après un instant de silence, Themerid demanda :
– Est-elle aveugle ?
– Sûrement, répondit Venzald. Pourtant, tu as vu l’aisance avec laquelle elle se déplace ?
Il effleura sa pommette, comme pour raviver la caresse de la vieille main.
L’homme qui les avait accueillis la veille entra. Après un salut, il remplit deux écuelles de bois en puisant de la soupe dans un petit chaudron et les tendit aux princes qui mangèrent avec appétit. Leur hôte s’assit sur le tabouret bas.
– Je suis Jannès.
– Et nous Venzald et Themerid, répondit Venzald.
Jannès sourit, mais n’ajouta aucun commentaire. Du menton, il désigna Themerid.
– Il vous faut un peu de repos.
– Ils vont s’inquiéter, chez nous, protesta le garçon d’une voix encore faible.
– C’est probablement déjà le cas : vous avez dormi longtemps et le jour est bien avancé. Nous nous trouvons à une journée de cheval de chez vous, si vous repartez tout de suite, vous ne tiendrez pas.
Il savait donc parfaitement d’où ils venaient.
Venzald se tourna vers son frère. Celui-ci hocha la tête.
– C’est vrai que je ne pense pas pouvoir supporter plusieurs heures de chevauchée. Même sur notre bon Baliste.
– Vous pouvez rester, dit Jannès.
***
Abzal
Pour la vingtième fois, Abzal se leva pour arpenter la grande salle en frottant nerveusement sa barbe naissante.
– Cessez donc de vous torturer, Seigneur Abzal ! s’exclama Godmert. Nous avons lancé une véritable armée à leur recherche, nous les retrouverons vite ! Quant à la mort de leur mère, ils devaient l’apprendre un jour ou l’autre ! Ils s’en remettront !
– Peut-être, marmonna Abzal, mais je leur aurais épargné des souffrances si j’avais eu le courage de leur raconter moi-même leur naissance. Vous n’avez pas vu leurs regards, souffla encore Abzal. Chargés de mépris pour mon insouciance et ma lâcheté…
– Allons, seigneur Abzal, prononça la voix douce de Mélie, ils ne vous méprisent pas. Je ne suis même pas sûre qu’ils soient capables d’un tel sentiment. Tout au plus regrettent-ils que vous ne les ayez pas vus grandir. Que vous n’ayez pas compris qu’ils pouvaient à présent entendre leur histoire. Mais nous ne l’avions pas anticipé non plus.
– Sottises ! La lâcheté n’a aucun rapport avec ça, s’écria Godmert. Nous avons simplement préféré les préserver le plus longtemps possible, comme nous préservons nos filles des rudesses de la vie. Les jeunes s’attendent à ce que nous comprenions avant eux ce dont ils ont besoin. Mais nous ne sommes pas devins ! Après tout, ils n’ont jamais posé de questions !
Puis il administra une bourrade à l’épaule d’Abzal.
– Quant à votre insouciance... reprit-il la moustache frémissante, il me semble avoir croisé votre parfumeuse, au marché. On serait insouciant pour moins que ça ! La fille paraissait fort agréable à regarder !
Il éclata d’un rire franc qui attisa la honte du mentor. Ce dernier voulut se justifier.
– Certes, je suis incorrigible et c’est bien sa jolie figure qui m’a fait oublier mon devoir envers mes neveux. J’aurais toutefois été moins distrait si elle n’avait pas prononcé des paroles troublantes.
– Troublantes ? s’écria le maître des lieux, toujours hilare. Mais que vous a-t-elle susurré pour que vous lui prêtiez tant d’attention ?
– Elle savait que j’étais de sang royal. Je me suis demandé si ce n’était pas une bouchevreuse.
À nouveau, Godmert partit d’un rire joyeux. Il ne tentait même pas d’épargner la fierté de son hôte et se laissait ouvertement aller à la gaieté aux dépens d’Abzal déjà fort mal à l’aise. Mélie lui vint en aide :
– Seigneur, vous ressemblez tellement à votre frère qu’il suffit d’avoir posé les yeux sur un pion d’étain où figure son profil pour se douter que vous lui êtes lié. De plus, votre habit et vos armes sont visiblement de très bonne facture. Enfin, hésita-t-elle du bout des lèvres, craignant de lui asséner le coup de grâce, votre baudrier porte vos initiales et le blason de la maison Kellwin...
Mortifié, le frère du roi se félicita de l’obscurité croissante qui masquait sa colère contre lui-même. S’il avait réfléchi à ces indices, il se serait épargné les pénibles recherches de ses derniers jours. Pourtant, cela n’expliquait pas la réaction effrayée de la fille. Avait-elle reconnu le signe dans sa main ? Pouvait-il prendre ce risque ?
– Ne vous fustigez pas, Seigneur Abzal, dit Albérac. Vous êtes loin d’être le premier à tomber dans le piège. Elle aura voulu vous troubler pour vous pousser à acheter sa marchandise. Ceux qui s’amusent à cela sont souvent de fins observateurs. Ils relèvent les détails et en déduisent les vérités qui convaincront leurs clients potentiels. Les signes qu’elle a repérés vous sont si familiers que vous ne vous êtes pas rappelé les porter sur vous. C’est un jeu dangereux, mais pour l’avoir souvent vu employé, c’est efficace. Ensuite, peu importe ce qu’elle vous a dit : la première démonstration avait suffi à vous mettre dans la confusion. Je me trompe ?
Abzal prit le parti de se moquer de lui-même pour éloigner toute interrogation sur le sujet :
– En effet, le reste était moins convaincant. Elle m’a conseillé de me marier. Or, voici bien une idée qui ne m’est jamais venue !
– Vous feriez pourtant une heureuse parmi celles qui doivent soupirer, à Terce, glissa Mélie avec un sourire attendri.
– Le pire, c’est que j’en suis arrivé à y penser, depuis qu’elle me l’a suggéré ! Quel naïf j’ai donc fait...
La pointe de dérision dans sa voix classa l’évènement. Même Godmert cessa ses moqueries.
– Chiabrena ! tonna le maître d’Arc-Ansange, le visage de nouveau préoccupé. Mais où sont-ils, ces foutriquets ? Ils vont nous tourner les sangs au vinaigre, ces coqueberts ! Je vais demander si les gardes ont eu des nouvelles !
Et il sortit dans la cour au pas de charge.
***
Venzald
Venzald serra avec affection les mains de la mère de Jannès dans les siennes. Sans qu’il s’explique comment puisqu’elle ne parlait pas, sa présence l’avait réconforté pendant les cinq jours qu’avait duré leur séjour à la chaumière. Il s’était senti protégé. Elle avait peu à peu apaisé son agitation alors qu’il revoyait le corps de l’homme qu’il avait tué se tordre sous sa lame chaque fois qu’il fermait les yeux. Ses caresses avaient aussi enlevé les douleurs dans la poitrine de Themerid. Les épreuves vécues pendant ses derniers jours laisseraient des traces, mais la vieille femme en avait poli les arêtes pour qu’ils puissent les supporter sans saigner.
Quand ils voulurent rejoindre leur monture, elle les retint et les observa fixement de ses yeux morts, avec son sourire paisible. À côté d’elle, Jannès parut mal à son aise.
– Elle dit que vous ne devez pas oublier que vous êtes un avant d’être deux, dit-il. Chacun de vous devra se connaître lui-même, et s’accepter, pour mieux vous retrouver et aider le royaume, déclara encore Jannès.
La femme lâcha enfin les mains des garçons, tapota leurs joues et s’éloigna vers le ruisseau sous leurs regards ébahis.
– Allons-y, intervint leur hôte.
Ils se hissèrent sur le roussin et Jannès les conduisit à travers la forêt. N’y tenant plus, Themerid interpella Jannès :
– Vous êtes des bouchevreux, n’est-ce pas ?
L’homme leur jeta un coup d’œil, puis prit son temps pour répondre.
– Oui, reconnut-il simplement. Nous préférons dire devineurs.
– Ce que vous nous avez dit tout à l’heure, ça venait de votre mère ?
– Elle a eu des visions à votre sujet.
Je n’ai rien compris à ce qu’elle a raconté, songea Venzald. Ces histoires d’être un, puis deux...
Il chassa cette énigme de son esprit.
Après trois heures de marche, ils rejoignirent une route qui longeait la forêt.
– C’est le chemin qui mène à Tourrière, expliqua-t-il. Saurez-vous retrouver le castel depuis le bourg ?
– Sans hésitation ! affirma Venzald. Merci Jannès. Pour votre hospitalité et votre bonté. Heureusement que vous nous avez trouvés !
– Je suis content de vous avoir rendu service, jeunes seigneurs. Et que vous ayez compris qui nous étions. J’espère que vous vous en souviendrez. Puis-je vous demander de ne pas révéler le lieu où nous vivons ? Notre maison est bien cachée, mais je préfèrerais qu’elle le reste. Vous savez que les devineurs ne sont pas très appréciés...
– C’est promis, assura Themerid.
Il fouilla dans la bourse suspendue à sa ceinture. Il tendit vingt creilles d’argent.
– Acceptez, s’il vous plaît. Nous avons mangé vos réserves durant cinq jours.
Jannès parut réfléchir, puis il prit les pièces.
– Adieu, dit-il en repartant.
***
Le manteau bleu
Enfin, au bout de cinq jours, il l’avait retrouvée. Accablé de chaleur, il se défit du manteau bleu qui le dissimulait et l’observa un instant. La parfumeuse, assise devant chez elle, remplissait ses petites fioles de l’huile qu’elle avait fabriquée. Il reconnut la senteur du chèvrefeuille. Puis la jeune femme porta la jatte dont elle s’était servie jusqu’au ruisseau.
Il se faufila derrière elle alors qu’elle s’agenouillait au bord de l’eau. Elle dut percevoir sa présence, car elle se retourna, mais il était déjà sur elle. Il saisit une grosse poignée de ses cheveux et tordit sa tête vers l’arrière, l’empêchant de crier. De toute façon, la pitoyable cabane où vivait cette fille était isolée.
– J’ai eu du mal à te retrouver, chuchota-t-il en contemplant les grands yeux affolés. Des jours que je cherche où tu te terres. Or, je n’aime pas que l’on me fasse courir inutilement.
– Que voulez-vous ? articula péniblement la jeune femme.
– Oh, je crois que tu le sais, bouchevreuse, dit-il doucement.
– Non ! Je n’en suis pas ! J’ignore de quoi vous parlez !
Elle tentait de crier, mais seul un filet de voix émergeait de sa gorge tendue.
– Mes yeux ! essaya-t-elle encore. Ils ne sont pas bleus !
Il fixa longuement les prunelles noisette irisées d’or. Il avait rarement vu un si joli regard.
– Dans le doute...
Il ne termina pas sa phrase, mais sortit de sa ceinture un petit couteau argenté. La jeune femme tenta de s’arracher à son étreinte, rua, le frappa de son pot de terre cuite, pourtant, il ne la lâcha pas.
Quand il la laissa couchée sur la berge, un long filet de sang s’écoulait de son cou tranché vers le courant du ru. Le parfum du chèvrefeuille embaumait l’air tandis que l’huile de la jatte perlait le long des quatre lignes de la fine main immobile.
***
Themerid
Après plusieurs heures, les princes arrivèrent en vue de Tourrière. Themerid serra la main de son frère. Ils laissèrent la route pour le chemin vers Arc-Ansange. Les tours du castel apparurent au-dessus des arbres. Les images des années passées submergèrent le garçon, comme pour se graver dans sa mémoire.
– Tu sais quoi ? murmura-t-il soudain d’une voix grave. Je crois que nous ne sommes plus des enfants.
– On devient grand si vite ?
– Peut-être pas, non. Mais tu te rends compte de ce que nous avons vécu. Et nous avons réussi à nous en sortir.
– Je n’oublierai jamais ! Et dire que nous n’avions presque jamais quitté Arc-Ansange...
La voix de Venzald se cassa :
– J’ai quand même eu si peur pour toi ! Et j’ai tué un homme. Le cadavre de ce brigand reviendra longtemps dans mes rêves.
– Tu me défendais, ne te reproche rien ! s’exclama Themerid. Et je vais mieux, ne t’inquiète pas.
– Alors, nous ne sommes plus des enfants ? murmura Venzald après un silence. Tu as raison, je crois que ces quelques jours m’ont changé.
Themerid vit une ferveur nouvelle dans les yeux de son frère. Il était certain que cet éclat brillait également dans les siens.
– La vie n’est pas aussi paisible que celle que nous avons vécue à Arc-Ansange, ajouta-t-il. Nous aurons appris ça.
– Un serment ! s’écria Venzald. Nous devons nous promettre de nous comporter comme des hommes. Comme des princes, même ! Il ne faut plus penser à nos rêves d’enfants. D’ailleurs, nous allons les dire à voix haute.
– Comme pour les libérer ?
– Exactement !
Ils mirent pied à terre avec prudence pour épargner la jambe de Themerid. Le premier, Venzald se lança :
– J’aurais voulu voyager. Comme notre maître d’étude, partir sur la mer, n’importe où. Voir les créatures marines et les montagnes d’or. Dormir sous les étoiles dans un désert brûlant.
Themerid hocha solennellement la tête, montrant qu’il comprenait le sacrifice que son frère s’apprêtait à faire.
– Pourtant j’y renonce, reprit Venzald.
Ils entendirent les sabots d’un cheval sur les pavés de la cour. Quelqu’un allait les trouver.
– J’aurais voulu apprendre à soigner, avoua Themerid dans un chuchotement précipité. Étudier pour être médecin et connaître les plantes dont nous parle maître Elric, celles qui guérissent et soulagent. Ouvrir des dispensaires. Moi aussi, j’y renonce.
Venzald eut l’air surpris, mais le temps leur manquait et il garda ses questions.
– J’aime Flore, lâcha-t-il, les yeux baissés et les joues rougissantes.
– Ça, ce n’est peut-être pas perdu, suggéra Themerid, abandonnant le ton solennel qu’ils avaient adopté.
– Mais nous ne la verrons plus quand nous quitterons Arc-Ansange. Elle m’oubliera sans doute.
Des bruits de branches cassées indiquèrent qu’il ne leur restait plus que quelques instants.
De nouveau sérieux, ils joignirent leurs mains.
– Nous serons rois, dit Themerid, nous mettrons toutes nos forces à rendre notre peuple heureux et prospère.
– Nous trouverons qui a empoisonné notre mère, aussi, et qui veut du mal à notre famille, ajouta Venzald, la voix rageuse. Nous ne laisserons plus personne nous traiter comme des bêtes.
Leur morphologie les empêchait de s’enlacer, mais ils s’empoignèrent les bras, la nuque, comme pour augmenter leur fusion.
– Je t’aime, mon frère, souffla Venzald, le front contre celui de son jumeau.
– Je t’aime, répondit Themerid.
***
Albérac
Comme tous les soirs depuis la fuite des princes, Albérac avait enfourché son vieux cheval. Il parcourait le chemin depuis le castel jusqu’à la route de Tourrière. Il voulait qu’ils se sentent attendus quand ils reviendraient.
Juste avant qu’il ne s’engage dans le bois, il en vit sortir les jumeaux, droits, le menton relevé. Leurs visages lisses, leurs nuques frêles et leurs mains délicates témoignaient toujours de leur jeunesse, pourtant ce n’étaient plus tout à fait les garçons qui étaient partis pour le marché. Leurs épaules ne portaient que cinq jours de plus, mais quelque chose avait changé.
Il sourit en les voyant approcher. Il leur restait bien du chemin avant l’âge adulte, mais ils avaient sans doute fait le premier pas.
Quelque part, à quelques lieues d’ici, reposent deux enfants, pensa-t-il. Mais voici que s’avancent les princes de Cazalyne.
Des évènements qui font grandir et aident à remettre les choses à leur juste place. Peut-être pardonneront-ils à leur oncle plus facilement. Peut-être tempèreront-ils la haine de leur père pour les bouchevreux ? Par contre, je trouve un peu dommage qu'ils renoncent à leurs rêves si vite (même si je ne vois pas très bien comment ils auraient pu les réaliser en étant fusionnés)...
A très vite pour la suite !
Les princes secourus par des bouchevreux c'est assez ironique xD Ils auraient pu effectivement les égorger. Tu as bien retranscrit l'aura de la vieille femme, je serais bien resté un peu plus longtemps en sa compagnie ^^
Pour être franc, j'ai été moyennement convaincu par la fin de chapitre où les princes disent qu'ils sont devenus adultes ni par la phrase de conclusion.
Je trouve que ce serait judicieux de mettre le manteau bleu pour clore le chapitre, ça fait une très belle chute juste pour le prix d'une inversion.
Le personnage du manteau bleu m'intrigue de plus en plus, qu'il s'en prenne à la femme qui inquiétait Abzal c'est assez étonnant... Tout semble accuser l'oncle des jumeaux mais ce serait trop facile^^
Quelques remarques :
"ces foutriquets ? Ils vont nous tourner les sangs au vinaigre, ces coqueberts" 1/2 suffit je pense
"Le cadavre de ce brigand reviendra longtemps dans mes rêves." Je trouve que c'est un peu étrange de dire ça à l'oral^^
Toujours un plaisir de te lire,
A bientôt !
C'est bien que le manteau bleu t'intrigue, j'espère même qu'il va t'intriguer jusqu'à la fin du tome 2 ! XD En tout cas n'hésite pas à me faire part de tes hypothèses à son propos au fur et à mesure.
Je me suis fait la réflexion en relisant que j'avais un peu abusé des jurons dans les répliques de Godmert, moi aussi ;)
Merci pour ton retour (décidément très pertinent, comme tous les autres !)
A+ et joyeux Noël !
Pour le manteau bleu je te donnerais mes hypothèses mais pour l'instant je n'ai pas la moindre idée de qui ça peut être^^
Leur serment est touchant, mais j’ai trouvé étrange qu’ils se disent « je t’aime ». Il faut bien une phrase de conclusion, cela dit. J’aurais plutôt imaginé une promesse, mais pour eux, l’entraide et la solidarité sont une question de survie. Sont-ils devenus plus adultes ? En tout cas, ils ont vu la mort en face. J’ai l’impression que cette aventure leur a révélé leur vulnérabilité physique plus qu’autre chose. D’une certaine manière, elle leur a mis les yeux en face des trous. Perdre des illusions, une partie de sa naïveté, c’est en effet commencer à devenir adulte.
Tu n’es pas la première à me dire que je n’exprime pas mon ressenti. C’est quelque chose que j’ai de la peine à faire, d’une part parce que je suis introvertie et d’autre part parce que j’ai l’impression que je ne ressens pas grand-chose. C’est un problème existentiel qui n’a rien à voir avec ton roman, une sorte d’incapacité à profiter de la vie.
Coquille et remarques :
— L’inconnu les remit sur pieds [sur pied]
— Elle se leva et sortit sans hésiter de la cabane. [Instinctivement, je dirais « et sortit de la cabane sans hésiter », mais je n’ai pas vraiment de justification.]
— Nous nous trouvons à une journée de cheval de chez vous, si vous repartez tout de suite, vous ne tiendrez pas. [Je mettrais plutôt un point-virgule après « chez vous ».]
— Enfin, hésita-t-elle du bout des lèvres [Cette incise me frappe par son illogisme : « hésiter » n’est pas un verbe de parole, ni même un verbe qui suggère la parole. D’ailleurs, elle prononce cette phrase du bout des lèvres après avoir hésité. Si tu emploies un verbe comme « ajouta-t-elle » ou « conclut-elle », je pense qu’on ressentira quand même son hésitation.]
— les pénibles recherches de ses derniers jours [ces derniers jours]
— parmi celles qui doivent soupirer, à Terce [Encore une de ces virgules que je ne mettrais pas.]
— Les épreuves vécues pendant ses derniers jours laisseraient des traces, mais la vieille femme en avait poli les arêtes pour qu’ils puissent les supporter sans saigner. [ces derniers jours / C’est une belle métaphore.]
— Mes yeux ! essaya-t-elle encore. Ils ne sont pas bleus ! [Le verbe « essayer » me fait toujours tiquer dans les incises. Ce n’est pas un verbe de parole, ni un verbe auquel se superpose l’idée de parole. Je propose quelque chose comme « argua-t-elle », « avança-t-elle », « souligna-t-elle » ou « plaida-t-elle ».]
— Alors, nous ne sommes plus des enfants ? [Je ne mettrais pas de virgule après « Alors ».]
Pour moi, le fait que les deux frères se disent "Je t'aime" n'est pas du tout bizarre : je viens d'une famille adepte des grandes déclarations, où on passe notre temps à se dire "je t'aime" et à se faire des bisous. Moi-même je le dis au moins une fois par jour à mes enfants XD Du coup, un petit "je t'aime" entre frères, surtout dans un moment pareil, ce n'est pas du tout exceptionnel pour moi.
J'ai beaucoup retravaillé sur ce passage (le serment) parce que tout le monde me disait que ce n'était pas possible qu'il deviennent adultes aussi brutalement. Mais ce que je voulais montrer, c'est qu'ils pensent le devenir, ils "décident" de le devenir, mais bien entendu ils ne deviennent pas vraiment adultes en trois jours !
Sur l'expression de ton ressenti, je me rappelle qu'on en avait parlé à l'IRL chez Loup. Je sais bien que ce n'est pas facile et je ne cherche en aucun cas à t'imposer un exercice psychologique quelconque XD Je me demandais juste si c'était agréable à lire et si en plus de tes consciencieux commentaires, tu avais aussi du plaisir à découvrir l'histoire. Mais ne t'embête pas : déjà, tes commentaires sont très utiles !
Décidément, j'ai un vrai problème avec ses/ces ! (et avec les virgules, mais ça je l'ai déjà reconnu)
Toujours et encore les bouchevreux... et j'ai l'impression que leurs pouvoirs peuvent être plus étendus que ce qu'on croit, vu comment ils gèrent à rester cachés...
pour l'instant les princes sont plutôt sympathiques à leur égard, mais, quand ils vont retourner auprès de leur père plutôt vindicatif, lui.... ça promet des étincelles.
Leur abandon de leurs rêves d'enfants était très touchant.
Le manteau bleu et la parfumeuse... il ne lui a quand même pas posé de question sur Abzal... du coup, je me demande s'il ne le protège pas, quelque part.
Et Albérac voit le changement. Le basculement brutal dans la vie d'adulte.
Et ce n'est que le début...
Pour le reste, je ne dis rien, bien sûr : je te laisse découvrir ;)
Les princes restent 5 jours dans une cabane à 1 journee de cheval de leur maison... Y' à plein de soldats qui les cherchent et on ne les trouve pas ?
Les princes se laissent palper sans râler par une inconnue... C'est bizarre, non ?
Et quand Jannes leur dit que la vieille a eu des visions sur eux, ils sont pas plus curieux que ça....
Et pour le manteau bleu, sa mission était de trouver la parfumeuse et de la tuer ?
Du coup je me demande si le but des scientifiques c'est pas le même que le roi... Exterminer les bouchereux...
Quant aux palpations de la vieille... ben euh, en fait, ils ne peuvent pas se lever, donc ils ont pas le choix XD
Ce que trafique le manteau bleu, l'Ordre et le roi... je te laisse découvrir !
Décidément ce manteau bleu.. il serait logique que ce soit Abzal même si dans un sens je trouverais ça trop facile puisque j'ai l'impression que c'est ce que tu veux nous faire croire pour mieux nous endormir. Je ne sais pas. En tout cas ça me creuse les méninges de savoir qui c'est !
Voilà. Bisous
Tiens, tu n'as pas commenté le chapitre 14. Est-ce que tu as oublié de le lire ou c'est parce que tu n'avais rien à dire dessus ? C'est un chapitre que je viens de rajouter, du coup je t'avoue que j'aurais bien aimé avoir un petit retour dessus :) Tant pis, ce sera pour le prochain lecteur.
Contente que ce chapitre t'ait plu : j'ai pas mal épuré la scène de la fin (le "serment" entre les frères) qui était un peu cucul. Tant mieux si ça marche mieux comme ça.
Héhé, normal que tu te poses plein de questions sur le manteau bleu : c'est quand même un des enjeux principaux de l'histoire, de savoir qui c'est ;)
Je vais voir ton commentaire suivant !
Je suis sûre que c’est pas Abzal, même s’il est largement capable de tuer quelqu’un qu’il suspecte être bouchevreux, jamais il ne ferait tomber son frère ou les princes. Mais ça veut dire que le mec était au marché et qu’il sait se battre. Je suspecte un peu le précepteur, même s’il n’a pas l’air d’en vouloir aux bouchevreux, peut-être qu’il voulait juste faire taire la femme parce qu’elle avait l’air d’avoir compris quelque chose ?
Bref, je vais encore y réfléchir ! J’aimerais réussir à deviner avant la fin du roman, mais me connaissant je vais suivre toutes les pistes sauf la bonne xD
Abzal... manteau bleu, pas manteau bleu... tu risques d'avoir encore des surprises (ma grande fierté, ce perso, j'avoue...)
Si le mystère du manteau bleu te frustre, c'est très bien : c'est exactement pour ça que je l'ai mis en place ;)