Chapitre 16 : Avant l’orage
Renaude
Le lendemain, Renaude attendait les princes dans la grande salle. Quand leur fugue et son motif avaient été connus aux Cimiantes, elle avait supplié Einold de se rendre à Arc-Ansange. La distance que le roi gardait avec eux la désolait ; elle se figurait leur détresse en apprenant que leur mère était morte assassinée. Qui mieux que leur père pourrait les aider à traverser cette épreuve ? Mais Einold s’était fermé comme un coffre après avoir objecté qu’il ne pouvait pas. Depuis quelques jours, il semblait ailleurs, encore plus secret que d’habitude. Renaude avait chassé de son esprit les explications qu’elle entrevoyait à ce refus, puis avait décrété qu’elle irait elle-même.
Arrivée tard, la veille, elle avait été soulagée d’apprendre leur retour et ne pensait à présent qu’à s’acquitter de la tâche complexe pour laquelle elle s’était déplacée. Elle les suivit vers la salle d’étude avec le maintien droit qu’elle avait toujours montré et qui ne l’avait pas quittée malgré l’âge.
– Racontez-nous notre naissance et la mort de notre mère, s’il vous plaît, demanda simplement Themerid.
Bien que Renaude ait disposé du voyage pour s’y préparer, évoquer ces heures sombres agitait le limon de sa mémoire et mettait à jour des émotions toujours intactes sous la poussière du temps. Face aux princes, elle choisit ses mots pour ne pas rendre le récit plus impressionnant qu’il ne l’était déjà, mais ne leur cacha rien de ce qu’elle savait. Tout en racontant, elle fut transportée au château, douze années en arrière. Elle revit défiler les scènes auxquelles elle avait assisté sans pouvoir y intervenir, le cœur infiniment lourd et la gorge serrée.
***
Quand Renaude était entrée dans la pièce, après avoir prévenu le roi de la mort soudaine d’Almena, Abzal se tenait près du grand lit. Il semblait incapable de détacher le regard du corps de la reine. Einold toisait Ensgarde qu’il dépassait de la tête et des épaules. Pour la première fois, les yeux noirs de la rebouteuse avaient perdu leur étincelle effrontée.
Une colère livide déformait les traits du souverain.
– Pourquoi ? cracha-t-il d’une voix froide et sifflante. Pourquoi m’avoir fait croire qu’elle était sur le point de guérir ? Pourquoi avoir pratiqué sur elle vos rituels de bouchère ? Pourquoi me l’avoir enlevée ?
Un instant, la vieille femme sembla sur le point de montrer les crocs et de répliquer violemment à ces accusations. Mais sa figure se détendit et la tristesse se plaqua sur ses traits. Sa voix était remplie de sollicitude quand elle répondit :
– Sire, j’en appelle à votre instinct. Me croyez-vous capable de vous avoir menti pour vous plaire ? Si je vous ai prédit le réveil de la reine, c’est que j’en étais sûre. Tous les signes l’indiquaient.
– Alors vous devez bien vite prendre conscience que votre savoir ne vaut rien. Votre conviction était bien mal fondée. Et c’est Almena qui paye votre erreur.
– Je ne crois pas m’être trompée. Je suis encore persuadée qu’elle était sortie d’affaires.
– Sortie d’affaires ? tonna le roi, se tournant machinalement vers le lit.
Renaude vit tout de suite qu’il n’était pas prêt. Le tableau le gifla comme on frappe un homme en transe pour le faire revenir. Il chancela un instant. La nourrice se précipita pour le soutenir, mais il l’arrêta d’un geste. Il se détourna du corps inerte.
– Alors, demanda-t-il, d’une voix plus pondérée qui mettait pourtant Ensgarde au défi de se justifier. Que s’est-il passé ?
– Je ne peux l’affirmer de manière certaine. Comme je vous l’avais dit, il arrive que la corruption emporte le malade alors qu’on croit l’opération réussie. Mais dans ce cas, à chaque fois, cela se déclare bien plus tôt. Et les chairs bordant l’incision donnent des signes précis : leur couleur change, elles se rétractent, rejettent les sutures. Une odeur de charogne flotte autour du corps. Rien de cela, ici. La plaie est propre et ne porte aucune trace de pourrissement.
– Qu’avez-vous à me dire ? Vous savez quelque chose ?
– Regardez-la mieux, Sire, si vous en avez la force. Ses lèvres sont un peu violacées. Un réseau de fils rouges est visible sous ses yeux. Son ventre est encore contracté. Et il y a d’autres altérations.
– Et qu’en déduisez-vous ?
– Qu’elle a été empoisonnée. Probablement par une potion que quelqu’un lui a fait ingurgiter. Peut-être avec la soupe ou les tisanes qui lui sont versées goutte à goutte dans la gorge depuis qu’elle est inconsciente.
Renaude reçut comme un choc la conclusion d’Ensgarde, mais le visage du roi resta de marbre. Peut-être savait-il instinctivement que la poison avait raison.
– Mon hypothèse est grave, Sire, et risque de changer sensiblement la vie de la cour. Surtout la vôtre et celle des petits. Aussi je souhaiterais que vous demandiez au médecin du château de venir examiner la dépouille de la reine. Pour confirmer ou infirmer ma théorie.
L’estime que Renaude accordait déjà à cette femme étonnante se trouva renforcée par sa requête. Elle lut sur ses traits qu’il en était de même pour Einold. Il sortit pour faire appeler Iselmar de Lans.
Quand le guérisseur entra dans la salle, il pencha sa haute silhouette sur le visage de la défunte, qu’il scruta en détail. Il palpa la peau du bout des doigts, tira légèrement les paupières, renifla même sa bouche. Aidé de la rebouteuse, il souleva le drap pour ausculter le corps et particulièrement la cicatrice de la naissance. Enfin, ils retournèrent la malheureuse sur le côté pour regarder son dos.
Iselmar resta pensif un instant, caressant inconsciemment sa courte barbe. Sans un mot, il s’absenta, puis revint un moment après en portant avec lui plusieurs rouleaux de papier. Il les étala sur l’une des longues tables, les observant successivement. Il fit signe à Ensgarde et entama avec elle une conversation à voix très basse. L’un ou l’autre pointait un parchemin, puis un second. Ils hochaient la tête ou la secouaient, repoussaient le rouleau ou le mettaient de côté. Renaude n’osait troubler leur réflexion ni le silence d’Einold qui, pendant tout ce temps, était resté à la fenêtre les yeux fixés au loin. Elle espérait encore que la poison se soit trompée. Les deux guérisseurs se redressèrent enfin et s’approchèrent du roi à qui ils murmurèrent une phrase — sans doute le résultat de leur débat — puis se turent en attendant sa réaction.
L’air infiniment las, le souverain héla un serviteur et lui commanda d’aller chercher les ministres. Quand ceux-ci entrèrent, affichant une compassion de mise, il se plaça solennellement devant eux.
– La reine est morte assassinée, dit-il d’une voix presque détachée.
Des hoquets de stupeur résonnèrent aussitôt.
– On lui a fait prendre du poison. Une décoction de pied d’étoile carmin, d’après les spécialistes. Une herbe rare et dangereuse.
Les dix hommes eurent la même pensée : le roi déraisonnait sous le coup du chagrin. L’un d’eux commença, hésitant.
– Sire, êtes-vous certain que...
– Oui.
La réponse claqua, si sèche qu’ils reculèrent imperceptiblement.
– Oui, je suis sûr que quelqu’un de mon entourage en voulait à mon épouse, ou à moi, au point de se procurer cette plante funeste et de l’administrer. Ou de payer quelqu’un pour le faire. Eh bien, il a gagné : la reine est morte. Mais je me tiens dorénavant sur mes gardes et je veux que nul ne l’ignore. L’assassin ne tuera ni mes enfants ni moi. Vous pouvez le faire savoir dans le château.
Les vieux ministres sortirent, impressionnés par la résolution de leur roi.
Peu après, Ensgarde rassembla lentement ses instruments, ses fioles, ses potions. Ses gestes étaient freinés par le poids du regret. Renaude comprenait d’autant mieux qu’elle aussi ressentait la culpabilité d’avoir manqué à ses devoirs. Elle n’aurait pas dû s’éloigner.
À présent, ils n’étaient plus que trois avec le corps. Einold avait prié la nourrice de rester à ses côtés. Iselmar s’était retiré. Il s’était montré digne et avait accompli avec application la mission qu’on lui demandait, mais Renaude avait vu sur lui une ombre de satisfaction. Malgré la componction dont il avait fait montre en exprimant toute sa tristesse au roi, il semblait estimer la punition méritée. Quant à Abzal, très ému, il s’était excusé avant de quitter précipitamment la pièce.
Einold avait ordonné qu’on prépare un équipage pour ramener chez elle Ensgarde et ses paquets.
– Merci, Madame, lui dit-il sincèrement.
Il lui tendit une bourse de cuir, dans laquelle il avait placé assez de palets d’or pour la faire vivre des années.
– Mes services ne coûtent pas si cher, dit-elle en repoussant les pièces. Surtout quand ils n’aboutissent pas.
– Si vous n’étiez venue, non seulement j’aurais perdu ma femme, mais je n’aurais pas non plus de fils.
– Je n’ai réussi qu’à demi...
La poison prit le sac, le vida sur sa paume et rendit au roi huit des seize palets.
– Vous êtes un homme bon. Faites en sorte que cela ne disparaisse pas. La douleur passe plus vite si elle est remplacée par l’amour et la sagesse. Si vous la laissez se transformer en haine, en aigreur ou en violence, elle vous détruira.
– Qui sait si ce n’est déjà fait...
– Vous avez vos fils. Ils vous donneront de quoi survivre. Et vous avez Dame Renaude, dit-elle en inclinant la tête vers cette dernière. Elle vous a voué son existence, elle vous aidera.
Elle partit après avoir serré la main de Renaude qui se promit de lui rendre visite dans son marais.
Le lendemain, les petits furent emmenés par le seigneur Godmert. Puis Einold assista aux funérailles de la reine. Son visage était un masque de pierre lorsqu’il regarda brûler le tertre mortuaire.
***
Themerid
Lorsque Renaude se tut à la fin de ce long récit, il fallut quelques instants à Themerid pour revenir au présent. Venzald laissa échapper un gémissement. Les visages des deux garçons étaient baignés de larmes. En face d’eux, la vieille nourrice les dévisageait avec compassion. La sincérité qu’elle avait montrée méritait leur gratitude. Abzal aurait-il réussi à leur raconter toute l’histoire, sans rien garder sous silence ?
– Aujourd’hui encore, le meurtrier de notre mère reste inconnu ? interrogea enfin Themerid.
– Oui. Les recherches sont demeurées vaines. N’importe qui aurait pu administrer le poison, et ce n’était probablement pas le commanditaire lui-même.
– Comment notre père supporte-t-il de ne pas savoir ? demanda Venzald.
– Comme un échec, je crois. Trouver le coupable ne lui rendrait pas la reine, mais il craindrait moins pour vos vies.
– Et notre prochaine venue à Terce risque d’agiter les esprits. Y compris celui du meurtrier, remarqua Themerid.
Derrière le drame survenu douze ans auparavant, il entrevoyait que cette mort avait encore des conséquences, tant pour son père, son frère et lui, que pour l’intérêt supérieur du royaume.
– Allons rendre visite à Baliste aux écuries, proposa Themerid lorsqu’ils quittèrent Renaude. Je préfère éviter les questions et les plaisanteries du seigneur Godmert.
Le bâtiment, construit de la même pierre grise que le castel, présentait des ouvertures petites et des murs épais. Comme depuis plusieurs jours, le soleil écrasait déjà plantes, bêtes et hommes sans distinction, malgré l’heure matinale. L’air paraissait solide tant il était dépourvu de la moindre brise. La pénombre et les quelques traces de fraîcheur emprisonnées dans les écuries offraient un endroit idéal pour réfléchir à tout ce qu’ils venaient d’apprendre. Les lieux étaient déserts, les chevaux somnolaient. Seul le léger bruissement de leurs queues balancées rythmiquement pour chasser les insectes troublait le calme. Ils entrèrent dans la stalle de leur bête et s’agenouillèrent près de la tête massive du roussin couché dans la paille.
– Nous t’avons malmené pendant cette fugue, pauvre Baliste, murmura Venzald. Pardonne-nous.
– C’est vrai que nous l’avons fait galoper plus vite que jamais, dit Themerid. Et nous ne l’avons même pas ramené aux écuries, hier soir. Je me demande qui s’est occupé de lui.
– C’est moi.
Les deux frères se tournèrent vers Elvire, qui se tenait à l’entrée de la stalle. Elle les regardait sévèrement comme à son habitude, leur signifiant clairement ce qu’elle pensait du manque de soin pour leur monture. Pourtant, Themerid remarqua dans ses yeux que son éternelle colère avait perdu de l’intensité. À ses côtés, Flore les contemplait, son visage ouvert reflétant la bonté.
Elles savent, se dit-il.
Il entendit les petits claquements des bottillons d’Alix dans la travée centrale et la comptine qui accompagnait son jeu.
– Père nous a expliqué pourquoi vous étiez partis, dit Flore. Nous sommes désolées que vous ayez appris ainsi l’empoisonnement de votre mère.
– Saviez-vous qu’elle avait été assassinée ? demanda Venzald. Et que nous avions grandi à Arc-Ansange pour notre protection ?
– Bien sûr que non, affirma la voix aiguë d’Alix. Nous vous aurions tout dit aussitôt, si nous l’avions appris.
Flore confirma d’un sourire. Comment avaient-ils pu douter de leur loyauté ? N’avaient-ils pas tout partagé depuis leurs premiers pas ?
– Nous avons aussi compris que vous allez bientôt regagner Terce... dit Flore tristement.
– Cela, nous aurions dû y penser, répondit Venzald en rougissant devant l’émoi de la jeune fille.
– Ça n’était qu’une perspective lointaine, précisa Elvire. Maintenant, nous savons que ça se rapproche.
Elle en oublia un instant son air bravache, puis tenta de se reprendre.
– Qui est-ce que je vais battre à la course, quand vous serez partis ? lança-t-elle avec un dédain qui ne convainquit personne.
La question, qui n’attendait pas de réponse, flotta dans l’atmosphère. Malgré l’ironie, elle contenait à la fois le bonheur de leur enfance partagée, la douleur qu’ils éprouveraient à la laisser derrière eux et l’affection mutuelle qu’ils se portaient. À la veille de se perdre, ils ne s’étaient jamais sentis si proches. Themerid s’aperçut que même Elvire lui manquerait. Il faillit l’interroger sur le ressentiment qu’elle affichait pour eux, mais renonça : il serait temps, plus tard, de briser la trêve que la jeune fille avait apparemment décrétée.
– Pour le moment, nous sommes là, affirma Themerid d’un air espiègle.
Alix se montra enfin entre ses deux sœurs. Elle posa les poings sur les hanches et s’écria :
– Je veux aller me baigner !
Les autres saluèrent joyeusement cette idée, troublant la léthargie des bêtes ensommeillées.
Themerid se sentit plus serein. Ces quelques jours, plus sûrement que les mille précédents, avaient précipité les deux garçons vers un avenir bien différent de ce qu’ils avaient toujours connu. Ils avaient perdu un peu de l’innocence et de la ferveur de l’enfance, la certitude que le bonheur est dû, mais ils avaient gagné la conscience du prix de toute chose. Le prince savait que cette baignade et les quelques moments de jeux encore à venir valaient de l’or et des diamants. Il en savourerait jusqu’au dernier joyau.
***
Elvire
Elvire laissa les autres partir vers la rivière. Leurs exclamations résonnaient encore entre les murs de pierre quand elle se glissa dans la stalle de sa jument. Elle caressa un instant la peau fine entre les naseaux de l’animal, puis posa son front sur le chanfrein.
Quelque chose venait de changer. Où était sa colère ? Cette pointe jalouse qui la piquait depuis toujours ? Aussi loin qu’elle s’en souvenait, la présence des jumeaux au castel était l’aiguillon qui la poussait à se dépasser, à obéir, à se montrer exemplaire. Meilleure, même. À chercher, somme toute, dans les yeux de son père un éclat semblable à celui qu’elle y voyait lorsqu’il regardait les princes. Tout était si facile pour eux : des garçons, de sang royal ; leur caractère enjoué et leurs jolies figures attiraient la sympathie quand elle devait se forcer pour sourire.
Tout à coup, les évènements l’avaient obligée à se mettre à leur place. Ils avaient grandi sans leur mère quand la sienne, aimante, vivait à ses côtés. Ils avaient appris la violence et la haine dont leur famille était la cible et, loin de se laisser abattre, ils étaient revenus plus forts de leur mystérieuse disparition. Themerid ne se plaignait pas de sa blessure. Ils avaient tenu bon face à Godmert pour préserver le secret sur l’endroit où ils se trouvaient. De quoi forcer l’admiration... Ou tout au moins, mettre à mal ses raisons de les détester. À présent, l’injustice de leur situation lui sautait au visage et avec elle, la vanité de sa jalousie.
Si elle ne pouvait plus les haïr, personne ne le ferait. Elle empêcherait quiconque de leur faire plus de mal, elle deviendrait leur protectrice. Sans le leur dire, évidemment : après tout, ils étaient toujours des garçons, incapables d’admettre qu’une fille pourrait les défendre.
Elle courut à son tour vers le ruisseau.
***
Albérac
À présent que les princes se trouvaient de nouveau en sécurité, le castel retrouvait la tranquillité perdue pendant leurs quelques jours de fugue. L’atmosphère du crépuscule était si étouffante que la veillée se passait de presque toutes ses habituelles lanternes pour ne pas produire plus de chaleur encore. La pénombre enveloppait le seigneur d’Arc-Ansange, Dame Mélie, Abzal, Renaude et Elric d’Albérac. La lourdeur de cet été de plomb avait fini par s’insinuer dans le castel malgré l’épaisseur des murs. L’air stagnant incitait à économiser les mouvements. Les phrases échangées émanaient de corps immobiles, figés sur les fauteuils à dossier droit disposés en cercle. Il fallait reconnaître les voix pour savoir laquelle des statues s’exprimait.
Albérac déplaça sa mauvaise jambe et se redressa dans son siège, puis il jeta un coup d’œil à Abzal pour s’assurer qu’il avait digéré les évènements. Il avait failli crever son cheval à galoper partout dans la région à la recherche de ses neveux. À chaque retour sans nouvelle, son teint devenait plus gris, ses gestes plus anxieux. Le maître d’étude appréciait cet homme malgré la faille qu’il percevait en lui. Son manque évident d’estime pour lui-même devait transformer ce genre de situation en véritable supplice. Il paraissait encore marqué : concentré sur ses propres pensées, absent de la petite assemblée.
– L’autre jour, au marché, avez-vous recueilli des renseignements utiles auprès des fermiers du sud, Albérac ? demanda Godmert.
La disparition des garçons avait repoussé le sujet au second plan, mais les quelques informations glanées en interrogeant les marchands de grain préoccupaient le maître d’étude.
– J’ai appris que les provinces australes sont elles aussi touchées par cette étrange pourriture grise. Il semble que plus on descend vers le sud, plus elle est avancée. L’un des hommes avec qui j’ai parlé venait de Grandes Landes. Il m’a expliqué que sa récolte était diminuée du quart par rapport à l’année passée. Tous les fermiers s’inquiètent.
Godmert s’approcha de la fenêtre en s’essuyant le front de sa manche. Qu’il fasse chaud ou non, il ne pouvait rester très longtemps immobile.
– Peste ! Vous aviez raison quand vous disiez que cela pouvait devenir un gros problème. Et personne ne sait comment traiter ce mal ?
– Aucun de ceux avec qui j’ai échangé n’y avait été confronté. Ils n’avaient même jamais entendu parler d’un tel phénomène. L’homme de Grandes Landes m’a raconté que son voisin avait fait le déplacement jusqu’à Restecœur, où réside le gouverneur Hoel d’Estrante. Celui-ci n’a pas semblé très concerné par le sujet.
– Hoel-trois-doigts est un maraud qui ne pense qu’à s’enrichir ! s’exclama Godmert. Autant son père a bâti la prospérité de Grandes Landes, autant celui-ci fait peu de cas des habitants de sa province et de leurs problèmes.
Il poursuivit d’une voix plus calme :
– Je ne sais pas si le roi mesure l’importance du phénomène. Seigneur Abzal, en avez-vous eu écho ?
Abzal mit un instant à reprendre le fil de la conversation :
– Non, cela ne me dit rien. Je ne crois pas en avoir entendu parler lors des Conseils. Mais mon rôle dans la gouvernance du royaume est limité, je ne sais pas tout. Je ne pense pas me rendre bien utile.
– Ce n’est pas ce que le roi m’a confié, dit Dame Renaude. Votre présence diversifie l’assemblée et vous posez de bien pertinentes questions, m’a-t-il dit. Je crois sincèrement qu’il apprécie votre engagement.
– Merci, dit Abzal à mi-voix, les yeux tournés vers la silhouette de la vieille femme.
Par les larges fenêtres béantes, un léger souffle, enfin, renouvela l’air dans la salle. Il sentait le foin et la poussière. Le jour même à Boulangue, Fourchetou avait commencé la moisson.
– Et cet Ordre du Haut-Savoir que nous avons croisé l’autre jour, ne pourraient-ils étudier cette maladie ? interrogea Mélie. Puisqu’ils savent tout, ils la connaissent peut-être déjà ?
Albérac se raidit. La maîtresse de maison, qui avait perçu sa réaction malgré l’obscurité, se tourna vers lui avec sollicitude :
– Ai-je prononcé quelque sottise ? Si c’est le cas, veuillez me pardonner, Seigneur Elric. Mais depuis plusieurs lunes, j’entends évoquer la hauteur de leur érudition.
– Je suis très réservé à leur sujet, répondit Elric d’une voix cassante malgré lui. Je me suis intéressé à eux lorsque je suis revenu de voyage, il y a trois ans. Et depuis, j’observe leur progression. Non sans inquiétude, je l’avoue.
– Pourquoi vous effraient-ils ? demanda Mélie.
– D’abord parce que leur accroissement soudain me semble fort surprenant. Le Haut-Savoir existe depuis plus d’un siècle et pendant tout ce temps, il s’est résumé à quelques centaines de personnes réparties dans une dizaine de Hauts-Collèges, comme ils appellent leurs résidences. Ils étaient surtout présents dans les provinces du sud-est du royaume. Or, depuis quelques années, leur nombre a augmenté de manière considérable. Ils comptent maintenant des milliers de recrues, encadrées par des Érudits, ainsi qu’ils se nomment eux-mêmes. Ils acquièrent sans cesse de nouvelles propriétés à travers le pays et y installent leurs collèges. D’où leur viennent les fonds nécessaires ? Qui, quel pouvoir se cache derrière eux ? Pourquoi cette expansion aujourd’hui, après des décennies, voire des siècles, de discrétion ?
– C’est troublant, en effet, confirma Abzal. Le sujet revient régulièrement au Conseil. Ces acquisitions sont légales, il est donc impossible de les contester. Et nombreuses : sitôt qu’un domaine ou un castel est à céder, l’un de ses échalas en uniforme de cuir vert apparaît et l’achète.
– Godmert, saviez-vous tout cela ? demanda Mélie. Je ne vous ai jamais entendu l’évoquer.
– Je dois avouer, répondit l’interpellé, que j’ignorais la rapidité de leur développement. Je les pensais inoffensifs malgré leur pédanterie. Par ailleurs, il me semble que leur activité ne fait de mal à personne.
– Ce n’est pas mon avis, trancha Albérac. Dame Mélie, il y a quelques instants vous suggériez que leur soient confiées les recherches sur le blé de cendres. Cependant, s’ils accordent à la connaissance et à l’étude un caractère sacré, ils ne partagent pas leur savoir. En dehors de leurs pairs, ils ne communiquent avec personne. Et c’est une des raisons qui me poussent à me méfier d’eux.
L’aventurier sentait que sa voix vibrait d’une intensité qui devait surprendre ses interlocuteurs. Il les avait habitués à plus de mesure. Godmert rompit le silence que sa diatribe avait laissé.
– Certes, il est dommage que toutes leurs connaissances ne profitent à personne, mais ça ne fait pas d’eux des individus dangereux.
Une bouffée d’air entra par la fenêtre ouest, souleva ses lourdes tentures pourpres et souffla la dernière lanterne. Tandis qu’Abzal allait la rallumer à tâtons, Albérac poursuivit :
– Avez-vous déjà entendu ce qu’ils prônent ?
– Non, jamais, répondit de Hénan.
– Peu de gens le savent, en vérité. Les Érudits croient en ce qu’ils appellent une juste répartition des rôles. Dans leur idée, chacun se doit de rester à sa place et surtout de ne pas s’encombrer de connaissances qui ne lui soient directement utiles.
– Qu’entendez-vous par là ? demanda Dame Renaude alors qu’un nouveau courant d’air, plus frais, envahissait la pièce.
– Ce qu’ils veulent, c’est que l’instruction soit réservée à l’Ordre du Haut-Savoir et à la grande noblesse. Ils croient qu’il est nocif d’éduquer ceux que la nature n’a pas créés pour ça. Les paysans, par exemple, ou les artisans. Ils vont jusqu’à faire valoir que ce serait un soulagement pour eux de ne pas avoir à lire ou à écrire, puisque cela ne leur sert à rien.
– Un soulagement ? releva Mélie. Je ne suis pas sûre que ces gens soient de cet avis.
– Moi non plus, confirma Albérac. La vérité, c’est que contrôler le savoir donne un immense pouvoir. C’est pourquoi je les crois dangereux.
L’assistance en resta muette. Dehors, des bourrasques de plus en plus fréquentes agitaient les arbres. On respirait de nouveau, après de longs jours d’un air immobile et brûlant qui asséchait la gorge.
– Vous devriez en parler à Einold, dit ardemment Abzal. Il voit le Haut-Savoir d’un mauvais œil, mais je ne crois pas qu’il en connaisse autant que vous sur le sujet. De plus, vous n’êtes pas sans savoir que le conseil s’est largement renouvelé ces dernières années. Les vieux ministres de ma mère trépassent les uns après les autres. Or, parmi les nouveaux, deux prennent souvent parti pour l’Ordre quand il est évoqué. Comme ce sont des hommes fins, qui semblent fiables par ailleurs, le roi leur fait confiance aussi à ce propos et continue à considérer le Haut-Savoir comme fâcheux, mais pas dangereux.
– Qui sont ces conseillers ? D’où viennent-ils ? interrogea Albérac en se levant pour s’approcher d’une des fenêtres.
– Vous les reconnaîtrez aisément si vous les croisez. L’un est le fils du gouverneur d’Orityne, Matifas Bréol. Malgré sa figure de furet, mon frère lui fait confiance. Trop peut-être ? Quant à l’autre, c’est un jeune seigneur de Grandes Landes, recommandé par Hoel d’Estrante. Il s’appelle Warin d’Erens, que tout le Conseil surnomme Tête-d’or à cause de sa blondeur.
– Ils arrivent tous deux de provinces où l’ordre est implanté depuis très longtemps…
– Mais pourquoi donc Einold se laisse-t-il influencer par de jeunes freluquets venus du fin fond du royaume ? s’écria tout à coup Godmert, indigné.
Un silence gêné accueillit cette sortie. Par les ouvertures, on entendit les premières gouttes s’écraser sur la terre battue de la cour.
Abzal, d’une voix réticente, finit pourtant par reconnaître :
– Mon frère a quelque peu changé. Il paraît tantôt irascible, tantôt bien fatigué. Qu’en pensez-vous, nourrice ?
Personne ne releva le surnom affectueux que les deux fils de Blanche n’utilisaient habituellement qu’en privé, mais il témoignait de l’émoi d’Abzal concernant la santé de son frère.
– Il se tient à son devoir depuis la mort de la reine Almena, répondit la vieille conseillère, mais elle a emporté une part de lui. Plus récemment, les disparitions successives des ministres qu’il connaissait depuis toujours l’ont beaucoup touché. Je crois qu’il se sent seul. C’est pourquoi vous ne devez sous-estimer le baume de votre présence à ses côtés, Seigneur Abzal.
Au loin, un roulement de tonnerre résonna entre les collines, tandis que la pluie s’intensifiait. Une puissante odeur d’humus envahit l’atmosphère de la grande salle.
– Je suivrai ce conseil, Madame, répondit Abzal. Je sais aussi que les interrogations liées à l’ordre, ainsi que les récentes incursions à l’est, venant de la Rémance, le tracassent beaucoup. J’espère de tout cœur que le retour de ses fils auprès de lui l’aidera à retrouver l’entrain qui semble lui faire défaut.
***
Themerid
Au pied de l’escalier, à côté de la porte ouverte de la grande salle, Themerid déplaça doucement ses jambes engourdies par la longue station accroupie. Il échangea un regard grave avec son frère. D’où ils se tenaient, les princes voyaient par la fenêtre les nuages couleur charbon s’amonceler dans le ciel bleu nuit.
Pas mal d'avancées dans ce chapitre. Les jumeaux apprennent enfin la vérité et j'ai aussi beaucoup aimé la conversation qui suit, où il semble qu'enfin, certains s'inquiètent de cet ordre du Haut-Savoir et de sa façon de voir les choses.
Les garçons se souviendront-ils de la rencontre qu'ils ont faite de certains de ses membres ?
Ah ah, je t'explique à chacune de mes réponses ce qu'il va falloir que je change... Et ça me fait prendre conscience du boulot à réaliser !
Merci pour ta lecture et tes commentaires !
J'ai dans l'ensemble beaucoup aimé ce chapitre même s'il pose plus de questions qu'il n'offre de réponses ^^
Je ne vois pas trop l'intérêt du dernier paragraphe, je trouve que la chute du pdv précédent était meilleure en plus.
A part ça, je n'ai vraiment pas grand chose à critiquer, c'était super intéressant de reprendre l'action de la naissance des jumeaux là où on l'avait laissée. Je suis vraiment très pressé de voir comment tu vas expliquer la mort de la reine^^
Ce serait sympa d'avoir quelques détails sur l'enquête mené à la mort d'Almena. Y avait-il des suspects à l'époque ? Des pistes abandonnées faute de preuve ? Ca ajouterait encore du piquant au mystère, enfin ça viendra peut-être... (Le pdv d'Iselmar serait super intéressant).
Le petit passage avec Elvire est bien, je suis curieux de connaître la façon dont elle compte s'y prendre pour protéger les jumeaux.
Joyeuses fêtes et à bientôt (=
Le dernier paragraphe est censé symboliser les troubles auxquels les jumeaux devront s'attaquer en tant que futurs rois : les nuages d'orage représentent l'Ordre, les ennemis de leur famille qui ont assassiné leur mère et la maladie du blé. Et la fin du beau temps remplacé par l'orage peut aussi être interprété comme la fin de leur enfance protégée. Enfin, plus basiquement, c'etait pour montrer qu'ils avaient tout entendu de la conversation. Mais tu as raison, ce paragraphe n'est pas du tout indispensable ! XD
Ce qui s'est passé après la mort de la reine, je le racontais chronologiquement, à la fin de la partie 1, dans ma toute première version. Mais j'ai trouvé ça mieux de finir la partie 1 sur la mort de la reine. Par contre, le remettre ici sous forme de flash-back, c'était un peu casse-gueule (les flash-back ne sont pas toujours clairs), mais apparemment, ça n'a gêné personne.
On en sait plus sur la mort d'Almena et l'enquête dans la partie 3, tu verras. Je n'ai pas mis de pov d'Iselmar, par contre : j'ai déjà teeeeellement de pov !
Quant à Elvire, je te laisse découvrir ce qui découlera de sa décision... mais ce sera surtout dans le tome 2 ;)
Maintenant qu’on sait ce qui s’est passé après la naissance des princes, j’ai l’impression que comme moi, les personnages ont loupé quelque chose : personne n’arrive à savoir qui a bien pu empoisonner la reine, on ne s’est rendu compte de rien. L’air satisfait d’Iselmar le rend suspect, mais je ne vois pas ce qu’il avait à y gagner, du moment que la rebouteuse n’a pas été accusée. À moins qu’il soit lié à l’Ordre… Mais là aussi, comment ces gens auraient-ils pu prévoir les conséquences de la mort de la reine sur le comportement du roi ? Il aurait très bien pu se remarier et choisir une épouse qui les dérange encore plus.
Enfin, Ensgarde laisse tomber son impertinence pour se montrer sincère et affectée par ce qui est arrivé à la reine. Elle fait preuve de droiture en rendant la moitié de son salaire ; c’est tout à son honneur.
Je vois qu’il y a une théorie du complot qui va plus loin que la mienne en rendant l’Ordre responsable de la maladie du blé. Elle est bien trouvée et elle se tient, mais si ces gens ont vraiment semé ce fléau dans les champs, ils jouent aux apprentis sorciers parce que personne ne peut maîtriser la façon dont il se propage. Si les conséquences sont trop graves, ils risquent aussi d’être touchés en fin de compte.
La description intermittente du temps qui change et modifie l’atmosphère du château, avec la température et les odeurs, enrichit et aère ce chapitre. Pourtant, je m’interroge toujours sur l’importance de ces détails dans l’histoire. Et comme ça, les princes écoutent aux portes ? :-)
Coquilles et remarques :
— et mettait à jour des émotions toujours intactes [et mettait au jour ; les journalistes de télévision sont les premiers à dire « mettre à jour » au lieu de « mettre au jour »]
— Je suis encore persuadée qu’elle était sortie d’affaires. / Sortie d’affaires ? tonna le roi [d’affaire]
— Alors, demanda-t-il, d’une voix plus pondérée qui mettait pourtant Ensgarde au défi de se justifier. Que s’est-il passé ? [Cette incise me paraît bien longue ; tu pourrais la remplacer par une phrase qui introduit la réplique.]
— cette baignade et les quelques moments de jeux encore à venir [J’écrirais « de jeu » ; c’est le fait de jouer plutôt que les divers jeux.]
— Aussi loin qu’elle s’en souvenait [Je mettrais un subjonctif.]
— des renseignements utiles auprès des fermiers du sud [du Sud ; on parle d’une région et il n’y a pas de complément de nom]
— Celui-ci n’a pas semblé très concerné par le sujet. [Ça ressemble à l’acception anglaise de « concerné » ; je dirais qu’il ne semblait pas affecté par ce mal, qu’il ne semblait pas s’intéresser à ce sujet, se soucier ou s’inquiéter de ce sujet, ou qu’il ne semblait pas s’en émouvoir outre-mesure.]
— l’un de ses échalas en uniforme de cuir vert [La référence à l’Ordre est trop éloignée pour qu’on puisse mettre « l’un de ses » ; j’écrirais « l’un de ces ».]
— À mon humble avis, les étoiles et l’indication du point de vue de Themerid ne sont pas nécessaires. À ta place, j’écrirais simplement le dernier paragraphe à la suite du débat des adultes.
Tu as raison : il y a clairement eu un "ratage" après la mort de la reine. L'enquête a cafouillé et on ne sait pas grand chose. Ce sujet sera réabordé dans la troisième partie. C'est évidemment un des enjeux majeurs, de savoir à qui profite ce crime ;)
Ensgarde est une femme bien, en effet :) D'ailleurs, elle s'est invitée dans la suite, alors que je ne l'avais pas forcément prévu au départ !
Je ne commenterai pas les différentes théories des commentaires ci-dessous, bien sûr ;)
"La description intermittente du temps qui change et modifie l’atmosphère du château, avec la température et les odeurs, enrichit et aère ce chapitre. " : merci, ça me fait plaisir :) Mais je vais tout de suite te répondre : non, la météo n'a pas d'impact sur l'intrigue. C'était juste un essai de ma part pour faire un lien entre l'humeur du ciel et les difficultés qui commencent à s'amonceler sur le royaume.
Pour répondre à ta dernière remarque : comme j'ai pris le parti de signaler les changements de points de vue, je pense que je dois jouer le jeu jusqu'au bout, même pour des paragraphes très courts ;)
Certains commencent à le voir dangereux, mais en effet beaucoup n'ont pas conscience du problème. Ils jouent bien.
J'ai beaucoup aimé Elvire. Un côté rebelle, je me demande si elle parviendra à protéger les deux frères comme elle le souhaite.
Le récit de Renaude donne des détails sur la mort de la reine, Iselmar est remonté un peu dans mon estime, mais j'espère que ce n'est pas lui le responsable. Il a plutôt l'air désagréable mais quand même juste.
Bon, va falloir que je m'oblige à une pause quand même, alors que le clic sur le bouton suivant n'attend que moi ^^
En effet, l'Ordre n'éveille pas encore la méfiance partout, et ils font tout dans la légalité, ce qui les rend encore plus difficiles à démasquer.
Elvire (et globalement les trois soeurs), je l'aime beaucoup. D'ailleurs, comme tu l'as peut-être compris, on va les voir beaucoup par la suite.
Un grand merci à toi pour ces (OMG !) 17 commentaires ! Je suis ravie de t'avoir embarquée comme ça !
A bientôt !
Les erudits sont responsable du blé qui devient poussière. Ca appauvrir à les paysans et ils se détourneront du roi pour prêter allégeance aux erudits qui vont miraculé ment trouver une solution au blé. Et les erudits aiment aps les bouchereux car avec leur pouvoir ils savent ce que manigance les erudits.
Voilà voilà XD
Chapitre assez dense dit moi et très descriptif mais on apprend plein de choses. Ça permet aussi d'alterner entre action et informations importantes !
Je pensais qu'on découvrirait plus de choses sur cet ordre mais au contraire cela devient plus flou ! On voit qu'ils sont dangereux et très manipulateurs. Tout le monde à l'air de leur manger dans la main... Hâte de voir quel rôle auront les princes dans tout ça
T'inquiète, on va en apprendre plus sur l'Ordre : ils sont effectivement dangereux :)
Merci pour ta lecture et ton double commentaire !
A bientôt
Bon, là encore on n’a pas énormément de réponses. Ça m’étonne que personne ne voit à quel point l’Ordre pose problème alors que bon, quand même, ils sont en train de coloniser tout le continent j’ai l’impression XD
Allez, je fais une petite pause sur les Princes, mais je reviendrai parce que je veux vraiment atteindre la partie 3 avant la fin du week-end !
C'est encore un chapitre assez informatif, mais il fallait qu'on en sache plus sur l'Ordre.
Merci beaucoup pour ta lecture et tes commentaires !